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  • Le botaniste Alexandru Borza (1887-1971)

    Le botaniste Alexandru Borza (1887-1971)

    Au cours des deux derniers siècles et demi,
    la nature a été regardée comme le berceau de l’humanité, de l’être humain, de
    sa famille, de la société et de la nation. Petit à petit, les spécialistes en
    sciences de la nature ont commencé à étudier les plantes, les animaux, l’air,
    l’eau, les pierres. En Roumanie, le prêtre Alexandru Borza a été un des plus
    importants botanistes. Né en Autriche-Hongrie en 1887, il est décédé en
    Roumanie en 1971, à l’âge de 84 ans.


    La
    formation scolaire d’Alexandru Borza a été assez inhabituelle pour un
    scientifique. Après des études dans un séminaire théologique catholique, il a
    intégré la Faculté de sciences de Budapest, où il a obtenu le titre de docteur en
    sciences de la nature en 1913, à l’âge de 26 ans. Avant l’union des territoires
    de l’Autriche-Hongrie habités par des Roumains avec le Royaume de Roumanie, en
    1918, Borza a enseigné les sciences de la nature au lycée de garçons de la
    ville de Blaj, en Transylvanie. Après cette année-là, sa carrière prend de l’ampleur :
    président de l’Université de Cluj, directeur du Jardin botanique de la même
    ville, directeur scientifique de la Commission des monuments de la nature. Il
    découvre plus de 80 espèces de plantes, 20 autres sont dénommées en son
    honneur, il publie environ 500 textes scientifiques. Alexandru Borza a aussi publié un
    dictionnaire ethnobotanique de Roumanie, qui contient 11.000 appellations
    populaires de 2095 espèces végétales et il a géré la publication de neuf
    périodiques scientifiques. Il s’est impliqué dans de fortes campagnes de
    sensibilisation à l’importance de la nature dans la vie des êtres humains, à
    travers des articles de presse et des pamphlets, des conférences publiques et
    des émissions radio. Alexandru Borza est aussi passé de l’étude de la nature à
    des recherches d’anthropologie, de folklore et eugéniques.


    La
    participation des Roumains au quatrième Congrès de botanique de New York, en
    1926, a encouragé leur implication dans la protection de l’environnement.
    L’historien Cosmin Koszor-Codrea a expliqué comment le modèle américain avait
    inspiré les actions ultérieures des Roumains: « En 1926, le quatrième Congrès
    international de botanique a eu lieu à New York, rassemblant des botanistes du
    monde entier. Borza a présenté, dans la section d’écologie, une recherche sur
    les plantes insulaires. Au-delà des sessions de présentations habituelles, l’agenda
    du congrès a aussi inclus des visites au Jardin botanique, des excursions dans
    des réserves de la nature, le Parc national Yellowstone, les chutes du Niagara et
    les Rocheuses. De retour en Roumanie, Borza a contacté le zoologue roumain
    Andrei Popovici-Bâznoșanu pour se mettre d’accord sur l’organisation du premier
    congrès roumain des sciences de la nature à Cluj en 1928. L’agenda était
    identique pour tous les participants : enseignants du secondaire,
    associations alpines roumaines, magyares et allemandes, hommes politiques et
    chercheurs de hauts niveaux. Parmi les nombreuses résolutions du congrès, les
    participants ont introduit à l’agenda politique la réorganisation du programme
    d’enseignement de l’histoire naturelle dans les écoles secondaires, la
    certification du Delta du Danube en tant que région riche en oiseaux et la
    création d’un parc naturel dans le Massif Retezat. »



    Les
    actions ultérieures ont été les conséquences logiques des objectifs assumés,
    précise Cosmin Koszor-Codrea: « Le ministère de l’agriculture et des domaines publics a entendu
    les participants au Congrès et proposé, en 1930, la loi de la protection des
    monuments de la nature. L’année suivante, un Décret royal autorisait
    officiellement l’existence de la Commission des monuments de la nature, et la
    loi imaginée par la Commission stipulait que « les monuments de la nature
    sont les terrains ayant une importance scientifique et esthétique spéciale en
    raison des animaux et des plantes qui les peuplent. Les monuments de la
    nature sont également les terres qui, dû à leur beauté naturelle et à leur
    intérêt scientifique, doivent être conservées et laissées en héritage à la
    postérité. La loi protège les espèces d’animaux et de plantes, ainsi que les
    roches, les minéraux et les fossiles ». »



    L’histoire
    du Parc Naturel Retezat, créé en 1935, est liée au nom d’Alexandru Borza. La
    conservation de la nature y a été consistante, grâce à l’implication de
    l’Etat. En 1939, la revue « Carpații/Les
    Carpates » publiait une liste de 17 plantes protégées, dont le rhododendron,
    l’edelweiss et le nénuphar thermal. Cosmin Koszor-Codrea a souligné le fait que
    le Massif Retezat avait dès le début éveillé l’attention des écologistes: « La première région
    qui répondait à cette définition inscrite dans le texte de loi était le Massif Retezat,
    en raison de sa géologie, de sa flore et de sa faune, ainsi que de sa réponse à
    l’identité nationale roumaine. Pour Alexandru Borza, « le Retezat est une
    terre sainte pour la science, un monument de la nature sacré, singulier parmi
    les montagnes de Roumanie. C’est pourquoi tous nos spécialistes considèrent que
    ce massif a été prédestiné par la nature à devenir notre parc national, notre Yellowstone à nous. Là, les jeunes vont apprendre l’éducation
    patriotique et respirer l’air de liberté que le roi Decebal nous a laissé en héritage,
    ils ressentiront de la fierté en reconnaissant l’unicité de ce bout de terre,
    symbole de notre santé naturelle. ». »


    Alexandru Borza a été l’un
    des noms les plus importants dans le domaine de la protection de
    l’environnement en Roumanie à l’entre-deux-guerres. Il a aussi soutenu
    l’enseignement de l’histoire naturelle en tant qu’élément composant du
    spécifique national. (Trad. Ileana Ţăroi)