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  • « Messages gravés dans la pierre » – un nouveau projet de culture urbaine

    « Messages gravés dans la pierre » – un nouveau projet de culture urbaine

    Le Musée de la ville de Bucarest vient de lancer un nouveau projet de
    culture urbaine – « Messages gravés dans la pierre » – qui se propose
    de réaliser la numérisation des crucifix en pierre de Bucarest. Cela devrait
    aboutir à une carte des lieux où s’érigent les monuments, ainsi qu’à une exposition
    accueillie par le musée municipal. Cezar Petre Buiumaci, manager du projet,
    explique le concept: Le Musée de la ville
    de Bucarest a lancé cet été le projet, de numérisation des crucifix en pierre
    de Bucarest « Messages gravés dans la pierre ». Un projet cofinancé
    par l’Administration du Fonds culturel national, avec deux composantes
    principales : la première rassemble l’identification, l’inventaire et
    l’étude des crucifix en pierre érigés sur le territoire de la capitale ;
    la seconde concerne l’introduction de ces monuments dans le circuit public à
    travers un site web dédié, une exposition, un catalogue, une conférence et des
    ateliers d’histoire urbaine pour les élèves des lycées « Iulia Hașdeu »,
    « Ady Endre » et « George Coșbuc » et pour les étudiants de
    la Faculté de lettres de l’Université de Bucarest. Notre projet s’est proposé
    d’identifier et de mettre en valeur les crucifix en pierre de la ville, afin
    d’en faire un sujet de recherches, d’identifier des modalités de faire passer
    le message, de remémorer des événements de l’époque médiévale et de l’époque
    moderne de l’histoire roumaine ; de trouver aussi les modalités de résoudre
    des situations critiques, les promesses ou la mise en évidence de certains
    comportements, aussi bien à l’intention de ceux qui étudient l’histoire, la
    géographie et l’anthropologie urbaine, que des communautés locales où se
    dressent ces monuments, pour qu’en fin de compte, toutes ces personnes prennent
    conscience de l’importance de ces éléments d’identité locale. Le projet
    implique aussi la réalisation d’une carte interactive de tous ces monuments.



    Pour ce qui est des endroits de la capitale où se dressent les crucifix en
    pierre, Cezar Buiumaci a ajouté : Les crucifix en
    pierre sont éparpillés dans plusieurs zones de la ville de Bucarest, certains
    en étant assez visibles, d’autres moins. Au centre-ville, il y a un ensemble de
    ces crucifix du côté de Universitate ; cet ensemble commémore l’héroïsme de
    ceux qui sont morts au nom de la liberté en décembre 1989. Le crucifix
    principal a été érigé sur les ordres du métropolite Neofit, qui le voulait une
    sorte de borne de frontière sur les terres appartenant à la Métropolie. Les
    crucifix encore en place ont été érigés entre les XVIIIème et XXème siècles
    pour établir les limites des propriétés ou pour rappeler une victoire princière
    dans une guerre. Par exemple, le Crucifix de Leon Vodă, à l’église Sfântul
    Dumitru Slobozia, célèbre la victoire du voïvode Léon contre Matei Basarab en
    1631 ; il est aussi le plus ancien crucifix non funéraire de Bucarest. Ou
    bien le crucifix de Papa Brâncoveanu, ayant également un rôle de cénotaphe,
    mentionne le meurtre de celui-ci en 1655, pendant la révolte des Seimeni (corps
    militaire d’infanterie composé de soldats mercenaires assurant la garde de la
    Cour princière en Valachie ou en Moldavie) et des Dorobanți (fantassins) ;
    de nos jours, il se trouve en bas de la colline de la Métropolie. Un crucifix
    en pierre se trouve à l’intérieur de l’autel de l’église Oborul Vechi,
    construite au XVIIIème siècle dans l’espoir de mettre fin à l’épidémie de peste
    qui sévissait dans la ville. Le crucifix acquiert ainsi une double
    signification – protéger les gens contre les malheurs et rappeler le malheur
    qui s’était abattu sur eux.




    Cezar Buiumaci a expliqué
    quels autres types de crucifix peut-on rencontrer à Bucarest: Un type de crucifix différent est celui qui rappelle les
    constructeurs d’une fontaine et qui en est le plus répandu d’ailleurs. Il y
    avait cette coutume qui faisait que les gens plus aisés ou la communauté
    entière construisaient une fontaine, plantaient un arbre ou bien érigeaient un
    crucifix pour rappeler les noms de ceux qui avaient construit le puits.
    Assouvir la soif d’un passant était quelque chose de très important et de cette
    façon les constructeurs considéraient qu’ils offraient de l’aumône en leur nom
    de leur vivant. Le passant assoiffé se désaltérait à l’ombre de l’arbre et
    lisait les noms gravés sur le crucifix. Les monuments étaient sculptés par des
    maîtres tailleurs de pierre.
    – a
    conclu Cezar Petre Buiumaci, manager du projet « Messages gravés dans
    la pierre », du Musée de la ville de Bucarest. (Trad. Ileana Ţăroi)