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  • Le Musée Zambaccian

    Le Musée Zambaccian


    Aujourd’hui, nous nous arrêtons au Musée Zambaccian, à Bucarest. C’est un musée
    de petites dimensions, construit autour d’une seule collection. Si vous n’avez
    pas le temps de venir à Bucarest, vous pouvez quand même admirer la maison et
    la collection grâce à un tour virtuel mis à votre disposition par le musée. Georgiana
    Iacob, à la tête du département pour l’Education,
    la Communication et les Projets Culturels du Musée national d’Art de Roumanie
    nous en dit davantage :


    « Ce musée, dont la
    plupart des objets collectionnés par Krikor Zambaccian datent de l’entre-deux-guerres,
    offre un des meilleurs panoramas de l’art roumain de l’entre-deux-guerres et au-delà.
    De même que Nicolae Grigorescu, Ștefan Luchian, Tonitza, Pallady ou Petrașcu,
    Zambaccian a été, lui aussi, intéressé par l’art français. Même si la
    collection d’art français n’est pas très grande, elle comporte de grands noms
    comme celui de Paul Cézanne, Camille Pissarro, Pierre Bonnard, Albert Marquet.
    Nous vous invitons à la fois, de comprendre comment l’intérêt du collectionneur
    pour l’art français s’est-il développé au fil des années et d’admirer les intérieurs
    très intéressants de sa maison, spécialement conçue pour abriter sa collection.
    Cette collection est d’ailleurs ouverte aux visites du temps où Zambaccian était
    toujours en vie et le but ultime de cet édifice fut de se voir transformé en musée
    d’art. »


    Construite à la fin des années 40 et agrandie
    au fur et à mesure que la collection s’enrichissait, la maison abritant le Musée
    Zambaccian comporte un rez-de-chaussée spacieux, avec des meubles espagnols et
    italiens et une cheminée impressionnante. Les portes ne sont pas traditionnelles
    – elles ne s’ouvrent pas à droite ou à gauche – mais elles glissent dans les
    murs pour ne pas occuper trop d’espace. Georgiana Iacob, à la tête du
    département de l’Education, de la Communication et des Projets Culturels du
    Musée national d’Art de Roumanie nous en dit davantage :




    « La dernière salle au rez de chausse, dédiée au
    peintre Luchian, est éclairée par une lucarne créant une lumière diffuse, idéale
    pour contempler les œuvres d’art. C’est toujours au rez- de- chaussée que se
    trouve l’une des plus belles pièces de l’édifice, le bureau-bibliothèque du collectionneur,
    où sont exposées des œuvres de Theodor Pallady. Les différentes petites pièces à
    l’étage servaient jadis de chambres pour
    les membres de la famille ; elles ont été ensuite converties en salles d’exposition.
    Les corridors servent de lieu d’exposition à des croquis car la lumière n’est
    pas si forte et elle ne risque pas d’endommager les exposés. Toujours à l’étage,
    la collection d’art français occupe deux petites salles. »


    Situé dans une ruelle tranquille, dans le nord de Bucarest, le musée est ouvert
    du mercredi à dimanche, de 10h à 18h.

  • Peintres roumains en France

    Peintres roumains en France

    Ils cherchaient aussi à obtenir une
    reconnaissance artistique, ce mouvement ayant continué jusqu’au début du 20-e siècle. 350 d’entre eux, actifs durant la période comprise
    entre 1834 et 1939, ont été présentés par l’historien de l’art Gabriel
    Badea-Păun dans son livre «Les Peintres roumains et la France (1834 – 1939) »,
    récemment publié à Paris. Ion Negulici a été le premier peintre roumain à se
    rendre dans la capitale française pour y étudier à l’Ecole des Beaux-Arts.
    Beaucoup d’autres allaient le suivre, jusqu’au début de la Deuxième Guerre
    mondiale. Lorsque la conflagration a éclaté, certains sont revenus en Roumanie,
    d’autres ont continué leur parcours dans d’autres pays. Plusieurs artistes
    phares figuraient dans la première vague de peintres roumains qui se sont
    rendus à Paris entre la seconde moitié du 19e siècle et l’année
    1914. Gabriel Badea-Păun : « Il s’agit de Theodor Aman, fondateur de l’Ecole
    des Beaux-Arts de Bucarest, qui a pris pour modèle la structure et le règlement
    de l’école parisienne, où il avait étudié dans les années 1850. Il s’agit
    ensuite de Nicolae Grigorescu. Je lui ai dédié tout un chapitre, car il est le
    chaînon qui fait la liaison entre les débuts hésitants de l’art à l’époque de
    Theodor Aman et la génération des années 1890 qui allait lui suivre. Cette
    génération allait être très nombreuse, car les peintres ont bénéficié d’un
    système de bourses mis sur pied par Aman. De plus en plus d’artistes roumains
    se dirigent vers Paris ; pourtant, ils passent le plus souvent aussi par
    l’Académie royale de Munich. Ils sont surtout des représentants du symbolisme
    et certains d’entre eux sont restés même dix ans à Munich, avant d’aller à
    Paris exposer leurs œuvres et y mener une activité artistique intense. »



    Si Aman et Grigorescu sont
    des peintres très connus, d’autres l’étaient moins. En fouillant les archives
    françaises, Gabriel Badea-Păun a découvert d’autres noms d’artistes, tombés
    depuis dans l’oubli. «Il y a, par exemple, Mihail Simonidi, une de mes
    « découvertes », pour ainsi dire, car il est complètement oublié en
    Roumanie. Simonidi est le peintre qui a décoré le hall de la Caisse d’épargne
    de Bucarest. Il est arrivé à Paris dans les années 1890 et y a fait une importante
    carrière artistique. Autour de 1900, année de l’Exposition universelle, il
    était considéré comme le grand espoir de la peinture roumaine. Après la Deuxième
    Guerre mondiale, il s’est établi définitivement en France, étant complètement
    oublié en Roumanie. Nicolae Gropeanu fut un autre peintre de la même
    génération, lui aussi formé dans l’atelier de Theodor Aman, et qui est très peu
    connu en Roumanie. Il a compté parmi les membres fondateurs du Salon d’automne
    de Paris, créé en 1903. Ces deux peintres-là, je me suis efforcé de les faire
    connaître en Roumanie, car l’Etat français leur a acheté des œuvres.
    Malheureusement, celles-ci ne sont pas exposées, elles sont stockées dans les
    entrepôts du Centre Pompidou et du Musée d’Orsay. »



    Après 1918 et pendant
    tout l’entre-deux-guerres, le nombre des artistes roumains désireux de se
    perfectionner et d’acquérir une renommée à Paris est monté en flèche. Si entre 1834
    et 1914, une centaine de peintres roumains s’étaient rendus à Paris, plus de
    deux cents y sont allés pendant l’entre-deux-guerres, la plupart demeurant
    inconnus. Certains d’entre eux sont pourtant devenus des repères de l’art
    roumain, comme Theodor Pallady, par exemple. Quelle était la principale raison
    qui poussait ces peintres à prendre la route de la capitale française ? « Quand ils y allaient, ils étaient déjà formés,
    autrement ils n’auraient pas été acceptés à l’Ecole des Beaux-Arts ou dans les
    ateliers ou encore dans les autres académies créées après 1890. Ils venaient se
    perfectionner et participer aux expositions parisiennes. Ils s’y faisaient
    remarquer et, à leur retour en Roumanie, ils bénéficiaient d’un autre statut et
    d’un plus grand prestige. Pourtant, très peu de ces 350 artistes ont fait des
    carrières extraordinaires. Nombre d’entre eux ont fini par devenir professeurs
    de dessin dans les lycées de Bucarest ou d’ailleurs. D’autres peintres roumains
    ont organisé une ou deux expositions en Roumanie et, avec l’argent qu’ils ont
    gagné en y vendant leurs œuvres, sont venus à Paris se perfectionner. Certains
    ont réussi à s’intégrer, ils ont peint des chapelles ou ont collaboré avec
    leurs collègues français à la décoration de certains édifices publics. A
    commencer par 1900, ils se sont même regroupés, menant une vie pleine de
    vitalité et d’effervescence. »
    , explique Gabriel Badea-Păun.


    Bien que Paris fût le
    principal point d’attraction pour les peintres roumains, au fil du temps, ils
    ont commencé à choisir aussi d’autres lieux de création, notamment en été. Nicolae
    Grigorescu donne une fois de plus le ton, en choisissant de travailler un
    certain temps à Barbizon, pour partir ensuite en Bretagne, raconte Gabriel Badea-Păun : « Il est allé en Bretagne vers la fin des années 1870
    et y a habité entre 1882 et 1887. D’autres sont allés en Normandie. Ce fut le
    cas de
    Samuel Mützner,
    qui a choisi Giverny, le village de Claude Monet, et il en a rapporté plusieurs
    tableaux. Entre 1890-1900, de nombreux peintres se sont rendus en Bretagne,
    impressionnés par les paysages et la lumière changeante de la région. Parmi eux
    – Ștefan Popescu, qui a été l’un des élèves les plus assidus de Lucien Simon en
    Bretagne. »



    L’histoire captivante des peintres roumains qui sont
    allés en France se poursuit par l’aventure parisienne de certains artistes
    d’avant-garde reconnus en France, comme Marcel Iancu et Victor Brauner, ainsi
    que d’autres noms à découvrir dans les pages du livre « Les Peintres roumains et la France ». (Trad. :
    Dominique)

  • Paul Jamet (France) – les impressionnistes roumains

    Paul Jamet (France) – les impressionnistes roumains

    A la fin du 19e siècle, des plus en plus d’écoles de peinture s’éloignaient de la peinture traditionnelle. Parmi elles, les impressionnistes allaient former le mouvement artistique le plus important et qui a connu le plus grand succès auprès du large public de l’époque. Ils aiment jouer avec les effets de la lumière, ils sont attirés par la nature, mais aussi par la vie contemporaine et ont tendance à renoncer aux sujets traditionnels, tels l’histoire ou la mythologie.

    Parmi les peintres roumains de l’époque, Nicolae Grigorescu est sans doute le plus connu tant en Roumanie qu’au-delà de ses frontières. Mais il n’est pas le seul à se faire remarquer. Il y a aussi un autre peintre roumain qui mérite toute notre attention : Ioan Andreescu.

    Né le 15 février en 1850 à Bucarest, dans une famille aisée, Ioan Andreescu a eu une belle enfance aux côtés de ses 6 frères et a suivi les cours d’écoles renommées de la capitale. Encouragé par son professeur de dessin, il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Bucarest, où il fait ses études supérieures sous l’œil attentif d’un grand peintre roumain, Theodor Aman. Au cours de cette période, il se fait remarquer pour ses paysages, ses natures mortes, ses portraits et autoportraits. Trois ans plus tard, il doit toutefois renoncer à ses études, pour pouvoir gagner sa vie. Son père était malade et ne pouvait plus entretenir sa famille, dont la situation financière empirait. Ainsi, Ioan Andreescu devient-il professeur au séminaire de l’évêché de Buzau. Pourtant, il rêve toujours d’étudier l’art à Paris et à Barbizon. En attendant, il peint la province roumaine : forêts de chênes, de hêtres et de bouleaux… Il devient de plus en plus connu en Roumanie et commence à vendre ses tableaux.

    C’est en 1878 qu’il réussit à amasser suffisamment d’argent pour se rendre à Paris et approfondir ses études. Il s’inscrit tout d’abord à l’Académie Julian, une fameuse école privée de peinture. Il refuse pourtant de se conformer à la création d’atelier et part pour Barbizon, le refuge des artistes qui préféraient travailler en plein air, au cœur de la nature.

    C’est en France donc qu’Ioan Andreescu définit son propre style, sans pourtant se laisser trop influencer par la peinture français. Et pour cause, l’atmosphère des villages roumains domine toujours ses paysages. A Paris, Ioan Andreescu expose deux tableaux au Salon Officiel, aux côtés d’artistes consacrés de la peinture impressionniste française, tels Monet, Renoir ou Manet. Il ne passe que trois ans en France, étant forcé de rentrer en Roumanie par son état de santé plutôt précaire. Sa dernière exposition de Bucarest remonte à 1881.

    Il suffit d’évoquer les titres de ses tableaux pour avoir une image des sujets qu’il préfère : «Allée de hêtres», « Les roses rouges» ou encore « Bucarest la nuit ». D’ailleurs, la nature est omniprésente dans la création d’Ioan Andreescu : forêts, champs brûlés par le soleil, villages lointains et maisons isolées. Bref, un mélange de réalité et de rêve, selon certains critiques, qui met en lumière le tempérament de l’auteur lui-même : rêveur, nostalgique, plutôt isolé. Les paysages d’Ioan Andreescu ne parlent pas uniquement de la nature roumaine, ils en disent long aussi sur l’artiste.

    Les éloges s’enchaînent à l’adresse du peintre roumain. Un de ses compatriotes contemporains estimait que, dans ses paysages, Andreescu « avait commencé par ce que d’autres artistes n’arrivaient à créer qu’en fin de carrière». « Il a une influence définitive sur l’art roumain», considérait au 20e siècle le critique français Jacques Lassaigne (1911 – 1983). Nicolae Grigorescu lui-même le qualifie de « plus grand artiste que le pays ait jamais eu ». « S’il avait vécu davantage, il serait devenu sans nul doute notre grand artiste national », avait affirmé Nicolae Grigorescu. Les deux s’étaient rencontrés à Barbizon, à l’été 1880. Nicolae Grigorescu a même peint Ioan Andreescu dans la forêt de Fontainebleau, habillé dans son costume de travail et entouré par une riche végétation estivale.

    Bien que très prometteuse, la vie d’Ioan Andreescu a été très courte. Il meurt le 22 octobre 1882, à l’âge de 32 ans seulement, à cause d’une tuberculose.

    De nos jours, ses tableaux peuvent être admirés au Musée national d’art de Bucarest et au Musée Zambaccian, toujours dans la capitale. Grâce à ses créations, Ioan Andreescu occupe une place bien méritée dans la l’histoire de l’art roumain aux côtés d’autres grands artistes, tels Nicolae Grigorescu, Nicolae Tonitza, Stefan Luchian ou Theodor Pallady .