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  • L’exposition « Max Hermann Maxy – De l’avant-garde au socialisme »

    L’exposition « Max Hermann Maxy – De l’avant-garde au socialisme »

    Le Musée national d’art de Roumanie (MNAR) invite
    son public à une nouvelle exposition, ouverte jusqu’à la fin du mois d’avril. Intitulée
    « M.H. Maxy – De l’avant-garde au socialisme », elle est consacrée à
    Max Hermann Maxy, artiste roumain d’origine juive qui a vécu entre 1895 et 1971.
    Peintre, scénographe, professeur à L’Institut des arts plastiques, Maxy a été
    un des plus importants membres de l’avant-garde de Roumanie, fondateur de la
    revue « Integral » et directeur du Musée d’art du pays. Il fut une
    personnalité en égale mesure complexe et forte, controversée et critiquée, un artiste
    dont le talent s’est exprimé durant deux époques historiques distinctes: dans
    la Roumanie monarchique jusqu’en 1947 et dans la Roumanie du nouveau régime
    communiste au cours de la seconde partie de sa vie.

    L’exposition suit la
    chronologie de la biographie de l’artiste à travers des peintures, de l’art
    graphique, des projets de scénographie, des objets d’art et des revues. Le
    directeur général du MNAR et commissaire de l’exposition, Călin Stegerean, a
    parlé de l’artiste:
    « Il a été une figure exceptionnelle de l’art roumain du XXème siècle,
    premièrement en tant que chef de file du mouvement d’avant-garde à
    l’entre-deux-guerres, fondateur d’une importante revue d’avant-garde, « Integral »,
    et d’un atelier d’art décoratif autour de cette revue. En même temps, il a été
    un scénographe très doué, qui a travaillé avec différentes troupes de théâtre
    d’avant-garde. Après l’avènement du régime communiste, il a occupé plusieurs
    fonctions dirigeantes dans l’appareil d’État.
    Ainsi, par exemple, fut-il le président de « Fondul Plastic » ou
    encore, à partir de 1950, le directeur du premier Musée national d’art de
    Roumanie, dénommé à l’époque le « Musée d’art de la République Populaire
    Roumaine ». Il a appuyé le mouvement d’avant-garde, qu’il avait découvert
    en Allemagne, où il avait fait ses études. Plus tard, il a intégré les rangs
    des organisateurs de grandes expositions d’art d’avant-garde de
    l’entre-deux-guerres en Roumanie, écrivant aussi pour toutes les revues
    spécialisées, véritable lieu de rencontre des arts plastiques avec la
    philosophie, avec tout ce qui a renouvelé le langage artistique. Il a été un
    ami proche de Marcel Iancu, de Tristan Tzara, Ilarie Voronca, Ion Călugăru, tous
    des collaborateurs de la revue « Integral ». Le lien était très fort,
    car les élites s’appréciaient mutuellement et se fréquentaient. En 1942, il a
    rejoint le Parti communiste. L’époque était très trouble, les Juifs étaient persécutés,
    il y avait ces actions dont le but était de supprimer l’ethnie juive. Mais le
    mouvement d’avant-garde rassemblait des gens de gauche, leur passage aux
    recettes du réalisme socialiste ayant emprunté un chemin légèrement différent
    de celui d’autres artistes. Maxy s’est intéressé aux catégories de population
    défavorisées de Roumanie. Les années 1930-40 témoignent de cet intérêt pour les
    ouvriers, pour les gueules-noires, pour ces classes qui n’étaient pas des plus
    favorisées. Du point de vue de la conception, l’exposition prend en compte les
    deux époques historiques, d’une étendue quasi égale, couverte par son activité
    – la période monarchique et la période communiste. Reconnu comme chef de file,
    il a été le promoteur d’un renouveau du langage artistique, durant la première
    période, un renouveau dont notre culture avait fortement besoin, en plus d’une
    ouverture vers l’international. Durant la seconde période, il a lancé des
    signaux concernant une certaine liberté de création, de représentation, qui l’a
    poussé à récupérer en quelque sorte les éléments d’expression utilisés à
    l’entre-deux-guerres. Certes, sans l’envergure ni l’inspiration de cette
    période, mais rendre cela possible après une période de pression et de
    dogmatisme idéologiques fut un signal très fort pour les collègues
    artistes. »


    Călin Stegerean a également parlé de l’activité de
    Maxy à la tête du MNAR: « Maxy a pratiquement configuré ce musée. Je dois vous dire que les
    meilleurs entrepôts de tableaux sont ceux mis en place par Maxy dans ce musée.
    Et c’est aussi lui qui, avec d’autres collègues, a organisé la Galerie d’art
    roumain et la Galerie d’art universel. En même temps, il a eu l’idée de créer
    des activités parallèles aux expositions, dans le but d’éduquer le public et de
    soutenir le lien entre les arts et la vie. »


    Lors du vernissage de l’exposition, le président
    de la Fédération des Communautés juives de Roumanie, Silviu Vexler, a parlé lui
    aussi de Maxy: « Maxy est une des personnalités les plus complexes de l’art roumain, tout
    en étant aussi l’un des artistes juifs
    les plus connus de Roumanie, aux côtés de Marcel Iancu, de Victor Brauner ;
    ils sont, si vous voulez, les symboles les plus visibles et les plus facilement
    reconnaissables de la présence des artistes juifs de Roumanie. En même temps, Maxy
    est un artiste extrêmement complexe dont les créations changent avec le
    contexte des époques traversées. Il est donc essentiel de présenter,
    simultanément avec ses tableaux, le contexte de leur création et de l’activité
    de Maxy. Pourtant, bien qu’il ait été une personnalité d’une telle envergure,
    Maxy a été très peu connu du large public et l’exposition proposée par le Musée
    national d’art est une chance exceptionnelle de le découvrir. »


    Silviu Vexler a aussi parlé de Maxy l’homme: « Je ne crois
    pas que l’on puisse ignorer les personnes. Je crois que l’on peut arriver à un
    point où l’on comprenne que, parfois, la création n’a pas de lien avec certains
    aspects négatifs de l’individu, mais on ne peut pas passer l’éponge dessus. La
    situation de ce genre la plus célèbre est celle de Wagner. Jusqu’à l’heure où
    l’on parle, Wagner est un artiste non seulement extrêmement controversé, mais,
    par exemple en Israël, sa musique a été à l’affiche d’un seul concert. En même
    temps, il est impossible de ne pas reconnaître que l’œuvre de Wagner est un
    élément fondamental de la signification de l’opéra. Mais je ne suis pas
    d’accord avec les tentatives de rayer tout ce qui a été négatif dans la vie
    d’une quelconque personne en raison de son œuvre. Ces deux choses sont complémentaires, à mon avis, il faut les
    connaître toutes les deux et comprendre leur vraie valeur. Ce qu’un artiste
    pense aura inévitablement une influence sur son œuvre. C’est pour cela que je soulignerais la valeur ajoutée de cette
    exposition dédiée à Maxy se trouve dans le fait qu’elle montre toutes les
    facettes de sa vie. Ce ne sont pas de simples toiles exposées, car le contexte
    de la société dans laquelle il les avait créées, l’évolution de sa vie et la
    manière dont son œuvre en a été touchée ont un grand poids. »,
    a conclu le
    président de la Fédération des Communautés juives de Roumanie, Silviu Vexler.
    (Trad. Ileana Ţăroi)