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  • Une année de guerre en Ukraine

    Une année de guerre en Ukraine


    « Après une
    année de guerre, la Russie n’a réussi à atteindre aucun des objectifs que
    Vladimir Poutine lui avait assignée lors de sa fameuse allocution du 24 février
    2022. Mais, par ailleurs, aucun des deux belligérants n’est parvenu à s’imposer
    de manière catégorique, alors que la fin de la guerre ne semble pouvoir être
    décidée ailleurs que sur le champ de bataille », avait affirmé le
    politologue Cristian Pârvulescu, dans une interview pour l’agence Agerpres, une
    année après le déclenchement de l’agression russe en Ukraine. « Car ce n’est
    qu’après la fin des opérations militaires que l’heure des négociations sonnera.
    Et il n’y a que trois issues possibles à ce conflit : soit la Russie gagne ; soit l’Ukraine gagne ; ou alors, aucune des parties n’arrive à s’imposer. Dans
    cette dernière situation, l’armistice devrait acter la réalité qui existe sur
    le terrain au moment précis de l’armistice. Or, cette solution semble aujourd’hui
    inacceptable pour les deux parties », avait encore affirmé le politologue
    Cristian Pârvulescu. Pourtant, le nombre des victimes humaines (morts, blessés
    ou disparus au combat) ne fait qu’augmenter de jour en jour, s’élevant à
    plusieurs centaines de milliers des deux côtés du front depuis le début des hostilités.
    Des millions de civils ont été poussé à l’exile. Des villes entières ont été
    rasées.

    Dans une interview pour
    Radio Roumanie, George Scutaru, directeur général du Centre New Strategy, fait
    le bilan de cette année de guerre, et de ce qu’il apprécie comme constituant le
    plus grand défi pour la sécurité européenne et pour l’Organisation du traité de
    l’Atlantique Nord depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale :


    « Ce
    que l’on a pu voir durant cette année de guerre rend malheureusement justice aux
    positions roumaines, baltes, polonaises, aux positions des Etats situés sur le
    flanc est de l’OTAN, et qui avaient depuis longtemps alerté leurs alliés
    occidentaux sur le danger que représentait la Russie, sur l’urgence d’une prise
    de positions censée empêcher que la Russie ne poursuive ses actions agressives,
    à l’instar de celles menées en 2008 en Géorgie, ou encore en 2014, lorsqu’elle
    avait annexé la Crimée. L’on avait encore une fois misé de manière stupide sur
    les bénéfices du dialogue et de la diplomatie, plutôt que sur le rapport de
    force. Et, avec cela, on a débouché sur une guerre à grande échelle. Ce qui est
    remarquable, reste la volonté de résistance du peuple ukrainien. Et dans ce
    contexte l’on voit combien opportun a été le programme d’entraînement des forces
    ukrainiennes, démarré en 2015 par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et par d’autres
    Etats de l’OTAN. Parce qu’aujourd’hui, l’on voit une armée ukrainienne tout à
    fait différente de ce qu’elle était avant 2014, et cela a eu un impact concret
    sur le terrain. Et puis, de l’autre côté, l’on a pu voir l’armée russe, corrompue,
    mal dirigée, et qui a dû suivre des plans mal ficelés. Et c’est bien ce qui a
    contribué à l’échec de l’offensive russe sur le terrain. Mais il ne faut pas se
    presser de sabrer le champagne. L’on parle d’une puissance qui compte 140
    millions d’habitants, dotée de ressources énergétiques conséquentes, et dirigée
    d’une main de fer par une classe politique jusqu’au-boutiste. Poutine n’est pas
    près de céder. Et la Russie est en mesure d’un point de vue économique de
    poursuivre cette guerre sur le long terme. Nous nous trouvons devant deux
    scénarios : on pourrait se diriger vers une victoire ukrainienne dans la
    seconde partie de l’année, lorsque son armée serait en mesure de faire pencher
    la balance en utilisant à bon escient l’ensemble de l’armement fourni par les
    Occidentaux, et je parle notamment de chars, de blindés, qui peuvent doter l’Ukraine
    d’une force de frappe capable de rompre le front russe et d’isoler la Crimée, ou
    alors l’on pourrait se diriger vers une guerre d’usure, qui s’éteindrait sur
    plusieurs années, jusqu’à l’épuisement de la volonté de combattre des deux
    pays.
    »


    Une chose est sûre : Au mois de février de l’année
    précédente, le Kremlin misait sur une victoire rapide en Ukraine. Mais la résistance
    ukrainienne et l’aide massive apportée par les Etats occidentaux avait surpris ses
    plans dès les premiers jours de la guerre. La menace nucléaire, voilée ou
    directe, a été constamment présente dans cette équation complexe, provoquant de
    l’émotion au sein des populations et la réaction des dirigeants occidentaux.

    Le secrétaire général adjoint de l’OTAN, Mircea Geoană :


    « La
    Fédération de Russie n’a semble-t-il ni la capacité, ni la volonté d’escalader la
    guerre en Ukraine vers une guerre contre l’OTAN. Ce serait d’ailleurs totalement
    illogique, car l’asymétrie des forces en présence, surtout avec une Russie déjà
    sensiblement affaiblie par le conflit et dotée des capacités militaires qui se
    sont avérées bien en-deçà de leurs propres estimations, est telle que la
    volonté d’escalade du côté russe serait insensée. Mais la Russie essaye d’utiliser
    contre nous, contre nos populations, des éléments de guerre hybride, dont les
    armes que constituent la désinformation et l’intimidation, en faisant usage de
    la rhétorique belliciste et nucléaire. Le Kremlin essaye d’intimider l’opinion
    publique occidentale. Et cela provoque forcément des angoisses. Il s’agit d’une
    réaction tout à fait compréhensible. Mais ce que je voudrais souligner, pour
    calmer un peu les esprits, c’est qu’il n’existe en réalité aucun indice de
    nature militaire qui pourrait nous faire craindre un usage possible des armes
    nucléaires ».



    Mais en dépit de cela,il se peut bien que la rhétorique nucléaire russe, censée
    intimider l’opinion publique occidentale et rompre la solidarité avec l’Ukraine,
    se poursuive, précise encore le secrétaire-général adjoint de l’OTAN, Mircea
    Geoana. (Trad. Ionut Jugureanu)



  • La diplomatie roumaine lance des avertissements

    La diplomatie roumaine lance des avertissements




    La
    Russie se prépare à annexer quatre régions sous contrôle russe, du sud et
    sud-est de l’Ukraine – Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia après que des
    référendums aient apparemment approuvé le régime de Moscou.Les
    administrations pro-Moscou des quatre régions occupées ont déclaré mardi soir
    que leurs habitants avaient voté pour rejoindre la Russie lors de cinq jours de
    scrutin orchestré par le Kremlin. En utilisant la même rhétorique dont elle
    s’est servie pour justifier l’invasion de l’Ukraine, la Russie a justifié la
    mise en place de ce référendum pour sauver, dit-elle, la population locale
    russophone d’une répression préparée par les Ukrainiens.

    Les résultats
    sont clairs. Bienvenue à la maison, en Russie !, a déclaré sur Telegram
    l’ancien président Dmitri Medvedev, aujourd’hui vice-président du Conseil de
    sécurité de la Russie.Kyiv et presque toute la communauté
    internationale ont dénoncé à l’unisson ce simulacre de référendum où les
    électeurs ont été obligés de votersous
    le canon d’une arme. Pour sa part, Moscou a affirmé qu’une fois ces territoires
    annexés, la Russie pourrait recourir aux armes nucléaires pour mieux se
    défendre. Elle risque donc d’ouvrir une boîte de Pandore d’une utilisation de
    ces armes apocalyptiques, avec un risque réel de riposte, conventionnelle, de
    l’Otan, et ensuite d’escalade nucléaire de part et d’autre.


    La
    Roumanie a fermement condamné les référendums illégaux et illégitimes organisés
    par la Fédération de Russie du 23 au 27 septembre, dans les régions
    ukrainiennes occupées illégalement par ses soldats et affirmé ne pas
    reconnaître les résultats. Ces simulacres de consultations populaires
    représentent une grave violation du droit international et du coup, elles n’ont
    aucune valeur juridique. Une fois de plus,la Russie viole les principes fondamentaux du droit international et
    agit contrairement aux responsabilités qui découlent de son statut de membre
    permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Bucarest réitère son soutien ferme à
    l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et
    appelle tous les autres pays à rejetter les tentatives de Moscou de s’emparer
    des territoires d’autres Etats. Par ailleurs, dans le contexte des récentes
    évolutions en Russie et suite à l’appel à la mobilisation partielle lancé par
    la Russie, le Ministère des Affaires Etrangères de Bucarest recommande vivement
    aux Roumains d’éviter les voyages non nécessaires en territoire russe et à ceux
    qui se trouvent déjà sur place, à le quitter au plus vite possible. La
    diplomatie roumaine suggère aux Roumains présents sur le territoire de la
    Fédération de Russie de rester très vigilants et d’éviter les protestations ou
    les rassemblements.


    Sur
    le terrain, la guerre semble avoir pris une autre tournure, encore plus
    dangereuse, après les récentes explosions ayant touché les gazoducs Nord Stream
    1 et Nord Stream 2, qui relient la Russie à l’Allemagne à travers la mer
    Baltique, des explosions que les Européens considèrent des actes de sabotage.



  • Le défi coréen

    Le défi coréen

    Critiquées par la communauté internationale, les activités nucléaires de la Corée du Nord, toujours plus intenses, suscitent des inquiétudes grandissantes. Les autorités de Pyongyang ont annoncé avoir réussi leur premier essai de bombe à hydrogène, soit l’arme la plus puissante au monde. Les réactions de la communauté internationale ont oscillé entre scepticisme et condamnation. Les spécialistes du nucléaire ont accueilli avec scepticisme l’annonce de Pyongyang.

    Les experts et les militaires sud-coréens, cités par le Washington Post, affirment que l’explosion produite lors de l’essai est plutôt celle d’une bombe atomique. Il est hors de propos, précisent-ils, que ce soit une bombe H, à en juger d’après « le bang » qu’ils ont obtenu. Bombe H ou pas, l’essai nord-coréen est très préoccupant, a déclaré l’expert Siegfried Hecker, dans un entretien publié par le Bulletin des scientifiques atomiques. « Le problème n’est pas de savoir si la Corée du Nord a testé une bombe à hydrogène ou pas, mais qu’elle fasse des progrès avec un nouvel essai. A chaque essai, ils apprennent beaucoup », a souligné Siegfried Hecker, un des plus grands spécialistes du nucléaire nord-coréen.

    Voici les explications fournies lors d’une interview accordée à Radio Roumanie par l’ancien directeur de l’Institut de recherches pour la défense chimique, bactériologique, radiologique et nucléaire, Vasile Şomoghin: « La bombe à hydrogène entre dans la catégorie des armes nucléaires. Il y a la bombe atomique A, qui utilise la technique de la fission. Des atomes d’uranium ou de plutonium sont cassés par des neutrons, ce qui produit de l’énergie. La bombe H ou thermonucléaire repose sur la fusion nucléaire : deux atomes d’hydrogène (deutérium et tritium) sont rapprochés, créant un nouveau noyau qui tente de retrouver un état stable, en éjectant un neutron, ce qui produit de l’hélium. Les deux types de bombe diffèrent tant par le mécanisme de la production d’énergie que par la quantité d’énergie dégagée. Les bombes H sont à peu près mille fois plus puissantes que les bombes classiques ou de type A. »

    Au moment de l’essai, le Centre de surveillance géologique des Etats-Unis et le Centre national sismologique de Chine ont détecté dans la région une secousse de magnitude 5,1 sur l’échelle de Richter. « A première vue, il semblerait qu’ils aient mené un essai nucléaire réussi, mais n’ont pas réussi à mener à bien la deuxième étape, celle de l’explosion d’hydrogène », a déclaré le spécialiste australien Crispin Rovere. Bruce Bennett, analyste à la Rand Corporation, doute également des affirmations de Pyongyang. « S’il s’était agi d’une véritable bombe H, le relevé de l’échelle de Richter aurait dû être 100 fois plus élevé, d’une magnitude de l’ordre de 7 » a-t-il indiqué à l’AFP. Pour Bruce Bennett, l’explosion correspondait à un engin de 10 à 15 kilotonnes, de la taille de celle larguée sur Hiroshima en 1945. C’est le quatrième essai nucléaire de Pyongyang. Les deux premiers essais nucléaires nord-coréens, en 2006 et 2009, avaient été réalisés avec des engins au plutonium. Le troisième, en 2013, incluait vraisemblablement – ce qui n’a pas été confirmé – de l’uranium.

    Serait-ce une simple propagande? Voici la réponse de Vasile Şomoghin: « De toute évidence, la propagande compte parmi les moyens les plus forts de la Corée du Nord. C’était probablement un test nucléaire ordinaire ou un essai de bombe thermonucléaire raté. De toute façon, le fait que la Corée du Nord dispose de la bombe nucléaire et cela depuis un certain temps représente un grand danger. Tout dépend du développement des systèmes balistiques qu’elle possède. A ce que je sache, ils détiennent déjà des missiles balistiques capables d’atteindre la Corée du Sud et le Japon, dont certaines d’une portée de plusieurs centaines, voire milliers de km. J’ignore leurs avancées en la matière et la capacité de transport de ces missiles. Quoi qu’il en soit, le danger est considérable. »

    Les agences de presse notent que Pyongyang a développé un programme nucléaire en dépit de la pauvreté du pays et des volées de sanctions internationales à son encontre. Pour réduire les coûts afférents à un tel programme, les autorités nord-coréennes ont fait appel à la technologie autochtone et à la main d’œuvre pratiquement gratuite. Le gouvernement sud-coréen estime que les dépenses nucléaires totales de son voisin du Nord vont de 1,1 à 3,2 milliards de dollars.

    Les experts du domaine affirment pourtant qu’il est impossible de faire un calcul précis, vu le caractère secret de ce programme. Les principales puissance nucléaires du monde, y compris la Chine, allié traditionnel de la Corée du Nord, ont condamné le récent test mené par Pyongyang. Pékin a exhorté instamment la Corée du Nord « à tenir son engagement de dénucléarisation ». La Russie a pour sa part dénoncé une « violation flagrante du droit international », tandis que les Etats – Unis ont promis une réponse appropriée». Israël a lui aussi dénoncé l’essai par la Corée du Nord d’une bombe H, craignant qu’il ne serve de précédent pour l’Iran.

    A Bucarest, le ministère des Affaires étrangères a déclaré que cet essai contrevient aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et constitue un défi pour la paix et la sécurité dans la région. (Trad. Mariana Tudose)