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  • L’histoire de la périphérie bucarestoise

    L’histoire de la périphérie bucarestoise

    Développé en tant que ville marchande autour de l’actuel centre historique symbolisé par la rue Lipscani, Bucarest s’étendait initialement vers le sud, sur les rives de la Dâmboviţa, au-delà de la colline de l’église métropolitaine. L’extension de la future capitale roumaine a ensuite continué à travers les siècles, vers tous les points cardinaux. L’administration ne s’est pas préoccupée de la réglementation du régime des constructions qui se multipliaient à la périphérie pour accueillir des membres des couches sociales moins aisées. Et pourtant, vers la fin du 19 siècle, quelques actes normatifs, qui cherchaient à y mettre de l’ordre, sont adoptés notamment pour imposer une série de normes d’hygiène publique.

    L’application de normes d’urbanisme dans ces endroits a été longtemps ignorée, affirme l’architecte Irina Calotă, auteure du livre « Au-delà du centre. Politiques du logement à Bucarest (1910 – 1944) » « Tout au long du 19e siècle, la ville s’est confrontée au problème de l’élargissement au-delà de ses confins. Malgré une certaine limite administrative, la ville ne faisait que s’étendre. Il y avait une différence très claire entre les confins administratives et les celles d’un tissu qui se construisait constamment. En l’absence des fortifications que possédaient d’autres villes européennes, Bucarest tentait d’imposer un autre genre de borne physique : un boulevard périphérique. Il fut suivi par un boulevard périphérique doublé d’une esplanade dont le but était le même : empêcher que la ville se développe au-delà de ses limites. Mais pourquoi ces initiatives étaient-elles nécessaires ? Eh bien, l’administration voulait se concentrer sur le développement et sur la modernisation du centre-ville alors que la périphérie devait attendre des interventions ultérieures, lorsque le budget de la ville aurait pu couvrir un tel investissement. Bref, les autorités ne faisaient qu’ignorer la situation. »

    Après 1890, cette mentalité commence à changer, tandis que la ville s’étend massivement vers le nord et puis vers l’est. En fait, 1895 marque le début de la réglementation d’une périphérie bucarestoise durant le mandat du maire Nicolae Filipescu. Ce fut lui qui décida d’inclure dans la ville les villages avoisinants, collés de toute façon à la capitale, pour qu’ils respectent également les réglementations d’urbanisme en vigueur à l’époque. D’ailleurs, les normes ne font plus aucune différence entre le centre et la périphérie et les règles concernant l’alignement des immeubles et la délimitation des propriétés s’appliquent désormais à la ville entière.

    La réglementation et l’administration de la périphérie s’intensifient après la Première Guerre Mondiale et le premier plan d’aménagement de la ville, précurseur du Plan d’urbanisme général d’aujourd’hui, est adopté en 1921. Il concernait notamment la périphérie, soit tous les quartiers qui se développaient au-delà du centre-ville. L’architecte Irina Calotă explique : « De larges superficies de terrain existaient aux confins de la ville et jusqu’en 1928 les règlements ne visaient point l’emplacement des maisons sur la propriété. Cet aspect a toujours été lié à des pratiques vernaculaires. Autrement dit, c’était une tradition issue du monde rural. Ces propriétés de grandes dimensions étaient souvent partagées en lots plus petits pour aboutir à des propriétés longues et étroites. C’est pourquoi, les immeubles étaient, eux aussi, longs et étroits. Les maisons avaient une seule pièce avec vue sur la rue et une entrée sur un côté. Selon les besoins du propriétaire, la maison subissait des modifications et des élargissements successifs vers l’intérieur de la propriété, pour générer ce que l’on appelle de nos jours « maisons wagon », spécifiques pour la ville de Bucarest. »

    Hormis Nicolae Filipescu, un autre maire très important a été Vintilă Brătianu, explique Irina Calotă. « Durant la première décennie du 20e siècle, Vintilă Brătianu démarre et mène à bien des travaux publics et met sur pied des services communaux à la périphérie bucarestoise. Ce fut toujours durant son mandat de maire qu’a été fondée la maison communale, celle qui à partir de 1910 allait s’appeler la Société communale des habitations à loyer modéré, la première société publique destinée à la construction d’immeubles sociaux. L’administration de la ville avait compris un autre aspect : les simples mesures interdisant certaines habitudes dans le domaine du bâtiment ne suffisaient pas. Afin de résoudre les problèmes de logement, la mairie devait s’impliquer activement dans la construction d’habitations. »

    La société communale d’habitations à loyer modéré a fonctionné notamment en tant que société qui accordait des crédits immobiliers aux personnes aux revenus modestes, des ouvriers et des fonctionnaires publics. Entre temps, ladite société est arrivée à construire des quartiers entiers, conçus selon des règles d’urbanisme claires et conformément à une architecture unitaire. Ces maisons existent toujours à Bucarest dans les quartiers Drumul Sării, Vatra Luminoasă, Lacul Tei, soit des zones qui se trouvaient jadis dans la banlieue et qui sont actuellement des quartiers chic, très appréciés pour leur beauté.

  • Habitations informelles

    Habitations informelles

    Les spécialistes en urbanisme examinent, depuis plusieurs années, la situation des gens qui habitent ces maisons improvisées, construites sur des terrains abandonnés. Bogdan Suditu est un tel expert. : « C’est un phénomène qui prend de l’ampleur et qui n’est pas très connu au niveau national. Le ministère du Développement a réalisé deux études, mais les choses se sont arrêtées là. Les membres de ces communautés ne possèdent pas de titres de propriété ou de papiers d’identité. Ils ne sont donc qu’à moitié citoyens de ce pays, ce qui n’est pas normal. Dans ces conditions, ils ne peuvent pas bénéficier légalement des services publics, ils ne peuvent pas se connecter légalement au réseau d’électricité ou s’inscrire à une auto école et ainsi de suite. Fréquenter les cours du primaire est difficile à cause du manque de pièces d’identité. En Roumanie, les habitats informels formés à l’extérieur des villes ou des villages comptent entre 3.000 et 6.000 personnes. Ces zones ne figurent pas sur les cartes des localités, ni dans les documents des municipalités. Ce sont des territoires qui n’appartiennent à personne ; ces endroits sont marqués sur les cartes par une hachure qui indique un pré, une zone touchée par des glissements de terrain, un endroit où les habitants de la ville ou du village en question jettent les déchets. »

    C’est le cas – devenu notoire il y a quelques années – des gens de Pata-Rât. Située dans la banlieue de la ville de Cluj, près de la déchèterie, cet habitat informel comptait quelque 300 familles pauvres et pour la plupart d’ethnie rom, évacuées du centre ville. S’y sont ajoutés des habitants des villages situés à proximité, qui y cherchaient des moyens de subsistance. La municipalité a voulu renoncer à cette déchèterie et y construire une autre, écologique. Cela aurait signifié une nouvelle évacuation des gens de Pata-Rât, déjà confrontés aux problèmes propres à la vie sur un terrain abandonné. Bogdan Suditu. « Certains de ces habitats sont formés de gens que le village a bannis et obligés à s’y installer, après quoi il les y a oubliés. C’est le cas de l’habitat informel de Valea Corbului. En 1950, l’Etat roumain a dit à une quarantaine de familles : « Vous allez vous installer là ! » Et il les y a oubliés pendant 60 ans. De nos jours, on a constaté que 1300 personnes y vivent, la localité s’étant développée dans des conditions partiellement illégales. La responsabilité est partagée et nous devons tous l’assumer. »

    Valea Corbului est un village du département d’Argeş (dans le sud de la Roumanie), à la périphérie duquel s’est constitué un habitat informel comptant 3.000 habitants sans accès aux services communaux. Marius Păcuraru est un de ces habitants. :« En 2001-2002, le village de Valea Corbului s’est agrandi, des maisons étant construites dans la zone que j’habite à présent. Pour tout le monde, ce fut un peu pareil. Mes parents, par exemple, qui n’avaient pas de maison, y sont allés, y ont mesuré un lopin de terre et c’est là que j’habite maintenant. Ce qui est triste, c’est que les lignes à haute tension passent au-dessus de ma cour. Le courant y mesure au moins 40.000 Volts et cela a un impact sur notre santé. Les lignes passent au-dessus de mon potager. Si j’y travaille pendant deux heures, j’ai mal à la tête et je commence à me sentir mal. Mes enfants, non plus, ne se sentent pas bien. Si j’avais connu les désavantages de ce lieu, si les autorités m’en avaient informé, je n’y aurais pas bâti ma maison. En outre, un tiers des habitants de Valea Corbului n’ont pas accès aux réseaux d’eau et d’électricité. En 2014, un groupe d’habitants a tenté de démarrer un projet financé par des fonds européens ; ils ont constaté avec surprise qu’ils ne pouvaient rien faire sans titres de propriété. Tout s’est donc arrêté là. »

    La capitale roumaine, Bucarest, connaît, elle aussi, des problèmes similaires. Dans le quartier de Ferentari, le plus pauvre et confronté aux plus grands défis, il n’y a pas d’habitats informels. Il existe pourtant des habitations informelles et des habitants qui n’ont pas accès aux services communaux. Récemment, un des distributeurs d’électricité, la compagnie ENEL, par ses programmes de responsabilité sociale corporative (RSC), a aidé des gens de ce quartier à se brancher au réseau d’électricité. Rodica Păun, médiatrice communautaire et habitante de longue date du quartier, y a contribué. : « Il n’y a pas que le problème des papiers d’identité, des contrats de location et des contrats de vente-achat, il y a aussi le problème de la pauvreté, le problème des rats… Ne possédant pas de papiers d’identité, les gens n’ont pas eu accès à l’éducation, ils n’ont pas d’emplois, car personne ne vous embauche sans papiers et sans éducation. Par l’intermédiaire de la compagnie ENEL, nous avons réussi à faire brancher une centaine de personnes au réseau électrique. Tous les cas ne sont pas complètement solutionnés. Il y a des zones où les gens n’ont pas de titres de propriété, ils sont tout au plus en possession d’un reçu écrit à la main ou d’une copie de ce reçu. Ils n’ont pas de permis de construire. Et sans permis de construire on ne peut pas signer un contrat avec un distributeur d’électricité. Les gens qui habitent un immeuble à plusieurs étages se branchent plus facilement, mais pour une maison individuelle, le branchement n’est pas possible sans permis de construire. Les gens qui ne possèdent pas les documents nécessaires n’ont pas non plus accès au réseau d’eau ou aux services de salubrité. »

    Ces gens-là ne peuvent être aidés que par une meilleure communication et coopération entre les autorités, les fournisseurs de services et la communauté. Pourtant, pour résoudre ce problème, on doit commencer par le reconnaître et l’assumer. Bogdan Suditu. : « Ce phénomène n’est pas spécifique à la Roumanie. Il a été spécifique des pays depuis l’Europe Occidentale – à commencer par la France, l’Espagne et le Portugal – jusqu’aux pays de l’Est du continent et des Balkans. La situation a été graduellement résolue, car elle a été reconnue et assumée. Il y a un premier pas à faire : que le législateur, celui dont émanent les règles, dise : «Oui, ce problème existe, il y a des gens qui vivent là-bas, ils ont commis une erreur ou pas, en construisant leurs maisons, ils ont respecté la loi ou pas. A présent cherchons des solutions ». Eh bien, chez nous, ce n’est pas le cas. En Roumanie, ce phénomène n’est pas encore officiellement reconnu et assumé. (Trad. Dominique)

  • Bukarest zum Selbstentdecken: Alternative Kulturrouten

    Bukarest zum Selbstentdecken: Alternative Kulturrouten

    Wie jede europäische Hauptstadt kann auch Bukarest über verschiedene Wege entdeckt werden. Eine Bukarester Nichtregierungsorganisation startete vor kurzem das Projekt Zentrale Peripherien in Bukarest“. Das Projekt schlägt u.a. zwei alternative urbane Kulturrouten vor. Dadurch sollen zwei zentralgelegene, allerdings vernachlässigte Gebiete in Bukarest in das Rampenlicht treten. Die zwei Stadtgebiete haben einen hohen historischen, urbanistischen und kulturellen Wert, sind allerdings auch durch krasse soziale, wirtschaftliche und kulturelle Kontraste gekennzeichnet. Unterwegs durch die Peripherie“ oder Vom Dorf in die Gro‎ßstadt“ sind zwei der angebotenen alternativen Stadtrundgänge. Zur besseren Orientierung und um die Gegend einfacher zu erforschen, steht den Touristen sowohl gedrucktes wie auch elektronisches Material zur Verfügung. Das elektronische Material ist unter Form von Google-Maps vorhanden. Die Karten können auf der Projekt-Internetseite abgerufen werden.



    Adina Dragu ist die Leiterin des Vereins Sinaptica, der das vorhin erwähnte Projekt vorschlug. Sie erzählte uns, wie das Projekt zustande kam:



    Die Projektidee ist einerseits auf die eigene Erfahrung zurückzuführen. Andererseits stellten wir fest, dass sowohl die Einwohner von Bukarest wie auch die Touristen die rumänische Hauptstadt gerne näher kennen und erkunden würden. Die Neuigkeit unseres Vorschlags besteht darin, dass wir die Möglichkeit anbieten, Bukarest individuell zu erforschen. Das hei‎ßt, wir bieten den Interessenten Werkzeuge, die ihnen bei der Orientierung in der Stadt helfen. Das sind die konkreten Ergebnisse unseres Projektes: Wir haben eintausend Orientierungskarten gedruckt, damit die Touristen selber in der Stadt auskommen. Dazu besteht die Möglichkeit, die Stadtkarten auch im elektronischen Format von unserer Internetseite herunterzuladen.“




    Adina Dragu lieferte uns mehr Einzelheiten zu den vorgeschlagenen Touristenrouten:



    Wir suchten zwei Routen aus, die durch zwei weniger bekannte, dennoch sehr nahe an der Innenstadt liegende Stadtviertel gehen. Die erste Route nannten wir »Unterwegs durch die Peripherie«. Sie umfasst den Stadtbereich, der durch die Boulevards Karl der Erste (rum. Carol I) und Brătianu, Calea Călăraşilor, Iancu de Hunedoara und den Platz Piaţa Muncii abgegrenzt ist. Das Stadtviertel ist bislang nicht ausreichend erkundet worden. Der Baustil und die Architektur sind bis heute noch einheitlich erhalten geblieben. Die meisten Gebäude stammen aus der zweiten Hälfte des 19., Anfang des 20. Jahrhunderts. Die architektonische Einheit ist seit damals erhalten geblieben. Das macht den Charm dieses Stadtteils aus.“




    Die zweite Touristenroute, Vom Dorf in die Gro‎ßstadt“, schlägt die Erkundung eines Stadtteils vor, der sich südlich und östlich des Metropolitenhügels (rum. Dealul Mitropoliei) erstreckt. Dabei sollen der urbane Wandel und die sozialen Entwicklungen in den letzten 150 Jahren zum Vorschein gebracht werden. Mehr Einzelheiten dazu bringt Adina Dragu:



    Auch dieser Stadtteil ist unversehrt davongekommen, was die Architektur und den Baustil betrifft. Ich beziehe mich auf den Stadtteil, der bei der Metropolie beginnt. Das ganze Gebiet, das südlich und östlich vom Metropolitenhügel liegt — die Stra‎ßen Şerban Vodă und Mărăşeşti, Piaţa Libertăţii, der Park Karl der Erste (rum. Carol I), der Busbahnhof Filaret, der früher ein richtiger Bahnhof war, die Stra‎ßen, die zur Streichhölzerfabrik und zum Bragadiru-Schloss hinführen und dann zurück zum Vereinigungsplatz (rum. Piaţa Unirii). Der Stadtteil ist grö‎ßtenteils unberührt geblieben, daher kann die Stadt Bukarest, so wie sie mal früher war, erlebt werden. Hier spürt man den echten Geist der Stadt, charakterisiert durch einen regen Unternehmungssinn, durch kleinbürgerliche Initiativen, durch das Handeln des Mittelstandes. Wir versuchten die Geschichten der Stadt und seiner Bewohner anhand der zwei Touristenrouten zu vermitteln. Die eine Route tauften wir »Unterwegs durch die Peripherie«, die zweite, »Vom Dorf in die Gro‎ßstadt« . Denn hier handelt es sich vielmehr um das Leben kleiner Kaufleute, kleiner Unternehmer, um das Leben der Handwerker und des Mittelstandes allgemein als um die Geschichte gro‎ßer Bojaren oder wichtiger Adelsfamilien. Das macht die zwei Touristenrouten so spannend, so interessant.“




    Der Erfolgsgrad des Vorhabens konnte noch nicht vermessen werden, da es erst vor kurzem umgesetzt wurde. Daher ist noch unbekannt, wie viele Touristen oder Bewohner der Stadt Bukarest den vorgeschlagenen Weg der Peripherie eingeschlagen haben. Das Interesse ist auf jeden Fall gro‎ß. Eine erste konkrete Reaktion auf das Projekt war eine vor kurzem eröffnete Foto-Ausstellung, die Bilder vorzeigt, welche entlang der vorgeschlagenen Alternativrouten geschossen wurden und die Besonderheiten dieses Stadtteiles hervorheben.