Tag: moteurs

  • La fin des moteurs thermiques

    La fin des moteurs thermiques


    L’Union
    européenne a officiellement approuvé la fin des moteurs thermiques dans les
    voitures neuves à partir de 2035. Un accord en ce sens a été voté mardi, lors
    d’une réunion des ministres de l’Energie. L’objectif à l’échelle du parc de
    l’UE vise à réduire de 100% les émissions de CO2 produites par les voitures et
    les camionnettes neuves par rapport à 2021. Les objectifs intermédiaires de
    réduction des émissions pour 2035 sont fixés à 55% pour les voitures et à 50%
    pour les camionnettes.


    Pourtant, les
    moteurs thermiques pourront continuer à équiper les voitures neuves à condition
    de fonctionner à base de carburants de synthèse. Il s’agit d’une dérogation qui
    donne suite aux insistances de l’Allemagne. Berlin plaide pour cette
    technologie en cours de développement, qui consisterait à produire du carburant
    à partir de CO2 issu des activités industrielles, capturé à l’aide de
    l’électricité provenant de sources renouvelables. Par la suite, un tel moteur
    émettra dans la nature la même quantité de CO2 utilisée et non pas davantage.


    Sur l’ensemble
    des combustibles écologiques susceptibles de faire fonctionner les moteurs
    produits à partir de 2035, il faut éliminer les agro-carburantsdont le bilan carbone est très mauvais. L’UE
    a décidé que les biocarburants fassent l’objet d’une réglementation ultérieure.
    Mais les experts n’arrêtent pas de s’interroger sur le type d’énergie que
    Bruxelles utilisera pour les produire. La Commission européenne semble prendre
    en considération les sources d’énergie électrique nucléaire pour faire la
    transition vers une économie verte.Des
    pays tels la France, la Pologne ou la Roumanie essaient d’obtenir la
    reconnaissance du nucléaire dans la production aussi bien de l’électricité que
    des combustibles écologiques, tel l’hydrogène. Une idée qui se heurte à
    l’opposition de l’Allemagne, de l’Autriche ou encore de l’Espagne.

    Pour sa
    part, la Norvège, un pays où les voitures électriques ont frôlé 80 % de part de
    marché en 2022, espère pouvoir mettre bientôt un terme à la vente de
    véhicules neufs à moteur thermique. La suppression de tels moteurs a lieu dans
    le contexte où les ventes de Dacia, la marque Renault fabriquée à Pitesti,
    en Roumanie, ont connu une hausse importante en 2022, en Europe. Selon le
    fabriquant, la voiture a confirmé sa troisième place dans le classement
    européen des ventes, avec une part de marché de 7,6%. Le constructeur Ford est
    le deuxième grand acteur de l’industrie automobile roumaine. Il est fabriqué
    par les usines de Craiova, par le constructeur turco-américain, Ford Otosan







  • L’industrie aéronautique roumaine à la fin de la Seconde guerre mondiale

    L’industrie aéronautique roumaine à la fin de la Seconde guerre mondiale

    Dans
    la période de l’entre-deux guerres, la Roumanie était parvenue à bâtir sa
    propre industrie aéronautique. En effet, dès le 1er novembre 1925, c’est
    à Brașov qu’était fondée la société IAR, Industrie aéronautique roumaine, qui
    demeure pendant des décennies le leader national de l’industrie aéronautique. Les
    fondateurs étaient les Français de l’avionneur Blériot-Spad, du producteur
    automobile Lorraine-Dietrich, de l’entreprise de matériel roulant Astra Arad,
    mais aussi l’Etat roumain. Le 1er septembre 1938, l’Etat roumain avait
    acheté la totalité des actions de l’entreprise, devenant unique propriétaire. IAR
    allait alors être réorganisée, comptant dès lors deux unités destinées l’une à
    la production des moteurs, l’autre à la production des avions. Avant la
    nationalisation de l’entreprise survenue en 1948, pendant ses 23 années d’existence,
    l’avionneur roumain parvint à étoffer une gamme variée de modèles d’appareils,
    civiles ou militaires, y compris des avions de chasse, des bombardiers et des appareils
    de reconnaissance, mais aussi des appareils d’agrément ou des avions-écoles.

    La
    production des moteurs, démarrée grâce à l’acquisition des licences françaises,
    se développa avec de nouveaux modèles originaux. Les modèles les mieux connus
    qui sortirent des mains des ingénieurs roumains de l’entreprise ont été l’avion
    de chasse IAR 80 et le bombardier IAR 81, qui se sont distingués pendant la
    Deuxième Guerre mondiale, aussi bien sur le front de l’Est, contre l’Union
    soviétique, que sur le front de l’Ouest, après le mois d’août 1944, contre l’Allemagne
    nazie. Mais le sort de l’entreprise IAR allait changer radicalement après l’occupation
    de la Roumanie par l’Armée rouge fin 1944. Les Soviétiques mirent brutalement un
    terme à la production d’appareils de vol de l’entreprise roumaine, reléguant
    cette dernière au statut de simple atelier de maintenance. En 1948, dernier
    coup dur pour l’IAR : l’entreprise, devenue entreprise mixte,
    roumano-soviétique, allait devenir un fabricant de machines agricoles, abandonnant
    du coup la production d’avions. Ce n’est qu’en 1968 que IAR renoue timidement
    avec sa tradition et reprend la production d’avions. Après 1989, l’entreprise
    reprendra son ancien nom et sa vocation initiale.


    Les années
    noires du producteur roumain d’aéronautique, celles marquées par l’immixtion de
    la puissance occupante dans les affaires de l’entreprise, ont été remémorées en
    1995 par l’ingénieur Teodor Gârnet, lors d’une interview conservée dans les
    archives du Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine.


    « Vous
    savez, l’armée roumaine avait pris possession de 6 machines à Odessa, lorsque
    nous avions occupé la ville. On les avait déplacées ici, mais elles n’ont
    jamais été mises en fonction. Elles avaient besoin d’être réparées d’abord.
    Donc, elles étaient conservées dans une remise jusqu’à ce que les Russes occupent
    le pays. Il a fallu bien évidemment céder les machines. Une commission
    militaire russe avait débarqué dans le bureau du directeur. Il y avait au sein
    de cette commission un colonel, un capitaine, et puis, pour se montrer plus
    convaincants, l’un avait sorti son révolver et avait commencé à taper avec la
    crosse sur le bureau du directeur, lui enjoignant de faire marcher ces machines
    au plus vite. On s’est démené et on l’a fait. Puis, il fallait qu’un délégué de
    notre entreprise accompagne le convoi censé les retourner jusqu’à Odessa.
    Personne n’en voulait. Moi, qui venais d’arriver à l’improviste d’une mission à
    Câmpulung et qui n’étais pas dans la confidence, c’est moi qu’on a chargé d’accompagner
    le convoi. Et ce fut une aventure cette mission, vous l’imaginez, dans les
    conditions d’alors. J’avais tenté de graisser la patte au capitaine soviétique
    qui nous accompagnait pour en être déchargé, mais cela n’a pas été possible. Mais
    nous n’avons accompagné le convoi que jusqu’à Iasi. A partir de là, elles ont
    été montées dans un train soviétique à destination d’Odessa. Seulement, les
    Soviétiques n’avaient pas pris que leurs machines, celles qu’on leur avait
    volées. Ils nous ont pris surtout nos machines à nous, celles qui étaient en
    état de marche, les meilleures, y compris une machine importée. Ils ont pris
    tout ce qu’ils avaient désiré, prétextant qu’on leur avait cassé leurs machines
    à eux ».


    La production
    des moteurs d’avions de conception propre, comprenant des éléments novateurs, a
    été l’une de grandes fiertés de l’entreprise roumaine. Tel fut le cas du moteur
    IAR 7M, à la conception duquel l’ingénieur Teodor Gârneț a été directement
    impliqué :


    « Il
    s’agissait d’un moteur qui développait une puissance de 350 chevaux. Il était
    destiné aux appareils légers, de l’aviation utilitaire et sportive. Il s’agissait
    surtout d’entraîner les pilotes. Aux premiers essais, le moteur avait développé
    370 chevaux, bien mieux que ce que l’on avait prévu. Il ronronnait, pas de
    vibrations, rien. Mais le bâtiment qui abritait le banc d’essai venait d’être
    endommagé par un bombardement. Nous ne pouvions pas lui faire passer l’ensemble
    des batteries de tests prévus. On se contentait de ce qu’on avait. Et de ce
    modèle de moteur, l’on n’avait fabriqué que deux exemplaires, c’est tout. Un
    seul a été monté sur un châssis d’avion, l’autre a été utilisé lors des tests.
    Mais sachez que cette usine, ainsi qu’elle était outillée à l’époque, avec les
    compétences dont l’on disposait, pouvait faire de la performance
    ».



    Après sa refondation de 1971, IAR Brașov a
    commencé à diversifier progressivement sa production, débutant par exemple la
    production d’hélicoptères sous licence française sur son site de Ghimbav. La production
    s’est ensuite étoffée, l’usine fabriquant des avions utilitaires, des planeurs
    et des motoplaneurs. Enfin, après 1989, l’entreprise est entrée dans une phase
    de modernisation. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’industrie aéronautique roumaine

    L’industrie aéronautique roumaine

    Se targuant déjà d’une brève mais conséquente tradition d’avant 1914, le développement de l’aviation roumaine commence alors à bénéficier du soutien actif de l’Etat. En effet, suite aux découvertes d’inventeurs tels Traian Vuia, Aurel Vlaicu, Henri Coandă, ou Gogu Constantinescu, l’Etat roumain comprend tout le bénéfice qu’il peut tirer du contexte, prend le relais et investit massivement dans la construction d’une véritable industrie nationale d’aviation, aussi bien civile que, surtout, militaire. Et c’est dans ce contexte qu’est née la plus importante société roumaine de construction d’aéronefs, intitulée « L’Industrie aéronautique roumaine » – IAR, fondée à Brasov en 1925 et devenue propriété de l’Etat roumain en 1938. Dans son histoire d’une vingtaine d’années, depuis sa création et jusqu’en 1944, IAR a fabriqué pas moins de 19 modèles d’avions et 9 modèles de moteurs, sous licences française, allemande et italienne. Les appareils les plus connus, et qui ont été retenus par l’histoire de l’aviation, demeurent sans doute les chasseurs IAR-80 et IAR-81.



    L’ingénieur Eugen Manolescu est entré à l’IAR en 1938, comme ingénieur stagiaire. A l’époque, la société « L’Industrie aéronautique roumaine » comptait la fabrique de moteurs et les hangars. Interviewé en 1995 par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Eugen Manolescu se souvient de la manière dont la société dénichait ses futurs techniciens et ingénieurs d’élite:



    « Lorsque j’y avais été embauché, IAR ne comptait que 70 ingénieurs. Chaque nouvelle recrue devait passer une certaine période d’essai. Pour ma part, cela a pris trois mois. La fin de cette période s’accompagnait d’une analyse, et la direction de la compagnie décidait du maintien du candidat, et aussi de son salaire. A l’époque, un ingénieur débutait avec un salaire d’environ 10.500 lei par mois. C’était pas mal. Imaginez, à titre de comparaison, un chef de travaux à l’Université polytechnique, qui recevait environ 4.500 lei. Tout le personnel passait par des tests, mais, à mon avis, les plus durs concernaient les ouvriers qualifiés, qui travaillaient sur un tour par exemple. Ils devaient être de véritables artistes pour qu’ils se fassent embaucher. Le niveau de leur salaire était aussi en relation directe avec le degré de maîtrise de l’outil ».



    L’IAR était sans doute un petit chef d’oeuvre en matière d’organisation du travail, un bijou technologique pour l’époque, ainsi qu’elle est décrite par Eugen Manolescu :



    « La fabrique de moteurs comprenait un atelier de production de pièces détachés pour les moteurs, où travaillaient environ 600 ouvriers, ensuite un atelier d’assemblage des moteurs, une fonderie des pièces en aluminium, un atelier de traitement des matériaux et, enfin, un banc d’essais. Un atelier à part était celui censé réaliser des matrices et des machines spécialement conçues pour la fabrication de chaque modèle de moteur. Et puis, chaque atelier comprenait une unité de recherche et de développement, censé dessiner les machines dont on avait besoin pour fabriquer les moteurs et les cellules des moteurs. On travaillait déjà tout dans le métal, avec des alliages, alors qu’encore peu de temps auparavant, les avions étaient fabriqués à l’aide d’un mix d’éléments en métal, en bois et en tissu. »



    Au début de la guerre, les moteurs d’avions fabriqués à Braşov rencontraient les exigences les plus pointues en la matière, de leur époque. Et la guerre n’a fait qu’amplifier cette recherche de la performance. Ecoutons à cet égard Eugen Manolescu :



    « A cette époque, l’usine fabriquait des moteurs de 1000 et de 1700 chevaux, des moteurs à carburateur, censés donner un rendement optimum à 4.500 mètres d’altitude, qui était considérée l’altitude d’engagement. Plus tard, vers la fin de la guerre, les bombardiers américains, à cabine pressurisée, sont arrivés à voler à 7.000 mètres d’altitude, pour éviter les tirs de la DCA ».



    Mais les usines IAR n’ont pas été épargnées par les bombardements alliés. Le 6 juillet 1944, la capacité de production de l’usine a été ainsi totalement annihilée. Eugen Manolescu remémore les deux raids qui ont mis à mal la production des usines:



    « Les usines ont subi deux vagues de bombardements sévères. Je me souviens bien celle du jour de Pâques 1944, qui a détruit la façade de l’usine où étaient placées les batteries de la DCA, ainsi que les abris. Tout a été détruit, il y a eu plus de mille morts, surtout les gens qui sont descendus s’abriter là. Le second bombardement a eu lieu le 6 juillet, et c’est à ce moment-là que la production a été arrêtée. Ils ont quand même eu de la chance de toucher l’usine. Ils avaient employé des bombes classiques, mais aussi des bombes incendiaires. Alors, suite au second bombardement, l’usine a dû être évacuée et les chaînes de production dispersées. L’atelier qui fabriquait les machines-outils a été transféré dans un hangar à Satul Lung, la fabrique de moteurs a été relogée à Ucea, là où était en train d’être érigée une usine d’explosifs, fabriqués sous licence allemande, une usine qui n’avait pas encore été mise en exploitation. Le 23 août 1944, lorsque la Roumanie a changé de camp, abandonnant son alliance avec l’Allemagne nazie et se rangeant du côté des Alliés, nous étions dispersés sur plusieurs sites. Le changement des alliances a bloqué la production, et tout s’est arrêté par la suite ».



    Après 1944, pourtant, l’IAR se reconvertit dans la construction d’avions de petites dimensions, utilisés surtout par les écoles de pilotage, ou encore dans la construction d’hélicoptères. Après la chute du communisme survenue en 1989, et en dépit de ses nombreux atouts et de sa longue histoire industrielle, l’entreprise tarde toujours à trouver résolument sa voie.


    (Trad. : Ionut Jugureanu)