Tag: Nicolae Șt.Noica

  • L’École Centrale de jeunes filles de Bucarest – un bâtiment classé

    L’École Centrale de jeunes filles de Bucarest – un bâtiment classé

    L’École Centrale de jeunes filles
    occupe une place à part parmi les anciens lycées de Bucarest, aussi bien par
    l’instruction de haut niveau traditionnellement dispensée par son corps
    enseignant que par le bâtiment où elle fonctionne. Une construction
    représentative du style architectural appelé « national » ou
    « néo-roumain », qui commençait à se répandre. Imaginé par
    l’architecte Ion Mincu, auteur du projet de l’École
    Centrale, ce style a pris son envol grâce aux contributions ultérieures
    d’autres architectes, pour atteindre son sommet à l’entre-deux-guerres, quand
    il est devenu le style préféré pour la construction de bâtiments publics et
    privés dans la Grande Roumanie de l’époque. Quels que soient, pourtant,
    les changements intervenus au fil du temps, les lignes directrices du début
    sont visibles dans le style architectural très particulier de l’École Centrale de jeunes filles
    de Bucarest. Fondé en 1852, lors du règne du prince de Valachie, Barbu
    Știerbey, l’établissement fonctionnait dans un bâtiment inadéquat durant
    plusieurs années, après la proclamation du Royaume de Roumanie en 1881.

    D’ailleurs,
    immédiatement après cette date, le Parlement a adopté un ample programme de
    construction de bâtiments publics, dont des établissements scolaires, en y
    allouant des fonds importants, explique Nicolae Șt. Noica, auteur du livre « L’histoire
    du bâtiment de l’École Centrale de
    jeunes filles de Bucarest » C’est un projet de loi ciblé sur les établissements scolaires et
    les institutions culturelles d’enseignement dont le fonds alloué est très
    élevé, environ 10% du budget national de l’époque. (…) Entre 10% et 12% alloué
    uniquement à la construction d’édifices. Le premier pas est fait en 1885. L’architecte
    Ion Mincu signe un contrat pour réaliser le plan de l’
    École Centrale de jeunes filles. Le projet précisait
    toutes les fonctions que le bâtiment devait remplir. La superficie et la
    hauteur des salles de classe devaient assurer 7 mètres cubes d’air par élève. À
    la bibliothèque, où les jeunes filles passaient plus de temps qu’en classe, le
    volume d’air prévu était de 9 mètres cubes par élève. L’architecte Ion Mincu a
    respecté ces exigences à la lettre, en projetant un bâtiment rectangulaire,
    avec sous-sol, rez-de-chaussée et un étage. À l’époque, il y avait aussi un
    internat et une cantine.



    Après une modification du programme de
    construction initial proposé par le ministère de l’Éducation et après la tenue
    d’un appel d’offres pour choisir le constructeur et dont le gagnant a été
    l’entreprise de l’ingénieur Sicard, le coup d’envoi des travaux fut donné en
    1888. Deux années plus tard, en 1890, l’École Centrale de jeunes filles quittait son ancienne adresse,
    près de l’hôpital Colțea, et emménageait dans son nouvel édifice, qui existe
    toujours, en face du jardin public de Grădina Icoanei. L’architecte Ion Mincu a
    adapté sa vision artistique de manière à assurer aux élèves le confort
    nécessaire pour étudier, ajoute Nicolae Șt. Noica: Au centre du
    bâtiment rectangulaire, il y avait une cour intérieure exceptionnellement belle
    aujourd’hui encore, cent ans plus tard. Elle était conçue pour y passer les
    moments de récréation. Il est intéressant à remarquer le fait que le corridor
    qui donnait sur le jardin a été fermé avec des colonnes rappelant celles des
    monastères. (…) Au départ, Mincu voulait le laisser ouvert, mais, vu le climat
    local, il a décidé de le fermer, mais, à la différence des monastères, il y a
    installé un système de fenêtres très bien réalisées, qui fonctionnent toujours.
    Cela a marqué l’apparition d’un nouveau style architectural.



    Ce nouveau style mettait ensemble l’architecture vernaculaire, le style
    brancovan et l’architecture religieuse autochtone, en y ajoutant des ornements
    empruntés à l’espace méditerranéen. La faïence colorée utilisée dans la zone
    des corniches en est une preuve incontestable. Et c’est toujours dans cette
    partie haute du bâtiment que sont inscrits les noms des plus illustres
    princesses valaques, impliquées dans le soutien à la culture et à l’éducation. En
    fouillant dans les archives pour retrouver les plans originaux dessinés par Ion
    Mincu, Nicolae Șt.Noica a aussi découvert d’autres documents qui montrent
    l’intérêt pour l’enseignement, manifesté par la société à cette époque de
    refonte du pays: J’ai trouvé les fiches de paye des
    enseignantes qui travaillaient dans cette école à l’époque. (…) Une prof de
    géographie, d’histoire ou de roumain recevait 270 lei or. Un gramme d’or était
    valait 3 lei, donc 270 divisés par 3 égal 90, donc 90 grammes d’or. Aujourd’hui,
    le gramme d’or se vend et s’achète à 200 lei. 90 multipliés par 200 font
    18.000. À l’heure actuelle, aucun président ou ministre n’a un salaire de
    18.000. Alors, l’assertion au’il y avait peu d’argent à l’époque ne se vérifie
    pas. Les artisans étaient respectés, tout comme les enseignants. Et les
    résultats ont été visibles à travers le temps.

    Aujourd’hui,
    170 ans après la fondation de l’École
    Centrale de jeunes filles et 132 après l’inauguration
    de son siège actuel, le bâtiment imaginé par Ion Mincu peut être admiré dans
    forme d’origine. (Trad. Ileana Ţăroi)