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  • Mieux communiquer

    Mieux communiquer

    Il ne m’écoute pas ! Elle ne me comprend pas ! Mon enfant ne fait
    jamais ce que je lui dis de faire ! Autant de phrases que nous nous
    retrouvons souvent à dire.


    Nous nous plaignons souvent que les autres ne nous écoutent pas, ne nous
    entendent ou ne nous comprennent pas. Il arrive aussi parfois que nous ayons
    l’impression que les autres ne font pas ce que nous leur demandons. Dans ces
    moments souvent tendus, qui arrive à prendre conscience que les autres ont des
    besoins différents voire même des manières différentes de communiquer ?
    C’est ce que tentent d’expliquer nos invités d’aujourd’hui à tous ceux qui
    franchissent le seuil de leurs ateliers de communication.


    Octavia Udrescu et Decebal Popescu sont formateurs en communication
    non-violente depuis novembre 2020, lorsqu’ils ont commencé à organiser des
    ateliers dans l’espoir de créer une communauté au sein de laquelle les gens
    puissent mettre en place une communication véritable. Nous avons demandé à Decebal
    Popescu pourquoi il organise ces Ateliers de Communication Non-Violente
    (Ateliers CNV) :




    « J’ai eu plusieurs motivations. Parmi elles
    – ma conviction que nous, les êtres humains, nous avons la chance de vivre une
    vie plus heureuse et accomplie. Ce n’est la faute de personne, mais nous avons
    été habitués à des discours comme : « moi, j’ai raison et toi, tu as
    tort », ou bien « ça, c’est bien, alors que ça, c’est mal ». Eh bien,
    ce que nous avons voulu mettre en avant avec ces Ateliers de CNV c’est qu’il
    est possible d’avoir une vision différente des choses. Et avec un peu de
    bienveillance on peut trouver une solution pour répondre à nos besoins de
    développement personnels, tout en tenant compte des besoins de l’autre. Et pour
    moi, c’est vraiment formidable ! »





    De son côté, Octavia Udrescu a détaillé pour nous la réaction des
    participants lorsqu’ils comprennent que chacun a ses propres stratégies pour répondre
    à ses besoins :




    « Les participants revenaient et nous racontaient :
    « J’ai commencé à écouter ! Avant, je ne pouvais pas écouter les
    autres, je trouvais ce qu’ils me disaient bête, mais désormais je me tais et
    j’écoute. Et cela me permet d’apprendre des choses intéressantes. On part
    souvent de l’idée que l’on est plus intelligent que l’autre, mais si on lui
    donne la chance de s’exprimer, de nous montrer son monde, on sera surpris. Peut-être
    découvrira-t-on que leurs idées sont tout aussi intéressantes, que nous avons
    les mêmes désirs et intentions, même si les modalités pour les accomplir sont
    différentes. C’est vraiment fascinant ! La nature humaine me fascine et la
    communication consciente m’aide à mieux me comprendre moi-même. Qu’est-ce que
    je veux, en fait ? Et puis, je regarde mes enfants et j’essaye de me
    souvenir de mes propres réactions à l’adolescence. Quelles réactions ?
    Quel comportement ? Est-ce que je criais sur ma mère ? Est-ce que je
    claquais les portes ? Bien sûr. Mais alors pourquoi est-ce que je faisais
    tout cela ? »




    Se
    demander « pourquoi », cela ouvre beaucoup de portes à la
    compréhension de soi et de l’autre, nous dit Octavia. Toutes les techniques de
    communication non-violente, elle les a appliquées d’abord en famille, avec ses
    filles. Quel résultat ? Octavia répond :




    « Désormais, j’ai une meilleure relation avec ma famille et
    moi-même. Par exemple, j’accepte mieux les refus. Ma fille est déjà adulte,
    elle a 20 ans. Désormais, si j’ai besoin d’aide, je négocie avec elle. Quand je
    lui dis « j’aurais besoin de ça ou ça » elle, qui connaît aussi les
    principes de la communication non-violente me dit parfois que je suis
    « passive-agressive » et que je la tiens coupable de certaines choses. Alors,
    maintenant je lui réponds : « Désolée, c’est ma faute.. Comment pourrais-je améliorer cela ?
    » Et elle me répond : « J’aimerais que tu me dises d’avance
    quand tu as besoin de mon aide et que tu ne me forces plus à faire quelque
    chose au pied levé ». Et moi, je poursuis : « Alors, aujourd’hui, je vais
    laver le linge et d’ici une heure j’aurai besoin que tu le mettes à
    sécher ». Et ça fonctionne ! J’en suis époustouflée ! Avant,
    lorsque je lui mettais la pression, cela ne fonctionnait pas. Maintenant j’ai
    cette ouverture d’esprit d’accepter un refus et je sais lui demander son
    opinion. Et ça marche. Puisqu’en fait, l’homme ressent le besoin de contribuer,
    mais il a aussi besoin d’avoir la liberté de choisir comment et quand apporter
    cette contribution. »




    En fait c’est par l’auto-empathie que nous arriverons à accepter plus
    facilement les choses, explique Octavia, qui nous fait encore part de son
    expérience personnelle :




    « Cela signifie que je suis capable de comprendre qu’un
    refus est un moment difficile pour moi et d’essayer de faire quelque chose pour
    me sentir mieux. Me sentir mieux physiquement, puisqu’un refus de la part de ma
    famille me fait si mal au cœur, au point de penser « ils ne m’aiment pas
    ». Alors je me dis : stop, ce n’est pas une question d’amour, c’est
    quelque chose d’important pour lui ou pour elle. C’est quelque chose que je
    peux accepter. Alors, je tourne mon attention vers des choses qui m’apportent
    un peu de réconfort – je regarde les fleurs, je dessine etc. »




    Après ce témoignage très personnel, nous invitons de nouveau au micro
    Decebal Popescu, pour nous dresser le portrait des personnes qui participent à
    ces ateliers de communication :




    « Nous aimerions avoir un public plus large et plus
    équilibré en terme de genre. Jusqu’ici, la plupart des personnes qui nous ont
    rejoint ont été des femmes, préoccupées d’avoir une meilleure relation avec
    elles-mêmes notamment. J’ai aussi été ravi de voir dans le public de nombreux
    parents, tant des mamans que des papas, des parents d’adolescents surtout. Une
    des meilleures expériences est le moment où chaque participant bénéficie de 2-3
    minutes pour exprimer pourquoi il participe à cet atelier. A la fin de la
    rencontre, nous leur posons la question suivante : « c’était comment
    pour vous d’être écouté sans être interrompu pendant quelques minutes ? »
    Et leur réaction est toujours la même : « tu veux dire qu’il faut
    faire la même chose avec nos enfants ? »… »



    Mieux
    communiquer. A un moment donné chacun d’entre nous ressent ce besoin. Souvent,
    il faut commencer par mieux écouter. Par conséquent, on n’a pas tort de dire
    que les ateliers de communication non-violente sont une expérience nécessaire
    pour nous tous, car nous voulons tous pouvoir mieux communiquer. Pour les
    adolescents, l’essentiel est de faire ces cours en compagnie des parents, pour
    mieux apprendre et mieux se comprendre les uns les autres. (Trad. Andra
    Juganaru, Valentina Beleavski)