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  • Micul Prinț și Pif, sărbătoriți la Radio România Cultural pe 1 Iunie

    Micul Prinț și Pif, sărbătoriți la Radio România Cultural pe 1 Iunie

    Micul Prinț, care împlinește anul acesta 80 de ani și cățelușul Pif, care are 75 de ani, sunt sărbătoriții zilei de 1 Iunie la Radio România Cultural.


    Ambele personaje au vrăjit generații de pe tot mapamondul și continuă să fie la fel de tinere și ingenue, cu mult farmec și la fel de atractive și pentru copiii de acum.


    Despre cum îl văd ei pe Micul Prinț, ce întrebări i-ar pune dacă l-ar vedea aievea, aflăm de la ora 15:30, dintr-o ediție inedită a emisiunii Scena și ecranul.



    Maria Balabaș spune povestea unor înregistrări făcute în vara anului 2020, în plină pandemie. În satul transilvănean unde locuia, ca o încercare personală de a găsi un sens locuitului în izolare, a inițiat o serie de întâlniri cu câțiva copii din sat. În centrul discuțiilor și a lecturilor a stat Micul Prinț. Maria Balabaș a înregistrat descrierile foarte vii ale copiilor și a descoperit în acest material irepetabil o formă de teatru improvizatoric. Farmecul vine din sinceritatea și dezinvoltura cu care copiii descoperă povestea Micului prinț, din comparațiile făcute cu propriile lor vieți.


    “Pilotule…Hello! Pilotule, spune-mi și mie ceva… De ce mașinile mănâncă benzină? De ce avioanele se prăbușesc? Și cum avioanele zboară și mașinile merg? Și cum oamenii sunt făcuți? Și cum buburuzele sunt făcute?”, îl întreabă Andreea pe Micul Prinț.



    Mai târziu, de la ora 21:10, într-o ediție specială a emisiunii Născut în România, Anamaria Spătaru va sta de vorbă cu Mircea Arapu, grafician român care a intrat în redacția revistei Pif Gadget în 1981, publicând în paginile ei peste treizeci de episoade din Arthur fantoma justițiară și altele cu Pif și Hercule sau Placid și Muzo.


    Pif a fost eroul copilăriei sale, l-a îndrăgit atât de mult încât: La vârsta de 4 ani am decis, dincolo de paginile revistei, să-mi regăsesc prietenii imaginari – personajele benzilor desenate, la Paris. Am pregătit o valiză de mărime potrivită cu perna preferată și pătura, m-am îmbrăcat cu costumul meu de zile de sărbătoare și am plecat pe strada mea, știam că la capăt trece autobuzul 33 care ducea la Gara de Nord, unde desigur voi găsi un tren pentru Paris…, povestește Mircea Arapu.



    O mătușă l-a găsit și l-a adus acasă, dar visul i s-a împlinit și destinul său este și acum legat de Pif. Este desenatorul acestuia și în actuala versiune a revistei, Pif le Mag. Pentru sărbătorirea celor 75 de ani ai personajului, a creat un timbru sub formă de strip – scurtă bandă desenată de trei imagini – o premieră pentru Poșta Franceză, primit cu mult entuziasm. Este al doilea român care reușește să creeze un timbru pentru Poșta Franceză, după Mircea Cantor.


    Dar cum a fost această călătorie în lumea lui Pif și a prietenilor săi până acum, cum arăta o ședință de redacție la revista Pif, ce a făcut ca acest personaj să fie atât de iubit, de ce în mai multe momente revista a dispărut de pe piață și ce își dorește noul proprietar, vor fi subiectele discuției cu Mircea Arapu.


  • Christian Ghibaudo (France)  – Les aventures de Pif le chien publiées en Roumanie

    Christian Ghibaudo (France) – Les aventures de Pif le chien publiées en Roumanie

    l’histoire de la revue Pif en Roumanie est très intéressante. Et pour pouvoir la raconter j’ai dû interroger aussi mon père, qui était adolescent dans les années ’60 – ’70, justement durant l’âge d’or de la revue Pif. En effet, durant cette période-là les Roumains avaient la possibilité de s’abonner à des publications étrangères, voire occidentales. Certes, il s’agissait de publications agrées par le régime et les publications de gauche et surtout celles financées par les communistes étaient privilégiées. A Bucarest, par exemple, certains kiosques proposaient aussi des magazines occidentaux, tel Paris Match. Mais le nombre des exemplaires était assez limité et les pages contenant des articles qui ne convenaient pas au régime étaient tout simplement découpées au ciseau. On pouvait retrouver seulement le titre et le résumé d’un article inconfortable portant par exemple sur la démolition des villages traditionnels roumains. Tel n’était pas le cas des revues Pif ou Rahan qui comptaient dans les années ’60 et ’70 parmi les quelques publications pour les enfants et les jeunes disponibles sur le marché roumain. Ces magazines étaient lus et relus, prêtés, collectionnés en séries complètes, sinon échangés pour d’autres jouets, puisqu’un abonnement n’était toujours pas à la portée de tout le monde.



    L’apparition d’un gadget vendu en accompagnement de la revue Pif aurait pu enchanter davantage les abonnés. Peu d’entre eux arrivaient à obtenir le très convoité gadget, puisque le plus souvent il était volé en route vers le destinataire final. Tout était ensuite à retrouver sur le marché noir. Mais les quelques fortunés qui avaient enfin la chance de pouvoir ouvrir le film en plastique du magazine pouvaient sentir l’odeur de l’Occident, car Pif était complètement supérieur à tout ce que l’on publiait en Roumanie à l’époque, tant côté contenu, que côté qualité graphique.



    Pour les jeunes roumains, parcourir un exemplaire original de Pif était une incursion dans l’Occident capitaliste, ce qui est assez ironique vu que la publication était éditée par le Parti communiste français. Mais même entre camarades communistes, les questions pécuniaires pouvaient mener à des dissensions majeures. Un tel épisode a eu lieu lorsque les autorités roumaines ont cessé de payer pour les revues arrivées en Roumanie, ce qui a poussé les Français à menacer par leur retrait du marché roumain. Finalement, un compromis a été scellé et pendant une certaine période de temps, la revue RAHAN fut imprimée en Roumanie. On disait que ces numéros étaient facilement identifiables puisqu’ils se dégradaient plus rapidement.



    Autre anecdote à propos de Pif : on pouvait choisir un ami par correspondance parmi les jeunes de tous les pays où le magazine était vendu. Beaucoup de jeunes roumains se son liés d’amitié avec des lecteurs étrangers. Certains lecteurs roumains ont réussi à émigrer grâce justement aux invitations officielles faites par leurs amis par correspondance. Parallèlement, à commencer par 1967, le régime a sorti son propre magazine pour les jeunes appelé « Cutezatorii »/ « Les téméraires », publication dans laquelle l’idéologie communiste était beaucoup plus présente. Seul son supplément « La fusée des téméraires » était dépourvue de textes doctrinaires, car son contenu était presqu’exclusivement technique. Mais le succès des deux revues n’a jamais atteint celui de leurs correspondantes de France, puisqu’entre autres le contenu de BD, dont les aventures en langue roumaine du célèbre chien Pif, était beaucoup plus réduit. Et cela même si « Les téméraires » était le fruit d’une collaboration franco-roumaine : un des personnages des séries BD roumaines, le robot Minitechnicus portait la signature justement de Jose Cabrero Arnal, le créateur des personnages tels Placid et Muzo ou Pif et Hercule et ainsi de suite.



    Minitechnicus déssinné pour la première fois par l’artiste durant sa visite en Roumanie en 1970, a bénéficié d’une grande notoriété et c’est probablement pourquoi une décennie plus tard il allait être supprimé, puisque selon les idéologues du Parti unique, son nom n’était pas roumain. Vers la fin des années 1980, Pif n’était plus disponible en Roumanie, où le régime imposait ses propres publications, dans lesquelles la propagande communiste et nationaliste était omniprésente. Ironie du sort, la seule publication toujours disponible d’une qualité quasi-identique à Pif et dépourvue en grande partie de la propagande communiste était un magazine soviétique de BD sorti en différentes langues étrangères dont en français. Somme toute Pif a marqué toute une génération en Roumanie et a contribué au renouveau de la francophonie dans ce pays.



    Par le biais de cette revue les Roumains entraient en contact avec la culture française, avec la culture populaire occidentale et avec une culture tout à fait inhabituelle pour nous, celle de la BD. Des générations entières d’enfants ont appris le français, de manière intuitive et spontanée, en lisant des bandes dessinées. Vous pouvez apprendre davantage sur la revue Pif et la BD en Roumanie à l’époque communiste si vous recherchez sur notre site rri.ro l’édition de notre dossier « Pro Mémoria » de novembre 2014 qui contient une interview avec le réputé politologue Ioan Stanomir, également passionné de BD.

  • La bande dessinée dans la Roumanie socialiste

    La bande dessinée dans la Roumanie socialiste

    A l’époque, les bandes dessinées ayant joui de la plus grande visibilité furent celles publiées dans la revue « Cutezătorii » — « Les téméraires », publication de propagande du régime destinée aux jeunes de moins de 14 ans, âge auquel ils quittaient les organisations de pionniers pour être intégrés aux organisations de la jeunesse communiste. C’est pourquoi ces bandes dessinées étaient peu sophistiquées du point de vue intellectuel et esthétique.



    C’est sans doute la revue française « Pif Gadget » qui a ouvert la soif de bande dessinée à plusieurs générations d’enfants roumains. Ioan Stanomir, historien de la bande dessinée, explique: « Pif Gadget est une des histoires les plus étranges et complexes de la guerre froide. Née des cendres de la revue « Vaillant », elle a, tout comme « Cutezătorii », une double fonction : bande dessinée et revue de propagande du Parti Communiste Français. L’entrée de « Pif Gadget » dans l’espace communiste a été rendue possible justement en raison de cette relation étroite qui s’est tissée entre la Roumanie et la France après ’65-’68. C’est une relation qui s’est établie à plusieurs niveaux, comportant les relations avec la France officielle, gaulliste, mais aussi avec la sous-culture et la contre-culture communiste. C’est ce qui explique l’existence, à l’époque, de plusieurs coproductions cinématographiques franco-roumaines. Les livres de poche et les films français ont pénétré en Roumanie, ainsi que cette revue, qui a probablement été une des présences les plus insolites dans le paysage roumain. Par le biais de cette revue les Roumains entraient en contact avec la culture française, avec la culture populaire occidentale et avec une culture tout à fait inhabituelle pour nous, celle de la BD. Des générations entières d’enfants ont appris le français, de manière intuitive et spontanée, en lisant des bandes dessinées. A un moment donné, ils ont découvert l’existence d’un personnage appelé Superman, originaire de la planète Krypton. Lus tard, quand Superman est apparu sur les écrans roumains, les enfants et les adolescents le connaissaient déjà, pour l’avoir rencontré dans les pages de la revue « Pif Gadget ».



    Rahan a été un autre héros important de bandes dessinés en Roumanie. Nous repassons le micro à Ioan Stanomir: « Rahan s’est fait connaître en Roumanie par la même voie. C’est un personnage culte, qui peut être compris si on le regarde du point de vue de la culture populaire américaine et occidentale. Rahan est un être des débuts de l’humanité. Il fait la liaison entre les êtres qui ne sont pas encore des êtres humains et ceux qui deviendront des êtres humains. Il est très semblable au genre de personnages que l’on rencontre dans les films américains contemporains, comme « 10.000 » par exemple. Le héros est un homme qui affronte les tigres de caverne, les mammouths, quelqu’un qui apprend aux autres à découvrir l’humanité. Une sorte de Prométhée qui s’ignore. En visitant les sites des mordus de la bande dessinée, on constate que ceux qui gardent la mémoire de Rahan sont nombreux. A l’origine, Rahan est lié à Tarzan, un des personnages dont l’Occident a conservé la mémoire. Tarzan est un homme blanc qui ignore sa condition sur un continent à population noire. Il s’agit du paternalisme de celui qui est blanc par rapport à ceux qui sont noirs et qui se trouvent au début de la civilisation. « Pif » n’était certainement pas une revue raciste, car l’idéologie de gauche ne rimait pas avec le racisme. « Pif » venait d’une plaque tournante communiste et a fait savoir aux enfants de l’époque qu’il y avait des enfants qui parlaient français en Côte d’Ivoire, au Maroc, en France, en Roumanie. On pouvait choisir un ami par correspondance parmi les jeunes de ces pays. Je pense que la lutte contre le racisme, quelle que soit l’idéologie dont elle sortait, est une lutte noble et il est merveilleux qu’un enfant de Roumanie puisse échanger des messages avec un enfant du Maroc ou du Sénégal. Et c’est « Pif » qui a assuré cette médiation. »



    Nous avons demandé à Ioan Stanomir pourquoi il n’y a pas eu de héros roumains de bande dessinée : « Quand nous étions petits et que l’on nous distribuait à l’école la revue « Cutezătorii », nous la roulions et en cognions nos collègues sur la tête. Moi, je n’ai pas aimé la revue « Cutezătorii ». En échange, je peux vous dire quels étaient les héros de la revue « Pif ». Il y a toute une galerie qui commence avec Pif et Hercule. Nous avions adopté la plupart de ces héros. Rahan, Placid et Muzo, Léonard, Doc Justice, c’est comme si c’étaient nos propres héros. Nous ne comprenions pas grand-chose, nous savions qu’elles venaient de quelque part, joliment emballées, comme de magnifiques surprises, ces revues qui nous rendaient heureux. Nos enfants ne souhaitaient pas être des pionniers. Ils l’étaient, parce qu’on les faisait entrer dans les organisations de pionniers, mais ce n’était pas de ça qu’ils rêvaient. Ils rêvaient de ces surprises qui évoquaient en fait la culture consumériste occidentale. Les enfants rêvaient d’un aéroglisseur et non pas la cravate rouge de pionnier. On souhaitait avoir des bombons délicieux venant de l’étranger et non pas les bombons de Roumanie, qui n’avaient aucun goût. La culture consumériste occidentale a pénétré en Roumanie parce qu’elle était le véhicule d’un monde plein de couleurs et de saveurs. Les jeunes d’aujourd’hui ne comprennent peut-être pas, mais la saveur y a été pour beaucoup dans la chute du communisme. Le fait qu’il y avait un culte pour les bombons cubains et pour le chewing gum Turbo, qui avait un goût, par rapport à Gumela, produit en Roumanie, qui n’en avait aucun, cela explique tout. Nous vivions dans un monde de clones sans arôme et sans goût. La lutte des illégalistes ne me disait rien. Nous avions les illégalistes de la Résistance française, qui étaient beaucoup plus sympathiques. De manière paradoxale et non-intentionnelle, en Roumanie, la revue « Pif » a servi la cause du capitalisme et non pas celle du communisme. »


    (Trad. : Dominique)