Tag: ordinateur

  • Leçon 212 – Le langage de l’ordinateur

    Leçon 212 – Le langage de l’ordinateur

    Dominique: Bună
    ziua!


    Ioana: Bună
    dimineaţa!


    Alexandru: Bună
    seara!


    Valentina: Bună!








    Bun venit, dragi prieteni ! Aujourd’hui nous
    apprenons à échanger quelques mots avec notre ordinateur… roumain. Le langage
    que nous allons utiliser, c’est plutôt de l’anglais que du roumain.






    L’ordi
    roumain s’appelle –calculator



    C’est
    un mot neutre, donc masculin au singulier et féminin au pluriel.






    un calculator – două calculatoare


    un
    ordinateur – deux ordinateurs






    Ioana : Eu am
    un calculator nou.
    J’ai un nouvel ordinateur.


    Alexandru : Ei au cumpărat calculatoare de ultimă
    generaţie.
    Ils ont acheté des ordinateurs de dernière génération.


    Valentina : Calculatorul tău nu merge. Ton ordinateur ne marche pas.


    Alexandru: Calculatorul
    are un hard şi un soft.
    L’ordinateur a un disque dur
    et un logiciel.








    Voyons
    un peu comment ça marche.


    a aprinde calculatorul – allumer
    l’ordinateur


    Ioana: Eu aprind
    calculatorul.
    J’allume l’ordinateur.


    Valentina: Eu am
    aprins calculatorul.
    J’ai allumé l’ordinateur.


    -a stinge calculatorul – éteindre
    l’ordinateur


    Alexandru: Ai
    stins calculatorul?
    As-tu éteint l’ordinateur?


    -a da click – cliquer


    Ioana : Am
    dat clic pe iconiţă.
    J’ai cliqué sur l’icône.


    En
    roumain, pour « icône » on utilise le diminutif : –iconiţă – petite icône


    Valentina : Am dat dublu click. J’ai double-cliqué.


    click dreapta – clic droit


    click stânga – clic gauche








    -a scrie la calculator – taper à
    l’ordinateur


    Ioana : Eu
    vreau să scriu un mesaj.
    Je veux écrire un message.


    Valentina: Eu
    vreau să scriu un mail.
    Je veux écrire un email.


    Alexandru : Această tastă nu mai funcţionează. Cette touche ne
    fonctionne plus.


    Ioana : Tastatura nu funcţionează. Le clavier ne fonctionne pas.






    Pour la
    souris, le roumain a adopté – et adapté – le mot anglais:


    mouse – devenu un mot
    neutre :


    un mousedouă mouse-uri – une souris – deux souris

    Valentina : Eu prefer un mouse optic. Je préfère une souris
    optique.






    Pour
    « imprimer » on utilise deux verbes :


    a printa, du verbe anglais « to print », roumanisé

    Ioana : Eu
    vreau să printez documentul.
    Je veux imprimer le document.






    On
    emploie aussi –a imprima


    Valentina: Ei au
    imprimat zece pagini.
    Ils ont imprimé dix pages.


    Alexandru: Pentru
    a imprima este nevoie de toner.
    Pour imprimer on a besoin d’une cartouche d’encre.






    Ioana: Eu
    îmi consult mail-ul.
    Je consulte ma boîte mail.


    Alexandru: Noi
    vorbim pe Skype.
    Nous parlons sur Skype.


    Valentina: Ei au
    schimbat mesaje.
    Ils ont échangé des messages.






    Tudor
    Gheorghe adresse un message aux parvenus.


    Mesaj pentru parveniţi est la chanson de
    notre petite leçon… d’informatique.




    LA REVEDERE!









  • Les effets indésirables de l’éducation en ligne

    Les effets indésirables de l’éducation en ligne

    En Roumanie, la suspension généralisée des cours en présentiel est entrée en vigueur le 11 mars 2020, et depuis elle se poursuit sous différentes formes et scénarios, adaptés aux situations épidémiologiques du moment. Conçue comme une solution de crise, la décision nest pas restée sans conséquences sur le parcours éducatif des élèves. Les plus touchés sont — et on s’en doutait – les enfants issus des milieux défavorisés, soit une bonne partie de ceux qui constituaient les 44 % de ce que l’on appelle les analphabètes fonctionnels, déjà avant la pandémie. Une étude, menée plus tôt cette année par l’association World Vision Roumanie, a confirmé les données qui indiquaient déjà que 40 % des élèves issus de milieux défavorisés navaient pas accès à léducation en ligne. A cette situation désastreuse il y a certes plusieurs raisons, explique Mihaela Nabăr, directrice exécutive de World Vision Roumanie :



    « Il y a tout d’abord les raisons financières, des familles qui ne sont pas en mesure d’assurer les moyens techniques et les infrastructures nécessaires au bon déroulement des cours en ligne de leurs enfants, qu’il s’agisse d’ordinateur, d’ordinateur portable, de tablette, et encore de la connexion à internet. Selon les données recueillies par notre association dans les villages où nous menons nos programmes, une personne sur trois est dépourvue d’accès à internet ou alors la connexion est tellement faible que les cours en ligne ne peuvent pas se dérouler normalement. Par ailleurs, les enseignants nétaient pas toujours formés à donner des cours ou à pouvoir examiner leurs élèves en ligne. Pourtant, dans le contexte actuel, il était extrêmement important que tous les enfants puissent avoir accès à l’éducation, car l’éducation est un droit, et cela signifie que nous devons tout faire pour que tous les élèves puissent avoir accès à ce droit et l’exercer à leur guise. Pourtant, les situations sont très différentes dun ménage à lautre, dun enfant à lautre. Pendant toute cette période, beaucoup n’ont pas eu accès à une éducation en ligne de qualité, mais il y a eu aussi des enseignants qui ne se sont pas résignés devant ce constat, et qui ont fait du porte-à-porte, qui sont allés au domicile des enfants pour laisser des notes de cours ou reprendre les feuilles de travail que les enfants avaient remplies. Le tableau d’ensemble est donc assez mitigé et beaucoup d’enfants sont quand même parvenus, dune manière ou dune autre, à joindre leurs professeurs, mais on est loin de pouvoir parler daccès universel et garanti à léducation, et encore moins à une éducation de qualité. »



    Bien que la Roumanie fasse partie du peloton de tête des pays réputés en termes de qualité de ses connexions à internet, les chiffres publiés en début d’année ont montré que 237 mille élèves navaient pas accès à internet et 287 mille élèves ne disposaient pas de léquipement nécessaire pour suivre les cours en ligne. Environ 40 % de chaque groupe était aussi repris dans l’autre groupe. Mais là où le bât blesse par-dessus tout, c’est que la situation ne s’est pas améliorée depuis. Mihaela Nabăr :



    « 91 % des enfants ou leurs parents se disent affectés par cette situation, d’un point de vue psychologique. Pire encore, environ 23 % des enfants qui vivent à la campagne et qui ont été repris dans notre étude se disent malheureux. Or, toute cette situation aura très certainement un impact majeur sur les chances de leur réintégration scolaire. Nous ne pouvons dès lors qu’espérer et saluer la reprise attendue des cours scolaires en présentiel, car cest la seule façon de pouvoir joindre et scolariser les enfants qui font partie des communautés les plus vulnérables. »



    50 % des enseignants qui ont pris part à létude menée par l’association World Vision Roumanie estiment que leurs élèves auraient besoin de suivre des cours de rattrapage, car ils ont décroché et ne seraient pas en mesure de réussir les tests qui les attendent. Mihaela Nabăr :



    « Selon les évaluations réalisées dans les communautés où notre association propose ses programmes de rattrapage scolaire, l’on constate une détérioration accentuée des résultats scolaires, et ce en dépit de tous nos efforts. Autrement dit, ces facteurs laissent présager ce que sera l’évolution du taux dabandon scolaire dans un proche avenir. »



    Et bien que les données officielles concernant labandon scolaire ne soient publiées quen fin dannée scolaire, l’on constate déjà à l’œil nu une explosion des situations de décrochage, surtout en ce qui concerne la tranche d’âge des 14-15 ans, dans ce contexte de fracture du processus éducatif. Pour comprendre le phénomène, plusieurs raisons sont invoquées par les spécialistes, à commencer par la crainte des élèves de ne pas faire face aux évaluations à venir, et jusqu’aux modifications constatées dans leur programme quotidien, certains enfants qui vivent à la campagne étant entraînés par leurs parents à faire des travaux à la maison. En outre, certains lycéens ont choisi de chercher du travail rémunéré pour subvenir aux besoins de leurs familles, alors que les cours en ligne ne leur étaient pas accessibles. La reprise des cours en présentiel pour ces catégories d’enfants s’est ainsi avérée plutôt compliquée, le 8 février dernier, certains choisissant de ne plus retourner en classe.



    Mihaela Nabăr, directrice à World Vision Roumanie, une organisation présente dans 92 pays, relève que les statistiques indiquent que près dun milliard denfants ont été touchés par la transition de l’éducation en présentiel vers léducation en ligne. Par rapport à la Roumanie, certains pays peuvent se targuer d’avoir mieux réussi le passage aux cours en ligne, alors que d’autres ont fait encore moins bien. Mihaela Nabăr :



    « Il y a certes des pays qui ont été bien moins touchés par les conséquences de la pandémie, mais cela parce que leurs systèmes éducatifs respectifs ont été mieux préparés, qu’ils se sont avérés plus résilients. Notre capacité de résilience s’est également améliorée entre temps, et nous saurons sans doute mieux nous adapter, au besoin, à moyen ou à long terme, même si j’espère que ce ne sera pas nécessaire. Aussi, il est certain que d’autres pays ont fait bien mieux que nous pour assurer la continuité de la scolarité des enfants, alors que d’autres pays ont fait moins bien que nous, c’est un fait. »



    Sans égard pour toutes ces considérations, une chose est sûre : l’école en ligne laisse des traces et affecte de manière conséquente les enfants, mais aussi leurs parents. L’anxiété, la déprime, les problèmes de vue, occasionnés par l’augmentation du temps passé devant un écran, sont là. L’absence du contact social laisse également des traces ; les petits s’avèrent moins sûrs d’eux, et manifestent des difficultés au niveau de l’expression orale.


    (Trad. Ionut Jugureanu)


  • La linguistique computationnelle et ses origines roumaines

    La linguistique computationnelle et ses origines roumaines

    Comme toutes les histoires qui retracent l’essor d’une technologie, celle qui est à la base des traducteurs en ligne d’aujourd’hui demeure fascinante, car basée sur des savoirs, des compétences et des domaines tellement disparates, que rien ne laissait entrevoir réunis sous une même bannière. Mais il faut dire qu’avec les traducteurs automatiques l’on entre de plein pied dans le monde de l’Intelligence artificielle, un domaine au développement duquel les scientifiques roumains ont eu leur mot à dire, notamment pour avoir fait parler de concert les mathématiques et les sciences du langage. Apparue aux Etats-Unis sous l’appellatif de linguistique computationnelle, appelée encore linguistique informatique, cette nouvelle science s’était construite à mi-chemin entre sciences cognitives et traitement automatique des langues, devenant la rencontre des deux langages : le langage humain et le langage informatique.

    À l’entre-deux-guerres, la cybernétique frayait déjà son chemin parmi les différentes sciences, s’érigeant de la sorte en précurseur de l’IA et de la linguistique computationnelle. Si la fin des années 30 voyait le Roumain Ștefan Odobleja comme un des précurseurs du nouveau domaine, l’arrivée des communistes au pouvoir au lendemain de la seconde guerre mondiale allait couper court l’herbe sous les pieds de la cybernétique autochtone. L’un des pionniers de la linguistique mathématique roumaine a été le mathématicien Solomon Marcus. Interviewé en 1998 par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Marcus dénonçait la politisation rampante des sciences, opérée par le pouvoir communiste de l’époque. « La cybernétique avait été mise au ban par le pouvoir communiste, car accusée d’être une science « bourgeoise ». Mais il est advenu à ce moment une chose plutôt inhabituelle. Vous savez, à l’époque, les communistes roumains emboîtaient en tous points les pas de leurs grands frères moscovites. Et les savants soviétiques étaient arrivés à convaincre le pouvoir soviétique de faire la distinction entre la linguistique mathématique et les autres sciences qui relèvent du domaine socio-humain, en rattachant la première aux sciences de la technologie, moins connotées idéologiquement. Alors, après la période où la cybernétique avait été jetée aux oubliettes, Moscou se ravisa et récupéra cette science, pour l’utiliser à son profit. La révolution scientifique et technologique devenait du coup le nouveau mantra du pouvoir communiste et l’un des principaux objectifs poursuivis par la société communiste. »

    Et puis, comme souvent dans les changements de paradigme qu’opère le régime communiste, le pragmatisme s’avère plus fort que l’idéologie. C’est bien ce qui s’était passé à l’époque de la réhabilitation de la linguistique mathématique, à Moscou d’abord, suivie de près par les autres capitales des Etats satellites, explique le Pr Solomon Marcus:« Bucarest a rapidement fait sienne la position de Moscou. Et cela a eu un double effet. La linguistique mathématique a pris son envol, devenant une science idéologiquement légitime. On l’appelait d’ailleurs à l’époque la linguistique computationnelle, et faisait partie de ce que l’on entendait alors par « révolution scientifique et technologique ». L’on visait déjà la traduction automatique d’une langue à l’autre, grâce aux machines. La mise n’était pas des moindres. En effet, les Russes voulaient être capables de traduire de l’anglais en russe aussi rapidement que possible. Les Américains désiraient en faire autant dans le sens inverse. Par contre, étudier la linguistique c’était s’avancer sur un terrain miné. Staline l’avait dénoncé dans ses textes, qui traitaient du marxisme et de la linguistique. Et puis, d’un coup, comme par enchantement, l’on voit la linguistique mathématique échapper au tabou, pour rejoindre les sciences de la technologie. »

    Il n’empêche que les communautés scientifiques des deux bords, tant les philologues que les mathématiciens, ont regardé en chien de faïence l’apparition de la nouvelle discipline, raconte Solomon Marcus : « Alexandru Rosetti a été l’un des seuls philologues à avoir salué de bon cœur la nouvelle science et à s’y investir. Ses collègues soit l’ont ignorée avec dédain, soit l’ont combattue. Ils ne la prenaient pas pour de la linguistique. Le professeur Emanuel Vasiliu pratiquait en revanche une linguistique qui se rapprochait de la logique et des sciences mathématiques. Quant aux mathématiciens, s’ils étaient partants pour mettre leur science au service de la mécanique, de la physique, de la chimie, ils étaient bien plus méfiants à l’égard de cette nouvelle discipline. Mettre les sciences mathématiques au service d’une discipline humaniste semblait aller contre nature, à l’encontre de la tradition. Beaucoup de mathématiciens étaient plutôt sceptiques. Ils ne pensaient pas le moins du monde que cela puisse déboucher sur quoi que ce soit de concret. Il ne s’agissait pas d’une opposition manifeste, mais le scepticisme était là. Grigore Moisil fut le mathématicien qui allait s’avérer non seulement confiant dans la réussite de l’entreprise mais carrément enthousiaste. Grâce à lui, nous avons pu bénéficier de cette chance inouïe, et arriver à enseigner la linguistique mathématique à l’Université de Bucarest dès les années 60. Il fallait le faire. »

    Le grand mathématicien Grigore Moisil et le grand philologue Alexandru Rosetti avaient donc ouvert grande la voie de Solomon Marcus. Grâce à de tels appuis, Marcus et son collègue, Emanuel Vasiliu, ont pu débrousser le chemin vierge de la nouvelle science, lançant de nouvelles études et de nouveaux cours universitaires, en relation avec la nouvelle discipline : « J’ai eu de la chance. J’ai eu la chance de bénéficier de la collaboration nouée entre un mathématicien et un linguiste, les deux d’exception, dans ce domaine, j’ai eu la chance qu’ils prônent de concert l’avènement de cette nouvelle discipline en Roumanie. Ils avaient aussi promu l’apparition de cette discipline universitaire nouvelle de la linguistique mathématique, et nous avons d’ailleurs été parmi les premiers à avoir achevé cela dans le monde. Moi, en ma qualité de mathématicien, puis le professeur Emanuel Vasiliu en tant que philologue et linguiste. Ensemble, nous avions bien entamé ce domaine. Mon manuel de linguistique mathématique était paru en 1963 aux Presses universitaires, puis aux éditions Didactique. Nous avons pu bénéficier des échanges avec des spécialistes étrangers, nous avons pu envoyer les résultats de nos travaux à l’étranger. Et, très vite, mon livre a été traduit et vendu à Londres, New York, Moscou, Paris et Prague. »

    En 1966, Bucarest accueillera le Congrès international de linguistique, la grande messe du domaine. La présence en nombre des spécialistes roumains ne passa pas inaperçue. Le congrès marqua un tournant, présageant de ce qu’adviendra cette machine, l’ordinateur, seulement quelques décennies plus tard. Il mettra aussi Bucarest sur la carte fondatrice de la nouvelle science. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Les métiers préférés des lycéens roumains

    Les métiers préférés des lycéens roumains

    Les jeunes roumains savent se connecter aux nouvelles réalités, conscients du fait que la révolution numérique changera l’apparence du monde et que dans les prochaines décennies, suite aux évolutions technologiques et économiques, de nouveaux métiers apparaîtront, pour lesquels ils devraient se préparer. Selon un sondage réalisé par l’Initiative pour la compétitivité – INACO – dans le cadre du projet : « Guide des métiers de l’avenir », la plupart des élèves envisagent de travailler dans le domaine informatique. Andreea Paul, présidente de l’Association INACO: « Deux élèves sur trois estiment que les métiers de l’avenir apparaîtront dans des domaines tels la robotique, l’intelligence artificielle, les ordinateurs et l’impression 3D. C’est d’ailleurs ce à quoi les jeunes roumains rêvent. Certes, le Guide des métiers de l’avenir les a stimulés, leur a ouvert de nouvelles opportunités, les a aidés à comprendre l’impact des nouvelles technologies sur le marché du travail et le fait qu’elles touchent tous les domaines – de l’art à la médecine. Les jeunes ont compris que leur vie ne sera pas facile, que nous travaillerons tous de manière plus intelligente et plus créative, que sur le marché du travail de l’avenir, ils ont besoin d’un autre savoir-faire. A part les domaines informatique et de la médecine, qui semblent très attrayants pour les élèves, on est surpris de constater un grand intérêt pour les métiers de l’armée et de la police. Le nombre de jeunes qui souhaitent s’orienter vers ces deux domaines est double par rapport à ceux attirés, par exemple, par l’éducation. Des métiers exotiques ont fait leur apparition parmi les options des jeunes, dont pilote de drones ou mineur spatial – bien que ces options semblent inspirées par le Guide des métiers de l’avenir. A en juger d’après les réponses au sondage, il semble évident que l’éducation actuelle n’a rien à voir avec le marché du travail de l’avenir. »

    Les spécialistes de l’Association INACO estiment que, du point de vue de l’éducation, la Roumanie n’est pas préparée pour cet avenir. Par son projet « Guide des métiers de l’avenir », lancé l’automne dernier, la communauté des professionnels d’INACO souhaite montrer aux jeunes de quelle façon le monde changera dans les années qui viennent et quels sont les nouveaux métiers qui apparaîtront. Elle leur propose également des prévisions sur l’économie et le marché de l’emploi. Andreea Paul: « Nous sommes en discussions très avancées avec l’Inspection scolaire de la capitale en vue de la création des premiers laboratoires intelligents à Bucarest. Nous souhaitons mettre sur pied de tels laboratoires dans 18 écoles – dont certaines aussi à Constanța et Călărași. Un laboratoire intelligent doit être doté de 6 imprimantes 3D, d’un scanner 3D, de deux robots éducatifs multifonctionnels, d’équipements de réalité virtuelle, mais aussi des logiciels et des consommables nécessaires. La maintenance sera assurée pendant la première année de fonctionnement du laboratoire. La formation des enseignants est elle aussi très importante et nous estimons que chaque école prise en compte pour ce programme aura besoin de trois professeurs spécialisés. Le deuxième pas serait la création d’un groupe de travail pour l’éducation de l’avenir – et nous nous adressons, cette fois-ci, au ministère de l’Education nationale, lui demandant de créer un tel groupe de toute urgence. Nous pourrons ainsi parler, l’année suivante, d’un programme national d’équipement des écoles avec ces nouvelles technologies. Les laboratoires intelligents sont actuellement tout aussi importants que les laboratoires de physique, de chimie, d’informatique, de géographie, de biologie, qui sont habituels dans les écoles roumaines. »

    L’expert en éducation Marian Staş estime que le système éducatif roumain doit être réformé, pour créer une école plus attrayante, où les élèves soient motivés à apprendre et passionnés par ce qu’ils font. « L’école fonctionne le frein à main tiré, pour ainsi dire, étant fortement inadaptée aux besoins réels de la société en général et de chaque jeune en particulier. Je pense surtout à l’enseignement supérieur et aux lycées. Peut-être l’enseignement supérieur est-il un peu plus focalisé sur ces besoins – bien que là aussi j’aie certaines réserves, mais l’éducation dispensée au lycée n’a rien à voir avec les besoins réels de développement des jeunes. C’est un enseignement figé dans son vieux moule communiste, entièrement coupé des besoins réels, authentiques, de la société et des jeunes. L’enseignement est organisé de façon à ce que les professeurs aient leurs cours et leurs salaires et non pas de façon à répondre aux besoins des enfants. D’où cette folie des 15-16-18 disciplines par semestre, des leçons privées données par les professeurs aux élèves des classes où ils enseignent, de l’évaluation nationale à la fin du secondaire, qui est une forme sans contenu, car les sujets, d’une extrême simplicité, ne permettent pas une vraie hiérarchie etc. »

    En Roumanie, 3% seulement des élèves participent aux olympiades scolaires, 42% des élèves ne comprennent pas ce qu’ils lisent et le taux d’abandon est parmi les plus élevés de l’UE. Pour l’instant, la nouvelle ministre de l’Education, désignée pour la 4e fois à ces fonctions, souhaite continuer la réforme entamée par une nouvelle Loi de l’éducation. (Trad. : Dominique)

  • L’ordinateur “Felix”

    L’ordinateur “Felix”

    L’industrie roumaine des PC date du début des années 1960, lorsqu’elle comptait parmi les volets de la stratégie que le gouvernement entendait mettre en place pour booster la production interne. Le premier ordinateur utilisé en Roumanie en 1957 était de fabrication française. Une vingtaine d’années durant, soit de 1969 à 1989, l’industrie roumaine de l’informatique, un domaine interdisciplinaire à l’époque, a employé près de 70.000 spécialistes.



    En 1969 était créé l’Institut des techniques de calcul de Bucarest. Politiques et spécialistes devaient choisir entre les industries française et anglo-américaine pour l’achat d’une licence. Finalement, les décideurs politiques ont opté pour la solution française et ce pour plus d’une raison: le rapprochement traditionnel entre les deux pays, l’essor des projets bilatéraux dans les années 1966 – 1970, le fait que les principaux pays producteurs d’ordinateurs étaient prêts à vendre leurs produits, sans pour autant offrir l’accès à la licence de fabrication. Non seulement la licence fut française, mais l’Entreprise d’ordinateurs elle-même fut conçue d’après le modèle de celle de Grenoble.



    Baptisée Felix, toute une génération de PC de fabrication roumaine allait se développer à partir de l’ordinateur français IRIS. Ce sont l’Institut des techniques de calcul et la chaire d’informatique de l’Institut polytechnique de Bucarest qui ont apporté leur pierre à la naissance du PC prénommé Felix. Un nom à résonance historique, comme l’affirme Vasile Baltac, ancien directeur scientifique de l’Institut de techniques de calcul de Bucarest. En effet, après que l’empereur Trajan eut conquis la Dacie, en 106 après J.-Ch., la nouvelle province romaine fut nommée Dacia Felix, «la Dacie heureuse». Comme le président du pays, Nicolae Ceauşescu, se passionnait pour l’histoire, plusieurs projets économiques des années 1970-1980 furent affublés de noms sonores censés promouvoir l’image de la Roumanie. Parmi eux, la marque automobile connue depuis lors sous le nom de Dacia. Le deuxième terme, Felix, devint le nom du premier PC de conception entièrement roumaine. On lui ajouta aussi l’indicateur C 256: C comme «calculator», le mot roumain désignant l’ordinateur en français et un numéro rendant compte de l’étendue de la mémoire de l’ordinateur.



    La taille de ce premier ordinateur roumain était telle qu’il occupait toute une pièce. Au début des années 1970, le C 256 était capable d’effectuer plusieurs centaines de milliers d’opérations par seconde, ce qui représentait une performance par comparaison avec les machines antérieures qui n’en faisaient que quelque dizaines ou centaines dans ce même laps de temps. Le fabricant roumain a même vendu 4 ordinateurs de type Felix C 256 en Chine et un autre en Hongrie. Ce qui plus est, le C 256 a joué une partie d’échecs avec Florin Gheorghiu, le match étant diffusé aussi à la télé. Le joueur d’échecs avait réussi à capturer un pion, après quoi la machine a dû s‘incliner devant la stratégie humaine. C’est que le tout premier logiciel n’avait pas encore de réponse adéquate à la vision, à la stratégie et à la complexité d’un jeu en déroulement; il ne pouvait donc pas concurrencer l’expertise d’un joueur d’échecs.



    Le deuxième modèle de PC de fabrication roumaine, C 32, avait des dimensions plus réduites. La grande ambition du constructeur de faire doubler la mémoire de l’ordinateur allait se matérialiser sous la forme du modèle C 512. Malheureusement, la coopération plutôt difficile entre concepteurs et fabricants et la fiabilité contestée de la plate-forme française qui avait servi pour point de départ à la réalisation du premier PC Felix allaient beaucoup ralentir le développement du projet.



    Une autre génération d’ordinateurs Felix allait voir le jour dans la 8e décennie du siècle dernier. C’était le tout début du concept de PC et les Roumains s’efforçaient de tenir le pas avec la nouvelle technologie. Felix PC devait être compatible avec les produits PC du producteur IBM, numéro 1 mondial de la promotion de cet ordinateur. En 1983, l’Institut Polytechnique de Bucarest endossa la tâche de mettre à niveau l’ordinateur Felix avec les nouvelles tendances en matière d’informatique, afin de pouvoir l’utiliser pendant les cours de formation des futurs ingénieurs électroniciens et automaticiens. Seulement, voilà, Felix PC n’a pas dépassé la phase des essais de laboratoire.



    Une des explications du ralentissement du processus de développement et de production de la nouvelle génération d’ordinateurs Felix PC relève de la politique. Les années 1980 ont été marquées par la diminution draconienne des dépenses publiques et des importations, par la crise économique et l’absence de vision. Le régime politique de l’époque traversait une période d’ankylose idéologique et fonctionnelle qui allait en s’accentuant. Tout cela contrastait fortement avec la tendance à la globalisation et l’esprit d’ouverture qui gagnait du terrain surtout dans les secteurs de l’informatique et des techniques de calcul. Depuis 1990, on parle des ordinateurs Felix comme de signes d’une époque révolue de l’informatique roumaine. (trad. : Mariana Tudose)