Tag: Patrick Vander Linden

  • Patrick Vander Linden (Belgique)

    Patrick Vander Linden (Belgique)

    Patrick Vander Linden vient de Belgique. Il est agriculteur et
    propriétaire d’une ferme biologique en Roumanie située dans le département
    d’Arges (sud), au cœur de la nature, près de la forêt et de la montagne. Il
    nous raconte les circonstances de son arrivée dans notre pays :


    « Avant,
    j’avais une entreprise de construction en Belgique, mais au début des années
    90, j’ai décidé de mettre fin à mon activité. J’ai pris cette décision car je
    voulais travailler davantage dans le domaine de l’écologie, et à l’époque, il
    n’y avait pas beaucoup d’intérêt pour ce type de construction. J’ai alors
    déménagé en Suisse pour suivre une formation agricole, un cours de trois
    semaines sur la transformation du lait de vache. J’ai beaucoup travaillé en
    Suisse au début des années 90, puis j’ai suivi une formation de boulanger en
    Belgique, avant de retourner travailler en Suisse au début des années 2000.
    C’est à ce moment-là que j’ai pensé : pourquoi ne pas travailler pour moi-même
    ? C’est donc ainsi que je suis venu en Roumanie. La première fois que je suis
    arrivé ici, c’était en 2004, et j’ai fait le tour de tout le pays. J’ai
    beaucoup voyagé dans le département de Hunedoara et un an plus tard, je me suis
    installé dans le département d’Arges. J’ai commencé la construction de ma
    maison écologique en utilisant des ballots de paille. Elle est vraiment géniale
    ! J’ai commencé à la construire en 2009 et je l’ai terminée vers 2012. Quant à
    mes vaches, je les ai achetées en 2015 et c’est comme ça que j’ai commencé à
    fabriquer du fromage. »



    Patrick Vander
    Linden fait également la promotion du tourisme écologique. Il accueille ainsi
    des volontaires du monde entier dans sa maison. Ceux-ci apprennent à vivre dans
    la nature et à s’occuper des animaux.


    « Ils viennent de partout. Récemment, une
    jeune femme du Mexique est venue en tant que bénévole et une autre du Brésil
    lui suivra. Les volontaires viennent d’Europe, de partout en fait. J’ai eu même
    des visiteurs d’Asie et d’Australie lorsque j’ai construit la maison. La maison
    n’étant pas reliée à l’électricité ni à l’eau, les bénévoles doivent s’adapter
    en ce qui concerne l’utilisation de ces ressources et s’habituer à ne pas s’en servir
    en permanence. C’est donc très bien, car cela leurs apprend à utiliser moins
    d’énergie. La ferme est un espace restreint et certains sont très sensibles à
    l’odeur du fumier. Cela dépend aussi de la saison : en hiver, nous
    travaillons davantage avec le bois ; en été, nous travaillons
    principalement dans le jardin, avec toutes sortes de légumes et des fruits,
    dont nous faisons de la confiture et du jus. »



    Pourquoi Patrick
    Vander Linden a-t-il choisi de s’installer en Roumanie, le pays qui est
    maintenant devenu le nouveau chez-soi?


    « Pourquoi la Roumanie ? J’étais un peu
    fatigué de la Belgique, où je ne pouvais pas construire de manière écologique à
    la fin des années 80 et au début des années 90. C’est pourquoi j’ai décidé de
    partir pour la Suisse, où il a plus de nature. Ensuite, j’ai travaillé en
    France, j’ai voyagé en République tchèque, en Slovaquie et en Espagne à la
    recherche de terrains. En Belgique, un ami de Iași m’a demandé pourquoi je n’allais
    pas en Roumanie. Lorsque j’y suis venu, j’ai adoré la nature de ce pays.
    Maintenant j’habite à Brădet, et au-dessus de ma maison, il n’y a que des
    prairies pour les animaux jusqu’au sommet de Moldoveanu. C’est principalement
    pour cela que j’ai décidé de m’y installer. »



    Maintenant, la vie
    de Patrick a considérablement changé par rapport à celle qu’il avait en
    Belgique. Il raconte:


    « En
    Belgique j’avais une entreprise de construction que j’ai fermée depuis
    longtemps, en ’91. À l’époque, j’étais obligé de voyager beaucoup d’un client à
    l’autre. Maintenant, je travaille chez moi, je vais dans mon étable, je ramène
    du lait à la maison, je le transforme, je n’ai plus besoin de me déplacer
    beaucoup d’un endroit à l’autre, et cela me fait tellement plaisir. Je vais en
    ville une fois par semaine, j’apporte de la marchandise et je fais les
    courses. »



    Nous avons demandé à
    Patrick ce qu’il pense des Roumains et s’il s’est lié d’amitié avec les
    habitants de sa région.


    « Oui,
    je parle avec eux et j’ai quelques amis. Chaque pays est bien sûr différent,
    mais la bureaucratie et la corruption existent partout. Par exemple, j’ai eu
    beaucoup de problèmes avec l’administration locale. Sinon, on dirait que les
    habitants ont encore le temps de profiter de leur vie. En Belgique, il n’y a
    plus de temps, les gens courent dans tous les sens. En Roumanie, c’est comme si
    je voyageais à l’époque de la génération de mes parents. Bien sûr, maintenant
    avec l’Union Européenne, tout a changé très rapidement, et le niveau de vie est
    presque le même partout sur le continent. Mais je trouve qu’ici les gens savent
    encore cultiver la terre et élever des animaux. Dans d’autres pays européens,
    il n’y a plus de fermes, il n’y a que des usines laitières, que des usines de
    viande. Ici, tout est différent, c’est plus petit. Dans les montagnes, il y a
    beaucoup plus d’humanité, tout n’est pas qu’une grande entreprise. »



    La Belgique ne
    manque pas à Patrick. Il ne ressent aucun manque du confort d’une vie plus
    moderne.


    « Eh bien, pour moi, non, je ne suis pas
    du tout le genre de personne à avoir beaucoup d’appareils de cuisine. Je n’aime
    pas tout ce qui est nouveau en matière de cuisine. On peut avoir même dix
    appareils faits pour nous aider, je les trouverais quand même inutiles. Ce qui
    me manque, ce sont mes amis de Belgique. »



    Que changerait-il en
    Roumanie ? Patrick répond :


    « On le sait très bien,avoir de meilleures routes c’est efficace pour
    l’économie, car le transport se fait plus facilement, c’est le cas partout.
    Autrement, je pense qu’il est nécessaire que les gens travaillent davantage
    ensemble, qu’ils s’entraident, surtout maintenant que les temps changent si
    rapidement. Ici en Roumanie, beaucoup de gens ont encore un potager qui leur
    permet de manger plus sain. La nourriture dans les supermarchés abonde en
    additifs et on tombe plus souvent malade si on en consomme. Si les choses
    peuvent rester comme elles étaient auparavant, ce serait mieux pour la
    population. Quand je suis arrivé ici, j’ai pensé qu’avec le temps je pourrais
    vivre avec plus de personnes, que nous nous aiderions mutuellement, que nous
    construirions une communauté. Je pense que c’est une bonne vision des choses,
    on ne peut pas tout faire seul. »


    Que dirait Patrick
    Vander Linden à quelqu’un qui ne connaît pas du tout
    la Roumanie ? Comment
    présenterait-il sa nouvelle patrie ?


    « Bref, pour moi, la Roumanie est avant tout synonyme de la nature
    abondante, de montagnes majestueuses. C’est un pays d’une beauté
    extraordinaire. La Roumanie abrite de nombreuses espèces d’animaux sauvages, et
    leur présence signifie que la nature est encore intacte. Par exemple, dans ma
    région, je constate qu’il y a beaucoup plus d’insectes qu’en Belgique, où tant
    de pesticides ont été utilisés qu’ils les ont tous tués. Ici, c’est différent,
    c’est plus pur. »
    (Trad. Rada Stănică)