Tag: préhistoire

  • Le Musée National d’histoire de Roumanie à l’exposition internationale First Kings of Europe

    Le Musée National d’histoire de Roumanie à l’exposition internationale First Kings of Europe

    L’exposition
    internationale « First Kings of Europe » a été inaugurée, fin-mars,
    au Field Museum of Natural History de Chicago, aux États-Unis. Ce projet
    culturel exceptionnel, imaginé par le musée américain il y a six ans, met en
    lumière des œuvres précieuses appartenant aux patrimoines de vingt-six musées
    de onze pays sud-est européens, dont l’Albanie, la Bulgarie, la Croatie, la
    Hongrie, le Monténégro, la Roumanie, la Serbie et la Slovénie.

    La muséographe Corina
    Borș, coordinatrice de la participation roumaine à l’exposition de Chicago à
    travers le Musée national d’histoire de Roumanie, a expliqué cet ample projet international: C’est la deuxième exposition internationale à laquelle le
    Musée national d’histoire de Roumanie participe aux États-Unis et au Canada. Et
    c’est un projet mené par le prestigieux musée « Field Museum of Natural
    History » de Chicago. Malgré un titre choisi pour attirer le public et
    pour souligner une idée très spéciale, l’expo propose au public une thématique
    archéologique préhistorique et une histoire vieille de plus de 7.000 ans. Le
    projet « First Kings of
    Europe » a pris corps il y a plus
    de 6 ans, au moment de la visite à Bucarest de l’archéologue et chercheur
    américain William Parkinson et d’Attila Gyucha, son partenaire de recherche et
    de mise en page de l’expo. La thématique de l’exposition est archéologique,
    l’accent étant mis sur la préhistoire, du Néolithique à la fin du deuxième Âge
    du Fer. Le public est invité à explorer l’ascension au pouvoir des premiers
    rois et reines dans l’ancienne Europe, à découvrir la naissance et l’évolution
    des concepts de pouvoir, d’iniquité sociale et de hiérarchie dans les
    communautés agricoles égalitaires. C’est un voyage dans le temps, jusque vers
    l’an 5.000 av. J.Ch., à l’aide d’artefacts préhistoriques de première
    importance, appartenant aux collections de 26 musées de 11 pays sud-est
    européens. Ces objets – outils, armes, sculptures, bijoux, d’autres éléments
    réalisés en céramique, métal, os ou pierre – sont une invitation à découvrir le
    quotidien de ces anciennes communautés de la région des Balkans. L’exposition
    nous exhorte à tenter l’aventure et à suivre plusieurs routes qui ont modelé le
    monde que nous connaissons aujourd’hui. Les artefacts parlent aussi des
    cérémonies de ces époques lointaines, en reconstituant par exemple un autel
    néolithique ou une scène funéraire. Pas en dernier lieu, il faut remarquer
    aussi des objets particulièrement précieux, tels des armes ou des symboles du
    pouvoir, qui ont transformé les guerriers en, disons, dynastes.



    La
    muséographe Corina Borș a expliqué la structure de l’exposition: L’exposition est structurée sur quatre grands thèmes et
    organisée chronologiquement, du Néolithique au Premier Âge du Fer. La première
    section, consacrée au Néolithique, explore les terres sur lesquelles se sont
    développées ces civilisations préhistoriques avant l’apparition des premiers
    rois. L’Âge du Cuivre ou le Chalcolithique est celui des premiers objets
    réalisés en un métal précieux, parmi les plus anciens au monde et découverts
    sur le territoire actuel de la Roumanie et de la Bulgarie. La troisième
    section, consacrée à l’Âge du Bronze, met en lumière l’apparition des nouvelles
    routes du pouvoir et des premiers dynastes, si l’on peut parler de royauté. La
    dernière partie de l’exposition, dédiée à l’Âge du Fer, pratiquement au premier
    millénaire avant Jésus Christ, parle de la naissance de l’idée de royauté.



    En quoi
    consiste la contribution de la Roumanie à ce projet? Réponse avec Corina Borş: Six musées de Roumanie participent
    à cette exposition importante, le coordonnateur en étant le Musée national
    d’histoire de Roumanie. Les autres sont
    le Musée national d’histoire de la Transylvanie de Cluj, le Complexe muséal
    national de Piatra-Neamț, le Musée de la civilisation Gumelnița d’Oltenița, le
    Musée de l’Olténie de Craiova et le Musée départemental de Buzău. Les six
    musées ont envoyé outre-Atlantique une sélection de 90 artefacts pré et protohistoriques
    de leurs collections respectives, des objets datant du Néolithique, de l’Âge du
    Bronze et jusqu’au deuxième Âge du Fer.



    Quel a été
    l’accueil du public nord-américain? Corina Borș précise: Pour l’instant, il n’est pas facile
    de répondre à cette question, parce que l’exposition n’est arrivée qu’à sa
    deuxième destination. Les destinations sont trois – New York, Chicago et
    Gatineau, au Canada, pour un parcours de plus de deux ans et demi. Nous
    espérons qu’elle aura du succès, par son thème entièrement inédit pour le
    public américain. Il faut attendre un peu avant d’avoir des réactions et des opinions
    .- a conclu
    la muséographe Corina
    Borș. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Visite virtuelle du musée national d’histoire de la Roumanie

    Visite virtuelle du musée national d’histoire de la Roumanie

    Le musée national d’histoire de la Roumanie a invité le public à transformer le confinement en l’opportunité de visiter ses nombreuses expositions virtuelles en format 2D et 3D, ses collections numériques à thème comportant des biens culturels ainsi que des archives numériques de patrimoine. Tout cela est disponible à titre gratuit sur le site Internet du musée. Le 8 mai, il y a 48 ans, le musée national d’histoire de la Roumanie ouvrait ses portes au grand public. Vu le contexte actuel, le musée restera fermé même après le 15 mai, dans les conditions de relâchement. N’empêche. La présence des visiteurs dans l’espace virtuel est impressionnante, précise Ernest Oberländer-Târnoveanu, le directeur de l’institution : « Les collections recèlent plusieurs centaines de milliers de pièces, dont beaucoup s’avèrent essentielles pour comprendre l’histoire de la Roumanie. Certaines sont uniques en Europe et font partie du patrimoine de l’humanité. Nos collections couvrent, d’un point de vue chronologique, environ 600.000 ans d’existence des humains. Il s’agit de l’intervalle de temps allant du Paléolithique inférieur, quand apparaissent les premiers signes d’activité humaine, jusqu’à nos jours. Nous avons donc y compris des documents liés à la vie économique, politique et sociale de la Roumanie contemporaine. »

    Il y a 10 ans, le musée national d’histoire de la Roumanie a démarré un programme intense et systématique de numérisation, explique Ernest Oberländer-Târnoveanu, le directeur de cette institution culturelle. « Il s’agit de tours virtuels des expositions permanentes et temporaires, mais aussi de projets de numérisation du patrimoine. A présent, notre musée s’enorgueillit du programme le plus complet et diversifié de présentation de ses collections dans l’espace virtuel. 32 tours virtuels de certaines expositions sont accessibles actuellement sur le site du musée. Elles couvrent l’histoire moderne, contemporaine, médiévale, antique, le patrimoine de certains musées de l’étranger présenté par le biais des expositions temporaires. On peut également remarquer le résultat de certaines expositions internationales, réalisées en partenariat avec des musées d’Europe. Je mentionnerais, à titre d’exemple, l’exposition Images dans les Balkans »

    .Le touriste virtuel a le choix parmi tant d’expositions qu’il peut visiter à toute heure et qui l’emmènent dans n’importe quel coin du pays ou du monde : « Ces expositions illustrent des périodes importantes : Antiquité, Moyen-Age ou bien les époques moderne et contemporaine. Une des expositions présentées au public et intitulée La Roumanie 1989 se réfère à la chute du régime communiste. Nous avons aussi des expositions virtuelles vraiment superbes, qui présentent l’or et l’argent de la Roumanie. Une exposition itinérante, réalisée en 2013, a permis au public de Roumanie et de Hongrie de découvrir des pièces d’une valeur exceptionnelle du patrimoine roumain, dont certaines sont uniques en Europe et au monde. Il y a aussi des expositions consacrées à des voïvodes roumains, tels que Mircea le Vieux ou Etienne le Grand. Enfin, d’autres expositions font découvrir à nos visiteurs virtuels des évènements marquants de l’histoire de la Roumanie, comme la participation à la Seconde Guerre mondiale ou le parachèvement de l’unité nationale en 1918. »

    Ces expositions sont complétées par un musée virtuel de l’Union, poursuit notre interlocuteur, Ernest Oberländer-Târnoveanu, directeur général du musée national d’histoire de la Roumanie : « En 2018, mes collègues, en partenariat avec plusieurs musées du pays et d’Europe, ont commencé à travailler à la réalisation d’un musée virtuel de l’Union. A part cela, nous avons en vue des projets virtuels très amples et fort intéressants. Je mentionnerais, par exemple, Imago Romaniae. Il s’agit d’un site sur lequel on trouve à présent plus de 12.800 images historiques de l’espace roumain : photos, cartes postales, lithographies illustrant de manière chronologique la période contemporaine jusqu’en 1947. C’est fascinant de pouvoir voyager dans le temps, de découvrir la Roumanie de ces derniers siècles, de voir non seulement des endroits, dont certains sont restés inchangés, mais aussi des visages. Car un pays n’est pas qu’un espace géographique, il est représenté par ses habitants aussi. »Un autre projet virtuel d’envergure du musée national d’histoire de la Roumanie s’appelle « 2019, chefs-d’œuvre du patrimoine culturel national ».

    Nous écoutons Ernest Oberländer-Târnoveanu : « A l’heure actuelle, 71 expositions virtuelles sont construites autour de certains objets très importants de notre collection. Il y a même des éléments qui relèvent de l’histoire secrète. Comme une étiquette de musée contient peu d’informations, nous avons ressenti le besoin de concevoir des expositions autour de tel ou tel objet, sans oublier d’évoquer les gens qui ont consacré leur vie à cet objet précis, depuis sa création jusqu’au moment où il est entré dans le patrimoine muséal. Nous n’avons jamais imaginé que notre musée serait fermé en temps de paix, mais nous nous sommes préparés pour l’espace virtuel. Un espace où nos contemporains, roumains et étrangers, sont toujours plus présents et où sont transférées de plus en plus d’activités, y compris celles liées à la culture. »

    Alors que la visite d’un musée est conditionnée par le temps, ces tours virtuels, on peut les faire n’importe quand et n’importe où. Le site Internet du musée national d’histoire de la Roumanie vous invite à passer un bon bout de temps à découvrir ses riches expositions. (Trad. Mariana Tudose)

  • Le sel dans l’espace préhistorique roumain

    Le sel dans l’espace préhistorique roumain


    Le bassin des Carpates et la zone à l’extérieur de cette chaîne montagneuse constituent la plus grande réserve de sel d’Europe. Les archéologues ont mis en évidence des traces préhistoriques de routes du sel reliant cet espace aux régions de l’ouest et du sud du continent, ce qui semble confirmer la théorie d’une première identité européenne forgée autour du commerce du sel. Dans la Rome impériale, une « via salaria » était le chemin emprunté par tous ceux qui approvisionnaient la ville en sel.


    D’autres théories considèrent que l’expansion romaine dans la Dacie antique et la conquête de celle-ci ont eu non seulement des raisons politiques, mais aussi économiques, de contrôle des ressources. Les Romains avaient cherché un accès plus facile aux filons d’or et aux gisements de sel. Bucarest garde aussi une preuve, bien que médiévale, de l’importance du sel pour l’économie roumaine, puisque la capitale a une rue appelée « Drumul Sării » (la Route du sel).


    Peu de ce qui nous entoure aujourd’hui s’appuie sur une existence ininterrompue, commencée pendant la préhistoire, comme c’est le cas du sel. Ce que nous désignons du nom de « préhistoire » est lié à la culture matérielle et spirituelle de l’humanité, depuis l’apparition de l’homme jusqu’à la fondation des premières cités et l’invention de l’écriture, et couvre, grosso modo, environ 5 millions d’années. L’espace carpatique a été la principale source de sel de l’homme européen ; le professeur Carol Căpiţă, qui enseigne la préhistoire à la Faculté d’histoire de l’Université de Bucarest, nous parlera de l’importance du sel pour les communautés humaines de la préhistoire. « Le sel est un élément essentiel pour la plupart des organismes vivants, un élément indispensable pour les processus d’électrolyse qui assurent leur fonctionnement. Qu’il s’agisse de processus d’oxydation ou de réduction, le sel assure l’état de santé des organismes. Il est également fondamental pour l’existence des communautés de l’espace roumain, mais aussi de l’espace des Pays-Bas ou de l’espace français, par exemple . Nous avons des arguments archéologiques très solides pour l’exploitation du sel, dès l’an 10.000 avt. J.-Ch., où l’on exploitait des gisements de sel gemme parce qu’il y avait aussi une longue tradition de l’exploitation des roches dures. Ainsi, la technologie était-elle disponible aussi à ce niveau. Pour l’espace roumain, en Transylvanie, dans la zone de Covasna, mais aussi dans celle de Vâlcea en Valachie, nous avons des preuves de l’existence d’exploitations de sel gemme qui remontent à 1800 avt. J.-Ch.. Ce qui est très intéressant, c’est qu’il existe une association entre des cultures de l’époque du bronze, très riches et avancées, et l’existence de gisements de sel d’une importance plus ou moins grande. Le cas Sărata Monteoru est emblématique. C’est une culture qui s’étend loin en Europe Centrale et vers le sud du Danube. Nous avons aussi l’exemple de la zone de Vâlcea (sud), avec le site de Buridava, et l’on sait que cette zone a une densité d’habitations extraordinaire ».


    De l’arc carpatique, le sel partait vers deux directions : vers l’ouest et le nord-ouest et vers le sud et le sud-est. Carol Căpiţă : «S’il fallait considérer une carte et indiquer les emplacements des exploitations de sel par rapport aux centres de céramique – la forme la plus visible de témoignage archéologique — on constate que l’espace roumain approvisionnait en sel gemme deux aires fondamentales pour la cristallisation d’une culture européenne. D’une part, nous avons une direction de Transylvanie vers la Hongrie et la Slovaquie, et de là — plus loin vers l’espace allemand, un espace traditionnel qui manque de sel. Cela assurait l’importation de cuivre d’Europe centrale et constituait le fondement de cultures d’époque du bronze de Roumanie absolument spectaculaires, telles que Wittenberg. D’autre part, c’est toujours à base de céramique que l’on peut refaire les échanges avec l’espace sud-danubien, notamment en zone dalmate, dans les Balkans de l’ouest et même plus loin, vers la Thrace. Ce qui est intéressant, c’est aussi que ces directions de force de l’est vers l’ouest, du nord vers le sud sont aussi la ligne de pénétration des dernières vagues de migrateurs indo-européens, ceux qui mènent à la dernière étape de création de peuples indo-européens dans l’espace roumain. Des études très sérieuses viennent confirmer le fait que ces vagues migratoires indo – européennes étaient formées pour la plupart des bergers. Or, il y a une relation très serrée entre ces culturelles agropastorales et l’existence du sel gemme. Voici autant d’éléments qui nous poussent à croire que l’existence du sel en terre roumaine s’est avérée fondamentale pour la création d’un horizon culturel qui marque la fin de la préhistoire européenne. »


    Plus qu’un aliment, le sel fut considéré comme un des principaux éléments qui a contribué au rapprochement des individus appartenant à des communautés éloignées. Le professeur Carol Capita : « L’espace roumain n’est pas tellement central dans la genèse des peuples européens, surtout que l’histoire mentionne plusieurs noyaux d’ethno — genèse. Une chose reste pourtant certaine : plus que l’or, ce fut notamment le sel roumain qui a contribué à un processus de diffusion culturelle, à une propagation des traits communs des différentes culturelles européennes. Je dirais que le sel a contribué à la création d’un véritable couloir pour la circulation des idées, des objets, des personnes. Sans or, on peut toujours se débrouiller. Sans sel, jamais ! Quant au sel roumain, il a deux avantages : il se trouve en grande quantité et l’exploitation n’est pas difficile. Les gisements roumains ne supposent pas de travaux risqués ou en profondeur. Ce ne fut que plus tard, quand on commença à laver le sel, que l’on s’est heurté à des problèmes de relief, tels la formation de cavités dangereuses. L’exploitation du sel s’est pourtant faite pour un grand laps de temps dans des carrières. »


    Même à présent, au bout de quelques millions d’années, les réserves de sel de la Roumanie sont considérables…(trad.: Ligia Mihaiescu, Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)