Tag: Moldavie

  • Mesures pour la modernisation de l’infrastructure de transport

    Mesures pour la modernisation de l’infrastructure de transport

    “La Roumanie veut des autoroutes. Cest sous ce slogan, né du désespoir, que les Roumains étaient appelés, le 15 mars, à 15 heures pile, à se joindre, 15 minutes durant, à la protestation initiée par un homme daffaires de Suceava, ville du nord-est de la Roumanie. Mécontent du manque dinitiative des autorités et de leur désintérêt à légard de la construction dautoroutes, Ștefan Mandachi a eu recours à un geste symbolique: faire construire, par une entreprise spécialisée, un mètre d’autoroute, lunique qui existe dans la plus pauvre région de lest du pays, à savoir la Moldavie.



    Le même entrepreneur roumain vient de lancer un nouvel appel, auquel ont vite répondu citoyens, hommes daffaires, élus locaux, mais aussi entreprises, associations, écoles, syndicats ou ONG. “Nous voulons une autoroute pour que les marchandises puissent être livrées plus rapidement. A cause du piètre état de nos routes, le parc automobile se détériore rapidement, ce qui entraîne des coûts dentretien élevés. En plus, la durée du transport génère la majoration du prix des produits. Enfin, le risque daccidents de la route saccroît lui aussi, car la région de la Moldavie a été tout simplement délaissée par les autorités, est-il dit dans un message de soutien à la protestation.



    Malheureusement, linfrastructure routière laisse à désirer non seulement en Moldavie, mais un peu partout dans le pays. Fin 2018, soit près de trois décennies après la chute du régime communiste et plus de 10 ans après ladhésion à lUE, la Roumanie ne dénombrait que quelque 800 km dautoroutes, dont une centaine hérités de lépoque communiste. Lactuel ministre des Transports, Răzvan Cuc, déclare comprendre la démarche des citoyens et reconnaît que la patience a ses limites. « Cela nous donne limpulsion pour accélérer les projets, modifier la législation et simplifier les procédures », a encore affirmé le ministre. Ce qui plus est, ajoute-t-il, en dehors de lindolence des différents décideurs qui se sont succédé au pouvoir, une autre cause de létat actuel de choses cest la bureaucratie.



    Côté infrastructure ferroviaire, cest du pareil au même. Une anecdote circule selon laquelle voyager en train à travers la Roumanie cest comme si lon était contraint de regarder le film le plus triste que lon ait jamais vu. Les trains enregistrent constamment des retards et roulent à une vitesse descargot. En outre, à en juger daprès la vétusté de certaines rames, on se croirait revenu à lépoque de la Seconde Guerre Mondiale.



    Quant aux travaux de modernisation, cest plutôt du bâclage, doù la nécessité de les reprendre plus tôt quil ne laurait fallu. Bref, voilà le contexte dans lequel le ministre roumain de tutelle, Răzvan Cuc affirme que le budget 2019 prévoit suffisamment de fonds pour lentretien du réseau ferroviaire et du matériel roulant. (Trad. Mariana Tudose)




  • 160 ans depuis l’Union des Principautés roumaines de Moldavie et de Valachie

    160 ans depuis l’Union des Principautés roumaines de Moldavie et de Valachie

    L’union du 24 janvier 1859 des principautés roumaines de Moldavie et de Valachie s’est réalisée à l’aune de la volonté nationale, mais aussi d’une conjoncture internationale favorable. Car le projet national roumain fait partie d’une dynamique européenne plus ample, censée redessiner les contours du continent. L’une des causes de ce bouleversement constitue l’entrée du Danube dans l’attention de Grandes Puissances, et notamment de la France et de l’Allemagne. Le fleuve qui traverse le continent d’ouest en est, du nord au sud, commence à occuper l’imaginaire européen. Il charge ce fleuve d’une mission civilisatrice : celle de faire reculer le despotisme oriental, en y cultivant à la place les semences de la démocratie, de la liberté et de l’émancipation nationale.

    L’offensive des valeurs occidentales s’est traduite en outre par l’Union des deux Principautés roumaines situées au nord du Danube, débouchant sur la création de la Roumanie. Mais l’union de la Moldavie et de la Valachie ne s’est pas réalisée sans peine, la forme qu’allait prendre le futur Etat demeurant sujet à controverses. Les historiens sont aujourd’hui d’accord que l’acte fondateur posé le 24 janvier 1859 a été arraché de justesse, suite à une bataille acharnée, et que les dilemmes identitaires qui en ont résulté ont perduré jusqu’à l’entre-deux-guerres.

    L’historien Adrian Cioflâncă affirme qu’à la fin des années 1850 on voyait s’affronter deux visions distinctes de ce que devrait être l’avenir: « Vers 1859, l’on remarque la convergence des deux thèmes qui produisaient des remous dans la société roumaine de l’époque, mais qui jusqu’à la Révolution de 1848 n’étaient guère reliés entre eux : d’une part, le thème de la modernisation, d’autre part, celui de l’union. C’est qu’avant 1859, l’union nationale n’était en rien synonyme de modernisation, et que le processus de modernisation ne recouvrait aucunement l’idée d’union nationale. Or, après l’échec du mouvement révolutionnaire de 1848, les énergies se réinvestissent dans un projet politique visant la réalisation de l’union, auquel elles sous-tendent le projet modernisateur. Le projet national exige la compatibilité entre l’unité politique et l’unité nationale. L’union arrive à être perçue comme la panacée universelle à tous les maux de la société roumaine. Ce surinvestissement presque désespéré explique l’adhésion quasi-unanime à l’idée de l’unité nationale. Mais ce surinvestissement explique aussi le désenchantement ultérieur, qui ne manque pas d’arriver. Car, d’évidence, l’union n’était point cette panacée universelle tant désirée ».

    Certains historiens considèrent que l’expansion tsariste dans le sud-est européen et surtout l’annexion de la Bessarabie, cette partie de la Moldavie située entre les rivières Prut et Dniestr, par la Russie, en 1812, ont poussé les élites moldaves à souhaiter l’union avec la Valachie. L’historien Andrei Cușco de l’université d’Etat de Chișinău est l’un de ceux qui n’écartent pas ce scénario: « Il y avait, certes, plusieurs alternatives, dont l’union. L’on pourrait se lancer dans l’histoire fiction, et faire des supputations sur ce qui se serait passé si les Russes avaient annexé la Moldavie tout entière, et pas que la Bessarabie. Il est fort possible alors que le projet national roumain se soit vu mis en échec, dans son ensemble, ou qu’il eut pris une toute autre direction. Mais, quoi qu’il en soit, depuis 1812, la partie libre de la Moldavie a plaidé pour l’union avec la Valachie, voyant cet acte comme le meilleur moyen de contrer le poids du colosse russe. Ainsi, l’annexion de 1812 de la Bessarabie par la Russie a poussé indirectement vers l’Union des Principautés de Valachie et de Moldavie, une bonne chose donc. Mais pour les habitants de la Bessarabie, c’est une autre histoire. »

    Mais à quoi allait ressembler le futur Etat roumain? Allait-il épouser une architecture institutionnelle centralisée, à l’instar de l’Etat français, ou bien un modèle fédéral ou confédéral, à l’instar de la Prusse ? Ces questions ont été longtemps débattues par les partisans de l’union des deux côtés de la rivière Milcov, cours d’eau symbolique, séparant les deux principautés. Enfin, c’est la vision centraliste qui a prévalu. Adrian Cioflâncă : « Après 1859, le nouvel Etat a épousé une formule résolument centralisée. Aussi, d’un point de vue culturel, c’est l’uniformisation identitaire a prévalu. Cela dit, la question était ouverte, il pouvait y avoir un choix entre de multiples possibilités. Les séparatistes, si on peut les appeler ainsi, soutenaient un modèle confédéral, respectueux des identités et des intérêts régionaux. Ce qui est drôle, c’est que ces modèles confédéraux ont d’abord été colportés dans les cercles révolutionnaires par ceux qui allaient être plus tard les adeptes de l’union. Le modèle fédéral était promu à l’époque pour sortir d’une certaine façon les nations du giron des empires afin de les préparer ultérieurement à d’autres formes d’organisation. Avant 1859, des figures remarquables et des partisans de l’union tels Mihail Kogălniceanu, Nicolae Suțu, Ion Heliade Rădulescu, Constantin Heraclide et, surtout, Vasile Boerescu, ont soutenu à cor et à cri les formules décentralisatrices ».

    Les deux camps, celui des unionistes et celui des partisans d’une fédération, surnommés, par leurs détracteurs, les « séparatistes », ont, chacun, jeté sur la table des arguments de choix pour étayer leurs thèses. Si la formule centralisée était censée donner cohérence et force au futur Etat roumain, la formule décentralisée, elle, mettait en avant l’égalité entre les deux entités au sein du futur Etat que leur formule était plus à même de défendre. L’historien Adrian Cioflâncă affirme : « Les deux principautés étaient déjà passées, tour à tour, par un processus de centralisation qui avait culminé par ce qui est considéré comme la première ébauche de Constitution roumaine, les Règlements organiques de 1831-32. C’est ainsi qu’au moment de l’union, la seule expérience politico-administrative, la seule pratique qui pouvait se targuer d’une certaine tradition, était le centralisme. Mais le thème de la modernisation a fait évacuer un peu trop vite du débat public le thème du choix de la formule étatique. Et puis, enfin, les menaces externes qui s’amoncelaient à l’horizon appelaient à un Etat fort, et firent pencher la balance du côté du centralisme ».

    Les 5 et 24 janvier 1859, à Iași et Bucarest, Alexandru Ioan Cuza était élu pour monter sur le trône moldave d’abord, sur le trône valaque ensuite. C’était le début du processus unioniste, à l’issue duquel la Roumanie d’aujourd’hui vit le jour. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le flash info 25.01.2019

    Le flash info 25.01.2019

    Météo – Une alerte jaune aux précipitations, à la neige et au verglas, en vigueur jusqu’à dimanche matin et une alerte jaune à la neige en vigueur jusqu’à samedi matin concernent une grande partie du territoire roumain. L’autoroute A2 reliant la capitale, Bucarest, de la côte roumaine à la Mer Noire, tout comme trois routes nationales ont été fermées, par endroits, en raison du verglas et des tempêtes de neige. Le trafic ferroviaire est fortement perturbé en raison de la glace déposée sur les lignes de haute tension. La pluie glacée a également provoqué des retards sur l’aéroport international Henri Coanda de Bucarest. Des dizaines de personnes ont souffert des fractures ou des blessures après avoir glissé dans les rues couvertes de glace de la capitale. 46 localités de 7 départements sont restées sans électricité. Plus de 12000 policiers, sapeurs-pompiers ou encore gendarmes se sont mobilisés pour aider la population. Le ciel demeure nuageux et des précipitations sont signalées sur le sud-ouest, le sud et l’est, tandis qu’il neige sur le nord et l’est du territoire. Il neige en altitude et le vent souffle fort sur le sud du pays. Les températures maximales vont de -6 à 8 degrés. -2 degrés à midi, à Bucarest.

    Directive – La présidence roumaine du Conseil de l’UE et le Parlement européen sont parvenus à un accord politique provisoire quant à la Directive concernant l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des parents et aidants, peut-on lire dans un communiqué du Ministère de l’Emploi de Bucarest. Le document met en place une série de normes minimales afin de renforcer le congé parental ou instaurer le congé de paternité ou celui des aidants pour les travailleurs s’occupant de parents gravement malades ou dépendants. Par ailleurs, les salariés se verront accorder le droit de demander des formules souples de travail. Le règlement européen devrait contribuer à un partage équitable des responsabilités entre les hommes et les femmes. Pour qu’il se concrétise, l’accord doit recevoir le feu vert des Etats membres.

    Grippe – Le Ministère roumain de la Santé décidera la semaine prochaine s’il déclare oui ou non l’épidémie de grippe après que le nombre de décès est monté à 35. La ministre de tutelle, Sorina Pintea, a appelé mardi l’Institut national de la Santé publique à rendre publique la situation au niveau national, tout en précisant que si une troisième semaine à caractère épidémique est constatée, alors l’épidémie sera déclarée. Les médecins recommandent la vaccination comme principale mesure censée protéger la population contre le virus.

    Tennis – Le jeune tennisman roumain, Filip Jianu, 17 ans, a raté vendredi la qualification en finale du concours de simple messieurs de l’Open australien dans la catégorie junior, après avoir été vaincu par l’Américain Emilio Nava. Par ailleurs, Filip Jianu a raté jeudi sa qualification en finale du concours de double junior de l’Open australien après que son duo avec l’Espagnol Nicolas Alvarez Varona s’est incliné devant la paire américaine Cannon Kingsley/Emilio Nava. Rappelons-le, la Roumaine Simona Halep, principale favorite du concours, a été éliminée dans les huitièmes de finale de Melbourne et du coup, elle sera détrônée à partir de lundi du sommet du classement mondial.

    Chisinau – Coup d’envoie ce vendredi, en République de Moldova, de la campagne électorale en vue du scrutin parlementaire du 24 février, organisé en première d’une manière mixte: 50 des députés seront élus sur les listes de parti et 51 dans des circonscriptions uninominales. Neuf partis au total se sont inscrits dans la course dont six ont déposé leur dossier auprès de la Commission électorale centrale. Parallèlement au scrutin prévu le 24 février, un référendum consultatif aura lieu en République de Moldova, au sujet d’une possible diminution du nombre de sièges de députés de 101 à 61. Seulement deux partis participent à la consultation: le Parti démocrate, signataire de cette initiative et le Parti communiste qui s’y oppose.

  • Le drapeau de la Roumanie

    Le drapeau de la Roumanie

    Selon la Constitution, le drapeau national de la Roumanie comporte trois couleurs de dimensions égales rangées verticalement : bleu (à gauche), jaune (au centre) et rouge (à droite). Néanmoins, à chaque fois que l’on parle du tricolore national on le décrit comme étant rouge, jaune et bleu. Il est très semblable au drapeau civil d’Andorre et au drapeau d’Etat du Tchad. C’est en fait la nuance de bleu qui fait la différence entre les trois. Le drapeau roumain et le celui de la République de Moldova sont presque identiques aussi. C’est le blason qui fait la différence dans ce cas. Selon des chroniques historiques et des légendes, dans l’espace roumain ces trois couleurs – rouge, jaune et bleu ont été utilisées depuis des siècles. On les retrouve par exemple sur les diplômes émis par le prince valaque Michel le Brave. Mais vu que jusqu’au 19e siècle il y a eu 3 principautés roumaines distinctes sans une conscience nationale roumaine qui les réunisse, ces trois couleurs n’étaient pas utilisées pour identifier les Roumains.

    C’est à peine au 19 siècle que ces trois couleurs deviennent un symbole de l’identité nationale roumaine. On les retrouve en 1821 sur le drapeau de la révolte menée en Valachie par Tudor Vladimirescu pour renverser le régime phanariote. C’est à ce moment-là que l’on donne les premières significations aux les couleurs du drapeau : le bleu du ciel, symbole de la liberté, le jaune des champs de blé, symbole de la Justice et le rouge du sang, symbole de la fraternité. C’est la Valachie qui adopte la première ce tricolore comme drapeau de lutte, en 1834. Toutefois, sur ce premier drapeau les couleurs avaient un autre ordre – rouge, bleu et jaune. Par la suite, en juin 1848, le drapeau valaque a trois couleurs horizontales – bleu, jaune et rouge – et l’inscription Justice et Fraternité. Un mois plus tard seulement, un décret du gouvernement provisoire valaque précisait que le drapeau roumain devait avoir des couleurs verticales, étant peut-être inspiré du drapeau français. En Transylvanie, les révolutionnaires avaient utilisé en mai 1848 un drapeau bleu-blanc et rouge, le blanc étant remplacé plus tard par le jaune, pour témoigner du désir des gens se joindre aux autres Roumains. La Moldavie aussi avait utilisé un drapeau ayant les mêmes couleurs, sans pourtant l’adopter officiellement.

    Le drapeau change à plusieurs reprises au cours du 19e siècle, de fois on utilise des drapeaux différents au cours de la même année. Soit on revient aux couleurs horizontales, soit on met le rouge en première position, puis le bleu, etc. Une chose est sûre, en 1861, le prince Alexandru Ioan Cuza décide que le tricolore soit le drapeau civil officiel des principautés réunies de Moldova et de Valachie. C’est en 1866 que l’on précise dans la Constitution que les couleurs sont disposées verticalement, à commencer par le bleu. Les symboles restent les mêmes : liberté, justice, fraternité. En 1918, lorsque la Transylvanie se joint à la Roumanie formée auparavant par l’union de la Valachie et de la Moldavie, le drapeau de la Grande Roumanie reste le même. Depuis c’est le blason qui a changé à plusieurs reprises. Mais je vous en parlerai une prochaine fois.

  • 29.11.2018 (mise à jour)

    29.11.2018 (mise à jour)

    Autoroute — Le président roumain, Klaus Iohannis, a promulgué jeudi soir, lors d’une cérémonie publique, la loi sur l’Autoroute de l’Union, qui traversera les Carpates orientales et reliera la ville de Iaşi (est) à celle de Târgu Mureş (au centre).Selon le chef de l’Etat roumain, cette autoroute pourrait stopper la migration de la main d’œuvre de l’Est du pays et mettra en valeur le potentiel de développement de la région de Moldavie. Et lui d’ajouter que ce projet a une importance stratégique particulière, car il contribuera de manière substantielle aux démarches de la République de Moldova voisine visant à intégrer l’UE. L’autoroute mentionnée commencera à la frontière avec la Moldova voisine, par un nouveau pont enjambant la rivière Prut et s’achèvera par une connexion avec l’autoroute Braşov (centre) — Borş (ouest du pays, à la frontière avec la Hongrie). Pour la réalisation de cet objectif, seront alloués chaque année des crédits budgétaires, en fonction des financements nécessaires. C’est le ministère des Transports qui coordonnera la mise en œuvre de ce projet. 30 jours après l’entrée en vigueur de la loi, il devrait lancer les procédures pour cet objectif d’investissements.



    Union — La première ministre roumaine, Viorica Dancila et des membres de son cabinet ont participé jeudi, à Alba Iulia, au centre du pays, à une séance solennelle du gouvernement pour marquer le siècle écoulé depuis la Grande Union. C’est à Alba Iulia qu’a été signée le 1 décembre 1918 la proclamation de la création de la grande Roumanie. Avant la séance du gouvernement, Mme Viorica Dancila s’est rendue au Monument de l’Union, un des investissements les plus spectaculaires réalisés à l’occasion du Centenaire. Haut de 22 mètres, le monument sera inauguré le 1 décembre, en présence du chef de l’Etat, Klaus Iohannis. Lors de la séance de mercredi, au Parlement, Klaus Iohannis avait appelé les responsables politiques à écouter la voix du peuple.



    Démographie — La population de la Roumanie va baisser de près de 5 millions d’habitants d’ici 2050, révèlent les données fournies par une organisation d’études américaine. Les principales causes de ce déclin démographique accentué sont l’émigration, le vieillissement de la population, la baisse du taux de natalité, ainsi qu’une fertilité décroissante. En effet, selon une étude récente réalisée par l’Association de la reproduction humaine de Roumanie, un couple sur cinq est confronté à l’infertilité. Les spécialistes prônent des politiques publiques et des mesures concrètes pour encourager les jeunes couples à devenir parents.



    Réunion – Le secrétaire d’Etat au ministère roumain des Affaires étrangères, Victor Micula, a présenté jeudi, à la réunion plénière de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, qui s’est tenue à Ferrare, en Italie, les efforts de Bucarest visant à combattre l’antisémitisme et à commémorer les victimes. L’officiel roumain a mentionné les mesures prises pour adopter à l’échelle nationale la définition de travail de l’antisémitisme, ainsi que l’engagement de la Roumanie à lutter contre l’antisémitisme et contre toute forme de discrimination, un accent particulier étant mis sur les activités éducatives et sur la formation continue dans ce domaine, peut-on lire dans un communiqué de la diplomatie de Bucarest. En marge de cette réunion, Victor Micula a eu une entrevue avec la responsable de la lutte contre l’antisémitisme au sein de la Commission européenne, Katharina von Schnurbein, dans le contexte des préparatifs en vue de la reprise par la Roumanie de la présidence du Conseil de l’UE, à partir du 1er janvier 2019.



    Diplôme — Mme Tamar Samash, l’ambassadeur d’Israël à Bucarest, a accordé, jeudi, au président de la Société roumaine de Radiodiffusion, Georgică Severin, un diplôme en signe de reconnaissance de sa contribution aux relations culturelles bilatérales. Notons que depuis 2017 Radio Roumanie internationale diffuse un programme en hébreux. Selon un communiqué, cette distinction a été remise dans le contexte de l’anniversaire des 70 ans d’amitiés entre les deux nations.



    Handball — L’équipe de Roumanie de handball féminin se trouve, à compter de ce jeudi, en France, où elle doit disputer, samedi, à Brest, le match contre les sportives tchèques, comptanat pour le Groupe D du Championnat d’Europe. Le lundi, 3 décembre, et le mercredi 5 décembre, les Roumaines rencontreront respectivement les Allemandes et les Norvégiennes. Les trois premières équipes seront qualifiées pour l’étape suivante. L’équipe roumaine entraînée par l’Espagnol Ambros Martin, en est à sa treizième participation. La Roumanie s’est classée 5ème à l’édition 2016 du Championnat et troisième lors de l’édition 2010.



    Météo — L’Institut national de météorologie a prolongé jusqu’à dimanche matin l’alerte grand froid. On attend aussi de fortes rafales de vent, dont la vitesse pourrait atteindre 55 km/h dans le sud-est et le sud-ouest, voire même 70km/h dans les régions littorales. Les températures maximales iront de moins 9° à 1° .

  • Nature, histoire et culture à Piatra Neamț

    Nature, histoire et culture à Piatra Neamț

    Sa première attestation documentaire date de 1387. « Perle de la Moldavie », comme elle a été surnommée, Piatra Neamț est une importante destination touristique, qui attire de plus en plus de vacanciers. Un premier site à visiter est le centre historique de la ville, avec la Cour princière, la Tour d’Etienne le Grand et l’église St. Jean Baptiste. Vlad Tudor, du Bureau de promotion touristique de la municipalité, nous fait une brève présentation de la ville.



    « Piatra Neamț est une destination idéale pour les passionnés d’histoire, de nature et de culture. La ville a été construite autour de la Cour princière. La Tour du clocher et l’église St. Jean Baptiste ont été érigées à proximité, en 1499, par Etienne le Grand, voïvode légendaire de Moldavie. La ville est entourée de belles montagnes où l’on peut skier en hiver. Durant la période des fêtes, une foire de Noël est organisée au centre-ville. Pendant toute l’année, Piatra Neamț offre un large éventail de loisirs, depuis les randonnées jusqu’aux sports extrêmes. Plusieurs itinéraires ont été aménagés pour les amateurs de VTT et de descente extrême. La ville possède également une piscine située dans une zone très pittoresque, au pied de la montagne, au bord de la rivière Bistrița, dotée de bassins pour la nage et de terrains de sport. »



    Le Musée d’histoire et d’archéologie accueille des expositions très intéressantes. Vlad Tudor nous en parle. « Le Musée d’histoire de Piatra Neamț a été créé en 1934, par un prêtre, Constantin Mătase. Il présente l’évolution des communautés humaines dans la zone de Neamț, depuis le Paléolithique supérieur, jusqu’à l’époque contemporaine. Parmi les pièces d’une grande valeur que l’on peut y admirer figure un trésor constitué de vases très anciens en or et en argent. La ville de Piatra Neamț possède également un musée de la culture Cucuteni. »



    Le Musée Cucuteni est unique au monde. C’est un musée en même temps d’archéologie et d’histoire, mais aussi d’art, entièrement consacré à la plus importante civilisation préhistorique européenne : la culture Cucuteni-Trypillia. Ce musée possède la plus importante collection d’art énéolithique Cucuteni du monde et la plus importante collection d’art préhistorique d’Europe Orientale. Les vestiges réunis dans ce musée sont nombreux et d’une qualité extraordinaire. Le musée de Piatra Neamț recèle environ 70% du patrimoine culturel Cucuteni découvert sur le territoire actuel de la Roumanie et une grande partie du patrimoine de cette civilisation — précise Constantin Preoteasa, chercheur et commissaire du musée.



    « L’exposition est structurée à partir des deux composantes essentielles de l’art Cucuteni. Au rez-de-chaussée sont réunis les chefs d’œuvres d’art décoratif, à savoir les vases décorés — le plus souvent peints. L’étage a été réservé aux chefs-d’œuvre de l’art figuratif, à savoir les statuettes anthropomorphes et zoomorphes. Dans la civilisation Cucuteni on peut distinguer clairement deux périodes : la première est comprise entre les années 5.000 et 4.000 av. J.-Chr., la seconde allant de 4.000 à 3.500. Dans les deux vitrines situées au centre de la salle on peut voir les chefs – d’œuvre de la première période. Ce sont des vases moins volumineux, plus élancés, sur pied. Ils sont ornés de motifs soit incisés, soit peints en blanc et noir ou en blanc et rouge. Au début, les vases étaient décorés de peintures après leur cuisson — c’était la peinture dite crue, qui s’est conservée moins bien, le plus souvent s’étant effacée. Par la suite, avec le perfectionnement technique, les motifs peints ont commencé à être appliqués avant la cuisson des vases, le processus de cuisson les fixant mieux. »



    Tout au long de l’année, la ville de Piatra Neamț accueille de nombreux événements, en fonction desquels on peut organiser son séjour dans la zone. Vlad Tudor. « Chaque année on organise, fin mai, le Festival d’art traditionnel « Le coffre de dot ». Des artisans de toutes les régions de la Roumanie s’y donnent rendez-vous. On peut leur parler pour apprendre de quelle manière les objets qu’ils présentent ont été travaillés. Piatra Neamț accueille un événement important presque tous les mois. Autour du 20 avril, c’est la Fête de la Cour princière, qui marque la première attestation documentaire de la ville. Au mois de mai, il y a le Festival dacique de Petrodava, un événement consacré au plus ancien habitat humain de Moldavie. Les passionnés de sports extrêmes sont attendus au Festival « Dur comme la pierre ». En décembre, nous organisons la Foire de Noël. »



    A Piatra Neamț, l’offre d’hébergement est très variée. Dans les hôtels de la ville et les pensions chics des environs, on peut trouver des places pour tous les goûts et tous les budgets.


    (Trad. : Dominique)

  • Christian Ghibaudo (France)- Quels sondages sur une réunification entre la Roumanie et la Moldavie ?

    Christian Ghibaudo (France)- Quels sondages sur une réunification entre la Roumanie et la Moldavie ?

    Conclusion : 35% Moldaves voteraient en faveur de la réunification avec la Roumanie, écrit le quotidien roumain Adevarul qui décortique cette enquête. Par contre, près de la moitié de la population moldave, à savoir 48%, s’oppose à cette idée. Plus encore, selon une enquête de décembre dernier, 1 sur 3 Moldaves opterait pour l’union de son pays avec la Russie, lit-on dans le même Adevarul. Cette année aussi, 15% des Moldaves affirment se considérer Roumains et roumanophones, 29% s’identifient en tant que Moldaves qui parlent la langue roumaine et 34% se déclarent Moldaves parlant la langue moldave. Pour ce qui est des habitants de la capitale moldave, Chisinau, 55% d’entre eux voteraient pour la réunification des deux pays, selon un autre sondage réalisé en avril dernier par le Centre Social Politique Européen de Chisinau. Sur les quelque 80.000 participants au sondage, 21% se déclarent russophones. Parmi eux, 31% voteraient pour la réunification en cas de référendum à ce sujet. Parmi les roumanophones, 62% se disent favorables à une éventuelle réunification.

    Toutefois, selon le sociologue Andrei Dumbrăveanu, interviewé par RFI Roumanie, ces chiffres font état des tendances existant dans la capitale, mais il faut tenir compte aussi du fait que de nombreuses personnes ont refusé de participer à l’étude, notamment celles vivant à la périphérie de Chisinau. Qu’en est-il en Roumanie ? Selon un sondage réalisé en mai 2018 par le Centre de Sociologie Urbaine et Régionale, 44% des Roumains interrogés voteraient pour la réunification. Pour 45% d’entre eux les habitants de la République de Moldova sont toujours des Roumains ; 29% estiment que les deux Etats devraient se réunir parce que le territoire moldave avait fait partie jadis de la Roumanie ; enfin 13% pensent que notre pays deviendrait plus puissant grâce à une éventuelle réunification. Par contre, 32% des Roumains questionnés estiment que cette démarche serait néfaste pour la Roumanie, car trop difficile et trop couteuse. Bref, c’est compliqué. Très compliqué. C’est pourquoi une éventuelle réunification de la Roumanie et de la République de Moldova n’est pas envisageable tout de suite.

  • La fête de la Sainte Parascève

    La fête de la Sainte Parascève

    Après la Sainte Marie, la fête de Sainte Parascève, marquée le 14 octobre, est une des plus connues en Roumanie, grâce notamment au nombre impressionnant de pèlerins qui se rendent à Iasi, ville dans l’est de la Roumanie, important centre culturel, administratif et religieux de la région de Moldavie. C’est la cathédrale métropolitaine de Iasi qui abrite les reliques de la Sainte Parascève qui est aussi la patronne de ce lieu de culte. L’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu nous dit davantage sur cette figure si importante du calendrier orthodoxe: « Il s’agit d’une des fêtes les plus importantes pour les Roumains du monde entier. Nous n’avons pas encore de statistiques sur les églises ayant choisi Sainte Parascève pour patronne, mais il est sûr qu’elles sont nombreuses dans toutes les provinces historiques habitées par les Roumains. Parascève est une sainte de Thrace dont les reliques ont été apportés en Moldavie (contrée historique dans l’est de la Roumanie), à Iasi, par le prince régnant Vasile Lupu, en 1641 ».

    Qui est Sainte Parascève ? Elle est née dans un village thrace, près de Constantinople, dans une famille riche et croyante. A l’âge de 10 ans, en entendant à l’église la phrase « si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive », elle décide de suivre cette voie. Contre la volonté de ses parents, Parascève commence à faire don de ses vêtements aux pauvres. Elle est punie si sévèrement qu’à un moment donné, elle décide de fuir la maison parentale. Elle arrive à Constantinople pour mener une vie de religieuse ; plus tard, elle s’établit à Jérusalem. Elle mène une vie de privations et de prière. Elle jeûnait presque tout le temps, portait des vêtements plus que simples, dormait à même le sol et priait sans cesse. Parascève passe plusieurs années dans un couvent de Jérusalem. A l’âge de 25 ans, un ange lui dit dans son rêve de renter dans sa ville natale, où elle s’éteint 2 ans plus tard.

    On dit aussi qu’un marin mort sur un bateau fut jeté à la mer. Les vagues le portèrent sur la rive, où un moine a demandé qu’il soit enterré. En creusant la tombe, les gens ont découvert le corps de Sainte Parascève qui n’était pas pourri, au contraire : il était parfumé. Le marin fut enterré à côté de la femme, mais la nuit même, un des hommes qui avait creusé la tombe vit dans son rêve une reine entourée d’anges dont un lui reprochait de ne pas avoir sorti le corps de la femme de la terre. Considérant ce rêve comme un signe divin, les gens ont transféré le corps de la sainte dans une église de la ville grecque de Kallicrateia.

    Des guérisons miraculeuses ont commencé à avoir lieu suite aux prières devant des reliques de Sainte Parascève. Dans l’imaginaire populaire roumain, Sainte Parascève est une vieille femme qui punit les erreurs commises par la communauté afin de rétablir l’équilibre cosmique à la fin de la saison froide. Elle est aussi connue comme protectrice, capable de guérir les gens et de faire des miracles. L’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu explique : « Sainte Parascève est connue aussi sous le nom de Sainte Vendredi, car elle protège les femmes enceintes. Il est possible que cette fête se soit superposée à une autre fête préchrétienne respectée par les bergers. C’est la période de l’année où les béliers rejoignent les brebis. Par conséquent, le jour du 14 octobre est aussi connu comme «les noces des moutons ». Ce jour-là, les chrétiens orthodoxes évitent tout travail à la ferme, que ce soit dans leurs demeures, dans les cours ou dans les champs. La nuit d’avant, les bergers veillent le sommeil des moutons pour en extraire les signes de l’hiver. Si les moutons dorment les uns à côtés des autres – cela veut dire que l’hiver sera rude. Si les moutons dorment séparément, l’hiver sera doux. »

    Le pèlerinage à Iasi à l’occasion de la fête de Sainte Parascève est sans doute un moment unique dans l’espace roumain. Chaque année, les Roumains y sont rejoints par des orthodoxes d’autres pays. Florin-Ionuţ Filip Neacşu : « Des centaines de milliers de pèlerins des 4 coins de la Roumanie et non seulement participent à la cérémonie de Iasi. Les autres églises ayant la même patronne sont très visitées elles aussi. C’est le moment où l’on fait des offrandes à la mémoire de morts, on offre surtout du vin et du moût. On n’offre pas de bretzels ni d’autres aliments, qui portent à d’autres occasions le signe de la croix, parce que c’est un symbole qui rappelle la souffrance de Sainte Parascève au nom de la foi. Pourtant, les gens apportent des fleurs d’automne qu’ils déposent tant aux reliques de la Sainte dans la cathédrale de Iasi qu’à d’autres églises. C’est une fête lumineuse, spécifique à toutes les communautés. Elle est très présente en Moldavie, mais aussi dans d’autres zones de Roumanie ». (Trad. Valentina Beleavski)

  • L’idéologie du moldovénisme

    L’idéologie du moldovénisme

    Le moldovénisme est né en tant que formule identitaire dans le discours impérialiste de la Russie afin de miner la construction et la consolidation de l’Etat roumain depuis la moitié du 19e siècle. Il encourageait les séparatismes qui s’opposaient à l’union de la Munténie avec la Moldavie et à la création de l’Etat roumain moderne. Son affirmation totale a eu lieu pendant le régime soviétique, et son héritage persiste de nos jours encore en République de Moldova.

    Nous avons refait, avec l’historien Andrei Cuşco de l’Université d’Etat de Chişinău, capitale de la République de Moldova, l’histoire du moldovénisme et de ses malformations : « Je mentionnerais une figure très importante liée à l’Eglise de Bessarabie. Il s’agit de Serafim Ciceagov, le dernier évêque important de l’Eglise de Bessarabie de l’époque des tsars, entre 1908 et 1914. Il était l’arrière-petit-fils de l’amiral Ciceagov qui arrivait en Bessarabie en 1812 comme envoyé du tsar. Ce Serafim Ciceagov est le symbole de la tentative de placer l’Eglise de Bessarabie sous le contrôle du centre. C’est le premier et le seul dignitaire de l’époque impériale qui essaie d’imposer un projet quasi-moldovéniste. Jusqu’au début du 20e siècle, il n’y avait aucun élément qui aurait pu être défini comme moldovéniste dans la perception russe sur la Bessarabie. Les Roumains de cette région sont perçus par la majorité absolue des observateurs russes comme des Roumains ayant une certaine spécificité régionale, bien évidemment. Mais il n’y a aucune tendance de démontrer que les Roumains de Bessarabie seraient radicalement différents de ceux de Roumanie. Et d’autant moins de créer une nation moldave à part. »

    La situation change de manière radicale après la victoire de la Révolution bolchevique de 1917. Souhaitant prendre sa revanche et récupérer la Bessarabie perdue en 1917-1918, l’URSS a créé un Etat-fantôme, la République autonome soviétique socialiste moldave, sur la rive gauche du fleuve Dniester, avec Bălţi pour capitale initiale, et ensuite Tiraspol, afin de disséminer les idées de l’existence de la soi-disant nation moldave.

    Andrei Cuşco explique: « Dans l’entre-deux-guerres, les activistes culturels soviétiques qui voulaient former la nation moldave n’étaient pas sûrs de quoi elle devait avoir l’air. Il y a eu une période entre 1932 et 1938 lorsque l’alphabet latin a été introduit en République autonome soviétique socialiste moldave, dans laquelle les normes linguistiques étaient identiques à celles de Roumanie. Il n’y avait aucune différence entre ce qui était publié à Tiraspol et ce qui était publié à Chişinău. La période antérieure, entre 1924 et 1932, et surtout celle d’après 1938, ont vu des tentatives délibérées de créer la langue et la culture moldaves, fondées sur du matériel d’une qualité douteuse. C’était un dialecte local, parlé dans les villages de Transnistrie. L’idée nationale soviétique était circonscrite à l’idée de révolution culturelle, ces peuples devaient brûler les étapes à un rythme effréné, récupérer en une décennie ou deux ce qui n’avait pas pu être fait en plusieurs milliers d’années. Il en allait de même pour la soi-disant nation moldave, mais là, l’enjeu était beaucoup plus clair, à savoir lutter contre le nationalisme roumain, contre le projet national roumain. »

    Après la ré-annexion de la Bessarabie en 1940, mais surtout après 1944, l’idéologie moldovéniste subit de nouvelles modifications. Andrei Cuşco précise: « Ce qui se passe après 1940 et notamment après 1944, lorsque les autorités soviétiques reviennent en Bessarabie, est encore plus intéressant. Celles-ci envisagent plusieurs scénarios. L’un, c’est de perpétuer le modèle de la Transnistrie, de créer à zéro une langue et une culture opposées à celles roumaines. Mais cela n’arrive pas, parce que les intellectuels soviétiques de Moldova, notamment les écrivains qui ont fait leurs études pendant l’entre-deux-guerres, bien qu’ils soient communistes, n’acceptent pas ces nouvelles normes que les Soviétiques tentent d’imposer. Vers la moitié des années 1950, on revient aux modèles culturels – linguistique et littéraire – roumains. En 1957, lors de la dernière réforme linguistique, on revient aux normes roumaines. Une roumanisation lente des projets soviétiques se produit. Dans les années 1960, un texte écrit en alphabet cyrillique en langue roumaine en Bessarabie, connue officiellement comme langue moldave, n’était pas différent d’un texte publié en Roumanie. D’une part, on assiste donc à une russification, d’autre part, le moldovénisme en tant que politique d’Etat est abandonné de facto dès la fin des années 1950. Là, je pense strictement au domaine linguistique et culturel, car le moldovénisme en tant qu’identité au sens large du terme n’est pas abandonnée. L’école et les média ont pour mission d’inoculer dans la conscience publique, surtout parmi les paysans, le fait qu’ils sont des Moldaves, en quelque sorte différents des Roumains, sans toutefois expliquer en quoi consiste cette différence. »

    Après la chute du communisme et le démantèlement de l’Union Soviétique, à compter de 1991, on assiste à une nouvelle étape de l’idéologie moldovéniste. Une étape encore plus primitive, de l’avis d’Andrei Cuşco : «Le moldovénisme d’après 1990 – 1991 est complètement différent par rapport au moldovénisme soviétique parce qu’il est un hybride entre la conception soviétique et une sorte de nationalisme roumain renversé. Les nationalistes qui se déclarent moldovénistes sont très radicaux. En se servant du modèle roumain, ils tentent de tourner les choses à l’envers, de démontrer qu’il existe une continuité entre la Bessarabie d’aujourd’hui et l’Etat moldave médiéval, ce qui est aberrant, de toute évidence. Ou bien, ils affirment qu’il existe des éléments identitaires moldaves qui précèdent l’identité roumaine, considérant la nation roumaine comme un adversaire. Dans ce sens, les moldovénistes d’aujourd’hui sont moins convaincants même par rapport au modèle soviétique qui mettait l’accent sur les différences, sans toutefois énoncer d’arguments ethniques absurdes. Cela aurait été une attitude primitive même pour les moldovénistes soviétiques, car leur mission était de construire quelque chose de durable en partant des critères idéologiques et de classe.»

    A l’heure actuelle, le moldovénisme n’est plus qu’une idéologie résiduelle. Malgré ses non-sens, il est encore fort, mais cette force ne cesse de diminuer. (Trad. Ligia Mihaiescu, Valentina Beleavski)

  • Michel Beine (Belgique) – d’où vient le nom « Roumanie » ?

    Michel Beine (Belgique) – d’où vient le nom « Roumanie » ?

    Le nom de notre pays est ancien et provient du latin ; il apparaissait dans des textes latins depuis la fin de l’antiquité et au Moyen Age. Ainsi, l’appellation de Roumanie est attestée tôt au sujet de l’espace danubien (une lettre d’Auxentius de Durostorum, datée autour de l’année 383). Le plus ancien document connu en roumain, et qui atteste la dénomination du pays, « Pays roumain », est une lettre écrite par un certain Neacşu au juge de Braşov, en 1521.



    Et dans ce texte roumain, la principauté nommée par les étrangers « Valachie » est appelée « Pays roumain » (Ţara Românească). L’historien Ioan-Aurel Pop, membre de l’Académie roumaine et président de l’Université Babeş-Bolyai de Cluj (centre), précise dans un discours que le terme de Roumanie (România) n’est qu’une forme de l’appellation Pays roumain, et que cette appellation a circulé par le passé parallèlement à la dénomination de Valachie, donnée par les étrangers.



    Ainsi, l’académicien précise que « des sources anciennes indiquent avec certitude que les provinces roumaines étaient parfois désignées comme Terrae Valachorum ou Valachiae, soit des pays des Roumains. C’est là, entre le Danube et les Carpates Méridionales (appelées par les Occidentaux Alpes de Transylvanie) que s’est formé, au tournant du XIIIe et du XIVe siècles, par la réunification de plusieurs Vlachies, le prototype de l’Etat médiéval roumain, soit la Valachie ou le Pays roumain.



    Pour les Roumains, le nom de Roumanie n’est qu’une forme de l’appellation Pays roumain, adaptée aux temps modernes, mais extraite du passé, avec des racines dans le passé et justifiée par l’histoire », donc « absolument identique à celle de Pays roumain », explique l’historien Ioan-Aurel Pop. Pour ce qui est des Etats médiévaux roumains, à compter du XIIIe siècle, les documents historiques comportent des informations sur les débuts des principautés de Moldavie et de Valachie.



    En même temps, la Transylvanie entre dans la sphère d’influence du catholicisme. Au XVe siècle, l’Empire ottoman conquiert la Dobroudja, et suite à la bataille de Mohacs, toute la Péninsule balkanique et une grande partie de la Hongrie deviennent pachaliks. Toutefois, la Transylvanie (où règnent des voïvodes hongrois), la Moldavie et la Valachie (avec des voïvodes roumains) restent des principautés autonomes, avec leurs propres Conseils, souverains, lois, armées, flottes, ambassadeurs et avec leur religion chrétienne ; elles paient un tribut à la Sublime Porte, sans faire partie de l’Empire ottoman. Une des premières références explicites à un « territoire ethnolinguistique roumain » comprenant la Valachie, la Moldavie et la Transylvanie est à retrouver dans un ouvrage du chroniqueur Costin, au XVIIe siècle. Au XVIIIe siècle, le prince érudit Dimitrie Cantemir désigne systématiquement les trois principautés habitées par les Roumains sous le nom de Pays roumain.



    Le peuple roumain s’est formé au nord et au sud du Danube, comme partie de la romanité orientale, entre le IIe siècle av. J.-C. et le IXe siècle, soit des premiers contacts commerciaux entre les Daces (peuple d’origine thrace) et les Romains jusqu’à la formation de la langue roumaine. Les principales étapes de la formation du peuple roumain ont été la période de domination romaine (les IIe et IIIe siècles dans la province de Dacie, et respectivement les Ier au VIIe siècle dans la région entre le Danube et le mer Noire), lorsque la romanisation a été exercée par les colons, les vétérans, l’administration romaine, formant la population daco-romaine. Ensuite, la continuité des Daco-Romains au nord du Danube après le retrait de Dacie sous l’empereur Aurélien, en 271. Aurélien retire ses armées de Dacie parce que l’Empire ne pouvait plus assurer la défense de la province face aux attaques des peuples migrateurs.



    Durant les grandes migrations des peuples germaniques, slaves, turciques et finno-ougriens, les locuteurs de latin de cet espace voient s’ajouter des peuplades de langue germanique (au IIIe siècle) et surtout les peuplades slaves (aux VIe-VIIe siècles). Le mélange des Daces, des Romains et des nouveaux arrivants s’est passé au nord et au sud du Danube, pendant plusieurs siècles. Au nord du Danube, vous avez donc les Roumains, issus de ce processus.



    Au sud du Danube, les Thraces et les Romains ont donné les Thraco-Romains, et ces derniers avec les Slaves ont donné les Aroumains, les Méglénoroumains et les Istroroumains. Les fouilles archéologiques indiquent une continuité d’habitation sur ce territoire. Les Roumains figurent dans des sources historiques à compter du VIIe siècle sous le nom de Valaques, mais sont attestés clairement à peine aux XIIe-XIIIe siècles, par des chroniqueurs étrangers — dans la Chronique d’Anonymus, dans le Chant des Nibelungen e. a..



    La langue roumaine fait partie des langues romanes ; elle s’est formée avec le peuple roumain, par la symbiose du latin parlé par les colons romains et de la langue géto-dace, nos ancêtres, avec plusieurs influences au cours des âges, suite au contact des populations slaves. L’élément slave est pourtant secondaire et n’a pas influencé le caractère roman de notre peuple ni de sa langue. Le roumain s’est formé entre le IIIe siècle av. J.-C. et le VIe siècle, au nord et au sud du Danube.



    Au nord du Danube apparaît le dialecte daco-roumain ; au sud du fleuve — les dialectes mégléno roumain, istro roumain et aroumain. Les recherches linguistiques ont mis en exergue le caractère latin du roumain, donné par son lexique et sa structure grammaticale. Au Moyen-Age et à l’époque pré moderne, la langue acquiert des mots hongrois, turciques et grecs. Le français exerce une influence importante sur le roumain au XIXe siècle.

  • Attractions touristiques dans le comté de Neamţ

    Attractions touristiques dans le comté de Neamţ

    Notre destination est aujourd’hui le comté de Neamţ, situé en Moldavie, dans l’est du pays. Bien que ne figurant pas parmi les zones touristiques les plus connues de Roumanie, comme la Transylvanie, la côte de la mer Noire ou, plus récemment, la ville de Bucarest, la contrée de Neamţ compte toutefois de nombreuses attractions pour des vacances réussies : merveilles de la nature, sites historiques, monastères, traditions anciennes et une cuisine moldave à laquelle nul ne peut résister.

    Chef-lieu du département, la ville de Piatra Neamţ recèle une partie de ces attractions. Au centre-ville se trouve l’ensemble de la Cour princière, remontant à l’époque d’Etienne le Grand, prince régnant de Moldavie durant la seconde moitié du 15e siècle, dont seuls les murs d’enceinte et les caves subsistent. Tout près se trouve l’église princière St. Jean, construite en pierre en 1497 – 1498. Parmi les nombreux musées de la ville, il y en a un qu’il ne faut surtout pas rater: le Musée d’art énéolithique Cucuteni. Ouvert en 2005 dans le centre historique de la ville, il est abrité par le bâtiment d’une ancienne banque. Y sont exposés des récipients en céramique peinte, aux formes élégantes et aux décorations spécifiques d’une civilisation qui s’est développée entre 4600 et 2750 av. J.-Ch. en Moldavie, dans le sud-est de la Transylvanie, sur le territoire de l’actuelle République de Moldova et de l’Ukraine. Le nom de cette civilisation est lié aux découvertes archéologiques faites entre 1884 et 1893 à Cucuteni, tout près de Iaşi.

    Notre guide à travers le comté de Neamţ est le journaliste Traian Bădulescu : « Le département de Neamţ compte parmi les régions à grand potentiel touristique de Roumanie. Le tourisme rural y est assez bien développé. Des centaines de pensions rurales y attendent les touristes, ainsi que plusieurs grands 3 ou 4 étoiles récemment rénovés. « Hanul Ancuţei » est une fameuse auberge très recherchée par les touristes roumains et étrangers de passage dans la région. Le lac de Bicaz et le Massif de Ceahlău sont nos plus beaux sites de randonnée. »

    Depuis la ville de Piatra Neamţ on accède très facilement au barrage de Bicaz et au Parc national « Les Gorges de Bicaz ». Depuis Bicaz ont peut arriver au Massif de Ceahlău et à son Parc national. Une autre route menant au Massif de Ceahlău passe par les villes de Roman et de Târgu Neamţ. A Roman se trouve la maison-musée d’un des plus grands musiciens que la Roumanie a donnés au monde : le chef d’orchestre Sergiu Celibidache. Et puis, entre Roman et Târgu Neamţ se trouve la célèbre auberge que notre interlocuteur a mentionnée tout à l’heure : « Hanul Ancuţei », construite à la fin du 18e siècle et où faisaient halte, à l’époque, les marchands qui traversaient cette zone de la Moldavie. Un des écrivains roumains les plus prolifiques, Mihail Sadoveanu, a écrit 9 récits réunis dans un volume sous le titre «Hanul Ancuţei», publié en 1928.

    Après avoir quitté « Hanul Ancuţei », nous arrivons à Târgu Neamţ, avec sa citadelle médiévale. A proximité de la ville se trouve la maison-musée d’un autre grand narrateur roumain : Ion Creangă, qui a passé son enfance à Humuleşti, petit village devenu de nos jours un quartier de la ville. En prenant la route des montagnes, on arrive au Parc naturel de Vânători Neamţ et à la Réserve de bisons de Dragoş Vodă. C’est toujours à Vânători Neamţ, à une quinzaine de km de Târgu Neamţ, que se trouve le plus important ensemble monastique de l’histoire de la Moldavie : le monastère de Neamţ, dont l’existence est liée aux noms de plusieurs princes régnants : Petru Ier Muşat, Alexandre le Bon et Etienne le Grand.

    Père Andrei nous explique pourquoi ce monastère est important et vaut la peine d’être visité : « Tout d’abord parce que le monastère de Neamţ est un symbole de la vie monastique et de la culture roumaines. En outre, c’est un très beau monument du Moyen-Age fondé par des voïvodes de la dynastie moldave des Muşat. Etant situé tout près de la Citadelle de Neamţ, il a joué un rôle stratégique durant cette époque. Il a reçu d’importantes donations de la part des voïvodes de la lignée des Muşat, ce qui a permis son embellissement. Le premier métropolite de Moldavie et supérieur du monastère de Neamţ a été Iosif Ier Muşat, qui appartenait à la dynastie. »

    Mentionnons également qu’une école de calligraphes et miniaturistes y fonctionnait au 14e siècle et qu’une typographie y a été créée en 1800.

    Depuis le monastère de Neamţ, après avoir parcouru une cinquantaine de km à travers une zone couverte de forêts épaisses, on arrive à Durău, station calme et confortable, qui dispose également d’une piste de ski. En été, la station est le point de départ de nombreux itinéraires de randonnée en montagne, entre autres vers le sommet Toaca du Massif de Ceahlău. Ceux qui en entreprennent l’ascension le 6 août, jour de la Transfiguration dans le calendrier orthodoxe, ont l’occasion d’assister, très tôt le matin, à plus de 1900 mètres d’altitude, à un phénomène mystérieux : après le lever du soleil, le sommet Toaca jette une ombre en forme de pyramide enveloppée dans une aura multicolore, ce qui alimente les légendes liées à cette montagne sacrée pour les Daces, nos ancêtres. Ceux-ci pensaient que les dieux habitaient ces montagnes et ils grimpaient jusqu’à leur sommet pour se trouver plus près du ciel quand ils priaient. (Trad. : Dominique)

  • 135 ans depuis le Congrès sioniste de Focşani.

    135 ans depuis le Congrès sioniste de Focşani.

    Un des événements les plus importants de l’histoire des Juifs de Roumanie a été le Congrès de Focşani, qui a eu lieu les 30 et 31 décembre 1881. Connue aussi sous le nom de « Congrès sioniste de Focsani » ou de « Grand Congrès de Focsani », cette réunion des leaders des communautés juives a marqué l’apparition d’une alternative pour les minorités de rite mosaïque face à la politique antisémite croissante, à savoir le départ pour la Palestine pour y fonder des colonies.

    L’historien et politologue Liviu Rotman, de l’Ecole nationale d’Etudes Politiques et Administratives de Bucarest, hésite pourtant à utiliser le mot « sioniste » pour ce congrès d’il y a 135 ans : «Le terme que je propose et auquel je tiens est celui de congrès «pré-sioniste». Pour mieux comprendre de quoi il s’agit et pourquoi je ne parlerais pas d’un congrès sioniste, voici en bref le contexte historique du moment. Nous sommes à la fin de l’année 1881, une année marquée par le début d’une forte vague antisémite en Europe, et notamment en Europe Orientale. Une atmosphère « pogromiste » plane au-dessus de la Russie tsariste et plusieurs mesures à caractère antisémite sont prises en Roumanie aussi. Dans ce contexte, l’idée du retour en Palestine gagne de plus en plus de terrain parmi les Juifs. N’oublions pas que, dans la seconde moitié du 19e siècle, ce mouvement se développe, remplaçant les tendances intégrationnistes des Juifs dans les sociétés européennes. Le courant intégrationniste avait débuté au 18e siècle avec Moses Mendelsohn, mais son échec a renforcé le souhait des Juifs d’aller en Palestine. Surtout que l’Europe Orientale était considérée de plus en plus comme une solution temporaire à la situation grave de la population juive, au danger physique qu’elle courait dans cette partie de l’Europe, notamment en Russie. »

    L’apparition d’un courant soutenant l’idée de l’émigration parmi les Juifs de Roumanie a mené à la prolifération des organisations qui ont mis au point des plans pour mettre en pratique cette idée. Liviu Rotman explique: « Toute une série d’événements a été organisée, toute sorte d’organisations ont fait leur apparition, y compris en Roumanie et notamment en Moldavie, des organisations qui militaient pour le retour en Palestine et la constitution de collectivités agricoles. C’était quelque chose de nouveau, parce que le travail agricole n’était pas spécifique aux communautés juives. Des sociétés juives existaient aussi dans le sud du pays, notamment à Bucarest, ainsi que dans les villes portuaires telles Galati, qui est en Moldavie, Braila, Turnu Severin. Certes, les sociétés moldaves étaient les plus nombreuses. Les plus fortes étaient à Barlad et à Moinesti. C’est au sein de ces organisations juives appelées « steteluri » du mot hebreu « chtetl » (bourgade) qu’une solution était cherchée. L’intégration était un échec. D’ailleurs, dans la Constitution de 1866, les Juifs se sont vus refuser la nationalité roumaine. On ne peut parler d’un mouvement sioniste que pendant la dernière décennie du 19e siècle, suite au Congrès de Bâle et des textes de Theodor Herzl, dont le plus connu était celui du «pays ancien nouveau », concept dont il est l’auteur. Quelle était la différence entre les anciennes organisations et Herzl, puisqu’en fin de compte, ils militaient tous pour la même chose ? Herzl est le premier à promouvoir la solution politique, celle d’un Etat qu’il nomme « le foyer national juif ». Le congrès de Focsani, qui a été une réussite exceptionnelle de ces organisations, demandait une seule et unique chose : la venue des Juifs en Palestine et le travail agricole, sans mentionner d’autre structure politique. »

    De l’avis des historiens, la participation au congrès était assez importante. Les délégués représentaient 70 mille militants, en fait un tiers du total des Juifs roumains. Liviu Rotman explique aussi qu’après les discours, les participants au congrès sont passés à l’action. « Au sujet du congrès de Focsani, je dirais qu’il a réuni 56 délégués de 29 localités, soit une cinquantaine de sociétés qui demandaient l’émigration en Palestine. Concrètement, un départ a été organisé en 1882, quelques mois seulement après le congrès, à bord d’un bateau appelé « Tethis ». Il s’agissait de Juifs surtout de Moinesti, 228 au total. Une fois arrivés en Israël, ils ont fondé deux localités : Rosh Pina et Zihron Iacov, qui existent de nos jours encore. Et voilà que le congrès n’a pas été uniquement un débat théorique, il a été suivi par des actions concrètes. Il faut tenir compte du fait que la mise en pratique des décisions n’était pas simple à faire. Le chemin était difficile, les Juifs arrivaient dans un pays qui n’était pas l’accueillant Etat hébreu d’aujourd’hui, avec une économie performante. C’était uniquement un bout de désert. A cela venait s’ajouter le manque de ressources financières, puisque je dois souligner que la plupart de ces émigrants étaient en fait des gens très pauvres. » Quelle était l’orientation politique des participants au congrès ? Réponse avec le même Liviu Rotman : « Les plus nombreux étaient des gens de gauche qu’il serait exagéré d’appeler « socialistes », même si certains d’être eux se proclamaient ainsi. D’autres étaient d’orientation libérale, mais généralement c’étaient des personnes de gauche, ou de centre-gauche selon le langage actuel. Mais à l’époque, ils étaient moins préoccupés par le paysage politique des localités où ils allaient s’installer. Ils souhaitaient tout simplement partir, s’établir dans un endroit où ils allaient labourer la terre, en Palestine. Et c’est d’ailleurs ce qu’ils ont fait. »

    Le grand congrès des Juifs de Roumanie, tenu à Focsani les 30 et 31 décembre 1881, a été un des premiers événements organisés en vue de la récupération de la patrie jadis perdue. Dans l’histoire du sionisme, les Juifs roumains figurent parmi les pionniers de l’Etat d’Israël d’aujourd’hui. (Steliu Lambru/Valentina, Alexandru)

  • 24.01.2016

    24.01.2016

    Union — Les Roumains du monde ont célébré ce dimanche les 157 années depuis l’Union des Principautés roumaines — le premier pas important pour créer l’Etat national roumain unitaire, réalisé à Bucarest par l’Assemblée des députés. Au programme — concerts folkloriques, parades de détachements militaires, services religieux, mais aussi repas populaires. Présent aux événements organisés à Iaşi (est), le président Klaus Iohannis a adressé un message exhortant la classe politique à se reconnecter aux attentes des citoyens, à reconstruire la confiance érodée avec le temps et à assumer leurs responsabilités. Le premier ministre Dacian Cioloş a également participé aux événements de Iaşi, comprenant aussi une messe au tombeau du prince régnant Alexandru Ioan Cuza. Elu voïvode de la Moldavie le 5 janvier 1859, il est nommé prince régnant aussi en Valachie le 24 janvier de la même année. L’union des deux pays habités par des Roumains était ainsi signée de facto. 3 années plus tard, le 24 janvier 1862, l’union a été reconnue à l’international, et l’Etat a été appelé Roumanie. 59 ans après, en 1918, la Roumanie a réussi à devenir la Grande Roumanie, suite à l’union avec la Bessarabie, la Bucovine et la Transylvanie, habitées elles aussi notamment par des Roumains. Suite à la Seconde guerre mondiale, la Roumanie a pourtant perdu la Bessarabie et la Bucovine.



    Réunion — Le ministre roumain de l’Intérieur, Petre Tobă, participe, lundi, à Amsterdam, à la Réunion informelle des ministres de la Justice et de l’Intérieur, organisée par la présidence hollandaise de l’UE. L’agenda est dominé par deux thèmes d’actualité : la sécurité intérieure de l’UE et la migration. En cas de menaces graves et persistantes sur les frontières extérieures de l’espace de libre circulation, la Commission européenne peut proposer la suspension du Traité Schengen et la réintroduction des contrôles aux frontières pour une période allant jusqu’à deux ans. Plus d’un millions de ressortissants extra communautaires ont pénétré dans l’espace de l’UE cette dernière année, ce qui a généré des disputes entre les Etats membres et aussi des mesures radicales. L’Allemagne, l’Autriche, la Suède et le Danemark ont déjà introduit, ces derniers mois, des contrôles temporaires dans le cadre de l’espace Schengen.



    Manifestations — Près de 40.000 personnes ont manifesté, dimanche, à Chişinău, demandant la tenue d’élections anticipées en République de Moldova, où la crise politique s’approfondit depuis plus d’un an. Les manifestants — issus des forces politiques de gauche mais aussi de droite, tant pro européennes que pro russes -, ont exprimé leur fureur face à la corruption endémique du pouvoir. Après que le gouvernement dirigé par Pavel Filip, le 3e en moins d’un an, eut été désigné mercredi, les protestataires ont tenté d’entrer dans le bâtiment du Parlement pour interrompre la cérémonie d’investiture de l’exécutif, ce qui a déterminé l’UE à lancer un appel au calme. Avec une population de 3,5 millions de personnes, la République de Moldova est considérée un terrain de confrontations entre l’UE et la Russie, surtout après la signature de l’Accord d’association à l’UE en 2014, ce qui a engendré la fureur de Moscou, note l’AFP. 78% de la population de l’ancienne république soviétique est de nationalité roumaine, et les minorités russe et ukrainienne représentent environ 14%. Chisinàu a récemment annoncé que le premier ministre Pavel Filip ferait sa première visite officielle après son investiture à Bucarest, où il rencontrera son homologue roumain, Dacian Cioloş. roduit, ces derniers mois, des contrôles temporaires dans le cadre de l’espace Schengen.




    Tennis — La joueuse roumaine de tennis Simona Halep, n° 2 mondiale, subira une opération de déviation septale et ne pourra pas participer au match de la Fed Cup contre la République tchèque, prévu les 6-7 février, a annoncé la sportive sur sa page Facebook. « Les six dernières semaines ont été particulièrement difficiles pour moi, avec une infection à l’estomac, au nez et à l’oreille. Suite à l’indication du médecin spécialiste, je devrai me soumettre à une intervention chirurgicale pour résoudre ces problèmes. C’est pourquoi je serai contrainte de me retirer aussi des tournois de Dubaï et de Doha », a précisé Simona Halep. Après son élimination prématurée de l’Open d’Australie, premier tournoi de Grand Chelem de l’année, et son absence de Dubaï (où elle était tenancière du titre), Simona Halep descendra dans le classement WTA. La Roumanie jouera contre la République tchèque, championne en titre, au premier tour du Groupe mondial de la Fed Cup, à Cluj-Napoca. Simona n’a pas joué non plus le match contre le Canada, en avril 2015, à Montréal, lorsque la Roumanie s’est imposée 3-2 et a accédé au Groupe mondial après 22 ans.



    Water-polo — La sélection nationale masculine de water-polo de la Roumanie aura des adversaires puissantes au tournoi pré-olympique, prévu du 3 au 10 avril, à Trieste (Italie) — la Russie, la Slovaquie, la France, la Hongrie et le Canada, selon le tirage au sort qui a eu lieu samedi soir à Belgrade, lit-on sur le site de la Fédération internationale de natation. Le Groupe B du tournoi pré-olympique comprend l’Italie, l’Afrique du Sud, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Kazakhstan. Le règlement de déroulement est du type championnat, soit chaque équipe contre chaque équipe, et les 4 premières classées de chaque groupe se qualifieront dans les quarts de finale, à disputer en chassé-croisé. Les équipes qui arrivent en demi-finales se qualifient aux JO 2016. Après avoir été dépassée par la France 12 à 6 au match de classement, la Roumanie est 10e au Championnat d’Europe de Belgrade, qui s’est achevé samedi.



    Météo — Jusqu’à mardi, la Roumanie continue d’être placée en vigilance jaune au froid intense, à l’exception de cinq comtés de l’ouest et du nord-ouest. Même si les températures marqueront une légère hausse par rapport aux jours précédents, les prochaines 24h, le temps sera plus froid que d’habitude dans la majeure partie du pays, et le grand froid sévira notamment dans le sud et le sud-est. Sur la moitié nord il neigera, tandis que dans le nord-ouest, les précipitations peuvent revêtir la forme de giboulées ou de pluies. Sur le sud et le sud-est, le brouillard fera son apparition. Les minimales iront de –18 à –4°, tandis que les maximales, de –8 à 2°.

  • Michel Minouflet (France) – Le monastère Agapia

    Michel Minouflet (France) – Le monastère Agapia

    Cest un monastère de nonnes du département de Neamţ, en Moldavie, dans lest de la Roumanie, non loin de la ville de Târgu Neamţ. Et même un des plus grands monastères de nonnes, et qui compte parmi les plus connus du pays. Il est situé au cœur dune forêt, dans un cadre naturel généreux, et recèle des trésors artistiques inestimables, notamment grâce aux fresques du grand peintre roumain Nicolae Grigorescu, faites entre 1858 et 1861. Le premier édifice a été élevé en 1585, et le second, en 1642, et refait après lincendie de 1821. Le monastère dAgapia est un véritable bijou darchitecture, qui mélange des caractéristiques du style byzantin avec le style néoclassique et avec lart roumain. Il est consacré aux archanges Michel et Gabriel. Son nom provient du grec « agapis », « amour chrétien ». Une première attestation documentaire faisant état de cet édifice monastique est à retrouver en 1437, du nom du moine Agapie qui avait construit, dans cette région, au XIVe, une petite église en bois.



    Lhistoire du couvent mentionne des princes régnants dont les noms sont restés dans lhistoire du pays. La construction de la première église en pierre remonte à 1585. mais le terrain sur lequel lédifice religieux a été bâti savère instable, et vers 1600, une partie des moines allaient construire plus bas, dans la vallée, le monastère dAgapia de nos jours, dit aussi le nouveau. Initialement, Agapia était un couvent de moines, mais en 1803, il est transformé en couvent de moniales. La première supérieure a construit une chapelle dans la partie sud. Le long des siècles, Agapia allait connaître de nombreux pillages, destructions et incendies, mais il a toujours été refait et consolidé. En 1858, lintérieur a été peint par Nicolae Grigorescu, qui navait alors que 18 ans. Il arrive pourtant à réaliser une suite remarquable de compositions murales et dicônes empreintes de mouvement, de réalisme et de lumière. Le peintre a allié la tradition byzantine au style néoclassique et à lart roumain.



    Nicolae Grigorescu sest inspiré des compositions des maîtres de la Renaissance, il a employé des modèles vivants pour ses portraits. Les chefs dœuvre de Grigorescu à Agapia sont constitués par le portrait de St Georges, lentrée à Jérusalem et la Vierge à lenfant Jésus. Les portraits de saints que Grigorescu a peints au monastère dAgapia sont uniques. Il faut les voir pour apprécier la simplicité des lignes, la perfection des proportions et des formes. Les murs et les icônes décorés par Grigorescu à Agapia dégagent un sentiment de quiétude. Le peintre a créé lAtelier de peinture dAgapia, école où les nonnes qui avaient des talents artistiques se sont formées. Le village du monastère est très pittoresque en toute saison. En été, les maisons sont pleines de fleurs multicolores. Vous allez retrouver à Agapia une impressionnante collection dart médiéval et religieux mais aussi une bibliothèque qui comporte livres et vieux manuscrits. Une route forestière mène au monastère de Sihla, connu pour sa grotte où Ste Théodore a vécu pendant près de 40 ans. Une montée qui vaut la peine, dans une ambiance vraiment spéciale.

  • Attractions touristiques dans le comté de Neamţ

    Attractions touristiques dans le comté de Neamţ

    Dans le nord-est de la Roumanie, dans la vallée de la Bistriţa, au milieu d’une des plus belles dépressions des Carpates Orientales se trouve la ville de Piatra Neamţ. En raison de la beauté du paysage et de son architecture, ainsi que de ses sites touristiques, elle a été surnommée la Perle de la Moldavie.

    Piatra Neamţ est une ville touristique d’intérêt national. Elle est dotée d’une télé gondole et d’une piste de ski. Sur un petit plateau du centre-ville se trouve la Cour princière, un ensemble de monuments historiques remontant à 1468. Mentionnons la tour du clocher, érigée en 1400 et mesurant 19 mètres de haut, à proximité de laquelle se trouvent plusieurs musées, dont celui d’art énéolithique Cucuteni. Ce musée abrite la plus importante collection d’art énéolithique du sud-est de l’Europe, comptant plus de 800 objets, la plupart classés « trésor ».

    Anca Afloarei, chef du Service tourisme du Conseil départemental de Neamţ, est notre guide sur les ondes à travers la ville de Piatra Neamţ et dans les environs : « En prenant Piatra Neamţ pour point de départ et en se dirigeant vers l’ouest du comté, on aboutit à Bicaz, petite ville de montagne. De là, on peut continuer vers les Gorges de Bicaz, situées à une cinquantaine de km de Piatra Neamţ. Les trajets sont courts et faciles à parcourir. Les Gorges de Bicaz sont une aire protégée faisant partie du Parc national «Les Gorges de Bicaz – Hăşmaş ». C’est une région d’une rare beauté. La rivière Bicaz a creusé le rocher sur 8 km, créant ces parois impressionnantes, de 300 m de haut et très rapprochées l’une de l’autre. Elles sont la porte d’entrée dans le comté de Neamţ. Depuis Bicaz, nous pouvons faire un saut vers le nord-ouest du département, pour nous rendre au bord du lac Izvorul Muntelui (la Source de la montagne), qui s’étend derrière le barrage de Bicaz. C’est un barrage d’envergure, imposant, construit en 1960 et mesurant 127 mètres de haut. Le lac de retenue « Izvorul Muntelui » s’étend sur 35 km. A sa beauté s’ajoute celle du paysage environnant, avec les collines, les villages situés dans la vallée et le Massif de Ceahlău, dont la silhouette se profile à l’arrière-plan. Une route longe le lac, permettant d’admirer le paysage sous différents angles. »

    Une grande partie des monastères de Moldavie se trouve dans la contrée de Neamţ, recelant des manuscrits précieux, des objets de culte d’une grande valeur, des collections de livres et des toiles célèbres appartenant entre autres à Nicolae Tonitza (qui se trouvent au monastère de Durău) ou à Nicolae Grigorescu (du monastère d’Agapia).

    Anca Afloarei: « Le Monastère d’Agapia impressionne par son architecture vraiment spéciale. Une fois sur place, vous pourriez visiter un atelier de tissage où les tapis sont fabriqués manuellement, et un autre de poterie. Notre visite dans la contrée se poursuit par une visite de la maison parentale du grand écrivain roumain Ion Creanga. Bâtie juste à l’entrée de la ville de Targu Neamt, vers la moitié du XIXème siècle, la maisonnette offre aux visiteurs aussi bien des informations sur l’enfance du grand écrivain que la possibilité d’admirer toute sorte d’objets spécifiques à la région. Plus loin, le visiteur se retrouvera devant la Forteresse de Neamt. Dressée dans un premier temps par le prince régnant Petru Ier Musat, élargie et consolidée sous le règne d’Etienne le Grand, la forteresse fut entièrement restaurée il y a quelques années et attend les touristes dans différentes salles meublées. A continuer notre chemin vers la localité de Pipirig, nous passerons près du Monastère de Neamt qui mérite un détour. L’édifice figure parmi les plus anciens de Moldavie. Attesté pour la première fois en 1210, l’édifice fut dressé par les soins successifs des princes régnants Petru Musat, Alexandre le Bon et Etienne le Grand. Le monastère abrite la plus ancienne et la plus grande bibliothèque religieuse, véritable musée d’art chrétien et de l’histoire de l’imprimerie. C’est ici qu’ont fonctionné plusieurs écoles célèbres de calligraphie et de miniatures qui ont renforcé l’importance de l’orthodoxie à compter du XVIème siècle. Le monastère est très grand, majestueux. Il est peut-être l’un des plus beaux fondés par Etienne le Grand. Ca vaut vraiment la peine de le visiter. Si vous vous décidez de le faire, je vous conseille de faire également une petite halte à la Réserve de bisons « Dragos Voda », la plus connue des 4 réserves de bisons ouvertes en Roumanie. Elle couvre 11.500 hectares et à part les bisons, vous pourriez voir également des cerfs, des blaireaux, des renards, des ours, des loups, des lièvres et toute sorte d’oiseaux ».

    A 35 kilomètres de la ville de Piatra Neamt, le Mont Ceahlau domine par sa silhouette imposante toute la contrée. Si vous voulez gravir la montagne, la plupart des trajets commencent dans les stations de Izvorul Muntelui et de Durau, juste aux pieds de ce massif légendaire.

    Anca Afloarei : « Surnommé l’Olympe de Moldavie, le Massif de Ceahlau est la deuxième montagne de Roumanie après le Mont Gaina à avoir sa propre journée de fête. Ainsi, chaque année, le 6 août, la tradition veut que l’on grimpe sur la montagne pour se retrouver plus proches de la divinité. Cette légende date du temps des Daces qui escaladaient le Massif jusqu’en haut pour demander à leur dieu de les protéger toute l’année et de leur conférer de l’énergie positive. Ensuite, il fallait redescendre avant la tombée de la nuit car sinon ils risquaient de perdre toute leur énergie. Un phénomène très intéressant qui rend cette montagne encore plus spéciale, c’est celui d’un hologramme que l’on peut voir seulement autour du 6 août, à l’aube, quand la projection du Sommet de Toaca sur les collines d’en face prend la forme d’une pyramide. C’est un phénomène très intéressant qui nourrit l’imagination des touristes dont pas mal préfèrent passer la nuit en montagne pour ne pas le rater. » (Trad. : Ioana Stăncescu, Dominique )