Tag: moutons

  • Șirnea, le premier village touristique de Roumanie

    Șirnea, le premier village touristique de Roumanie

    Le village de Şirnea du département de Braşov, dans le centre de la Roumanie, est l’endroit idéal pour des vacances actives en famille. On y découvre les animaux des fermes, on goûte des légumes issus de jardins écologiques, on admire des chevaux ou des troupeaux de moutons, on pratique notre équilibre en jouant à la slackline, on fait du tir à l’arc, on fait voler des cerfs-volants ou on se promène en charrette ou en traîneau, selon la saison. Eugen Totîlcă, guide touristique et coordinateur du Centre d’activités touristiques deŞirnea Experience, décrit la région.



    « Le village de Şirnea est un ancien hameau de bergers au pied des Monts Piatra Craiului. Le village fait partie du Pays de Bran, une contrée entre les Monts Bucegi, Leaota et Piatra Craiului. Il est à une altitude élevée, à 1200 mètres, et s’étend le long de la vallée du ruisseau Zbârcioara, mais aussi sur la colline qui l’entoure. Le village se présente sous la forme de petits hameaux pittoresques, isolés, reliés les uns aux autres par des sentiers mystérieux, qui recèlent encore de nombreux trésors du village roumain d’un autre temps. Le relief est caractéristique de la région pré montagnarde du Pays de Bran, soit des vallées profondes et des collines. Le fait qu’il n’y a pas d’accès direct au village depuis la route nationale est aussi un avantage. Ainsi, à Şirnea, nous pouvons profiter de l’atmosphère pittoresque du village traditionnel. L’image classique des vaches sur un pâturage fleuri entouré de sommets vous charmera à Şirnea. »



    Des maisons d’hôtes vous attendent à Şirnea, et les propriétaires sont très accueillants, dit Eugen Totîlcă.



    « Les repas peuvent être pris dans des points gastronomiques locaux, où l’on prépare des plats traditionnels spécifiques à la région. Grâce à son emplacement, Şirnea offre une multitude de possibilités pour passer du temps dans la nature, y compris pour ceux qui sont passionnés par l’histoire et la culture. Il existe de nombreuses façons d’apprendre à connaître les environs d’une grande beauté et pleins d’histoire. Nous organisons des randonnées thématiques, guidées, des tours en montagne, mais aussi des tours botaniques, des séances photo, l’observation de la faune, de la vie des animaux de la bergerie, des circuits avec des vélos électriques dans le Parc national de Piatra Craiului et dans les villages voisins : Peştera, Măgura, Fundata, Fundățica. Nous proposons également des promenades au pas des chevaux de notre centre. »



    Le village de Şirnea est également célèbre pour son titre de « premier village touristique de Roumanie », note Eugen Totîlcă, guide touristique et coordinateur du Centre d’activités touristiques deŞirnea Experience.



    « La tradition du tourisme à Şirnea est étroitement liée à l’initiative de feu le professeur Nicolae Frunteş, qui a vu depuis 1960 l’opportunité de transformer le village en une attraction touristique. Grâce au projet officiel de l’époque, il a réussi à lui décerner le titre de premier village touristique de Roumanie. Ainsi, nous avons une tradition qui nous honore et nous oblige pour l’avenir du tourisme à Şirnea. Nous avons un calendrier d’activités touristiques et nous nous adaptons constamment aux activités spécifiques des habitants de la région. En été, nous allons avec les touristes faucher dans la prairie, en hiver, nous restons près des maisons, des bergeries ou des fermes. Nous proposons Şirnea comme une combinaison de tradition et de tourisme d’aventure, offrant une expérience complète de ce que nous considérons comme un coin de paradis. »



    Mais avec quelles impressions les touristes partent-ils ? Eugen Totîlcă.



    « Le premier impact, c’est la zone. Tout autour, vous pouvez voir les montagnes, le versant est de Piatra Craiului, alors que sur la droite, vous pouvez voir les Monts Bucegi. La nature est fascinante, mais ce sont surtout les gens qui impressionnent. Nous avons encore quelques anciens artisans dans l’art de la sculpture ou de la pelleterie. Il y a des initiatives pour préserver et poursuivre ces métiers. Nous avons des projets où nous essayons de faire perdurer ces métiers. Dans notre centre, nous avons également un magasin de produits artisanaux, travaillés par des gens de la région. »



    Chers amis, je confirme que Şirnea est un endroit merveilleux. Les paysages sont superbes, on ne s’en lasse pas ; nous y sommes allés deux fois l’année dernière. Les animaux évoluent en liberté sur ces collines herbeuses et fleuries en été. Vous avez une multitude de sentiers de randonnée, qui entrent dans le Parc national de Piatra Craiului, même à travers de belles forêts. Les panoramas sont magnifiques, et vous serez impressionnés par le silence. Je recommande vivement à tous de prendre quelques jours de vacances à Şirnea !


    (Trad.: Ligia)

  • Jacques Augustin (France) – Les loups en Roumanie

    Jacques Augustin (France) – Les loups en Roumanie

    Par le passé, le loup a été le mammifère le plus répandu sur la planète. Il faut savoir quil a un rôle clé, un rôle sanitaire, celui de régler lécosystème. Cependant, ces deux derniers siècles, les loups ont été exterminés dans la plupart des pays dEurope, pour les dégâts causés notamment aux troupeaux de moutons. Vers le milieu du siècle dernier, leur nombre est le moindre jamais enregistré.



    En Roumanie, la population de loups na jamais disparu. Depuis la nuit des temps, le loup a été considéré un symbole de lintelligence et de la résistance. Il figurait dailleurs sur le drapeau dace. Beaucoup de traditions et coutumes roumaines ont trait à la cohabitation avec cet animal. Les Carpates roumaines recèlent la deuxième plus grande population de loups dEurope, après la Russie.



    Le loup est un animal de taille moyenne, avec une longueur allant jusquà 160 cm et son poids peut aller jusquà 70 kilos pour les mâles adultes. Les femelles adultes ont une longueur allant jusquà 150 cm et pèsent de 18 à 55 kilos. Cest un carnivore qui vit en paires et en meutes. Cette unité fondamentale est composée dune paire capable de se reproduire et de sa progéniture. Le loup a une seule partenaire toute sa vie et le mâle se charge de chasser. Une femelle met bas entre 7 et jusquà 13 louveteaux. Le loup a un odorat, une vue et une ouïe très développés. Il peut détecter lodeur de la proie jusquà 2,4 km, si les conditions sont favorables. Les performances physiques des loups sont impressionnantes. Ils peuvent parcourir même une centaine de km en une nuit pour trouver une proie, et jusquà 200 km par jour. Le loup peut courir à plus de 60 km/h. Lespérance de vie de cet animal est de 15 ans.



    En Roumanie, les chiffres officiels font état dune population stable, comptant entre 2 500 et 2 900 exemplaires à retrouver dans les zones de hautes collines et les montagnes de basse altitude. La densité moyenne du carnivore sur le territoire national est de 1,95 loup par 100 km². Même ainsi, la population de loups est menacée, car son habitat est envahi. Les défrichements et les travaux dinfrastructure morcellent les forêts, et il faut aussi compter le braconnage, mais aussi la présence de chiens errants qui font concurrence aux loups pour la même nourriture. En Roumanie, comme dans toute lUE, le loup est protégé par la Directive Habitats, donc il ne peut pas être chassé. Ce nest que si certains exemplaires ont attaqué ou sils représentent un danger imminent pour les animaux de ferme que les loups peuvent être abattus, sur dérogation délivrée par le ministère de lEnvironnement.



    En fait, le loup est un animal timide, et les attaques sur les gens sont extrêmement rares. Les conflits se font jour suite aux attaques sur les animaux des bergeries, notamment sur les moutons. Elles peuvent être réduites par ladoption de mesures efficaces – telles des clôtures électriques ou par des chiens de races homologuées, spécialisés pour le gardiennage du cheptel. Différentes études indiquent que les loups ne prélèvent quun faible pourcentage des troupeaux dovins, se nourrissant plutôt de cervidés et de sangliers.



    Si le loup est en surpopulation ? Cela dépend à qui vous posez la question. Les chasseurs et les éleveurs vous répondront par l’affirmative. Il existe des associations qui militent pour accroître le niveau de prise de conscience de la population sur la nécessité de conserver le loup dans son environnement naturel. Et aussi pour promouvoir une meilleure coexistence homme-loup. Et il existe aussi un projet pour les grands carnivores des Carpates qui a ouvert une première pension à Zărneşti en 1998, et qui accueille des touristes désireux dobserver les loups. Dautres ont été ouvertes depuis. Le loup permet donc aussi de gagner de largent, entre autres.

  • A la Une de la presse roumaine – 15.11.2017

    A la Une de la presse roumaine – 15.11.2017

    La Roumanie serait un « tigre » de l’Europe en 2017, mais pour l’année prochaine rien n’est garanti. Entre temps, les autorités roumaines ont déclaré indésirable un citoyen serbe, qui aurait espionné plusieurs bases militaires de Roumanie, notamment américaines. Enfin, pour le bouclier antimissile américain de Deveselu, le pire ennemi est un troupeau de moutons.


  • Le marché agroalimentaire roumain

    Le marché agroalimentaire roumain

    2016 compte pour une des meilleures années agricoles en Roumanie. Malgré cela, le pays a atteint un record historique pour les importations de produits agroalimentaires, soit 6 milliards d’euros. En plus, son déficit commercial a dépassé les 500 millions d’euros, un niveau six fois supérieur à celui enregistré en 2015, lorsqu’il se chiffrait à 89 millions d’euros, révèle l’Institut national de la statistique. Quant aux exportations de tels produits, elles ont totalisé 5,95 milliards d’euros, soit une progression de 3,8% par rapport à 2015. L’année dernière, l’UE a été le principal partenaire de la Roumanie en matière de commerce aux produits agroalimentaires. C’est le blé qui a occupé la première place sur la liste des produits exportés. 7 millions de tonnes ont été exportées, soit deux de plus qu’en 2015, contre 1,14 milliards d’euros. Ce blé, provenant en grande partie de Hongrie et de Bulgarie, avait été réexporté. Toujours en 2016, la Roumanie a importé 63.500 tonnes de fromages et 190.700 tonnes de lait et de crème aigre, une quantité supérieure de 26% par rapport à celle de 2015.

    Stefan Pădure, président de l’Association pour la promotion des produits agroalimentaires roumains, explique pourquoi ces importations ont augmenté : « Après la diminution de la TVA sur les denrées alimentaires, cette taxe s’applique au consommateur final, et ce dans les conditions où la Roumanie ne crée pas trop de valeur ajoutée ou n’exporte pas en priorité des produits à valeur ajoutée. Par conséquent, le consommateur a eu la possibilité de choisir, il a bénéficié d’une réduction des prix pour toutes ces catégories de produits, quelle qu’en ait été l’origine: marché communautaire ou pays tiers. Pratiquement, celui qui promouvait le produit formait aussi l’habitude de consommation. Autrement dit, si les chaînes de supermarchés apportaient des produits importés de l’espace communautaire, le consommateur n’avait pas vraiment la chance d’opter pour des produits autochtones. C’est là une conséquence du marché libre, ce qui explique aussi le poids des importations de produits dérivés. Nous avons exporté surtout du blé et du maïs, au détriment des produits dérivés. Prenons l’exemple de l’élevage d’animaux, cette première étape, suivie par celle de la transformation de la viande. Là non plus, les choses ne sont pas très bien mises au point en Roumanie. Nous importons y compris les cochonnets, parce que nous manquons et de stratégie et d’objectifs clairs. D’où l’impossibilité de nous concentrer sur certains segments par le biais des instruments financiers, tels que les fonds structurels et de cohésion. Nous avons visé non pas à atteindre des objectifs, mais à absorber cet argent ».

    La viande de porc arrive en tête des importations de produits agroalimentaires en 2016: 200 mille tonnes, d’un montant total de 350 millions d’euros. Depuis un certain temps, l’élevage porcin est confronté à de nombreuses difficultés et sous-financé.

    Beaucoup d’éleveurs de cochons se sont réorientés vers les fermes d’engraissement, moins coûteuses par rapport aux fermes de reproduction, très peu nombreuses en Roumanie. Les effectifs porcins se chiffrent en Roumanie à environ 4,2 millions de têtes. De ce point de vue, le pays se classe 9e dans l’Union européenne, après l’Allemagne, l’Espagne, la France, le Danemark, les Pays-Bas, la Pologne, l’Italie et la Belgique.

    Ioan Ladoşi, président de l’Association des producteurs de viande porcine de Roumanie, s’exprime au sujet de la situation dans ce domaine: « Le secteur de la viande porcine a connu une période difficile à l’exportation. Depuis plus de 10 ans, la Roumanie n’a pas pu exporter de viande de porc à cause des problèmes de peste porcine. Une pause longue, donc, pendant laquelle des marchés et des contacts ont été perdus, et il n’est pas facile de revenir sur un marché de plus en plus compétitif comme celui de la viande de porc – et mondialisé surtout. Les contacts perdus doivent être renoués. Entre temps, le marché a changé, il y a d’autres joueurs, d’autres acheteurs. Nous avons un début timide, mais il faut avoir aussi une structure et une puissance économique très sérieuse pour compter sur l’exportation de viande de porc, et pour compter comme exportateur d’une telle denrée. Cela fait au moins 8 ans que j’ai porté à la connaissance des autorités que nous aurions besoin du double de truies par rapport au nombre existant. Et ce pour couvrir le nécessaire en porcelets… Ce n’est pas facile de faire une ferme de reproduction, les coûts sont dix fois plus importants. Les statistiques européennes indiquent que les petites fermes meurent dans toute l’Europe. On assiste à un processus de consolidation particulièrement ample au niveau du continent. Il ne faut pas s’étonner que l’Espagne soit devenue un des moteurs principaux de la production de viande porcine en Roumanie, parce qu’ils ont eu une stratégie et n’ont pas accordé d’aides aux fermes de moins de 2500 truies. Plus on baisse, plus la vente est difficile et les coûts – plus grands. »


    Récemment, les autorités roumaines ont approuvé le Programme « Viande de porc des fermes roumaines » pour dépasser les difficultés de cette branche. Le projet sera mis en place entre 2017 et 2020, et l’enveloppe des aides d’Etat est pour cette année de 86 millions d’euros. Fin mai, la Roumanie a été admise sur la liste officielle des Etats sans peste porcine, et des pays tels le Japon, les Etats Unis, le Canada ou le Mexique ont déjà manifesté leur intention d’entamer des négociations pour la vente de viande de porc.

    A cause des intermédiaires, les éleveurs ovins de Roumanie ont aussi des problèmes pour vendre leurs animaux vers les pays arabes. Entre le fermier roumain et le consommateur final il peut y avoir même trois intermédiaires. Dans ce cas aussi, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a promis d’intervenir pour éliminer les intermédiaires dans l’exportation de moutons vers les pays du Golfe. Il se donne pour tâche de convaincre les importateurs à venir chercher directement les moutons en Roumanie, soit en investissant ici dans des fermes de quarantaine et dans des abattoirs, soit dans leur pays d’origine. Les pouvoirs publics promettent aussi du soutien financier pour la vente de la laine. Après la disparition des fabriques d’étoffes en laine et des fabriques de tapis, la laine n’est plus recherchée en Roumanie. Les éleveurs ovins et caprins se sont plaints à maintes reprises d’être contraints, ces dernières années, à brûler ou à enterrer la laine de leurs animaux parce qu’il n’y a pas d’acquéreurs. Le ministère de l’Agriculture promet aux éleveurs 1 leu pour chaque kilo de laine vendu, mais pas plus de 15000 euros en 3 ans. (Trad. Ligia Mihaiescu, Mariana Tudose)

  • L’élevage ovin en Roumanie

    L’élevage ovin en Roumanie

    Avec un cheptel ovin de 9,5 millions de têtes, la Roumanie se classe troisième parmi les pays de l’UE pour ce qui est de l’élevage de moutons, après le Royaume-Uni, avant le Brexit, et l’Espagne, révèlent les chiffres rendus publics par Eurostat. En plus, comme les Roumains ne mangent de la viande d’agneau qu’à Pâques, on exporte près 4,5 millions d’ovins par an. Par ailleurs, environ 8000 agneaux sont exportés chaque année en Espagne et en Italie.

    Les éleveurs de moutons de la commune de Vurpar, dans le comté de Sibiu, qui font partie de l’Association EcoMioriţa, se sont spécialisés depuis quelques années dans l’élevage écologique.

    Florin Dragomir, président de l’Association EcoMioriţa, explique en quoi consiste l’élevage ovin écologique : «Nous avons voulu obtenir des produits sains, bio. Notre association réunit 40 éleveurs, avec un cheptel ovin de 14 000 têtes. Tant les animaux que les prairies sont certifiés bio. Nous nourrissons nos moutons sur des prés où l’on n’utilise plus ni engrais chimiques ni pesticides. On préserve la fertilité du sol en changeant l’emplacement des enclos tous les trois jours. Cette mesure permet également d’éviter une trop grande accumulation d’azote dans le sol. Pour nourrir nos moutons, nous cultivons en système bio du maïs, du blé et de la luzerne. Le sol est engraissé avec des fumiers animaux. Nous pratiquons le fauchage manuel ou mécanique et le foin qui en résulte est naturel à 100%. Enfin, nous veillons à ce qu’il n’y ait pas plus de 13 moutons qui paissent en même temps sur un hectare de prairie.»

    Bien sûr que la quantité de produits bio est inférieure à celle obtenue normalement, puisque l’on n’a pas recours aux substances chimiques censées accroître la production. Ainsi, une brebis donne-t-elle 70 litres de lait par ans. En 2016, la production totale a été de 500 mille litres. Florin Dragomir, président de l’Association EcoMioriţa, espère ouvrir une laiterie pour pouvoir transformer tout ce lait bio. Malheureusement, la plupart des Roumains ne sont pas attirés par les produits écologiques et puis le prix de ces derniers n’est pas correct, sachant que l’élevage bio nécessite des coûts plus élevés que celui habituel.

    Florin Dragomir: « Les Roumains ne savent pas distinguer un produit bio d’un autre, habituel. Dès que le prix est élevé, le produit ne se vend pas. On ne nous a jamais demandé des agneaux bio. Personne n’est venu les acheter tous et nous offrir un meilleur prix justement parce qu’ils sont écologiques. Nous en avons vendu occasionnellement à des connaisseurs. Depuis quelques années, la majeure partie des agneaux, nous la vendons à des Italiens, qui connaissent la qualité de la marchandise. »

    Cela fait plusieurs années que Daniela Demian et son mari, qui habitent dans la contrée de Bihor, s’occupent de l’élevage ovin. Au début, l’affaire a bien marché, mais, il y a quelques années, des problèmes sont apparus, comme dans la plupart des fermes de Roumanie.

    Daniela Demian : Nous avons aussi acheté des terrains agricoles et des prairies, pour nourrir nos moutons. A présent, nous avons une ferme plus grande, installée dans une ancienne coopérative agricole communiste. A un moment donné, notre cheptel s’élevait à 1500 têtes. Il ne nous en reste que 600 et nous envisageons d’abandonner cette activité. Cela fait trois ou quatre ans que nous n’arrivons plus à couvrir les dépenses de la ferme. Les petits fermiers se heurtent aux mêmes difficultés. Une d’entre elles découle de l’embargo sur les produits alimentaires destinés à la Russie. C’est ainsi que tout a commencé. En plus, le marché interne est envahi par des produits bon marché, très demandés par les consommateurs. Nos ventes ont fortement chuté. La demande de viande d’agneau, y compris sur le marché intérieur, est très faible, ce qui n’est guère encourageant. Cela s’explique avant tout par la législation, qui impose certaines conditions à l’abattage de l’agneau. Même cas de figure pour la législation qui régit la vente de produits fromagers. En clair, l’éleveur doit se munir de toute sorte d’autorisations et les coûts sont de plus en plus élevés, alors le fermier constate que son activité n’est plus rentable. En plus, le prix des moutons a beaucoup baissé. Il y a quelques années, on payait l’équivalent de 100 euros pour un mouton, tandis qu’aujourd’hui on en paie 25 euros. Il y a peu de chances de réussite, en l’absence de lois qui protègent le marché roumain et le producteur local. Toutes nos fabriques de produits laitiers ont été rachetées par des compagnies multinationales. »

    Daniela Demian a exporté en Belgique des agneaux de race Turkana, une race rustique pour laquelle elle a obtenu un bon prix. A présent, elle exporte aussi en Bosnie, Croatie, Grèce et dans les pays arabes, et attend la reprise des exportations vers Israël.

    Côté prix, cette année, un agneau vivant se vend à environ 2 euros le kilo, alors que pour un agneau sacrifié il faudra payer environ 4 euros pour un kilo de viande. Enfin, précisons que dans plusieurs régions de la Roumanie, les éleveurs de moutons vendent des agneaux obtenus du croisement de races locales avec des races françaises ou allemandes. Leur viande, plus tendre et moins grasse, a une saveur particulière. (Trad. Mariana Tudose)

  • L’élevage de moutons, une affaire de famille

    L’élevage de moutons, une affaire de famille

    Trois frères de la localité de Rotbav, comté de Brasov, dans le centre de la Roumanie, fils de deux grandes familles de bergers de la contrée de Bârsa, ont mis sur pieds une belle affaire familiale dans le secteur de l’élevage. Après avoir grandi à la ferme familiale, avec des vacances scolaires passées constamment à la bergerie, à la fin des études universitaires, ils ont décidé de continuer la tradition et d’élever des moutons.

    Dans la fratrie Cățean, Silviu est médecin vétérinaire, George est économiste et s’occupe de la promotion et de la commercialisation des produits de leur ferme, alors que Ionuț est responsable des chevaux de la famille. Ils sont déjà très connus dans la région puisqu’ils emploient plusieurs dizaines de leurs concitadins, étant ainsi un exemple de bonnes pratiques pour les investisseurs dans l’agriculture roumaine, affirme George Cățean, l’économiste de la ferme.

    George Cățean : « Ce fut une continuation du travail des générations antérieures. A la fin de nos études, nous avons commencé à mettre davantage l’accent sur les activités que déroulait notre famille. Ce fut le début de notre affaire. Nous avons grandi dans cet environnement et nous avons voulu mettre à profit tout ce que nous avons appris. En 1998, lorsque notre grand-père maternel est décédé, notre grand-mère nous a donné 30 moutons, une vache et un cheval. Au début, nos parents nous ont conseillé de vendre les animaux, car on n’avait pas le temps de nous en occuper. Nous avons refusé et voilà que, 20 ans plus tard, le nombre d’animaux a bien augmenté. A l’heure actuelle, notre ferme compte une centaine de vaches laitières, plus les veaux et les bovins à viande, et aussi plus de 2500 têtes d’ovins. »

    Les trois frères ont également continué la fabrication de produits du terroir selon des méthodes traditionnelles. Ils élèvent uniquement des races indigènes de moutons, telles la ţurcana et la ţigaie, et de vaches telle la balţata roumaine. Les frères Cățean fabriquent pas moins de neuf variétés de fromages traditionnels roumains, frais ou maturés, salés et moins salés. La viande de mouton est utilisée pour fabriquer du pastrami et des saucisses fumées. Si l’année est bonne, la production peut arriver à 12 kilos de fromages par tête de mouton et à 25 litres de lait cru par vache.

    George Cățean: « C’est une ferme intégrée, où tant la production végétale que celle animale se retrouvent dans un produit fini. Cela veut dire que les animaux se nourrissent sur les terrains que nous détenons et que nous exploitons dans le cadre de contrats de métayage. La production de lait et de viande est ensuite transformée en produits à grande valeur ajoutée. Nous obtenons des fromages traditionnels attestés par les autorités roumaines, tandis que, pour la viande, cela fait une vingtaine d’années que nous avons une boucherie, qui nous permet de commercialiser toute notre production. »

    Leurs produits, très appréciés sur le plan local, sont déjà présents dans les réseaux de grande distribution et aux menus de plusieurs restaurants à cuisine traditionnelle roumaine. La ferme a déjà démarré les procédures administratives afin d’obtenir des certifications européennes pour le fromage de burduf de la contrée de Bârsa, une spécialité attestée dans des documents datant de 1412 et fabriqué avec du lait de brebis élevés en haute montagne.

    Pour cette ferme, les prix obtenus aux foires et aux compétitions internationales sont également importants, affirme George Cățean : « Nous essayons de promouvoir notre identité. Chaque année nous déroulons de nombreuses activités et nous participons à toute sorte de compétitions. Cette activité, nous l’avons commencée en 2012, avec la participation à un événement consacré au mouvement « slow food », déroulé en Bulgarie, où nous avons reçu une mention comme « meilleur fromage des Balkans ». En 2013, nous avons déroulé des collaborations avec des partenaires de Pologne, alors que deux années plus tard, en 2015, nous avons obtenu une étoile pour notre fromage de burduf de la part de l’Institut International du goût et de la qualité de Bruxelles, une sorte d’étoile Michelin pour les produits agro-alimentaires. Pour 2017, nous envisageons de participer à deux importantes compétitions culinaires, Great Taste Award, la plus importante compétition du genre du Royaume Uni, et International Cheese Awards, une compétition de fromages tenue au même pays. 90% de notre production est commercialisée sur le marché roumain. Malheureusement, chez nous, de telles compétitions n’existent pas et c’est ce qui nous oblige à participer à des évènements à l’étranger. Depuis 2013, nous collaborons avec un important réseau d’hypermarchés de Roumanie. Au début, nous avons commencé localement, à Brasov, mais peu à peu nous avons élargi l’aire de distribution et désormais nos produits se trouvent sur les étals de six hypermarchés du pays. Nos produits sont commercialisés dans des espaces séparés, consacrés aux produits du terroir, où la vente assistée est assurée par notre personnel. Ces produits sont très appréciés par les consommateurs. »

    Vu qu’ils n’ont pas hérité de vastes superficies de terrain agricole, les jeunes propriétaires de la Ferme Cățean sont constamment à la recherche de terrains agricoles à vendre ou à louer. Et les investissements ne s’arrêteront jamais, tout le profit sera réinvesti, pour que cette affaire puisse se développer, affirme George Cățean.

    George Cățean : « Notre priorité c’est d’acheter des terrains agricoles, mais nous envisageons aussi des projets internationaux, notamment avec des partenaires polonais ; nous allons lancer un nouveau produit et fonder un centre de promotion de la culture pastorale. Le grand public aura l’occasion de découvrir comment on fabrique le fromage, de contacter directement les producteurs, de voir comment la laine est exploitée et transformée. Nous souhaitons organiser des ateliers pour la promotion de cette activité. »

    En 2013, les trois frères ont également récréée la transhumance que leurs ancêtres pratiquaient, il y a plusieurs siècles. Ils ont conduit 300 moutons le long de la route que les bergers d’antan empruntaient pour traverser l’Arc des Carpates, jusqu’en Pologne, prouvant ainsi l’origine commune des bergers des Carpates. A l’heure actuelle, les frères Cățean travaillent sur un autre projet similaire. (Trad. Alex Diaconescu)