Tag: panique

  • 13.03.2022

    13.03.2022

    Guerre en Ukraine – Les bombardements de l’armée russe se poursuivent en Ukraine, après une nuit d’alarmes aériennes dans toutes les grandes villes du pays. Une base militaire près de la frontière polonaise dans l’ouest de l’Ukraine, jusque la relativement épargné par les frappes russes, a été bombardée dans la nuit. Cette base militaire est située a Yavoriv, a une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Lviv, ou de nombreuses personnes déplacées ont afflué, et a une vingtaine de kilomètres de la frontière avec la Pologne, pays membre de l’Otan. Elle a servi ces dernières années de terrain d’entraînement aux forces ukrainiennes sous l’encadrement d’instructeurs étrangers, notamment américains et canadiens. Parallèlement, les efforts visant à évacuer les civils du port ukrainien de Marioupol, assiégé par les forces russes se poursuivent malgré l’échec de plusieurs tentatives antérieures. Dans un message vidéo, le président Volodimir Zelenski a annoncé que près de 125 000 personnes ont été évacuées via les corridors humanitaires depuis des zones de conflit en Ukraine. Par ailleurs, l’OTAN s’attend à ce que les combats et la crise humanitaire d’Ukraine s’intensifient dans les jours à venir, deux semaines après le début de l’invasion russe, le 24 janvier. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN a demandé à nouveau au président Vladimir Poutine « d’arrêter la guerre, de retirer ses troupes et d’accepter la diplomatie. » Enfin, Le pape François a appelé dimanche a la fin du massacre en Ukraine, envahie par des troupes russes depuis le 24 février, estimant qu”il n’y a aucune justification a l’attaque de civils, selon l’AFP.


    Visite ministre israélien – Le ministre israélien des Affaires Etrangères, Yair Lapid, a remercié à la Roumanie dans le cadre de sa visite dimanche à Bucarest pour l’aide offerte aux réfugiés d’Ukraine, surtout à ceux d’ethnie juive et a salué l’amitié israélo-roumaine. Il a appelé la Fédération de Russie à solutionner le conflit avec l’Ukraine par des négociations. « Nous ferons tout ce qui est possible pour trouver une solution de paix. Nous travaillons aux cotés de nos allies – les Etats Unis et les partenaires européens pour mettre fin à cette tragédie au plus vite » a déclaré le ministre israélien. Son homologue roumain, Bogdan Aurescu a souligné l’engagement de la Roumanie d’accorder tout son appui à l’évacuation des ressortissants israéliens ou d’origine juive d’Ukraine. « La crise grave multidimensionnelle que provoque l’agression militaire russe illégale contre l’Ukraine est non seulement un problème de la région, mais de l’Europe et implique des effets au niveau mondial » a déclaré Bogdan Aurescu. Dans le cadre d’une réunion avec le responsable israélien, le premier ministre Nicolae Ciuca condamné l’agression non-provoquée, injustifiée et illégale de la Russie en Ukraine et remarqué la réponse forte et unitaire des Etats de l’UE et de l’OTAN pour la consolidation du Flanc est et la garantie de la sécurité

    Réfugiés – Le ministère roumain des Transports a lancé une application en ligne à l’intention des réfugiés d’Ukraine. Elle réunit des informations en ukrainien, anglais et roumain sur les corridors verts de transport vers la Roumanie. Les personnes intéressées peuvent apprendre davantage sur le réseau de transport routier, ferroviaire et aérien, sur les poste frontière, les gares, les stations service et les aéroports. Les réfugiés d’Ukraine peuvent voyager gratuitement sur le territoire de la Roumanie par voie ferroviaire et terrestre et dans certaines situations même par voie aérienne, dans le cadre de vols charter, aux termes d’un décret gouvernemental. Le numéro unique d’urgence 112 et le téléphone consacré aux enfants 119 sont disponibles aussi pour des appels en ukrainien. Ce qui plus est, aux points de passage de la frontière, des mesures ont été adoptés afin de prévenir la traite de personnes. Vendredi, une plateforme enligne a été ouverte pour centraliser les offres d’aides aux civils qui cherchent refuge en Roumanie. Près de 400 mille ukrainiens sont entrés en Roumanie depuis le début de l’invasion russe. Une grande partie d’entre eux ont seulement transité notre pays vers l’Europe occidentale.

    Agriculture – Le ministre de l’agriculture, Adrian Chesnoiu, a assuré à nouveau qu’il n’y a aucun risque de crise alimentaire en Roumanie. Dans le cadre d’une réunion avec les représentants des grandes chaines de magasins et avec les producteurs roumains d’huile de tournesol, il a déclaré que la Roumanie produisait suffisamment de nourriture pour couvrir toute la consommation du pays. Il recommande à la population de faire preuve de retenue et de ne pas acheter trop de produits pour permettre l’accès de tous les consommateurs aux produits de base. Rappelons-le, la semaine dernière nombre de Roumains se sont précipités sur les stations service pour faire le plein en carburants de peur d’une flambée des prix du jour au lendemain. Et ce après qu’à la fin de la semaine dernière, les gens se soient précipités sur les devises, parce que sur les réseaux sociaux certains avaient présenté la dépréciation de la monnaie nationale comme certaine. Les autorités roumaines attirent de nouveau l’attention que de telles fausses informations ne visent qu’à induire la panique.

    Recensement – A commencer par le 14 mars, quatre mois durant, les autorités réunissent des données en vue de réaliser le recensement de la population et des ménages de Roumanie. Cette opération se déroule tous les dix ans et elle est nécessaire pour réaliser des statistiques officielles nationales et européennes. Initialement, le recensement était prévu pour l’année dernière, mais il a été ajourné à cause de la pandémie de Covid 19. L’édition de cette année propose une première : la possibilité de se faire recenser tant à domicile que dans des centres spécialement aménagées par les mairies dans chaque localité. L’auto recensement se fait par Internet et la procédure d’inscription est relativement simple, affirment les autorités, selon lesquelles il faut tout simplement compléter un formulaire de pré-enregistrement sur le site www.recensamantromania.ro.

    Covid – 1 626 nouveaux cas de personnes infectées au virus SARS-CoV-2 ont été enregistrées durant les dernières 24 heures en Roumanie. Le ministère de la Santé a rapporté aussi 26 décès des suites de la maladie, dont 5 antérieurs à cet intervalle. Un peu plus de 3 700 malades infectées sont actuellement hospitalisés, dont 580 en réanimation.

  • Panique sur le marché des carburants

    Panique sur le marché des carburants

    Au milieu de la semaine en cours, l’apparition sur les réseaux sociaux d’une photo du prix d’un litre d’essence et de diesel autour de 2,2 euros dans une station-service de l’ouest de la Roumanie a provoqué la panique des conducteurs roumains. La guerre avait fait monter le prix du pétrole, mais en Roumanie, les carburants étaient vendus jusque-là environ 1,6 euro le litre. Le résultat a été que des files d’attente interminables se sont créées, rappelant la période de la dictature, lorsque les carburants étaient rationnés. Chez certains de nos compatriotes, la peur a pris des formes aussi grotesques que dangereuses : ils ont rempli non seulement les réservoirs des véhicules, mais aussi des dame jeannes, des poubelles ou des réservoirs de 1 000 litres destinés au stockage de l’eau, soit des récipients impropres au transport des carburants.



    Dès ce soir-là, les autorités ont tenté de calmer la population, assurant que la Roumanie n’avait absolument aucun problème de stocks et que l’envolée des prix était injustifiée. Des contrôles ont commencé dans les stations-service et les amendes n’ont pas tardé. La station qui a gagné sa triste notoriété et déclenché la panique par la vente de l’essence à surcoût a également été sanctionnée. L’Inspection pour les situations d’urgence procède à des vérifications après que certaines personnes ont acheté des carburants dans des récipients improvisés, ce qui est interdit. Les Roumains ne devraient pas avoir peur de manquer de carburant, a déclaré le ministre de l’Énergie, Virgil Popescu, après que deux grands producteurs de produits pétroliers l’eurent assuré qu’il n’y avait pas de problème de stocks et qu’ils pouvaient approvisionner toutes les pompes d’essence du pays. Virgil Popescu met tout sur le compte des intox qui font pléthore en ce moment :


    « Il n’y a pas non plus de raison à la flambée des prix qui s’est produite. Absolument tout ce qui s’est passé, et cette manipulation, c’est vraiment regrettable. Oui, j’ai bien affirmé que nous sommes dans une situation compliquée, un conflit armé à la frontière de la Roumanie, avec cette agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, et moi personnellement, je continue de croire que ce qui s’est passé hier fait partie d’une guerre hybride. »



    Pour sa part, le premier ministre Nicolae Ciucă a demandé que les responsables de la hausse injustifiée du prix des carburants rendent des comptes, et a exigé les sanctions les plus sévères à leur encontre. Nicolae Ciucă :



    « Je ne permettrai à personne de profiter de cette situation pour que, par cupidité ou pour toute autre raison, ils essaient de déstabiliser l’économie du pays et la vie des citoyens. Les institutions responsables seront fermes dans les contrôles qu’elles doivent faire et des sanctions drastiques seront prises contre ceux qui enfreignent la loi. »



    Non seulement les contrôleurs qui veillent à la protection des consommateurs sont sortis sur le terrain, mais aussi ceux de la Direction antifraude du Fisc. Ils ont vérifié les stations-service, les distributeurs en gros et les entreprises impliquées. Ils ont constaté que des stocks préexistants, qui avaient une certaine valeur de vente, avaient été vendus à des prix plus élevés. Le marché et les chauffeurs se sont calmés, et maintenant le prix des carburants se situe entre 1,6 et 1,8 euros le litre.


    (Trad. : Ligia)

  • 10/03/2022

    10/03/2022

    Carburants — Le premier ministre Nicolae Ciucă a annoncé des contrôles sévères à toutes les compagnies pétrolières du pays suite à la panique de mercredi soir qui a mené à des files interminables devant les stations-service. On n’avait plus vu cela depuis des dizaines d’années. Le premier ministre a mis en garde que les mesures nécessaires seraient prises pour stopper toute pratique illégale, abusive et surtout dépourvues de toute justification réelle économique. Le chef du gouvernement a fait ces déclarations à l’issue d’une réunion d’urgence avec les ministres de l’Energie et de l’Economie et avec les chefs de l’Autorité nationale pour la protection des consommateurs, le Conseil de la Concurrence et le Fisc. Les trois institutions ont déjà lancé des contrôles et des vérifications de la situation engendrée par la hausse injustifiée des prix des carburants. Le ministre de l’Energie a également écrit sur un réseau social que les institutions responsables seraient fermes à dans leurs vérifications au sujet de la hausse des prix des carburants et que des sanctions drastiques seraient prises contre ceux qui violent la loi.



    Gestion des crises — Le premier ministre Nicolae Ciucă a reçu, aujourd’hui, Janez Lenarčič, le commissaire européen à la Gestion des crises. Sa visite en Roumanie a lieu dans le cotexte de l’ouverture du centre logistique européen pour l’aide humanitaire accueilli par la Roumanie à Suceava (nord). Le chef du cabinet de Bucarest a fait état de l’impact humanitaire sévère de l’agression militaire injustifiée, illégale et non provoquée de la Russie sur l’Ukraine. Il a mis en exergue la nécessité stratégique de maintenir la solidarité et l’unité de l’UE et l’OTAN dans le contexte de la crise. Je suis encouragé par la solidarité dont l’UE et les Etats membres, y compris la Roumanie, ont fait preuve à l’égard de l’Ukraine, a déclaré le commissaire à l’ouverture du centre de Suceava. Environ 320 000 Ukrainiens sont entrés en Roumanie les deux premières semaines depuis le déclenchement de la crise, et 235 000 ont déjà quitté le pays.



    Sommet — Les chefs d’États et de gouvernements de l’UE se réunissent aujourd’hui et demain à Versailles, dans un sommet organisé par la France, qui assure la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne. Garantir l’indépendance énergétique de l’Europe, renforcer sa défense et examiner la récente demande d’adhésion de l’Ukraine à l’UE sont les principaux thèmes qui seront abordés par les dirigeants des 27 États membres de l’Union. Au cœur des discussions – un nouveau plan, similaire à celui de relance et de résilience, très probablement financé par un nouveau prêt conjoint nécessaire pour répondre aux conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine. En ce qui concerne la crise énergétique, la Commission européenne a récemment présenté l’initiative RePowerEU visant à réduire sa dépendance au gaz russe, qui représente plus de 40 % de la consommation européenne. Pour ce qui est de l’Ukraine, il est question d’un partenariat renforcé, par un renforcement les liens de Kiev avec le marché unique européen et la connexion de l’Ukraine au réseau énergétique européen.



    Roumanie — Versailles — Au sommet de Versailles, la Roumanie sera représentée par le président Klaus Iohannis. Lors des préparatifs en vue de la réunion informelle, il a pris part, mardi, à une rencontre par visioconférence avec le président du Conseil européen, Charles Michel, et avec les premiers ministres des Pays-Bas, de la Grèce, de la Croatie et de l’Estonie. Le chef de l’Etat roumain a soutenu le rôle et l’impact que l’unité et la coordination, non seulement au niveau de l’UE, mais aussi avec les Etats-Unis, l’OTAN et d’autres partenaires stratégiques ont dans la réaction et la réponse rapide à l’agression de la Russie sur l’Ukraine. Il a aussi souligné l’importance de leur maintien ferme. Le chef de l’Etat a présenté les mesures entreprises par la Roumanie pour soutenir l’Ukraine, y compris la décision de Bucarest d’accueillir un centre logistique pour la coordination et la collecte de l’aide humanitaire internationale destinée à l’Ukraine, et respectivement à la République de Moldova. Le président Iohannis a également souligné le soutien par la Roumanie des demandes d’adhésion à l’UE de l’Ukraine, de la République de Moldova et de la Géorgie. Et aussi la décision de Bucarest d’accroître les dépenses pour la Défense de 2 à 2,5 % du PIB, en 2023.



    Défense – Le ministère de la Défense de Bucarest rejette comme totalement fausses les hypothèses du porte-parole du ministère russe de la Défense selon lesquelles des avions de combat ukrainiens auraient été transférés en Roumanie. Le ministère de la Défense mentionne dans un communiqué qu’il n’y a pas d’avions militaires ukrainiens sur le territoire roumain. Selon le document, Moscou tente de spéculer sur l’exemple lié à l’avion ukrainien Sukhoï 27, qui, le premier jour de l’invasion russe, a demandé un atterrissage d’urgence en Roumanie ou sur la situation des 14 hélicoptères civils ukrainiens arrivés à Ghimbav, dans le centre du pays, pour des opérations de maintenance prévues par les contrats en vigueur.



    Covid — Plus de 3 500 cas de personnes infectées au SARS-CoV-2 ont été enregistrées en 24 h en Roumanie, et 70 décès, dont 10 antérieurs à la période de référence. Environ 4 000 personnes sont hospitalisées, dont 630 en soins intensifs. Après près de deux ans d’état d’alerte, à compter du 9 mars, toutes les restrictions imposées par la pandémie ont été levées en Roumanie. Les autorités roumaines annoncent que les personnes dont les délais de validité des pièces d’identité se sont périmés ces deux dernières années, au cours de la pandémie, sont tenues de faire faire de nouveaux documents sous trois mois. Après la fin de l’état d’alerte, 387 000 personnes devraient se faire faire de nouvelles cartes d’identité ou de nouveaux passeports jusqu’au 7 juin. Détails après nos infos.



    Ukraine — Les sirènes de raid aérien ont retenti de nouveau, ce matin, dans la capitale de l’Ukraine, qui entre dans la troisième semaine de guerre. Selon l’armée ukrainienne, les forces russes avancent pour encercler Kiev et ont poursuivi leurs attaques dans d’autres parties du pays aussi. Des civils ont été tués ou blessés dans les bombardements de la nuit dernière. Le président Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de crimes de guerre. Moscou a accepté une nouvelle trêve de 12 heures afin de permettre aux civils de quitter six des zones les plus touchées, mais les autorités ukrainiennes affirment que le pilonnage russe incessant a empêché certains habitants de fuir. Entre temps, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, mènent des négociations en Turquie. Ce sont les premières à ce niveau depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février dernier. Le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, se joint aux deux responsables; la Turquie est membre de l’OTAN et souhaite maintenir des relations solides avec les deux parties en dépit du conflit. Par ailleurs, les Etats-Unis accusent la Russie et la Chine de diffuser à dessein des mensonges au sujet de soi-disant laboratoires américains d’armes biologiques et chimiques en Ukraine. Des responsables occidentaux, cités par la BBC, affirment que de telles désinformations pourraient préparer le terrain pour de fausses alertes censées justifier l’usage d’armes interdites par la Russie.



    Météo — En Roumanie, temps particulièrement froid, aujourd’hui, dans presque tout le pays, avec des chutes de neige en montagne, dans le sud et l’est. Les maximales de la journée se situeront entre -3 et 5°. À Bucarest — tout au plus 4°.

  • Le massacre de Galati

    Le massacre de Galati

    A l’été 1940 commençait la descente aux enfers de la Grande Roumanie, celle issue du Traité de Versailles, à la fin de la Grande Guerre. Deux ultimatums sont alors adressés, coup sur coup, au gouvernement roumain. Ce fut tout d’abord un ultimatum des Soviétiques sous forme de lettre, exigeant la cession de la Bessarabie, province que Moscou considérait toujours comme un territoire soviétique, et dont elle n’avait jamais reconnu le rattachement de 1918, à la Roumanie. Plus encore, le gouvernement soviétique exigeait en compensation la cession de la partie nord de la Bucovine, avec Cernauti comme capitale.

    Les exigences soviétiques venaient bien évidemment à l’encontre de la réalité historique, voire du principe de l’autodétermination, édicté par Lénine même, lors de la Révolution bolchevique de 1917. C’est bien en vertu de ces principes que la Bessarabie, suivant la volonté nationale, vota son rattachement à la Roumanie. Le délai de deux jours laissé par les Soviétiques aux autorités de Bucarest pour évacuer ses administrations civiles et militaires de Bessarabie provoqua le chaos généralisé, menant à la déroute. C’est dans ce contexte de panique et de dégringolade qu’a eu lieu l’un des chapitres les plus noirs de l’histoire roumaine : le massacre des Juifs de Galati, comme pour préfigurer les charniers qui allaient s’entasser par milliers au long du continent européen.

    L’historien Adrian Cioflâncă, directeur du Centre d’études de l’histoire des Juifs de Roumanie, fait le lien entre le massacre de Galati du 30 juin 1940 et le climat délétère qui prévalut lors de la perte de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord: « La cession de ces territoires en 1940 était la conséquence directe du pacte Ribbentrop-Molotov. Un épisode particulier aura un rôle déterminant tant dans la naissance du massacre de Galati du 30 juin 1940 que du pogrom de Dorohoi, qui a eu lieu le lendemain. C’est que l’ambassadeur roumain à Moscou, Gheorghe Davidescu, refuse de prendre la carte avec le nouveau tracé des frontières, tel qu’il était dessiné suite aux termes de l’ultimatum. Les autorités locales et les populations de Dorohoi et de Galati ne savaient donc pas si l’Armée rouge s’arrêterait à leurs portes ou si leurs villes passeraient elles aussi sous la souveraineté des Soviets. Vous imaginez la panique et la confusion qui pouvaient y régner. C’est cette panique exacerbée qui a joué un rôle essentiel dans cette explosion de violence qu’a été le pogrom. C’est le cas à Galati aussi. On le voit des notes des services d’information, de ce qui se dit de bouche à l’oreille par les réfugiés roumains qui déferlaient depuis la Bessarabie, ceux-là même qui colportent l’imminence de l’invasion de Galati par l’Armée rouge. Cette panique est la conséquence directe de l’absence d’informations officielles quant aux limites de l’avancée soviétique en territoire roumain».

    Les rapports rédigés par les agents du ministère de l’Intérieur font état du chaos généralisé qui s’est emparé des habitants de la région, des casses, des exécutions sommaires, des Juifs qui se font jeter des trains. Mais les archives font également état de nombre d’humiliations, voire des violences subies par des officiers et des soldats de l’Armée roumaine pendant cette retraite sans lutte, humiliations d’emblée mises au compte des communistes. Dans ce contexte de catastrophe, la presse du temps ne s’attarde pas trop sur le massacre de Galati. Les journaux relataient plus volontiers en revanche une attaque communiste qui aurait eu lieu aux environs de la gare, et qui aurait donné lieu à la réaction militaire qui s’était ensuivie, tout cela sur fond des sentiments antisémites prévalant à l’époque.

    La panique générale provoquée par le mouvement offensif rapide de l’armée soviétique et la haine du Juif dans le chef de certains habitants constituent, selon Adrian Cioflâncă, les causes principales du massacre de Galati: « La seconde cause qui explique la panique qui prévalait sur le terrain, c’était que la pénétration militaire des Soviétiques dans la Bessarabie et la Bucovine du Nord était en avance sur le planning prévu. Les troupes roumaines, dont le plus gros se déplaçait en charrette, à cheval, voire carrément à pied, étaient rattrapées par les parachutistes ou les chars soviétiques. Dès le 29 juin, les Russes avaient occupé, grâce aux unités de parachutistes, les deux premières villes roumaines, Reni et Bolgrad, alors que les troupes roumaines étaient au beau milieu de la province de Bessarabie, encore loin de l’avoir vidée. C’est ce qui provoque une panique folle, parce qu’à la gare de Bolgrad, pas moins de quatre convois de réfugiés sont rattrapés par les troupes soviétiques, et que dans le port de Reni, les Soviétiques interceptent plusieurs navires pleins de réfugiés. Dans ces conditions, certains habitants prennent courage et se mettent à commettre des vols, des casses, à harceler les autorités roumaines en retraite. Les Soviétiques arrêtent les trains, ce qui ne fait qu’accroître la panique jusqu’à son paroxysme. Les colportages, les fausses informations troublent les esprits et provoquent la panique ».

    A Galați, à la gare surtout, se croisent deux flux migratoires opposés, formés par ceux qui veulent passer depuis et vers la Bessarabie la rivière Prut. Il y a d’une part ceux qui veulent rejoindre le territoire censé devenir soviétique sous peu et puis, d’autre part, les réfugiés qui fuient devant l’avancée de l’Armée rouge. Dans ces conditions, les autorités locales se mettent à constituer une douane, et elles commencent à exiger des droits de passage de la part de ceux qui quittent la Roumanie vers la Bessarabie, pour se mettre sous autorité soviétique. Les mêmes autorités se mettent à construire sur un terrain vague, à proximité de la nouvelle frontière, une sorte de camp de transit, destinés à ceux en partance vers la Bessarabie occupée.

    A ce moment-là, la garde est montée par un régiment de marins armés de fusils. Et puis, dans cette atmosphère électrique, un conflit explose entre un marin d’un côté et une famille de réfugiés de l’autre. Le marin tire. Les gardes s’affolent et croient qu’on leur tire dessus, depuis le camp qu’elles gardaient. L’ordre de tir est donné. Suite au massacre débuté dans ces conditions troubles, on dénombra, selon les sources, entre 80 et 300 morts, dont la plupart des victimes sont juives. Plus de cent militaires prirent part au massacre. Certains furent jugés et condamnés après la guerre, certains encore furent condamnés à tort par la justice communiste, mais beaucoup y échappèrent.

    Quoi qu’il en soit, le massacre de Galati représente une tache sombre dans l’histoire roumaine. (Trad. Ionut Jugureanu)