Tag: principautés roumaines

  • Quelques moments de l’histoire de la presse roumaine

    Quelques moments de l’histoire de la presse roumaine


    Le rôle de la presse dans l’évolution de la société
    moderne a été tellement énorme, qu’en parler n’est que lui faire justice. Aussi,
    les premiers journaux quotidiens parurent dans l’espace roumain voici près de 200
    ans, vers la fin des années 1820. Mais la première publication roumaine, parue à
    Iasi, et éditée en langue française, est sans nulle doute « Courier de la
    Moldavie ». Dans son premier numéro, issu en 1790, elle informait ses
    lecteurs des actualités moldaves, sans oublier les nouvelles d’ailleurs. La
    récente exposition, abritée par la Bibliothèque de l’Académie roumaine et intitulée La presse roumaine entre tradition et modernité, entend retracer les 200 années d’histoire de presse
    roumaine. Le choix du lieu de l’exposition n’est pas anodin. En effet, la
    Bibliothèque de l’Académie conserve les plus importantes collections de quotidiens
    et de revues parus dans l’espace roumain depuis l’apparition de la presse
    écrite, soit plus de 8,5 millions d’exemplaires.


    La
    commissaire de l’exposition, Daniela Stanciu, relève au public présent à l’inauguration
    le rôle essentiel que joue cette presse roumaine pour l’historiographie
    contemporaine. Ecoutons-la :


    « Vous
    savez, lorsque l’on parle presse écrite, il ne faut pas entendre juste magazines
    et quotidiens, mais encore périodiques, revues de spécialité, parfois même les
    actes des conférences. Cela fait que l’on peut retracer l’histoire moderne d’une
    nation en puisant tout simplement dans ces sources riches d’information. C’est
    l’histoire écrite, à chaud, par ces témoins privilégiés qu’ont depuis toujours
    été les journalistes. Prenez les reporters, qui puisent leurs informations à la
    source, au plus près de l’événement. Et leurs reportages, qui rendent compte au
    mieux de l’ineffable de ce quotidien d’un autre temps, et dont l’on soupçonne à
    peine l’existence. Prenez encore la manière dont sont relayés les grands soubresauts
    de l’histoire, ne fut-ce que pour avoir un aperçu de la manière dont ils ont
    été perçus par ceux qui les traversaient et qui en étaient directement
    concernés. Ces reportages et articles, relus après des décennies, voire des
    siècles, rendent au mieux compte de ce que les Français appellent « l’air
    du temps » ».


    Mais
    l’apparition et l’essor de la presse écrite ont bien évidemment été depuis
    toujours liés au développement technologique. L’apparition de l’imprimerie a représenté
    un saut décisif pour le développement d’une presse écrite rapidement accessible
    à son public. Daniela Stanciu :


    « C’est
    grâce à l’apparition de l’imprimerie que la presse écrite est née, et a pu ensuite
    répandre avec célérité l’information. Avant elle, il n’y avait que ce que l’on connait
    sous l’appellatif de feuilles volantes, soit des feuilles détachées, manuscrites,
    imprimées ou copiées à la machine à écrire. Et dans notre exposition, vous
    allez pouvoir admirer ces feuilles volantes, qui ont été mises en valeur dans l’espace
    réservé aux parutions de presse écrite du 19e siècle. Voici la
    feuille volante qui annonce le lancement du quotidien Le courrier de Bucarest,
    devenu ultérieurement Le courrier roumain. Ou encore la feuille volante de la
    Proclamation d’Islaz, qui reprenait le programme politique révolutionnaire de
    1848, apprécié par certains comme étant la première constitution roumaine. La
    feuille volante encore qui renseigne de la fondation de l’imprimerie de la Métropolie,
    en 1859. Enfin, celle reprenant et diffusant le discours du prince souverain Alexandru
    Ioan Cuza, devant l’Assemblée constituante, en 1860, moment où l’on avait acté
    l’union de la Moldavie et de la Valachie, et la fondation de l’Etat roumain.
    Enfin, la feuille volante distribuée par le roi Carol 1er, au moment
    où il décidé d’envoyer ses troupes traverser le Danube, pour recouvrir la
    pleine indépendance de l’Etat roumain envers la Sublime Porte. »


    Mais
    qu’allons-nous trouver dans cette exposition intitulée « La presse roumaine,
    entre tradition et modernité » ? Daniela Stanciu, commissaire de l’exposition
    abritée par la Bibliothèque de l’Académie roumaine, nous renseigne :


    « Des
    parutions des célèbres quotidiens « Adevarul », « La vérité »
    en traduction française, fondé en 1871, et « Dimineata », « Le
    matin », fondé en 1900. Mais l’exposition présente aussi des inédits.
    Telle la revue intitulée « Le musée National. Gazette littéraire et industrielle »,
    parue en 1836, où l’on découvre, pour la première fois, une rubrique météo,
    nichée en dernière page de chaque numéro. C’est encore cette revue qui publie
    la correspondance entre ces deux grands poncifs de la révolution de 1848, Constantin
    Negruzzi et Ion Heliade Rădulescu, le premier originaire de Valachie, le second
    de Moldavie, deux pays encore séparés à l’époque. Vous pourrez voir aussi « Claponul. Feuille
    populaire et humoristique », parue en 1877, rédigée d’un bout à l’autre
    par un seul homme, le célèbre écrivain Ion Luca Caragiale. Six numéros parurent
    de cette revue, mais c’est dans cette revue que Caragiale publia pour la
    première fois quelques-unes de ces nouvelles, où il faisait connaître au public
    sa vision sur le risible de la politique politicienne. Les numéros d’Adevarul,
    La vérité, contiennent les premières correspondances de l’étranger publiées par
    un quotidien roumain. C’est encore le premier journal qui introduit la
    caricature de presse dans ses pages. La rédaction d’Adevarul s’est muni au fil
    du temps d’une bibliothèque propre, d’une maison d’édition, d’une archive
    extrêmement riche et même du premier palais, propriété de la rédaction d’un
    journal. Les journalistes de ce quotidien étaient bien rétribués, et c’était un
    vrai privilège de faire partie de sa rédaction. »


    Ces
    deux cents ans d’histoire de presse écrite roumaine constituent un héritage du
    passé autant qu’une promesse d’avenir. Confrontée au défi de l’internet et de
    la digitalisation, aux nouvelles technologies et aux nouveaux médias, la presse
    écrite fait encore et toujours son petit bout de chemin, malgré vents et marées. (Trad.
    Ionut Jugureanu)

  • L’Union des Principautés roumaines

    L’Union des Principautés roumaines

    L’historiographie roumaine s’accorde aujourd’hui
    pour considérer l’année 1859 comme le moment où seront posées les bases de l’État
    roumain moderne. 1859 est en effet l’année de la double élection du colonel Alexandru
    Ioan Cuza, comme prince souverain, en Moldavie d’abord, le 5 janvier, en
    Valachie ensuite, le 24 du même mois de janvier. Cette double élection marquera
    de facto l’union de ces deux principautés danubiennes sœurs et sera
    l’aboutissement d’un long parcours, de l’effort conjoint de deux générations
    successives d’élites moldaves et valaques, déterminées à créer un État roumain
    fondé sur le modèle des États européens modernes.










    Accompagnés de Marian Stroia, chercheur
    à l’Institut d’histoire « Nicolae Iorga » de l’Académie de Roumanie,
    nous allons passer en revue la suite d’événements, qui aboutira à la
    constitution de la Roumanie moderne, et décrypter le contexte interne et
    international du moment.






    Marian
    Stroia : « La guerre de Crimée, déroulée entre 1853 et 1855, avait
    bouleversé les équilibres et enclenché une suite d’événements qui ne manquera
    pas de changer en profondeur l’espace du sud-est européen. Cette guerre avait
    d’ailleurs débuté par l’occupation de l’espace roumain par les troupes russes.
    Une occupation déroulée entre le mois de juin 1853 et le mois de septembre
    1854. La Russie essayait de la sorte de faire pression sur l’Empire ottoman,
    pour que ce dernier concède plus de droits aux peuples chrétiens orthodoxes des
    Balkans, qui se trouvaient toujours sous la férule de la Sublime Porte. Pourtant,
    ce n’était au fond qu’un prétexte pour la Russie d’étendre son emprise vers
    l’Europe centrale et de l’Est. »








    L’espace roumain se trouvait enclavé à
    l’époque entre trois empires, celui des Habsbourg, celui des tsars et celui des
    sultans, qui étaient plutôt loin de se soucier de son bien-être et de son existence
    politique. Mais la Moldavie et la Valachie avaient eu alors la chance de
    bénéficier de la présence d’une génération d’hommes d’Etat d’exception, une
    élite qui saura composer avec les intérêts divergents de ces empires
    concurrents, pour donner une chance à la constitution de l’Etat roumain moderne,
    explique Marian Stroia.








    Marian
    Stroia : « Ce que l’on peut constater c’est que la Sublime Porte
    s’avère plus réceptive aux désirs de liberté des Roumains. La Turquie semblait
    être en effet moins conservatrice que la Russie, à cette époque, et les
    tentatives d’affranchissement, initiées par les élites roumaines à partir de la
    révolution de 1848, ont toutes bénéficiées de son appui discret. Cela s’est
    avéré encore plus vrai au temps du règne d’Alexandru Ioan Cuza. L’Empire
    ottoman avait alors essayé de mettre en échec les tentatives russes de faire
    main basse sur les deux principautés roumaines, unifiées à l’occasion sous une
    même bannière. »








    La guerre de Crimée, où l’appétit russe
    pour l’expansion fut mis momentanément en échec, la paix de Paris de 1856 qui
    s’en est suivie, créèrent le contexte favorable à l’accomplissement des
    desseins de cette élite nationale roumaine, précise Marian Stroia : « 1856
    est une année charnière. La nécessité d’un affaiblissement préalable de la
    puissance russe était un élément connu de longue date, d’ailleurs. En 1849
    déjà, le révolutionnaire Dumitru Brătianu l’exprimait en toutes lettres dans
    une missive adressée à son frère, le futur président de Conseil, Ion C. Brătianu.
    Il disait à cette occasion que les objectifs nationaux des Roumains ne pourraient
    s’accomplir que lorsque la Russie était affaiblie. Et 1856 est l’année qui
    marque un déplacement de la double suzeraineté, exercée, jusqu’alors, conjointement
    par la Russie et la Turquie sur l’espace roumain, vers un protectorat, exercé cette
    fois par les Grandes Puissances européennes. Ce changement de paradigme
    constituait l’opportunité tant attendue par les élites politiques roumaines de
    passer à l’action. »








    De grands bouleversements voient le jour
    aussi sur le plan intérieur. L’on voit le parti unioniste et pro-européen
    gagner en importance et en influence, pour devenir prépondérant, affirme l’historien
    Marian Stroia : « Ce sont les élections de 1857 qui donnent le coup
    d’envoi au changement désiré. C’est à cette occasion que le dessein national,
    les points de convergence de l’identité nationale peuvent s’exprimer librement.
    Rappelons, à titre d’exemple, l’autonomie politique, la neutralité, la
    séparation des pouvoirs, la question fondamentale de faire élire un prince
    souverain étranger à la tête de l’État nouvellement constitué, afin d’accroître
    son poids et sa légitimité. Voyez-vous, l’élection du colonel Cuza à la tête de
    cet État, créé par l’union de la Valachie et de la Moldavie, était déjà perçue comme
    un passage obligé et nullement comme le point final de cette évolution toujours
    en marche, censée déboucher à terme sur l’indépendance de la Roumanie, reconnue
    par les Grandes Puissances. »






    Le calcul géopolitique des élites
    roumaines était pourtant simple. Située à la confluence des grands empires
    concurrents et convoitée par ces derniers, la Roumanie devait trouver appui
    ailleurs. Et cet ailleurs fut vite trouvé en France, puissance éminemment
    modernisatrice et porteuse de l’étendard de l’universalisme des Droits de l’homme
    et du citoyen.






    Les
    historiens d’aujourd’hui s’accordent tous pour considérer l’État roumain
    moderne comme une création française, souligne Marian Stroia : « En
    effet, la France a joué un rôle déterminant dans l’accomplissement du désir
    politique d’union de la Valachie et de la Moldavie, puis, plus tard, dans la
    voie vers l’indépendance du nouvel État roumain. Cuza bénéficiait déjà d’une
    éducation occidentale. Francophone et francophile, il était alumnus du collège
    Stanislas de Paris. Sa formation intellectuelle, tout comme celle de la plupart
    des élites roumaines, des révolutionnaires de 1848, était liée à l’Occident, à
    la France en particulier. Et l’appui déterminant est venu de la part de
    l’empereur des Français, Napoléon III, et de l’État français. C’est un fait
    historique qui ne fait aucun doute. »








    Mais le désir d’union, le désir
    d’affranchissement des Roumains a surtout été le fruit des efforts conjugués
    d’une élite roumaine éclairée, explique Marian Stroia : « Une
    élite d’exception, en effet. Des gens totalement désintéressés au plan
    personnel, mus par le seul souci du bien-être et la poursuite de l’intérêt
    commun, par un patriotisme désintéressé. Costache Negri, un des proches du
    prince Cuza et ambassadeur à Constantinople, avait dû être enterré aux frais de
    l’État, ayant dépensé ses biens pour la cause nationale. Et puis aussi, Ion C
    Brătianu, lorsqu’il est allé à Dusseldorf offrir au prince Carol de
    Hohenzollern-Sigmaringen le trône de Roumanie, il a dû vendre une bonne partie
    de ses terres pour couvrir les frais d’un voyage dans l’intérêt de l’État. »








    Quoi qu’il en soit, la double élection
    d’Alexandru Ioan Cuza, le 5 et le 24 janvier 1859, à la tête de la Moldavie et
    de la Valachie, donne le coup d’envoi de la formidable aventure qui débouchera
    sur la constitution de l’État roumain moderne. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Les Roumains face à la conquête ottomane des Balkans

    Les Roumains face à la conquête ottomane des Balkans

    La poussée de la Sublime Porte vers l’Europe durant les 14e et 15e siècles a été marquée par des guerres, entrecoupées de brefs moments de paix relative. En 1453, le sultan Mehmet II arrive à conquérir Constantinople, mettant ainsi fin à la glorieuse existence de l’empire de Byzance. La chute de Constantinople marque aussi un tournant dans l’existence des peuples des Balkans.

    Avant cela, surtout entre 1360 et 1453, les Roumains avaient essayé, à l’instar des autres peuples de la région, de trouver un modus vivendi avec une puissance ottomane en pleine expansion, essayant de concilier, tant que cela se pouvait, la civilisation chrétienne orientale, à laquelle ils appartenaient, mais qui se trouvait en déclin, et la civilisation ottomane, en pleine expansion. Cette longue coexistence entre ces deux mondes, apparemment irréconciliables, avait fini par donner naissance à ce que l’on peut aujourd’hui appeler la culture balkanique, issue de la fusion entre deux mondes, deux cultures et deux civilisations. Une synthèse qui rapprocha les peuples des Balkans, dans leurs pratiques religieuses, dans leurs traditions et leurs coutumes, arrivant à générer des comportements humains assez semblables.

    Les Grecs, les Serbes, les Bulgares, les Albanais et, à certains moments, aussi les Roumains, soit les peuples de souche des Balkans, étaient forcément hostiles et s’opposaient militairement à la poussée ottomane, ce qui ne les empêcha pas de cohabiter, à certains moments, avec les Turcs Ottomans, suite à des défaites militaires.

    L’historien suisse Oliver Jens Schmitt, professeur à l’Université de Vienne et spécialiste de l’histoire médiévale de l’Europe du Sud-Est, met en exergue le nombre significativement plus important des princes chrétiens de la région disposés à collaborer avec les Ottomans, plutôt qu’à les combattre militairement.

    Oliver Jens Schmitt : « La plupart des voïvodes ont collaboré avec les Ottomans. La liste des partenaires chrétiens de ces derniers est bien mieux fournie que celle des voïvodes qui se soient opposés par les armes à la poussée ottomane. Parmi les commandants chrétiens à avoir laissé leur vie dans les batailles contre les Turcs mentionnons les commandants serbes de la bataille de Marița, Uglješa et son frère, le roi Vukašin, puis aussi le prince albanais Balša II, en 1385, le voïvode serbe Lazar Hrebeljanović, les princes et les voïvodes valaques Mihail, en 1420, Dan II, Vlad, dit l’Empaleur, et encore l’empereur byzantin Constantin XI. Les Ottomans ont également mis à mort le père du voïvode albanais Skanderbeg, Ioan Kastriota, ou encore le dernier duc italien d’Athènes et le dernier roi bosniaque, ainsi que nombre de représentants de la noblesse bosniaque, telles les familles Kovacevici et Pavlovici. »

    « Les Turcs adorent les bagarres entre chrétiens », notait à l’époque un chroniqueur resté anonyme. En effet, les élites chrétiennes n’hésitaient pas à aller jusqu’à embaucher des mercenaires turcs pour les aider à remporter une succession au trône contre des rivaux chrétiens, et il n’était pas rare que ces mercenaires, appelés ponctuellement en aide, deviennent les véritables maîtres du pays, une fois la victoire remportée. C’est de la sorte que l’empire ottoman était arrivé à bâtir autour de ses frontières une véritable ceinture d’Etats vassaux, dépendants de la Sublime Porte, des Etats qui intervenaient d’ailleurs massivement, à leur tour, dans les luttes de pouvoir de l’empire ottoman.

    Ce fut ainsi le cas lors de la longue guerre civile ottomane, qui s’était déroulée entre les années 1402 et 1413. Les historiens s’accordent sur le fait qu’après la bataille de Marița de 1371, lors de laquelle les Serbes se sont inclinés devant les Turcs, les peuples des Balkans commencent à s’accommoder de la suzeraineté ottomane. Les Roumains se retrouvent ainsi en première ligne. La première bataille importante est celle de Rovine, en 1395, où les troupes roumaines sont commandées par le voïvode Mircea, dit le Vieux.

    Oliver Jens Schmitt montre que, déjà à l’époque, les Serbes étaient devenus des alliés de confiance des Ottomans : « Les boyards serbes Marko Kraljević et Konstantin Dragaš sont tombés lors de la bataille de Rovine de 1395 en luttant du côté des Ottomans contre la Valachie, dirigée par Mircea dit le Vieux. Cela montre la direction de la conquête ottomane. En fait, sans l’appui des chefs locaux chrétiens vassaux, l’offensive ottomane n’aurait pas été possible. Dans tous les moments essentiels de la conquête ottomane des Balkans, l’on voit les élites serbes guerroyer du côté des Ottomans. On les retrouve à Rovine, ou encore à Nicopolis, où c’est la cavalerie de Ștefan Lazarevici qui fait pencher la balance en faveur des Turcs, ou encore à Ankara, où la même cavalerie lutte jusqu’au bout pour Bayazid 1er, alors que ses troupes à lui avaient déjà pris la poudre d’escampette. Enfin, en 1430, c’est encore le même cas de figure, lorsque l’on voit Grigore Brankovici aider les Turcs à s’emparer de Salonique, et même en 1453, lorsque l’on voit les Serbes apparaître à Constantinople, non pas du côté des Grecs, mais du côté des Ottomans. »

    Aussi, dans les principautés roumaines situées au nord du Danube apparaissent progressivement les premiers signes d’accommodement avec le nouveau rapport de forces, qui faisait des Ottomans la puissance dominante de la région.

    Oliver Jens Schmitt : « Les élites roumaines ont commencé à se diviser entre les partisans des Ottomans et ceux du roi hongrois. Les voïvodes misaient sur l’une ou l’autre puissance, au gré de l’évolution de la situation politique ou militaire. Il n’est pas aisé de décider qui manipulait qui, et qui arrivait à mieux tirer son épingle de ce jeu des alliances changeantes: les Turcs et les Hongrois, ou les boyards et les voïvodes locaux, dans leurs luttes de pouvoir internes. Certes, les derniers manipulaient ainsi pour pouvoir raffermir leur position, asseoir leur pouvoir, en changeant fréquemment d’alliances. Les successions effrénées sur le trône bosniaque ou sur les trônes des principautés roumaines sont redevables à ces jeux d’alliances. Parmi les voïvodes roumains favorables à la Sublime Porte, mentionnons Radu II Prasnaglava, Alexandru Aldea ou encore Radu dit le Beau ».

    1453 c’est le moment de la rupture. La balance du pouvoir régional allait enfin, et pour longtemps, pencher en faveur des Ottomans. La Valachie et la Moldavie entraient ainsi, pour quatre siècles, dans le giron ottoman. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • La mode à l’époque phanariote

    La mode à l’époque phanariote

    Au
    début du 18-e siècle, les principautés roumaines de Valachie et de
    Moldavie avaient perdu le peu de leur indépendance et de liberté de se
    gouverner qui leur restaient sous la suzeraineté de la Porte ottomane. A la
    tête des deux principautés roumaines, Constantinople nommait d’autorité des
    sujets ottomans, d’origine grecque, issus du célèbre quartier du Phanar de la
    capitale de l’empire. Pendant un siècle, les Etats roumains se sont ainsi
    trouvés mis sous la férule de ces princes aux mœurs byzantins. C’est ainsi que
    les dynasties phanariotes, appellatif qui n’allait pas manquer de les faire
    consacrer par l’historiographie, se succédèrent à une cadence effrénée, dès
    1711 sur le trône moldave, et à partir de 1714 sur celui de Valachie.

    Ce n’est
    que la rébellion nationale de 1821 qui verra mettre un terme à la pratique de
    ces nominations ottomanes abusives sur les trônes valaque et moldave. Pendant
    plus d’un siècle donc, les règnes phanariotes vont, d’une part, promouvoir sur
    les terres roumaines un régime politique entaché par la corruption et la
    cupidité, car leur rôle premier était d’obtenir un maximum de ressources en un
    bref laps de temps au profit du sultan, mais vont aussi, d’autre part,
    introduire dans les mœurs des élites roumaines des éléments inspirés de la
    civilisation grecque, mais également les idées du siècle des Lumières, nous
    raccordant ainsi à la civilisation occidentale. Si les courants
    historiographiques de l’époque romantique considéraient la période phanariote
    comme l’une des moins fastes de l’histoire roumaine, la perception des
    historiens commence à se nuancer avec le temps. En effet, la nouvelle
    historiographie mettra surtout l’accent sur le rôle modernisateur des règnes
    phanariotes. L’historien Adrian-Silvan Ionescu, qui a étudié les modes de vie
    et l’histoire des mentalités du 19-e siècle roumain, met en exergue
    l’opulence de l’époque, miroitée dans les images qui sont parvenues jusqu’à nos
    jours: « L’image que cette période
    nous renvoie à travers les toiles et les récits d’époque nous laisse rêveurs.
    C’était l’époque de l’extrême politesse du verbe, d’un raffinement et d’une
    élégance toute byzantine dans l’habit. Ils arrivaient à faire revivre les
    heures de gloire de l’ancienne Constantinople, ses richesses, son faste, sa
    morgue, ainsi que l’avait d’ailleurs remarqué à bon escient notre grand
    historien, Nicolae Iorga, dans son ouvrage, intitulé « Byzance après
    Byzance »
    .


    L’habit
    surtout, qui marquait le rang de celui qui le portait, était un véritable chef
    d’œuvre, frappant les esprits des voyageurs et des diplomates occidentaux, affirme Adrian-Silvan Ionescu : « Les
    vêtements affichés à la cour de Iaşi ou à celle de Bucarest faisaient pâlir
    d’envie les émissaires des cours royales et impériales européennes. Lorsque
    Ienăchiţă Văcărescu, un érudit issu d’une des grandes familles de boyards
    roumains, est allé rencontrer l’empereur d’Autriche à la cour de Vienne, il se
    changea pour l’occasion, prenant l’habit l’occidental. Mais les vêtements qu’il
    avait emportés avec lui ne manquèrent de susciter l’envie des comtesses et des
    baronnes de l’empire. »


    Les
    toiles peintes à l’époque mettent d’ailleurs en évidence la richesse
    époustouflante de l’habit des boyards. Les vêtements, les bijoux, les armes
    dont ils se parent ne laissaient personne indifférent, explique Adrian-Silvan Ionescu : « L’on remarque la richesse des fourrures,
    depuis la zibeline à l’hermine, la soie, les parures, les armes ciselées,
    recouvertes d’argent et de pierres précieuses, portées par les gardes des
    voïvodes. Tout cela nous laisse supposer la richesse étonnante de ces familles
    phanariotes qui arrivaient à accumuler des fortunes insoupçonnées souvent dans
    un très bref laps de temps. Mais au-delà de cette richesse, on comprend leurs
    styles et leurs goûts vestimentaires. De surcroît, forcément, l’habit signifie
    aussi le rang. Dans la hiérarchie aristocratique de l’époque, on distingue
    trois rangs. Il y avait d’abord les grands boyards qui assumaient des charges
    au sein de l’Etat. L’usage de la zibeline, par exemple, leur était réservé.
    Puis, la barbe. Seuls les membres de ce premier cercle avaient le droit de la
    laisser pousser. Aux rangs inférieurs était réservée la moustache. Dès qu’un
    boyard de rang inférieur accédait au premier cercle, le barbier-bacha, le
    barbier du voïvode, venait tracer les contours de sa barbe, puis allait la
    soigner aussi longtemps qu’il allait assumer ses fonctions au sein de la
    cour. »


    Détestée
    à l’époque, des éléments de la mode phanariote vont pourtant survivre dans les
    mœurs de l’aristocratie roumaine bien après la fin des règnes qui ont donné
    leur nom à la période, telles des réminiscences d’une coquetterie masculine
    nostalgique, précise l’historien Adrian-Silvan Ionescu : « La mode phanariote est encore de mise pendant
    les trois premières décades du 19-e siècle, même après la révolution
    de 1821, menée par Tudor Vladimirescu et qui a mis un terme à ce type de règne,
    dont les voïvodes étaient nommés par le sultan, à la tête de la Valachie et de
    la Moldavie. Elle laisse ensuite la place à la mode occidentale de l’époque,
    même si certains éléments vestimentaires hérités de l’époque phanariote sont
    remis au goût du jour, et utilisés vers le milieu du 19e siècle dans
    la mode féminine cette fois. Mais aussi dans les bals masqués, par ceux qui
    avaient connu, enfants, cette mode, et qui s’amusaient copieusement de pouvoir
    enfiler encore une fois ces fastueux habits d’apparat. »


    Quoi
    qu’il en soit, l’iconographie de l’époque phanariote constitue une source
    inépuisable d’informations, montrant à profusion le faste tout oriental et
    l’opulence démesurée d’une époque révolue. Une opulence forcément réservée à
    une toute petite caste, jalouse de ses privilèges. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • 24.01.2020 (mise à jour)

    24.01.2020 (mise à jour)

    Union – Les 161 ans écoulés depuis l’Union des principautés roumaines de Moldavie et de Valachie ont été marqués ce vendredi, 24 janvier, partout dans le pays par différents événements. Le 24 janvier 1859, Alexandru Ioan Cuza – désigné prince régnant de la Moldavie moins de trois semaines auparavant – a été élu, à l’unanimité, prince régnant de la Valachie par l’Assemblée élective de Bucarest. Il devenait ainsi le dirigeant des deux principautés. Le règne d’Alexandru Ioan Cuza (1859-1866) a jeté, à travers des réformes radicales, les bases institutionnelles de la Roumanie moderne. Le processus de constitution de l’Etat national roumain a été finalisé en 1918, à la fin de la Première Guerre Mondiale. A ce moment-là, toutes les provinces historiques à population majoritaire roumaine, qui faisaient partie jusqu’alors des empires voisins, se sont unies avec la Roumanie.

    Anniversaire – « Le besoin des Roumains d’être ensemble, devenu par la suite un idéal national – c’est ce qu’a rendu possible la première Union, la base de la Roumanie moderne et européenne d’aujourd’hui ». Cette déclaration a été faite vendredi par le président roumain, Klaus Iohannis, à Iasi (est) aux manifestations consacrées à l’anniversaire de la petite Union. « L’Union a été l’œuvre extraordinaire de la génération de 1848 et du prince régnant Alexandru Ioan Cuza et les politiciens d’aujourd’hui doivent assumer le rôle de réformateurs », a encore dit le chef de l’Etat, qui a ajouté : « Les Roumains ont montré qu’ils souhaitent avoir un pays moderne, prospère, européen, où chaque citoyen soit respecté, puisse avoir une vie décente et où les institutions de l’Etat résolvent les problèmes de manière efficace et rapide ». Présent lui aussi à Iasi, le premier ministre Ludovic Orban, a fait référence à la construction d’un nouvel hôpital régional dans la ville et aux investissements dans l’infrastructure routière, notamment dans l’autoroute censée relier le centre et l’est du pays.

    Diaspora – La Convention des Roumains du monde a eu lieu vendredi au Palais du Parlement de Bucarest. Selon le ministère roumain des AE, cette édition a réuni un nombre record de participants – représentants du milieu associatif roumain de l’étranger et du milieu académique ou des cultes roumains de la diaspora, aux côtés de journalistes, écrivains, diplomates et experts des relations internationales. L’événement s’est avéré une plate-forme utile pour débattre de sujets d’actualité liés à la relation entre les Roumains établis à l’étranger et la Roumanie. Les discussions ont aussi porté sur les manières dont la diaspora roumaine est représentée au Parlement de Bucarest, sur le statut des Roumains sur le marché de l’emploi de l’UE et sur les solutions à mettre en place afin de déterminer les Roumains de l’étranger à rentrer au pays. « Les Roumains vivant au-delà des frontières nationales sont une « ressource précieuse » et une composante importante de la société, face à laquelle, l’Etat et les autorités roumaines ont une grande responsabilité », a déclaré à cette occasion le premier ministre roumain Ludovic Orban.

    Institut – Le ministère des Fonds européens de Bucarest lancera les démarches pour financer la création d’un Institut national de Génomique, a fait savoir le ministre Marcel Bolos. Une telle institution est nécessaire en Roumanie afin de promouvoir ce type de médecine qui porte sur le diagnostic et le traitement des maladies causées par des mutations génétiques et pour soutenir la réforme de la recherche et des services médicaux. Ce projet aura aussi un impact important sur les malades de cancer et sur les traitements personnalisés, mais aussi sur les patients touchés de maladies rares, sans oublier la capacité de dépister certains risques pendant la grosses, a encore expliqué le ministre.


    Tennis de table – La sélection féminine de tennis de table de Roumanie s’est qualifiée vendredi aux JO de Tokyo après avoir vaincu l’équipe de l’Inde, dans un match décisif du tournoi préolympique du Portugal. Ces deux joueuses portent à 53 le nombre total de sportifs roumains qualifiés jusqu’ici au JO 2020.

    Tennis – La Roumaine Simona Halep (n° 3 mondiale) jouera samedi contre Youlia Poutintseva du Kasakhstan (n° 38 WTA) au 3e tour de l’Open d’Australie, le premier tournoi du Grand Chelem de l’année. C’est pour la première fois que ces deux sportives s’affrontent. Finaliste à Melbourne en 2018, Simona Halep est la seule Roumaine qui reste dans la compétition de simple de ce tournoi. Par ailleurs, dans la compétition de double, le duo formé du Roumain Horia Tecau et du Néerlandais Jean-Julien Rojer a été vaincu vendredi par les Australiens Max Purcell et Luke Saville au 2e round de l’épreuve masculine. A l’épreuve féminine de double, la Roumaine Raluca Olaru et la Slovène Dalila Jakupovic se sont inclinées devant Timea Babos (Hongrie) et Kristina Mladenovic (France). Monica Niculescu reste ainsi la seule roumaine de la compétition de double. Aux côtés de la Japonaise Misaki Doï, elle affrontera le duo japonais Nao Hibino/Makoto Ninomiya.

    Météo – Dans les 24 prochaines heures le ciel sera variable sur l’ouest et le sud du pays et plutôt clair sur le reste du territoire. Les températures maximales seront à la hausse et iront de 2 à 14 degrés.

  • La peste et ses traitements au 19e siècle dans les Principautés roumaines

    La peste et ses traitements au 19e siècle dans les Principautés roumaines

    Avec ses cohortes de dizaines de millions de victimes, la peste a été pendant longtemps synonyme de terreur dans toute l’Europe. Au 18e et au 19e siècle, elle a été affublée de noms tels que « l’épidémie du levant » ou encore « l’épidémie valaque », étant sans doute la maladie la plus mortelle et la plus effrayante, de par l’absence même de tout traitement connu. Le fléau se répandait par les puces des rats et ses symptômes étaient effrayants. Les principautés roumaines ont été moins touchées par cette maladie. Amenée par les soldats, les commerçants de passage ou les pèlerins venus d’Orient, la peste se répandait comme une traînée de poudre, à cause notamment des puces qui pullulaient dans les marchandises et dans les vêtements des commerçants ambulants, à cause aussi des rats qui vivaient dans les caravanes et à bord des voiliers.

    L’historien Sorin Grigoruţă, de l’Institut d’histoire A. D. Xenopol, de la ville d’Iaşi, s’est penché sur le sujet dans son livre, qui parle non seulement de la maladie, mais aussi des traitements qui avaient cours à l’époque, et de la manière dont les gens s’y rapportaient.« Avant le 19e siècle, les épidémies de peste étaient portées au compte d’un déséquilibre dans les conditions naturelles, déterminées par des facteurs astronomiques, tels la conjonction des planètes, les éclipses, l’apparition des comètes, voire des cataclysmes, tels les tremblements de terre ou les inondations. La peste était perçue comme une sanction divine, censée punir les pêcheurs. Au début du 19e siècle, ces croyances n’avaient plus autant cours. Cependant, certaines traces y subsistent encore. Mais, autant les autorités que les habitants de l’époque des principautés roumaines ont commencé à comprendre que la cause de l’épidémie était à chercher du côté de l’homme. En prenant de la graine des épidémies précédentes, une série de constats empiriques vont contribuer à dessiner les premières mesures à rôle préventif. Mais l’isolement des malades, en les chassant hors des communautés humaines, ou encore la fugue pure et simple devant l’avancée de l’épidémie restent les moyens privilégiés. »

    Car la peste est surtout une épidémie des villes. Et les mesures que les autorités prennent ont un caractère répressif marqué. Sorin Grigoruţă : « Une fois que les autorités se rendent compte que les agglomérations urbaines facilitent l’explosion de la maladie, elles n’hésitent pas à prendre des mesures pour limiter les contacts humains. Les cours des écoles sont suspendus, de même que l’activité dans les tribunaux. Les églises, les cafés, les restaurants sont fermés, des restrictions de circulation sont imposées, surtout la nuit, lorsque les morts et les malades étaient portés hors des remparts de la ville, mais les activités commerciales en pâtissent à leur tour. En 1785, par exemple, l’activité des cafés est suspendue par ordonnance voïvodale, mais le café peut continuer à être vendu à travers la fenêtre. »

    L’isolement des malades et des habitations, qui comptaient une personne touchée par la peste, a constitué un autre moyen utilisé pour essayer d’endiguer l’épidémie. Sorin Grigoruţă : « Les malades étaient consignés dans leurs habitations et ces dernières étaient isolées. Les malades et leurs proches se retrouvaient carrément emprisonnés dans leurs propres maisons. C’était une méthode, certes barbare, mais qui était utilisée non seulement dans les principautés roumaines, mais dans toute l’Europe. Il pouvait y avoir des survivants, comme il pouvait que des familles entières soient décimées de la sorte. Sinon, l’autre forme d’isolement consistait à faire sortir tant les malades que les bien portants des maisons qui enregistraient un cas d’épidémie, ensuite les maisons étaient soumises à un processus de désinfection, qui pouvait aller du nettoyage en profondeur et jusqu’à la « purification » totale, par le feu. Dans un écrit paru en 1824, Ştefan Episcupescu, médecin, pharmacien, thérapeute et écrivain, énumère les armes qui peuvent se montrer efficaces dans la lutte contre cet « esprit de la mort », ainsi qu’il appelait la peste. Je cite : « De tout ce que la science médicale nous met à disposition, l’eau, le vinaigre et le feu sont les agents les plus puissants de lutte contre l’épidémie. L’eau nettoie, les vapeurs du vinaigre affaiblissent son poison, le feu la brûle et l’éteint pour de bon. »

    La quarantaine, la mise à l’écart en isolement sanitaire forcé, a constitué le moyen privilégié pour lutter contre l’épidémie de peste utilisé en Occident. La première quarantaine européenne dont on garde la trace est celle instituée dans la ville portuaire de Ragusa, écartant pour 40 jours tout navire en provenance d’Orient. Cette méthode a été par la suite adoptée dans bon nombre d’autres situations similaires. Sur la terre ferme, le cordon sanitaire instauré par l’Autriche, autour de ses frontières, a constitué un moyen extrêmement efficace de lutte contre l’épidémie. A l’autre extrême du point de vue de l’efficacité, l’on retrouve la quarantaine russe, qui était temporaire, instaurée tant que l’épidémie sévissait, et levée tout de suite après.

    Les quarantaines instaurées par les autorités roumaines ne peuvent se targuer que des résultats plutôt modestes. Sorin Grigoruţă : « Sans cibler manifestement les causes de l’épidémie, la quarantaine roumaine visait tout d’abord l’isolement des malades et des personnes suspectes d’être contaminées. Dès lors, ceux qui arrivaient en provenance des régions touchées par l’épidémie se voyaient mis en quarantaine pour une certaine période, le plus souvent pour quelques jours. En parallèle a été instauré un système, disons, de lettres de sauf-conduit, attestant que le voyageur en question venait d’une région qui n’était pas touchée par l’épidémie. Des lieux de quarantaine, appelé lazarets, ont été établis, notamment devant les principales portes d’entrée des villes, mais aussi à la campagne, et dont on retrouve trace dans les documents officiels de l’époque. Certaines maisons étaient réquisitionnées et utilisées pour loger les voyageurs qui se retrouvaient mis en quarantaine, mais aussi le personnel soignant. »

    Un terme a été mis aux épidémies de peste, à partir du milieu du 19e siècle, avec l’avènement de l’Etat national et l’instauration des frontières. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’époque des Phanariotes dans l’espace des Principautés roumaines

    L’époque des Phanariotes dans l’espace des Principautés roumaines

    Les princes régnants de Moldavie et de Munténie, nommés par la Sublime Porte, étaient originaires de ce fameux quartier. Cette époque, on pourrait l’assimiler en fait à ce que l’on entend par l’ancien régime, dans l’acception française et européenne du concept. Ce siècle phanariote de l’histoire roumaine a longtemps été perçu comme l’époque de la corruption généralisée et la source de tous les maux. Aujourd’hui, les historiens commencent à nuancer leurs propos, s’accordant de plus en plus à redorer le blason de ce siècle honni, l’appréciant comme un siècle qui se cherchait, mais qui a aussi mis la culture à l’honneur.

    Les Phanariotes étaient des membres des familles aristocrates grecques, plutôt riches, souvent occupées par le commerce. Ils contrôlaient le Patriarcat œcuménique de Constantinople et avaient pénétré la hiérarchie administrative ottomane, où ils exerçaient certaines fonctions, telle celle de dragoman, c’est-à-dire d’interprètes pour la Sublime Porte et les ambassades établies dans la capitale ottomane à l’époque. D’un point de vue culturel, l’époque phanariote participe à la diffusion du style de vie et des mœurs orientales dans les Pays roumains, ainsi qu’à la consolidation du christianisme orthodoxe en langue grecque dans tout l’espace d’influence de l’Empire ottoman. Certains historiens feront plus tard le lien entre l’époque phanariote et l’époque byzantine, même si la première ne débute que dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. D’autres historiens verront encore en l’époque phanariote l’équivalent oriental du baroque.

    Les Phanariotes font leur apparition dans l’histoire des Etats roumains de l’époque, en 1711 en Moldavie, lorsque le dernier voïvode, Dimitrie Cantemir, se réfugie en Russie, puis, cinq ans plus tard, en 1716, en Munténie. Pour un peu plus de cent ans, l’histoire des Principautés roumaines sera marquée par ces grandes familles grecques de Constantinople, qui montent sur et se disputent tour à tour le trône des Pays roumains. Les Mavrocordat, les Caragea, les Suțu, les Mavrogheni, les Moruzi, la branche albanaise des Ghica ou encore des grandes familles roumaines à l’origine mais hellénisées entre temps, telles les familles Callimachi, voire des familles à 100% roumaines, comme les Racoviţă et les Sturdza feront partie de la pléiade des Phanariotes.

    Le courant romantique a mis au compte des Phanariotes et de leur vision orientale le retard économique et l’absence des réformes politiques que la société roumaine connaît pendant cette période. Pourtant, il ne faudrait pas ignorer que ce sont bien ces familles phanariotes qui deviennent le vivier d’où seront recrutées les futures élites nationales qui, un peu plus tard, seront porteuses de la modernité et de l’émancipation.

    L’historienne Georgeta Penelea-Filitti recense les idées reçues qui ont, encore aujourd’hui, la vie dure, alors que l’époque phanariote s’est achevée il y a de cela deux cents ans, en 1821, la révolution menée par Tudor Vladimirescu lui donnant le coup de grâce : « Selon des recherches encore inédites, on saisit des lieux communs bien ancrés dans l’imaginaire collectif à l’égard de certaines époques. D’abord, sur l’histoire ancienne, l’époque héroïque des Daces et des Romains, lorsque l’on faisait partie de l’Empire. Et puis, à l’opposé, on retrouve l’époque phanariote. Si l’Antiquité était une époque glorieuse, la dernière était à critiquer. Pour tout ce qui n’allait pas, c’était la faute aux Phanariotes. Aujourd’hui encore, on rend parfois les Phanariotes coupables, à certains égards, de ce qui ne va pas avec nous-mêmes. Evidemment, il n’est pas du tout certain que notre mentalité d’aujourd’hui soit redevable, de quelque manière que ce soit, à cette époque révolue, mais on est bien contents de pouvoir jeter ailleurs l’anathème que d’entamer un travail sur soi-même, autrement plus difficile. Ce genre d’imaginaire n’est pas récent. On le retrouve déjà en consultant l’historiographie de l’époque romantique, dans les œuvres de Bălcescu et de Kogălniceanu. Par ailleurs, certains Grecs ont complètement démonisé les Phanariotes. Fin XIXe, on retrouve toutefois une voix dissonante, qui essaye de rééquilibrer les perceptions : c’est celle du grand savant Nicolae Iorga.

    Les capitales des deux principautés roumaines, Bucarest et Iasi, étaient, selon les normes de l’époque, deux capitales orientales, c’est très clair. Les quelques sources iconographiques du XVIIIe siècle et qui sont parvenues jusqu’à nous indiquent deux villes dominées par de petites maisons et par quelques églises, sises au bord de deux rivières de taille modeste. C’est au cours du siècle suivant que les deux capitales tentent de recouvrer des identités urbanistiques un peu plus marquées, Bucarest commençant à se différencier. La capitale de la Munténie, Bucarest, est devenue représentative pour l’époque, car elle devient progressivement la ville qui s’agrandit plus vite, et qu’elle s’érige, après 1800 notamment, comme point d’ancrage des intérêts économiques et politiques des grandes puissances dans la région, telles la France et le Royaume-Uni.

    Début XIXe, Bucarest était un mélange invraisemblable d’ethnies, un nœud économique en pleine expansion, et le creuset du changement : d’un point de vue social, économique, c’était l’endroit par excellence des réformes politiques, des crises d’autorité, un creuset institutionnel enfin, des institutions en train de voir le jour. Les élites tentaient de crayonner des institutions étatiques et recherchaient l’appui des grandes puissances. De taille plus modeste, mais pas larguée pour autant, Iasi, la capitale moldave, ressemblait à s’y méprendre à celle de sa sœur du sud, Bucarest, la capitale de la Munténie.

    Au long des deux cents ans que compte l’historiographie roumaine, la période phanariote est connotée surtout de manière négative. Cette vision commence à être néanmoins battue en brèche ces derniers temps, et une nouvelle perspective, plus équilibrée, se fait progressivement jour.

    Ainsi, Georgeta Penelea-Filitti pense qu’il est grand temps de rompre avec les idées reçues, et d’analyser le XVIIIe siècle roumain la tête froide, et sans parti pris : « Dans son livre « Le Bucarest phanariote », l’historien Tudor Dinu ne vise pas à élever des louanges aux Phanariotes. Mais il n’envisage pas non plus les condamner, sans autre forme de procès. Sa démarche consiste à retracer tout simplement l’histoire de la ville de Bucarest, à montrer ses multiples facettes. En faisant des recherches sur la vie quotidienne de l’époque, on ne peut ignorer la présence, l’influence, la contribution, dans le devenir de cette ville, de ces Grecs. Pourquoi ? Mais parce que dans la vie roumaine de l’époque, on distingue quelques éléments de dynamisme : les Grecs, les Juifs et les Arméniens. De ces trois ethnies, les Roumains ont embrassé plus volontiers les Grecs. Des liens se sont tissés pendant cette période. Des liens d’amour. Parce que les commerçants, le marché de Bucarest a été le point de rencontre des courants d’idées complètement inédits: les coutumes, l’organisation du commerce, les relations personnelles entre les Roumains et les Grecs, c’est là que cela se passait. Et, au-dessus de tout ce monde : la figure des voïvodes phanariotes. Il s’agit d’une image équilibrée et correcte, le reflet d’une certaine réalité de l’époque. Mais il s’agit aussi d’une image inédite, inattendue pour beaucoup. »

    L’héritage phanariote continue à faire débat en Roumanie, deux siècles après l’extinction de ce régime, alors que la divergence des points de vue de l’historiographie n’est rien d’autre que le reflet d’une certaine maturité acquise, au fil des ans, par cette discipline. Mais cela dénote bien plus encore : un certain détachement par rapport aux idées reçues et aux visions partisanes, encore de mise jusque très, trop récemment. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le folklore urbain au 19e siècle dans les principautés roumaines

    Le folklore urbain au 19e siècle dans les principautés roumaines

    Au début du 19e siècle, les Principautés roumaines de Moldavie et de Valachie se modernisaient rapidement. Pourtant, la modernité y coexistait avec l’esprit levantin, oriental. Une très mince couche de boyards européanisés s’opposait à la mentalité collective, un des territoires d’affrontement étant la culture dominante de l’époque. Entre la culture savante et la culture populaire il n’y avait pas pour autant de différences significatives et les chansons du folklore urbain faisaient les délices de toutes les couches sociales. L’ambiance des festins étaient égayée surtout par des chansons à ligne mélodique orientale et dont les vers empreints d’érotisme frôlaient l’immoralité et la vulgarité. Aussi, ces chansons – que, faute d’un meilleur terme, nous appellerons « mondaines » – devinrent-elles la cible de ceux qui militaient pour la modernisation de la société roumaine.

    Anton Pann a été un des créateurs de ce genre de chansons mi courtoises, mi grivoises. Venu des Balkans, Pann rejoignit un des cercles de jeunes gens qui donnaient le ton à la vie urbaine de la ville – si orientale, à l’époque – de Bucarest.

    L’ethnologue Nicolae Constantinescu, professeur à l’Université de Bucarest, nous parle brièvement de ce personnage et de la place qu’il a occupée dans sa nouvelle patrie : « Anton Pann arrivait du territoire situé au sud du Danube, avec sa mère et ses deux frères aînés, qui allaient périr sur le champ de bataille. Il s’appelait Antonache, fils de Panteleon, et il était originaire de Sliven, en Bulgarie, d’où il allait migrer vers les pays roumains. Pendant un certain temps, il habita à Chişinău, ensuite à Bucarest, où il finit par s’établir. S’intégrant profondément au milieu linguistique et culturel de la capitale valaque, il devient selon le critique Paul Cornea, un des premiers représentants littéraires de la ville Bucarest. Dans une lettre adressée au poète Vasile Alecsandri, l’écrivain Ion Ghica plaçait Anton Pann parmi les bons viveurs. Anton Pann était d’ailleurs un des piliers de cette société bachique et érotique des tavernes et des terrasses bucarestoises. »

    Certes, le spectacle qu’offrait la ville de Bucarest n’était pas dominé par les festins et les fêtes, pourtant, ceux donnés par les grands boyards étaient de nature à impressionner tout le monde, surtout un étranger.

    Nicolae Constantinescu : « Il serait faux de croire qu’à la fin du 18e siècle et au début du 19e, toute la population de la ville de Bucarest passait son temps à festoyer, au son de la musique des ménétriers ou à soupirer sous les fenêtres des demoiselles se cachant, timides – ou pas tout à fait -, derrière les rideaux. Il n’était pas rare que des étrangers de passage à Bucarest, soient impressionnés par la vie mondaine des boyards, par leurs repas somptueux, lors desquels une cinquantaine d’assiettes étaient remplies de mets délicats, assaisonnés de boissons fines, de café et de liqueurs très chères. Selon les documents de l’époque, les ingrédients rares et les produits exquis étaient apportés pour la plupart de Vienne. Aux festins étaient présents des musiciens doués et les femmes portaient des vêtements à la mode à l’époque. On était entre l’Orient et l’Occident. »

    Une des chansons « mondaines » les plus connues et appréciées même de nos jours a été « Leliţă Săftiţă » « Sufiţa, M’amour », signée par Anton Pann.

    Qu’est-ce donc que la chanson « mondaine » ? Nicolae Constantinescu explique : « Qu’est-ce que la chanson « mondaine » ? Anton Pann, qui était chantre d’église, savait noter les mélodies. Il a donc utilisé la notation de la musique byzantine, pour transcrire les mélodies que ses convives et lui avaient l’habitude de chanter. Un siècle plus tard, Gheorghe Ciobanu les a retranscrites en notation musicale moderne et des chanteurs les ont enregistrées telles qu’elles étaient probablement chantées il y a 150 ans. Les chansons « mondaines » d’Anton Pann étaient des chansons à la mode au début du 19e siècle, composées par des ménétriers sur commande, une sorte de « chansons courtoises », écrites par des auteurs en vogue, comme Costache Conachi, par exemple, né en 1777 et mort en 1849. Celui-ci écrivait des vers qu’il n’envoyait ni aux revues, ni à l’imprimerie, mais qu’il confiait aux ménétriers, pour être mis en musique et chantés. C’est qu’à l’époque, la suprême élégance de la part des jeunes boyards c’était d’offrir aux élues de leur cœur des concerts de ménétriers. A Iaşi, par exemple, en Moldavie, à différents endroits de la ville, des ensembles de ménétriers payés par de jeunes boyards, jouaient et chantaient des chansons d’amour pour quelque belle demoiselle. »

    Auteur d’un recueil réunissant des textes de telles chansons intitulé «L’hôpital de l’amour ou le Chantre de l’amour», Anton Pann s’est attiré la disgrace de la postérité, avant d’être reconsidéré.

    Nicolae Constantinescu : « Cette mode a gagné la Valachie aussi. Le poète romantique Dimitrie Bolintineanu déplorait cette situation – je cite : « Les villes sont inondées par ces chansons érotiques chantées par les ménétriers. La Valachie est inondée par ces chansons créées en Moldavie et qui sont pour la plupart obscènes. » – fin de citation. Même le grand dramaturge Ion Luca Caragiale, amateur de festins et de relations amoureuses plus ou moins licites, condamne avec horreur la poésie d’alcôve de « L’hôpital de l’amour » – je cite : « Au vif de cette mode stupide, de ce courant d’érotisme trivial, de sentimentalisme dégoûtant et de galanterie ridicule, qui ont emporté et noirci nombre de gens d’esprit et vraiment talentueux, Anton Pann, notre fameux poète populaire, a publié, à part ses admirables ouvrages originaux et ses traductions, une collection de chansons à la mode… trésor minable, tas d’ordures littéraires, témoignage de l’imbécilité d’une époque » – fin de citation. Quelle violence de la part de Caragiale envers le pauvre Anton Pann, qui n’était déjà plus en vie. Pourtant, la véhémence de Caragiale allait se calmer un peu plus tard et le dramaturge écrira qu’Anton Pann avait rendu service à la littérature roumaine en recueillant tous ces documents illustrant l’état social des Roumains durant la première moitié du 19e siècle. »

    Avec le temps, la mode a changé et les chansons « mondaines » sont tombées dans l’oubli, devenant un objet de recherche pour les folkloristes. La société roumaine a continué sa modernisation, non sans retours en arrière et réinterprétations. (Trad. : Dominique)

  • Michel Beine (Belgique) – la monnaie nationale roumaine, le leu

    Michel Beine (Belgique) – la monnaie nationale roumaine, le leu

    La monnaie nationale roumaine est le leu dont le nom signifie lion. En fait, l’histoire du leu commence il y a 146 ans, plus précisément le 22 avril 1867 après la promulgation par le roi Carol I de Roumanie de la nouvelle loi monétaire. Avant cette date, quelques 80 monnaies étrangères circulaient sur le territoire des Principautés Roumaines dont les plus importantes étaient le napoléon, le franc ou le ducat hollandais. Au moment de sa mise en circulation, le leu pesait 5 grammes d’argent. Pourtant, avant de vous présenter l’histoire du leu en terre roumaine, une petite précision s’impose. Les premières négociations pour frapper une monnaie nationale remontent à 1859. A l’époque, Victor Place, consul français à Iasi, a négocié au nom du gouvernement roumain la frappe d’une monnaie nationale d’une valeur similaire à celle du franc français.



    Une question pourtant a soulevé de nombreuses controverses : comment appeler la future monnaie ? On a proposé le Roumain, d’après le modèle français du Franc et l’Etat roumain est arrivé à obtenir l’autorisation d’une banque française pour créditer la première émission. Pourtant, pour éviter une réaction hostile de la part de l’Empire Ottoman, l’empereur Napoléon III a décidé d’abandonner le projet et donc, les Principautés roumaines doivent encore attendre avant d’avoir leur propre monnaie nationale. En fait, les négociations ont été reprises pendant le règne du roi Carol I qui, comme je viens de le dire, a promu la nouvelle loi monétaire des Principautés. Et maintenant, petite question très intéressante : d’où le nom de leu, lion en roumain ? Le nom a été choisi sur fond d’une grande popularité du thaler hollandais qui portait au revers le lion de Bohême.



    Il était très fréquent de voir le thaler circuler sur le territoire des Principautés roumaines en raison des échanges commerciaux entre l’Empire Ottoman et l’Europe occidentale. Plus que cela, vers la moitié du XVIIème siècle, la notoriété du thaler était tellement grande que celui-ci était souvent pris pour la monnaie nationale. Bien que mis hors circulation vers 1750, le thaler d’argent est resté tellement à la mode en terre roumaine que les Roumains continuaient à calculer les prix en cette monnaie. D’où l’idée de nommer leu la nouvelle monnaie nationale, à la mémoire du Lion de Bohème.



    Mais, puisque les Principautés roumaines étaient fortement soumises à l’Empire ottoman et comme celui-ci a protesté contre cette marque dindépendance roumaine, le gouvernement roumain a décidé de lancer au début seulement le « ban », sous-division du leu (des pièces de 1, 2, 5 et 10 « bani », en cuivre, frappées à Birmingham). En 1868, le roi ordonne lémission symbolique de 200 pièces de 20 « lei », en or, frappées de linscription « Carol, roi des Roumains ». Une décision qui a provoqué une vague de protestations aussi bien de la part des Ottomans que de la part de lEmpire de l’Autriche-Hongrie (qui occupait la Transylvanie) et de la Russie (qui occupait la Bessarabie). Ce fut le 3 mars 1870 que la Monnaie dEtat voit le jour en Roumanie. La même année, elle frappe les monnaies de 1 « leu » dargent et de 20 « lei » dor. Les monnaies frappées sous le règne du roi Carol Ier seront gravées par des artistes célèbres allemands et français (Kullrich, Scharff, Tasset). En or ou en argent, le « leu » roumain restera une monnaie européenne stable jusquà la Seconde Guerre mondiale. Les premiers billets de banque en « lei » ont été émis par la Banque nationale de Roumanie (BNR) entre 1877-1881.



    L’actuel siège de la BNR a été dressé entre 1884-1889, selon les plans des architectes français Albert Galleron et Joseph Cassien-Bernard. Et maintenant, je vous propose de revenir au présent pour vous dire que la nouvelle monnaie a été officiellement inaugurée le 30 juin 2005, à minuit, par un retrait dargent devant les caméras par le président roumain Traian Băsescu, le Premier ministre de l’époque Călin Popescu-Tăriceanu et par le gouverneur de la BNR. C’est en fait en 2005 que la Banque centrale roumaine a décidé denlever quatre zéros afin de donner naissance au nouveau leu roumain (leu nou). Les nouveaux billets sont les mêmes que les anciens, à lexception des quatre zéros enlevés et les nouvelles coupures ont la même taille que les billets en euros, afin de faciliter la future transition. Je voudrais préciser que pour répondre à cette question sur l’histoire de la Monnaie roumaine, j’ai recueilli des informations sur Wikipedia en roumain et en français.