Tag: Moyen Age

  • La présence du chameau dans l’espace roumain

    La présence du chameau dans l’espace roumain

    L’archéozoologie – pour étudier les relations entre hommes et animaux au fil de l’histoire

     

    L’histoire de l’humanité, des communautés et des individus peut aussi être connue à travers l’étude des animaux domestiqués et utilisés par les humains et les sociétés. Les archéologues qui exhument aujourd’hui les objets les plus surprenants, ramènent aussi à la surface les restes d’animaux domestiques. L’archéozoologie constitue ainsi la discipline qui étudie les relations de l’homme et le monde animal, à savoir la domestication, l’alimentation humaine, l’économie animale, les rites funéraires. L’archéozoologie diffère par ailleurs de la paléontologie, qui elle étudie l’évolution des animaux et des humains sans se soucier de leurs liens éventuels, mais aussi de la paléozoologie, discipline qui étudie les animaux disparus. Grâce à l’archéozoologie, nous apprenons que le chameau, mammifère typique des zones tropicales et désertiques d’Afrique, d’Asie et d’Australie, a également eu toute sa place dans l’histoire de l’espace roumain.

     

    Trois types de chameau dans l’espace roumain

     

    Grand mammifère herbivore ruminant, le chameau est présent dans l’espace roumain à travers ses trois variantes : le dromadaire ou le chameau à une bosse, le chameau de Bactriane ou chameau à deux bosses, et les espèces hybrides, munies d’une grande et une petite bosse. Appelé « le navire du désert », le chameau a depuis toujours était utilisé pour le transport de lourdes charges sur de longues distances, ses besoins en eau et en nourriture étant minimes. Domestiqué il y a environ 5000 ans, le chameau est élevé également pour sa viande, pour son lait et pour sa laine.

     

    Le plus vieux squelette de chameau en terre roumaine

     

    Adrian Bălășescu, docteur en biologie et zooarchéologue à l’Institut d’archéologie « Vasile Pârvan » de l’Académie roumaine, a étudié les squelettes de chameaux trouvés sur les sites archéologiques de Roumanie et dressé une chronologie des découvertes. Le plus vieil exemplaire découvert à ce jour, découvert dans la région de Dobroudja, près de la forteresse d’Ibida, aurait vécu entre le 2e et le 4e siècle de notre ère.

     

    Adrian Bălășescu : « Il y a 60 ans, les premiers morceaux de squelettes de chameaux ont été découverts à Dinogeti, à Garvăn, dans le département de Tulcea, lors des fouilles archéologiques systématiques portant sur la période byzantine. Une phalange 1 de chameau à deux bosses avait alors été découverte. Après plus de 40 ans, en 2007, on fait mention d’un autre vestige découvert à Noviodunum, aujourd’hui la ville d’Isaccea, situé sur le bord du Danube, près de la frontière avec l’Ukraine. Ces derniers vestiges datent du 11e siècle. »

     

     Les chameaux d’Agighiol, dans la région de Dobroudja, font partie d’un important matériel faunique découvert en 2007. Il s’agit de six chameaux adultes identifiés par leurs mâchoires, dont les os ne présentent aucune trace d’intervention humaine ni aucune trace de dents de carnivore.

     

    Des chameaux enterrés rapidement. Mais pourquoi ?

     

    C’est une indication qu’ils ont été enterrés rapidement, un fait expliqué par Adrian Bălășescu : « On va sans doute se demander comment les os de ces animaux ont fini enfouis sous la terre ? Nous n’avons pas beaucoup d’informations sur la manière dont les fouilles ont été menées et il est difficile d’y répondre. J’ai une théorie selon laquelle l’absence de marques d’entaille, de désarticulation et d’éventration pourrait indiquer une mort dans un court laps de temps de ces animaux peut-être à cause de certaines maladies. Puis on les enterre, pour éviter la propagation de la maladie. À l’appui de cette théorie, des études récentes de paléogénétique et de microbiologie accréditent l’idée selon laquelle ces animaux, à savoir les chameaux, sont des vecteurs de propagation de la peste. Or, les grandes épidémies sont venues d’Asie et, outre les souris et les rats, porteurs de l’agent pathogène des puces, les chameaux semblent avoir aussi joué un rôle très important comme vecteur de transmission. D’ailleurs, la bactérie responsable de la peste a été identifiée dans le tartre dentaire des restes de chameaux étudiés. »

     

     En Europe centrale et Orientale, le chameau est présent depuis l’époque romaine

     

    D’autres restes de chameaux ont été trouvés sur le territoire roumain à Timișoara, forteresse conquise par les Turcs en 1552 et contrôlée par eux jusqu’en 1716. Nous avons identifié ces deux mandibules de chameau trouvées dans des fouilles diligentées dans le centre de la ville. Mais les chameaux existaient en Europe centrale et orientale bien avant l’arrivée des Ottomans.

     

     

    Adrian Balășescu : « En Europe centrale et Orientale, le chameau est présent depuis l’époque romaine. Sa présence pourrait être principalement le résultat de l’expansion de l’Empire romain et du déploiement d’unités militaires provenant de provinces du Proche-Orient ou d’Afrique, où l’espèce était fréquemment rencontrée. Ainsi, des preuves ostéologiques ont été trouvées en Allemagne, en Suisse, en Autriche, en Hongrie, en Serbie et en Bulgarie. Au début du Moyen Âge, et nous avons les découvertes de Dinogetea et de Noviodunum, l’on retrouve la présence du chameau entre le 9e et le 12e siècle, lorsque ces animaux sont présents dans la région en raison de l’influence romano-byzantine. »

     

     Moyen Age : le chameau arrive en Europe grâce aux Ottomans

     

    La présence ottomane en Europe centrale depuis la seconde moitié du 16e siècle explique la présence des restes de chameaux datant de cette époque.

     

    Adrian Balășescu : « Avec la pénétration des Turcs en Europe, on assiste à nouveau au retour de cette espèce relativement bien documentée en Hongrie, entre le 15e et le 17e siècle. La présence de ces animaux sur le territoire de la Roumanie est principalement due au fait qu’ils étaient utilisés comme animaux de transport à des fins militaires et civiles. Probablement, en cas de pénurie alimentaire, ils étaient également utilisés dans l’alimentation. Au cours du 16e et du 17e siècles, il existait des auberges dans la région du Banat occupée par les Turcs où l’on servait de la viande de chameau. Mais la présence de ces animaux en Roumanie est attestée jusqu’au XXe siècle. Il existe des archives photographiques d’un régiment d’artillerie de la Première Guerre mondiale basé en Dobroudja où l’on voit que les canons étaient tirés par des chameaux. »

     

     

    Animal typique des régions chaudes, le chameau a une histoire transcontinentale ancienne. Et l’espace roumain fait partie de l’histoire universelle de cette fameuse espèce. (trad. Ionut Jugureanu)

  • Bienvenue au Moyen Age, de Michel Zink

    Bienvenue au Moyen Age, de Michel Zink

    Spécialiste du Moyen-Age et professeur au Collège de France, Michel Zink
    nous propose dans « Bienvenue au Moyen Age » une transcription de ses
    40 chroniques diffusées sur France Inter durant l’été 2014. Sorti en 2015 chez
    les Editions des Equateurs, l’ouvrage fait défiler sous les yeux du lecteur
    poètes, troubadours, chroniqueurs, chansons de gestes, romans, bref milles
    facettes d’un monde qui nourrit toujours l’imaginaire. C’est ce qui a poussé
    Elena Gheorghica de la librairie Kyralina de faire de ce livre son coup de cœur
    de la semaine.

  • « Venez découvrir Hunedoara! Des millions d’années d’histoire et de légendes »

    .Le château des Corvins constitue un important monument d’art médiéval gothique du sud-est de l’Europe. A propos du lac Bucura on dit que c’est le lac glaciaire le plus important de Roumanie. Situé à l’altitude de plus de 2 000 mètres, il est caché entre les crêtes du massif de Retezat, dans le Parc national de Retezat, une contrée des lacs glaciaires. Ce ne sont que deux des objectifs touristiques à ne pas rater si jamais vous arrivez dans l’ouest du pays, dans le département de Hunedoara. Nous avons invité notre guide d’aujourd’hui Radu Barb, chef de la direction d’administration des monuments et de promotion touristique, d’où devrait commencer notre voyage : « Vous pouvez commencer la visite du comté depuis n’importe quelle région, mais puisque nous venons de commencer la saison hivernale, nous avons aussi des stations touristiques très importantes, telles Straja où l’on peut skier sur des pistes extraordinaires. Les services sont également exquis. Le touriste y retrouve tout ce qu’il pourrait souhaiter à Straja. Je recommande ensuite le site historique de Sarmisegetusa Regia, où l’on peut passer plusieurs bonnes heures en compagnie de guides touristiques sur des itinéraires très intéressants. C’est le point touristique le plus important de Roumanie, le berceau du peuple roumain. Il est situé à proximité de la citadelle de Costesti. On peut se rendre ensuite à Orastie et à Hunedoara pour visiter le fameux Château des Corvins. »

    Radu Barb nous recommande aussi de faire une halte au Musée de l’Or de Brad. Fondé en 1896, il a réuni à travers le temps la collection de pièces d’or natif – soit d’or brut – la plus grande d’Europe. La collection comporte plus de 1 300 morceaux d’or retrouvés dans les mines roumaines et du monde, dont les plus importantes sont les morceaux en or natif originaires des Monts Métallifères. Radu Barb : « C’est un musée unique en Europe. Il contient une exposition à part. Le musée est ouvert à tous les visiteurs et se trouve au beau milieu de la ville de Brad. Il compte parmi les musées de ce genre les plus importants d’Europe avec sa collection impressionnante d’objets en or, échantillons de minerais et autres outils que les mineurs utilisaient à travers le temps. Ses collections illustrent les richesses du département et de la Roumanie et peuvent être découvertes en deux heures de visite environ. Après le musée de l’or, vous pouvez vous rendre vers d’autres points d’intérêt de la région, tels Tebea. Ce qui plus est à Vata de Jos nous venons d’inaugurer un musée appelé « La dot des Monts Apuseni ». Il s’agit d’une exposition ethnographique, les visiteurs peuvant visiter une maison traditionnelle du pays de Zarand. Nous avons aussi des vêtements traditionnels authentiques des monts Apuseni, des objets domestiques et tous cela est à retrouver près de Brad. Lorsque nous visitons le département de Hunedoara, ils est important de mettre au point un itinéraire, conforme aux préférences du vacancier ».

    Erigé au 14e siècle, le Château de Huniades de Hunedoara est un des châteaux médiévaux les plus beaux et les mieux conservés de Roumanie. Il comporte 42 pièces, deux terrasses et deux combles. L’accès à l’intérieur se fait via un pont en bois reposant sur quatre piliers massifs en pierre. Radu Barb, le chef de la Direction d’administration des monuments et de promotion touristiques explique : « Avant d’accéder au château il faut absolument visiter son musée. Il y a toute une série de points intéressants qu’il serait dommage de rater en l’absence d’une information préalable. Il réunit quatre musées de petites dimensions du côté droit du château qui contiennent tous des objets très intéressants. Il est un des châteaux les plus imposants de Roumanie, très bien entretenu et géré. Le personnage central de toute visite est le voïévode Iancu de Hunedoara. Une visite guidée peut durer jusqu’à quatre heures. »

    Hunedoara garde aussi des traditions anciennes. Dans n’importe quel coin du département vous pouvez rencontrer des artisans, mais aussi gouter aux spécialités de la cuisine locales, préparées selon des recettes anciennes. Radu Barb : « Nous avons aussi plusieurs maisons-musée. Par exemple la maison de Dragan Muntean, un artiste de musique traditionnelle très connu. C’est une contrée qui préserve les traditions anciennes. A remarquer aussi un festival appelé « Placinte Padurenesti »/« Friands de la forêt », qui réunit plusieurs milliers de visiteurs chaque année aux mois de juillet et d’août. Mais revenons à la Maison de Dragan Muntean où vous trouverez des vêtements traditionnels, des instruments de musique à vent, tels les flutes et d’autres objets anciens. Hormis la maison musée, il y a aussi une route en marbre dans un village avoisinant. Il s’appelle Alun et ses paysages sont fantastiques. C’est la destination parfaite pour les passionnés de randonnées. Sa gastronomie est tout aussi impressionnante. Mais pour avoir toutes ces informations, il suffit de télécharger l’application Discover Hunedoara, dans Google Play ou App Store. L’application vous montrera tous les objectifs touristiques de la zone. C’est donc un tour guidé virtuel, à la portée de tout un chacun ».

    A part les plats habituels à base de fromage ou de viande, à Hunedoara vous pouvez gouter aussi à des spécialités inédites, telles le salami au jambon, le fromage aux truffes, le fromage aux olives ou la zacusca aux fruits. Radu Barb ajoute : « Il existe une association des producteurs de produits écologiques du terroir. Dans le village de Hărțăgani, par exemple, vit une dame qui fait des tartes appelés « varzare » selon des recettes très anciennes. On en a fait la promotion sur la page appelée Enjoy Hunedoara et les tartes ont eu un énorme succès. On ne saurait oublier les fameuses saucisses de Brad, un produit spécifique de la zone, ni les « mici » de Hunedoara, (sorte de saucisses sans peau de viande hachée et grillée), ni les friands de forêt. Il y a plein de tels produits dans la zone. »

    Ceci dit, nous espérons bien avoir suscité votre curiosité de visiter un jour Hunedoara, une zone pour tous les goûts, à découvrir en toute saison.

  • Suceava

    Suceava

    Aujourd’hui,
    Radio Roumanie Internationale vous invite à découvrir une ville chargée
    d’histoire sise dans le nord-est de la Roumanie : Suceava. Les fouilles
    archéologiques qui y ont été effectuées ont prouvé l’existence d’habitations
    datant même du paléolithique. Mais ce n’est que durant le règne du prince
    Etienne le Grand (1457-1504), que la ville de Suceava atteint son apogée. Il
    ordonne des travaux de consolidation de la citadelle, de la Cour princière, fait
    bâtir de nouvelles constructions importantes dans la ville et contribue à son
    développement économique et culturel. C’est pourquoi aujourd’hui encore, un des
    sites touristiques les plus importants de Suceava, c’est la citadelle médiévale
    sise à l’extrémité est de la ville. Située à une altitude de 70 mètres par
    rapport à la vallée de la rivière Suceava, sur un endroit d’où celle-ci peut
    être pleinement admirée, la cité de Suceava faisait partie du système de
    fortifications construit en Moldavie à la fin du 14e siècle, lors de
    l’apparition du danger ottoman. Le système de fortifications moyenâgeuses
    incluait des cours princières, des monastères entourés de murailles hautes, ainsi
    que des citadelles d’une haute valeur stratégique, renforcées de remparts en
    pierre, de mottes et de douves.


    La
    citadelle de Suceava accueille ses visiteurs avec des soldats qui gardent les
    portes d’entrée comme à l’époque médiévale. Qui plus est, dans la cour
    intérieure, des films illustrant l’époque d’Etienne le Grand sont projetés
    durant les visites. Corina Rita Oarza, muséographe à la citadelle de Suceava,
    explique ce que les visiteurs de la cité peuvent découvrir : « Dans
    les pièces de la garde on peut admirer des armes médiévales – épées, arcs et flèches,
    hallebardes, sabres et masses d’armes portant les symboles du pouvoir princier.
    S’y ajoutent des armes assez inattendues, des étoiles aux quatre coins, très
    fines, que l’on jetait par terre devant les chevaux des envahisseurs. Des armes
    lourdes ne manquent pas non plus : canons et projectiles en métal et en
    pierre, catapultes et arbalètes. Dans plusieurs salles de la citadelle on peut
    admirer des vêtements et des uniformes d’époque. Les soldats portaient des
    casques sur la tête, des cottes de mailles sur leur corps, renforcées de
    cuirasses et de bouclier, des pantalons en tissu et des bottes en cuir à leurs
    pieds. En hiver, afin de ne pas glisser, les semelles de leurs chaussures
    étaient munies de griffes d’animaux. C’est également dans la citadelle que se
    trouvent les fameux canons que l’on peut entendre à travers la ville de
    Suceava, chaque jour à midi. Trois coups de canon sont tirés à la mémoire de
    voïvodes moldaves. Depuis les terrasses on peut observer un panorama superbe
    sur la ville de Suceava, avec d’autres sites importants, dont la majorité
    datent de l’époque médiévale. »



    Une autre expérience inédite à ne pas rater, c’est
    la possibilité d’endosser virtuellement des vêtements moyenâgeux. Deux chênes
    imposants dominent la cour intérieure et font penser à une époque révolue. La
    citadelle de Suceava propose des audioguides en roumain, anglais, allemand en
    hongrois.


    Et c’est également à Suceava que l’on peut
    visiter des églises datant des 16e et 17e siècles, telles
    l’Eglise de la Résurrection, bâtie en 1551 sur les ordres de l’épouse du prince
    régnant Petru Rareş, la princesse Elena, et l’Eglise des dauphins, érigée en
    1643, aux ordres du voïévode Vasile Lupu pour être utilisée en tant que chapelle
    de la Cour princière. Une halte au musée départemental de Suceava est aussi
    synonyme de l’incursion dans l’histoire héroïque des habitants de la ville
    depuis la nuit des temps et jusqu’à présent. La Salle du trône est un autre
    point important puisqu’elle reconstitue l’atmosphère de la cour d’Etienne le
    Grand avec ses meubles, ses costumes et autres objets d’époque. Enfin,
    n’oubliez pas non plus que cette région a aussi un riche patrimoine en termes
    de gastronomie et de vins, des arguments forts lorsqu’on choisit une
    destination de vacances. Bon voyage !



  • Le musée de la civilisation urbaine de Brasov

    Le musée de la civilisation urbaine de Brasov

    Eh bien, si en hiver les pistes de ski de Poiana Brasov sont bondées de monde, tout comme la rue piétonne du centre-ville à la belle saison, vous pouvez passer quelques heures à découvrir la Musée de la Civilisation urbaine de Brasov. Celui-ci fait partie du musée d’ethnographie de la ville, et dispose de deux locaux dans la ville et de deux autres ailleurs dans le même département : le musée d’ethnographique de Sacele et le musée d’ethnographie Gheorghe Cernea de Rupea.

    Le musée de la civilisation urbaine de Brasov est aménagé dans un important monument d’architecture civile, représentatif du style des espaces commerciaux publics et privés des villes transylvaines des 16e et 19e siècles, affirme Bogdana Belmus, la responsable des relations publiques de cette institution culturelle : « Nous vous invitons à découvrir un immeuble avec des fenêtres et des portes aux encadrements en pierre et aux voutes qui spécifiques de l’époque de la Renaissance. Ce bâtiment a été entièrement reconstruit en 1566, date découverte sur un encadrement en pierre lors de récentes recherches et restaurations. On peut parler d’un sous-sol unique, joliment aménagé qui dispose d’un mur d’origine, en pierre brute, avec une voute en brique. Cet espace a été utilisé en tant que cellier pour préserver les marchandises qui transitaient la région. D’ailleurs, nous avons essayé de recréer un tel espace, avec des marchandises, et d’expliquer aux visiteurs comment était l’atmosphère de l’époque. La ville de Brasov était un centre important, véritable porte d’accès entre l’est et l’ouest, entre l’Orient et l’Occident. »

    Le musée possède à l’étage un atelier de photographie qui constitue une véritable fresque de la société locale de la fin du 19e siècle. Ecoutons Bogdana Balmus : « Ici les touristes peuvent rencontrer deux photographes d’exception de la ville de Brasov : Leopold Adler et Carl Muschalek. « La pièce de résistance » de cet atelier photographique est un appareil photo du 19e siècle ayant appartenu à Carl Muschalek. Ce superbe appareil photo en bois utilisait des plaques en verre et les visiteurs qui franchissent notre seuil, ne ratent aucune occasion de se faire photographier auprès de cet appareil. Les deux grands photographes ont travaillé pendant des dizaines d’années dans l’atelier du centre de Brasov et immortalisé toute la diversité de la bourgade. On peut identifier des Saxons, des Roumains, des Magyars et des Juifs dans différentes hypostases de leurs vies. Une autre zone intéressante est celle qui inclut la chambre d’enfants, le salon du patricien, mais aussi la reconstitution de la Rue de la République comme elle est connue de nos jours. Il possède un élément important de l’époque : les tissus et les vêtements. Et là, je parle surtout des créations vestimentaires de l’époque. Nous avons reconstitué un magasin, des ateliers de broderie, une section de broderies anciennes, illustrant entre autres les instruments utilisés pour produire des tissus. »

    Le musée de la civilisation urbaine de Brasov est un espace qui demeure dynamique, malgré les temps difficiles auxquels nous sommes confrontés. Bogdana Balmus, responsable du Bureau des relations publiques explique : « A cause de la pandémie et de la situation sanitaire à laquelle nous nous confrontons, nous accordons une attention particulière aux mesures d’hygiène, assurant la distance physique lorsque les visiteurs traversent notre seuil. En février dernier, à l’occasion de la fête roumaine de l’amour, le Dragobete, nous avons organisé à l’intérieur de l’atelier de photographie, un évènement très important. Les gens des lieux sont venus chez nous, vêtus d’habits traditionnels spécifiques de la région pour participer à une séance de photographie dans ce studio aménagé comme au 19e siècle. D’ailleurs, ce ne fut pas l’unique événement organisé durant cette période. Nous avons offert aux artistes de Brasov un espace d’expositions nouveau, non conventionnel, adapté au contexte et aux restrictions imposées, essayant d’offrir une nouvelle voie de dialogue entre le monde de l’art et le public de Brasov. Ce qui plus est, nous avons organisé l’exposition « Le luxe nécessaire, bijoux et accessoires pour la jeune mariée. », une exposition à part, ouverte jusqu’au début d’avril ».

    Voilà donc, le nombre des destinations dans le département de Brasov ne cesse de se multiplier offrant des alternatives aux loisirs et destinations archiconnus. A bientôt ! (Trad. Alex Diaconescu)

  • Les plus beaux musées de Târgovişte

    Les plus beaux musées de Târgovişte


    Chers amis, aujourdhui nous vous invitons à découvrir la ville de Târgovişte via ses musées. Sise à 80 km de Bucarest, dans le sud du pays, cette ville a été trois siècles durant la capitale de la province roumaine de Valachie. Doù son riche patrimoine culturel et historique. Les ruines de la forteresse et de la Cour princière sont un important repère de la ville.



    En fait, elle réunit tout un Ensemble de musées de la Cour princière, dont nous parle Ovidiu Cârstina, son directeur : « Nous sommes très heureux de vous accueillir aujourdhui et de faire connaître au monde entier tout ce que Târgovişte peut offrir dun point de vue culturel et touristique. Lhéritage de cette ville est incontestable, il est lié à une histoire fabuleuse compte tenu ne serait-ce que du fait que 300 années durant, elle a été la capitale de la Valachie. Son patrimoine est riche non seulement par ses bâtiments historiques, mais aussi par lhistoire écrite, par les documents qui y ont été imprimés. Et pour cause, cest à Târgovişte que furent imprimés les premiers livres de lespace roumain et de lEurope du sud-est à compter de lannée 1508. Qui plus est, bien quelle cesse dêtre capitale en 1714, la ville continue sa tradition militaire, mise en valeur dans les deux conflagrations mondiales. Et il ne faut pas oublier non plus les livres imprimés à Târgovişte dans le domaine de la culture. »



    Nous avons demandé à Ovidiu Cârstina de nous présenter les musées qui forment lEnsemble de musées de la Cour princière de Târgovişte : « En ce moment, le Complexe muséal national de la Cour princière de Târgovişte réunit 15 musées et la Grotte de Ialomiţa du massif de Bucegi. Elle se trouve tout près de la ville et cest un monument de la nature très important. Voilà donc, les touristes peuvent découvrir la culture de la ville et aussi profiter de la nature et des montagnes avec tout ce que les monts de Bucegi offrent, dont le plateau de Padina-Peștera ou les fameuses formations rocheuses appelées le Sphynx ou Babele (les Vieilles femmes). De retour dans la ville, les visiteurs peuvent découvrir la Cour princière avec ses principaux monuments : la Tour de Chindia, la Grande église princière et les ruines des deux palais princiers. Cest un endroit très spécial, car on peut voir les différentes étapes de la construction de ces monuments et lempreinte laissée par chaque voïvode et par chaque siècle. Et je me dois de vous parler aussi de la richesse des musées de Târgovişte. Nous vous invitons au Musée de limprimerie et du livre roumain ancien qui recèle une impressionnante collection de livres. Puis, le Musée dhistoire vous montrera tout ce que cet espace a signifié depuis le Paléolithique jusquà la Grande Union (des Principautés roumaines) de 1918. Allez voir aussi le Musée dart, accueilli par un bâtiment monument très intéressant, construit en 1895 par des bâtisseurs italiens (…) Je vous invite également au Musée des écrivains de Dâmboviţa, qui présente une exposition très spéciale dans la maison musée de lécrivain Ioan Alexandru Brătescu-Voinești. Elle vous fera découvrir entre autres la poète et écrivaine Elena Văcărescu, la dynastie des hommes de lettres de la famille Văcărescu et la génération appelée « lEcole des prosateurs de Târgovişte ». On peut y admirer des objets personnels de lécrivain Ioan Alexandru Brătescu-Voinești et de Ion Heliade-Rădulescu, un autre grand nom de la culture roumaine. »



    Nous continuons notre balade à travers Târgovişte et nous arrivons dans le centre historique de la ville qui recèle de petits joyaux darchitecture dans ses ruelles paisibles. Ovidiu Cârstina nous en parle : « Jinvite tout visiteur à se promener dans la ville et à découvrir son centre historique. Cest une zone très intéressante, pas trop étendue, mais qui rappelle le fait que Târgovişte avait été surnommée la Florence de la Valachie par lécrivain Mircea Horia Simionescu. Il y a des restaurants ouverts dans des bâtiments historiques, des églises datant du Moyen Age, du 17e et du 16e siècles. On peut y visiter le musée Vasile Blendea. Il abrite une grande partie des créations laissées par lartiste à la ville : art graphique, peintures et sculptures. Dailleurs, Vasile Blendea est un nom important de la culture roumaine, car il avait été ami de Brancusi. Ils sétaient rendus ensemble à Paris, sauf que Blendea est rentré au pays. Mais ils avaient passé leur enfance ensemble et leur lien était très fort. Toujours au centre-ville, rue Bărăției, il y a une toute petite maison très coquette. Cest latelier de Gheorghe Petrașcu. Lartiste a vécu une bonne partie de sa vie à Târgovişte, attiré par le charme de la ville. Cest pourquoi, dans ses toiles, cette ville est tout à fait impressionnante. Ces œuvres nous rappellent que cest une ville où la culture abonde. Et ce nest pas tout. On peut y visiter aussi le Musée de lévolution de lhomme et de la technologique au Paléolithique, un concept très intéressant. Le musée recèle des objets vieux de 10.000 ans, découverts sur le territoire de la Roumanie, qui vous transporteront dans le passé pour vous faire découvrir les débuts de notre existence en tant quêtres humains. »



    Et on ne saurait conclure notre balade dans cette ancienne capitale valaque sans faire une petite halte recommandée par Ovidiu Cârstina : « Moi je ne me limiterais pas à Târgovişte, je ferais une incursion dans les alentours de la ville, puisquà seulement 4 km se trouve le monastère de Dealu, lendroit où est inhumée la tête du prince Michel le Brave et où sont enterrés de nombreux autres princes valaques. Ce monastère est un autre symbole de la culture roumaine, car cest là que furent imprimés les premiers livres roumains en 1508, 1510 et 1512 par le moine Macarie, celui qui allait devenir plus tard le métropolite de la Valachie ».



    Voilà, chers amis, autant de raisons de visiter la ville de Târgovişte, symbole de lhistoire et de la culture roumaines. (Trad. Valentina Beleavski)




  • Visite virtuelle du musée national d’histoire de la Roumanie

    Visite virtuelle du musée national d’histoire de la Roumanie

    Le musée national d’histoire de la Roumanie a invité le public à transformer le confinement en l’opportunité de visiter ses nombreuses expositions virtuelles en format 2D et 3D, ses collections numériques à thème comportant des biens culturels ainsi que des archives numériques de patrimoine. Tout cela est disponible à titre gratuit sur le site Internet du musée. Le 8 mai, il y a 48 ans, le musée national d’histoire de la Roumanie ouvrait ses portes au grand public. Vu le contexte actuel, le musée restera fermé même après le 15 mai, dans les conditions de relâchement. N’empêche. La présence des visiteurs dans l’espace virtuel est impressionnante, précise Ernest Oberländer-Târnoveanu, le directeur de l’institution : « Les collections recèlent plusieurs centaines de milliers de pièces, dont beaucoup s’avèrent essentielles pour comprendre l’histoire de la Roumanie. Certaines sont uniques en Europe et font partie du patrimoine de l’humanité. Nos collections couvrent, d’un point de vue chronologique, environ 600.000 ans d’existence des humains. Il s’agit de l’intervalle de temps allant du Paléolithique inférieur, quand apparaissent les premiers signes d’activité humaine, jusqu’à nos jours. Nous avons donc y compris des documents liés à la vie économique, politique et sociale de la Roumanie contemporaine. »

    Il y a 10 ans, le musée national d’histoire de la Roumanie a démarré un programme intense et systématique de numérisation, explique Ernest Oberländer-Târnoveanu, le directeur de cette institution culturelle. « Il s’agit de tours virtuels des expositions permanentes et temporaires, mais aussi de projets de numérisation du patrimoine. A présent, notre musée s’enorgueillit du programme le plus complet et diversifié de présentation de ses collections dans l’espace virtuel. 32 tours virtuels de certaines expositions sont accessibles actuellement sur le site du musée. Elles couvrent l’histoire moderne, contemporaine, médiévale, antique, le patrimoine de certains musées de l’étranger présenté par le biais des expositions temporaires. On peut également remarquer le résultat de certaines expositions internationales, réalisées en partenariat avec des musées d’Europe. Je mentionnerais, à titre d’exemple, l’exposition Images dans les Balkans »

    .Le touriste virtuel a le choix parmi tant d’expositions qu’il peut visiter à toute heure et qui l’emmènent dans n’importe quel coin du pays ou du monde : « Ces expositions illustrent des périodes importantes : Antiquité, Moyen-Age ou bien les époques moderne et contemporaine. Une des expositions présentées au public et intitulée La Roumanie 1989 se réfère à la chute du régime communiste. Nous avons aussi des expositions virtuelles vraiment superbes, qui présentent l’or et l’argent de la Roumanie. Une exposition itinérante, réalisée en 2013, a permis au public de Roumanie et de Hongrie de découvrir des pièces d’une valeur exceptionnelle du patrimoine roumain, dont certaines sont uniques en Europe et au monde. Il y a aussi des expositions consacrées à des voïvodes roumains, tels que Mircea le Vieux ou Etienne le Grand. Enfin, d’autres expositions font découvrir à nos visiteurs virtuels des évènements marquants de l’histoire de la Roumanie, comme la participation à la Seconde Guerre mondiale ou le parachèvement de l’unité nationale en 1918. »

    Ces expositions sont complétées par un musée virtuel de l’Union, poursuit notre interlocuteur, Ernest Oberländer-Târnoveanu, directeur général du musée national d’histoire de la Roumanie : « En 2018, mes collègues, en partenariat avec plusieurs musées du pays et d’Europe, ont commencé à travailler à la réalisation d’un musée virtuel de l’Union. A part cela, nous avons en vue des projets virtuels très amples et fort intéressants. Je mentionnerais, par exemple, Imago Romaniae. Il s’agit d’un site sur lequel on trouve à présent plus de 12.800 images historiques de l’espace roumain : photos, cartes postales, lithographies illustrant de manière chronologique la période contemporaine jusqu’en 1947. C’est fascinant de pouvoir voyager dans le temps, de découvrir la Roumanie de ces derniers siècles, de voir non seulement des endroits, dont certains sont restés inchangés, mais aussi des visages. Car un pays n’est pas qu’un espace géographique, il est représenté par ses habitants aussi. »Un autre projet virtuel d’envergure du musée national d’histoire de la Roumanie s’appelle « 2019, chefs-d’œuvre du patrimoine culturel national ».

    Nous écoutons Ernest Oberländer-Târnoveanu : « A l’heure actuelle, 71 expositions virtuelles sont construites autour de certains objets très importants de notre collection. Il y a même des éléments qui relèvent de l’histoire secrète. Comme une étiquette de musée contient peu d’informations, nous avons ressenti le besoin de concevoir des expositions autour de tel ou tel objet, sans oublier d’évoquer les gens qui ont consacré leur vie à cet objet précis, depuis sa création jusqu’au moment où il est entré dans le patrimoine muséal. Nous n’avons jamais imaginé que notre musée serait fermé en temps de paix, mais nous nous sommes préparés pour l’espace virtuel. Un espace où nos contemporains, roumains et étrangers, sont toujours plus présents et où sont transférées de plus en plus d’activités, y compris celles liées à la culture. »

    Alors que la visite d’un musée est conditionnée par le temps, ces tours virtuels, on peut les faire n’importe quand et n’importe où. Le site Internet du musée national d’histoire de la Roumanie vous invite à passer un bon bout de temps à découvrir ses riches expositions. (Trad. Mariana Tudose)

  • Les chevaliers teutoniques dans l’histoire du Moyen Âge roumain

    Les chevaliers teutoniques dans l’histoire du Moyen Âge roumain

    Les ordres militaires du Moyen Âge ont tous été fondés pour la protection armée de la religion, pour répandre le christianisme, ou encore pour défendre ou reconquérir des territoires occupés par les musulmans. Les chevaliers de Malte, les Templiers, les Hospitaliers ont marqué de leur empreinte l’histoire de leur époque. Quant à l’ordre des Chevaliers teutoniques, il descend jusqu’aux Carpates dans le cadre de la stratégie d’expansion menée par l’Occident dans la région. En effet, le roi de Hongrie, André II, tentait de fortifier la frontière de son royaume, située aux Carpates, et d’étendre l’influence du catholicisme jusqu’aux confins de ses terres. A la fois austères et guerriers, originaires de l’espace germanique, les Teutons se faisaient forts de convertir au catholicisme les peuples migratoires de passage, mais également les communautés chrétiennes orthodoxes de souche, dans une tentative de réunifier le christianisme sous la bannière du pape. Les armoiries de l’ordre combinaient la pureté du blanc du bouclier, symbolisant la pureté de la croyance, au noir de la croix, symbole du sacrifice suprême dans la défense du christianisme.

    C’est en 1211 que les premiers chevaliers teutoniques arrivent pour s’y établir aux abords des Carapates et dans la région du sud-est de la Transylvanie, dans l’actuel département de Vrancea.

    L’académicien Ioan Aurel Pop, professeur d’histoire médiévale à l’Université Babeş-Bolyai de Cluj, rend hommage au rôle civilisateur des Chevaliers teutoniques dans l’espace roumain : « Ils étaient des bâtisseurs, et les documents qui sont parvenus jusqu’à nous font état d’un château fort, plutôt impressionnant, Croixbourg, qui avait été érigé par l’ordre. Ils ont élevé par ailleurs bien d’autres châteaux forts, y compris au-delà des frontières du roi magyar, dans une région qu’ils avaient appelée « ultra montes nivium », c’est-à-dire au-delà des monts enneigés. C’est ce qui les avait finalement mis en porte-à-faux à l’égard du roi hongrois André II, qui ne menait pas des desseins expansionnistes, à la différence du Vatican, qui rêvait de pouvoir établir, par l’entremise de l’ordre, une tête de pont dans la région. Mais les données dont l’on dispose sont assez pauvres. A l’époque, les chancelleries n’existaient pas encore. La Transylvanie venait tout juste d’être fondée, en tant que voïvodat, au sein de la couronne hongroise. Puis, au-delà des monts enneigés, au-delà des Carpates, il n’y avait pas d’Etats constitués à proprement parler. Alors, les sources historiques sur le passage des chevaliers teutoniques dans notre pays sont peu nombreuses, et il s’agit surtout de sources étrangères. »

    Les documents du Vatican sont, eux, plus fournis. Ils racontent l’arrivée des chevaliers au pays de Bârsa, où ils rencontrent une population autochtone mixte, formée de Roumains, de Slaves et de Petchenègues. Pour pouvoir subvenir à ses besoins, l’ordre avait reçu le privilège d’exploiter les mines d’or et d’argent situées en Transylvanie. Au pays de Barsa, ils ont vite érigé des châteaux-forts, construits en bois, tels ceux de Feldioara, Cetatea Neagră, Cetatea Crucii. Ils ont aussi fait venir des agriculteurs et des artisans d’origine allemande, qui s’y sont établis, et qui ont eu un rôle extrêmement important dans le développement des villes transylvaines, notamment de Feldioara, Brașov, Codlea, Râșnov et Prejmer. Mais l’ordre, qui agissait sous l’autorité directe du pape, commençait à faire de l’ombre à l’autorité de la couronne hongroise en Transylvanie. En effet, après avoir battu les Coumans dans le sud-est de la Transylvanie, les chevaliers teutoniques ont mis la région sous l’autorité directe du Vatican, en défiant par cela le roi magyar. Et c’est ainsi qu’en 1225, le roi de Hongrie a chassé l’ordre des Chevaliers teutoniques du pays de Bârsa. Ils iront alors s’établir dans le nord-est de l’actuelle Pologne.

    Mais faire partie d’une telle congrégation d’élite ne devait pas être à la portée de tout un chacun. Ioan Aurel Pop détaille les conditions que devait remplir tout candidat désireux de rejoindre ses rangs : « Il fallait tout d’abord observer les règles de la vie monacale : le vœux de chasteté et la prière notamment. Mais il fallait aussi être chevalier, avoir ces qualités militaires indispensables aux membres des ordres religieux médiévaux. Car leur vocation était de lutter l’arme à la main pour défendre et répandre la croyance. Les candidats étaient souvent fils de nobles, et l’entrée dans un tel ordre était perçue comme une entrée dans un corps d’élite, servant des idéaux de la plus haute importance, telle la christianisation des populations autochtones. L’homme médiéval ne pouvait concevoir la vie hors la croyance et l’église. Prenez les excommunications. Elles prenaient des dimensions énormes et avaient des conséquences funestes, décomposant et désorganisant des sociétés entières. Ceux qui avaient le privilège de se mettre sous l’autorité directe de l’église constituaient l’élite de la société médiévale. Et la crème des crèmes était composée par ces membres des ordres chevaleresques. Ils devaient faire preuve de qualités hors du commun et observer une hiérarchie stricte, avec des accents particuliers. »

    Les ordres monastiques médiévaux, souvent dotés d’un caractère ethnique, ont par ailleurs aidé à l’émergence des futures identités nationales. Ioan Aurel Pop : « Cette composante ethnique était réelle. L’ordre des Chevaliers teutoniques était principalement constitué d’Allemands, alors que l’ordre Templier était rejoint par les Français. Les Templiers ont d’ailleurs été décimés suite au conflit qu’ils ont eu avec le roi de France, Philippe IV le Beau, qui a scellé le destin de l’ordre. Cette composante ethnique revêtira avec le temps un caractère national. Et c’est ainsi que l’on voit à la Renaissance les chevaliers teutoniques se mettre au service du Saint empire et lutter, par exemple, contre les Polonais, eux aussi catholiques. »

    Et, d’ailleurs, après avoir quitté les terres transylvaines, les chevaliers teutoniques refont encore une brève apparition dans l’histoire des principautés roumaines en 1410, lorsque le voïvode de Moldavie, Alexandre le Bon, rejoint l’alliance militaire polono-lituanienne, pour envoyer un corps expéditionnaire croiser le fer contre les chevaliers teutoniques, lors de la bataille de Marienbourg. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • « Sighişoara médiévale » 2018

    « Sighişoara médiévale » 2018

    Chevaliers sur leurs montures, écuyers, princesses élégantes, troubadours, marchands, artisans, jongleurs ont créé, trois jours durant, une atmosphère de conte de fées à la 25e édition du Festival médiéval de Sighişoara (centre), l’unique citadelle médiévale habitée du sud-est de l’Europe. Depuis 1992, le festival recrée, fin juillet, l’ambiance du Moyen Age. Le maire de la ville, Ovidiu Mălăncrăvean, précise: « Nous avons essayé un retour aux origines, soit de nous rapprocher des premières éditions du festival, car Sighişoara est pratiquement la pionnière des festivals médiévaux de Roumanie. Nous avons beaucoup de chance, cette année aussi, nous avons des troupes étrangères ; j’invite à chaque fois tout le monde à Sighişoara, où le spectacle est de bonne qualité. Pratiquement, ils reviennent dans la partie médiévale de notre évolution. »

    270 artistes et danseurs de Roumanie et de quatre autres pays ont présenté au public une centaine de moments culturels et artistiques. Le réalisateur du festival a été, après un grand nombre d’années, l’initiateur du festival, Mihai Serghei Tudor :« Presque tous les spectacles ont eu un point culminant. J’ai toujours affirmé qu’il fallait privilégier la beauté, l’histoire, l’identité culturelle et laisser de côté tout ce qui est commerce et argent » . Le festival attire chaque année dans la cité de Sighisoara de nombreux touristes roumains et étrangers attirés par l’authenticité des spectacles, des danses moyenâgeuses, des décors et des costumes. « Très beau, très bien organisé. Nous essayons de revivre une histoire de la Roumanie » « J’aime beaucoup l’ensemble », « Je ne m’y attendais pas. J’ai vu à la télé les éditions précédentes. C’est quelque chose de wow. J’ai même essayé quelques pièces vestimentaires, pour quelques photos ».

    Théâtre de comédie, théâtre d’ombres, spectacles interactifs pour enfants, arènes de tournois, jongleries avec des drapeaux, ateliers d’art et de manufacture médiévale ont également figuré à l’agenda de l’événement. Les spectateurs ont également participé à des récitals de poésie, des conférences, des expositions, mais aussi à des activités qui ont constitué trois jours durant une porte d’accès dans l’histoire.

    A l’intérieur des murs de la citadelle des chevaliers hardis ont simulé des combats, les princesses ont étalé leurs élégants costumes et les ménestrels ont fait preuve de leur virtuosité. Enfin les artisans ont enchanté les touristes avec des souvenirs inédits et de jouets faits à la main en bois, verre et cuir.

  • La Citadelle de Făgăraş

    La Citadelle de Făgăraş

    L’architecture en est de type Renaissance italienne et sa topographie est très différente des autres forteresses de Transylvanie, bâtis en forme d’étoile, à la Vauban. La citadelle de Făgăraş a la forme d’un quadrilatère irrégulier. Les touristes qui se promènent jusqu’au bout de l’aile nord-ouest, la plus longue de la citadelle, pourront visiter la Tour de la prison. Du haut de la tour, le panorama est à 360 degrés. Constantin Băjenaru, chercheur scientifique au Musée du Pays de Făgăraş, situé à l’intérieur de la citadelle, précise que notre objectif se trouve à mi-chemin entre Braşov et Sibiu, deux destinations touristiques très importantes de Roumanie « C’est une citadelle située au milieu d’une plaine, à la différence des autres, qui se trouvent presque toutes sur des hauteurs. Erigée au centre de la région de Făgăraş, elle est visible depuis la route nationale et s’étend sur 5 hectares, en incluant la surface d’eau de l’ancien fossé. Le château comprend à lui seul 86 salles, dont presque la moitié peut être visitée à présent. La visite se concentre sur la partie qui constitue le musée classique, mais aussi sur les reconstitutions des plus importantes salles de la période médiévale: la salle de la diète, celle du trône, la chambre de la princesse, le cabinet du prince. On sort un peu du moule d’un musée habituel. On y trouve aussi des espaces qui peuvent être loués pour des conférences, des symposiums nationaux et internationaux. Cette année nous accueillerons une réunion de l’OTAN, une des plus grandes organisées dans cette partie de l’Europe. »

    La salle du trône, très appréciée par les touristes, se trouve au deuxième étage. Elle a récemment été restaurée et, comme son nom l’indique, elle abrite le trône, à cote duquel on peut admirer le symbole de la ville de Făgăraş, représenté par deux poissons. Dans la salle de la diète, vous pouvez voir du mobilier datant du XVII siècle, qui a été restauré lui aussi. Entre 1948 et 1962, les communistes ont transformé la citadelle en prison politique. En apprenant la beauté du château de Fagaras, plusieurs journalistes du célèbre site web d’information américain The Huffington Post sont venus visiter la Roumanie. Au cours de leur périple transylvain, ils sont passés par Făgăraş, sans se présenter comme journalistes et ont voulu prendre des photos à l’aide d’un drone.

    À la fin de leur visite, ils ont dit qu’ils allaient envoyer un courriel électronique à l’administration de la citadelle, car ils avaient préparé une surprise. La surprise était un top 10 des plus beaux châteaux d’Europe, où la Citadelle de Făgăraş occupait, selon eux, la deuxième place, derrière un château en Allemagne. Constantin Băjenaru, chercheur scientifique au Musée du Pays de Făgăraş souligne la diversité nationale des touristes qui s’y rendent. « Nous avons un cahier de suggestions et d’impressions et les visiteurs peuvent nous laisser un message en se sentant plus à l’aise qu’à la sortie d’un musée. Les réactions sont très positives. Les gens sont éblouis par ce qu’ils trouvent chez nous. Voilà pourquoi nous invitons tout le monde à venir chez nous pour se convaincre. Il y a beaucoup de pensions aux alentours de Făgăraş aussi, car c’est une région magnifique et la montagne est à seulement 20 km plus loin. Beaucoup de choses ont changé dans la Citadelle de Făgăraş. Les touristes étrangers nous disent que de tels musées n’existent même pas en Europe de l’Ouest. En plus, les financements européens continuent et les travaux de restauration du monument continueront aussi. »

  • Le monde des viking (II)

    Le monde des viking (II)

    Mais comment comprendre ces pratiques ? Existe-t-il un lien entre leur organisation sociale, politique et économique et ces habitudes qui ont marqué l’histoire ? C’est à cette question que nous répondrons avec notre invité, Alban Gautier, qui est professeurs des universités et spécialiste de ces époques.

  • Sur les traces de Mars

    Sur les traces de Mars

    La plus ancienne cotte de maille celtique découverte sur le territoire de la Roumanie, ainsi que plusieurs autres armes vieilles de plus de 2500 ans, dévoilées par des fouilles archéologiques dans le nord-ouest de la Roumanie, sont désormais exposées au Musée départemental de Satu Mare. « Sur les traces de Mars. Guerriers et artisans prestigieux du monde antique », est une exposition interactive d’armes anciens et d’ateliers de fabrication d’armes qui font découvrir aux visiteurs de nos jours la vie des guerriers d’antan.

    Felician Pop directeur du Musée départemental de Satu Mare, raconte l’histoire de cette exposition : « Il s’agit d’une exposition itinérante, qui regroupe les contributions de plusieurs musées de Transylvanie et nous fait découvrir certaines des armes que les guerriers de l’antiquité utilisaient sur le territoire actuel de la Roumanie. On le sait tous, Mars est le dieu de la guerre et les objets présentés sont vraiment spectaculaires. Ce qui plus est, ils illustrent l’évolution dans le temps de la technologie de la guerre. Avec l’aide des membres du club Omnis Barbaria de Baia Mare, nous avons recréé un atelier d’artisans d’antan, tel celui d’un forgeron qui fabriquait des lances et autres armes en fer. L’exposition a connu immense succès, surtout que de nombreux élèves ont eu l’occasion de voir et même d’utiliser une forge antique afin de réaliser de leurs propres mains des armes semblables à celles d’il y a deux siècles, deux siècles et demi. »

    L’exposition nous invite à découvrir 16 pièces d’origine, mais aussi toute une série de répliques d’armement grec, celte et allemand, tel le casque celtique de Ciumesti, un objet unique que l’on peut admirer au Musée national d4histoire de la Roumanie.

    Felician Pop, directeur du Musée départemental de Satu Mare : « Nous y trouvons lances, cuirasses, casques. C’est à Satu Mare que l’on a découvert l’unique casque celtique au monde qui est actuellement exposé au Musée national d’histoire de la Roumanie, alors que nous, nous en exposons une copie. D’autres objets ont recréé l’image des combattants, des tribus germaniques qui y ont vécu et même l’image des Romains. Nous avons donc réussi à attirer l’attention du public sur ces gens, tellement admirés à l’antiquité. Il s’agit des guerriers de jadis, adorés comme des dieux. »

    Le directeur du musée départemental de Satu Mare, Felician Pop, affirme que l’interaction avec le public constitue l’avenir des musées : « Décidément, le musée ne peut plus être une étagère poussiéreuse, avec des objets très anciens. Il doit devenir une institution interactive, pour que le public puisse participer à toute sorte d’activités. Lorsque les gens interviennent, leur intérêt augmente et ils sont même enchantés de devenir une partie de l’histoire. »

    Dans le cadre de l’exposition « Sur les traces de Mars. Guerriers et artisans prestigieux du monde antique », les visiteurs ont également eu l’occasion d’admirer les ateliers improvisés dans la cour du musée, où des forgerons modernes réalisaient des cottes de maille et d’autres pièces en fer forgé.

    Comment ont régi les visiteurs du musée à cette exposition interactive? Réponse avec Felician Pop : « Ce fut d’abord la curiosité au début, après quoi ils sont entrés dans le jeu. A mon avis, c’est fabuleux de les voir réaliser de leurs propres mains des objets, notamment des lances en fer selon la technique d’il y a 2500 ans. J’ai vu qu’il y a un engouement pour cette activité. Ils ont passé plusieurs heures dans la cour du musée à observer la technique de fabrication de ces armes. »

    L’exposition « Sur les traces de Mars. Guerriers et artisans prestigieux du monde antique » attend ses visiteurs au musée départemental de Satu Mare jusqu’au mois de décembre. Puis elle s’arrêtera aussi dans d’autres villes explique Felician Pop : « L’exposition se rendra dans chaque chef – lieu des comtés du nord-ouest de la Roumanie : Satu Mare, Baia Mare, Oradea, Zalau, Cluj. Cette exposition très intéressante sera suivie par une autre sur le même thème, mais qui se penchera cette fois-ci sur les armes des Daces. Le département de Satu Mare se trouve au cœur du pays des Daces libres, une contrée qui n’a jamais été conquise par l’Empire Romain. Ainsi s’explique le fait que la civilisation dacique a persisté pendant plusieurs siècles, par rapport au monde romain ».

    Côté projets, Felician Pop évoque une autre exposition unique en Roumanie : « Nous avons imaginé un projet qui s’appelle « le pot de sarmale de grand-mère », qui sera lancé le 5 décembre. Rappelons-le les sarmale sont un plat traditionnel roumain de feuilles de choux farcies de viande. Nous avons réuni différents types de pots provenant de plusieurs musées de Roumanie : Bucarest, Sibiu, Zalau. Les participants à cette action, qui se déroule pendant plusieurs jours, auront l’occasion d’observer comment on préparait les sarmale, quel type d’ingrédients on utilisait, notamment au Moyen Age, lorsque les feuilles de choux étaient farcies d’une sorte de polenta de millet et de champignons. Le public découvrira ces saveurs uniques, que l’on a malheureusement perdues de nos jours » a expliqué le directeur du musée, selon lequel le but final de ces projets est de faire progresser considérablement la fréquentation de ces institutions culturelles. (Trad. Alex Diaconescu)

  • Visite de la contrée de Fagaras

    Visite de la contrée de Fagaras

    La ville du même nom est à 66 km de Brasov, et à 76 kilomètres de Sibiu, sur les rives de la rivière Olt, aux pieds du massif de Fagaras. C’est à partir de sa position centrale sur la carte de la Roumanie que la ville de Fagaras attend ses visiteurs comme une cité symbolique qui n’a jamais été conquise. Selon le site Hopper, consacré à la planification des voyages et présenté par le Huffington Post, le château de Fagaras figurait deuxième dans le classement des plus beaux châteaux au monde, après celui de Neuschwanstein d’Allemagne, mais avant le château de Durham, au Royaume Uni. « La cité de Fagaras est des plus grandes et des mieux préservées cités médiévales de l’Europe de l’Est », écrivait le Huffington Post.

    Cristina Poparad, du Centre d’informations touristiques de Fagaras, a lancé une invitation à visiter les nombreux objectifs touristiques de cette contrée : « Parmi les sites touristiques les plus importants, je mentionnerais la Réserve naturelle Poiana Narciselor (la Clairière des narcisses), le haras de chevaux de la race Lipizzan, de Sâmbata de Jos, la route de montagne Transfagarasan, le lac glaciaire de Bâlea, le monastère Brâncoveanu de Sambata de Sus, un temple préhistorique creusé en pierre à Sinca Veche, les pyramides de Sona, mais aussi les églises saxonnes fortifiées. Au 18e siècle, la contrée de Fagaras était entourée d’une trentaine de monastères orthodoxes, situés le long des principales vallées des montagnes. Sâmbata de Sus, Breaza, Bucium, Bejani, Sinca Noua, Sinca Veche sont aujourd’hui encore des repères pour le tourisme religieux. C’est également depuis la contrée de Fagaras que l’on peut partir pour explorer la plus haute crête des Carpates, le col de Moldoveanu, et les autres chalets de la zone alpine, ceux de Negoiu, Podragu, Urlea et Valea Sâmbetei. Pour ce qui est de la flore et de la faune de notre région, elles bénéficient de la législation des aires protégées. Il s’agit de toute une variété d’espèces de plantes et d’oiseaux rares, dont certaines sont en voie de disparition en Europe. »

    Le complexe féodal de Fagaras, dont la construction a commencé à la fin du 14e siècle et s’est poursuivie par des extensions successives, jusqu’au milieu du 17e siècle, a été précédé par une fortification en bois, entourée d’un fossé dont l’histoire remonte au 12e siècle. Le circuit touristique porte le visiteur par la cour extérieure, où celui-ci peut observer les deux murailles défensives et deux bastions, alors que la visite de l’intérieur se fait au deuxième étage, où est présentée l’histoire du Pays de Fagaras dans ses moments les plus importants.

    On peut visiter également la Tour de la geôle qui n’a jamais été ouverte au public, ancienne prison médiévale et communiste. Hormis des pièces uniques, telles le masque romain de parade et le four utilisé pour cuire la céramique, une pièce reconstituée, les touristes peuvent admirer des objets ayant appartenu aux guildes ayant activé dans la cité de Fagaras, ainsi que dans la ville, une reconstitution de la salle de la Diète de Transylvanie, ainsi qu’une partie des pièces ayant fait partie de l’autel de la chapelle. Et pour que la reconstitution soit aussi fidèle que possible, un lac a été aménagé autour de la cité suivant les traces de l’ancien fossé qui entourait jadis la cité.

    Des canots sont disponibles à l’intention des touristes. Et c’est toujours sur ce lac que l’on peut voir 11 cygnes avec leurs petits, qui refont l’image de la cité de Fagaras telle que décrite par des documents d’il y a 300 ans. Cristina Poparad du Centre d’information touristique de Fagaras revient au micro de RRI. « Les journées de Fagaras est un événement qui se déroule chaque année au mois d’août et qui constitue un véritable retour dans l’histoire, par le biais des activités à caractère moyenâgeux qui ont lieu tout près des murs de Fagaras. »Cette année, la fête de la cité a lieu du 18 au 21 août. (trad. Alex Diaconescu)

  • L’arc et les archers dans les armées des principautés roumaines

    L’arc et les archers dans les armées des principautés roumaines

    Larc est une des armes les plus anciennes de lhistoire de lHumanité. Les armées régulières ont fondé et utilisé des troupes darchers spécialisées, qui leurs ont permis de remporter dimportantes batailles. Larc a été une arme très répandue en Orient, mais en Occident aussi, les archers se sont bâti une réputation, comme ce fut le cas des fameux archers anglais. Dans lespace roumain, la présence de larc est mentionnée dès lAntiquité, par des auteurs grecs qui écrivaient quau moment où les nuages commençaient à couvrir le ciel, les archers géto-daces y lançaient des flèches pour démontrer leur attachement au dieu Gebeleizis. Au Moyen Age, larc a été utilisé par des princes roumains dans le combat, mais aussi pour la chasse, selon lexemple des nobles occidentaux.



    Les troupes darchers moldaves et valaques figuraient parmi les meilleures au monde. Ils sont venus en aide des Occidentaux dans certaines batailles. Par exemple, en 1410, le prince moldave Alexandru cel Bun, Alexandre le Bon, a envoyé 400 de ses archers pour lutter aux côtés des armées polonaise et lituanienne contre les chevaliers teutons dans la bataille de Grunwald. Dans la même campagne, 800 archers moldaves ont participé aux côtés de la même alliance polono-lituanienne à la bataille de Marienbourg, en 1410, dans une campagne terminée avec la victoire des Polonais et des Lituaniens. Les historiens militaires et les archéologues ont essayé de reconstituer la manière dont larc a été utilisé au Moyen Age.



    Lhistorien Alexandru Matei, moniteur de tir à larc, affirme que la manière dont les archers maniaient leur arme est spécifique de leur région dorigine. « En fonction des façons de lancer les flèches et notamment en fonction de la prise sur la corde, il existe une zone occidentale et une autre orientale, à savoir arabe, perse, turque, byzantine, chinoise, mandchourienne, coréenne et japonaise. Pour la région de la Méditerranée, les archers utilisaient deux ou trois doigts pour un arc simple. La deuxième, cest la prise à lanneau. Selon certains documents, tant en Valachie quen Moldavie, les archers utilisaient des arcs tatars. Cétaient des armes de petites dimensions donc il se peut que ces soldats aient utilisé la prise simple, avec trois doigts. Le tir à lanneau est plus ancien. Si on pense à la région des Scythes, à la région asiatique, on peut découvrir le tir à lanneau. La possibilité que les Roumains aient utilisé le tir à lanneau avant larrivée des Mongols est assez importante. En Transylvanie, il est possible que le style ait été le même, cest-à-dire aux trois doigts, et, en plus, que les arcs utilisés aient été aussi bien les arcs longs, comme le longbow anglais, que les petits arcs tatares. Tous les boyards valaques et moldaves utilisaient larc, puisque son maniement faisait partie de léducation des nobles. Les armées des principautés roumaines comptaient sur lappui des archers et, dailleurs, les archers moldaves ont été employés comme mercenaires dans la bataille de Grunwald de 1410. »



    Les pièces découvertes par des fouilles archéologiques constituent des sources pour décrypter lutilisation de larc et des flèches. Souvent, les archéologues se sont trompés sur le but de ces objets. Cest aussi le cas des anneaux, explique Alexandru Matei. « Il ny a pas beaucoup de sources pour refaire une historie des techniques de tir à larc. Les historiens ne cherchent pas à découvrir notamment le type darc utilisé, mais surtout des informations liées au genre de flèches, à la prise, à la manière dont les soldats tiraient des flèches. On a trouvé des anneaux, parfois coniques, parfois ronds et de différentes autres formes géométriques, que les archéologues ont interprétés comme étant des bijoux. Depuis la redécouverte de la technique du tir à lanneau, il y a dix ans, de nombreux historiens ont commencé à réévaluer la technique de jet. Mais aujourdhui encore, il y a des musées où les anneaux darc sont présentés en tant que bijoux. »



    Comme tout autre objet, larc a aussi un important poids symbolique. Même si elles ont toujours été détestées en raison des victimes et des dégâts quelles produisaient, les guerres étaient portées selon un certain code de lhonneur. De ce point de vue, larc avait une mauvaise réputation. Sils étaient capturés, les archers étaient immédiatement reconnus daprès les callosités sur leurs doigts. Accusés de lâcheté, ils étaient condamnés à subir la coupe dun ou de deux doigts avant dêtre envoyés aux galères. Alexandru Matei : « Le grand historien roumain Nicolae Iorga affirme que larc a été larme la plus redoutable des Valaques. Les archers ne portaient pas de signes distinctifs. Selon la pensée occidentale et chrétienne, larc était larme du diable. Il était beaucoup plus honorable de combattre à lépée, face à face. Larc était larme des lâches et du diable. Saint Jean Damascène raconte quune icône de Saint Théodore a été martyrisée avec des flèches par les païens. Cest probablement une des sources de cette idée que larc était larme du diable. Et pourtant lempereur byzantin Léon VI se plaignait que les Byzantins ne savaient pas utiliser larc et quils devaient en apprendre afin de lutter plus efficacement contre les Perses et les Arabes. »



    Larme qui a fait de la concurrence à larc a été larbalète. Celle-ci était plus compliquée, plus difficile à construire et à réparer et parfois même plus difficile à manier que larc, que lon pouvait utiliser aussi à cheval. La bombarde et le canon ont finalement éliminé larc des guerres, alors que le fusil la remplacé dans le cas de la chasse. Pourtant larc est resté dans larsenal des passionnés des armes traditionnelles et dans les compétitions sportives.

  • Târgoviște, la cité des 33 voïvodes

    Târgoviște, la cité des 33 voïvodes

    Aujourd’hui nous parcourons des routes chargées d’histoire du sud de la Roumanie, dans la cité des 33 voïvodes. Nous sommes à Târgoviște. Située à environ 80 km à N-O de Bucarest, cette ville figure sur les trajets touristiques culturels du pays grâce notamment à ses vestiges historiques. Et pour cause : au Moyen Age, Târgoviște a été la capitale de la province de Valachie pendant presque 3 siècles (de 1396 à 1714).

    Pourquoi visiter Târgoviște? Réponse avec Ovidiu Cârstâna, muséographe et directeur du Complexe de musées Curtea Domneasca (la cour princière) : «Târgoviște n’est pas une ville très grande, mais elle est riche en monuments, alors que les musées se trouvent au centre-ville, ce qui les rend extrêmement accessibles. Par conséquent, en parcourant un espace assez réduit, les visiteurs auront l’occasion de voir des choses uniques. »

    Le complexe de musées de la Cour princière (Curtea Domneasacă) réunit 14 musées situés à Târgoviște et au département de Dâmbovița. Ce sont des endroits qui couvrent une vaste aire de ce que l’on appelle muséographie. Parmi eux, le plus important est la Cour Princière elle-même, un ensemble de constructions datant des 15e- 18e siècles et qui, au fil du temps, a servi de siège à 33 princes valaques. Dans ce musée en plein air on peut admirer les ruines de l’ancienne forteresse, avec ses pièces et ses murs des plus anciens jusqu’aux constructions plus récentes réalisées lors de différents travaux de consolidation. A l’entrée vous trouverez une liste des princes qui ont régné à Târgoviște et grâce auxquels la ville est surnommée « la cité des 33 voïvodes ». Toujours à l’intérieur de la cité, on trouve la Tour de Chindia. Haute de 27 mètres, elle est le symbole de Târgoviște et offre un très beau panorama sur la ville et sur les montagnes qui l’avoisinent.

    Ensuite, vous pouvez visiter la grande Eglise Princière, monument du 16e siècle, sauvegardé en proportion de 90% dans son état d’origine, tel qu’il était au Moyen Age. Et c’est toujours à l’intérieur de la Cité princière que vous pouvez visiter le Musée de l’imprimerie et du livre roumain ancien. C’est un musée unique en Roumanie, grâce notamment au fait que c’est ici que fut imprimé le premier livre de l’espace roumain.

    S’y ajoutent d’autres édifices importants: le Musée des écrivains, le Musée d’art, celui d’histoire, la maison – atelier de l’artiste plasticien Gheorghe Petrașcu, ou bien une vingtaine d’églises bâties à l’époque des trois principautés roumaines, d’une grande valeur architecturale et artistique.

    Ovidiu Cârstâna, directeur du Complexe de musées Curtea Domnească (la cour princière) nous invite à découvrir l’histoire de Târgoviște, telle qu’elle est racontée par les vestiges se trouvant au Musée d’histoire de la ville : « Le visiteur y trouve une exposition qui part du Paléolithique et va jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale et la création de la Grande Roumanie. C’est une exposition particulière, qui nous fait traverser l’une après l’autre toutes ces époques historiques. Parmi les curiosités exposées dans ce musée, je mentionnerais l’objet le plus ancien, des restes ostéologiques, à savoir une défense de mammouth, ainsi qu’une omoplate et quelques molaires appartenant à une espèce d’Elephas Meridionalis (mammouth méridional) disparue il y a 1 million 800.000 ans. De même, nous avons un objet unique datant de la période des migrations, au premier millénaire : une chaudière ayant appartenu aux Huns, découverte au département de Dâmbovița (sud), dans le lit de la rivière d’Argeș. C’est un objet qui date du 5e siècle avant J-C., un objet très rare, parce qu’à l’heure actuelle on ne trouve plus que 28 tels objets sur l’ensemble de l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’aux Ourals. C’est un objet dont la valeur a été reconnue au moment où nos collègues allemands nous l’ont demandé pour l’inclure dans une exposition reconstituant le chemin d’Attila. Au musée d’histoire de Targoviste nous avons donc voulu reconstituer le plus possible du parcours historique de la région, surtout que les visiteurs sont attirés par ces reconstitutions, ils veulent tous savoir à quoi servaient ces objets. »

    Ruines médiévales, panorama sur la ville, vestiges préhistoriques – voilà, donc, autant de raisons de découvrir cette ville si chargée d’histoire et de beauté, qu’est Târgoviște. Bon voyage! (Trad. Valentina Beleavski)