Tag: neutralité

  • Quelle neutralité pour la République de Moldova ?

    Quelle neutralité pour la République de Moldova ?

    La possibilité pour l’UE, les Etats-Unis et le Royaume-Uni de mettre à la disposition de la République de Moldova de l’armement moderne dans le contexte de la guerre en Ukraine voisine, ainsi que la situation tendue dans la région séparatiste russophone de Transnistrie remet en question la neutralité de cet Etat comme établie par sa Constitution en 1994. D’ailleurs, la neutralité constitutionnelle a été intensément débattue par les autorités de l’Etat voisin durant les trois derniers mois après l’invasion de la Russie en Ukraine. Selon une étude réalisée par l’Institut de développement et d’initiatives sociales « Viitorul »/ « L’avenir », la moitié de la population de République de Moldova est toujours partisane du concept de neutralité. Les responsables gouvernementaux assurent que cette neutralité, attentivement suivie par Moscou depuis une trentaine d’années, constitue un fil rouge en matière de la politique sécuritaire de la République de Moldova. Ioan Leahu, expert sur la question de la Transnistrie, soutient la politique de l’actuelle direction de la République de Moldova et affirme que la Russie ne devrait pas être provoquée à ce sujet. Ioan Leahu. « La neutralité telle qu’elle est aujourd’hui est stérile, elle n’a aucun sens. Elle t’appartient. Tu es le seul à prendre des décisions. Soit tu es neutre, soit tu prends parti. La politique est l’art du possible. Dans une telle situation, l’art du possible selon moi se manifesterait dans le sens de ne pas émettre de signaux négatifs. En écoutant attentivement Mme Zaharova, cheffe du département d’information et de presse du Ministère russe des Affaires Etrangères, on constate qu’elle trouve constamment un moyen de nous montrer du doigt. Tout ce débat au sujet de cette neutralité existe uniquement à cause du contexte politique. Mais pour ce qui est de l’élaboration d’une stratégie, il me semble que l’actuel gouvernement de la République de Moldova respecte en principe le fait que la neutralité figure dans la Constitution, mais parallèlement il doit aussi gérer d’autres problèmes. » explique Ioan Leahu, expert sur la question de la Transnistrie.

    Pour leur part, les analystes en matière de sécurité sont d’avis que la neutralité du petit Etat voisin devrait faire l’objet d’un débat. De l’avis d’Igor Munteanu, les promoteurs des stratégies sécuritaires de la République de Moldova devraient définir plus clairement ce concept. Igor Munteanu: « Chaque Etat a sa propre définition de la neutralité. Il peut s’agir d’un non-alignement sur un certain bloc défensif, mais il pourrait également s’agir du refus de participer à des actions agressives contre d’autres Etats. Les interprétations peuvent être très différentes. Pour ce qui est de la République de Moldova, l’insistance avec laquelle la Fédération de Russie évoque la neutralité illustre une stratégie visant à bloquer, à maintenir la population de la République de Moldova dans cet état de faiblesse désarmée et en même temps à maintenir ses propres troupes en Transnistrie, anticipant en quelque sorte un élargissement de l’espace occidental » explique Igor Munteanu, expert sécuritaire.

    Depuis Chisinau, le ministère des Affaires Etrangères assure que toutes les coopérations et les partenariats internationaux se sont déroulés jusqu’ici en respectant le principe constitutionnel de la neutralité de la République de Moldova. Après des pourparlers avec la présidente moldave Maia Sandu, les Etats-Unis promettent que l’aide militaire accordée ne dépassera pas les demandes exprimées par Chișinău.

  • L’Ukraine, dernières négociations

    L’Ukraine, dernières négociations

    Moscou va réduire « radicalement » ses activités militaires dans les régions
    de Kiev et Tchernihiv pour favoriser le dialogue avec l’Ukraine, ont annoncé
    mardi les négociateurs russes au terme d’une nouvelle ronde de négociations de
    paix entre les deux pays, à Istanbul. Et eux d’ajouter que les
    négociations sur un accord sur la neutralité et le statut non-nucléaire de
    l’Ukraine entrent dans une dimension pratique (…). Le chef de la délégation russe et
    représentant du Kremlin, Vladimir Medinski, a fait état de discussions
    substantielles et dit que les propositions claires de
    l’Ukraine en vue d’un accord allaient être étudiées très prochainement et
    soumises au président Vladimir Poutine. A leur tour, les négociateurs de
    Kiev ont affirmé la volonté de l’Ukraine d’adopter un statut de neutralité en échange
    des garanties de sécurité. Cela veut dire que le pays ne rejoindra aucune
    alliance militaire et n’accueillera pas de bases militaires sur son territoire.
    L’Ukraine, par ailleurs, n’a toujours pas renoncé à la Crimée, annexée par la
    Russie en 2014. Le chef de la délégation ukrainienne a proposé à Moscou de
    lancer des discussions sur le statut de la Crimée et de Sébastopol. Dans le
    détail, il suggère une période de négociations de quinze ans, pendant laquelle
    les deux pays s’engagent à ne pas recourir à la force militaire pour régler le
    sort de la province. Par ailleurs, Kiev souhaite reprendre le mécanisme de
    l’article 5 de l’Otan, dit de défense collective. Parmi les pays garants
    de la sécurité de l’Ukraine, on pourrait retrouver les Etats-Unis, le Royaume
    Uni, la France, l’Allemagne, la Pologne, Israël, la Turquie et le Canada. Il
    s’agit des propositions les plus détaillées et les plus concrètes formulées par
    l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe.

  • Ukraine / Russie

    Ukraine / Russie

    Le président Volodymyr Zelensky affirme que l’Ukraine est prête à discuter avec la Russie de l’adoption d’un statut de neutralité comme partie d’un accord de paix. Une nouvelle série de négociations doit commencer mardi à Istanbul. Une rencontre entre les présidents Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky pour discuter de la guerre d’Ukraine serait « contreproductive maintenant », a déclaré à son tour le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. D’autre part, les pertes enregistrées par l’Ukraine en raison de la guerre déclenchée par Moscou s’élèvent à plus de 564 milliards de dollars, a déclaré la ministre de l’Economie, Ioulia Sviridenko, citée par Reuters. Sur le terrain, les forces russes se regroupent, mais n’arrivent pas à avancer du tout, nulle part en Ukraine. Plusieurs unités de l’armée russe ont retourné au Belarus, sur la toile de fond des pertes essuyées, de plus en plus lourdes. La situation reste dramatique à Marioupol, ville-port à la mer d’Azov, où ont lieu les batailles les plus sanglantes depuis le début de la guerre. La Croix-Rouge a fait savoir qu’elle ne pouvait pas transporter d’aides dans la ville assiégée par les troupes russes, demandant à l’Ukraine et à la Russie d’assurer un corridor humanitaire. Selon les autorités locales, environ 160 000 civils sont encore bloqués dans la ville sans eau, sans nourriture, sans médicaments ni électricité. Pour sa part, la Russie continue de nier que ses attaques aient visé des civils et accuse l’Ukraine pour l’échec répété de convenir sur des corridors sûrs pour évacuer les habitants.

  • Quel avenir pour l’industrie minière roumaine ?

    Quel avenir pour l’industrie minière roumaine ?

    Lancé en décembre 2019, le Pacte vert se propose datteindre la neutralité carbone en Europe, et cela avant 2050. Par quels moyens ? Eh bien, par un certain nombre d’actions, qui vont des investissements dans les technologies durables et dans l’industrie, jusqu’au transport et à l’habitat écologiques, en passant par l’amélioration des normes environnementales au niveau mondial, ce qui n’est réalisable que via la conclusion d’accords avec les autres acteurs internationaux. Dans ce contexte, l’abandon de l’utilisation des hydrocarbures dans l’industrie énergétique constitue un objectif de choix du Pacte vert européen.



    La Roumanie, pays qui se targue d’une longue et riche tradition minière, continue d’utiliser le charbon, le transformer en électricité dans ses centrales électriques, et assurer ainsi son nécessaire en matière d’électricité. Deux capacités de production d’énergie, situées dans la région d’Olténie (sud) et à Hunedoara (centre), continuent de produire de l’électricité à base de charbon. Si avant 1989, le secteur minier de Roumanie employait près de cent mille personnes dans 450 mines, sa situation actuelle est loin d’être réjouissante. En effet, la plupart des mines ont dû fermer leurs portes, y compris la plus ancienne exploitation minière, celle de Petrila, ouverte en 1859. Selon les données officielles de 2017, le secteur minier ne comptait plus que 3 000 personnes toujours en activité. La situation est sans doute encore pire à l’heure où l’on parle, d’autres capacités de production ayant été fermées dans ce laps de temps. Le mauvais rendement économique du charbon est une conséquence de plusieurs facteurs, dont l’absence d’investissements dans les technologies d’exploitation, les coûts engendrés par les technologies vieillies, l’absence d’investissements nécessaires pour rendre la production efficace et pour respecter les normes en matière environnementale, et enfin la baisse de la demande interne de charbon. Tout cela mène inexorablement à la fermeture des mines, l’une après l’autre.



    Pis encore, Bucarest devrait bientôt proposer à la Commission européenne son plan de sortie définitive du charbon. La Roumanie dispose de fonds pour ce faire, martèle le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, en précisant que la sortie du charbon pourrait devenir une opportunité pour la création de nouveaux emplois, mis à la disposition des mineurs licenciés, tout cela pour autant que l’argent disponible soit utilisé intelligemment. Quant aux perspectives de l’industrie extractive roumaine, écoutons Mihai Melczer, expert dans les problématiques des industries minières, et ancien directeur général du Complexe énergétique de Hunedoara :



    « Lorsque l’on constate que l’exploitation du charbon n’est plus rentable, que les coûts d’exploitation explosent, il faut y mettre un terme. On ne peut pas poursuivre indéfiniment la chose pour l’amour de l’art. Il faut se réorienter vers des secteurs qui offrent une marge, qui vous permettent de réduire les coûts d’exploitation et d’accroître les bénéfices. Le charbon de la Vallée de Jiu est difficile à exploiter. Il ne permet pas l’utilisation des technologies de pointe. On n’est pas en Pologne. Chez nous, les gisements de charbon sont plus difficiles à exploiter. Et s’entêter à poursuivre les activités minières, c’est tout simplement foncer dans le mur, jeter de l’argent par la fenêtre. »



    En effet, les fonds utilisés actuellement pour subventionner les activités minières pourraient certes être employés à meilleur escient, par exemple pour exploiter de nouvelles sources d’énergies renouvelables, qui garantissent la durabilité de l’entreprise. Une chose est sûre, selon Mihai Melczer, ancien conseiller du ministre de l’Energie : les jours du Complexe énergétique de Hunedoara sont bel et bien comptés :



    « Il s’agit d’un organisme qui se trouve carrément en mort cérébrale. Il ne survit que grâce aux perfusions des subventions gouvernementales. Or, d’après ce que j’ai compris, le ministère de l’Energie entend diviser l’actuel complexe en deux entités distinctes : d’une part, le futur Complexe énergétique de la Vallée du Jiu, avec 4 exploitations minières et la centrale électrique thermique de Paroşeni, et de l’autre – la centrale électrique thermique de Mintia. Mais avec la meilleure volonté du monde, ces deux entités seront déficitaires, et cela dès le premier instant de leur existence. L’Etat devra continuer à subventionner les activités minières, d’une manière ou d’une autre, car elles ne pourront pas fonctionner autrement. Et je crains que c’est ce qui va arriver. Pour ma part, cela peut continuer ainsi, mais pour autant que la poursuite de l’exploitation minière s’accompagne d’une diversification des activités. »



    Mihai Melczer met malgré tout en exergue les conséquences sociales engendrées par un éventuel plan de restructuration des activités minières. Car s’il est normal de remplacer une industrie en perte de vitesse par une autre, plus avenante, il ne faut pas perdre de vue que l’on parle de gens, des gens qui ont chacun leur droit à une vie décente. Parmi les projets censés venir en aide aux régions industriellement sinistrées, notons la création à Petroşani de la Renew Acad, institution qui développe des formations censées préparer les anciens mineurs à des emplois dans le domaine de l’énergie verte. Le projet devrait ouvrir aux habitants de cette région mono industrielle d’autres perspectives professionnelles que les seules carrières de mineur. Un autre projet, censé offrir des alternatives professionnelles destinées aux habitants de la région minière de la Vallée du Jiu, entend profiter des propriétés de l’hydrogène, que d’aucuns pressentent comme l’énergie de l’avenir. Mihai Melczer :



    « Un autre projet d’envergure, mais qui est à l’arrêt pour l’instant, est développé avec l’Institut de cryogénie de Vâlcea. Il s’agit d’un hub d’hydrogène installé à proximité de la centrale électrique thermique de Paroşeni. Parce que la Vallée du Jiu dispose d’une infrastructure énergétique très importante : la centrale de Paroşeni, des postes de transformation, des lignes de haute tension. Pour ma part, tout cela constitue des opportunités, et il faudrait continuer de mettre à profit cette infrastructure énergétique qui existe et fonctionne ».



    C’est bien dans cette optique qu’avait été imaginé le projet du hub d’hydrogène, censé intégrer à terme les capacités de production du complexe énergétique de la Vallée du Jiu.


    (Trad. Ionut Jugureanu)


  • La Roumanie dans la Grande Guerre

    La Roumanie dans la Grande Guerre

    La Première Guerre Mondiale est également connue sous le nom de Grande Guerre, car le monde navait plus vécu jusque là des atrocités aussi grandes. A linstar de tous les autres pays, la Roumanie sy était engagée avec un grand enthousiasme, mais celui-ci nallait pas tarder à seffilocher. Au bout de deux ans de neutralité, en août 1916, larmée roumaine entrait en guerre du côté de lEntente. Elle pénétrait en Transylvanie, province de lEmpire austro-hongrois, habitée majoritairement par des Roumains. 4 mois plus tard, en décembre 1916, la capitale, Bucarest, était occupée et les institutions de lEtat se virent contraintes de déménager en Moldavie. En 1918, la Roumanie, qui se retrouvait dans le camp des vainqueurs, passait de lagonie à lextase.



    Les témoignages puisés dans les archives de la Radiodiffusion roumaine font découvrir limage dun pays en état de guerre et dont le peuple avait fait de son mieux pour vivre dans un monde meilleur. Dans une interview datée de 2001, le général Titus Gârbea se rappelait latmosphère exubérante qui régnait dans la société roumaine à la veille de la guerre: Mon père était un descendant de Tudor Vladimirescu, de Gorj, ma mère était originaire de Făgăraş. Mon grand-père maternel avait fait des études à Vienne, puis en Italie. Comme il ne pensait quà son Italie, il avait fait apprendre litalien à ses propres enfants et à son épouse. Une atmosphère de grand patriotisme régnait dans la maison. Je me souviens des moments où mon père nous amenait faire nos prières devant les icônes représentant les martyrs du peuple roumain: Horia, Cloşca et Crişan et Michel le Brave, bien sûr. Nous entonnions des chants et priions le bon Dieu pour quil préserve leurs âmes. Sur le mur den face trônait le portrait du roi Carol, car nous étions très royalistes, adeptes fervents de la monarchie. On chantait même « Vive le roi ». Les intellectuels contribuaient pour beaucoup à entretenir cet esprit.



    Le général Constantin Durican a, lui, combattu comme infirmier: En 1914, jai été appelé à lhôpital aménagé dans les locaux du lycée Petru Rareş. On ma attribué la charge dinfirmier sur une voiture équipée dun brancard. Il y avait deux sections dauto-brancards: lune dirigée par le général Prezan, lautre par le général Averescu. Lauto – brancard est une voiture destinée à transporter les blessés depuis les premiers points de premiers secours jusquà un des hôpitaux de Piatra Neamţ, qui fonctionnaient dans les écoles.



    Le politicien Constantin Moiceanu a été membre du Parti Social Démocrate, le parti anticommuniste de Constantin Titel-Petrescu. En 2000, il se remémorait les réalités du front près de sa commune natale et les relations des civils avec les Russes, alliés des Roumains: Le front était tout près. Personne navait plus envie de célébrer les fêtes. Mes frères et dautres habitants revenaient le soir, quand le calme sinstallait sur le front et nous apportaient des nouvelles sur les combats et les blessés. Nous avions lavantage de connaître le terrain. A un certain moment, on a vu venir les troupes russes. Des rumeurs couraient comme quoi les Russes étaient réputés bon viveurs et enclins à la bagarre. Les miens étaient assez aisés à lépoque. Ils possédaient un lopin de terre et un jardin. En plus, la cave de la maison regorgeait de fûts remplis de vin et deau-de-vie. Le jour où lon a eu vent de larrivée des Russes, les villageois ont vidé tous les fûts, craignant la réaction des soldats russes ivres.



    Gavril Vatamaniuc a été lunique survivant du groupe de résistance anticommuniste de Bucovine. En 1993, il évoquait le souvenir dun compagnon dorigine française, détenu dans la prison de Gherla. Il avait combattu comme volontaire aux côtés des Roumains et choisi de ne plus quitter la Roumanie après la guerre: Je ne peux pas oublier ce que ma raconté cet homme, âgé de plus de plus de 70 ans. Jeune officier français, il était venu en Roumanie en 1916, comme volontaire, pour se joindre à larmée roumaine qui luttait contre lAllemagne. Blessé, alors quil se trouvait sur le front de Moldavie, il fut amené à lhôpital de Iasi et soignée par une jolie jeune femme, Maricica de son nom. Une fois guéri et sorti de lhôpital, il décida de lépouser. Il vendit tous ses biens de France et sinstalla en Roumanie comme petit fermier. Seulement voilà quà lavènement des communistes, notre petit fermier fut anéanti.



    Un siècle après la Grande Guerre, lEurope garde encore un vif souvenir du conflit ayant marqué laube dun nouvel âge, lui aussi jalonné de tragédies, dexploits ou dactes de lâcheté, despoirs comblés ou brisés. (trad. Mariana Tudose)

  • Maintenir la neutralité

    Maintenir la neutralité

    Lorsqu’éclata la Première Guerre Mondiale, la Roumanie se trouvait au milieu d’une controverse au sujet de sa participation à cette conflagration aux côtés des Puissances centrales. Les germanophiles, avec à leur tête, le roi Carol Ier, étaient sceptiques à l’égard d’une possible alliance avec l’Entente.



    Au pôle opposé, les tenants de cette dernière, également appelés aussi ententophiles, considéraient comme inacceptable l’entrée en guerre du pays en tant qu’allié de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. Ils avançaient l’argument des intérêts de Bucarest liés à la situation des Roumains vivant dans les territoires occupés par l’Empire des Habsbourg. Dans ces conditions, la neutralité apparut comme la solution provisoire à même de retarder la prise d’une décision.



    L’autre raison de la neutralité relevait de la nécessité de doter l’armée roumaine en vue d’une éventuelle participation à la guerre. Malgré les efforts des élites politiques roumaines visant à l’alignement sur les normes occidentales, le caractère vétuste de l’économie roumaine et le manque d’armement moderne ont beaucoup pesé dans le maintien de la neutralité pendant les deux premières années de la Grande Guerre, précise l’historien Alin Ciupală : « La situation de la Roumanie était très compliquée. Il y avait déjà un trait d’alliance avec l’Allemagne et les partenaires de celle-ci, mais ce traité défensif était méconnu de l’opinion publique et de la majeure partie des hommes politiques roumains. Le chancelier de l’Empire allemand, Otto von Bismarck, avait exigé du milieu politique de Roumanie, en tout premier lieu du roi Carol Ier, de garder secret ce traité, dont seuls le souverain et une poignée de politiciens étaient au courant. L’alliance signée en 1883 avait offert des garanties de sécurité au jeune Etat roumain. Pourtant, en 1914, c’est le même document qui allait poser problème à la Roumanie, car il limitait, du moins au plan juridique international, la liberté de manœuvre de sa classe politique. »



    En 1914, les relations internationales étaient marquées par les rivalités entre les deux alliances militaires, l’Entente et les Puissances centrales. La Roumanie était préoccupée par la situation des droits nationaux et civils en Transylvanie, au Banat et en Bucovine, territoires à population roumaine majoritaire, occupés par l’Empire austro-hongrois. Voici comment le premier ministre roumain de l’époque, Ionel Bràtianu, avait synthétisé les arguments du rejet des demandes formulées par les Puissances centrales et du maintien de la neutralité du pays:



    Alin Ciupală : « Un Etat comme le nôtre, qui est entré dans cette alliance sur un pied d’égalité, en tant que pays souverain, ne peut être traité ainsi […] D’autre par, la Roumanie ne saurait accepter de prendre les armes et de participer à une guerre qui vise à l’anéantissement d’une petite nation. […] La quasi totalité de la population se déclare contre cette conflagration. […] Le sort des Roumains de Transylvanie, l’idéal national de roumanité sont autant d’aspects que pas un gouvernement du pays ne saurait ignorer. »



    L’historien Alin Ciupală relate le déroulement des travaux du Conseil de la Couronne lors duquel fut proclamée la neutralité du pays : « Les hommes politiques et Ionel Brătianu, premier ministre et chef du Parti National Libéral, étaient conscients du fait que l’armée roumaine n’était pas prête, que ses dotations ne se hissaient pas aux exigences d’une guerre moderne. Cette incapacité militaire avait déjà été constatée en 1913, lorsque l’armée roumaine avait dû combattre au sud du Danube, en Bulgarie, pendant la Deuxième Guerre Balkanique. Voilà pourquoi les discussions sur l’entrée en guerre de la Roumanie ont été très tendues. Le roi Carol Ier a convoqué, au Palais de Peleş, un Conseil de la Couronne, auquel ont participé tant les leaders du Parti National Libéral, les ministres du cabinet en place, lui aussi libéral, que d’autres hommes politiques, dont l’héritier du trône, le prince Ferdinand. Carol Ier a demandé explicitement que la Roumanie entre en guerre aux côtés de l’Allemagne et de ses alliés, invoquant, comme principal argument, le traité défensif de 1883. Pour la première fois pendant son long règne, Carol allait éprouver une vive désillusion. La plupart des politiciens présents à la réunion ont rejeté sa demande, car elle nuisait au projet national, celui de l’Union avec la Transylvanie. En plus, le pays et son armée n’étant pas préparés pour l’effort de guerre, la majorité des participants au Conseil de la Couronne ont proposé de maintenir la neutralité. Le Parti National Libéral et ses chefs y ont joué un rôle tout aussi important que d’autres hommes politiques de l’époque. Ionel Brătianu lui — même était conscient du fait que la décision relative à l’entrée en guerre concernait l’intégralité de la classe politique autochtone. A considérer strictement le rôle des libéraux, notamment des ministres issus de ce parti, on peut affirmer que le gouvernement avait entamé des préparatifs assez soutenus en vue de l’entrée en guerre. Son chef, Ionel Brătianu souhaitait, en fait, repousser aussi longtemps que possible le moment où la Roumanie allait s’engager dans la guerre. »



    Deux années durant, après la mort de Carol Ier, les puissances belligérantes allaient déployer d’intenses efforts pour attirer la Roumanie dans l’un ou l’autre des deux camps. Ni le nouveau souverain, Ferdinand Ier, ni le premier ministre, Ionel Brătianu, sympathisant de la France et de l’Angleterre, n’avaient l’intention de renoncer à la neutralité, avant que l’évolution du conflit ne devienne prévisible et ce afin d’accomplir les objectifs nationaux. Ayant reçu des garanties concernant son intégrité territoriale, la Roumanie entra en guerre, du côté des pays de l’Entente, en août 1916. Un choix qui, au lendemain de la Grande Guerre, rendait possible la création de la Grande Roumanie, suite à l’union des provinces historiques de Transylvanie, de Bessarabie et de Bucovine avec le Royaume de Roumanie. (Trad. Mariana Tudose)

  • 08.12.2014

    08.12.2014

    FMI — A Bucarest, les représentants du FMI et de la Commission européenne poursuivent leurs négociations avec les responsables roumains en marge du déficit budgétaire pour 2015. Tandis que les représentants des grands bailleurs de fonds exigent un déficit de 0,9% du PIB, l’exécutif roumain insiste sur un taux de 1,4%, nécessaire d’une part en raison de la majoration du budget alloué à la Défense sur fond de la crise ukrainienne et de l’autre pour cofinancer les projets européens. De l’avis du gouvernement roumain, un déficit budgétaire inférieur se traduirait par la réduction des sommes allouées aux investissements, à la santé et à l’éducation et ne permettrait pas la majoration des retraites et des allocations familiales. La délégation des grands bailleurs de fonds se trouve à Bucarest jusqu’à mercredi quand le gouvernement se réunira pour adopter le budget 2015.




    Gouvernement — Le Bureau permanent national du PSD discute ce lundi de la prochaine structure gouvernementale au sein de laquelle l’Union nationale pour le progrès de la Roumanie, le Parti conservateur et le Parti libéral réformateur de l’ancien premier ministre Calin Popescu Tariceanu se verront attribuer chacun deux portefeuilles ministériels. Le chef du cabinet de Bucarest, Victor Ponta, a annoncé la semaine dernière son intention de présenter la nouvelle structure gouvernementale au Parlement le 19 décembre. Il s’agit de la première réunion des sociaux-démocrates après la celle du Comité exécutif national du 27 novembre au cours de laquelle la direction du PSD a décidé de continuer à assumer la gouvernance et à former un nouveau gouvernement malgré la perte de la présidentielle par son candidat, Victor Ponta.



    Neutralité — La Cour constitutionnelle de la République de Moldova a ajourné à une date ultérieure l’examen prévu ce lundi d’une saisine visant la neutralité de cette ex-république soviétique à population majoritaire roumanophone, déposée par les parlementaires libéraux qui souhaitent l’adhésion de leur pays à l’OTAN. Selon la Constitution, la République de Moldova est neutre et n’admet pas le déploiement de troupes militaires étrangères sur son territoire. Toutefois, le leader du Parti Libéral de Chisinau, Mihai Ghimpu, estime que ces règles sont nulles compte tenu de la présence des militaires russes dans la région séparatiste pro-russe de Transnistrie (dans l’est du pays). En même temps, les libéraux moldaves et leurs partenaires de la coalition pro-européenne au pouvoir — le PLD et le PD — poursuivent les pourparlers sur leur programme de gouvernance. Aux élections législatives du 30 novembre, les 3 formations ont obtenu ensemble 55 des 101 mandats de député. Le gouvernement de Chisinau espère obtenir pour la Rép de Mold le statut de candidat à l’adhésion à l’UE en 2017 et de membre de l’Union en 2020.



    SPORT — L’équipe nationale de handball de la Roumanie s’est inclinée dimanche à Debrecen, en Hongrie, devant la sélection nationale norvégienne, 19 à 27, dans son premier match du tournoi final du Championnat d’Europe. Dans le même groupe le Danemark a battu l’Ukraine par 32 à 23. A mentionner aussi que les prochains matchs dans le groupe B seront entre la Roumanie et le Danemark et la Norvège et l’Ukraine.



    METEO — Les météorologues roumains ont lancé ce lundi une vigilance jaune neige et tempête en vigueur jusqu’à mercredi soir dans 31 départements, y compris la capitale. Des précipitations sont attendues sur la majeure partie du territoire. La vitesse du vent dépassera dans le sud-est les 60 km à l’heure. Le sud du pays court un risque d’inondations après que le service de météorologie a averti que des pluies continueront à tomber dans les heures à venir. Précisons que les pluies abondantes des derniers jours ont fait que des centaines de fermes et des milliers de ha de terrains soient inondés. Les maxima du jour vont de –1 à 8 degrés. Un seul petit degré à midi, dans la capitale.

  • “La Grande Guerre. La neutralité (1914 – 1916)”

    “La Grande Guerre. La neutralité (1914 – 1916)”

    Le Musée National d’Histoire de Roumanie a inauguré la série d’événements consacrée au centenaire de la Première Guerre Mondiale par l’exposition La Grande Guerre. La neutralité (1914 – 1916)”. Ouverte du 31 juillet jusqu’à la fin de l’année, cette exposition peut être visitée sur la terrasse du musée donnant sur l’Avenue de la Victoire, au centre de la capitale.



    Selon le commissaire d’exposition Cornel Constantin Ilie, le projet en question part de l’idée que la Roumanie et les Roumains ont été impliqués dans la guerre dès l’an 1914: “Nous avons voulu montrer le fait que, durant les deux années de neutralité, les décideurs politiques ne sont pas restés les bras croisés. Au contraire, il s’est passé bien des choses qui ont finalement abouti à l’entrée en guerre effective de la Roumanie. La période 1914 — 1916 a été non seulement très tourmentée et compliquée, mais aussi et surtout très importante pour l’histoire du peuple roumain. Sur le plan interne, il y a eu une véritable guerre des déclarations entre les gouvernants, qui promouvaient la neutralité, en raison de certains intérêts politiques et diplomatiques, et ceux qui souhaitaient voir le pays entrer en guerre du côté de l’Entente ou des Puissances Centrales. Enfin, les Roumains de Transylvanie, de Bucovine et de Bessarabie, provinces roumaines occupées à cette époque-là par les Empires austro-hongrois et tsariste, se sont engagés dans la guerre dès 1914. Voilà pour une image très juste de la signification de cette période de neutralité dans l’histoire de la Roumanie ”.



    L’Exposition La Grande Guerre. La neutralité (1914 – 1916)” présente, entre autres, la situation du Royaume de Roumanie d’avant l’éclatement du conflit, sa politique étrangère au début du XXe siècle, la période de la neutralité proprement-dite, les pourparlers diplomatiques menés par le gouvernement de Bucarest avec l’Entente et la Triple Alliance, le Conseil de la Couronne du 14 août 1916, lors duquel on a décidé de l’entrée en guerre aux côtés des pays de l’Entente.



    Une bonne partie de l’exposition est dédiée aux événements qui ont eu lieu au-delà des frontières. Plusieurs photos des archives du Musée National d’Histoire de Roumanie saisissent les préparatifs des belligérants, le quotidien des soldats sur les différents fronts, ainsi que les horreurs de ce que l’on a par la suite appelé « le grand carnage ».



    Le commissaire d’exposition, Cornel Constantin Ilie poursuit sa présentation: “C’est une exposition de photographie documentaire. On y retrouve articles de presse, documents puisés dans les archives diplomatiques, photos, cartes postales, dont beaucoup à caractère inédit et présentés au public pour la première fois. Nous avons tenté de la rendre attractive aux yeux d’un public pas forcément avisé ou passionné d’histoire, en lui faisant découvrir, par exemple, des caricatures parues dans la revue Furnica” « La Fourmi », très amusantes et révélatrices pour le message qu’elles transmettaient.



    Cornel Constantin Ilie nous a également fourni des détails sur le site Internet www.marelerazboi.ro, (www.lagrandeguerre.ro), lancé parallèlement à l’exposition “La Grande Guerre. La neutralité (1914 – 1916)”: “C’est un projet amb itieux du Musée National d’Histoire de Roumanie. Nous envisageons de mettre en place une base de données en ligne comportant des documents en tout genre: documents d’archives et de presse, photos, cartes postales consacrées à la Grande Guerre. Nous avons également établi une série de partenariats avec des institutions importantes, détentrices d’un patrimoine culturel particulièrement précieux. Il s’agit des Archives Nationales de Roumanie, des Archives du Ministère des affaires étrangères, de certains autres musées et de plusieurs bibliothèques à travers le pays. Notre objectif est de transformer ce site en une source très utile pour ceux qui souhaitent apprendre le plus de choses possible sur la Roumanie à l’époque de la Première Guerre Mondiale. (trad.: Mariana Tudose)