Tag: poterie

  • Comment préserver les traditions en Roumanie ?

    Comment préserver les traditions en Roumanie ?

    C’est en 2008 que la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO a officiellement vu le jour, aux termes de la « Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel », adoptée à Paris en 2003. Depuis, 9 coutumes roumaines ont été rajoutées à cette liste : le « Călușul » une danse rituelle masculine incluse en 2008, la « Doina » – une chanson traditionnelle mélancolique typiquement roumaine (2009), l’art de la céramique de Horezu (2012), le rituel d’hiver observé par des groupes d’hommes qui vont de maison en maison en chantant des cantiques en Roumanie et en République de Moldova (2013), une danse des jeunes hommes de Transylvanie (2015), les techniques traditionnelles de réalisation des tapis muraux en Roumanie en Moldavie voisine (2016), le Mărțișor – cette amulette porte-bonheur avec un fil tressé rouge et blanc offerte le 1er mars (2017, une tradition que la Roumanie partage avec la République de Moldova et l’ancienne république yougoslave de Macédoine), la blouse roumaine et les traditions liées à l’élevage des chevaux de la race « Lipizan » (2022), cette dernière coutume étant une inscription conjointe avec l’Autriche, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, l’Italie, la Slovaquie, la Slovénie et la Hongrie.

     

    Et aussi rassurant que cela puisse paraître pour la sauvegarde des coutumes et traditions roumaines, les personnes qui peuvent encore les transmettre aux générations futures se font de plus en plus rares en Roumanie.

     

    Aujourd’hui nous donnons la parole à deux maîtres artisans qui font de leur mieux pour perpétuer les traditions. Leur art : le travail du bois et la poterie. C’est à l’Ecole populaire d’Arts «Constantin Brâncuşi » de Târgu Jiu que deux de ces maîtres artisans nous ont fait part de leur expérience.

    Pour commencer voici le témoignage de Marin Daniel Preduț, formateur au sein de cette Ecole, spécialiste de l’Art du travail du bois :

     

    « Cette passion, je l’ai découverte il y a 3 ans. J’ai vécu à l’étranger pendant 8 ans et lorsque je suis rentré au pays à cause de la pandémie, j’ai ouvert un petit atelier de menuiserie. Il n’a cessé de grandir et j’en suis très satisfait. A part les icônes sculptées en bois et les plateaux, je fabrique aussi des chalets, des kiosques et des balançoires en bois. La plupart de nos clients apprécient vraiment le bois. »

     

    Cela prend entre 20 et 60 minutes pour sculpter une icône. Puis il faut lui appliquer une teinture spéciale, traditionnelle, secrète. Pour ce qui est d’un petit chalet simple, sans étage, il faut environ 7 jours pour en construire un. Mais notre invité s’adonne aussi à des projets plus amples. Marin Daniel Preduț:

     

    « J’ai réalisé un parc entier financé de fonds européens pour une pension touristique réunissant 5 petites cabanes, un grand kiosque, un four, un sauna… Un travail qui a duré environ 6 mois. » 

     

    Le bois est donc toujours recherché par les Roumains, pour des raisons pratiques notamment. Mais qu’en est-il de la poterie ? Pour connaître la réponse à cette question, nous nous sommes adressés à Marian Măgureanu, lui aussi professeur à l’Ecole populaire d’Arts «Constantin Brâncuşi » de Târgu Jiu. Il est à l’origine d’un club de poterie pour les lycéens. Voici son histoire. Marian Măgureanu :

     

    « Nous avons commencé par la poterie manuelle, une technique qui date en fait du néolithique. Je tente aussi de leur raconter comment vivaient et travaillaient nos ancêtres. Les enfants d’aujourd’hui n’ont pas vu beaucoup d’objets issus de la poterie. Mais cet atelier leur fait plaisir et ils y participent tout le long de l’année. »

     

    Marian Măgureanu profite aussi de l’occasion pour raconter différentes histoires à ses élèves, par exemple où les gens se procuraient jadis la terre glaise :

     

    « Traditionnellement, les gens creusaient la terre à différents endroits qui n’étaient pas connus de tous et ils transformaient cette terre à plusieurs reprises au cours d’une année. Il fallait la laisser geler à l’extérieur, puis la ramener à l’intérieur, la couper avec un couteau, la ramollir avec ses pieds, lui rajouter de l’eau… Enfin, on en faisait des boules que l’on gardait recouvertes d’un tissu. De nos jours, on va chercher notre terre glaise dans des usines spécialisées, il y en a plusieurs. Une fois modelée, il faut la laisser sécher lentement à un endroit qui ne soit pas exposé à la lumière du soleil…  » 

     

    Et bien que l’atelier du lycée ne dispose pas encore d’un four pour faire cuire les céramiques réalisées par les jeunes et qu’il faille à chaque fois faire appel à d’autres artisans locaux, Marian Măgureanu est fier de pouvoir transmettre son art à la nouvelle génération. Un enthousiasme que peu de gens partagent encore et qui sera repris, espérons-le bien, par les jeunes, pour aider à conserver les arts et métiers qui témoignent de notre héritage culturel et de notre identité nationale. (trad. Valentina Beleavski)

  • La poterie traditionnelle

    La poterie traditionnelle

    Le village de Luncaviţa est situé dans le sud-est du pays sur la rive droite du Danube, à l’aval de la ville de Galaţi, à 4 km seulement de la dépression où les experts ont découvert le site attribué à la culture Gumelniţa, datant du 5e millénaire avant Jésus-Christ. La poterie est un des plus importants métiers traditionnels pratiqués jadis à Luncaviţa.

    Marcel Mocanu, potier de Braniştea, toujours dans le comté de Galaţi, tâche de raviver à Luncaviţa la tradition de la poterie, connue, il y a plusieurs siècles, dans la vallée du fleuve : « J’ai appris à travailler la terre glaise de mes parents, quand j’avais environ 7 ans. Il y a une vingtaine d’années, je me suis bâti une maison à la campagne, avec un atelier et depuis je m’occupe uniquement de la poterie. J’ai une pièce où je travaille et une autre pour le séchage. J’utilise les deux roues traditionnelles, que je tourne avec le pied. La plus grande sert au modelage, la petite à la décoration de la céramique. Les objets que je travaille, c’est ma femme qui se charge de les décorer de motifs traditionnels. Ce sont des objets que l’on utilise notamment en cuisine : tasses, mugs, pots pour le lait et pour cuire le plat traditionnel des Roumains – les « sarmale ».

    Marcel Mocanu est un des seuls potiers qui respecte entièrement les procédés traditionnels. Il se procure, lui-même, la matière première et c’est toujours lui qui, aidé par les membres de sa famille, pétrit, travaille, fait cuire et décore les récipients en céramique qui sont tous des pièces uniques.

    Marcel Mocanu: « J’apporte la glaise du marais, c’est une terre collante. Je l’arrose à la maison, je le laisse macérer 3-4 jours. Ensuite nous le pétrissons avec les pieds. Puis, on la met sur le banc de travail et on la pétrit de nouveau, cette fois-ci à la main, de la même façon dont on pétrit la pâte pour faire du pain. Quand on a fini, on en fait des boules, plus ou moins grandes, en fonction de la dimension de pots qui vont en résulter. Pour un pot où l’on va cuire les « sarmale », il faut de grandes boules de glaise et on doit avoir beaucoup de force pour les modeler. Ça prend également plus de temps. Mes pots, je les cuis deux fois à mille degré. Notre terre est grise, presque noire. Exposée à une température si élevée, elle devient rouge. Avant la deuxième cuisson, les pots sont couverts d’un émail écologique d’importation, qui ne contient plus de plomb, comme celui utilisé jadis. A de telles températures, cet émail liquide prend l’aspect d’une couche de verre lisse et transparente, qui protège la décoration et empêche les aliments liquides de pénétrer dans la céramique pour la tacher. »

    La céramique travaillée dans la vallée du Danube est très recherchée par les passionnés d’art traditionnel. Sa chromatique discrète, aux couleurs vives, et les formes sveltes des pots attirent tout de suite l’attention des visiteurs dans les musées ethnographiques où ces objets sont exposés.

    Marcel Mocanu : « Nous n’employons pas beaucoup de motifs décoratifs sur nos pots. Nous nous limitons à ceux traditionnels : les vagues du Danube, des fleurs des champs, la pivoine, la spirale de la vie, l’arbre de la vie. Nous utilisons le blanc, le noir, le rouge. Où que j’aille dans le pays, aux expositions et foires ouvertes par les différents musées ethnographiques, les gens reconnaissent mes objets de Braniştea. A Luncaviţa, à ma grande joie, parmi les 30 personnes qui ont participé à mes cours de poterie, 4 ont commencé à travailler. Dans tout le sud de la Moldavie, entre les villes de Iaşi et Galaţi, il n’y a pas d’autre centre de céramique. Jusqu’à Horezu, je suis le seul à travailler la céramique dans un atelier. »

    Marcel Mocanu souhaite que l’art de la poterie traditionnelle soit continué par les jeunes. Il pense que le projet de Luncaviţa peut donner aux villages de la vallée du Danube une nouvelle génération de potiers, de sorte que ce métier puisse y survivre. (Trad. : Dominique)

  • Tourisme balnéaire, monacal et alpin

    Tourisme balnéaire, monacal et alpin

    Un endroit où trois formes de tourisme se donnent, dailleurs, la main pour le plaisir dun public aussi large que possible – les tourismes thermal, monacal et alpin. Une combinaison parfaite, selon Mihai Mateescu, maire de Govora: “Nous nous sommes lancés dans le tourisme médical, afin dattirer plus de ressortissants étrangers et nous travaillons étroitement en ce sens avec des municipalités italiennes et suisses. Nous souhaitons dynamiser dailleurs tout ce qui se passe dans cette station, et je pense que la récente visite à Govora dune cinquantaine dambassadeurs et de consuls étrangers a été un tournant en ce sens. On a vu ainsi, en Roumanie et à létranger, que dans cette station se passent des choses. Nous avons lintention dattirer davantage lattention de nos hôtes sur la dimension culturelle de Govora – notre musée thermal, lhôtel Palace, le fleuron de notre ville, qui est monument historique et a été récemment restauré. Nous allons bientôt rénover aussi le cinéma, érigé en 1929 daprès les plans de la première femme architecte dEurope, Virginia Haret Andreescu. La dimension culturelle en combinaison avec le microclimat unique en Europe, rendent Govora une destination qui mérite largement leffort dêtre explorée. Venez vous convaincre!”



    Andreea Sârbu est experte en tourisme et dirige un important hôtel bucarestois. Elle sest récemment rendue à Govora, un endroit quelle na plus visité depuis son enfance. Maintenant, elle a essayé dy superposer le regard du spécialiste: “Jai tout dabord retrouvé le parc avec ses écureuils et ses biches et son ambiance na pas beaucoup changé et cest tant mieux. Jai été très impressionnée par lhôtel Palace, récemment remis à neuf avec des fonds européens. Lédifice est exceptionnel et vous devez absolument le voir, même si vous choisissez de ne pas rester dans la station et de vous loger dans les environs, à Ocnele Mari, la commune avec une grande mine de sel, ou encore dans la ville de Râmnicu Vâlcea. Lhôtel Palace a une équipe de gens très compétents et accueillants qui veillent de près sur la qualité des services proposés à lhébergement ou au centre de traitement. Quel que soit le but de votre voyage à Govora – la cure ou tout simplement la détente – je dirais que lhôtel Palace est vraiment un choix intéressant”.



    La mine de sel de Ocnele Mari est, justement, située à une vingtaine de kilomètres de Govora. Cest une destination à ne pas rater tant pour ceux dentre vous qui souhaitent passer quelques heures loin du soleil torride de lété que pour les touristes en quête de cures pour les maladies respiratoires. A 170 mètres sous terre vous attend un grand espace de détente conçu pour des activités aussi diverses que possible.



    Cinéma, boutique, chapelle, terrains de jeux et ainsi de suite – tout est là pour passer un bon moment dans lair ionisé de la mine de sel, précise Anca Maria Perţ, guide touristique du site: « La salle de cinéma a une capacité de 40 places et elle est très convoitée par les enfants qui regardent des dessins animés. Il existe aussi un espace de détente, où les touristes peuvent voir un film, boire un thé chaud et inhaler les aérosols salins, recommandés dans le traitement des nombreuses maladies respiratoires. La mine de sel de Ocnele Mari se fait remarquer par l’alternance des couches de sel qui est due aux conditions climatiques au moment où le gisement a été formé. Le spectacle offert par l’alternance de ces couches est unique en Roumanie. La mine de sel Ocnele Mari a aussi un magasin de souvenirs, un lieu de culte, soit la plus grande église souterraine de Roumanie, un espace de loisirs où les visiteurs peuvent pratiquer différents sports et une salle de fitness. Dans le centre de notre restaurant à spécifique roumain se trouve une merveilleuse artésienne, formée de blocs de sel. Hormis les loisirs, les touristes peuvent faire de véritable cures d’aérosols. Ce traitement dans le souterrain qui s’appelle spéléothérapie est basé sur le dosage de l’effort physique et la stimulation des voies respiratoires. Les ions de la mine de sel sont indiqués pour l’apaisement de la toux, ayant des effets anti-inflammatoire et broncho-dilatateur. »



    Près de Govora les bains se trouve aussi la localité de Horezu, renommé pour ses artisans potiers qui produisent de véritables merveilles en céramique noire. Mais Horezu est une destination importante pour les amateurs du tourisme de montagne. En effet, la localité constitue le point de départ de plusieurs itinéraires superbes, mais aussi rigoureusement signalés à travers le massif Capatânii. Stefan Racheru, consultant touristique affirmé qu’à partir de Horezu on peut facilement arriver à de nombreux sites touristiques de la région : « A 5 ou 6 km tout au plus, on peut visiter plusieurs monastères superbes, tels le monastère de Arnota, bâtie par les soins du prince régnant Matei Basarab, qui y a été d’ailleurs enterré. En descendant six kilomètres le long de la rivière se trouve un autre monastère, celui de Bistrita, qui est en style gothique. C’est un des quelques lieux de cultes de Roumanie dont les fresques ont été réalisés par le grand peintre roumain Gheorghe Tatarescu. Et c’est également dans la région de Horezu, en fait derrière le monastère de Bistrita que se trouvent les plus étroites gorges de Roumanie, elles ont une largeur de quatre mètres et demi seulement. Le musée des concrétions, appelés aussi pierres qui grossissent se trouve également dans notre région. Enfin, la poterie de Horezu est peut-être la plus belle de Roumanie. Les artisans potiers transmettent ce métier de père en fils depuis des siècles. A mon sens, ils sont de véritables artistes. »



    Voici donc autant de raisons pour choisir Govora les bains comme destination inédite de vacances.