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  • Ploieşti

    Ploieşti

    Une véritable pépite méconnue tout près de Bucarest

     

    Aujourd’hui, nous vous invitons à visiter la ville de Ploieşti, chef-lieu du département de Prahova, sise à seulement 60 km au nord de Bucarest, dans la partie centrale-nord de la Plaine roumaine, à une altitude moyenne de 150 mètres au-dessus du niveau de la mer. Avec une position géographique proche de la Vallée de la Prahova, la zone touristique montagneuse la plus populaire de Roumanie, la ville de Ploieşti est en général ignorée par les touristes.

     

    Et pourtant, la Capitale de l’Or noir, surnom dû à l’exploitation des gisements de pétrole de la région et aux installations de raffinage construites ici, Ploieşti offre un certain nombre de surprises aux visiteurs.

     

    Le musée de l’Horloge

     

    Doru Gogulancea, membre du Jockey Club, nous sert de guide et il commence le tour de la ville avec le Musée de l’Horloge, aménagé dans un bâtiment datant de la fin du XIXème siècle.  

    « Nous nous trouvons au Musée de l’Horloge de Ploieşti, fondé par le professeur Nicolae Simache, qui a vécu entre 1905 et 1972. Le professeur est en fait le fondateur de dix-sept musées et maisons-musées de l’ancienne région administrative Ploieşti, qui couvrait les départements actuels de Prahova, Buzău et Dâmboviţa. Il a commencé cette collection en achetant diverses horloges et montres, vendues par des particuliers. Dans un premiers temps, elle a été exposée au Palais de la culture de Ploieşti. Plus tard, le professeur Simache a réussi à obtenir le siège actuel, qui est en fait l’ancienne maison de l’homme politique et magistrat Luca Elefterescu, membre du beau monde de la ville à la fin du XIXème et au début du XXème siècle. Le Musée de l’Horloge et du temps y est ouvert depuis 1972. Sa collection comprend une gamme très variée de mécanismes qui mesurent le temps, dont des pièces ayant appartenu à des personnalités roumaines, mais aussi internationales. »

     

     

    En effet, les vitrines du musée abritent des montres ayant appartenu entre autres au prince Alexandru Ioan Cuza, à l’homme politique, ancien premier ministre et ministre des affaires étrangères roumain Mihail Kogălniceanu, aux rois Carol I et Michel I, au tsar Alexandre II, au grand-duc Nicolas de Russie, au général Alexandru Averescu, à l’homme politique et diplomate Nicolae Titulescu, au poète et diplomate Vasile Alecsandri. Les pièces les plus anciennes de la collection sont des horloges astronomiques créées par les horlogers Jacules Heustadia et Joachim Metzker entre 1544 et 1562. Une autre pièce remarquable est la clepsydre (l’Horloge à eau) réalisée par Charles Rayner en 1654.

     

    A ne pas rater non plus : le Musée du pétrole, le Musée d’art Ion Ionescu-Quintus et l’Hippodrome de Ploiesti

     

    Doru Gogulancea a aussi mentionné d’autres objectifs touristiques de la ville de Ploieşti : Track 2 : « Après le Musée de l’Horloge, le premier objectif unique en son genre est le Musée du pétrole ; après, je recommande aussi le Musée d’art « Ion Ionescu-Quintus », aménagé dans la maison construite par le père de l’homme politique et créateur d’épigrammes. Sa collection a été constituée par quatre hommes d’affaires dont, évidemment, monsieur Ionescu-Quintus et l’architecte Toma Socolescu. Cette pinacothèque de la ville, qui a été reprise par le Musée d’art de Ploieşti, retrace l’histoire de l’art roumain grâce aux merveilleuses toiles de grands maîtres nationaux ainsi qu’à des dons d’artistes contemporains. Enfin, l’Hippodrome de Ploieşti, lui aussi unique dans le paysage du sport l’hippique, existe depuis 1961, après la démolition de celui de Bucarest. Il accueille, quasiment sans interruption, exclusivement des courses de trot attelé.  »

     

    Le Grand Prix Royal de Roumanie a eu lieu le 7 juillet dernier, la saison des courses allant s’achever le 8 décembre prochain. (Trad. Ileana Ţăroi)

     

  • L’exploitation du pétrole en Roumanie

    L’exploitation du pétrole en Roumanie

    Aux côtés de « l’or blanc » (le sel) et de « l’or rouge » (le métal proprement-dit), « l’or noir » (le brut ou le pétrole) a été une ressource particulièrement importante du sous-sol de l’espace roumain, source de progrès, mais aussi d’ennuis au fil de l’histoire. Sur le territoire de la Dacie, les gisements de brut qui se trouvaient au nord du Danube ont été exploités dès l’antiquité. En ces temps-là et plusieurs siècles durant, le principal produit obtenu du brut était le mazout, utilisé surtout pour graisser la flèche des chariots, mais aussi pour le traitement médical de certaines affections ou pour fabriquer les torches à éclairer.

    Les premiers documents qui le mentionnent ont commencé à apparaître depuis le Moyen Age. Les zones où le pétrole est exploité de nos jours en Roumanie y figurent : la Moldavie, dans la région de Bacău, la Valachie, dans le comté de Prahova, aux environs de la ville de Ploieşti. Pour la Valachie, la première mention documentaire du mazout est faite sous le règne du prince Neagoe Basarab en 1517, au sujet d’un village où se trouvait la zone « La Păcuri » (Au Mazout). Quant à la Moldavie, les sources sont encore plus anciennes, affirme Radu Lungu, auteur du livre L’or noir chez les Roumains, publié aux Editions Paideia.

    Radu Lungu : « Des preuves documentaires, pas nécessairement d’exploitation, mais qui mentionnent le mazout, apparaissent en Moldavie en 1440. C’est alors qu’un certain village est mentionné, près de la ville de Moineşti, au département de Bacău, où le pétrole continue d’être exploité. Un autre aspect intéressant concernant la Moldavie, c’est que le prince Dimitrie Cantemir, auteur de la Description de la Moldavie de 1716, fait état des sources de mazout de Moineşti, sur la rivière Trotuşul Sărat. Et c’est toujours sur cette rivière que se trouvent les mines de sel de Târgu Ocna. Il se réfère à ces sources de pétrole mélangé à de l’eau, mentionnant qu’il faudrait séparer l’eau du pétrole ; ainsi, le mazout aurait été plus efficace pour l’éclairage, par exemple. »

    Ces exploitations, appartenant d’habitude aux boyards, aux monastères, au prince régnant, mais aussi aux paysans francs, étaient assez rudimentaires au Moyen Age, précise Radu Lungu : « L’exploitation se faisait avec des moyens rudimentaires. Là où il n’y avait pas de sources ou de gisements en surface, les gens creusaient des puits. A la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, les paysans, mais aussi ceux des cours des boyards, ont commencé à utiliser le pétrole pour l’éclairage avec des torches ou avec des fûts. A l’intérieur des maisons, il était moins utilisé. C’était surtout un éclairage extérieur, dans les cours ou dans les rues. »

    L’exploitation rudimentaire et l’utilisation limitée du pétrole allaient se terminer dans la seconde moitié du XIXe, l’année 1857 étant considérée celle de naissance de l’industrie pétrolière roumaine.

    Pourquoi cela ? Radu Lungu en sait davantage : «Le fait qu’un des dérivés du pétrole, obtenu par distillation, le pétrole lampant, était approprié pour l’éclairage des villes et des habitations a constitué une découverte. Et dans ce contexte, 1857 est une année intéressante, celle de la création de la première raffinerie ou fabrique de distillation du mazout, dans un quartier de Ploieşti appelé Sf. Dumitru. Un certain M Mehedinţeanu s’est fait cette raffinerie pour distiller le pétrole brut et obtenir du pétrole lampant. Une année auparavant, il avait obtenu l’exclusivité pour approvisionner la capitale en pétrole lampant. En 1857, la ville a commencé à être éclairée au pétrole lampant, et c’était la première ville du monde à être éclairée ainsi. C’est toujours en 1857 que la Roumanie figure dans la première statistique mondiale relative aux exploitations de pétrole, en première position du monde, avec 275 tonnes par an… Ce n’était pas beaucoup, mais la date était importante. »

    Après Bucarest, c’est Iaşi qui allait être la ville suivante éclairée au pétrole lampant, en 1858, puis Vienne, en 1859. En Roumanie, l’exploitation industrielle du pétrole s’est développée, en fait, après 1900. Mais il faut savoir que le brut roumain n’a pas été qu’un élément du développement du pays, il a également constitué un enjeu militaire et stratégique pendant les deux guerres mondiales.

    Radu Lungu explique : « Au moment où la Roumanie entrait en guerre du côté de l’Entente, en 1916, au mois d’août, les Allemands perdaient toutes les ressources européennes de céréales et de pétrole. Une des priorités du grand Commandement stratégique allemand, c’était de conquérir la Roumanie pour récupérer ces ressources. Et ils l’ont fait. Le 6 décembre, ils étaient en Roumanie et ont exploité ces ressources de décembre 1916 jusqu’en 1918. »

    L’Allemagne a manifesté le même intérêt 20 années plus tard, pendant la Deuxième Guerre mondiale. Alliée de l’Allemagne nazie à partir de juin 1941, la Roumanie a subi des pressions pour que toute sa production de brut aille en Allemagne, ce qui est d’ailleurs arrivé à hauteur de 80% pour toute la durée de l’alliance. (Trad. Ligia Mihaiescu)