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  • Attitudes xénophobes à Ditrău

    Attitudes xénophobes à Ditrău

    Ditrău, une petite ville de l’est de la Transylvanie fait la une des médias depuis quelques jours et suscite de vifs débats au sein de la société, sans oublier d’attirer l’attention des responsables de Bucarest. Le problème : une boulangerie a fait embaucher deux travailleurs de Sri Lanka. Un geste qui a suscité tout de suite l’indignation des habitants, la plupart des membres de la minorité hongroise de Roumanie. Ceux-ci craignent que désormais les migrants ne viennent leur imposer leur culture et ne mettent en danger leur petite ville. Et les contestations ne sont pas arrêtées là. Les propriétaires de l’immeuble où les deux Sri Lankais étaient logés ont été menacés par les villageois furieux criant haut et fort qu’ils « ne mangeront jamais du pain issu de mains noires ». Le patron de la boulangerie a donc décidé de faire loger ses deux employés indésirables en dehors de la localité, mais il avait annoncé que ceux-ci continueraient à travailler chez lui. Cela bien qu’auparavant il ait envisagé de transférer les deux Sri Lankais à d’autres postes, une proposition rejetée par les villageois.

    Chose inédite, le prêtre romano-catholique a rejoint lui aussi les protestataires, étant quand même réprimandé par ses supérieurs. Alors que le maire de Ditrău, qui a fait tout pour apaiser les tensions, a fini par fondre en larmes sous la pression du scandale. Cette histoire est d’autant plus étrange, si l’on pense qu’un cinquième de la population de cette petite ville transylvaine travaille, à son tour, à l’étranger.

    Cet épisode horrible en fin de compte, ce cas apparemment banal de xénophobie, comme il y en a partout en Europe, a toutefois des significations plus profondes. Le président de l’Académie Roumaine, Ioan Aurel Pop, parle, lui « d’exclusion, xénophobie et racisme ». Il met en lumière le fait de la scène de ce drame, le département de Harghita, dans l’est de la Transylvanie, forme, aux côtés des départements de Covasna et de Mures, ce que l’on appelle Le Pays des Sicules, soit la seule région de Roumanie à population majoritaire d’ethnie hongroise. Dans cette zone peu développée, plutôt isolée et ultraconservatrice, la population ne parle presque pas du tout la langue roumaine bien qu’elle y ait vécu toute sa vie, et plaide constamment pour l’autonomie des Sicules, bien que l’argent reçu par ces 3 départements dépasse leur production. Plus encore, vu que les télévisions hongroises détiennent le monopole médiatique dans la zone, certains expliquent l’attitude des habitants de Ditrău comme une réaction au discours anti-migration du premier ministre hongrois Viktor Orban. D’autres voix insistent sur le fait que les ressentiments des villageois viseraient plutôt le patron de la boulangerie, et non pas les deux Sri Lankais. D’anciens employés ont dénoncé son comportement rude, le fait d’avoir reçu le salaire minimum alors qu’ils ont été obligés systématiquement à travailler des heures supplémentaires non payées.

    A Bucarest, la ministre du Travail, Violeta Alexandru, a demandé que des contrôles soient menés à la boulangerie en question. La police a ouvert un dossier pénal, alors que le Conseil national de lutte contre la discrimination, ayant à sa tête toujours un membre de la minorité hongroise, Csaba Asztalos, s’est autosaisi, démarrant lui aussi une enquête. Enfin, l’ancien vice-premier ministre et ancien chef de l’Union Démocrate-Magyare de Roumanie, l’écrivain Marko Bela, voit dans toute cette histoire « un échec » de sa communauté, qui « demande de la tolérance pour elle, mais qui accepte l’intolérance de ses membres ». (Trad. Valentina Beleavski)

  • 06.09.2017 (mise à jour)

    06.09.2017 (mise à jour)

    Minorités – Toute institution d’enseignement de Roumanie doit respecter sans exception la loi roumaine, appliquée sans discrimination sur des critères ethniques, religieux ou de toute autre nature, affirme le ministère des Affaires Etrangères de Bucarest. Cette déclaration est faite dans le contexte où un lycée de la ville de Târgu Mures (centre, ville accueillant une importante population d’ethnie magyare) vient de se voir suspendre l’activité, parce que, d’un point de vue juridique, le lycée ne pouvait plus exister suite à une décision définitive d’un tribunal. En 2016, la Direction nationale anticorruption avait ouvert une enquête de corruption au sujet de la création cet établissement scolaire de la minorité magyare. En juin dernier, le tribunal de Mures, a annulé la décision de création du Lycée théologique romano-catholique de Targu Mures. Un fait critiqué par la Hongrie voisine. Selon la diplomatie roumaine, toute tentative de présenter la situation du Lycée théologique romano-catholique de Targu Mures en tant qu’une transgression des droits des minorités nationales est contraire à la réalité, car il existe de nombreux établissements scolaires qui confirment le fait que l’Etat roumain garantit, au plus haut niveau, le droit à l’éducation en langue maternelle à la minorité magyare. L’ambassadeur de Roumanie en Hongrie, Marius-Gabriel Lazurca, a été convoqué mercredi par le ministère des AE de Budapest. Pour sa part le secrétaire d’Etat au sein du ministère hongrois des AE, Levente Magyar, a déclaré que le gouvernement de Budapest a décidé de suspendre indéfiniment son soutien pour la candidature de la Roumanie dans différentes organisations internationales, dont l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE).

    Présidentielle 2009 – Le Rapport de la Commission d’enquête du Parlement de la Roumanie sur les élections présidentielles de 2009, adopté mercredi, constate des actions concrètes de la Présidence et du Gouvernement de l’époque censées frauder le scrutin en faveur du candidat Traian Basescu. Selon le document, ces actions ont été préméditées et parfaitement synchronisées. Vu la différence de 70.000 votes seulement entre les deux candidats, soit de 0,7% des voix valablement exprimées, l’ampleur des actions a été de nature à changer le résultat des élections, lit-on dans le rapport. Parmi les infractions possibles mentionnées figurent la constitution d’un groupe criminel organisé dans le but de commettre des infractions électorales, faux intellectuel, usage de faux et abus de fonctions. Les représentants du principal parti de l’opposition, le PNL, se sont retirés avant le vote du rapport, accusant l’absence d’un débat ample à ce sujet. La commission transmettra le rapport aux institutions compétentes. A son tour, le Parquet Général avait ouvert une enquête sur la présidentielle de 2009, un dossier qui a pourtant été classé. Les deux enquêtes ont été ouvertes suite aux dévoilements faits par un journaliste controversé. Selon celui-ci, les élections présidentielles auraient été influencées par de hauts fonctionnaires de l’Etat, y compris par des chefs d’institutions de force. Le scrutin a été remporté par le représentant de la Droite, Traian Basescu, qui a devancé le social-démocrate Mircea Geoana.

    Motion – A Bucarest, le Parti national libéral et l’Union Sauvez la Roumanie ont déposé à la Chambre des Députés une motion simple contre le ministre de la Justice. Les signataires du document affirment que les amendements déposés par Tudorel Toader aux lois de la justice constituaient une attaque à l’indépendance de l’acte judiciaire et une tentative d’annuler les progrès enregistrés ces dernières années, dans ce domaine. Fortement critiqué par l’opposition, la société civile et la presse, le projet de modification des lois de la justice retire au président du pays le droit de nommer les chefs des parquets anticorruption et contre la criminalité organisée et le terrorisme. Le projet législatif envisage également de transférer l’inspection judiciaire au ministère de la Justice et de majorer le seuil d’ancienneté pour la promotion des magistrats. La motion sera débattue au plénum de la Chambre des Députés mardi prochain, alors que le vote est prévu pour le lendemain. Par ailleurs, toujours mardi prochain, les sénateurs du PNL et de l’USR déposeront une motion simple contre le ministre de l’Education Liviu Pop. Parmi les raisons invoquées : l’absence de manuels de première année de collège à la rentrée 2017, et les nombreuses écoles sans autorisation de fonctionnement (sur les quelque 31.000 établissements scolaires du pays, seuls 6500 détiennent de tels permis et autorisations.)

    UE– La commissaire européenne à la Politique Régionale, la Roumaine Corina Cretu, fera jeudi et vendredi une visite officielle en Roumanie. Son agenda sera dominé par des rencontres avec le premier ministre, le président du Sénat et celui de la Chambre des Députés. Corina Cretu participera également à la conférence intitulée « Dialogue avec les citoyens». Au cours de sa visite à Bucarest, la représentante de la Roumanie au sein de l’Exécutif communautaire doit s’entretenir aussi avec la vice première ministre roumaine, le ministre des Transports, la ministre déléguée aux Fonds européens et le ministre délégué aux Affaires Européenne.

    Défense – La demande de la Roumanie d’acquisition de lance-roquettes multiple HIMARS a été approuvée par le Congrès des Etats – Unis, en respectant les procédures-standard américaines, lit-on dans un communiqué publié mercredi par le ministère de la Défense de Bucarest. La Roumanie a formulé une demande pour acheter 54 systèmes lance-roquettes multiple et éléments auxiliaires pour en doter 3 de ses bataillons, précise le communiqué. Après l’aval du Congrès américain, des débats et négociations de nature technique auront lieu pour établir la configuration finale de l’acquisition et les options de transfert de technologie et l’implication de l’industrie nationale de Défense pour ce qui est de la fourniture d’équipements de production et de maintenance, explique encore le ministère de Bucarest.

    Météo – Dans les 24 heures les températures seront à la hausse en Roumanie. Le ciel sera couvert sur le nord et les montagnes. Les températures maximales iront jusqu’à 30 degrés.

  • Dilemmes diplomatiques entre Bucarest et Budapest

    Dilemmes diplomatiques entre Bucarest et Budapest


    Ce sont les prises de position de Zsolt Nemeth, secrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères de Budapest, qui ont soulevé un tollé à Bucarest. Selon lui, le fait de ne pas arborer le drapeau des Sicules sur les bâtiments officiels de trois comtés du centre de la Roumanie – « la Contrée des Sicules », telle que certains l’appellent — cette absence, donc, serait une « agression symbolique » contre la minorité de souche hongroise du pays. La diplomatie roumaine ainsi que le Premier ministre, Victor Ponta, ont immédiatement réagi, qualifiant les propos du responsable hongrois « d’inacceptables ».


    Le chef du Cabinet de Bucarest a précisé que la Roumanie ne tombera pas dans le piège tendu par une provocation, mais qu’elle n’acceptait pas non plus les leçons venues de l’autre côté de la frontière. S’adressant aux membres de son gouvernement, Victor Ponta a indiqué : « A l’échelle européenne, nous avons les meilleures normes visant représentation des minorités et l’autonomie des structures locales. Si quelqu’un entend faire sa campagne électorale en Roumanie, je souhaite que vous ayez une position très ferme, sans nous laisser attirer dans des pièges. Je ne pense pas que quelqu’un a le droit de nous dire quels drapeaux nous devons arborer », a affirmé le Premier ministre, Victor Ponta.


    Convoqué en urgence au ministère roumain des Affaires étrangères, l’ambassadeur de Hongrie à Bucarest, Oszkar Füzes, a pour sa part assuré qu’il ne s’agissait ni d’un incident diplomatique, ni d’un piège tendu à la Roumanie par la Hongrie. Le diplomate hongrois estime également qu’il est naturel qu’une minorité affiche ses symboles identitaires. En réplique, Bogdan Aurescu, secrétaire d’Etat au ministère roumain des Affaires étrangères, a affirmé que les propos de l’ambassadeur hongrois sur les « drapeaux des Sicules » étaient l’équivalent d’un appui explicite à l’autonomie territoriale sur des critères ethniques, situation qui n’est pas prévue par la Constitution roumaine et ne fait pas partie des normes européennes acceptées en matière de protection des minorités nationales. Selon Bogdan Aurescu, la Roumanie « a fait ses devoirs » et observe ses obligations européennes et internationales ainsi que les accords et les documents signés avec la Hongrie.


    Pour sa part, le chef de la diplomatie roumaine, Titus Corlatean, a accusé l’ambassadeur de Hongrie à Bucarest d’avoir enfreint, par ses propos, les règles diplomatiques, le mettant en garde contre une fin plus rapide de son mandat. Bucarest considère que les prises de position des responsables hongrois viennent à l’encontre du partenariat stratégique entre les deux pays ; la Roumanie n’accepte pas de telles « immixtions » contraires à sa loi fondamentale, ont encore fait savoir les responsables roumains.


    Après cet échange sans ménagements, la situation a été calmée jeudi, lors d’une conversation téléphonique, par les chefs des diplomaties roumaine et hongroise, Titus Corlatean et Janos Martonyi. Pour améliorer la coopération bilatérale, l’escalade des prises de position et des déclarations publiques dans les deux pays devrait être évitée, ont convenu les deux hommes.