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  • Litovoi a 68 millions d’années

    Litovoi a 68 millions d’années

    Site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Géoparc des dinosaures du Pays de Hațeg prouve, une fois de plus, son importance paléontologique. Une équipe internationale de chercheurs avec, à leur tête, Zoltán Csiki-Sava, de la Faculté de géologie et géophysique de l’Université bucarestoise, a découvert et décrit une nouvelle espèce de mammifère préhistorique, contemporain des dinosaures nains de Transylvanie. Ce mammifère a été baptisé Litovoi.

    Des détails sur cette découverte avec Csiki – Sava Zoltán : « Litovoi est un animal préhistorique, un mammifère, un de nos ancêtres, de nos parents très éloignés, dont les restes squelettiques ont été découverts, il y a 4 ans, dans la zone de Haţeg, dans ce que nous, les géologues, appelons « le bassin de Haţeg ». Ces restes squelettiques ont été étudiés depuis, et nous avons découvert qu’il s’agissait d’une nouvelle espèce, d’un nouveau genre et, pour honorer la mémoire d’un des premiers voïvodes connus dans l’histoire de la Roumanie, nous avons baptisé cet animal « Litovoi ».

    La nouvelle découverte a apporté des informations inédites sur la vie qui a existé sur l’ancienne île de Haţeg il y a environ 70 millions d’années.

    Csiki – Sava Zoltán : « Cet animal découvert dans le bassin de Haţeg appartient à la catégorie de mammifères, c’est un de nos parents, mais il fait partie d’un groupe de mammifères qui n’existe plus, qui s’est éteint. Pourtant, au cours du Mésozoïque, qui a été l’ère des dinosaures, ces multituberculés étaient les mammifères les plus présents dans la faune et ils étaient répandus sur tous les continents, depuis l’Amérique du Nord jusqu’en Asie. Litovoi fait donc partie de ce groupe des multituberculés, qui, par sa forme et son mode de vie, ressemblaient aux rongeurs actuels. Ce que nous avons découvert était en fait une sorte d’écureuil ou de souris, mais de très grandes dimensions, remontant au Crétacé. »

    Les animaux apparentés à Litovoi ne se retrouvent nulle part en Europe. Csiki-Sava Zoltán précise : « Il faut dire, tout d’abord, qu’au Crétacé, ce genre de mammifères connus sous le nom de tuberculés, était largement distribué sur les continents nordiques. Pourtant, chose étrange, à l’époque où les dinosaures nains vivaient dans le pays de Haţeg, c’est-à-dire à la fin du Crétacé, ces mammifères ne vivaient apparemment que dans cette zone de Haţeg et dans les zones avoisinantes, dans ce que nous appelons l’île transylvaine. Ils ne sont pas connus en Hongrie, en France, en Espagne. En outre, les multituberculés ayant vécu sur d’autres continents – en Amérique du Nord ou en Asie – ne sont, eux, que des parents éloignés de Litovoi. Celui-ci faisait donc partie d’un groupe de mammifères qui ne se trouvaient que dans cette zone de la région transylvaine. Pourtant, ce n’est pas là l’élément le plus spectaculaire concernant Litovoi, car d’autres multituberculés sont connus dans la zone de Haţeg. Ce qui est particulier, ce qui est spectaculaire, c’est ce que nous avons découvert en réussissant à reconstruire entièrement son crâne. »

    Ce faisant, les chercheurs se sont rendus compte que Litovoi avait un cerveau beaucoup plus petit qu’ils ne s’y étaient attendu, vu ses dimensions, ce qui a ouvert une nouvelle voie de recherche.

    Csiki-Sava Zoltán: « Litovoi ressemble beaucoup à des mammifères comme l’hippopotame ou le chamois ou même les hommes fossiles, qui vivaient, eux aussi, sur des îles, mais à des époques beaucoup plus récentes, soit il y a 5 à 10 millions d’années, alors que Litovoi a vécu il y a quelque 68 millions d’années. Ces mammifères vivant sur l’île étaient forcés à redistribuer leur consommation énergétique, c’est-à-dire à redistribuer les efforts qu’ils faisaient pour leur développement individuel et, au lieu de développer un grand cerveau, ils orientaient leurs ressources énergétiques vers d’autres domaines de la vie, comme, par exemple, la reproduction, beaucoup plus importante pour assurer l’existence de l’espèce sur l’île. Litovoi a fait à peu près la même chose que ces mammifères plus récents, mais il l’a fait d’une manière entièrement différente de ce que l’on connaissait jusqu’alors : tout en diminuant un peu la dimension de son cerveau, il a développé tout particulièrement les centres du cerveau qui contrôlent l’ouïe, l’olfaction, les mouvements oculaires. Cet animal avait pratiquement des sens très aigus dans des domaines importants pour la survie : trouver de la nourriture, éviter les prédateurs. »

    Suite à cette reconstitution, les chercheurs ont abouti à la conclusion qu’ils se trouvaient devant une voie évolutive entièrement nouvelle, par laquelle les multituberculés aboutissaient aux résultats que nous pouvons constater chez les hippopotames ou d’autres animaux actuels. Précisons que l’équipe de chercheurs a compté parmi ses membres des paléontologues de renommée mondiale, dont Mátyás Vremir, de la Société du Musée Transylvain de Cluj-Napoca, Stephen Brusatte de l’Université d’Edinbourg, au Royaume-Uni, Meng Jin et Mark Norell, du Musée américain d’histoire naturelle de New York. (Trad. : Dominique)

  • Une nouvelle plante au catalogue de la flore mondiale

    Une nouvelle plante au catalogue de la flore mondiale

    Les biologistes roumains ont découvert une nouvelle espèce de plante. Pour en avoir la certitude, il leur a fallu faire maintes recherches qui ont duré pas moins de trois ans. La découverte a été faite en Dobroudja, dans une région sauvage qui abrite des espèces protégées d’oiseaux, de reptiles, de mammifères et de plantes. Les plantes poussent à leur gré à l’ombre de la forêt humide nichée au creux d’un vallon sillonné par un cours d’eau.

    C’est le biologiste Matis Attila qui a découvert cette nouvelle espèce végétale. Voici ce qu’il nous a raconté : « En 2014, j’ai travaillé, en Dobroudja, à l’élaboration du plan de gestion des aires protégées du réseau Natura 2000, dont fait partie la forêt de Dumbrăveni, celle où l’on a déniché cette plante. Pendant que j’inventoriais les espèces végétales qui y vivent, j’ai trouvé une plante aux feuilles étranges, introuvable dans le grand répertoire. Je me suis rendu compte que c’était quelque chose d’inédit. Nous avons cru d’abord que c’était une espèce nouvelle pour la flore de Roumanie, qu’elle aurait pu venir de la Bulgarie voisine, très proche de cette zone-là. Tel n’était pas le cas. Ensuite, on a pensé à une espèce très rare qui pousse en Russie. Avec l’aide de nos collègues russes, on a procédé à des analyses génétiques. On en a conclu qu’il s’agissait d’une espèce nouvelle, apparentée à celle de Russie, toutes les deux faisant partie du genre Ferula ».

    La nouvelle plante a été baptisée Ferula mikraskythiana, d’après le terme du grec ancien qui désignait la région de Dobroudja: Mikra Skythia (Scythie Mineure). Elle fait partie de la famille des apiacées, dans laquelle on retrouve aussi la carotte et l’aneth. C’est une plante de grande taille, à l’inflorescence composée de très petites fleurs. Son cycle de vie est encore plus intéressant. Les feuilles apparaissent en début d’été, après quoi elle sèchent. La plante donnera des fruits en août et lorsque la belle saison touche à sa fin, on peut voir l’inflorescence. Cette espèce de plante, qui dégage un parfum agréable a survécu sur quelques prairies très bien conservées, qui revêtent des pentes escarpées, au cœur de la forêt prairies de Dumbrăveni.

    C’est justement grâce à la protection que leur offre la forêt que ces plantes ont pu y résister, précise le biologiste Matis Attila : « Cette espèce, je ne l’ai retrouvée que dans la réserve de Dumbrăveni. J’y ai recensé seulement 179 exemplaires, ce qui veut dire qu’elle rentre dans la catégorie des plantes qui périclitent. Il s’agit d’une espèce endémique, qui ne pousse qu’en Roumanie et qui a probablement survécu à l’abri de la forêt de Dumbrăveni. Elle présente un grand intérêt scientifique, vu que c’est une espèce complètement neuve pour la flore mondiale. Cela prouve combien riches sont les aires protégées de Roumanie. La forêt de Dumbrăveni étant une réserve assez isolée, les moutons n’y ont pas accès, contrairement à d’autres endroits de Dobroudja et du pays où les prairies naturelles sont pratiquement détruites par ces animaux ».

    Le biologiste Matis Attila a également découvert d’autres espèces de plantes nouvelles pour la flore de Roumanie. Parmi elles, Saussurea pulchella, espèce symbole des Monts Rodna, observée pour la dernière fois il y a un siècle et déclarée officiellement disparue depuis 50 ans. Malheureusement, cette plante continue de péricliter en raison du pâturage. Les spécialistes mettent en garde contre le risque que cette plante rare, qui ne pousse que dans le Monts Rodna de Roumanie et en Ukraine ne disparaisse à nouveau, à défaut de mesures de protection. (Trad. Mariana Tudose)