Tag: mode

  • Les vêtements des personnages des tableaux votifs

    Les vêtements des personnages des tableaux votifs

    Dans le cas des Principautés danubiennes de Valachie
    et de Moldavie, les plus de cent ans de suzeraineté ottomane se sont
    accompagnés d’une influence visible de la culture et de la civilisation
    orientale dans les sociétés locales. Cette influence s’est notamment manifestée
    durant les règnes « phanariotes », de 1714 en Moldavie et 1716 en
    Valachie à 1821 dans les deux États. Tout au long de cette période, la Sublime
    Porte y avait installé en tant que princes régnants des fonctionnaires grecs du quartier
    istanbuliote du Phanar. Cependant, l’« orientalisation», apportée par les
    règnes phanariotes avait déjà commencé à s’essouffler entre 1806 et 1812,
    lorsque les troupes occidentalisées de Moscou, engagées dans la guerre
    russo-turque, avaient occupé les Principautés roumaines. Pour la première fois,
    les șalvars féminins et masculins commençaient à céder la place aux robes et
    respectivement aux pantalons, l’anteri et le caftan se voyaient remplacer par
    les redingotes et les fracs, le fichu des femmes par le chapeau, le bonnet ișlic
    (du turc « bașlic ») par le haut-de-forme. L’adoption des modes
    vestimentaires occidentales ne s’était pas fait sans heurts, dû à la
    conjoncture politique et militaire du début du XIXème siècle qui poussait les
    Principautés roumaines tantôt du côté de la Russie et de l’Autriche, tantôt du
    côté de l’Empire ottoman, qui fut la puissance suzeraine pendant longtemps. L’événement
    décisif allait être la signature du Traité d’Andrinople en 1829, le
    remplacement du style de vie oriental par celui occidental devenant
    irréversible. Les vêtements ont été les premiers à changer, une réalité très
    visible dans les portraits des boyards de l’époque, mais aussi dans les
    portraits peints à l’intérieur des églises, les ainsi appelées « fresques
    votives ». Celles réalisées dans la première partie du XIXème siècle
    suggèrent que de nombreux boyards, notamment ceux ayant choisi de vivre sur
    leurs domaines, à la campagne, étaient restés fidèles à l’ancienne mode et à la
    tradition vestimentaire orientale. Mais les adeptes de la mode occidentale
    apparaissent eux-aussi sur les murs des églises qu’ils ont fait bâtir. D’habitude
    représentés aux côtés d’autres membres de leur famille, ces fondateurs
    témoignent à travers le temps de la façon dont leurs vêtements combinaient le
    nouveau et l’ancien, à une époque du changement et de l’éclectisme. L’historien
    Tudor Dinu s’est intéressé aux portraits votifs d’époque, pour noter que :




    « Les tableaux votifs des églises de cette
    période-là sont 141 au total et représentent plus de 1100 personnes habillées
    selon la mode du temps. Il y a évidemment des boyards traditionnalistes qui
    préfèrent l’antéri, le caftan et le kalpak, tandis que leurs fils passent à la
    redingote, au frac et au haut-de-forme. Nos musées gardent dans leurs
    patrimoines environ 200 costumes du XVIIIème siècle et du début du XIXème,
    ainsi qu’environ deux cents portraits de chevalet. Pour comparaison, il existe 1100
    figures de fondateurs d’églises habillés à la turque ou à l’allemande, comme on
    disait autrefois. Cette source d’informations inexploitée jusqu’à présent
    contribue donc beaucoup à rendre plus claire l’image de la mode de l’époque. »




    Dans son livre « Moda
    în Țara Românească. Între Fanar, Viena și Paris. 1800 și 1850 / La mode en
    Valachie. Entre le Phanar, Vienne et Paris. 1800 – 1850», Tudor Dinu a notamment
    étudié les églises bâties par les boyards dans la première moitié du XIXème
    siècle en Olténie, dans la partie couverte de nos jours par les départements de
    Gorj et de Vâlcea, c’est-à-dire une zone relativement prospère et plus à l’abri
    des destructions entraînées par les guerres. Les portraits votifs de ces lieux
    de culte montrent à la fois la continuation des traditions vestimentaires à une
    époque marquée par de profonds changements et le passage à une mode nouvelle,
    un moment de cohabitation du nouveau et de l’ancien. L’historien Tudor Dinu explique
    cet éclectisme :




    « Les grands boyards, qui occupaient aussi une
    fonction administrative, siégeaient au conseil princier et ne pouvaient pas se
    permettre d’abandonner en public ou en privé cette tenue orientale qui était
    une marque de leur statut social. Même le couvre-chef représentait la fonction
    officielle remplie par la personne qui le portait. Le prince arborait un ișlic
    au fond blanc, chez les boyards d’un rang plus élevé ce fond était rouge et il
    était vert dans le cas des boyards de rang inférieur. Quand ils attendaient
    d’être nommés à une fonction officielle, les boyards ou les fils de boyards
    portaient un couvre-chef très bizarre appelé kalpak, qui ressemblait à un
    ballon ou à une poire. Voilà pourquoi ils ne pouvaient pas renoncer
    officiellement ces vêtements avant les années 1830. En revanche, les dames
    n’ont pas eu de difficulté à adopter la mode occidentale. Au lendemain de
    l’occupation russe de la principauté, en 1806, les dames ont tout de suite
    commencé à imiter la mode apportée par les Russes. »




    Les adeptes du renouveau ne se faisaient pas prier
    pour se laisser peindre sur les murs de l’église dans leurs habits à l’« allemande »
    ou occidentaux. Ce fut le cas des fondateurs de l’église du village de
    Hurezani, dans le département de Gorj, dont tous les membres de la famille
    auraient pu se retrouver dans les revues de mode de l’époque. Pourtant, cette
    nouvelle mode avait eu aussi ses détracteurs, assez bruyants d’ailleurs, ajoute
    Tudor Dinu.




    « Leurs arguments découlaient plutôt d’un
    conservatisme de nature religieuse. Assez étrangement, ils disaient que la
    nouvelle mode poussait aussi bien les dames que les hommes au péché. Le
    pantalon a fait l’objet d’une dispute furibonde entre les traditionnalistes et
    les progressistes, d’autant plus que ce n’était pas très facile pour un homme
    de passer d’une mode à l’autre. Pour mettre le nouveau vêtement, il fallait
    maigrir un peu avant. L’anteri, une sorte de robe unisexe, était plus
    confortable que le pantalon pour les personnes rondes. Le gilet aussi, la
    redingote ou le frac demandaient des sacrifices. Par contre, les dames, elles,
    se sacrifiaient volontiers et se laissaient suffoquer par le corset, afin
    d’avoir une taille plus fine, une taille de guêpe comme on dit. »




    Malgré les inévitables difficultés du début, la
    nouvelle mode vestimentaire a réussi à s’imposer, suivie assez rapidement par
    le changement du mobilier, de l’aménagement intérieur des maisons et de
    l’architecture. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Fashion revolution et durabilité

    Fashion revolution et durabilité

    La
    mode et l’écologie se sont rencontrées à Bucarest dans le cadre de la campagne
    « Fashion Revolution Week ». Cette dernière s’est adressée aussi bien
    aux créateurs de mode consacrés qu’aux étudiants des dernières années ou en
    master à l’Université nationale d’art (UNARTE). C’est ainsi qu’à force
    d’expériences et d’explorations, des tenues absolument surprenantes ont vu le
    jour. Roxana Petrescu, l’Association Roxy and Kids Arts et Mara Malinovski,
    étudiante à l’Université nationale d’art, partagent avec nous leur
    expérience :




    « Récemment a eu lieu à Bucarest la
    deuxième édition de la campagne « Fashion Revolution Week ». Il
    s’agit d’un mouvement qui chaque année organise une campagne d’une durée d’une
    semaine. L’objectif est de transmettre au public un message très clair. Cette
    année, nous avons choisi de parler de durabilité. Les étudiants de UNARTE ont
    collaboré avec des designers pour créer des tenues dans l’idée de celles
    portées à la période de « la Belle époque ». Le mot d’ordre était la
    durabilité. C’est pour cette raison que tous les tissus utilisés sont recyclés
    ou obtenus de façon naturelle ou teints avec des couleurs naturelles
    etc. »





    Nous
    avons déjà rencontré à plusieurs reprises l’Association Roxy and Kids Arts,
    mais rappelons tout de même qu’il s’agit d’une association roumaine qui
    développe des projets artistiques sur le territoire de la Roumanie, mais aussi
    en Allemagne. Mara Malinovski, étudiante à UNARTE, partage avec nous son
    expérience et celle de sa camarade, Nicoleta Bucşoru. Ensemble elles ont
    travaillé sous la supervision de la professeure Daniela Frumuşanu d’UNARTE,
    dans le cadre du projet Fashion Revolution Week :




    « Nous avons accepté de relever le
    défi lancé par l’association Roxy and Kids Arts. Et Nicoleta Bucşoru et moi
    nous sommes dit que c’était l’occasion pour nous de mettre en pratique ce que
    nous avions appris. L’idée de durabilité a été très importante pour nous. Nous
    nous sommes réparti le travail et nous avons créé des teintures naturelles à base
    de curcuma et de d’épluchures d’oignons. Lorsque nous avons constaté le
    résultat, l’intensité des couleurs obtenues, et ce grâce à des éléments faciles
    à trouver au quotidien, nous nous sommes dit que cet aspect était important à
    mettre en avant. Je pense qu’à l’avenir cette découverte peut changer la donne
    dans le monde de la création de mode et de teintures. En principe nous ne
    teignons les tissus qu’avec des éléments naturels, comme le curcuma, les
    épluchures d’oignons, le choux rouge ou encore de la rouille. Nous avons
    découvert plus de 50 techniques ces derniers temps, avec l’aide de Mme Daniela
    Frumuşanu qui nous a appris tout ce que nous savons sur les teintures
    naturelles. »





    Le
    résultat a été à la hauteur de la créativité des étudiants. Mara Malinovski
    nous raconte :








    « Avec
    ma collègue Nicoleta Bucşoru, nous avons confectionné une robe. Cette dernière
    se compose d’un corset en laine feutrée, et de la superposition de trois
    demi-jupes pour donner la même impression de volume et de dynamisme lorsqu’on
    la porte. La robe dans son ensemble est teinte avec des couleurs naturelles,
    cousue main sur base d’un design unique. »





    Mara
    Malinovski nous explique que pour n’importe quel jeune artiste, l’inspiration
    se trouve partout :




    « Je suis persuadée que tout peut
    devenir une source d’inspiration, du sol à la table de restaurant. Tout peut se
    transformer en idée pour une prochaine œuvre. J’aimerais pouvoir associer à la
    mode des installations artistiques, avec l’idée de provoquer le changement et engendrer
    une révolution dans le domaine de la mode. »





    Roxana
    Petrescu, de l’association Roxy and Kids Arts, nous a raconté l’histoire de ses
    créations et nous a confié ses sources d’inspiration :




    « Comment en sommes-nous arrivés à
    confectionner cette tenue ? Au milieu de milliers d’objets nous avons
    découvert un tableau de style « Belle époque », celui de la « Green Queen »
    (reine verte) signé par Roxana
    et Alexander Ené. Nous avons entrepris quelques recherches, pour voir de quels éléments de
    la Belle époque nous pouvions nous inspirer. Nous nous sommes dit à partir de
    ce moment là qu’il serait bien de mettre en place une collaboration. Et c’est
    comme ça que nous nous sommes tournés vers les étudiants talentueux du master
    d’UNARTE. Voilà d’où nous est venue l’inspiration pour cette robe. Ce tableau
    intitulé « Green Queen » a été réalisé dans le cadre d’un projet
    allemand avec des enfants âgés de 2 à 4 ans. »





    L’exposition
    s’est achevée, mais l’association Roxy and Kids Arts poursuit sur sa lancée
    avec d’autres projets, comme nous l’explique Roxana Petrescu :




    « Nous souhaiterions que tout
    le travail effectué puisse profiter à l’avenir à d’autres projets, par exemple
    dans le cadre d’une collaboration avec la Fashion Revolution d’Allemagne.
    Hasard ou non, Roxana Ené a mis en place un projet d’atelier dans lequel les
    participants se réunissent et travaillent ensemble avec des matériaux recyclés.
    Nous nous demandons s’il s’agit d’un pur hasard, si notre travail s’est aussi
    orienté dans cette direction. Qui sait, peut-être que nous pourrons aussi
    participer à la campagne Fashion Revolution d’Allemagne. »





    Entre
    temps, les organisateurs de la Fashion Revolution Week dressent le bilan suivant : « cette campagne
    parle avant tout des hommes et des femmes, et de notre façon d’agir vis-à-vis
    de la mode. » Un message clair, c’est que nous ne pouvons pas faire
    partie du changement sans y croire. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Accents traditionnels dans les vetêments contemporains

    Accents traditionnels dans les vetêments contemporains

    Mettre des accents paysans et même porter des pièces vestimentaires traditionnelles signifie que le succès est garanti sur Instagram et Facebook. Et c’est aussi sur les réseaux de partage que l’on peut trouver des groupes de personnes passionnés par les pièces vestimentaires traditionnelles, dont on peut apprendre toute sorte d’astuces sur la manière de porter, d’entretenir, de laver de tels objets de valeur. Explication avec l’artiste Lila Passima, responsable de la section d’éducation muséale du Musée national du paysan roumain : « Une des premières visites sur le terrain a eu lieu en 1997, lorsque j’ai découvert un endroit susceptible d’accueillir une exposition consacrée à la blouse roumaine et à la relation entre le peintre roumain Theodor Pallady et Henri Matisse. J’ai également découvert un couturier qui travaillait pour Jean-Paul Gaultier et qui avait copié quelques éléments figurant sur la blouse roumaine pour les mettre sur des robes de soirée. Ce sont autant d’informations qui nous parviennent difficilement, mais qui nous parviennent par le biais des communautés en ligne, par les groupes tels « Semne cusute » et « Ia aidome ». Ces petites associations et ONGs récupèrent d’une manière ou d’une autre la source traditionnelle des vêtements. Nous sommes donc heureux de posséder une collection merveilleuse. Nous comptons parmi les musées les plus importants, ayant 90 mille objets d’art paysan, qui ont trouvé leur place dans nos collections à commencer par celle d’Alexandru Tzigara Samurcaş, le premier directeur du musée. La collection de vêtements paysans comporte plus de 20 mille pièces : blouses, chemises, vestes. »

    La blouse roumaine est un des éléments de la culture traditionnelle les plus spectaculaires. Il n’y a qu’un pas pour que la blouse soit incluse dans le patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle n’est plus un simple objet vestimentaire, mais une extension symbolique du corps humain, qui semblait jadis relier les plans terrestre et céleste. Portée quotidiennement dans les communautés traditionnelles, mais aussi dans des moments importants qui marquent des rites de passage, lors des fêtes de baptême, de mariage ou bien à l’occasion de funérailles, la blouse a été et sera toujours un élément identitaire incontestable. Lila Passima revient au micro de RRI : « Toute une série d’éléments décorent la partie inférieure du vêtement traditionnel roumain. Il s’agit des tabliers, qui complètent les foulards traditionnels brodés. Un tel costume de la région d’Argeş (sud) est désormais plus connu par la présence aristocrate de la broderie, par l’ingéniosité et par la complexité extraordinaire de la composition qui l’orne. Et cela est valable notamment pour le tablier décoré de compositions végétales. Y sont présentes transfigurées et synthétisées des fleurs des plus diverses, réalisées avec des fils métalliques et des paillettes. »

    Les blouses roumaines sont désormais des pièces de résistance sur les podiums du monde et les grands créateurs de mode incluent des éléments traditionnels authentiques dans les collections qu’ils présentent.

  • Il est beau mon chapeau

    Il est beau mon chapeau

    Il
    s’agit aujourd’hui d’un accessoire aux allures désuètes. Mais au siècle passé,
    il était synonyme de prestige, d’honorabilité, porteur d’innombrables messages,
    déchiffrés et compris par les membres des communautés concernées. C’est bien du
    chapeau qu’il s’agit, puisque l’exposition « Chapeau, accessoire, élégance
    et leurs messages dans le Brasov de l’entre-deux guerres » vient d’arriver
    à Oradea, dans le nord-ouest de la Roumanie. Et puisque que l’on parle de
    prestige, l’exposition est accueillie dans l’un des petits bijoux
    d’architecture d’Oradea, la « Maison Darvas – La Roche ». Nous avons
    discuté de cette exposition unique en son genre avec Bogdana Balmuş, directrice
    des relations publiques du Musée ethnographique de Braşov.

    Elle nous a d’abord
    expliqué d’où était venue l’idée de cette exposition, déjà accueillie par de
    nombreux musées : « Notre collègue Oana Țigănuș est à
    l’origine de ce projet. C’est une passionnée, diplômée des Beaux Arts. Elle
    travaille au Musée ethnographique, et à force d’être constamment entourée de
    près de 35 000 œuvres et objets, rien d’étonnant alors qu’une idée comme
    celle-ci ait germé dans son esprit. »



    Le
    curateur de l’exposition propose au public un voyage dans le temps, imprégné
    des parfums d’antan. Une époque où les matières composant les chapeaux et
    autres accessoires des élites de l’entre-deux guerres étaient toujours en accord
    avec la mode d’Europe occidentale. Le public peut d’ailleurs découvrir une
    sélection de chapeaux emblématiques de cette époque. L’exposition regroupe un
    ensemble unique de pièces et va jusqu’à reconstituer les célèbres ateliers de
    chapeau et de couture de cette période.


    L’exposition est
    temporaire et itinérante, comme nous l’a expliqué Bogdana Balmuş : « L’exposition
    « chapeau, accessoire, élégance et leurs messages dans le Brasov de
    l’entre-deux guerres » est arrivée à Oradea, dans la Maison Darvas – La
    Roche qui offre un cadre vraiment original. Au départ, l’exposition a été
    organisée au sein du Musée de la civilisation urbaine de Brasov, à la fin de
    l’année dernière. Et elle a rencontré un franc succès ! Si vous vous
    rendez à Oradea, nous vous encourageons à venir voir ! Vous pourrez y
    découvrir toutes ces merveilles d’un autre temps, dont les chapeaux qui, au
    siècle dernier, transmettaient un message très clair. Vous observerez leurs
    notes d’élégance et de raffinement. Avant, lorsque l’on rencontrait quelqu’un,
    il suffisait de regarder comment il portait son chapeau et en quel matériau il
    était confectionné pour connaître son origine sociale. »



    L’exposition
    est ouverte aux visiteurs jusqu’à la fin du mois de juin 2022, dans le Musée
    « Maison Darvas – La Roche » d’Oradea, le premier musée de Roumanie
    ouvert aux touristes dans un bâtiment Art Nouveau, inauguré en août 2020. Nous
    avons demandé à Bogdana Balmuş si les chapeaux exposés étaient originaux : « Une partie d’entre eux oui, qui
    appartient au Musée ethnographique de Braşov. Les autres font partie d’une
    collection privée prêtée au musée afin que les visiteurs puissent en profiter.
    Surtout n’hésitez pas à venir y jeter un œil. Il existe même un espace dans le
    musée pour essayer des chapeaux qui ont été spécialement conçus pour
    l’occasion, sur les modèles de Cristina Dragomir, du début du 20ème
    siècle. Vous avez la possibilité de prendre des photos afin de repartir avec un
    joli souvenir de l’exposition. »



    Pour
    les visiteurs, c’est l’occasion de voyager dans le temps et d’en revenir avec
    des souvenirs plein la tête. Mais ce n’est pas tout, le musée a plus d’un tour
    dans son sac et l’exposition leur réserve une dernière surprise.


    Un
    Musée des chapeaux, mais du chapeau de paille cette fois, a été inauguré en
    2001 à Crişeni, dans le département de Harghita, à l’initiative de Lajos Szőcs,
    dont la famille a confectionné des chapeaux de paille sur trois générations. Le
    Musée a ouvert ses portes dans une maison de campagne traditionnelle rénovée et
    l’exposition y a été aménagée à l’aide du Centre départemental pour la culture.
    La première pièce met en avant tous les modèles de chapeau de paille du pays.
    La pièce suivante expose différents ustensiles et objets de décoration. Enfin,
    la dernière pièce présente les différentes techniques et étapes de fabrication,
    du séchage de la paille au chapeau terminé. On y trouve aussi le plus grand
    chapeau de paille du pays, d’un diamètre de 2 mètres pour un poids de 2,65 kg
    et dont la fabrication a nécessité 500 m de paille et 1,5 km de fil.


    Dans la cour du Musée les touristes
    peuvent admirer une collection extraordinaire. Plus de 600 pierres sculptées
    par la nature et aux formes impressionnantes, ainsi qu’un chapeau de 5 mètres. (Trad :
    Charlotte Fromenteaud)

  • Fashion Revolution

    Fashion Revolution

    Cela fait quelques années déjà que les artistes visuels Roxana Ené et son fils, Alexander Ené, aux côtés de Roxana Elena Petrescu, ont jeté les bases de l’Association Roxy and Kids Arts activant dans le domaine des arts collaboratifs. Malgré le contexte pandémique, l’association a enregistré dernièrement un nouveau succès dont nous parle Roxana Elena Petrescu, co-fondatrice et vice-présidente de Roxy and Kids Arts :« Il s’agit de la campagne Fashion Revolution Week. Avec Alexander Ené, artiste visuel et membre fondateur de l’équipe Roxy and Kids Arts, nous avons été invités à participer aux côtés d’autres créateurs roumains à la Fashion Revolution Week. Déroulée en avril dans une soixantaine de pays, la semaine Fashion Revolution fut lancée pour la première fois il y a 24 ans, suite à l’effondrement, au Bangladesh, du bâtiment d’une usine de textiles où des milliers de personnes travaillaient pour de grandes compagnies de l’industrie de la mode. Plus d’un millier de femmes ont perdu la vie dans cette tragédie qui a engendré une mobilisation internationale du type « enough is enough » (« Ça suffit ! »). Ce n’est plus possible de continuer à vivre dans un monde où il est plus important d’avoir que d’être. Ce serait bien de nous poser la question qui fabrique nos vêtements, si ces vêtements sont produits d’une manière responsable, si les tissus utilisés risquent de polluer l’environnement. On nous a déjà posé la question de savoir ce que cette campagne représente pour nous et ce que nous faisons pour adopter un style de vie durable. Sauf que voilà, cela fait un moment que notre association Roxy and the Kids Arts a mis en place un tel style de vie. En dehors de nos ateliers, une partie de nos activités impliquent justement la transformation des vêtements usagés ou tachés en œuvres d’art. Car les taches, on les réinterprète comme des taches de couleur. »

    Alexander Ené, artiste visuel, a ajouté : « Pourtant, il ne suffit pas de transposer tous ces messages en art et de les faire passer à travers nos créations. Il est tout aussi important d’éduquer les jeunes en ce sens. Par exemple, avec notre association, on a organisé des ateliers d’art créatif à l’intention des enfants aussi bien en Roumanie qu’en Allemagne. A cette occasion, on a utilisé des restes de fruits et de légumes pour en faire de véritables outils de travail au lieu de les laisser finir à la poubelle. La durabilité, c’est aussi recycler et réutiliser le plus possible, en appuyant de cette manière la production de biens durables et en réduisant le gaspillage. Réduisez, réutilisez, réparez et recyclez ! Voilà les 4 R à la base du concept de vie durable !

    Depuis l’Allemagne, l’artiste Roxana Ené s’est réjouie de l’invitation que l’Association Roxy and Kids Arts s’est vu lancer de la part de Fashion Revolution : « J’ai été particulièrement impressionnée par cette campagne ! Tout s’est merveilleusement bien passé sans que cela nécessite mon déplacement sur place. J’ai donc reçu cette nouvelle extraordinaire que Fashion Revolution s’intéressait à notre manière de nous impliquer dans le domaine de la mode, dans le sens où nous, on prend différents vêtements dont on se sert comme d’une toile. C’est aussi simple que ça. Il s’agit en fait de peindre des accessoires vestimentaires – des blousons en cuir, des sacs, des souliers ou des bottes dont on se sert comme de canevas. C’est ce que nous avons fait en 2021, une année quand j’ai cru que tout ce qu’on allait faire serait d’attendre qu’elle prenne fin… Et voilà que Fashion Revolution Roumanie m’a contactée et je me suis dit : quel dommage de ne pas être en Roumanie ! Sauf que voilà, finalement, grâce à mon équipe, je suis aussi bien ici que là-bas ! »

    Roxana Ené se dit enthousiasmée par le travail de son équipe :« Les choses se sont passées merveilleusement bien. Alexander, mon fils, et Roxana Elena ont été présents à l’appel de Fashion Revolution et ils ont fait très bonne figure avec leurs créations : une toile magnifique, un sac et des chaussures peints par nous-mêmes. Ce fut très beau ! J’ai vu les photos et franchement, j’en fus impressionnée ! »

    Dans cette période pandémique, l’équipe Roxy and Kids Arts a imaginé aussi un accessoire très chic dont on peut se coiffer et qui est fabriqué à partir de masques en coton réutilisables. L’année dernière, en collaboration avec une autre association de Roumanie qui a une entreprise sociale qui embauche des personnes en situation de handicap, Roxy and the Kids Arts a eu l’idée de faire imprimer ses différentes créations d’art collaboratif sur des sacs en coton non traité qui ont cartonné aussi bien en Roumanie qu’en Allemagne et en Israël. Depuis l’Allemagne où elle se trouve en ce moment, Roxana Ené raconte :« Ici, en Allemagne, les choses ont avancé clopin-clopant l’année dernière. On aurait dû faire un projet intitulé Le Masque, une réalité en 2020. Les enfants ont peint des masques lors d’un atelier en plein air. On a eu dix participants et dans un premier temps, on était censé collaborer avec une école. Seulement, le projet est tombé à l’eau, mais l’école a décidé de trouver un autre moyen de travailler ensemble. Du coup, on a donné aux professeurs et aux instituteurs le manuel que nous employons lors de nos ateliers pour qu’ils travaillent avec les enfants selon notre méthode. Ils ont peint des masques surdimensionnés et le résultat a été spectaculaire. Même le journal Frankfurter Neue Presse a parlé de notre projet d’exception ! » Les produits Roxy and Kids Arts seront bientôt disponibles sur le site de l’association, dans la section art-shop de l’association. (trad. Ioana Stancescu)

  • Les costumes traditionnels roumains

    Les costumes traditionnels roumains

    Les costumes traditionnels roumains fascinent le monde entier, tant par la complexité de leurs éléments, qui varient en fonction des zones, que par le mélange dartisanat et dart décoratif. Ainsi, la blouse roumaine, « ia », est-elle devenue une véritable icône de la création vestimentaire roumaine, représentée souvent par les peintres et les créateurs de mode de renommée mondiale. Il est donc essentiel de conserver et de réunir les différents éléments des costumes traditionnels roumains dans des collections de musée, insiste Liliana Passima, manager du Musée national du paysan roumain de Bucarest.





    Liliana Passima: « Une de mes premières visites sur le terrain a eu lieu en 1997. Je devais trouver un endroit pour organiser une exposition sur la blouse roumaine et sur la relation entre le peintre roumain Theodor Pallady et le peintre français Henri Matisse. Javais vu un couturier qui travaillait déjà pour Jean-Paul Gautier et qui avait utilisé des détails des costumes traditionnels roumains sur des robes de soirée. Toutes ces informations nous parviennent très difficilement, surtout grâce aux communautés en ligne. Ce sont de petites associations et des ONG qui récupèrent, dune manière ou dune autre, les sources traditionnelles. Nous sommes donc très contents davoir réuni une merveilleuse collection. Nous comptons parmi les musées les plus importants, avec 90.000 objets dart paysan, disséminés dans différentes collections, dont une appartenant au premier directeur du Musée du paysan roumain, Alexandru Tzigara-Samurcaş. Notre collection de vêtements traditionnels compte plus de 20.000 objets : blouses roumaines, chemises, vestes, fichus. Tout cela pour démontrer que tout ce que nous portons nous définit. Ces blouses sont de véritables icônes, tout comme les chaussures de Marylin Monroe ou le chapeau dAudrey Hepburn. La blouse roumaine est plus quune source dinspiration, elle est une source de partenariats culturels. Elle fait déjà lobjet de nombreuses expositions. »





    Les objets réunis au Musée du Paysan Roumain de Bucarest témoignent de la complexité des costumes traditionnels dans lespace roumain. Une complexité qui sexplique entre autres par les interférences culturelles qui y ont eu lieu au fil des siècles.



    Liliana Passima explique : « Quest-ce qui nous définit ? Et quest-ce qui nous donne ce plus de complexité et de diversité par rapport à la culture européenne ? Notre territoire est au croisement de plusieurs cultures. Peut-être, dun point de vue historique, il y a eu aussi des désavantages. Nous savons que lespace roumain actuel na pas connu de périodes de répit. Bien au contraire, il a fait lobjet doccupations des plus diverses : tatare, russe, allemande, grecque. Ce croisement de cultures nous a apporté de nombreux avantages. Rien quun exemple, sans faire dincursion dans lhistoire culturelle de la zone : une touloupe de Sălişte (centre) démontre combien merveilleuse peut être une broderie paysanne sur cuir, un métier quasi oublié de nos jours et très difficile à ressusciter. Un tel objet peut très bien rivaliser avec une broderie sur cuir du Victoria and Albert Museum de Londres. Par ailleurs, un costume de la région dArges (sud) se remarque par lair aristocrate de la broderie, par son ingéniosité et par la complexité incomparable des ornements qui représentent souvent des compositions végétales, des fleurs des plus diverses, garnies de paillettes et cousues avec du fil métallique. »





    Pour rendre hommage à toute cette variété, la plate-forme Google Arts & Culture a inclus le patrimoine paysan de la Roumanie sur la carte de la mode internationale. Histoire de montrer que les vêtements ne définissent pas uniquement des personnalités individuelles, mais représentent un discours sur lidentité nationale quils gardent à jamais vivant. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Chaussures anti-Covid 19

    Chaussures anti-Covid 19

    L’humanité a
    apporté, ces derniers temps, toute sorte de réponses à la crise provoquée par
    la pandémie de Covid-19. Pour un cordonnier créatif, la pandémie a été une
    occasion de lancer la chaussure parfaite pour les temps que nous vivions.
    Depuis son atelier de Cluj-Napoca (nord-ouest), Grigore Lup raconte comment il
    a créé des chaussures pour respecter la distanciation sociale : « L’idée m’est venue après
    l’institution de l’état d’urgence. Tout d’un coup, l’activité de notre atelier a
    été bloquée ; plus personne ne franchissait le seuil de notre boutique.
    Alors les ouvriers – une dizaine – ont été mis en chômage technique. Moi, je me
    rendais de temps à autre à l’atelier et un jour je me suis rappelé qu’il y a
    quelques années, j’avais travaillé des chaussures en cuir à pointe allongée,
    pour le théâtre. Et comme j’avais vu à la télé que la distanciation sociale,
    bien que fortement recommandée, n’était pas respectée, je me suis dit : je
    vais faire trois paires de chaussures et les poster sur ma page Facebook, pour plaisanter,
    et puis on verra bien. J’ai donc posté les chaussures, que j’ai appelées chaussures pour respecter la distanciation sociale. »


    Nous avons
    invité Grigore Lup à nous expliquer comment il fabrique ces chaussures : « Elles sont un peu difficiles à
    travailler, il faut un patron spécial, les tailler manuellement, ensuite les river,
    les coudre à la machine, achever les claques ; ensuite il faut un
    embauchoir, pour les allonger. Pour vous donner un exemple : le joueur
    roumain de basket Ghiţă Mureşan mesurait 2,31 m. C’était le plus grand joueur de
    la NBA. Sa pointure était 53. Imaginez, par comparaison, les chaussures taille 75
    que j’ai conçues. Elles sont très, très grandes, ces chaussures, et tout est
    travaillé à la main. Et on doit utiliser des matériaux légers, pour qu’elles
    puissent être portées. »


    Bien qu’âgé de
    55 ans seulement, Grigore Lup fabrique des chaussures depuis 39 ans. Il a commencé
    quand il avait 16 ans. Né dans une famille qui comptait 8 enfants, il n’a pas
    pu continuer ses études et il est allé apprendre un métier. Après 3 mois – au
    lieu des 6 que durait normalement l’apprentissage pour devenir cordonnier -
    Grigore Lup réalisait sa première paire de chaussures. Depuis, il n’a refusé
    aucune commande – nous a-t-il confessé. Combien de temps lui faut-il pour
    réaliser une paire de ces chaussures géantes ? « Ça prend
    deux jours, car, après les avoir placées sur l’embauchoir manuel, on doit les enduire
    de toute sorte de solutions et les laisser sécher. A présent, que les ouvriers
    sont revenus à l’atelier, je pourrais en travailler plusieurs en même temps.
    J’ai beaucoup d’idées. »


    Grigore Lup est
    fier d’avoir réalisé, au fil du temps, des chaussures pour des chanteurs très
    connus de musique traditionnelle du pays, pour des ensembles de musique
    traditionnelle, ainsi que des chaussures traditionnelles roumaines, une sorte
    de sabots en cuir appelés « opinci », pour les étrangers qui viennent
    à Cluj apprendre les danses folkloriques roumaines. Pourtant, une fois mises en
    ligne sur un réseau de socialisation, les chaussures pour respecter la
    distanciation sociale ont fait le buzz sur la toile, valant à Grigore Lup une
    notoriété mondiale : « Avec mes chaussures, je suis
    arrivé là où je n’aurais jamais pensé pouvoir arriver ! Je vous raconterai
    une petite anecdote : il y a cent ans, mon grand-père est parti aux
    Etats-Unis avec plusieurs autres paysans transylvains, pour gagner de
    l’argent ; revenu au village, il achetait des terrains. Et voilà qu’après
    tant d’années, l’histoire de mes chaussures est arrivée, elle aussi, dans le
    New York Times, aux Etats-Unis. Et, par l’intermédiaire de plusieurs agences
    qui m’ont promu dans le monde entier, je reçois des appels du Canada,
    d’Australie, des Etats-Unis, où j’ai d’ailleurs des petits-fils, de Russie,
    d’Allemagne. Le quotidien espagnol « El Mundo », qui est un journal
    très important, ainsi que «The Telegraph » ont parlé de moi. La dernière
    agence à m’avoir contacté est la plus grande d’Amérique du Sud et mes
    chaussures ont commencé à être distribuées en Argentine et au Brésil. C’est incroyable
    ! »


    Et, évidemment,
    après tant de publicité, au grand amusement du créateur de ces chaussures, des
    commandes sont arrivées de Roumanie aussi, ainsi que du Canada et du
    Royaume-Uni. Puisque le masque est déjà un accessoire obligatoire, pourquoi les
    « chaussures pour faire respecter distanciation sociale » ne
    deviendraient-elles pas, elles aussi, à la mode ? (Trad. Dominique)



  • La mode à l’époque phanariote

    La mode à l’époque phanariote

    Au
    début du 18-e siècle, les principautés roumaines de Valachie et de
    Moldavie avaient perdu le peu de leur indépendance et de liberté de se
    gouverner qui leur restaient sous la suzeraineté de la Porte ottomane. A la
    tête des deux principautés roumaines, Constantinople nommait d’autorité des
    sujets ottomans, d’origine grecque, issus du célèbre quartier du Phanar de la
    capitale de l’empire. Pendant un siècle, les Etats roumains se sont ainsi
    trouvés mis sous la férule de ces princes aux mœurs byzantins. C’est ainsi que
    les dynasties phanariotes, appellatif qui n’allait pas manquer de les faire
    consacrer par l’historiographie, se succédèrent à une cadence effrénée, dès
    1711 sur le trône moldave, et à partir de 1714 sur celui de Valachie.

    Ce n’est
    que la rébellion nationale de 1821 qui verra mettre un terme à la pratique de
    ces nominations ottomanes abusives sur les trônes valaque et moldave. Pendant
    plus d’un siècle donc, les règnes phanariotes vont, d’une part, promouvoir sur
    les terres roumaines un régime politique entaché par la corruption et la
    cupidité, car leur rôle premier était d’obtenir un maximum de ressources en un
    bref laps de temps au profit du sultan, mais vont aussi, d’autre part,
    introduire dans les mœurs des élites roumaines des éléments inspirés de la
    civilisation grecque, mais également les idées du siècle des Lumières, nous
    raccordant ainsi à la civilisation occidentale. Si les courants
    historiographiques de l’époque romantique considéraient la période phanariote
    comme l’une des moins fastes de l’histoire roumaine, la perception des
    historiens commence à se nuancer avec le temps. En effet, la nouvelle
    historiographie mettra surtout l’accent sur le rôle modernisateur des règnes
    phanariotes. L’historien Adrian-Silvan Ionescu, qui a étudié les modes de vie
    et l’histoire des mentalités du 19-e siècle roumain, met en exergue
    l’opulence de l’époque, miroitée dans les images qui sont parvenues jusqu’à nos
    jours: « L’image que cette période
    nous renvoie à travers les toiles et les récits d’époque nous laisse rêveurs.
    C’était l’époque de l’extrême politesse du verbe, d’un raffinement et d’une
    élégance toute byzantine dans l’habit. Ils arrivaient à faire revivre les
    heures de gloire de l’ancienne Constantinople, ses richesses, son faste, sa
    morgue, ainsi que l’avait d’ailleurs remarqué à bon escient notre grand
    historien, Nicolae Iorga, dans son ouvrage, intitulé « Byzance après
    Byzance »
    .


    L’habit
    surtout, qui marquait le rang de celui qui le portait, était un véritable chef
    d’œuvre, frappant les esprits des voyageurs et des diplomates occidentaux, affirme Adrian-Silvan Ionescu : « Les
    vêtements affichés à la cour de Iaşi ou à celle de Bucarest faisaient pâlir
    d’envie les émissaires des cours royales et impériales européennes. Lorsque
    Ienăchiţă Văcărescu, un érudit issu d’une des grandes familles de boyards
    roumains, est allé rencontrer l’empereur d’Autriche à la cour de Vienne, il se
    changea pour l’occasion, prenant l’habit l’occidental. Mais les vêtements qu’il
    avait emportés avec lui ne manquèrent de susciter l’envie des comtesses et des
    baronnes de l’empire. »


    Les
    toiles peintes à l’époque mettent d’ailleurs en évidence la richesse
    époustouflante de l’habit des boyards. Les vêtements, les bijoux, les armes
    dont ils se parent ne laissaient personne indifférent, explique Adrian-Silvan Ionescu : « L’on remarque la richesse des fourrures,
    depuis la zibeline à l’hermine, la soie, les parures, les armes ciselées,
    recouvertes d’argent et de pierres précieuses, portées par les gardes des
    voïvodes. Tout cela nous laisse supposer la richesse étonnante de ces familles
    phanariotes qui arrivaient à accumuler des fortunes insoupçonnées souvent dans
    un très bref laps de temps. Mais au-delà de cette richesse, on comprend leurs
    styles et leurs goûts vestimentaires. De surcroît, forcément, l’habit signifie
    aussi le rang. Dans la hiérarchie aristocratique de l’époque, on distingue
    trois rangs. Il y avait d’abord les grands boyards qui assumaient des charges
    au sein de l’Etat. L’usage de la zibeline, par exemple, leur était réservé.
    Puis, la barbe. Seuls les membres de ce premier cercle avaient le droit de la
    laisser pousser. Aux rangs inférieurs était réservée la moustache. Dès qu’un
    boyard de rang inférieur accédait au premier cercle, le barbier-bacha, le
    barbier du voïvode, venait tracer les contours de sa barbe, puis allait la
    soigner aussi longtemps qu’il allait assumer ses fonctions au sein de la
    cour. »


    Détestée
    à l’époque, des éléments de la mode phanariote vont pourtant survivre dans les
    mœurs de l’aristocratie roumaine bien après la fin des règnes qui ont donné
    leur nom à la période, telles des réminiscences d’une coquetterie masculine
    nostalgique, précise l’historien Adrian-Silvan Ionescu : « La mode phanariote est encore de mise pendant
    les trois premières décades du 19-e siècle, même après la révolution
    de 1821, menée par Tudor Vladimirescu et qui a mis un terme à ce type de règne,
    dont les voïvodes étaient nommés par le sultan, à la tête de la Valachie et de
    la Moldavie. Elle laisse ensuite la place à la mode occidentale de l’époque,
    même si certains éléments vestimentaires hérités de l’époque phanariote sont
    remis au goût du jour, et utilisés vers le milieu du 19e siècle dans
    la mode féminine cette fois. Mais aussi dans les bals masqués, par ceux qui
    avaient connu, enfants, cette mode, et qui s’amusaient copieusement de pouvoir
    enfiler encore une fois ces fastueux habits d’apparat. »


    Quoi
    qu’il en soit, l’iconographie de l’époque phanariote constitue une source
    inépuisable d’informations, montrant à profusion le faste tout oriental et
    l’opulence démesurée d’une époque révolue. Une opulence forcément réservée à
    une toute petite caste, jalouse de ses privilèges. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • La blouse roumaine: Rumänische Leinenbluse erobert die Mode

    La blouse roumaine: Rumänische Leinenbluse erobert die Mode

    Virginia Linul wurde im Landkreis Bistriţa-Năsăud (Bistritz-Nassod) geboren. In ihrer Familie wurden traditionelle bestickte Blusen schon seit immer genäht. Heutzutage ist Virginia Eigentümerin eines regelrechten Museums für rumänische Trachten. Sie sammelte um sich herum 50–60 Mitarbeiterinnen, die ihr beim Nähen helfen. Den Sinn ihrer Arbeit begriff sie aber erst später. Vertrauen zu den von ihr gefertigten Kleidungsstücken gewann sie nämlich erst 1999. In dem Jahr beteiligte sich Rumänien an dem Smithsonian Folklife Festival in Washington. Unser Land stellte beim Festival verschiedene Volkstrachten vor, aber auch traditionelle Gerichte und andere volkstümliche Bräuche. Ihr Beruf setze eine hohe Verantwortung voraus, sagte uns Virginia Linul:



    Wir fertigten zunächst Volkstrachten, die für unsere Region — Bistriţa-Năsăud — spezifisch sind. Danach nähten wir auch Volkstrachten, die für andere Regionen des Landes typisch sind. Die Arbeitstechnik ist ähnlich, nur die Muster sind verschieden. Wir haben sehr verantwortungsvoll gearbeitet, haben uns im Voraus dokumentiert, sowohl in Museen wie auch vor Ort, auf dem Land. Ich nähe nicht blo‎ß Volkstrachten, um eine Bestellung los zu werden. Ich ahme keine Volkstracht künstlich nach, sondern übernehme die Verantwortung für die kommenden Generationen. Denn wenn wir unseren Kindern gefälschte traditionelle Blusen anbieten, werden sie irgendwann mal glauben, es seien Originalteile. Sie werden meinen, das sei das Richtige. Wir Eltern tragen die Verantwortung für die Entwicklung der nachkommenden Generationen. Wir wollen ihnen die wahre Tracht nahe bringen: Eine Volkstracht muss authentisch und von der Hand genäht sein. Nur so wird sich das Kind merken, wie eine echte Volkstracht auszusehen hat.“




    Virginia Linul erklärte uns, in unserem Land gäbe es 450 ethnografische Regionen. Es sei unsere Pflicht, ihre Repräsentativität aufrecht zu erhalten. Sie erzählte uns auch, dass die rumänische Volkstracht wieder in die Mode zurückkehrte:



    2011 kam nach Rumänien ein französischer Designer, Philippe Guiller. Er arbeitete als Leiter der Kulturabteilung bei der Botschaft Frankreichs in Bukarest. Er reiste kreuz und quer durch das Land und verliebte sich in seine Schönheit. Er erkannte die Kunst in den handwerklich erzeugten Produkten, in den Schmuckstücken und wusste, diese zum Vorschein zu bringen. Er stellte eine Sammlung zusammen und präsentierte sie unter dem Namen »100%.ro. prejudecăţi« (zu dt. in etwa: 100% rumänische Vorurteile). Dank diesem Ausländer, der mit mir zusammenarbeitete, wurden 60% der Kollektion hier gefertigt — mit Handwerkern in Maramureş, in der Bukowina, in Braşov, in der Kleinen Walachei (Oltenien). Wir arbeiteten mit Handwerkern aus allen Ecken Rumäniens zusammen und lie‎ßen die rumänische volkstümliche Kunst zum Vorschein kommen. Das Projekt wurde gefördert, TV-Sender berichteten darüber. Und so erfuhren viele Prominente über unsere Erzeugnisse und sie begannen, sie zu tragen. Sie zogen die rumänische traditionelle Bluse anlässlich des Nationalfeiertags an, danach auch bei anderen Gelegenheiten. Nach einem Jahr fing Andreea Tănăsescu, die Gründerin der Webseite »La Blouse Roumaine« an, die traditionelle bestickte Bluse auf Facebook zu fördern. Sie organisierte auch verschiedene Events zum Thema.“




    Die Präsenz der rumänischen Volkstrachten im Internet wird immer deutlicher. Ein Beispiel dafür ist der Verein Semne cusute“ (dt. genähte Symbole). Seit Juni schon ist der Verein auf Google Arts and Culture durch eine Ausstellung vertreten. Es handelt sich um die Ausstellung Îmbrăcate în povești“ (dt. märchenhaft bekleidet). Die Ausstellung erkundet das Handwerk des Webens. Konkret dokumentiert die Ausstellung, wie traditionelle rumänische Blusen gewoben und bestickt werden und enthüllt das Geheimnis der Geschichte, die hinter dem Stickmuster steht. Sämtliche Farben und Symbole werden dabei entschlüsselt. Wir haben es mit einer Reise an die Grenze zwischen Kunst und Tradition zu tun. Ioana Corduneanu ist die Begründerin des Vereins Semne cusute“. Sie erzählte uns mehr Einzelheiten über die Fertigung einer traditionellen Bluse:



    Ich hoffe, wir werden allmählich die billigen Stoffe vergessen und uns daran erinnern, wie unsere Gro‎ßmütter und Urgro‎ßmütter dieses Handwerk vollbrachten. Sie arbeiteten mit Leinen, Hanf, Seide und Wolle. Das sind gesündere Stoffe, sowohl für uns als auch für unseren Planeten. Es sind edlere Stoffe — und unsere Hemde, unsere Blusen verdienen eine derartige Behandlung. Mit Sicherheit gibt es Damen, die ihr Outfit mit einer solchen Bluse stilvoll ergänzen möchten.“




    Ioana Corduneanu erzählte uns, die Mitglieder der Gruppe Semne cusute“ würden meistens aus Spa‎ß nähen:



    Sie nähen aus Spa‎ß, denn Sticken ist eine Kunst, eine Entspannungsmethode. Sie nähen die Blusen für sich selbst, um sie selber zu tragen. Oder sie verschenken sie an ihre Familienmitglieder. Die gro‎ßzügigsten von ihnen nähen die Blusen, um sie im Rahmen unserer Ausstellungen zu zeigen. Die Ausstellungen können mittlerweile auch im Internet gesehen werden.“




    Die Damen, die sich der Näherinnengruppe gesellen möchten, brauchen nur ein paar einfache Schritte zu machen — so Ioana Corduneanu:



    Wer auf Google nach den Begriffen »semne cusute« (dt. genähte Zeichen) sucht, findet das Blog der Gruppe sowie einen Link zur entsprechenden Facebook-Seite. Sie können der Gruppe beitreten, ihre Aktivität verfolgen und den Wunsch ausdrücken, der Näherinnengruppe auch in Wirklichkeit, nicht nur online, beizutreten. Die verwendeten Symbole haben universellen Charakter, sind allgemein verständlich. Spezifisch Rumänisch ist die Grammatik, die Aufstellung der Buchstaben in Sätzen. Darin besteht unsere Einmaligkeit. Und so können wir unsere Hemde und Blusen von denen unserer Nachbarn unterscheiden. Wir können sogar so weit gehen und aus den Motiven erschlie‎ßen, in welchem Dorf oder in welcher Region das Hemd genäht wurde. Es gibt Frauen aus den Niederlanden, Bulgarien oder Japan, die zusammen mit uns nähen. Denn sie haben verstanden, dass es eigentlich um universelle Werte geht, die durch dieses Handwerk weiter übertragen werden.“




    Anlässlich des diesjährigen Nationalfeiertags Rumäniens am 1. Dezember trugen mehrere Damen zusammen mit Ioana Corduneanu im Pariser Zentrum Pompidou die rumänische Volkstracht, ergänzt durch einen blauen Rock. Wieso ein blauer Rock die traditionelle Volkstracht ergänzte, verstanden wir erst später, als wir bemerkten, dass sich die Besucher mit den Damen fotografieren lie‎ßen. Allerdings nicht an einem beliebigen Ort, sondern direkt neben dem Gemälde von Henri Matisse La blouse roumaine“ (beendet im April 1940).

  • HeArt Couture – la couture du cœur

    HeArt Couture – la couture du cœur

    Ils ont défilé joyeusement sous les
    applaudissements du public, ils ont souri et ils ont savouré le succès de leurs
    tenues. Comme on pouvait s’y attendre, ils ont positivé leurs émotions et ont
    offert un spectacle à la mesure de la joie qu’ils y ont investie. Une vingtaine
    de jeunes touchés par le syndrome de Down et une vingtaine de jeunes
    accompagnants bénévoles sont montés sur scène pour un défilé de mode inédit où,
    pour la première fois, les créateurs et les mannequins étaient des personnes
    trisomiques. La collection présentée s’appelle heART COUTURE (Couture du cœur,
    si vous voulez) et elle a été minutieusement préparée lors des ateliers créatifs
    organisés à Bușteni, en juillet dernier, et à Bucarest.

    « La musique
    rencontre la couleur » est le slogan d’un atelier dans le cadre duquel les
    enfants écoutent de la musique classique et apprennent à traduire les sons
    qu’ils entendent par des peintures abstraites. Leurs créations ont été
    sélectionnées et réinterprétées par l’équipe ROXY&KIDS ART sous la forme
    d’ouvrages intégrés à la collection de vêtements heART COUTURE (constituée de jupes,
    tabliers traditionnels, T-shirts, écharpes). Le travail dans le cadre du projet
    heART COUTURE a reposé sur un livre bilingue « Do you see what I see ? » /
    « Est-ce que tu vois ce que je vois ? », qui est en fait un
    manuel conçu par l’artiste Roxana Ene. Il présente le mieux la méthode ROXY&KIDS
    ART. Roxana Păsculescu, responsable de communication de l’association nous l’explique : « La
    méthode que nous appliquons dans le cadre de notre atelier « Roxy and Kids
    Art » est de pratiquer la synesthésie : les enfants sont invités à
    peindre sous l’influence de la musique. D’où le rôle de la musique dans notre
    atelier de « heart couture » – couture du cœur. Les enfants ont fait
    des échanges, ils se sont amusés, étant constamment accompagnés par des enfants
    typiques et par des bénévoles provenant du lycée d’art Nicolae Tonitza de
    Bucarest. »




    Comment est né ce projet ? Sa coordinatrice Cristina
    Moraru, raconte : « L’Association
    Down Plus Bucarest dédie son activité aux enfants trisomiques. Nous leur
    proposons des activités tous les jours de la semaine. Nous sommes très
    attentifs à leurs sentiments et nous les entraînons dans des activités
    susceptibles d’accroître leur confiance en eux-mêmes. Ils ont été très heureux
    de présenter leurs dessins et ensuite les vêtements réalisés à partir de ces
    créations. Nous avons rencontré les membres de l’association ROXY&KIDS ART
    et leur activité, la façon dont elles travaillent avec les enfants, la manière
    dont elles interprètent et utilisent leurs dessins, nous a enthousiasmés. Nous
    avons décidé de mettre en œuvre ce projet ensemble, de dessiner, de nous
    réjouir, en écoutant de la musique, en dansant. Nous commençons avec des
    croyons, des feutres, des fruits, du chocolat et… de la dentifrice. Les enfants
    ont dessiné avec tous les moyens mis à leur disposition et les dessins collectifs
    ont été réinterprétés par Roxana Ene. Sur scène, les enfants ont défilé avec
    leurs créations non-interprétées, ensuite avec celles réinterprétées. »




    Roxana Ene est alors l’artiste qui a réinterprété les
    créations des enfants. Comment a-t-elle vécu cet événement ? « C’était tout à fait inattendu,
    super ! Les enfants y ont investi tous leurs sentiments et toute leur
    énergie ; ils ont été heureux et ils ont défilé, tout simplement, avec
    leurs âmes. Ils ont eu la liberté de travailler avec des matériaux qu’ils
    n’avaient jamais utilisés avant. C’était inédit et surprenant pour eux de constater
    qu’ils pouvaient peindre avec de la dentifrice noire, avec de l’écorce, avec
    des feuilles d’arbres… Et les idées proposées les ont également surpris. Ils
    ont été curieux de voir ce qu’allaient devenir leurs créations. Ils savaient
    déjà de quoi il s’agissait, nous leur avons expliqué pour qu’ils ne soient pas
    choqués, ils savaient donc que leurs peintures allaient être réinterprétées.
    Nous ne les avons pas transformées, nous les avons réinterprétées : nous
    avons travaillé sur les copies des leurs dessins, les originaux sont restés
    intacts. C’est un début, le début d’une nouvelle ère, car jusqu’ici, les toiles
    restaient exposées sur un mur. Maintenant, c’est fini ! Les toiles se sont
    envolées dans le monde, elles seront portées par des enfants, par les frères et
    les sœurs de ces enfants, par leurs mamans. Lors du défilé, même le cameraman a
    porté un de ces tabliers réalisés à partir de leurs peintures ! C’est
    super ce qui s’est passé ici ! »




    Pour Larisa Bucur, de l’Association Down Plus Bucarest,
    ce fut un événement inédit, fruit d’un travail intense : « Cette expérience a été extraordinaire,
    car nous avons constaté, pour la énième fois, que les personnes touchées par le
    syndrome de Down ont des dons et un riche savoir-faire, elles dépassent
    quotidiennement leurs limites et nous donnent des leçons de vie. Ce n’était pas
    une présentation Haute Couture, c’était une réinterprétation Heart Couture, car
    on sait bien que les personnes trisomiques sont très affectueuses. C’est
    d’ailleurs pourquoi cette réinterprétation était une sorte de mélange d’art
    contemporain et de tendresse. Nous essayons toujours de prévoir dans notre
    programme des activités aussi diversifiées que possible et quand nous avons proposé
    à ces enfants des classes de peinture, ils ont été très ouverts. Et lorsqu’ils
    ont entendu qu’ils allaient aussi monter sur scène, leur enthousiasme a été
    sans bornes. »



    Et ce n’est que le début, car deux autres défilés de mode
    organisés avec les enfants sont encore prévus, ainsi que deux autres
    expositions réunissant leurs peintures.


    (Trad. : Dominique)

  • 04.08.2019 (mise à jour)

    04.08.2019 (mise à jour)

    Meurtres
    – A Caracal (ville du sud de la Roumanie), les enquêteurs ont continué, ce
    dimanche, la perquisition au domicile de Gheorghe Dincă, le sexagénaire qui a
    déclaré avoir tué deux adolescentes – Alexandra Măceşanu, 15 ans, et Luiza
    Melencu, 18 ans. L’homme a été retenu par les forces de l’ordre il y a une
    semaine. La Direction d’investigation des infractions de criminalité organisée
    et de terrorisme (DIICOT), qui est en charge de l’enquête, a informé que seul l’ADN
    d’Alexandra Măceşanu, disparue le 24 juillet, avait été mis en évidence dans
    les restes calcinés trouvés dans l’habitation de Gheorghe Dincă, ce qui
    confirmerait les aveux du suspect. Après la découverte de nouvelles preuves
    biologiques, prélevées sur la propriété de Gheorghe Dincă, les enquêteurs cherchent
    à découvrir ce qui s’est passé avec Luiza Melencu, disparue en avril dernier. Pendant
    ce temps, des habitants de Caracal ont déposé des bougies allumées devant l’entrée
    de la propriété du suspect et un service religieux a été tenu à la mémoire d’Alexandra
    et de Luiza, dans la cathédrale orthodoxe de la ville.

    Réaction – Le ministère des affaires étrangères de Bucarest affirme, sur son
    compte Twitter, qu’il rejoint les Etats-Unis et les alliés de l’OTAN au sujet
    du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI). La Russie et les Etats-Unis
    ont annoncé, vendredi, la fin du Traité qui interdisait les missiles à moyenne
    portée. Washington
    a annoncé la suspension de sa participation le 2 février. Moscou a réagi par
    une décision similaire le même jour. Le secrétaire d’Etat américain, Mike
    Pompeo, a accusé la Russie de « violation substantielle » de ce
    pacte, mais Moscou a constamment rejeté les accusations. Signé par les Etats-Unis
    et l’URSS en 1987, le traité avait interdit les missiles capables de
    transporter des charges nucléaires sur des distances allant de 500 à 5.500 km.

    Untold – L’artiste britannique Robbie Williams a préparé un show d’une heure
    et demie pour dimanche soir, le dernier du Festival de musique électronique
    Untold, de Cluj-Napoca (nord-ouest de la Roumanie). Pendant les quatre jours du
    festival, plus de 200 artistes se sont produits sur les dix scènes spécialement
    installées pour l’événement.

    Mode – Sept producteurs roumains de vêtements de
    marque participent, en première, du 4 au 10 août, à la Foire World of Prom
    Americas Mart d’Atlanta, aux Etats-Unis, selon le Ministère roumain chargé du
    Milieu d’Affaires, du Commerce et de l’Entrepreneuriat. L’événement qui en est
    à sa 28-e édition, réunit presque 400 marques internationales. La
    Roumanie y participera à toutes les sections mises en place par les
    organisateurs ce qui lui permettra de pénétrer plus facilement sur le marché
    américain, peu exploité jusqu’à présent.

    Tennis – La joueuse
    roumaine de tennis, Patricia Maria Ţig, a remporté, ce dimanche, le tournoi de
    Karlsruhe (Allemagne), après avoir vaincu en finale la Belge Alison van
    Uytvanck, en trois sets 3-6, 6-1, 6-2. Leur match a duré une heure et 38 minutes.
    Patricia Maria Ţig avait déjà disputé deux finales WTA, la première à Baku, en
    2015, et la deuxième à Bucarest, le moi dernier.







    Météo – Un ciel variable s’annonce en Roumanie dans
    les prochaines 24 heures. Les nuages s’accumuleront notamment dans le nord, l’est,
    le centre et localement en montagne, où des épisodes pluvieux sont attendus.
    Lundi, les températures maximales se situeront entre 22° et 31°.

  • Bihor Couture

    Bihor Couture

    La beauté du costume traditionnel roumain est bien connue et… reconnue. Aussi, au grand étonnement de tous, une veste en fourrure très semblable à celles spécifiques de la contrée de Bihor, dans le nord-ouest du pays, a été découverte dans la collection d’une maison de mode très connue. Pourtant, rien n’indiquait l’appartenance de ce modèle à notre culture, ce qui a déclenché une campagne visant à protéger les métiers traditionnels. La campagne, baptisée Bihor Couture, a attiré de nombreux militants, parmi lesquels des représentants des communautés locales et de plus en plus d’artisans.

    Ioana Zamfir, responsable du service de création de l’agence de publicité qui a lancé la campagne, nous parle des débuts de ce projet : « Ce plagiat Dior Bihor n’est pas le premier de ce genre. Ce fut aussi le cas de Tory Burch et puis celui de Valentino, tous récents. En outre, cela ne concerne pas uniquement la Roumanie. Partout dans le monde, de grands noms de la mode copient des modèles de vêtements traditionnels appartenant à différentes cultures. Nous ne souhaitons nullement bloquer les sources d’inspiration des maisons de haute couture, qui devraient continuer à puiser des idées dans les différentes cultures ; le problème, c’est qu’elles ne leur offrent rien en échange : ces cultures ne sont pas promues, elles ne gagnent rien du point de vue matériel, non plus, alors que les artisans de ces pays n’ont plus de ressources pour perpétuer les traditions. Le grand défi pour nous, c’était de canaliser des ressources financières vers les communautés – d’où l’idée de Bihor Couture. Nous avons créé un site pour que les gens puissent y présenter leurs produits et les vendre. C’est le but de cette plate-forme : les aider à vendre leurs produits plus facilement et de manière plus profitable. »

    Comment lutter pourtant contre la tendance des gens à préférer des vêtements créés par des maisons de haute couture aux vêtements traditionnels, même s’ils se ressemblent jusqu’au moindre détail ?

    Ana Florea, institutrice de maternelle à Beiuş et directrice artistique d’une association culturelle, a assumé dans le cadre de la campagne le rôle d’intermédiaire entre des clients potentiels qui souhaiteraient acheter des produits présentés sur le site Bihor Couture et les artisans censés livrer ces produits.

    Ana Florea : « Les artisans sont difficiles à trouver, car ils sont de moins en moins nombreux. Mon rêve est qu’une école ou un atelier soit créé où l’on enseigne la pelleterie et le travail des fourrures, le tissage, la manière de réaliser un costume traditionnel. A présent, dans la zone de Beiuş il y a très peu d’artisans. Je souhaite que leur nombre augmente, à l’avenir. »

    A quoi ressemble la veste en fourrure de la zone de Bihor, copiée à 99% par la maison de haute couture ? Ana Florea : « La pelisse de la zone de Bihor n’est pas la plus richement décorée et n’est pas la seule, dans le paysage du costume traditionnel roumain, à mériter l’attention de ceux qui aiment la beauté. La veste de Bihor est plus belle que sa copie, les nuances des couleurs sont un peu différentes et les matériaux utilisés sont naturels. Elle est en cuir tanné et ornée de broderies en laine. On peut également utiliser le cuir écologique, travaillé main, bien sûr. La pelisse de la zone de Bihor est ornée de symboles et fournit des indications sur le statut social de celui qui la porte. Motif de fierté aux temps jadis, elle n’était pas portée par les enfants et les personnes âgées. La veste pour hommes est ornée de broderies florales, même la rivière Criş y était représentée, avec ses poissons. Un symbole sur le dos des pelisses fait la distinction entre ceux pour homme et ceux pour femme. La veste pour homme est ornée d’un symbole phallique. D’ailleurs, c’est la multitude des symboles qui ornent les manteaux qui les rend si beaux. »

    Ioana Zamfir, responsable du service de création de l’agence de publicité qui a lancé la campagne Bihor Couture, est optimiste quant au déroulement du projet, malgré les difficultés à affronter : «Travailler une telle pelisse, ça prend du temps, car tout est fait main. Le retour est positif, les gens sont d’avis qu’il fallait faire quelque chose, surtout en Roumanie, pour protéger les traditions et promouvoir nos artisans que personne ne connaît. Il y a de l’espoir et le projet se développe. Nous aimerions que ce soit un exemple pour d’autres cultures, pour qu’elles préservent leurs traditions et que les artisans puissent vendre leurs produits et gagner leur vie. »

    Les initiateurs de la campagne nous exhortent à rechercher les produits authentiques et à les acheter chez les artisans des villages, pour contribuer à sauvegarder les traditions. (Trad. : Dominique)

  • Bihor Couture: Volkstrachten als Modekollektion

    Bihor Couture: Volkstrachten als Modekollektion

    Die Schönheit der rumänischen Volkstracht ist nicht nur wohl bekannt, sondern auch international anerkannt. Daher darf man nicht überrascht sein, dass eine traditionelle Weste, die sehr ähnlich der für den Landkreis Bihor spezifischen volkstümlichen Weste aussah, Teil einer bekannten Modesammlung wurde. Dennoch ist die Herkunft des Kleidungsstücks nicht geschützt. Das hat eine Aktion im Hinblick auf den Schutz herkömmlicher Kunsthandwerke angeregt. Die Kampagne, an der sich zahlreiche Interessierte beteiligten, trägt den Namen Bihor Couture. Handwerker, Zwischenhändler und nicht zuletzt die Urheber der Aktion brachten sich dabei voll ein. Ioana Zamfir leitet die Kreativabteilung in der Werbeagentur, die die Kampagne Bihor Couture startete. Sie erzählte uns mehr über das Projekt:



    Der Fall Dior Bihor ist nicht der erste Plagiats-Versuch. Im Laufe der Zeit gab es noch den Fall Tory Burch. Und vor nicht allzu langer Zeit den Fall Valentino. Es passiert nicht nur in Rumänien, sondern weltweit. Berühmte Modefirmen lassen sich von traditionellen Mustern in verschiedenen Kulturen inspirieren. Wir wollen keineswegs die Kreativität eindämmen oder die Inspiration hemmen. Die Modehäuser sollten auch weiterhin andere Kulturen als Inspirationsquelle verwenden. Das einzige Problem ist, die als Inspirationsquelle verwendeten Kulturen haben nichts davon. Sie werden weder irgendwie gefördert, noch machen sie irgendeinen Profit. Die örtlichen Kunsthandwerker haben mit Schwierigkeiten zu kämpfen, sie verfügen kaum noch über die notwendigen Mittel, um ihre Kunstwerke fortzusetzen. Deshalb starteten wir die Kampagne Bihor Couture. Wir wollen, dass ein Teil des Gewinns zurück in die Gemeinschaft kehrt, die die Modekollektion anregte. Wir haben eine Internetseite gegründet und fördern dort die örtlich hergestellten Produkte. Somit haben sie die Möglichkeit, die von ihnen erzeugte Ware zu verkaufen.“




    Die Leute sind es gewöhnt, Kleidung zu kaufen, die unter einer bestimmten Marke hergestellt wurde. Manchmal geht der Stil in Richtung Volkstrachten. Und dennoch kaufen die Menschen, bewährte Marken, anstatt ihre Kleider direkt beim Handwerker im ländlichen Raum anzuschaffen. Und viel zu oft haben wir es mit einem Plagiat zu tun, so die Fachleute.



    Ana Florea ist Erzieherin im Dorf Beiuş und künstlerische Leiterin beim Verein Micul Beiuşan. Im Rahmen der Kampagne Bihor Couture vermittelt sie die Durchführung der Geschäfte zwischen den möglichen Kunden, die Ware von der Internetseite kaufen möchten, und den Handwerkern, die ihre Ware auf der Internetseite vorstellen. Sie erzählte uns, die Handwerker in Bihor hätten das Projekt mit Freude entgegengenommen. Dennoch seien sie schwer zu finden, sagte sie:



    Die Handwerker sind immer schwerer zu finden, weil es immer weniger sind. Hoffentlich wird ihre Zahl künftig zulegen. Mein Traum ist, eine Berufsschule vor Ort zu gründen. Die jungen Leute sollen nämlich die Möglichkeit haben, herkömmliche Handwerke wie das Nähen und Schneiden von Volkstrachten zu erlernen. Derzeit sind nur noch ganz wenige Handwerker vor Ort. Doch ich wünsche mir, dass ihre Anzahl zunimmt.“




    Wir regten Ana Florea an, uns mehr Einzelheiten über die traditionelle Weste in Bihor zu erzählen:



    Die traditionelle Weste in Bihor ist nicht sehr stark verziert. Und mit Sicherheit gibt es auch andere rumänische Volkstrachten, die sehr schön sind. Die für unseren Landkreis traditionelle Volkstrachtweste ist jedoch dank ihrer Verzierung einmalig. Ein berühmtes Modehaus hat sie demzufolge nicht nur als Inspiration für ihre Kollektion verwendet, sondern zu 99% kopiert. Etwas verschieden sind nur die verwendeten Farben und die Stoffe, aus denen die Weste hergestellt wurde. Wir stellen hier, vor Ort, die Volkstrachtweste aus gegerbtem Leder her. Die Muster werden mit Wolle gestickt. Alle Stoffe sind natürlich. Wir bieten auch die Weste aus Kunstleder, doch auch diese traditionelle Weste ist zu 100% handgefertigt. Auf der traditionellen Weste sind viele bedeutungsreiche Symbole gestickt — weshalb sie auch einmalig ist. Die Stickerei drückt die Geschichte der Person, die sie trägt, aus. Und sagt etwas über ihren sozialen Stand aus. Die Farbenwahl ist sehr unterschiedlich, früher war die Volkstrachtweste ein Kleidungsstück, das den sozialen Status zeigte. Verschiedene Stickereien wie der Kreisch [ein Fluss, der durch die Region flie‎ßt] mit Fischen oder ein himmlisches Mahl waren darauf gestickt. Das Muster am Rücken macht den Unterschied zwischen der Weste für Männer oder für Frauen. Die Schönheit dieser traditionellen Weste wird durch die Vielfalt der gestickten Muster gegeben.“




    Ioana Zamfir, Leiterin der Kreativabteilung bei der Werbeagentur, die die Kampagne Bihor Couture startete, sprach mit Optimismus über das Projekt. Obwohl sie auch einige Hindernisse erwähnte:



    Es dauert sehr lange, so eine traditionelle Weste anzufertigen, etwa einen Monat. Alles wird von der Hand genäht, es ist keine Serienproduktion. Bis jetzt haben wir positive Rückmeldungen zu unserem Projekt bekommen. Wir hätten schon lange unsere Traditionen in Schutz nehmen müssen, hie‎ß es. Wir wurden aufgefordert, unsere Handwerker besser zu fördern und bekannt zu machen. Das Projekt erreicht immer mehr Leute, das gibt uns Hoffnung. Wir wünschen uns, das es als Beispiel auch für andere Kulturen fungiert. Traditionen müssen bewahrt werden. Und man kann sich das Brot davon verdienen.“




    Die Stifter der Kampagne ermuntern uns, echte handgefertigte Ware zu suchen und zu kaufen. Sie regen uns auf, von den örtlichen Handwerkern zu kaufen. Denn so trägt ein jeder von uns zur Bewahrung der Traditionen bei.

  • La mode peut-elle être durable et éthique ? 

    La mode peut-elle être durable et éthique ? 

    Ils ont réuni 11 jeunes designers qui sous le slogan « Mainstream is the new art » soit « Le Conformisme est le nouvel art » se sont proposé de transposer les croyances de la société de la consommation et de la culture de masse afin de trouver l’unicité dans la banalité du quotidien. Cet évènement a été organisé par le club Interact Cismigiu, une ONG fondée il y a deux ans membre du réseau de clubs Rotary et qui organise principalement des événements artistiques à but caritatif. Au sujet des évènements organisés par Interact Cismigiu écoutons Michelle Goanta, manager de projet et vice-présidente du club :« C’est la deuxième édition de ce défilé de mode. L’édition de l’année dernière s’appelait « Neutral is the new white » « Le neutre est le nouveau blanc » et elle a abordé le thème de l’androgène et a essayé démonter les stéréotypes de notre société, stéréotypes de genre, féminisme, choses féminines vs choses masculines. Cette année nous avons choisi le thème du pop art, l’édition de cette année, s’appelle d’ailleurs «Mainstream is the new art», c’est-à-dire « Le Conformisme et le nouvel art » et cette année aussi nous allons garder recette ligne visant à briser les stéréotypes de la société. Nous voulons attirer l’attention du public sur les dangers du consumérisme, sur la manière dont les gens adoptent certaines normes uniquement parce qu’elles sont imposées en quelque sorte par la société. »

    Le club Interact Cismigiu est formé exclusivement de lycéens qui ont invité 11 jeunes designers, eux-mêmes élèves au lycée d’art Nicolae Tonitza et étudiants la faculté des Beaux-arts de Bucarest, à présenter leurs collections inédites de vêtements. Leur objectif : prouver que la mode peut être soutenable dans société du consumérisme, surtout qu’en fin de compte, toute mode est éphémère. Michelle Goanta, responsable de projet au club Interact Cismigiu ajoute : « Oui, vous avez raison, la mode est éphémère, moi je crois que la mode généraliste et le marché de masse sont une sorte de fast-food et c’est pourquoi nous essayons de promouvoir les jeunes designers qui travaillent sur des marchés de niche, qui réalisent des pièces vestimentaires uniques, spéciales, qui ne copient pas les collections célèbres des grandes maisons de haute couture, comme le font d’ailleurs les marques de vêtements de grande série. Les créations de ces jeunes visent à lutter contre cette idée du consumérisme comme principale caractéristique de la mode. »

    Sachez aussi que tous les événements réalisés par le club Interact Cismigiu ont un côté caritatif. Cette fois-ci les jeunes membres de l’ONG ont décidé de soutenir les jeunes artistes de Bucarest et l’argent collecté sera utilisé pour acheter des matériaux pour la section graphique de la faculté d’art de Bucarest. Michelle Goanta : « Nous avons organisé aussi une exposition de poésie et d’illustrations réalisés par des jeunes créateurs. Cet événement s’appelait « Tête à tête ». Deux productions de film indépendant ont été également projetées dans le cadre du même événement. Une autre ONG intitulé « Le club des artistes » a réalisé des récitals de poésie et l’argent ramassé a été offert aux enfants à handicap, plus précisément pour doter d’une salle de sports d’appareils spécialisés. »

    Enfin, Michelle Goanta encourage le jeunes et notamment les jeunes artistes à s’impliquer dans l’activité des ONGs telles le club Interact Cismigiu. Puisque s’impliquer dans des projets à but caritatif cela signifie aider les membres les plus démunis de la société, mais aussi montrer aux autres que des jeunes résolus peuvent organiser des événements aussi complexes que les défilés de mode par exemple. C’est leur manière de tenter de changer les mentalités.

  • Maria Lucia Hohan

    Maria Lucia Hohan

    Beyoncé, Jennifer Lopez, Kate Hudson, Taylor Swift, Nicole Kidman, Goldie Hawn, Paris Hilton, Eva Longoria, Catherine Zeta-Jones, Sofia Vergara, Maria Sharapova, Shakira. Voilà les noms de quelques-unes des célébrités internationales qui ont porté avec fierté des robes de ses collections. Dès prix Oscar jusqu’à la Maison Blanche, les robes MLH, le nom du label de la créatrice Maria Lucia Hohan, ont suscité l’admiration partout où elles ont été portées.

    À 18 ans, Maria Lucia Hohan a choisi d’étudier la mode a Paris, ville qui l’a séduite. Après avoir fini ses études à l’Institut Supérieur des Arts Appliqués, elle a commencé son parcours fulminant dans le monde de la mode de luxe. Puis, elle a fait un stage chez Krizia, la maison milanaise de mode. Tout de suite après, elle est revenue en Roumanie où, commençant avec deux machines à coudre d’occasion, elle a ouvert son propre atelier à Bucarest. C’était en 2003, et elle n’avait que 23 ans.

    De son expérience française, elle a gardé, selon ses propres mots, « l’appréciation pour la lingerie française, pour les intérieurs des Français, pour leur style naturel et sans chichis et l’obsession pour le confort, d’où mon intention de transformer la robe de soirée en un vêtement plus simple et très commode. Sans trop d’accessoires, sans trop de restrictions. »

    Passionnée par tout ce qui est beau, mais aussi par le confort, Maria Lucia Hohan cherche cet accord même entre les tenues qu’elles crée, à la fois élégantes et faciles à porter. Peu après l’ouverture de l’atelier, les éditions roumaines des magazines internationales « Elle », « Glamour » ou « Cosmopolitan » ont commencé à présenter ses créations dans leurs pages de mode et les premières vedettes roumaines ont donné la préférence à ses créations.

    Consciente que cela prend beaucoup d’années pour construire un label, Maria Lucia Hohan a travaillé à la consécration de son style. Et, en 2010, le film « Black Swan », avec Natalie Portman et Mila Kunis, a créé une véritable tendance dans la mode internationale, les tenues inspirées du monde du ballet devenant très recherchées. En plus, quand les éditeurs de mode des grandes revues internationales ont commencé a chercher des collections de mode pour leurs éditoriaux, les créations de Maria Lucia Hohan, féminines, diaphanes et raffinées, ont été parfaites.

    Le nom de la créatrice roumaine a fait de nouveau le tour du monde au mois d’avril de l’année dernière, lors du lancement de l’album de Beyoncé, « Lemonade », car le début impressionnant, avec des ventes de plus de 500.000 exemplaires dans la première semaine, a poussé les commentateurs à s’intéresser aussi aux tenues de la chanteuse. Et une de ces tenues – une robe vaporeuse dénommée Meteora – apparait dans la vidéo de la pièce musicale « Freedom » et porte l’étiquette du label roumain MLH.

    La créatrice croit à la passion et à la qualité, même si elle est consciente que le monde dans lequel elle évolue « a été, est et sera une affaire ». Un monde très dynamique, mais où il est important que des ateliers petits et moyens continuent d’exister. Face aux dimensions des colosses de la mode, ils peuvent encore apporter de l’innovation, de la qualité et du taillé sur mesure à des prix plus accessibles. Des qualités qui constituent la clé du succès des collections de Maria Lucia Hohan. (Trad. Nadine Vladescu)