Tag: peintures

  • L’exposition « Brukenthal Exclusive »

    L’exposition « Brukenthal Exclusive »

    Au cœur de la capitale roumaine Bucarest, au 18 rue Lipscani,
    le Palais Dacia-România, datant du 19ème siècle, accueille jusqu’à
    la mi-mai la 11è édition du Pavillon d’art « Art Safari », avec au
    programme l’exposition temporaire « Brukenthal Exclusive ». Du 20 au 30 avril, le public a eu l’occasion d’admirer cinq peintures des plus importantes issues des
    collections de peinture internationale du musée Brukenthal de Sibiu. Il s’agit notamment
    de « L’Homme au chaperon bleu », de Jan van Eyck (1390-1441), peintre
    flamand, grand représentant du naturalisme en peinture. Viennent ensuite deux
    toiles du portraitiste flamand Hans Memling (1435-1494), à savoir
    « Portrait d’un homme lisant » et « Portrait d’une femme en prière ».
    Le quatrième tableau, intitulé « Ecce Homo » appartient à Titien (Tiziano Vecellio,
    1488-1576), celui qui pousse plus encore la capacité dramatique de la peinture
    et se taille une place de haut rang au sein de l’école vénitienne de
    peinture. Enfin, le dernier tableau est un petit portrait intitulé « Tête
    d’enfant », de Paolo Véronèse (1528-1588), qui, sous l’influence de Titien, a eu
    une vision naturaliste sur le monde.


    Ioana Ciocan, directrice générale du Pavillon d’art Art
    Safari précise: « Le
    commissaire de l’exposition temporaire, Alexandru Chituță, a choisi pour l’édition de cette année
    les peintures les plus connues parmi les 1200 œuvres exposés au Musée
    Brukenthal de Sibiu. Il s’agit des tableaux de Paolo Véronèse, Jan van Eyc,
    Titien et Hans Memling. Parmi ces œuvres, Art Safari vous invite à admirer la peinture
    considérée comme la plus marquante jamais retrouvée sur le territoire de la
    Roumanie, à savoir « L’Homme au chaperon bleu », de Jan van Eyck. Nous
    avons pris soin de mettre en place toutes les conditions nécessaires pour
    protéger ces peintures tellement rares. Par exemple, l’accès du public dans la
    salle d’exposition se fait par de petits groupes de six personnes tout au plus,
    pour écarter le risque que la température n’augmente et que les peintures ne
    soient d’endommagées.»


    Les cinq chefs d’œuvre sont
    assurés à hauteur de 75 millions d’euro, une somme très élevé pour la Roumanie.
    Ioana Ciocan nous en parle: « La
    société internationale d’assurance, basée en Grande Bretagne, – car malheureusement,
    assurer de tels tableaux en Roumanie ce n’était pas possible -, nous a aidés
    avec les formalités. Le transport de Sibiu à Bucarest s’est fait en présence de
    la gendarmerie, dans des conditions de sécurité maximale, il a été placé sous
    haute sécurité et assuré par un transporteur spécialisé d’œuvres d’art»


    Récemment, le Ministère de la Culture a élevé le Pavillon
    d’Art « Art Safari » au rang de projet stratégique pour la Roumanie. Ioana
    Ciocan nous a dévoilé quelques points forts que son équipe prépare pour la
    prochaine édition: « La décision
    du ministre de la Culture, Lucian Romașcanu, de faire d’Art
    Safari un projet stratégique pour le pays nous rend honneur. Ainsi prenons-nous
    la responsabilité de préparer d’autres expositions attractives à proposer au
    public en 2024. A part l’exposition temporaire consacrée aux peintures
    empruntées cette année au Musée Brukhental de Sibiu, nous avons mis en place une
    autre expo avec des peintures empruntées auprès du National Portrait Gallery et du prestigieux
    Musée Royal « Victoria and Albert ». Jusqu’au 14 mai,
    nous vous attendons aussi à une exposition consacrée au peintre roumain Nicolae
    Grigorescu, un des représentants les plus importants de l’impressionnisme en
    Roumanie, ancien membre de l’Ecole de Barbizon. Le Musée V&A de Londres organisera
    dans le cadre d’Art Safari une exposition de peinture contemporaine intitulée « Des
    Anges et des Démons ». L’exposition rétrospective « Artachino »,
    organisée par Elena Olariu, adjointe au directeur du Musée de la Municipalité
    de Bucarest, en partenariat avec ce musée et avec le Musée National d’Art de la
    Roumanie est aussi à visiter. Je voudrais énumérer aussi les musées de Constanța,
    Iași, Cluj, Timișoara, Oradea, Satu-Mare et d’autres villes de la Roumanie, qui
    nous aident à chaque fois qu’Elena Olariu se propose de faire une
    rétrospective. Il faut mentionner aussi National Portrait Gallery, qui a
    réalisé pour Art Safari une exposition intitulée « Love Stories »,
    avec des chefs-d’œuvre d’Antoine Van Dyck, d’Angelina Kauffman et de Man
    Ray. »


    Pour plus de détails sur les
    événements à l’agenda du Pavillon Art Safari, nous vous prions de consulter le
    site web qui lui est dédié, à l’adresse www.artsafari.ro.
    Une version en anglais est également disponible. Vous y retrouvez
    plusieurs catalogues d’exposition, ainsi que l’archive des éditions précédentes. (trad. Andra Juganaru)

  • La restauration : un métier et une passion

    La restauration : un métier et une passion

    L’occasion pour les visiteurs de découvrir les laboratoires de restauration des peintures et des objets en métal, bois, céramique, papier ou textile. Une incursion dans le passé et, en même temps, un clin d’œil dans les coulisses du musée, là où les objets sont gardés, entretenus et restaurés par des gens passionnées.



    Pour mieux connaître ces gens et le métier de restaurateur, nous avons invité au micro Sorina Gheorghiță, collaboratrice du Musée national d’histoire de la Roumanie, au sein du laboratoire de restauration des peintures. Quelles toiles sont passées par son laboratoire ? Sorina Gheorghiță répond :



    « Depuis 2013, lorsque le laboratoire de restauration des peintures sur chevalet fut accrédité, environ 25 œuvres ont été restaurées. La plupart appartiennent à des maîtres roumains, tels Luchian, Tonitza, Ressu, Stoica ou Teodorescu-Sion. Ces toiles représentent notamment des scènes de guerre, dont celle d’indépendance ou la Première Guerre mondiale. Un autre ouvrage important que nous avons restauré est la très connue « Proclamation de l’Union », de (Theodor) Aman —- il s’agit de l’Union des Principautés roumaines. »



    Quel effort derrière les peintures restaurées et en quoi consiste concrètement le travail d’un restaurateur ? Quels sont les pas concrets à parcourir ? Sorina Gheorghiță répond :



    « Au moment où l’on prend la décision de restaurer une toile, celle-ci a déjà été examinée par la personne en charge du dépôt de peintures et par le restaurateur. Au moment où le tableau arrive au laboratoire de restauration, il subit tout un processus de vérification à l’aide de différents moyens : lumière directe, lumière latérale, lumière ultraviolette, des fois on utilise de la lumière infra-rouge ou des rayons X. Le laboratoire d’investigations du musée est très bien équipé… Puis, une fois toutes ces investigations finies, on établit très clairement la composition de la couche de vernis, ainsi que les dégradations subies par l’œuvre et leur origine. Ensuite, on fait un plan très détaillé, réunissant toutes les opérations nécessaires pour restaurer le tableau, et on le soumet à une commission appelée à donner son avis. Evidemment, à la fin du processus de restauration, l’œuvre est à nouveau présentée à la commission, qui vérifie l’application du plan mentionné et l’état de la toile après la restauration. Après, le tableau rentre au dépôt ou bien il est exposé. Les plus belles surprises apparaissent durant le nettoyage, qui est une action spectaculaire. On y met au jour de nombreux détails qui n’étaient plus visibles ou bien on ravive les couleurs de la peinture. De même, si au fil du temps la toile en question a été couverte de plusieurs couches de vernis, nous avons souvent la surprise de découvrir des détails qui étaient devenus invisibles, voire des signatures. »



    L’exposition « Fragment. L’expérience de la restauration » nous invite à découvrir aussi le laboratoire de la restauration des objets en métal, une des sections les plus spectaculaires. Plus encore, le public peut y admirer en première des objets en bronze et en fer découverts en 2012 sur le site archéologique de Tărtăria, dans le département d’Alba, au centre de la Roumanie. Une découverte importante et impressionnante dont nous parle l’archéologue Corina Borș :



    « Le site archéologique de Tărtăria a été découvert au printemps 2012 dans le contexte d’amples fouilles archéologiques préventives, réalisées en liaison avec la construction d’une autoroute longeant la vallée de la rivière Mures. Les deux dépôts d’objets en bronze et en fer ont été découverts dans un contexte archéologique tout à fait spécial (…). Le premier contient plus de 400 vestiges, la plupart datant des IXe-VIIIe siècles avant Jésus-Christ. Le second contient une cinquantaine d’objets de la même période. »



    Corina Borș nous présente les objets les plus importants découverts sur le site de Tărtăria et exposés au Musée national d’histoire de la Roumanie :



    « Parmi les pièces d’exception, je mentionnerais un collier pour homme, un harnais et plusieurs médailles en or qui étaient offertes aux soldats romains en guise de prix et qui étaient portées autour du cou. S’y ajoutent d’autres accessoires en bronze. Le collier pour homme, avec ses 7 composantes, est exposé sur un buste grandeur nature, tout comme le harnais. Pas en dernier lieu, on expose aussi un collier pour femme, également en bronze, une pièce très rare datant de la période appelée le Hallstatt moyen et située dans le bassin du Danube. Vu que les archéologues ont fait très attention au moment où ils ont recueilli ces objets, il a été possible de dater avec beaucoup de précision ces vestiges, grâce au matériel organique qui a été récolté en même temps. »



    Tous ces objets fascinants, dont certains récemment restaurés, d’autres découverts lors de fouilles archéologiques, sont exposés au Musée national d’histoire de la Roumanie, à Bucarest. Mais vous pouvez aussi y jeter un coup d’œil sur internet. N’hésitez pas, c’est vraiment impressionnant. (Trad. Valentina Beleavski)



    https://www.mnir.ro/index.php/expozitia-temporarafragment-experienta-restaurarii/

  • La Pinacothèque de Bucarest

    La Pinacothèque de Bucarest

    Dans le centre historique de la ville de Bucarest – ancien centre marchand et financier-bancaire de la capitale roumaine, rue Lipscani, en face du bâtiment de la Banque nationale, se dresse le Palais Dacia-România. Edifice élégant et somptueux, qui a connu plusieurs utilisations au fil du temps, il a été récemment attribué au Musée de la ville de Bucarest, pour devenir la Pinacothèque de la capitale. Au milieu du 16e siècle, sur l’emplacement actuel du Palais Dacia-România, le boyard d’origine grecque Ghiorma a fait ériger une église, connue plus tard sous le nom de « l’église des Grecs ». Au 18e siècle, une auberge fut bâtie à proximité. En 1882, la société d’assurances Dacia-România achète le terrain, pour y faire construire ses locaux. Commencés en 1882, les travaux allaient durer jusqu’en 1889. Pourtant, ils étaient déjà presque terminés en 1885-1886. Le style du bâtiment est éclectique, son architecture étant largement influencé par l’Art Nouveau.

    Elena Olariu, directrice adjointe du Musée de la ville de Bucarest explique : « Malheureusement, on ignore le nom de l’architecte qui a conçu ce bâtiment, des recherches sont en cours. Il semblerait que c’était un architecte autrichien et, en effet, l’édifice a un aspect viennois. Le nom de l’architecte Adolf Lang a été véhiculé. Une fois les recherches terminées, on saura qui a signé le projet. Les sociétés d’assurances accueillies par ce bâtiment n’ayant pas été assez profitables, elles ont dû déménager et, en 1931, le palais fut acheté par la Banque nationale. En 1950, le palais a accueilli le Conservatoire de Musique et d’Art dramatique. C’est que, durant la période trouble qui a suivi la seconde guerre mondiale, de nombreuses institutions ont perdu leurs locaux, alors que d’autres ont été transférées, provisoirement, dans d’autres bâtiments. Ensuite, entre 1979 et 1983, le Palais Dacia-România a été rénové, car il avait été sérieusement endommagé par le séisme dévastateur de 1977. Il fut transformé, par la suite, en magasin de luxe – pour autant que l’on puisse parler de luxe pendant la période communiste – et de nombreux bucarestois se souviennent peut-être encore de ce magasin lorsqu’ils passent devant l’immeuble. En 2013, la municipalité l’a racheté, pour en faire la Pinacothèque de la ville de Bucarest. Et, en 2019, notre Musée s’est vu offrir cet édifice, dont nous voulons faire une galerie d’art moderne dynamique et interactive. Nous pensons qu’elle trouve très bien sa place au centre historique, qui est fréquenté par de nombreux touristes étrangers. Nous envisageons d’y présenter l’art et la culture de notre peuple, d’une matière attrayante pour tous les visiteurs – pas seulement pour les plus avant-gardistes. »

    Le palais Dacia-Roumanie est, lui-même, un chef d’œuvre d’architecture qui mérite bien d’être mis en valeur. Après avoir abrité, depuis 1990, différentes banques, à présent on lui donne enfin une destination plus appropriée. Elena Olariu : « Notre musée détient quelque 5.000 œuvres d’art, dont 2.500 toiles de maîtres. S’y ajoute un grand nombre d’œuvres d’art graphique très intéressantes, qui seront exposées dans des salles séparées, ainsi que des sculptures et environ 700 objets d’art décoratif. Notre patrimoine est donc très riche, car, en 1933, quand la Pinacothèque a été installée dans l’enceinte de l’Observatoire astronomique, la municipalité a souhaité en faire une galerie représentative de la capitale. A l’époque, le musée d’art n’existait pas encore, c’est pourquoi les hommes de culture ont conçu cette Pinacothèque de manière à ce qu’elle soit représentative de l’art roumain. Une stratégie d’acquisitions et visant à attirer des donations fut mise en œuvre dans ce but à l’entre-deux-guerres, pour acheter des œuvres d’une grande valeur artistique et qui couvrent toute l’histoire de l’art roumain. »

    Pour le jour où la Pinacothèque sera enfin installée au Palais Dacia-România, le Musée de la ville de Bucarest a un projet innovant d’aménagement d’une exposition permanente et d’organisation de l’espace. Elena Olariu : « La section d’Art, à la tête de laquelle je me trouve, a réalisé un projet intéressant. Le rez-de-chaussée pourra devenir une galerie d’art contemporain, car le patrimoine de la Pinacothèque le permet. Nous pourrons même associer un musée d’art moderne à un musée d’art contemporain. Les deux étages du bâtiment seront réservés à la Pinacothèque historique. Ils accueilleront des œuvres de nos grands peintres classiques : Constantin Lecca, Gheorge Tattarescu, Theodor Aman, Nicolae Grigorescu, Ion Andreescu, Gheorghe Petrașcu, Ștefan Popescu, Theodor Pallady, Nicolae Tonitza. Nous avons également des toiles d’artistes femmes, dont Olga Greceanu, que nous souhaitons mettre en valeur comme elles le méritent. Et puis, il y a les œuvres des avant-gardistes : Marcel Iancu/Janco, Maxy, Sabin Popp, Corneliu Baba, tous de grands artistes. Nous avons commencé des travaux de restauration là où ils sont nécessaires et l’acquisition de cadres spéciaux pour les toiles – donc le projet avance à grands pas. »

    Avant l’ouverture de la Pinacothèque, le Palais de la rue Lipscani doit encore subir quelques petites réparations à l’extérieur et des travaux d’aménagement de l’espace intérieur destiné à l’exposition permanente. En échange, le rez-de-chaussée sera ouvert plus tôt que prévu, pouvant accueillir bientôt des conférences ou des expositions temporaires. D’ailleurs, les chefs-d’œuvre des artistes roumains qui constituent le patrimoine de la Pinacothèque ont déjà pu être admirés dans le cadre d’une exposition virtuelle ouverte sur les réseaux sociaux. (Trad. Dominique)