Tag: photographie

  • Le Bucarest du 19e siècle, dans des photos

    Le Bucarest du 19e siècle, dans des photos

    Un photographe tchèque qui a vécu à Bucarest

     

    Franz Duschek (1820-1884) a été un photographe tchèque qui a vécu à Bucarest entre 1862 et 1883. Cela lui a permis de poser un regard singulier sur les transformations sociales et urbaines qui ont marqué la capitale et la vie des Roumains au XIXème siècle, regard qu’il nous a légué à travers ses photographies de studio, ses instantanés et ses photos de guerre. Duschek a retenu avec un grand talent les détails de l’architecture locale et de la mode de l’époque, des portraits de gens appartenant à la classe moyenne et des scènes du quotidien d’une ville sise au carrefour des influences ottomanes et européennes.

     

    Des photos du Bucarest d’antan exposées à Prague

     

    Le Musée municipal Bucarest (MMB) a ramené le formidable photographe thèque à l’attention du public par le biais d’une exposition présentée à Prague, capitale de la République tchèque, pays natal de Franz Duschek. L’idée centrale a été de cartographier les géographies humaines du Bucarest connu par Duschek.

     

    Adrian Majuru, directeur du MMB et commissaire de l’exposition de Prague, nous en a donné des détails :  

    « Il était, en effet, un photographe de studio (cabinet) qui nous a légué un héritage photographique. Il a compté parmi les premiers à avoir fait de la photo professionnelle grand public, si j’ose dire, à Bucarest pendant une vingtaine d’années, depuis le règne d’Alexandru Ioan Cuza jusque vers 1883, lorsqu’il quitte la Roumanie pour remplir une mission pour la Roumanie en Egypte, à Alexandrie où il décède d’ailleurs. »

     

    Point de mire : la modernisation de la société roumaine et la Maison royale de Roumanie

     

    L’évolution professionnelle de Franz Duschek en terre roumaine a reflété l’histoire du temps vécu, jalonné par la Guerre d’indépendance (1877-1878), par le développement et la modernisation de la société, ainsi que l’histoire de la Maison royale de Roumanie, dont Duschek fut le photographe officiel.

     

    Adrian Majuru, directeur du MMB, raconte:

     « Ce fut Carol Popp de Szathmári qui appela Franz Duschek à se lancer dans une profession nouvelle. Celui-ci ouvrit son premier atelier ou studio dans une rue appelée Noua – Nouvelle/Neuve, l’actuelle rue Edgar Quinet. Il eut une belle carrière. Une décennie plus tard, sur la recommandation du boyard, médecin et homme politique Creţulescu, Duschek devient le photographe de la Cour, nommé par le roi Carol I. Cela arriva après l’indépendance du pays, puisqu’il fut photographe et reporter de guerre, aux côtés d’autres artistes de l’époque, tel que le peintre Nicolae Grigorescu, sur le front de Plevna, donc au sud du Danube. C’étaient les débuts d’un nouveau métier, tellement familier pour nous aujourd’hui. Après la Guerre d’indépendance, il ouvrit un nouvel atelier/studio qu’il allait vendre plus tard à un autre photographe d’une génération différente, Franz Mandy, de Budapest, quand Franz Duschek lui-même s’apprêtait à se rendre en Egypte pour une mission de prospection. Mais son message principal se trouve dans les photos dont les protagonistes faisaient partie de la classe moyenne… Ces photos nous offrent l’image d’un phénomène social et professionnel, en égale mesure, qui a culturellement modelé le comportement du milieu urbain: Il existait déjà une Europe urbaine, un liant de ce que nous appelons actuellement l’Union européenne. Avec des professions libérales, une façon particulière de comprendre la vie dans ses détails, par une gestion prudente de l’environnement immédiat. »

     

    Des portraits importants

     

    Franz Duschek reste un des grands photographes portraitistes d’une génération, d’une page d’histoire, grâce à des témoignages sur la vie, les valeurs sociales, morales et culturelles de ces temps-là.

     

    Adrian Majuru conclut :  « C’était le XIXème, un siècle du souci pour le détail, visible non seulement dans de jolis emballages mais aussi dans la manière de s’adresser à quelqu’un d’autre ou de marcher dans la rue, par exemple. Des gens de cette catégorie, on en trouvait aussi à Prague, ou à Vienne, ou bien dans les petites villes d’Espagne ou de France. Pour Duschek, la surprise a été complète, car il s’attendait à y trouver un pays exotique. Il a également réalisé des photos dynamiques, de mouvement, …, et des images de la ville de Bucarest, préservées dans d’autres collections publiques…. ». (Trad. Ileana Ţăroi)

     

  • Paris-Odessa, un voyage en photos

    Paris-Odessa, un voyage en photos

    Jusqu’au 17 février, l’institut Goethe
    de Bucarest accueille le dernier projet de l’artiste française Géraldine Cario,
    en collaboration avec l’Institut français. La double exposition contemporaine « Paris-Odessa
    voyage en clair-obscur », et « mots tombés au champ d’honneur – Les
    routes de l’exil…et du retour », est ouverte et gratuite au public, dans
    le pavillon de l’institut allemand, sur les heures d’ouvertures. De France jusqu’en
    Ukraine, en passant par l’Allemagne et la Roumanie, Géraldine Cario a poursuivi
    les noms de lieux entendus dans son enfance. Situé dans une pièce tamisée de
    l’institut Goethe de Bucarest, l’exposition est un témoignage de ce voyage
    initiatique réalisé en 2011 en plein cœur de l’Europe. En mêlant poésie,
    photographies et témoignages, la visite se fait le témoin du passé familial
    riche et complexe de l’artiste, et dans le même temps invite les spectateurs à
    redécouvrir le vieux continent et son histoire. Un reportage par Alan Le Cunff.



  • Le photographe Alexandru Tzigara-Samurcaș

    Le photographe Alexandru Tzigara-Samurcaș

    Le nom d’Alexandru
    Tzigara-Sarmucaș est intimement lié aux débuts de l’étude du monde rural
    roumain. Spécialiste du folklore, ethnologue, historien de l’art, professeur de
    l’histoire de l’art aux Universités de Bucarest et de Cernăuți
    (Tchernovtsy) et fondateur de la muséographie roumaine, Tzigara-Sarmucaș fait aussi partie de l’histoire
    de la photographie en terre roumaine. Cette passion l’a amené à immortaliser le
    village et ses gens, beaucoup moins intéressants aux yeux de ses contemporains
    que la vie citadine. La Bibliothèque de l’Académie roumaine a voulu présenter
    au grand public l’œuvre photographique du célèbre ethnologue à travers une
    exposition intitulée « Oltenia de acum un secol în fotografiile lui Alexandru Tzigara-Sarmucaș/L’Olténie
    d’il y a un siècle dans les photos d’Alexandru Tzigara-Sarmucaș »
    . La
    collection de la Bibliothèque contient à présent environ 4000 photos et 1000 clichés
    réalisés par lui.


    Alexandru Tzigara-Samurcaș est
    né à Bucarest en 1872, les mauvaises langues disant qu’il aurait été le fils
    naturel du roi Carol I. Germanophile, il fait des études de philosophie à
    l’Université de Munich, avec une spécialisation en histoire de l’art. Les
    recherches généalogiques ont mis en évidence des ascendances grecques et
    italiennes, mais aussi des liens de parenté avec les familles de boyards
    roumains Kretzulescu et Crețeanu. Tzigara-Samurcaș a épousé une Cantacuzène, ce
    qui lui a facilité l’ascension sociale. Il a rejoint la société littéraire
    « Junimea » (mot roumain vieilli signifiant « jeunesse »),
    d’orientation libérale-conservatrice, et il a commencé à signer des articles
    dans la presse culturelle de l’époque. Lors de l’éclatement de la Grande
    guerre, il s’est montré favorable au maintien de l’alliance de la Roumanie avec
    l’Allemagne, se déclarant contre l’alliance avec la France et la Grande
    Bretagne. Après la fin de la conflagration, des voix se sont élevées pour
    demander des sanctions contre Alexandru Tzigara-Samurcaș, accusé d’avoir
    collaboré avec l’occupation allemande entre 1916 et 1918. Il a résisté aux
    critiques, continuant à enseigner à l’université. Son nom est aussi lié à la
    première émission de radio diffusée en Roumanie le 1er novembre 1928,
    pour laquelle il a écrit un texte spécial. Alexandru Tzigara-Samurcaș est mort
    à Bucarest, en 1952, trois jours avant son quatre-vingtième anniversaire.


    Alina
    Popescu, de la Bibliothèque de l’Académie roumaine, est la commissaire de
    l’exposition Tzigara-Samurcaș : « L’exposition rassemble des photos
    d’églises et de monastères, notamment des fresques et du mobilier, d’Olténie,
    des images essentielles pour comprendre l’aspect d’il y a une centaine d’années
    de ces objets et lieux de culte. Les photos, réalisées entre 1900 et 1930, sont
    d’autant plus intéressantes si on les compare à la réalité d’aujourd’hui. Des
    photographes, notamment des artistes-photographes, avaient aussi existé avant
    Alexandru Tzigara-Samurcaș, des gens qui s’arrêtaient çà et là et prenaient des
    photos d’une église, pour des raisons artistiques ou bien à la demande d’un
    quelconque client. Il y avait également eu des voyageurs touristes munis d’un
    appareil photo. Mais Tzigara-Samurcaș a probablement été le premier à avoir
    délibérément choisi de prendre effectivement des photos endroit par endroit,
    objet par objet, en prenant en compte ses projets personnels ultérieurs, tels
    donner un cursus d’histoire de l’art ou écrire un livre ou, pourquoi pas,
    réfléchir déjà à fonder le Musée national devenu aujourd’hui le Musée du Paysan
    Roumain. »


    Alina
    Popescu a décrit ce que le regard d’Alexandru Tzigara-Samurcaș voyait
    tout autour lorsqu’il immortalisait le monde villageois: « Il voit un
    grand nombre d’églises en ruines, il voit de nombreux édifices, objets, églises
    frappés par la dégradation, l’oubli et le manque d’intérêts des contemporains.
    Même les anciennes chapelles, érigées par les plus ou moins petits boyards sur
    leurs domaines et qui gardent à l’intérieur les portraits en fresque des
    fondateurs, sont plutôt mal entretenues, mal éclairées et abîmées. D’ailleurs,
    ses photos devancent de peu les projets de restauration, assez nombreux, mis en
    œuvre par la Commission des Monuments, entre 1880 et 1940. »


    Quelles différences peut-on
    saisir entre les images actuelles et celles retenues par le regard
    photographique d’Alexandru Tzigara-Samurcaș, il y a plus de 100 ans? Alina
    Popescu croit que le temps a apporté des différences qui ont besoin
    d’explications supplémentaires:
    « Nous avons fait très attention
    à ce que les étiquettes du catalogue et celles de l’exposition contiennent des
    notes explicatives détaillées dans le cas des églises et des objets chez
    lesquels les différences sont très marquées. Un seul exemple pour mieux
    comprendre: dans la commune de Vladimir, les effigies des saints patrons de l’église
    (Saint Constantin, Sainte Hélène, Sainte Parasquève et Saint Jean Baptiste),
    peintes sur la façade ouest, n’existe plus de nos jours. La façade ouest est
    entièrement peinte en blanc, alors que vers 1920 elle était décorée de la
    fresque initiale, réalisée autour de l’année 1800. »



    Les photos réalisées par
    Alexandru Tzigara-Samurcaș il y a plus d’un siècle montrent un monde en retard,
    mais aussi en pleine transformation, un monde que les gens actuels réussissent
    à mieux comprendre grâce à l’avantage du temps passé. Ce monde est arrivé
    jusqu’à nous dû à la technologie d’époque, celle d’aujourd’hui ayant pour
    mission de transmettre au monde de demain ce qu’elle voit dans le présent.
    (Trad. Ileana Ţăroi)



  • 25 ans de Fotogeografica

    25 ans de Fotogeografica

    Arrivé, cette année, à sa 25e édition, voici quelques chiffres-clé : plus de 5 000 concurrents et 20 000 photos, 200 lauréats, près de 170 000 visiteurs, 15 albums de photographie et un CD multimédia. Et la liste peut continuer ! Tout cela – malgré la modestie qui imprègne sa voix – grâce aussi au coordinateur du projet, Paul Bordaș: « Fotogeografica est un projet culturel éducatif lancé il y a 25 ans, un concours qui vise la promotion des valeurs naturelles et culturelles de la Roumanie à travers les images, à travers la photographie. Il a été créé à l’initiative d’un groupe d’étudiants de la Faculté de géographie de l’Université de Bucarest. En 1994, une idée lancée par le professeur-chercheur Dumitru Baltă est reprise par la Ligue des étudiants, puis mise en œuvre trois ans plus tard, dans ce qui sera la première édition de Fotogeografica, en 1997. Bien sûr, à cette époque-là, personne ne pensait que cela deviendrait un grand événement, qui gagnerait le cœur de milliers d’amoureux de l’art et de la nature de Roumanie. On n’imaginait même pas combien de beaux fous allaient se réunir autour de ce projet, pour former une grande famille. Bref, Fotogeografica c’est tout ça. On pourrait dire que chaque édition a été une forme de folie, de beauté, une oasis d’art et d’inspiration à la fois. »

    Le thème du concours est double : le patrimoine culturel, d’une part, c’est-à-dire les villages, les constructions, les métiers traditionnels, les coutumes ; d’autre part, le patrimoine naturel, les paysages et la faune. En plus de ces thématiques, ce sont les invités de haute volée qui ont fait la renommée de Fotogeografica, des personnalités du monde de la photo, de la spéléologie, de l’alpinisme ou de la recherche. Au fur et à mesure que la réputation du concours se consolidait, une partie des lauréats sont devenus des professionnels respectés, primés dans d’autres concours, en Roumanie ou à l’étranger, qui ont publié des albums et qui ont réalisé des expositions personnelles à succès. En plus, le concours Fotogeografica est complété par une multitude d’activités, de publications, d’expéditions sur le terrain, ce qui en fait un véritable phénomène. Redonnons la parole au coordinateur Paul Bordaș : « Nous nous sommes proposés, dès le départ, qu’en plus du concours, on mette en œuvre également des programmes culturels connexes. Lors des premières éditions, on organisait des présentations et des débats avec des chercheurs ou des scientifiques, avec de grands photographes de Roumanie – c’était nos Soirées photographiques. Après cela, nous avons développé un programme de sensibilisation du public aux questions environnementales – EcoStud. Ensuite, avec les lauréats du concours, nous avons réalisé un ample programme intitulé Romania Student Tour. Ce sont des expéditions dans des coins reculés de Roumanie où nous mettons en évidence ce qu’il y a de plus précieux. Par la suite, nous publions des albums avec les photos réalisées sur le terrain, que nous présentons au public lors de divers événements. Avec cette dernière année difficile et éprouvante, nous étions redevables envers les vainqueurs de 2020, car nous n’avons pas pu aller au Maramureș historique, comme prévu. Mais nous sommes revenus en force cette année : nous sommes allés dans les Apuseni pendant cinq jours avec les gagnants de l’année dernière et, suite à cette incursion, nous avons réalisé l’album « Apuseni, pays de pierre ».

    Après cela, nous avons le vernissage Fotogeografica et la cérémonie de remise des prix, probablement en ligne, comme l’année dernière. Avec les gagnants de cette année, nous irons au Maramureș pour réaliser l’album qui clôture un quart de siècle d’histoire du phénomène Fotogeografica – « Maramureș, héritage d’un peuple ». Et nous travaillons dur, car, le 30 septembre, nous voulons lancer un album anniversaire au Palais du Parlement, point culminant des 25 ans de Fotogeografica. »

    Fotogeografica est donc plus qu’un concours : c’est une institution qui découvre de jeunes photographes passionnés, ambassadeurs nationaux et internationaux d’une Roumanie pleine de charme. « Chaque édition de Fotogeografica a été une vitrine de son époque, mais aussi une sorte de capsule temporelle, car une chronique s’est écrite année après année, pendant ces 25 ans,» – dit le coordinateur Paul Bordaș : « En fait, à travers Fotogeografica, j’ai montré une autre géographie de la Roumanie, une géographie dans laquelle les images parlent, plaident pour la préservation des valeurs patrimoniales et naturelles. Et je peux dire que nous avons construit un message avec un grand impact pour la société. La collection Romania Student Tour, qui est traduite en anglais, a beaucoup voyagé. Elle a été présentée dans plus de 25 événements internationaux – des réunions de jeunes, des réunions culturelles et jusqu’à la réunion des chefs d’état-major de l’OTAN à Mamaia, en 2015. Elle est allée au Canada, à l’Université de Montréal, en France, à l’Université de Lyon, en Allemagne, au Japon… On peut donc dire qu’elle a traversé terre et mer. Tant moi que l’institution où je travaille – la Maison de la culture des étudiants de Bucarest – nous nous identifions à Fotogeografica et cette Fotogeografica je l’identifie à la Roumanie. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons démarré ce projet avec les gagnants du concours, ce Romania Student Tour. Nous voulions montrer ce qu’il y a de plus précieux dans ce pays et je suis convaincu que nous avons bien des choses à montrer. Je lance dès maintenant une invitation à la présentation de notre album anniversaire, qui aura lieu le 30 septembre, au Palais du Parlement de Bucarest. »

    Il est certain que les images des participants et des gagnants de Fotogeografica constituent presqu’une exhortation : le patrimoine naturel et culturel fait partie de l’identité roumaine et cet héritage engage une responsabilité. N’hésitez pas à aller sur le site Internet homonyme du concours, fotogeografica.ro, où vous pourrez admirer ces images capturées, au fil des ans, par les passionnés de patrimoine. En pleine période des vacances estivales, c’est aussi une invitation à explorer la Roumanie profonde. (Trad. Elena Diaconu)

  • “Il y a quelqu’un à la maison ?”

    “Il y a quelqu’un à la maison ?”

    Après des études de photographie documentaire, à
    Londres, Ionuţ Teoderaşcu est rentré en
    Roumanie. Muni d’un appareil photo ou de sa caméra, il s’est mis à redécouvrir
    le monde qu’il avait laissé derrière en quittant le pays. Pendant les deux
    semaines qu’il a passées cloîtré dans son appartement, Ionuţ Teoderaşcu a préparé
    et lancé son projet intitulé « Chantier en temps de pandémie », où il a
    immortalisé les travaux menés à l’immeuble voisin. Son projet suivant,
    « Les campagnes et la pandémie », dévoile, à travers les photos, le
    quotidien des villageois, presque figé dans le temps, avec, pour unique
    changement, le port du masque. Ce qui a retenu notre attention, c’est le projet
    « Il n’y a personne à la maison », qui a valu à Ionuţ Teoderaşcu le Prix d’or
    du concours international de photographie de Budapest (Budapest International
    Photo Awards 2020), dans la catégorie « Gens / Famille ».






    Le photographe documentaire Ionuţ Teoderaşcu nous a
    raconté les débuts de ce projet : « L’idée du court-métrage documentaire « Il
    n’y a personne à la maison » a pris contour en avril 2019, lorsque je suis allé
    revoir la maison de ma grand-mère. Comme elle n’était plus habitée depuis une
    dizaine d’années, j’étais curieux de voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Une
    fois là, j’allais constater que toutes les affaires de ma grand-mère étaient
    restées intactes, comme enfermées dans une sorte de capsule temporelle.
    J’allais y revenir, en compagnie de mon père, que j’ai prié de me raconter son
    enfance et la vie de ses parents. Je n’avais pas connu mon grand-père paternel,
    mort à seulement 44 ans. Puis, une autre fois, j’y suis retourné avec mes tantes.
    Leurs récits m’ont aidé à découvrir une bonne partie du passé de ma grand-mère.
    C’est en ces temps et lieux que l’idée m’est venue de tout agencer dans un
    court-métrage documentaire, car cela me permettait de combiner les images et les sons que
    j’avais enregistrés lors de mes visites à la maison de ma grand-mère,
    accompagné de mes parents ou de mes tantes. Ce court-métrage documentaire, je l’ai
    réalisé à la fin de l’année dernière… »






    L’accueil réservé à ce court-métrage a dépassé les
    attentes de l’auteur. Ionuţ Teoderaşcu : « Au moment du lancement, en
    Roumanie, lors d’un Takeover, il est apparu sur l’image Instagram du magazine Rien
    qu’une revue. C’est là que j’ai raconté l’histoire, pour la première
    fois. En fait, le court-métrage avait déjà été présenté au Royaume-Uni, sur une
    plateforme dédiée à la photographie documentaire. J’ai également participé avec
    ce projet à une compétition, organisée avant la fin de l’année. Un album photo
    avec des étudiants, l’un des premiers réalisés par Canon, a accueilli mon
    projet. Puis j’ai participé à un concours à Budapest, où j’ai remporté le Gold
    Vibe, le Prix d’or. Plus tard, il a été diffusé sur d’autres réseaux, ici, en
    Roumanie. »








    Ionuţ Teoderaşcu nous a présenté l’histoire du film : « C’est
    le sentiment de plonger dans une autre époque. Dès que l’on pénètre dans la
    maison, on est sous l’emprise d’images à fort impact émotionnel : murs
    décrépits, immenses toiles d’araignées. Des images que l’on ne voudrait pas
    voir, surtout quand on a un lien personnel avec la famille qui y a vécu.
    Pourtant, on a là un espace qui préserve très bien l’histoire d’une famille,
    car, en fin de compte, on est défini par l’endroit où l’on vit. Tout au long
    des années qu’elle y a vécues et surtout les 20 dernières qu’elle y a passées
    seule, ma grand-mère a rassemblé et sagement rangé tout ce dont elle avait
    besoin, y compris les choses nécessaires à son enterrement. J’y ai retrouvé des
    médicaments ou bien des lettres que ma grand-mère avait gardées. Toutes ces
    choses-là racontent l’histoire de la personne qui y a vécu. »






    Le film nous emmène au village de Crăieşti, dans le comté
    de Galati. L’auteur, qui y a passé son enfance, nous fait découvrir une maison
    à part. Ionuţ Teoderaşcu : « Elle est atypique pour la région, en ce sens
    qu’ici on construit habituellement des maisons de petites dimensions, avec deux
    pièces. La maison de ma grand-mère a son histoire à elle. Elle avait été
    destinée initialement à abriter une préfecture ou une mairie. Ce n’est que plus
    tard qu’elle a été vendue à mon grand-père. Construite il y a une centaine
    d’années, avec des matériaux de bonne qualité, dont du bois massif, la maison,
    perchée sur une colline, surplombe le village sur lequel elle offre une vue
    imprenable. »






    Ionuţ Teodereşcu
    nous a également lancé une invitation : « Je vous invite à regarder ce
    court-métrage documentaire, que vous trouverez sur mon site internet teoderaşcu.com,
    sur YouTube ou sur ma page Facebook. A mon avis, il raconte l’histoire de
    plusieurs familles et nous montre comment appréhender le passé familial, tout
    en sachant qu’il y a toujours une part de subjectivité dans le récit. Puisqu’on
    veut croire que nos parents ont eu une belle vie, on essaie, après leur mort,
    de reconstruire le passé et d’y apporter une touche romantique. Voilà donc
    cette autre chose dont je parle dans mon film, en plus de l’histoire de vie de
    mes grands-parents. »






    A noter aussi que
    la ville de Zalău accueille l’exposition « Les visages de la
    pandémie », réunissant des photos réalisées par Ionuţ Teoderaşcu. (Trad. Mariana Tudose)

  • La plaine du Bărăgan en 3D

    La plaine du Bărăgan en 3D

    Amis auditeurs, depuis ce printemps pas comme les autres, nous nous tournons de plus en plus vers des projets consacrés à l’exploration virtuelle de la réalité, pour vous les présenter dans l’espace de cette rubrique. C’est toujours d’un tel projet qu’il sera question aujourd’hui. Il s’agit du premier guide touristique destiné entièrement au sud-est du pays : « Explorateur dans la plaine du Bărăgan », qui permet aux « voyageurs » de découvrir de manière virtuelle le patrimoine matériel et immatériel de cette région du pays. La plateforme itinerama.ro offre entre autres au public le premier guide audio de la zone, le premier musée 3D du Bărăgan et des tours virtuels dédiés au chef d’orchestre Ionel Perlea et au sculpteur Nicăpetre, deux grandes personnalités culturelles nées dans le sud-est de la Roumanie.

    Une centaine de sites au fort potentiel touristique ont été identifiés dans un premier temps. Cristian Curuș, manager du projet, explique :Une partie de ces sites est en train d’être explorée : musées, sites archéologiques que les touristes peuvent visiter, moyennant une taxe modique. Il y a pourtant un grand nombre de sites qui n’ont pas encore été intégrés au réseau touristique. Ils sont considérés comme appartenant au patrimoine du pays, mais ils ne sont pas exploités. Il s’agit de vieux manoirs, d’églises et même de sites archéologiques auxquels les gens n’ont pas accès. Le guide virtuel de la plaine du Bărăgan propose 4 types de tours. Il y a tout d’abord le « Haut Bărăgan », dont les sites les plus importants se trouvent dans les comtés de Călărași et Ialomița, « Le Bărăgan du sud au nord », qui comporte des sites situés le long du Danube, entre Călărași et Brăila, un « tour des manoirs » et un « tour des lieux de culte ». Ces tours, les touristes peuvent les organiser tout seuls de la manière qui leur convient. Sur le site du projet, itinerama.ro, seront disponibles des cartes interactives où ils trouveront les distances entre les sites et le temps nécessaire pour les parcourir, ce qui les aidera à réaliser leur propre itinéraire.

    Un des photographes du projet, Adriana Lucaciu, nous raconte son expérience du projet.

    J’ai pris en photo de nombreux manoirs, qui sont malheureusement abandonnés et pas très bien conservés. J’ai pris des photos dans l’aire protégée de Popina Bordușani, qui est un lieu féérique et peu connu. J’ai photographié de nombreuses croix datant des années 1800, qui surgissent comme ça, au milieu de la plaine, et sur lesquelles sont incrustés toute sorte de symboles. Ces symboles, on peut les déchiffrer en visitant l’exposition qui leur est dédiée au Musée de l’agriculture de Slobozia.

    Ce musée est d’ailleurs un objectif touristique que la photographe Adriana Lucaciu nous recommande chaleureusement.Le Musée de l’agriculture de Slobozia est un musée très sympathique. Les visiteurs y découvrent des ateliers d’autrefois. On se promène le long d’un couloir et on voit comment travaillaient le forgeron, le boulanger, on voit une salle de classe avec des pupitres en bois et des manuels anciens, on voit à quoi ressemblait une cuisine d’autrefois. Le musée comporte également une exposition de croix en pierre. Des recherches ont été réalisées à Poiana. Dans ce village il y a un cimetière désaffecté où se dressent des croix en pierre datant des années 1800. Les textes et les symboles inscrits sur ces croix sont expliqués aux visiteurs.

    Cette vaste plaine du Bărăgan offre-t-elle aux touristes quelque chose d’inédit à visiter ? Adriana Lucaciu.
    Nous avons découvert sur une liste de sites de la région l’existence, à Lehliu, d’un « cimetière maudit ». Nous nous sommes rendus sur place et nous avons tenté de nous renseigner auprès des gens, mais, en entendant notre question, ils nous regardaient tous d’un air bizarre. Finalement, nous sommes tombés sur un jeune homme qui s’est rappelé qu’il y avait dans le village un cimetière abandonné depuis longtemps, mais il ne savait pas où il se trouvait. Il nous a seulement indiqué une ruelle, que nous avons parcourue plusieurs fois d’un bout à l’autre. Finalement, un petit vieillard de 83 ans est sorti d’une cour. Quand il nous a entendus parler du cimetière, il nous a dit que celui-ci avait été abandonné dès la période où il était né. Il nous a montré des arbres au loin et nous a dit que si nous voulions le trouver, nous devions nous aventurer sous les feuillages et nous allions trouver des croix. Je ne saurais exprimer le sentiment que nous avons éprouvé en découvrant ces croix en pierre, dont certaines étaient déjà à terre, d’autres encore debout. Envahies par la végétation, elles semblaient en dialogue avec la nature, intégrées à l’ambiance du bord du lac.

    Le projet « Explorateur dans la plaine du Bărăgan » est mis en œuvre avec le concours de l’Administration du fond culturel national, de l’Institut national du patrimoine et des musées partenaires de la région.
    (Trad. : Dominique)

  • 24.07.2020

    24.07.2020

    Coronavirus en Roumanie – Identifier des lits supplémentaires dans les hôpitaux, ainsi que le personnel médical nécessaire, y compris au sein des Directions de santé publique figurent parmi les principales préoccupations des autorités de Bucarest, dans le contexte d’une évolution à la hausse du nombre de cas d’infection au coronavirus. C’est le troisième jour avec plus de mille cas d’infection au coronavirus dans le monde. 1.119 nouveaux cas d’infection au coronavirus ont été confirmés ces dernières 24 heures en Roumanie, selon les chiffres publiés ce vendredi à 13 heures par le Groupe de Communication Stratégique. Le bilan total est de 42.394 personnes infectées jusqu’ici en Roumanie, dont 25 mille ont guéri. 2150 malades de Covid 19 sont décédées en Roumanie, dont 24 de jeudi à vendredi. Plus de 5500 malades sont actuellement hospitalisés, dont plus de 300 en soins intensifs. Par ailleurs, le gouvernement a adopté jeudi de nouvelles mesures de protection sociale pour les salariés des entreprises touchées par la crise du coronavirus. Les salariés en bonne santé des entreprises fermées par les Directions de santé publiques bénéficieront d’indemnités de chômage partiel jusqu’à la fin de l’année. L’appui financier est nécessaire pour éviter la perte des emplois, la croissance du taux d’exclusion sociale et l’amplification du décalage socio-économique entre les personnes dont l’activité a été directement touché par l’épidémie et le reste de la population, précise aussi l’institution dans un communiqué.

    Coronavirus dans le monde – Le nombre de cas d’infection au coronavirus est à la hausse partout dans le monde. De nombreux gouvernements envisagent de réintroduire certaines restrictions, levées début juillet. La situation a empiré suite à la réouverture de certains secteurs de l’économie et dans le contexte des voyages à des buts touristiques. Selon worldometers.info, à présent au moins 15,6 millions de cas de COVID 19 ont été recensés jusqu’ici, avec plus de 630 mille décès et quelque 9 millions et demi de malades guéris, depuis l’apparition du premier cas en Chine, il y a sept mois. Les Etats Unis, qui ont enregistré le premier décès provoqué par le coronavirus début février, ont dépassé un nouveau seuil psychologique dans la pandémie de coronavirus et enregistré plus de quatre millions de cas d’infection. La Californie, le Texas et la Floride sont toujours les Etats américains ayant enregistré le plus grand nombre de cas en juin et juillet. En Europe le nombre de cas d’infection est également à la hausse. En Espagne, les autorités s’efforcent à isoler les nombreux foyers d’infections parus suite à la levée des restrictions il y a un mois. L’Italie se confronte aux mêmes problèmes, en Lombardie, dans le nord et au Latium, la région où se trouve aussi la capitale Rome. De nouveaux cas ont été enregistrés en Bosnie et Herzégovine, en Croatie, au Monténégro et en Macédoine du Nord. Les Etats européens les plus touchés sont le Royaume Uni, avec 45 mille morts, l’Italie avec 35 mille morts, la France, avec 30 mille décès et l’Espagne avec 28 mille décès.

    Forum – Poursuite aujourd’hui des travaux au sein du forum des jeunes de la Communautés des démocraties, organisé en visioconférence par le Ministère des Affaires Etrangères de Bucarest en coopération avec cette organisation intergouvernementale réunissant des pays démocratiques ou en transition démocratique. Jeudi, en ouverture de la conférence, le ministre roumain des Affaires Etrangères, Bogdan Aurescu a souligné que les Etats démocratiques devraient travailler ensemble afin d’offrir les meilleurs résultats et il a transmis aux jeunes que leur implication était essentielle à l’avenir. Selon le ministère des Affaires Etrangères, une déclaration des Jeunes a été adoptée en marge de ce forum. Les sujets à l’ordre du jour visent la participation civique et politique des jeunes, les échanges de bonnes pratiques entre les Etats et les régions et la présentation de nouveaux modèles visant à augmenter le degré d’implication des jeunes dans la vie publique et dans les processus démocratiques. Le forum se déroule sous l’égide de la Présidence roumaine de la Communauté des démocraties et illustre une des priorités assumées au cours du mandat de Bucarest à la tête de la Communauté des démocraties entre 2019 et 2020, à savoir la promotion des jeunes dans le cadre des processus démocratiques.

    Photographie – La photographe roumaine Felicia Simion participe avec quatre instantanées de sa collection « Ethnographies » à l’exposition « Visage(s) d’Europe », organisée par l’antenne de Parie du Réseau des Instituts culturels nationaux d’Europe. L’événement, qui réunit 13 photographes de 13 pays se déroule au cœur de Paris, sur la place du Châtelet et elle en est arrivée à la deuxième édition. La bucarestoise Felicia Simion est diplômée de l’Université national d’Arts, section Photo-vidéo et en 2018 elle a fait un master en ethnologie et anthropologie culturelle à l’Université de Bucarest. Ses créations ont été incluses dans des expositions collectives et individuelles en Europe et aux Etats Unis. Le projet « Ethnographies » est une archive visuelle des traditions et des manifestations du folklore de la Roumanie rurale contemporaine, dans le contexte de la dépopulation et de la migration. Les travaux de Felicia Simion et des autres artistes participants pourront être admirés du 25 juillet au 6 septembre.

    Justice – L’ex procureur roumain Mircea Negulescu a été place en détention provisoire ce jeudi suite à une décision définitive de la Haute Cour de Cassation et de Justice. Les policiers du département de Prahova ont appliqué un mandat d’arrêt et de détention pour 30 jours de l’ancien procureur du Parquet anticorruption de Ploiesti, dans le sud de la Roumanie. Mircea Negulescu a été exclus de la magistrature l’année dernière, pour plusieurs infractions disciplinaires, commises dans l’instruction de certains dossiers sensibles. A présent, il est accusé d’abus de fonction, répression injuste et faux dans des déclarations. Il aurait carrément inventé des preuves dans deux dossiers, dont un surnommé le dossier Tony Blair, dans le cadre duquel l’ex-premier ministre social démocrate roumain Victor Ponta était accusé d’avoir arrangé une visite en Roumanie de l’ancien premier ministre britannique afin de gagner du capital d’image dans la campagne électorale de 2012.

    Hélicos – Une dizaine d’hélicoptères militaires américains Black Hawk devraient se poser aujourd’hui sur la base aérienne roumaine de Mihai Kogalniceanu, dans le sud-est dans le cadre d’une mission déroulée en marge de l’opération Atlantic Resolve. Les appareils font partie de la Brigade d’aviation 101, l’unité la plus décorée de l’armée américaine. Dans le cadre de l’opération Atlantic Resolve visant à répondre aux actions de la Russie sur le flanc oriental de l’OTAN, les américains déploient périodiquement des forces en Europe. Le but principal est l’interopérabilité entre les armées des Etats membres et l’amélioration des liens entre les alliés et les partenaires par le biais de cours de formation multinationaux.

    Météo – Temps généralement instable en Roumanie, où les météorologues ont émis de nouvelles alertes au temps mauvais valables jusqu’à samedi matin à travers le pays. Des pluies torrentielles et des orages sont attendus, ainsi que des chutes de grêle. Dans le sud pourtant, les températures demeurent élevées, avec un indicateur Humidex également élevé, supérieur aux 80 unités. Les températures vont actuellement de 24 à 34 degrés. 26 degrés en ce moment à Bucarest.

  • Le film documentaire Timebox de Nora Agapi, dans la course aux Prix Gopo

    Le film documentaire Timebox de Nora Agapi, dans la course aux Prix Gopo

    Le film documentaire « Timebox » de Nora Agapi a remporté le trophée du meilleur documentaire d’Europe centrale et de l’Est dans la section « Between the Seas », « Entre les mers », au Festival international du film documentaire de Jihlava. Pour motiver son choix, le jury s’est dit touché par la profondeur avec laquelle la réalisatrice a exploré l’importance de la mémoire, tout comme par la vision artistique et la force narrative. Malgré un fil narratif extrêmement personnel, le film soulève des questions qui dépassent l’histoire proprement dite. Timebox figure parmi les cinq nominations à la 14ème édition des Prix Gopo des meilleurs documentaires.

    Prévu fin mars, l’événement a été reporté en raison de la pandémie mondiale de coronavirus.Le film raconte l’histoire d’Ioan Matei Agapi, un charismatique réalisateur de film documentaire âgé de 80 ans. Vivant à Iasi, celui-ci détient toute une collection de films en 16 mm qui couvre presqu’un demi-siècle d’histoire roumaine. Dans un premier temps, Nora Agapi a souhaité faire un film sur ces riches archives que son père détenait. Mais elle se ravise et change d’angle à partir du moment où les autorités locales réclament à son père de déménager sinon il sera évacué.

    La réalisatrice Nora Agapi sur son film Timebox :« Dès le départ, j’aimerais préciser que ce film porte sur mon père. C’est lui qui m’a influencée pendant toute ma vie. Il est un caractère très fort, comme l’affirment tous les jeunes auxquels il a enseigné, à sa manière, les secrets de la photographie et du film. Pourquoi je dis à sa manière ? Parce que mon père a essayé de voir au-delà de la photographie pour se préoccuper de la philosophie et des aspects hilares de la vie. Il a un sacré sens de l’humour. Et puis, il est aussi quelqu’un de très courageux pour qui la vie a été une sorte de spectacle. Donc, l’idée de départ a été de faire un film sur mon père. Mais ce ne fut pas facile. Je me trouvais très proche du sujet. Du coup, j’ai choisi de me pencher notamment sur l’espace dans lequel j’ai grandi et sur la façon dont mon père s’y rapportait. Dans le film, mon père est aussi bien pédagogue que réalisateur. Il ne supporte pas le mot cinéaste, et donc je m’en méfie aussi. Mon père reste un excellent documentariste, qui maitrise à merveille les techniques de composition et de tournage sans qu’il se prenne pour un artiste. Dans un premier temps, je n’ai pas voulu apparaitre dans mon film, parce que le film ne devait pas porter sur moi. Sauf que voilà, au moment où l’on se penche sur son père, inévitablement on finit par parler de soi-même aussi ».

    Nora a démarré son projet en 2011, mais peu de temps après, en 2012, elle s’est rendu compte qu’elle devait changer d’approche afin que son film ne raconte pas que l’histoire du père, mais aussi celle de la maison familiale. Cet espace qui abritait toutes les archives et d’où Ioan Matei Agapi s’est vu contraint de déménager sous la pression des autorités. « L’histoire est assez complexe, mais bon, pour faire court, je vous dis que dans un premier temps, mon père avait loué un espace dans un grand édifice pour y garder ses archives et pouvoir mener ses activités pédagogiques. Cet espace, il a fini par le transformer en son chez soi. Or, après 1990, il n’a pas eu le droit d’en devenir propriétaire, puisque l’endroit, connu sous le nom du Palais Braunstein, était un édifice de patrimoine. Du coup, il a continué à payer des frais de location. Sauf qu’en 2012, sans aucun préavis, la Municipalité a envoyé une lettre à mon père pour le sommer de déménager. Il a porté plainte et quatre ans durant, il a subi la torture psychologique d’un combat contre un système obtus qui s’est montré complètement indifférent face à un senior de 80 ans ayant contribué à sa manière à l’histoire de la ville. Mon film se construit autour de ce combat sans qu’il prenne la forme d’un documentaire social. N’empêche, je pense que par son parcours, mon père devient le symbole d’une lutte que nombre d’entre nous sommes tenus de mener contre toutes ces choses que l’on désapprouve, contre l’esprit souvent étroit de ceux qui nous entourent. Mon rêve fut justement de mettre en lumière tout ce travail de mon père, en sortant de leurs boîtes ses films qu’il a précieusement gardés. »

    A part le trophée du Festival de Jihlava, le palmarès de Timebox est complété par une mention spéciale du jury accordée en 2019 au Festival international du film Transilvania et le prix du meilleur documentaire dans la section Balkan Dox du festival Dokufest IDFF du Kosovo.(trad. Ioana Stancescu)

  • Le bonheur de la photographie

    Le bonheur de la photographie


    La petite dose doptimisme que je vous propose aujourdhui ne mappartient pas. Lidée mest venue après avoir découvert le projet dun photographe lituanien qui, pendant la période de confinement, a utilisé un drone pour faire des photos des familles confinées. Alors du coup, je me suis dit que ce serait à la fois intéressant et joli de prendre quelques photos ces jours-ci, quand les gens retrouvent petit à petit leur vie et forcément, la joie de vivre se voit dans leurs yeux.



    Même si vous nêtes pas un pro de la photographie, cela vous permettrait de garder le souvenir dune période historique. Car, avouons-le, ce que lhumanité vit depuis quelques mois restera comme un moment à part de notre siècle. Et les photographies seront là pour en faire la preuve.




  • Expo Edward Serotta à Bucarest

    Expo Edward Serotta à Bucarest

    Ces instantanés de la liberté, réalisés en Roumanie et dans d’autres pays ex-communistes (Bulgarie, République démocratique d’Allemagne, Pologne, Tchécoslovaquie, et Hongrie) par le photoreporter américain Edward Serotta ont été réunies dans le cadre d’une exposition-témoignage troublante : « 1989 : l’année au cours de laquelle l’Europe est redevenue elle-même », qui a ouvert ses portes ce 16 décembre au Musée de la ville de Bucarest, accueilli par le palais Sutu. Cet événement est organisé par l’Ambassade de l’Autriche à Bucarest, le Forum culturel autrichien de Bucarest, le musée de la ville de Bucarest et Centropa, avec l’appui de Raiffeisen Bank Roumanie. L’exposition sera ouverte jusqu’au 19 janvier 2020, conformément aux horaires d’ouverture du Palais Sutu. Les visiteurs auront la possibilité d’écouter différents témoignages et analyses sur les évènements qui ont eu lieu à travers l’Europe Centrale et de l’Est en 1989. Présentés dans un format spécialement conçu pour cet évènement, les enregistrements audio ont été réalisés par RFI Roumanie dans le cadre de la campagne « Ce que nous avons fait ces 30 dernières années ».

    Edward Serotta est un photographe américain qui a visité l’Europe Centrale et de l’est pour la première fois en 1985. Cette année-la, il a passé un mois entier en Roumanie afin d’immortaliser le quotidien de la communauté juive du pays. En 1988, Edward Serotta quittait définitivement les Etats-Unis pour s’installer à Budapest. Il a fait ce choix afin de pouvoir voyager et étudier plus facilement chaque communauté juive de la région. Il n’avait jamais photographie une révolution, une démonstration de protestation, où des tirs réels avec des armes à feu. Et pourtant, lui et sa camera se sont retrouvées au beau milieu de ces événements dramatiques, comme l’illustre cette exposition.

    *Né en 1949, dans l’Etat américain de Georgie, Edward Serotta a été photoreporter et journaliste pour plusieurs publications américaines Time Magazine, The Guardian, The Washington Post, Reuters, The Observer, The Washington Post, The Los Angeles Times, The Chicago Tribute, Ha’aretz, Tablet Magazine, Die Zeit et Süddeutsche Zeitung. Ses photographies figurent dans les collections permanentes de plusieurs grands musées d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Israël. A partir de 1988, Edward Serotta habite en Europe, à Budapest, puis à Berlin et enfin depuis 1997 à Vienne. De 1991 à 1996 il a publié trois livres sur les Juifs d’Europe Centrale et de l’Est. Entre 1997 et 1999, il a réalisé des films pour ABC News Nightline. En 2000, en collaboration avec deux historiens magyars, Eszter Andor et Dora Sardi il a fondé Centropa, un institut d’histoire des communautés juives, basé dans la capitale autrichienne.

  • « Réseaux du regard » : la collection Aurel Bauh

    « Réseaux du regard » : la collection Aurel Bauh

    Photographe avant-gardiste, Aurel Bauh est né en 1900 à Craiova, dans le sud de la Roumanie. Au début des années ’20, il quitte le pays et s’établit pour un certain temps à Paris, où il participe au mouvement artistique de la capitale française. Son histoire se poursuit à Bucarest où, une décennie plus tard, il allait ouvrir son propre atelier photographique. La collection appartenant au Musée du Paysan roumain contient des scènes de la vie rurale et non seulement. Viviana Iacob, chercheur et commissaire des « Réseaux du regard », explique : « En 1937, Bauh ouvre à Bucarest son atelier, appelé « Studio 43 ». Une année plus tard il présente au public sa première exposition personnelle. A commencer par 1939, il participe aux expositions de photos organisés par l’Office national du tourisme (ONT). Et c’est toujours en 1939 qu’il publie dans la revue de l’ONT deux de ses photos – « Fantaisie hivernale » et « Epi des champs ». Cette dernière allait être désignée gagnante de la 5e exposition de l’Office national du tourisme. En 1945, Aurel Bauh entame un projet consacré à la Vallée du Jiu et une année plus tard il ouvre sa deuxième exposition personnelle. En 1947, les photos qu’il avait prises dans les charbonnages de la Vallée du Jiu accompagnent l’essai « Hommes et charbon » de l’écrivain Geo Bogza. »

    Les Archives d’images du Musée national du Paysan roumain ont donc décidé de rendre ses collections accessibles en milieu virtuel. La plateforme « Réseaux du regard » est un premier essai consacré aux négatifs des photos d’Aurel Bauh. Viviana Iacob nous la présente : « Pour Bauh, nous avons identifié plusieurs séries consacrées à certaines régions géographiques : Văleni, Dâmbovnic, Gurghiu, la Vallée du Jiul. S’y ajoute une série de photographies consacrées à la ville de Bucarest. Une série peut s’étoffer ou diminuer suite aux recherches et aux contributions extérieures et la structure de la plateforme est conçue de manière à soutenir cette fluidité du contenu.»

    Quel est le cheminement d’une image depuis le tiroir où elle est conservée jusqu’aux archives numériques ? Comment construit-on une collection numérique et quels sont les défis d’une telle démarche ? « La timeline – c’est-à-dire la présentation chronologique des négatifs – est donnée par la biographie de Bauh. Elle dépend des recherches entreprises sur ces séries de photos et sur le moment où il les a exposées. Des efforts considérables ont été faits pour découvrir le titre d’une photo ou sa place dans la chronologie de l’œuvre de l’artiste et pour établir un rapport avec d’autres artefacts présents dans d’autres collections. »


    Certes, le contenu des archives est soutenu par des informations vérifiées, que les archivistes appellent « métadonnées ». Consulter de nombreuses sources a constitué une démarche nécessaire avant le lancement de la plateforme « Réseaux du regard » de la collection Aurel Bauh. « Cette série de métadonnées est importante pour établir des connexions pertinentes à l’intérieur de la collection, mais aussi avec d’autres collections de ces archives. Pour dénicher des informations susceptibles de soutenir les métadonnées, une recherche a été nécessaire sur l’histoire de la présentation et de la publication de ces négatifs. Pour dater les négatifs postés sur la plateforme, nous avons dû corroborer des informations provenant de nombreuses sources : biographie du photographe, brochures d’expositions, articles portant sur les projets de Bauh publiés dans les journaux et les revues de l’époque ; articles académiques dédiés à la recherche ethnographique pendant l’entre-deux-guerres, histoire orale, expertise sur le costume traditionnel des différentes zones ethnographiques et technique photographique. »

    « Réseaux du regard » permet au public de trouver sous forme numérique des artefacts signés par Aurel Bauh. Les internautes peuvent également contribuer à enrichir la collection et les informations la concernant. Iris Şerban, chef du bureau des archives d’ethnologie du musée, précise : « Le projet « Réseaux du regard » en est encore à ses débuts. C’est le moyen par lequel nous nous proposons de promouvoir les archives d’ethnologie de notre musée. Cette plateforme est plus qu’une simple base de données, c’est un espace virtuel où non seulement le visiteur peut découvrir du matériel d’archives, des photos, des fragments d’enregistrements audio et vidéo, ainsi que des textes, mais il est aussi invité à y apporter sa propre contribution. »

    Le projet « Réseaux du regard » a été mis en œuvre par le Musée national du Paysan roumain de Bucarest avec l’aide de plusieurs partenaires, dont RIZI Design, Samsung Roumanie, Gemini Solutions, The Plot et le Réseau national des musées de Roumanie. La plateforme « Réseaux du regard » peut être visitée à l’adresse : arhiva.muzeultaranuluiroman.ro. (Trad. : Dominique)

  • Laurent Jouault

    Laurent Jouault


    On a beau à passer en revue ses problèmes d’infrastructure, d’organisation, de niveau de vie, et ainsi de suite, la Roumanie continue pourtant à attirer les étrangers dont certains, définitivement séduits par la beauté de la nature, le calme et l’accueil des gens décident d’y rester. C’est le cas de Laurent Jouault, un Français qui a laissé derrière sa Normandie natale pour s’installer à Moieciu de Sus, un petit village proche de Brasov. C’est dans une ancienne maisonnette qu’il a décidé d’aménager un musée de la photographie qui parle de la beauté des lieux et de ses habitants. Surnommé la Cabane aux images, l’endroit ouvre ses portes aux auditeurs de RRI.





  • « Une autre Europe » résumée en photo

    « Une autre Europe » résumée en photo

    L’exposition « Another Europe / Une autre Europe » vient d’être inaugurée à Sibiu. Elle comprend 28 photos, une pour chaque Etat membre de l’Union européenne. Une exposition qui parle de la diversité, de la richesse et de la culture commune de notre continent, à un moment délicat de son histoire.


    L’exposition est présentée par le Forum culturel autrichien à Bucarest, en collaboration avec EUNIC Roumanie (le Réseau des Instituts culturels nationaux de l’UE), la Représentation de la Commission européenne en Roumanie et la mairie de Sibiu.


    Nous retrouvons à Sibiu notre envoyée, Ileana Ţăroi, qui a assisté au vernissage et Andrei Popov, du Forum Culturel Autrichien.



  • L’Atlas de la beauté

    L’Atlas de la beauté

    Cela fait 4 ans que Mihaela Noroc parcourt le monde en photographiant des femmes. Une initiative personnelle de promouvoir la beauté et la diversité des pays et des cultures s’est vite transformée en un fort message sur la condition toujours difficile des femmes, bien que nous soyons au 21e siècle. Un message que Mihaela Noroc transmet par le biais de son livre « l’Atlas de la Beauté » paru à la fin de l’année dernière en anglais et en roumain.

  • Laurent Jouault

    Laurent Jouault

    A Moieciu de Sus, petit village sis au pied
    des Monts Piatra Craiului, dans le département de Brasov, tout le monde -
    habitants des lieux et touristes en égale mesure – connaît Laurent Jouault et
    sa passion de la photographie. Même si la radio ne joue pas sur le regard, Gens
    d’aujourd’hui a invité aujourd’hui Laurent Jouault à vous parler de son travail
    et de ses projets, dont le plus récent est lié au Théâtre national de Bucarest.