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  • Les relations roumano-ukrainiennes

    Les relations roumano-ukrainiennes

    Moins de trois mois après la prise de ses fonctions, le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, a visité mardi l’Ukraine voisine, pour réaffirmer le soutien ferme de Bucarest à la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de ce pays. A l’exemple de son prédécesseur, Traian Băsescu, du gouvernement, du Parlement et du ministère des Affaires étrangères de Bucarest, le nouveau chef de l’Etat roumain a été catégorique à désavouer les actions agressives de la Fédération de Russie, qui annexait voici un an la péninsule de Crimée, dans le sud de l’Ukraine, et appuyait ultérieurement la rébellion sécessionniste dans l’est du pays. Klaus Iohannis: « La position de la Roumanie est favorable au maintien du régime des sanctions de l’UE à l’adresse de la Fédération de Russie tant que l’accord de cessez-le-feu de Minsk n’est pas appliqué pleinement ou si la situation sur le terrain continue de se dégrader ».



    Lors de ses discussions à Kiev avec son homologue, Petro Porochenko, le président Iohannis a confirmé que la Roumanie souhaitait tant un approfondissement des relations bilatérales qu’un rapprochement de l’Ukraine de l’Union européenne. Son amphitryon l’a d’ailleurs explicitement remercié pour le soutien au parcours européen de son pays et a rappelé que la Roumanie avait été le premier Etat à ratifier, l’année dernière, les accords d’association et de libre échange conclus par l’Ukraine avec Bruxelles. A la conférence de presse conjointe, le président Porochenko a révélé : « Nous avons passé des contrats avec 11 Etats de l’UE, que je ne souhaite pas mentionner, pour la livraison d’armement défensif. Nous sommes également convenus avec plusieurs pays pour que les militaires de l’armée ukrainienne effectuent des stages de formation. A Berlin et aujourd’hui, avec le président Iohannis, nous sommes tombés d’accord que nos soldats blessés soient soignés en Allemagne et en Roumanie ».



    Ce ne serait pas la première fois que les victimes des violences d’Ukraine arrivent dans les hôpitaux roumains. Début 2014, c’est toujours pour des raisons humanitaires que des personnes blessées dans la répression déclenchée par l’ancien régime philo russe contre les manifestants pro occidentaux de Kiev ont été admis dans des hôpitaux bucarestois. L’envoyé spécial de Radio Roumanie à Kiev cite le président Porochenko qui disait que la création d’une ligne aérienne directe entre Kiev et Bucarest était à l’étude. Et aussi que les dossiers du petit trafic de frontière et de la suppression des visas pour les citoyens ukrainiens qui voyagent en Europe avaient été abordés. De telles initiatives sont de nature à renforcer la confiance mutuelle.



    Il convient de noter que tout n’a pas toujours été au beau fixe dans les rapports roumano-ukrainiens à travers temps. Mentionnons à titre d’exemple la dispute tranchée par la Cour internationale de justice en faveur de la Roumanie, la question des droits des près d’un demi-million d’ethniques roumains de l’ouest de l’Ukraine ou l’idée des anciennes administrations de Kiev d’aménager un canal artificiel au delta du Danube, avec des conséquences graves sur l’environnement. Ou encore la récupération des investissements fait par Bucarest, du temps du communisme, dans l’ancien combinat soviétique de Krivoï Rog. Coopter l’Ukraine sur l’orbite occidentale et voir adopter par Kiev les valeurs européennes serait donc un plus non équivoque pour la Roumanie aussi. (trad. Ligia Mihaiescu)



  • A la une de la presse roumaine – 13.02.2015

    A la une de la presse roumaine – 13.02.2015

    Les quotidiens de Bucarest commentent les résultats du sommet de la dernière chance de Minsk. La situation en Ukraine a également figuré à l’agenda du Conseil Européen de Bruxelles, le premier auquel participe le président roumain Klaus Iohannis. Entre temps aux Etats-Unis, le premier ministre Victor Ponta a rencontré des représentants de grandes entreprises américaines, alors que les compagnies mammouth à capital d’Etat se confrontent à de nombreux problèmes, malgré trois accords avec le FMI. Déjà les mineurs de la région d’Olténie menacent de déclencher la grève.




  • Défis géopolitiques dans la région de la Roumanie

    Défis géopolitiques dans la région de la Roumanie

    Léconomie de la Fédération de Russie est en train de connaître la récession, alors que les sanctions imposées suite à son implication en Ukraine ont fait plonger sa monnaie à des taux minimums par rapport à leuro et au dollar. “Les sanctions sont illégales et lOccident utilise cet instrument pour libérer sa furie. Ceci nest pas notre chemin.” – a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui plaidait pour une relance du dialogue politique. Les Etats-Unis ont récemment annoncé quils pourraient annuler certaines sanctions contre la Russie, si Moscou respectait les accords de Minsk du 5 septembre, qui ont mené à un cessez-le-feu entre les forces ukrainiennes et les séparatistes pro-russes.



    Que devraient faire les Etats-Unis et lUE pour lUkraine? Le directeur du centre Eurasie du Conseil Atlantique de Washington, ex-ambassadeur des Etats-Unis à Kiev entre 2003 et 2006, John Herbst, affirmait dans une interview accordée à la radio publique roumaine que : « Il faut dabord maintenir un régime de sanctions fortes contre la Russie et, si elle avance dans lest de lUkraine le moment sera venu pour les Etats Unis et lEurope dimposer de nouvelles sanctions sectorielles contre Moscou. Et même si la Russie navance plus, les sanctions devraient rester en vigueur. Deuxièmement, les Etats-Unis devraient assumer leur rôle directeur et lOccident en général devrait fournir des ressources militaires majeures à lUkraine. Troisièmement, lOTAN doit produire une réponse beaucoup plus vigoureuse à lagression de la Russie en Ukraine et aux défis lancés par la Russie aux pays baltes. »



    A la veille de sa première visite en Occident en quatre mois, au Sommet Asie – Europe de Milan, Vladimir Poutine a fait un nouveau pas vers une désescalade de la situation en Ukraine et des tensions entre Russes et Occidentaux, engagés dans leur plus sévère confrontation depuis la fin de la guerre froide. Le leader du Kremlin a ordonné à son ministre de la défense de retirer les troupes russes, déployées depuis cet été à la frontière russo-ukrainienne, officiellement, pour participer à des exercices. Le secrétaire américain dEtat John Kerry a confirmé que les troupes russes avaient commencé à se retirer dUkraine et de la zone frontalière, mais il a affirmé que les combats entre séparatistes et forces ukrainiennes continuaient à faire des victimes. “Les tirs autour de laéroport de Donetsk doivent cesser, les troupes et les armes étrangères doivent se retirer et libérer tous les otages, a affirmé M Kerry, soulignant que la souveraineté devrait être instaurée le long de la frontière entre lUkraine et la Russie. Ce sont les principales conditions requises pour la levée des sanctions, a-t-il rappelé. Par ailleurs, à Kiev, la conseillère du secrétaire dEtat des Etats-Unis, Victoria Nuland, a déclaré quil était peu probable que les pays de lOtan acceptent une éventuelle intégration de lUkraine dans lAlliance atlantique. A son avis, “ce pays bénéficie déjà de tous les avantages dune telle coopération” et “les portes de lAlliance restent ouvertes à tout pays qui répond aux critères requis.”



    La Roumanie demeure une île euro-atlantique entourée de pays favorables à la Russie, estiment par ailleurs, plusieurs prestigieux analystes américains, spécialistes de lEurope du sud-est et de lespace ex-soviétique, qui soulignaient ainsi les différents engagements des pays voisins de la Roumanie envers Moscou. La Roumanie serait-elle vulnérable aux pressions du Kremlin dans la région? Edward Lucas, éditorialiste à The Economist, nous en parle:


    « Oui, la Roumanie est vulnérable puisqu’elle est entourée de pays signataires d’accords avec les Russes: la Bulgarie au sud et la Hongrie au nord-ouest. L’Ukraine a conclu également un accord avec la Russie, même si on ne sait pas très bien sur quoi porte exactement ce document signé en secret par Porochenko et Poutine. Il y a aussi la République de Moldova, placée dans la sphère d’influence russe, pas entièrement, mais en danger de l’être. Et puis, n’oublions pas la Serbie. Comme quoi vous êtes entourés de pays pro-russes. »



    A son tour, John Herbst affirme à propos de la vulnérabilité: « Je pense que chacun des pays est-européens membres de l’OTAN, en particulier ceux où vivent des groupes d’ethniques russes, est vulnérable aux pressions du Kremlin. Vladimir Poutine mène une politique très agressive et l’Occident doit comprendre cette réalité. »



    Aux dires d’Edward Lucas au fur et à mesure que l’Ukraine saffaiblit et que la vie des gens se dégrade, la population deviendra encore plus désespérée et réceptive à la propagande russe”.« Les Russes souhaitent miner la crédibilité occidentale en Ukraine où les responsables politiques font des promesses quils ne peuvent pas tenir. Or, si l’Ukraine ne peut pas rembourser ses dettes en hiver, le FMI se sentira humilié d’avoir prêté de l’argent à un pays qui, selon les règles du jeu, ne le méritait pas. Et puis si, Kiev prendra, par désespoir, le gaz destiné à l’Europe de l’Ouest, l’Occident se retrouvera de nouveau dans une situation embarrassante. »



    De l’avis de John Herbst, on ne saurait ignorer le fait que depuis six semaines déjà, Moscou est passé à l’attaque contre les Pays Baltes: elle a enlevé un officier estonien de contre-espionnage du côté estonien de la frontière, elle a capturé des navires lituaniens et insiste que la Lituanie lui livre les citoyens ayant refusé de s’enrôler dans l’armée soviétique dans les années 1990. Autant de gestes censées démontrer aux Pays Baltes que l’OTAN n’a pas de force pour les protéger totalement. (trad. Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)