Tag: patrimoine

  • Prix européen pour le monastère de Dragomirna

    Prix européen pour le monastère de Dragomirna

    Humor, Sucevita, Moldovita, Voronet – la renommée de la Roumanie à l’étranger doit beaucoup à ces monastères inscrits au patrimoine de l’Unesco. La région du nord-est de la Roumanie où se trouve aussi la province de Bucovine, figurent parmi les plus recherchées aussi bien par les touristes roumains qu’étrangers. Ils sont notamment fascinés par le nombre impressionnant d’églises ainsi que par la qualité exceptionnelle des fresques intérieures et extérieures, qui datent depuis le Moyen Age. Peintes en couleurs uniques, associées dans certains cas à leurs noms, tels « le bleu de Voronet » ou « le rouge de Humor », les monastères de Bucovine continuent de fasciner de nos jours encore, bien que des centaines d’années se soient écoulées depuis leur construction.



    C’est aussi le cas du monastère de Dragomirna, une église située à 12 kilomètres de la ville roumaine de Suceava. Ce lieu de culte figure parmi les gagnants de l’édition 2014 du prix du patrimoine culturel de l’UE pour ses fresques bien conservées du naos et de l’autel datant du 17e siècle. Les noms des lauréats ont été révélés jeudi par la Commission européenne et l’Association Europa Nostra qui promeut la conservation du patrimoine culturel et naturel européen et dont le président est le célèbre ténor Placido Domingo. Les 400 ans d’existence n’ont pas été sans effets sur la qualité et la visibilité des fresques de Dragomirna, la tâche de l’équipe de restauration formée de 50 professionnels et étudiants de différents pays, s’avérant de ce fait très ardue. Le jury s’est dit profondément impressionné par le haut niveau de professionnalisme ainsi que par le fait que la restauration a pris peu de temps.



    Le chef de la Direction culturelle Suceava, Aurel Buzincu explique: « Le monastère de Dragomirna a bénéficié ces dernières années d’un projet de financement de l’UE, aux côtés des monastères de Moldovita et de Sucevita. Les fonds ont été destinés à plusieurs travaux, y compris de modernisation. On a aussi nettoyé et restauré la peinture du naos, une peinture fort intéressante qui se présente actuellement très bien ».



    Les 27 lauréats ont été choisis parmi 160 projets sélectionnés dans 30 pays. Sur ceux, six lauréats recevront chacun un «grand prix», dune valeur de 10 000 euros, et lun des lauréats se verra décerner le prix du public à lissue dun vote en ligne organisé par Europa Nostra. La cérémonie de remise des prix aura lieu le 5 mai au Burgtheater à Vienne, sous le patronage du président de lAutriche, Heinz Fischer. Androulla Vassiliou, la commissaire européenne à l’éducation, à la culture, au multilinguisme et à la jeunesse et Plácido Domingo, le grand ténor et président d’Europa Nostra, remettront ensemble les récompenses. «Le patrimoine de lEurope est lun de nos biens les plus précieux », a souligné la Commission européenne.



    Les prix bénéficient du soutien du programme Culture de lUnion, qui a investi près de 40 millions d’euros dans le cofinancement de projets consacrés au patrimoine entre 2007 et 2013. Le nouveau programme Europe créative, doté dun budget de près de 1,5 milliard deuros pour les sept prochaines années continuera de soutenir des projets de coopération transnationale dans le domaine du patrimoine culturel. (trad.: Alexandra Pop)

  • A la Une de la presse roumaine du 13.01.2014

    A la Une de la presse roumaine du 13.01.2014

    Plusieurs sujets font débat ce lundi dans la presse bucarestoise en ligne. Parmi eux – la visite en Roumanie de l’adjointe au secrétaire dÉtat américain, Victoria Nuland, la liberté de la presse, le patrimoine architectural et les enjeux immobiliers ou encore la corruption à lécole.


  • Décision parlementaire concernant l’exploitation de Roşia Montană

    Décision parlementaire concernant l’exploitation de Roşia Montană

    Le projet de loi sur l’exploitation aurifère de Roşia Montană, lancé par le gouvernement, a été rejeté, et les commentateurs estiment qu’un vote négatif du Parlement n’est qu’une question de temps. Des semaines et des semaines durant, la commission a entendu géologues, physiciens, chimistes, militants écologistes, représentants de l’Académie roumaine et de l’Eglise orthodoxe majoritaire, la plupart se prononçant pour le rejet du projet.



    La décision finale a été prise après consultation entre les dirigeants de l’USL, le premier ministre social-démocrate Victor Ponta et le président libéral du Sénat, Crin Antonescu, dont les membres occupent les deux tiers des sièges au Parlement roumain. Ils ont annoncé qu’un nouveau projet de loi serait lancé, censé prévoir un cadre général pour toutes les futures exploitations minières en Roumanie. En tout état de cause, Roşia Montană demeure la plus précieuse du sous-sol roumain.



    De l’avis des géologues, le plus grand gisement d’or de l’Europe continentale s’y trouverait : au moins 250 tonnes, d’une valeur estimée à 11 milliards de dollars. En plus, il y aurait encore 1.600 tonnes d’argent, évaluées à 3 milliards de dollars, ainsi que des gisements de métaux rares — titane, vanadium, chrome, nickel, cobalt, wolfram, utilisables dans les industries aérospatiale, militaire et médicale. Selon les spécialistes, la valeur de ces métaux rares excèderait celle de l’or et de l’argent.



    Les disputes ont commencé après l’annonce du concessionnaire que les cyanures seraient utilisés pour extraire l’or, avec des effets potentiellement dévastateurs sur l’environnement et le site qui abrite des galeries de mine depuis l’antiquité romaine. Dans le rapport de la commission spéciale, les parlementaires exigent, entre autres, que les documents classifiés et la licence d’exploitation soient rendus publics, de manière à ce que les autorités compétentes puissent traiter les soupçons de corruption. Ils demandent également au gouvernement d’étudier la possibilité d’utiliser d’autres technologies, moins dangereuses, et de faire appel à des institutions indépendantes pour des études d’impact.



    Au sujet du site archéologique, l’on évoque d’inclure Roşia Montană au patrimoine mondial de l’UNESCO. Si, au plan politique, pour l’opposition démocrate-libérale, l’avis négatif de la commission parlementaire équivaut à une motion de censure, dans la société, les débats sont plus nuancés. La majorité se réjouit de ce que le danger du lac aux cyanures ait été écarté, mais souhaite mettre en valeur, à l’aide de technologies plus sûres, les gisements que la Roumanie, un pays plutôt pauvre, ne saurait ignorer…(trad. : Ligia Mihaiescu)

  • A la Une de la presse roumaine du 07.11.2013

    A la Une de la presse roumaine du 07.11.2013

    Roşia Montană pourrait figurer au patrimoine mondial de l’humanité et un nouveau ministre auditionné par le Parquet anticorruption — deux sujets à égalité de points dans la presse roumaine dans sa variante électronique.


  • Bâtiments classés, en danger

    Bâtiments classés, en danger

    De nombreux bâtiments classés de la capitale roumaine sont fortement délabrés. Labsence dune stratégie de remise en valeur des zones historiques et de conservation des constructions architecturalement importantes, la pression dun secteur immobilier à évolution chaotique menacent la survie du Bucarest historique. Cest lavertissement lancé par le rapport sur le patrimoine de Bucarest réalisé par plusieurs ONG actives dans la protection de ce patrimoine et qui prend en compte les 4 dernières années.



    Roxana Wring est la vice-présidente de lAssociation pour la protection et la documentation du patrimoine de Roumanie. « Nous assistons à une destruction systématique du tissu historique et architectural de la ville de Bucarest, cest quelque chose que ses habitants remarquent quotidiennement et sy sont habitués, je crois. Nous nous sommes habitués à vivre dans une ville en pleine destruction. A mon avis, si ça continue comme ça, lidentité architecturale et culturelle de la capitale de la Roumanie sera définitivement compromise. On voit que les 20 dernières années ont été néfastes pour le patrimoine historique, déjà mis à rude épreuve par le régime communiste. »



    Selon les experts, les destructions daprès 1990 du patrimoine sont plus graves que celles du temps du communisme. Le rapport susmentionné montre que des centaines de joyaux darchitecture ont été abattus, dautres sont menacés de démolition. Le président de lAssociation “Sauvez Bucarest !”, Nicuşor Dan, affirme que tout cela nest que le résultat dun mécanisme purement économique : « Sur lensemble de Bucarest, Ceauşescu a démoli environ 15% de la vieille ville ; ce qui a été abattu après 1990 représente grosso modo 5% des constructions des zones historiques, mais cette destruction est aggravée par ces implantations inappropriées qui touchent toutes les zones historiques. Dans tout Etat civilisé, quand un investisseur arrive dans une ville, il a le choix suivant: il se rend au centre-ville où il achète un bâtiment classé, le fait restaurer pour y installer son siège, faisant ainsi la preuve de son prestige social ou bien il se rend à la périphérie où il construit en hauteur et fait du profit. Mais lorsque ladministration publique est faible, linvestisseur achète un bâtiment de patrimoine et le démolit pour mettre à sa place une construction haute, car tout bâtiment ou immeuble classé est 10 fois moins cher que le terrain au-dessous et la pression spéculative de démolir, de vendre ce terrain, est permanente. »





    Le moulin d’Assan est un exemple de dégradation. Construit en 1853, le bâtiment a été mis à feu, saccagé par les voleurs de ferraille ou de matériaux de la structure de résistance. Et la liste pourrait continuer, selon le rapport sur le patrimoine de Bucarest. Prenons l’exemple d’un bâtiment d’une rare beauté architecturale construit boulevard des Aviateurs, dans un quartier résidentiel de la capitale. Les murs de cette maison, de nos jours délabrée, continuent pourtant à attirer les regards des passants par les feuilles sculptées et les Cupidons en pierre. Des décorations néobaroques sont à découvrir à chaque coin du bâtiment et à chaque fenêtre. Ou plutôt des restes de décorations, car à l’heure où l’on parle, la maison est définitivement tombée en ruines : les ornements s’entrevoient à peine, la toiture est effondrée, bien que l’édifice, création d’un célèbre architecte roumain du début du XXème siècle, figure sur la liste des monuments historiques de Bucarest.





    A force d’avancer vers le cœur de la capitale, le nombre des bâtiments dégradés augmente, pour culminer avec ceux du centre-ville, un endroit qui attire par ses rues piétonnes et ses bistros et intrigue par les nombreuses constructions historiques délabrées. Les autorités n’ont rien fait pour elles, bien que des travaux de réhabilitation urbaine aient été faits dans la zone, ces 5 dernières années. Roxana Wring : « On n’a fait que quelques rénovations superficielles, pour la plupart inadéquates et en l’absence de toute expertise historique. Ou bien, on a démoli des maisons, comme par exemple une, de la rue Selari, ce qui contrevient à tout concept de développement urbain. Le centre historique est très important car il offre le potentiel d’un investissement à long terme. Mais pour cela, il faut que la Municipalité assume ses responsabilités et mette en pratique un projet cohérent qui, pour l’instant, n’existe pas. »





    Le rapport sur le patrimoine présente Bucarest comme une ville unique parmi les autres capitales européennes grâce aux nombreux éléments architecturaux modernistes datant de l’entre-deux-guerres. Lors de l’Union de 1918, toute une génération de jeunes architectes roumains diplômés des grandes universités européennes a regagné son pays natal pour y construire les premiers immeubles modernes. Des édifices qui figurent dans les manuels internationaux d’architecture, mais que les Roumains voient à présent agoniser, en attendant, vainement, que des programmes de rénovation commencent. Et lorsque de tels travaux commencent, ils sont parfois si mal réalisés qu’ils finissent par annuler l’importance architecturale de la construction. Roxana Wring: « Ce patrimoine est quasi méconnu. Soit il est en ruines, comme par exemple l’immeuble Aro qu’une secousse sismique plus forte pourrait complètement terrasser, soit il est enveloppé, comme c’est le cas de l’immeuble Turist, Place Romana. Or, au moment où l’on décide d’envelopper une construction moderniste, celle-ci aura par la suite l’air d’un bâtiment communiste, avec une façade peinte en jaune ou rose et les fenêtres modifiées. Il suffit de vous promener le long du boulevard Magheru pour voir à quoi ressemblent actuellement ces immeubles. »



    La dispute entre les autorités et les ONG au sujet des constructions historiques a été portée à plusieurs reprises devant les tribunaux. L’association « Sauvez la ville de Bucarest » a essayé à maintes reprises de sauver des édifices tombés entre les mains des agences immobilières. Les ONG qui militent en faveur du patrimoine architectural de la capitale roumaine appellent les institutions publiques à le protéger et conserver, et recommandent une série de mesures pour améliorer la situation. (trad.: Ileana Taroi, Ioana Stancescu)

  • Michel Beine (Belgique) – La cité de Biertan

    Michel Beine (Belgique) – La cité de Biertan

    La première attestation documentaire du village de Biertan remonte à 1283, aux côtés des localités de Medias et de Moshna, toutes les trois étant en compétition pour devenir le centre administratif de la région. En 1397, Biertan est mentionnée dans un autre document, en tant que forteresse. Comme toute localité typiquement saxonne, elle avait une organisation urbaine, avec des maisons qui entourent la place centrale, dominée par une église de dimensions impressionnantes construite sur une colline. Mélange de style gothique et Renaissance, ce lieu de culte était défendu par 3 murs d’enceinte avec des tours et des bastions.



    L’actuelle église, celle qui s’est retrouvée sur une de nos cartes QSL des années précédentes fut bâtie entre 1486 et 1524, en style gothique tardif. Cette construction monumentale est composée de 3 halles de dimensions égales. On peut y entrer par 3 portes — des côtés ouest, nord et sud. Son splendide autel est le plus grand de Roumanie et l’iconostase est composée 28 panneaux peints. Elle a été réalisée par des spécialistes de Vienne et de Nürnberg. A son tour, la chaire de l’église fut sculptée en pierre en 1500 par le maître Ulrich de Brasov. C’est pourquoi on y remarque une forte influence du style allemand du sud. On ne saurait oublier non plus la porte de la sacristie, dotée d’un système très compliqué de 19 serrures. Réalisée en 1515, elle a été primée à l’Exposition Mondiale de 1900 à Paris, étant un des meilleurs exemples de manufacture saxonne médiévale grâce à son système original, et qui fonctionne de nos jours encore.



    300 années durant, soit de 1572 à 1867, Biertan a été le siège de l’Evêché évangélique. C’était donc une des forteresses paysannes saxonnes les plus importantes et les plus puissantes de Transylvanie, grâce à ses 3 rangées de murailles, ses 3 bastions et ses 6 tours. Néanmoins, au début du 18e siècle, elle fut attaquée et dévastée par les haïdouks, qui ont volé de nombreux objets de culte et des documents d’une valeur inestimable et ont profané les cryptes des évêques en cherchant des trésors. La cité de Biertan n’est pas une simple église défendue par des murailles. Une tour–mausolée se trouve du côté nord-ouest; depuis 1913, elle abrite les tombes des évêques évangéliques.



    Le bastion du côté est a quant à lui une histoire plutôt amusante. Au 15e siècle on y renfermait les couples qui s’étaient disputés et voulaient se séparer pour différentes raisons. On leur laissait une seule assiette, une seule cuillère, une seule fourchette, une seule tasse et un seul lit. La plupart des couples réussissaient à trouver une solution à leurs problèmes et n’avaient plus recours à la justice.



    La forteresse de Biertan disposait également d’une prison, mais la tour qui l’abritait fut démolie en 1840 pour faire place à une école. Pour arriver à l’église il faut traverser un escalier couvert en bois, long de 100 m et qui faisait la liaison avec la place centrale de la localité. Une fois montés, on arrivait devant l’église où se trouvait un grand rocher sur lequel devaient s’asseoir, chaque dimanche, les personnes qui avaient fait de mauvaises choses pendant la semaine, pour que tout le monde les voie. C’était une méthode très efficace, paraît-il, d’éduquer la communauté.