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  • Les Pâques en Roumanie : une richesse des symboles et traditions

    Les Pâques en Roumanie : une richesse des symboles et traditions

    De la
    lumière sainte, des œufs peints, un lapin avec des
    cadeaux, des repas en famille, le sacrifice de l’agneau, la « pasca », beaucoup d’émotions dans la vie liturgique – voilà la richesse
    des Pâques roumaines. Dans les minutes suivantes, nous vous proposons une brève
    présentation de l’histoire, des traditions et des significations des principaux
    éléments qui composent ce que l’on appelle « la plus grande fête du
    christianisme ».




    L’étymologie
    du mot « Paști » (Pâques en roumain, au pluriel)
    nous conduit vers les anciens égyptiens. En hébreux, le mot
    « Pesach », qui signifie « passage » a été hérité de la
    langue des Egyptiens. Le monde romain-byzantin l’a emprunté ensuite, sous la
    forme « Pascha », nom neutre, d’où il est entré dans les langues
    latines.




    Chez les
    Juifs, « Pessah » ou la fête des pains sans levain, reste la fête la
    plus importante. Elle commémore la traversée miraculeuse de la mer Rouge, qui
    les a conduits de l’esclavage sous les égyptiens à la liberté. Le Pessah juif
    était célébré huit jours durant, du 15eau 22e jour du
    mois de Nisan, septième mois de l’année civile des Hébreux et premier mois de
    leur année sacrée. La cène qui marquait le passage de la mer Rouge avait lieu
    dans la nuit du 14eau 15edu mois, à la pleine lune, après
    l’équinoxe du printemps. En 33 de notre ère, cette fête coïncida avec des
    événements étonnants racontés dans la Bible, ayant Jésus Christ pour
    protagoniste et qui se passaient dans la province romaine de la Judée : il
    s’agissait d’un autre passage, de la mort à sa propre Résurrection, à l’époque
    du préfet romain Ponce Pilate.


    D’ailleurs,
    les Romains avaient toujours l’habitude de célébrer le passage vers un temps nouveau.
    Pour un certain laps de temps, la Rome antique célébrait le Nouvel An le 1er
    mars. Ce mois marquait plusieurs autres célébrations de grands dieux de la
    végétation et de la fécondité qui, à l’origine, étaient des personnifications
    du Soleil. Par exemple, le dieu Mars était considéré l’incarnation du Soleil à
    l’équinoxe du printemps. Bien avant d’être considéré comme le dieu de la
    guerre, il était considéré le « Jeune Soleil », un dieu de la
    fécondité et de l’abondance, de la multiplication des grains et des animaux. Le
    même mois de mars, les romains célébraient aussi les Matronalia, la fête des épouses et des mères de famille, dédiée à
    Junona Lucina et à Matrona. Lucina (nom provenant du mot « lux »,
    « lumière » en latin) était la déesse de la lumière, tandis que Matrona
    (nom provenant de « mater », « mère » en latin) était la
    protectrice des mères.


    Le 15e
    mars était à la fois le jour de Jupiter et le jour d’Anna Perenna, dont
    le nom signifiait « l’année pérenne », c’est-à-dire éternellement
    renouvelée. Le jour du 25e mars était appelé Hilaria (« jour de la joie » en latin) parce que c’était
    le jour de la résurrection d’Attis, l’époux de Cybèle, déesse de la fécondité,
    honorée dans l’ensemble du monde antique. C’était donc un jour de la victoire
    de la vie sur la mort et d’une promesse d’immortalité. Dans la Grèce classique
    aussi il y avait une fête du printemps, qui était liée à Dionysos, représentant
    le Soleil fécondateur. Son nom était « Anthesterion »,
    provenant du grec où ce mot signifie « fleur ». Par ailleurs, dans la
    Rome antique, Flora, la déesse du printemps, des fleurs et de la floraison,
    était aussi vénérée pendant un festival appelé Floralia. Il n’est donc pas surprenant qu’en Roumanie, le dimanche
    des Rameaux (appelé « Florii ») marque les 7 derniers jours de
    préparation avant Pâques.




    Les
    traditions roumaines dédiées aux fêtes pascales placent au centre l’œuf, peint
    surtout en rouge, mais aussi dans d’autres couleurs. Le rouge symbolise le
    sang, le feu, mais aussi l’amour et la joie de vivre, le jaune signifie la
    lumière, la jeunesse et le bonheur, le vert symbolise la renaissance de la
    nature, l’espoir et la fécondité, tandis que le bleu est la couleur de la
    vitalité et de la santé. Sur les œufs peints selon la tradition roumaine, les
    lignes utilisées ont aussi des significations des plus diverses. La spirale
    signifie l’éternité, la ligne verticale symbolise la vie, la ligne horizontale
    représente la mort, tandis que le rectangle signifie la pensée et la sagesse.


    Assis autour de la table, les gens cognent entre
    eux les œufs peints, en disant « Le Christ est ressuscité » et en
    répondant « Il est vraiment ressuscité ». L’œuf, présent dans
    de nombreuses mythologies, symbolise avant tout, la source de la vie et la
    naissance de notre monde. Les habitants de l’Égypte et de l’ancienne Perse, par
    exemple, s’offraient des œufs, teints ou peints, qu’ils cassaient avant de les
    manger, comme un acte sacré, pour aider le monde à renaître.




    Un autre
    symbole pascal est le lapin qui offre des cadeaux. Le lapin appartient à la
    lignée du bestiaire lunaire et aux archétypes associés au clair de la lune.
    Dans l’art chrétien médiéval, il avait une signification particulière : il
    était vu comme hermaphrodite, ce qui a conduit à la connexion avec la Vierge
    Marie, la mère de Jésus Christ, en raison de sa virginité. Les images avec un
    lapin offrant des cadeaux et des œufs de Pâques sont spécifiques à l’Allemagne
    et remontent au XVe siècle. Le lapin est aussi un symbole de la fertilité,
    présent dans toutes les mythologies. Il est associé à la divinité de la Terre
    Mère, à l’idée de la régénération et du renouvellement ininterrompu de la vie.
    C’était aussi un être céleste, qui incarnait une ancienne déesse germanique,
    Eostra, mythifiant le printemps et la fécondité, encore adorée au XIIIe siècle,
    à la campagne. Comme les Saxons célébraient l’arrivée du printemps avec des
    fêtes tumultueuses, les missionnaires chrétiens n’avaient d’autre choix que de
    les intégrer. En outre, la fête païenne d’Eostra coïncidait avec la célébration
    de la résurrection de Jésus Christ.




    L’agneau
    est un autre animal associé à Pâques. Son symbolisme est lié à la célébration
    juive du passage de la mer Rouge. A Pâques, chaque chef de famille devait
    choisir un agneau ou un bouc mâle de son troupeau, sans défauts physiques, qu’il
    devait garder du 10e jusqu’au 14e jour du mois de Nisan
    et le sacrifier d’un coup de poignard avant de le manger. L’agneau est aussi le
    signe de la douceur, de la simplicité, de l’innocence et de la pureté, autant
    d’attributs de Jésus-Christ.




    Pendant
    les 7 jours des Pâques juives, on ne consomme que du pain sans levain. Ce pain
    rappelle le pain sans levain que les Israélites ont préparé la nuit de leur fuite
    d’Égypte et symbolise, par l’absence de ferments levants, la propreté, la
    prévention de corruption et l’appel à une vie pure et sainte. Les traditions
    populaires roumaines sont loin de cette tradition juive qui associe le pain à l’amertume
    de l’esclavage en Égypte. Pour marquer la joie à Pâques, la « pasca »est,
    en fait, un pain sucré.




    La dernière
    partie de notre programme est consacré au jour de célébration de Pâques. Bien
    que les catholiques et les protestants aient célébré Pâques le 9 avril dernier,
    les Pâques orthodoxes ont lieu, cette année, le dimanche, 16. Cette situation découle
    des calculs astronomiques imprécis qui ont servi au premier synode œcuménique,
    organisé à Nicée en 325 de notre ère, de décider que les Pâques chrétiennes ne
    seraient plus célébrées au même moment que la fête juive, mais le premier
    dimanche après la pleine lune suivant l’équinoxe de printemps. La notion d’équinoxe
    vernal avait une signification particulière, car elle était considérée comme un
    moment représentatif du temps primordial où Dieu sépara la lumière des ténèbres
    et ordonna que la lumière soit donnée par le soleil – le jour, et par la lune -
    la nuit.


    Jusqu’en
    1582, tous les chrétiens célébraient Pâques à la même date. Le changement de date
    dans le christianisme occidental s’est fait par une réforme du calendrier
    initiée par le pape Grégoire VIII, qui voulait corriger le décalage découvert
    par les astronomes entre le calendrier utilisé jusqu’alors, soit le calendrier
    julien, et le temps astronomique réel. En utilisant le calendrier julien, la
    date de Pâques était, donc erronée. Alors que les catholiques commençaient à
    célébrer Pâques selon le nouveau calendrier rectifié, les Eglises orthodoxes
    continuaient, elles, à célébrer selon le calendrier julien, qui indiquait
    pourtant l’équinoxe et la pleine lune à des dates qui ne correspondaient plus
    aux dates astronomiques. Ceci explique l’écart qui persiste de nos jours encore.


    Lors de
    la conférence inter-orthodoxe de Constantinople en 1923, les Eglises orthodoxes
    ont essayé de trouver un compromis entre les deux calendriers, julien et
    grégorien. Lors de cette conférence, on a donc fixé Noël selon le calendrier
    grégorien, et Pâques, selon l’ancien calendrier julien.




    Avant de
    finir l’exposée de ce panorama des traditions pascales en Roumanie, il faut
    préciser que la plupart des Roumains suivent, du point de vue liturgique, la
    tradition byzantine. Les 7 jours de la Semaine sainte prennent fin à la nuit de
    la Résurrection, ce moment culminant de la fête pascale. La Semaine Sainte
    débute par le Dimanche des Rameaux. Dans les églises à travers la Roumanie, les
    prêtres rappellent dans leurs offices religieux chaque instant avant le sacrifice
    suprême que Jésus-Christ a fait pour sauver l’humanité entière. C’est une nuit
    spéciale, symbolisant la nuit de la lumière, de la purification, la libération
    de l’humanité de l’esclavage de l’enfer, du mal et de la mort. C’est pourquoi la
    fête pascale est une célébration de la lumière. A minuit, lorsque les gens se
    rendent au service de la Résurrection, ils allument des bougies, symbolisant le
    passage des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie.




    En vous
    remerciant de votre attention, nous souhaitons à ceux qui célèbrent Pâques, de Bonnes
    Fêtes, ainsi qu’à tous ceux qui nous écoutent, un printemps plein d’espoir et
    de lumière ! (écrit par Andra Juganaru)

  • Débats en marge de l’adoption de l’euro en Roumanie

    Débats en marge de l’adoption de l’euro en Roumanie

    70% des crédits bancaires sont accordés en euros, tandis que certains tarifs, dont ceux de téléphonie mobile ou les transactions automobiles, mobilières ou immobilières prennent pour point de référence l’euro. Dans le Programme de convergence, révisé chaque année et transmis à Bruxelles, le gouvernement roumain réitère son engagement à passer à l’euro à partir du 1er janvier 2019. L’économie de la Roumanie remplit les cinq critères de convergence nominale établis à Maastricht. Toutefois, un des problèmes importants qui demeurent est celui de la convergence réelle. En clair, son PIB par habitant ne représente actuellement que 55% de la moyenne européenne. « La convergence réelle de la Roumanie s’élèvera en 2018 à environ 65% et pourrait atteindre, à l’horizon 2020, le seuil de 71% de la moyenne européenne du PIB, niveau calculé par rapport au pouvoir d’achat en Roumanie », anticipe l’Exécutif de Bucarest.

    « Le 1er janvier 2019 comme date butoir pour l’adoption de l’euro est un objectif ambitieux, et il devient même très ambitieux. Voilà pourquoi nous devons bien penser à maintenir cette cible », a mis en garde le gouverneur de la Banque centrale de Roumanie, Mugur Isărescu. « Nous n’avons pas encore de feuille de route et puis la société tout entière doit assumer cet objectif », a-t-il précisé: « Il faut bien réfléchir au maintien de cette date butoir et à ce que nous avons à faire, à savoir dépenser raisonnablement l’argent public, donner la priorité aux investissements, répartir les dépenses publiques par plans pluriannuels et ainsi de suite. Vu l’excellente situation macroéconomique, il faudrait procéder à des réformes structurelles, donc mieux utiliser l’argent. L’accent doit être mis sur la compétitivité, l’efficacité, sur l’équilibre entre les budgets des entreprises. »

    A son tour, l’économiste en chef de la Banque centrale de Roumanie, Valentin Lazea, a déclaré qu’il était très peu probable que le pays puisse joindre la zone euro en 2019, compte tenu du manque de consensus politique et social quand il s’agit de soutenir cet objectif.

    Valentin Lazea: « Si demain, par je ne sais quel miracle, la classe politique se mettait d’accord, signait un pacte et élaborait un programme trimestriel ou semestriel, cela pourrait s’avérer réaliste, dans les conditions où l’échéance prévue pour l’entrée dans le mécanisme du taux de change européen est le 1er janvier 2016. C’est donc le délai le plus restreint possible. Or, même avec ce scénario, il nous faut atteindre un taux de croissance annuel supérieur à 3,5%, alors que la moyenne européenne annuelle est de 1,5%. Je n’ai pas encore calculé le chiffre exact, mais je pense que l’économie roumaine devrait croître de 5%, ce qui n’est pas faisable. Par contre, en gardant un rythme de croissance supérieur de 2% à celui de l’UE, ce qui est en notre pouvoir, nous pourrions intégrer la zone euro dans les 7 années à venir. »

    Le président du Conseil fiscal, Ionuţ Dumitru, partage lui aussi l’opinion selon laquelle l’horizon temporel 2019 est très ambitieux pour la Roumanie : « Je crois que l’engagement que nous avons pris relatif au passage à l’euro en 2019 a été de nature purement politique et déclarative. Il n’a jamais été assumé réellement, ce qui aurait supposé l’existence d’une feuille de route et un calendrier très précis à respecter avant ce moment. De mon point de vue, il est absolument évident que le nouveau paquet fiscal, qui réduit sensiblement les taxes et nous pousse vers une zone où le déficit public gonfle à nouveau, ce paquet fiscal donc nous éloigne fort de la date cible 2019. L’impression est qu’il n’y a pas d’harmonisation entre l’objectif visant l’adoption de la monnaie unique en 2019 et ce paquet de stimulation fiscale. »

    Par contre, le président honoraire de l’Association roumaine des banques, Radu Graţian Gheţea, affirme que le système bancaire est prêt à passer à l’euro: « D’un point de vue technique, le système bancaire roumain est déjà prêt, à la différence de ceux de bien des pays qui ont, entre temps, adhéré à la zone euro. L’Association roumaine des banques a démarré il y a cinq ans déjà un projet permettant de mettre en œuvre toutes les normes et les restrictions requises. Nous avons appliqué les normes actuelles relatives aux paiements en euros même aux paiements effectués en monnaie nationale. »

    Selon Radu Graţian Gheţea, la Roumanie bénéficie d’opportunités qu’elle pourrait mieux mettre à profit en tant que membre de la zone euro. Parmi elles, l’exploitation efficiente de ses ressources tarissables ou renouvelables, l’absorption des fonds européens ou la modernisation de l’infrastructure. Par ailleurs, après le passage à l’euro, de nouveaux défis se feront jour liés notamment à la gestion de certains indicateurs macroéconomiques et à la fiscalité, a souligné le président honoraire de l’Association roumaine des banques, Radu Graţian Gheţea. (Trad. : Mariana Tudose)