Tag: psychologie

  • De nouvelles solutions pour de vieux problèmes : le théâtre contre le harcèlement et la discrimination à l’école

    De nouvelles solutions pour de vieux problèmes : le théâtre contre le harcèlement et la discrimination à l’école

    Une étude réalisée au début de l’année par l’association Salvati copii, Sauvez les enfants en français, révèle qu’un élève roumain sur deux a été victime au cours de sa scolarité de menaces, humiliations, ou violences physiques et 82% d’entre eux ont été témoins de ce type de situation. Selon un rapport récent de l’OMS, la Roumanie se trouve en troisième position en Europe en ce qui concerne le harcèlement. La loi roumaine définit le harcèlement comme l’action ou série d’actions physiques, verbales, relationnelles et/ou cybernétiques, dans un contexte social difficile à éviter, provoquées de manière intentionnelle, qui implique un déséquilibre de pouvoir et ont pour conséquence d’atteindre à la dignité de la personne ou de créer une atmosphère d’intimidation, hostile, dégradante, humiliante ou offensante dans un but de discrimination et d’exclusion sociale. Dans les faits, les personnes d’ethnie Rom sont toujours confrontées à un phénomène de ségrégation dans les écoles bien que le Parlement roumain ait adopté depuis longtemps déjà une loi interdisant cette ségrégation.

     

    Dans ce contexte peu reluisant, deux personnes ont choisi de mettre leurs compétences et leur expérience au service de la résolution de ces problèmes en usant de méthodes peu conventionnelles. C’est le cas de l’association Acting Works en tournée actuellement dans des communautés vulnérables du sud de la Roumanie avec le spectacle « Vi me som rom/Și eu sunt rom”, (Moi aussi je suis rom), une pièce de théâtre qui parle de la réalité vécue aujourd’hui par les personnes roms en Roumanie en mettant en scène trois histoires de vie réelles. Andrei Serban, acteur et fondateur de l’association, fait du théâtre social depuis 17 ans. C’est son expérience de personne rom invisible, c’est-à-dire qui n’est pas identifié comme rom par les non roms, qui l’a incité à monter cette pièce et à partir en tournée dans les écoles.

     

     

    « Je suis resté « dans le placard » pendant 20 ans, j’avais peur d’être discriminé. Et à partir du moment où j’ai assumé que j’étais rom, j’ai eu envie de faire un spectacle. J’entends beaucoup de propos racistes parce que les gens ne se rendent pas compte que je suis rom moi-même. Donc ce spectacle est aussi né d’une frustration, mais aussi pour donner des instruments aux personnes confrontées au racisme et à celles qui sont témoins de situations racistes, afin qu’elles sachent comme agir ou réagir. »

     

    Mădălina Brândușa, actrice et membre d’Acting Works, explique que l’association a choisi de se rendre dans les communautés rurales vulnérables pour sensibiliser justement des personnes qui n’ont pas accès au théâtre ou aux productions culturelles en général. Parmi les adolescents qui ont vu la pièce, nombre d’entre eux vivaient leur première expérience théâtrale. Andrei Serban raconte comment la pièce a été reçue.

     

     

    « Nous avons construit ce spectacle avec beaucoup d’humour parce que nous ne voulions pas rajouter de la pression là où il y en a déjà beaucoup et nous avons utilisé le langage des jeunes. Après le spectacle, lors des échanges avec le public, nous constatons que de nombreux adolescents se sont reconnus dans les personnages. Beaucoup de jeunes roms ont assumé leur identité pour la première fois, ce qui nous rend très heureux car c’était aussi un des objectifs de la pièce. »

     

     

    Les deux acteurs reconnaissent avoir un peu le trac avant chaque représentation, le spectacle contenant une forme de critique envers les enseignants et personnels des écoles. Mais ils sont déjà rodés, ce n’est ni la première fois ni le premier type d’activité qu’ils mettent en place dans des écoles et lycées. Au cours des dernières années, ils ont créé, en collaboration avec des élèves, des courts-métrages sur le thème du harcèlement à l’école, l’un d’entre eux a été visionné plus d’un million de fois. Mădălina Brândușa raconte que pour réaliser ce film, l’équipe a réalisé pendant trois mois plusieurs séries d’atelier, en milieu rural ainsi qu’en zone urbaine, par lesquels les jeunes pouvaient expliquer les réalités des problèmes auxquels ils sont confrontés au quotidien. Que pourraient mettre en place les écoles et les autorités publiques pour lutter contre le harcèlement ? Mădălina Brândușa nous apporte des éléments de réponse.

     

    « Nous avons pris conscience en fréquentant les écoles qu’il y avait un besoin urgent de mettre en place, sur le temps scolaire, une heure d’éducation anti-harcèlement par semaine, des ateliers de théâtre aussi pour travailler sur ces problématiques de relations saines et de l’éducation sexuelle adaptée à chaque groupe d’âge. On n’enseigne pas la même chose en primaire et dans le secondaire. Mais il faut absolument que ce soit quelque chose de constant, proposer des interventions une ou deux fois par an n’a quasiment pas d’effet. »

     

     

    Andrei Serban a constaté avec mécontentement que le chemin reste long en participant récemment à une conférence réunissant des enseignants, des fonctionnaires du ministère de l’Education, des représentants de la police, des assistantes sociales, des avocats et des conseillères d’éducation.

     

    « De mon point de vue, il faut modifier un peu l’approche. A l’heure actuelle, nous avons une approche punitive. J’ai été désagréablement surpris de constater qu’on parlait en termes de victimes et d’agresseurs, mais si ce qu’on veut c’est rectifier le comportement des jeunes, on ne peut pas les regarder comme des agresseurs. Nous devons prendre en compte leur âge mais aussi le fait que bien souvent il y a de nombreux problèmes derrière ces comportements, des problèmes en général systémiques, générés par un accès inégal aux ressources. Il y a des gens qui n’ont pas accès à la thérapie, notamment des parents. Il faut intervenir dans les familles, il faut pouvoir proposer une aide psychologique gratuite. Beaucoup de famille sont marquées par des violences, dans les milieux précaires mais pas uniquement, et c’est à ce niveau-là qu’il faut intervenir. »

     

    Les victimes de harcèlement mais aussi les jeunes qui harcèlent sont soumis à des problèmes émotionnels et sociaux, dépression, faible estime de soi, mauvais résultats scolaires, anxiété etc. Ce sont des problèmes qui peuvent demeurer sur le long terme et marquer fondamentalement la vie des personnes. Une étude récente révèle que les personnes ayant été harcelée pendant leur enfance ont 4,3 fois plus de risque de présenter des troubles anxieux à l’âge adulte que les personnes non harcelées. Quant aux personnes qui ont été à la fois harcelées et harceleuses pendant l’enfance, elles ont un risque 14,5 fois plus élevé que les autres de développer un trouble panique à l’âge adulte.  Andrei Serban pointe le peu de poids accordé aux relations sociales dans notre façon de penser l’école.

     

     

    « Je trouve que l’école est un milieu très compétitif dans lequel les élèves ne font pas d’activités leur permettant de travailler ensemble, de faire quelque chose ensemble, pour leur permettre de se connaitre et de se lier d’amitié. Nous ce que nous avons fait pour les ateliers de théâtre, c’est que nous avons mélanger les élèves de différentes classes, de différents niveaux, des victimes, des agresseurs, des personnes harcelées et des harceleurs. Au cours des trois mois qu’ont duré les ateliers, ils ont pu se rapprocher, ils ont constaté que le jeu d’acteur nécessite de pouvoir se reposer sur les autres, sur la ou le camarade d’à côté et donc ils se sont liés d’amitié. Je pense qu’on manque de ce genre d’activités dans les écoles. »

     

     

    Comme souvent des solutions existent et n’attendent plus qu’un peu de volonté politique pour pouvoir être mises en place et modifier peu à peu les mentalités collectives. (Trad : Clémence Lheureux)

  • Fêtes de fin d’année : bonheur ou dépression ?

    Fêtes de fin d’année : bonheur ou dépression ?

    5% de la population mondiale est en dépression, et il est fort probable que ce chiffre soit très en dessous de la réalité, toutes les personnes concernées n’étant pas officiellement diagnostiquées, note cette année la revue de business américaine Forbes dans un dossier sur cette maladie mentale silencieuse et extrêmement dangereuse. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, dans le monde, 280 millions de personnes sont dépressives. Or selon Forbes, il semble que la dépression ne touche pas tout le monde dans les mêmes proportions, par exemple les femmes et les communautés racisées, notamment noires et latino-américaines aux Etats-Unis, sont plus sujettes à la dépression que d’autres catégories de populations. Les femmes adultes en général sont plus susceptibles de faire face à une dépression que les hommes. Ce sont en effet elles qui portent la famille et font face aux difficultés, elles élèvent les enfants, prennent soin des personnes âgées, accomplissent les tâches quotidiennes, et en même temps doivent mener leur carrière professionnelle. Tout ceci ne leur permet pas de prendre soin d’elles-mêmes. Il semblerait également que la dépression puisse être héréditaire. Il ressort en effet d’une étude réalisée par l’Université Stanford que les personnes ayant des proches touchés par la dépression présentent un risque deux à trois fois plus élevé de développer eux-mêmes une dépression. Et il est très inquiétant de constater que l’âge des premiers épisodes dépressifs est tombé à douze ans.

    Forbes note aussi que les fêtes de fin d’année constituent un moment particulier pour notre vie mentale, au cours duquel même les plus solides d’entre nous peuvent connaître un effondrement mental provoqué par la pression sociale.

    Nous nous sommes entretenus avec la psychothérapeute Adina China-Birta qui nous a appris comment identifier la dépression saisonnière et comment en contrecarrer les symptômes : La dépression des fêtes, dit le « holiday blues », est un problème courant auquel n’importe qui peut être confronté à un moment ou à un autre et qui se manifeste par un inconfort émotionnel ou un état de tristesse qui apparaît au moment des fêtes, par exemple à Noël, à la saint Sylvestre ou juste après. Les symptômes peuvent être un état de tristesse, d’anxiété, de stress ou d’isolement social. Cette dépression peut être causée par différents facteurs comme le stress lié à la préparation des fêtes, la pression sociale, la solitude ou des souvenirs tristes liés à cette période. Que peut-on faire pour prévenir cette dépression des fêtes ? On pourrait commencer par se fixer des attentes réalistes. Ce serait très bien d’essayer de ne pas se laisser envahir par l’idée que les fêtes doivent être parfaites ou que nous devons être heureux de manière constante. Les films de Noël donnent à voir une réalité difficilement transposable dans notre vie quotidienne. On peut aussi planifier ce qu’on a à faire. Si on sait que tel ou tel aspect des fêtes nous affecte tout particulièrement, comme par exemple les courses de Noël, on peut les planifier attentivement et se poser des limites, c’est-à-dire définir un budget et une période dédiée aux achats et rester dans les limites qu’on s’était fixées. On peut aussi faire du bénévolat. Ça peut apporter un sentiment de satisfaction et nous aider à trouver un sens plus profond aux fêtes. Une autre chose qui peut aider à se remonter le moral c’est de faire du sport, et de prendre soin de soi. Une activité physique régulière peut améliorer l’état d’esprit par la libération d’endorphine. Il faut prendre soin de soi, se reposer et se nourrir correctement.

    Mais pourquoi certains d’entre nous sombrent pendant cette période qui devrait être justement marquée par la joie et la détente ? Et comment distinguer un épisode de dépression classique d’une dépression saisonnière ? Adina China-Birta nous aide à y voir plus clair : La dépression des fêtes et la dépression proprement dite sont deux concepts distincts. La dépression proprement dite, également appelée dépression majeure, est une affection mentale plus grave, caractérisée par la persistance de symptômes significatifs, comme un état de tristesse de longue durée, la perte d’intérêt pour les activités habituelles, des variations de poids, des troubles du sommeil, une fatigue excessive, des difficultés à se concentrer et même des pensées suicidaires. Elle est très peu influencée par le facteur saisonnier ou par des évènements spécifiques, elle peut toucher un individu à n’importe quel moment de l’année. Si vous observez ces symptômes chez vous-même ou chez un proche pendant les fêtes, il est important de les prendre au sérieux et de chercher de l’aide. La consultation d’un professionnel de la santé mentale comme un psychologue ou un psychiatre peut être cruciale pour recevoir du soutien et un traitement adapté. Ainsi, oui, il est tout à fait possible qu’une personne qui ne souffre pas de dépression soit néanmoins confrontée à des symptômes dépressifs pendant la période des fêtes. Cette période peut véhiculer un stress supplémentaire, une pression sociale, des pensées tristes, de la solitude, ce qui peut déclencher ou aggraver des symptômes dépressifs chez certaines personnes. Il faut être conscient du fait que la dépression des fêtes peut toucher n’importe qui, même des personnes qui ne souffrent pas de dépression majeure. Il est essentiel de distinguer un état temporaire d’inconfort, associé à la période des fêtes et une dépression majeure qui nécessite souvent l’intervention d’un professionnel pour être prise en charge et traitée.

    Voyons ce que nous pouvons mettre en place pour améliorer notre état d’esprit et peut-être même, sait-on jamais, apprendre à nous réjouir des fêtes de fin d’année.

    Adina China-Birta: Voici quelques conseils pour vous si vous souffrez de dépression saisonnière. Commencez par respecter vos besoins émotionnels. Ecoutez votre corps et votre esprit. Si vous ressentez un besoin de repos ou de temps pour vous, offrez-vous ces moments sans vous sentir coupable. Il est important de reconnaître et d’accepter vos sentiments. Ce n’est pas anormal de ne pas se sentir heureux en permanence. Comprendre et accepter ses émotions peuvent être le premier pas vers la guérison. Ensuite, prévoyez des activités en plein air. Même quand il fait froid, ou plutôt surtout s’il fait froid, le temps passé dehors peut entraîner des bénéfices fantastiques pour l’état d’esprit. Essayez de profiter au maximum de la lumière naturelle. Maintenez une routine régulière qui laisse la place au sommeil, à une alimentation saine et à de l’exercice physique. Consommez des aliments riches en nutriments comme des fruits, des légumes, des protéines maigres et des céréales complètes. Une activité physique régulière libère des endorphines, ce qui contribue au bien-être mental. Il est également primordial de communiquer. Parlez à vos amis et à votre famille de ce que vous ressentez. Parfois, partager ses pensées peut amener réconfort et soutien. Socialisez avec des personnes que vous appréciez, même si c’est en ligne. Dressez une liste d’activités qui vous font plaisir et essayer de les intégrer à votre vie quotidienne. Qu’il s’agisse de lire, d’écouter de la musique, de cuisiner ou de danser, accordez du temps aux activités qui vous plaisent. Enfin, quand des pensées négatives vous envahissent, vous pouvez recourir aux techniques de pensée positive ou de pleine conscience pour vous aider à les gérer et à les dépasser. Si les symptômes persistent ou s’aggravent, il faut consulter un professionnel de la santé mentale, un psychologue ou un psychiatre, qui vous aidera à gérer cette dépression saisonnière.

  • Le Changement au féminin

    Le Changement au féminin

    L’Union européenne des femmes, UEF, dispose de représentants au sein de l’ONU à New York, Vienne et Genève, du Conseil européen ainsi que de l’UNESCO. Il s’agit d’une organisation fondée en 1953, qui œuvre à promouvoir les droits des femmes à l’égalité des chances et à l’éducation, et encourage leur émancipation au travail et dans la société. Elle participe aussi au processus de consultation de la Commission Européenne, dont les résolutions sont ensuite transmises aux parlements nationaux des états membres de l’UE. La Roumanie a été accréditée en tant que membre de cette organisation au niveau européen en octobre 2022, à l’occasion du 70ème anniversaire de l’UEF. Comme en plus, tous les deux ans, a lieu le Congrès international qui permet des discussions autour des problèmes politiques actuels, les représentantes de l’UEF se sont récemment réunies à Bucarest dans le cadre du groupe de travail « Women Creating Change ».

    Aphrodite Bletas, présidente de l’UEF internationale et représentante de la Grèce, nous raconte que « Au sein de cette organisation nous travaillons en commission thématique, par exemple « politique internationale », « santé et politique sociale » ou « éducation ». L’une d’entre elles s’intitule « l’Europe prend vie ». Il s’agit d’une commission de diplomatie culturelle, si je puis m’exprimer ainsi. Chaque année, nous organisons un évènement dans l’un de nos Etats membres, ce qui nous permet de découvrir chaque année un nouveau pays et d’en apprendre davantage sur son fonctionnement politique, social et économique. C’est aussi l’occasion de nous rencontrer et de nous faire connaître aussi. Nous ne cherchons pas à encourager le militantisme féministe, mais plutôt à offrir aux femmes les outils nécessaires à leur émancipation, afin qu’elles puissent jouer un rôle dans la société, dans les domaines de leur choix, qu’il s’agisse de la politique, des affaires, de l’éducation ou encore de la famille ».

    Parmi les participants se trouvait aussi Victor Nistor, directeur adjoint de la Direction de lutte contre le crime organisé de la police de Roumanie, qui s’est quant à lui exprimé sur la question de la prévention et de la lutte contre la consommation de drogues chez les jeunes. « Le message que nous voulons transmettre concerne l’éducation, et plus particulièrement la prévention autour de la consommation de drogues. Une démarche qui commence d’abord à la maison, chez soi, en famille, mais aussi au sein de son groupe d’amis, avant l’intervention des autorités compétentes en la matière. Quelle est la marche à suivre. En premier lieu, il est essentiel de prendre conscience des choses, d’apprendre de nos expériences passées et d’accepter que nous vivons dans une société mondialisée, dont les frontières ont disparu. Il n’existe plus de barrières et il nous faut accepter que les drogues sont accessibles et circulent sur ce grand marché. »

    A la question de savoir si les femmes pouvaient faire changer les choses, Victor Nistor a répondu :
    « Oui, les femmes sont toujours actrices du changement, car elles incarnent à la fois la beauté, si je puis dire, et la créativité, dans leur façon de participer au politique. Nous nous appuyons toujours sur elles et elles sont toujours à la hauteur de la tâche ».

    Oana Maria Rotariu est une des survivantes de l’incendie de Colectiv de Bucarest. Suite à cette tragédie dans laquelle une soixantaine de jeunes ont perdu la vie et quelque 200 ont été blessés, elle est devenue coach en body positivité. Elle nous fait part de son message: « Dans la vie, l’important est de ne pas être seul. Nous vivons en communauté et pourtant, on continue à souffrir de solitude. Du coup, mon message est de continuer à s’entourer des gens, à trouver des personnes prêtes à rester à nos côtés, quelles que soient les circonstances. Pour cette conférence, j’ai préparé une présentation sur la manière dont on peut vivre en Roumanie, tout en étant handicapé. Je voudrais expliquer aux gens comment faire pour vivre au sein d’une société qui affirme accepter les différences, mais qui en réalité, ne le fait pas. Nous avons d’une part, une belle propagande et de l’autre – la réalité. Et pour les personnes handicapées, notamment pour les femmes, il y a plein d’obstacles au quotidien contre lesquels il faut se battre. Oana nous a assurés que la vulnérabilité n’avait rien à voir avec la fragilité ou la faiblesse. Tout au contraire. Les femmes handicapées sont souvent autant de voix capables d’entrainer des changements dans ce monde.

    Sat Dharam Kaur est naturopathe et impliquée dans plusieurs programmes à succès censés soutenir les femmes à travers le monde. Elle plaide pour l’importance du soutien accordé aux femmes en situation vulnérable : enceintes, malades ou en situation de dépendance. « Par le passé, mon travail a constitué à appuyer les femmes remises après un cancer de sein. J’ai mis en place plusieurs programmes à l’intention des gens, victimes de la dépendance. Avec le psychothérapeute, Gabor Mate, nous avons mis en place le programme « Compassionate Inquiry » qui se construit autour de l’idée que la connexion est l’essence même de la sécurité. C’est une initiative censée apprendre aux gens comment aider les victimes des traumas à refaire surface ».

    Beaucoup de psychologues pensent que le trauma est alimenté par l’absence de la connexion humaine, de plus en plus fréquente dans une société qui reconnait de moins en moins la famille traditionnelle.L’équipe qui représente la Roumanie au sein des différentes commissions de l’UEF, (l’Union européenne des femmes), telles la Commission pour la Santé, pour la Culture, pour l’Education ou pour les Relations Internationales, se propose de profiter du soutien européen pour mettre en place différents projets sociaux. Les principes de l’UEF reposent sur le libéralisme social, sur la liberté individuelle et l’assistance sociale. Trois axes qui se proposent d’encourager la paix, la justice et la prospérité dans le monde, tout en contribuant à la préservation de la dignité et des libertés individuelles, du patrimoine et des traditions culturelles, du progrès social et économique et des droits de l’être humain.

  • Les effets de la pandémie sur les élèves

    Les effets de la pandémie sur les élèves

    Si la pandémie a
    eu des conséquences psychologiques dévastatrices sur les adultes, elle a eu un
    impact encore plus néfaste sur les enfants, qui comme on le sait, sont encore
    plus sensibles. Voilà deux ans maintenant que les experts en éducation, les
    psychologues et les parents tirent la sonnette d’alarme sur les changements que
    vont rencontrer les élèves et ce, principalement, à cause de l’isolement. Les
    études qui le confirment se sont progressivement multipliées. La plus récente
    est un sondage effectué par l’organisation Salvați Copiii (Sauvez les enfants).
    Le sociologue Ciprian Grădinaru nous explique les résultats de cette dernière :




    « Toute
    situation doit être replacée dans un contexte plus large. Ces deux années de
    pandémie ont bouleversé le rythme des enfants, mais aussi celui des adultes.
    Nous constatons que près de la moitié d’entre eux se sentent seuls, tristes,
    isolés et stressés. C’est le cas parce que durant la pandémie ils ont été
    isolés de leur groupe d’amis. Ils ont été obligés de se soumettre à un système
    scolaire complètement nouveau. Ils ont reçu moins d’information et moins de
    connaissances, et leur accès à l’éducation a été réduit. N’oublions pas qu’une
    bonne partie de ces enfants n’a pas eu ou a eu un accès limité à l’éducation au
    cours de cette période. Cela explique pourquoi la moitié d’entre eux estiment
    ne pas se sentir prêts pour les examens. Les élèves de 4ème et de Terminale
    admettent être stressés et ne pas avoir confiance en eux en ce qui concerne les
    examens qui approchent. D’ailleurs, les résultats confirment ce qu’avaient
    prédit les experts en éducation. »




    Les élèves
    semblent s’autoévaluer avec objectivité. Seul un tiers des élèves de quatrième
    estiment être bien préparés aux examens. 31 % des élèves du secondaire
    déclarent avoir du retard dans leur scolarité, tandis qu’un élève sur deux
    estime que la quantité de devoirs est plus importante que les années
    précédentes. C’est pour cette raison que beaucoup reconnaissent avoir besoin
    d’aide, par rapport aux années précédentes. 51 % des enfants interrogés
    reconnaissent avoir eu davantage besoin du soutien de leurs professeurs au
    cours de cette année scolaire. 13 % ont eu besoin de cours particuliers et 9 %
    ont demandé de l’aide à leur entourage. Une bonne partie des élèves de 4ème
    affirment avoir eu besoin de cours particuliers, plus que leurs camarades des
    autres niveaux. Beaucoup, à juste titre, expriment de la frustration,
    conscients d’avoir du retard dans certaines matières. Ce n’est toutefois pas la
    seule émotion négative ressentie par ces jeunes. Selon le sondage effectué par
    l’organisation Salvați Copiii (Sauvez les enfants), les lycéens racontent se
    sentir furieux, tristes ou fatigués. Ce sont malgré tout les élèves de
    quatrième qui semblent être le plus affecté, beaucoup exprimant un état élevé
    de stress, de peur ou de fatigue. Le sociologue Ciprian Grădinaru estime
    cependant que cet état d’esprit peut être étendu à la famille élargie :




    « Les
    parents sont aussi concernés. Leur rythme quotidien a aussi été bouleversé.
    C’était une période stressante pour eux aussi, avec beaucoup de tensions. Leur
    travail aussi a changé, tout comme leurs interactions et leurs sorties qui ont
    été réduites. C’est le cocktail parfait pour générer des tensions au sein d’une
    famille, des problèmes divers qui, inévitablement, affecteront aussi les plus
    jeunes. »




    Quels sont les causes de ces
    problèmes ? Ciprian Grădinaru nous répond :




    « Le
    manque d’interaction et l’isolement sont les principales causes de stress chez
    les enfants. Il faut bien se rendre compte que la scolarité, le quotidien et
    bien d’autres aspects de la vie de ces derniers ont été complètement
    bouleversés au cours de ces deux années. Rappelez-vous que les vacances, telles
    que nous les connaissions, ont disparu. Les interactions quotidiennes entre
    amis ont elles aussi disparu, au profit des échanges en ligne. Les enfants
    passaient déjà beaucoup de temps sur les écrans avant la pandémie, et les
    chiffres des études menées à l’époque étaient inquiétants. Aujourd’hui c’est
    encore pire, avec les avantages et les désavantages que cela présente. Ce sont
    tous ces éléments (manque de contact, isolement, enfermement, absence de
    vacances, manque d’activité) qui génère des tensions, de la tristesse etc. On
    constate aussi que certains enfants sont plus affectés que d’autres. Les
    adolescents par exemple sont plus nombreux à exprimer de la tristesse que les
    enfants plus jeunes, les filles en particulier. Et ainsi de suite. »




    Cette étude a été menée au mois de mars
    sur un échantillon représentatif de 1 900 enfants âgés de 9 à 18 ans, répartis
    équitablement entre les différents niveaux d’enseignement du secondaire.
    (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • L’art et la lutte contre le harcèlement à l’école

    L’art et la lutte contre le harcèlement à l’école

    L’art a toujours été efficace pour aider les gens à prendre conscience de leurs problèmes et difficultés, mais aussi à les résoudre. Même à plus grande échelle, au niveau des communautés ou de l’ensemble de la société, l’art prouve son utilité pour faire prendre conscience des problèmes des autres, en augmentant ainsi le niveau d’empathie. Un projet déroulé par l’association DocuArt dans une communauté rurale du département de Gorj, dans le sud-ouest de la Roumanie, en fait la preuve.

    Plus d’informations avec Daniela Apostol, manager culturelle et directrice de DocuArt : « Nous avons réfléchi quelle serait la meilleure manière de résoudre un problème que nous avons identifié comme social à travers des instruments culturels et éducationnels. C’est ce que nous faisons depuis longtemps, nous avons alors tout simplement décidé de continuer à faire ce qu’on sait faire de mieux. C’est ainsi que le « Projet Congruent, compétences nécessaires aux groupes hétérogènes de jeunes » est né. Pour nous, c’est un projet nécessaire afin de réduire les disparités entre les jeunes Roms et non-Roms et d’augmenter l’inclusion des groupes vulnérables. C’est un projet que nous menons en partenariat avec l’école Antonie Mogoș d’une commune du département de Gorj (sud-ouest). Quelle joie de trouver de l’ouverture du côté de la direction de cette école ! On essaie de créer un contexte plus favorable à l’épanouissement de 200 élèves en créant une relation très importante entre les élèves, leurs parents et l’école. »

    Le projet Congruent a démarré en février avec les élèves et les parents d’élèves de CM2 et de 6e (quatrième et cinquième années d’école selon le système roumain). La première activité a été un programme d’éducation des parents pour les familiariser avec les besoins émotionnels, psychiques et éducationnels des enfants, mais aussi pour les aider à améliorer leur relation à l’école et à la communauté. Ce n’est pas le côté théorique qui a primé lors des rencontres, surtout que les parents se sont montrés généralement très ouverts, comme l’a remarqué la psychologue Alexandra Cojocaru : « J’ai été très impressionné par l’esprit de cohésion des parents des élèves de CM2. Ils sont très unis, réagissent de concert aux problèmes de leurs enfants et appliquent des stratégies communes pour les résoudre. L’institutrice joue un rôle très important et les parents sont venus nous rencontrer suite à sa recommandation. Ils étaient très désireux de travailler avec nous, très ouverts à discuter de leurs problèmes au niveau individuel et familial. Les problèmes sont d’ailleurs très divers : dans cette école il y a des enfants de familles défavorisées ou dont les parents sont divorcés, par exemple. »

    Les activités face à face ont aidé à créer du lien avec cette petite communauté rurale, estime Daniela Apostol, la directrice de DocuArt : « Nous avons privilégié les rencontres face à face, en dépit de la pandémie, et avons évité de faire des choses en ligne. Pour ce genre d’activité, la rencontre directe est très importante. Nous allons dans le village de Ceauru deux-trois fois par mois pendant deux-trois jours à chaque fois et nous rencontrons chaque classe d’élèves et de parents. Dans l’équipe, on a un psychologue, un réalisateur et un conseiller, qui interviennent en fonction des activités. Une séance de travail dure entre 45 et 70 minutes, selon le sujet. Nous essayons de cumuler des informations liées à la psychologie et à l’art de la meilleure manière qui soit et de présenter l’ensemble d’une manière simple et facile à comprendre. »

    Au-delà du côté parentalité, le projet Congruent comprend aussi un volet qui vise à luter contre le harcèlement entre les enfants, phénomène que la communauté du village de Ceauru connaît déjà. Daniela Apostol : « Les enfants connaissaient bien l’existence du phénomène. Nous leurs avons demandé s’ils avaient entendu parler de ça à la télé ou bien s’ils avaient assisté à des interactions de ce type. Mon sentiment est que la communauté d’élèves est très soudée dans cette école et cela est dû principalement aux parents. Je dirais que le phénomène est moins présent ici qu’en milieu urbain. Le plus grand problème auquel les enfants sont confrontés là, c’est le manque de crédibilité devant les adultes quand ils parlent de harcèlement et cela les fait souffrir. Ce que nous avons expliqué aux parents, c’est qu’avec l’intimidation, tant l’agresseur que l’enfant agressé sont des victimes. L’agresseur se comporte de cette manière car il a été, à son tour, harcelé par le passé. »

    Après les premières rencontres, une évaluation psychologique sera menée pour identifier les cas qui ont besoin de thérapie individuelle. Quant à la prise de conscience et à la lutte contre le harcèlement, les initiateurs du projet Congruent ont fait le choix de travailler avec la cinéma-thérapie. Cela présuppose de regarder des films ou des séquences de film qui peuvent aider les enfants, mais aussi les parents, à mieux comprendre ce qui se passe avec les harcelés et les agresseurs. La psychologue Alexandra Cojocaru : « Le lien entre art et psychologie me semble très important. La cinéma-thérapie offre les instruments nécessaires à l’exploitation et à l’identification de notions plutôt difficiles à saisir et à discuter dans une thérapie classique, surtout dans une thérapie de courte durée. Dans le cadre du projet, nous offrons des séances de thérapie aux enfants, mais elles ne sont pas si nombreuses. En les complétant avec des séances de cinéma-thérapie, nous espérons arriver à des résultats qui seraient, peut-être, plus longs à atteindre à travers une thérapie classique. »

    Le théâtre sera également utilisé dans le cadre du projet. Plus précisément, les enfants joueront des rôles qui les aideront à prendre conscience de leurs problèmes et de ceux des autres. Le programme Congruent continuera jusqu’en octobre 2022. En plus de répéter l’expérience dans d’autres villages, les initiateurs souhaitent constituer des groupes d’action locale censé reprendre les activités conçues par DocuArt et les continuer à l’issue du projet. (Trad. Elena Diaconu)

  • La santé mentale – une priorité pour la société actuelle

    La santé mentale – une priorité pour la société actuelle

    Réunis au sein du hub des Global Shapers de Bucarest, parrainé par le Forum économique mondial, plusieurs jeunes enthousiastes s’activent dernièrement pour relever les défis de notre monde. Appuyés par la Société des Etudiants en Médecine de la capitale roumaine, ils ont lancé une série de conversations sur le sujet controversé de la santé mentale. Un premier rendez-vous a déjà eu lieu à l’Université de médecine et de pharmacie « Carol Davila » de Bucarest. La conseillère présidentielle Diana Loreta Păun, du Département Santé publique, passe en revue les principaux problèmes auxquels se confrontent les psychiatres roumains:« Il y a tout d’abord des difficultés liées à la gestion des ressources humaines, un aspect qui caractérise tout le système sanitaire de Roumanie. Les jeunes s’en vont pour terminer leurs études ailleurs. A la pénurie de personnels médicaux s’ajoutent des problèmes financiers et d’infrastructure. On doit avouer que la prise en charge des patients souffrant de troubles psychiatriques est assez limitée. Une fois le diagnostic fixé, on se concentre sur le traitement médicamenteux. Or, pour une prise en charge correcte, il faudrait s’occuper aussi de la réinsertion sociale du malade, qui devrait bénéficier d’une thérapie comportementale et sociale, ce qui n’existe pas chez nous. »



    Les longues décennies de régime communiste ont influencé elles aussi le regard que la Roumanie a posé sur les personnes souffrant de troubles mentaux. Malheureusement, le mauvais héritage communiste perdure de nos jours encore, ce qui explique les problèmes de vision dont souffre la psychiatrie roumaine. De retour au micro, Diana Loreta Paun: « On souffre toujours d’une bonne partie des tares du communisme. Je pense que la discrimination et la stigmatisation des malades mentaux viennent de ces années-là. Après, il y a aussi le stress qui nous accompagne au quotidien et, souvent, on a du mal à faire avec. Du coup, on développe des troubles psychiatriques, on plonge dans la dépression ou, plus grave encore, on risque le suicide. Ce sont autant d’aspects à prendre en considération pour une approche correcte. Si on les ignore, les conséquences ne tarderont pas à faire irruption. Les patients ont du mal à demander de l’aide, ils évitent de se rendre chez le psychologue ou le psychiatre, du coup, ils ne sont pas diagnostiqués et donc, ils ne bénéficient d’aucune prise en charge. »



    Avant que le régime communiste ne la place dans un cône d’ombre dans les années 1970, la psychiatrie roumaine avait connu une période fleurissante au début des années 1940, quand les experts de Roumanie se ralliaient aux tendances occidentales. Julien-Ferencz Kiss, psychologue et auteur du livre « L’Histoire de la psychanalyse en Roumanie »: « Avant 1940, la Roumanie s’enorgueillissait d’une riche tradition psychologique. Il suffit de penser au congrès international de psychologie qui aurait dû avoir lieu à Bucarest, si la guerre n’avait pas commencé. N’empêche. C’était pour la première fois qu’un pays en dehors du bloc occidental était choisi pour accueillir un tel événement. Attention, il était question de psychologie, non pas de psychanalyse. Car, ce domaine n’a pas eu d’écho en Roumanie. D’ailleurs, après 1948, le pays rejette aussi la psychologie, qui ne trouve plus sa place dans les universités. En 1977, les facultés de psychologie ferment leurs portes et le métier de psychologue n’existe plus. »



    La sociologue Leyla Safta-Zecheria, de l’Université d’Ouest de Timişoara, s’est penchée sur le sort des institutions à profil psychologique à travers les différentes époques de l’histoire roumaine. A ses dires, la situation précaire et la perception souvent erronée du système médical psychiatrique ne semblent pas s’améliorer. « Malgré les idées progressistes d’Obreja et de Parhon, de faire construire de nouvelles infrastructures psychiatriques améliorées après la Deuxième Guerre Mondiale, on apprend de la bouche du Pr Parhon qu’au centre psychiatrique de Socola, près de Iaşi, les conditions d’hygiène sont précaires et que les patients ne mangent pas à leur faim. De tels problèmes persistent, malgré les efforts des autorités, y compris communistes, d’y trouver une solution. Dans les années 1940-1950, les communistes mettent en place des foyers d’accueil médicalisé destinés aux malades mentaux, avant de doter les hôpitaux généraux d’une section de psychiatrie et de faire construire des laboratoires de santé mentale dans les années 1970. En 1990, des rapports font état de plusieurs établissements où l’on enfermait les patients souffrant de troubles psychologiques, qui, du coup, étaient privés de liberté et de services de base. De telles pratiques existent parfois, de nos jours encore. »



    Les statistiques internationales sur la santé mentale font état d’une recrudescence sans précédent des cas de troubles mentaux. Partout dans le monde, la situation est inquiétante. Dans ce contexte, la Roumanie devrait renouer au plus vite possible avec une tradition médicale qu’elle s’est vu forcer d’abandonner. Ştefan Bandol, à la tête de l’Association ARIPI (Ailes), au service des personnes soufrant de troubles psychiatriques, explique pourquoi un tel domaine est si important: « Partout dans le monde, les patients souffrants de maladies mentales sont discriminés et stigmatisés. En 1990, l’OMS estimait que 25% de la population de la planète aurait besoin de consulter un psy au moins une fois dans la vie. Or, ce pourcentage a grimpé à 33% dans les années 2000 et à 50%, dans les années 2010. Si on pense que chacun d’entre nous a, dans sa famille, au travail ou parmi ses copains quelqu’un qui accuse des troubles de nature psychologique ou psychiatrique, on pourrait conclure que toute la population de la Terre en est touchée, plus ou moins directement. »



    « L’Histoire des troubles mentaux en Roumanie » s’inscrit dans le projet mené dernièrement par le hub Global Shapers, de Bucarest, sur plusieurs thèmes importants en rapport avec la santé mentale. L’événement sera suivi par deux autres conférences: « The Reality of Mental Health » (« La réalité de la santé mentale ») et « Digital Revolution Meets Mental Health » (« La révolution du numérique à la rencontre de la santé mentale »), prévues le 5 et respectivement le 9 mars. (Trad. : Ioana Stăncescu)


  • Psychologie und Psychiatrie in Rumänien: Fachkonferenz legt Altlasten offen

    Psychologie und Psychiatrie in Rumänien: Fachkonferenz legt Altlasten offen

    Gesundheit ist ein Zustand vollständigen physischen, geistigen und sozialen Wohlbefindens“, definiert die Weltgesundheitsorganisation. Körperliche Gesundheit und psychisches Wohlbefinden gehören also zusammen: Wer sich psychisch nicht wohlfühlt, ist weder richtig gesund noch leistungsfähig. Psychische Gesundheit ist eine unverzichtbare Grundlage, um im modernen Arbeitsleben zu bestehen und sich beruflich wie persönlich entwickeln zu können.



    Global Shapers Bucharest Hub ist eine Gruppe enthusiastischer junger Menschen, die unter der Leitung des Weltwirtschaftsforums gemeinsam an Lösungen für lokale, regionale und globale Herausforderungen unserer Gesellschaft arbeiten. In Partnerschaft mit der Capital Medical Studentsʼ Society initiierten die Global Shapers eine Reihe von Gesprächen über das kontroverse Thema der psychischen Gesundheit. Ein erstes solches Treffen fand Anfang Februar an der Carol Davila“-Universität für Medizin und Pharmazie in Bukarest statt. Diana Loreta Păun, Präsidialberaterin im Ministerium für öffentliche Gesundheit, spricht über die Hauptprobleme der Psychiatrie in Rumänien:



    Wir haben Probleme im Bereich der Ressourcen. In der Tat sind das die grö‎ßten Probleme des Gesundheitssystems in Rumänien. Ich beziehe mich in erster Linie auf die Humanressourcen, auf die jungen Menschen, die nach Abschluss ihres Studiums das Land verlassen. Es besteht ein gro‎ßes Defizit im Bereich der finanziellen Ressourcen und der Infrastruktur. Auch der Ansatz gegenüber den psychiatrischen Patienten ist begrenzt. Im Allgemeinen entscheiden wir nach der Diagnose über die medikamentöse Behandlung, aber ein richtiger Ansatz umfasst auch den Bereich der Sozialhilfe, der sozialen Reintegration, der Verhaltenstherapie und der Sozialpsychiatrie, Elemente, die in Rumänien leider nicht gut entwickelt sind.“




    In einer jahrzehntelangen Geschichte des Totalitarismus hat die rumänische Psychiatrie Probleme der Herangehensweise und der Vision entwickelt, die noch immer das Leben einer beträchtlichen Anzahl von Patienten beeinflussen. Viele dieser Patienten bleiben aus den gleichen Gründen leider unerkannt. Weitere Details von Diana Loreta Păun:



    Wir leiden immer noch unter Schwächen und Problemen, die uns die Jahre des Kommunismus auferlegt haben. Ich glaube, dass die Diskriminierung und die Stigmatisierung von Patienten mit psychischen Erkrankungen aus dieser Zeit stammt. Au‎ßerdem leben wir in einer Gesellschaft, in der wir zunehmend unter Stress stehen. Das bedeutet Anpassung, und wir passen uns oft nicht an. Wir entwickeln psychiatrische Störungen, wir entwickeln Depressionen, die zum Selbstmord führen können. All diese Dinge müssen berücksichtigt werden, um den besten Ansatz zu finden. Im täglichen Leben sind die Folgen der mangelnden Selbsterkennung bestimmter psychischen Störungen offensichtlich. Die Patienten gehen nicht zum Facharzt, sie vermeiden es, mit einem Psychologen oder mit einem Psychiater zu reden. Deshalb werden sie nicht diagnostiziert und erhalten keine Behandlung.“




    Es gab jedoch bessere Zeiten für die rumänische Psychiatrie. Waren rumänische Fachärzte vor dem Zweiten Weltkrieg nahe daran, sich den westlichen Tendenzen anzuschlie‎ßen, so blieben Ende der 1970er Jahre die Psychologie und die Psychiatrie in einem vom kommunistischen Regime aufgezwungenen Schatten. Darüber spricht der Psychologe Julien-Ferencz Kiss, Autor der Studie Geschichte der Psychoanalyse in Rumänien“:



    Bis Anfang der 1940er Jahre gab es in Rumänien eine sehr starke Tradition der psychologischen Studien. Der Beweis dafür ist, dass in Bukarest der internationale Kongress der Psychologie organisiert werden sollte, aber er fand wegen des Krieges nicht mehr statt. Es war aber das erste Mal, dass ein Land au‎ßerhalb des Westblocks vorschlug, den Kongress zu organisieren. Selbstverständlich sprechen wir über Psychologie im Allgemeinen, nicht über Psychoanalyse. Die Psychoanalyse hat in Rumänien keine Wurzeln geschlagen. Und was nach 1948 geschah, führte sogar zum Ablehnen, zur Leugnung der Psychologie. Es gab eine Zeit, in der man in Rumänien Psychologie nicht mehr studieren konnte. Im Jahr 1977 wurden die psychologischen Fakultäten abgeschafft, und der Beruf des Psychologen wurde aus dem Berufsverzeichnis gestrichen.“




    Leyla Safta-Zecheria, Soziologin an der West-Universität in Timişoara (Temeswar), hat das Problem der Einrichtungen mit psychologischem Profil aus verschiedenen Epochen Rumäniens untersucht. Leider scheinen sich die prekäre Situation und die negative Wahrnehmung des psychiatrischen Medizinsystems bis jetzt nicht wesentlich verbessert zu haben:



    Trotz der fortschrittlichen Idee, die von Prof. Dr. Alexandru Obregia und von Prof. Dr. Constantin Ion Parhon nach dem Ersten Weltkrieg eingerichteten Infrastruktureinheiten für Psychiatrie zu modernisieren, gab es doch keine Verbesserung in diesem Bereich. Prof. Dr. Constantin Ion Parhon notierte in den 1920er Jahren, dass in Socola (einer psychiatrischen Einrichtung in der Nähe von Iaşi, im Nordosten Rumäniens) die hygienischen Bedingungen jämmerlich waren und dass es Probleme mit der Ernährung der Patienten gab, die nur ein Minimum an Nahrung erhielten. Das waren alte Probleme, die im Laufe der Geschichte immer wieder auftauchten und nie richtig gelöst wurden. Jedes politische System, auch das kommunistische, hat sich vorgenommen, die Situation zu verbessern. Das kommunistische Regime hat zum Beispiel das System der Psychiatrieanstalten ausgedehnt. In den 1940er und 1950er Jahren wurden gro‎ße Psychiatrieanstalten eingerichtet, wo sehr viele Patienten versorgt wurden. Es folgte dann die Erweiterung der allgemeinen Krankenhäuser durch psychiatrische Abteilungen und in den 1970er Jahren gab es zum ersten Mal Gemeinschaftsdienste mit Labors für psychische Gesundheit. In den 1990er Jahren gab es mehrere Berichte, die zeigten, dass es Einrichtungen gab, wo psychiatrische Patienten ihrer Freiheit und der grundlegenden Lebensbedingungen beraubt wurden. Ähnliche Situationen gibt es heute noch.“




    Die aktuellen Weltstatistiken zur psychischen Gesundheit sind alarmierend. Medizinische Systeme aus aller Welt stehen vor einer beispiellosen Herausforderung, und Rumänien muss eine medizinische Tradition wiederherstellen, die im Laufe der Geschichte viel zu oft schwierige Zeiten erlebt hatte. Ştefan Bandol ist der Präsident der Vereinigung ARIPI (FLÜGEL“) für Patienten mit psychiatrischen Problemen und erklärt die Bedeutung dieses Bereichs:



    Es ist ein gro‎ßes Problem, mit dem sich alle Menschen überall auf der Welt konfrontieren. Es geht um Diskriminierung und Stigmatisierung. Statistiken der Weltgesundheitsorganisation zeigen, dass in den 1990er Jahren 25% der Weltbevölkerung mindestens einmal im Leben eine psychologische oder psychiatrische Beratung benötigten. In den 2000er Jahren stieg dieser Prozentsatz auf 33%, und nach 2010 besagen die neuesten Statistiken, dass in Zukunft 50% der Bevölkerung des Planeten mindestens einmal im Leben psychiatrische Fachberatung benötigen werden. Wenn man bedenkt, dass jeder von uns ein Familienmitglied, einen Freund oder einen Kollegen mit psychologischen oder psychiatrischen Problemen hat, so ist praktisch die gesamte Bevölkerung des Planeten direkt oder indirekt von diesem Phänomen betroffen.“




    Das Symposium Romania’s Troubled History with Mental Health“ (Rumäniens problematische Geschichte mit der psychischen Gesundheit“), das am 6. Februar stattgefunden hat, war Teil des Projekts Shaping Conversations: Mental Health“ (Gespräche gestalten: psychische Gesundheit“). Mit diesem Projekt stellt der Global Shapers Bucharest Hub wichtige Themen im Bereich der psychischen Gesundheit in den Vordergrund. Weitere Veranstaltungen gibt es am 5. März — The Reality of Mental Health“ (Die Realität der psychischen Gesundheit“) — und am 9. April — Digital Revolution Meets Mental Health“ (Digitale Revolution und psychische Gesundheit“).

  • Raluca Petru, psychologue

    Raluca Petru, psychologue

    Plus d’un tiers de l’humanité a été
    placée deux mois durant en confinement afin d’être mise à l’abri de la
    pandémie mondiale de coronavirus. Une situation sans précédent à fort impact
    aussi bien sur le quotidien des gens, sur leurs familles, mais aussi sur leur équilibre psychologique.


    Même si le dé-confinement s’est produit
    et que les autorités ont levé l’état d’urgence, les risques persistent et la
    vie a du mal à retourner à la normale, malgré le souhait des gens. Comment les
    Roumains se conduisent-ils en cette période et quels ressorts psychologiques
    cache leur comportement, voilà des questions auxquelles Raluca Petru,
    psychologue, essaiera de répondre.

  • Diana Lupu en dialogue avec les ados

    Diana Lupu en dialogue avec les ados

    Diana Lupu est une jeune psychothérapeute qui s’est proposée de créer un espace de dialogue sécurisant pour les adolescents et adapté à leurs besoins. Ainsi, en compagnie de Raluca Anton, Diana Lupu mène actuellement un projet inédit dans plusieurs lycées de Bucarest, qui encourage les élèves à s’exprimer sur les principaux problèmes émotionnels auxquels ils sont confrontés à leur âge.

    Diana Lupu : Le projet Love Is Fun but Complicated est né il y a un an, porté par Raluca Anton et moi-même, et a impliqué une ouverture au public. Nous avons cherché à communiquer avec les gens, à appréhender leur rapport à l’intimité, avec eux-mêmes, et leurs questions à ce sujet. Nous demandons toujours à nos invités ainsi qu’au public quel message ils ont reçu, lorsqu’ils étaient enfants, au sujet de l’intimité et des relations, et ce que leur ont transmis leurs parents en ce sens. Systématiquement, les personnes interrogées nous ont répondu qu’elles n’avaient jamais abordé cette question ou qu’elles avaient eu honte d’aborder ce sujet avec leurs parents. De là nous nous sommes interrogés sur le rôle que nous pouvions jouer dans une situation qui tire son origine dans l’enfance ou dans l’adolescence. Nous nous sommes penchés sur l’adolescence, car il s’agit d’une période tumultueuse, pleine de questions et marquée par l’anxiété.

    C’est avec les élèves du Collège national Gheorghe Lazăr de Bucarest que Diana Lupu a débuté le projet. Les participants et les organisateurs se sont mutuellement surpris par leur courage et leur sincérité.

    Diana Lupu : Nous avons lancé le projet Love Is Fun but Complicated s’invite dans ton lycée avec le Collège national Gheorghe Lazăr de Bucarest, où nous avons eu la surprise de rencontrer 250 élèves. Ils nous ont impressionnés car ils ont fait preuve de curiosité et de courage en osant prendre la parole au micro devant tous leurs camarades. Ils ont parlé de leurs relations amicales, de leurs relations avec leurs professeurs, avec leurs parents et de comment ils abordent certains sujets sensibles avec eux. Cette expérience a été surprenante. Si nous leur offrons un espace dans lequel ils se sentent en sécurité, ils viennent à notre rencontre et se dévoilent. Un tel espace leur offre la possibilité de parler, de s’exprimer et d’obtenir des informations de la part de spécialistes.

    En plus d’instaurer un dialogue avec les adolescents, la psychothérapeute Diana Lupu participe à d’autres projets à impact social. Le plus important est celui qui vient en aide aux femmes victimes d’abus de toutes sortes.

    Diana Lupu : En plus de Love Is Fun, je travaille actuellement sur un autre projet qui me tient à cœur et qui s’intitule Si eu reusesc (Moi aussi j’y arrive), avec l’Association pour la liberté et l’égalité de genre. Ce projet cherche à mettre en avant l’idée de réussite chez les femmes qui ont été victimes de violences et s’en sont sorties, car souvent les médias véhiculent des informations négatives. Ce qui nous préoccupe c’est qu’en Roumanie, une une femme puisse être victime de violences aussi bien physiques que psychologiques, ou encore d’abus financiers, et qu’on lui dise qu’elle ne peut rien y changer. Grâce à ce projet, l’année dernière, nous avons réussi à mettre en place notre premier groupe de soutien, composé de 25 femmes qui sont parvenues à surmonter leur condition et à rompre la spirale de la violence.

    Diana Lupu est persuadée que nous sommes, en général, de plus en plus attentifs aux problèmes auxquels sont confrontés les gens qui nous entourent. Il est cependant essentiel d’agir. Plus nous sommes nombreux à apporter notre soutien, plus nous sommes en mesure d’aider ceux qui en ont le plus besoin.

    Diana Lupu : Il est essentiel que la société en prenne conscience, mais je pense qu’ensuite il faut agir. C’est ce que nous tentons de faire avec ce projet, agir et donner l’impulsion, car cela produit un effet boule de neige. Au depart elle est petite, puis à mesure qu’on la fait rouler elle grandit, jusqu’à devenir énorme. Il en est de même avec les gens. Nous ne nous rendons pas compte que la violence existe. C’est terrible de rester sans rien faire.

    Le pouvoir de faire évoluer les mentalités dans notre société réside dans la volonté des jeunes générations à s’impliquer activement dans leurs communautés respectives.

    Quelle est la façon la plus utile de s’impliquer ? Diana Lupu : Le conseil que je donne est basé sur mon expérience personnelle : le bénévolat. Il faut trouver une association ou une organisation qui partage vos valeurs et vos idées. Dans laquelle vous pourrez vous épanouir et constater que vous pouvez faire quelque chose. Il est important de prendre conscience que ce qui semble être une action minime pour le bénévole est en fait d’une importance capitale. Le bénévolat apporte énormément en termes de développement personnel et de connaissance de soi.

    Depuis le lycée, la psychologue et coach Diana Lupu s’est consacrée à des activités en lien avec l’éducation et l’intégration sociale. Sa mission se poursuit encore aujourd’hui après des adolescents pour qui elle est une amie de confiance. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Le drame de l’enfant intérieur

    Le drame de l’enfant intérieur

    A neuf ans, Benni fait déjà partie de la catégorie des enfants-problème, selon l’assistance sociale. Son unique but c’est de rentrer chez elle pour retrouver sa mère, alors que les fonctionnaires de la Direction pour la protection de l’enfance cherchent, par tous les moyens, à lui trouver un foyer familial stable. Malheureusement, de tels drames n’arrivent pas que dans la fiction artistique, ils existent, nombreux, dans la vraie vie, en Roumanie et ailleurs dans le monde. Sorin Lucaci, chargé de communication aux éditions « Herald » : « Nous avons invités, ici, des experts qui vous parlent de certaines pratiques liées aux théories psychologiques et éducationnelles actuelles, en mesure de nous aider à mieux comprendre et à éprouver de l’empathie et de la compassion envers nos enfants et leurs problèmes. A avoir une meilleure communication, une dynamique plus harmonieuse de la relation parent-enfant, aussi. Qui nous parlent de blessures émotionnelles, du rejet, de l’abandon, des peurs, traumas et vulnérabilités, de la révolte, mais aussi de dépendances, défis, connexion, attachement et empathie. Et des racines de la violence chez l’enfant. »

    L’histoire du personnage Benni, du film « System Crasher », montre une réalité cruelle de la société contemporaine. Des milliers d’enfants, certains à un âge très tendre, vivent, chaque année, le trauma de l’abandon, un grand nombre d’entre eux souffrant de blessures émotionnelles difficilement abordables par les thérapeutes. Iulia Feordeanu, psychologue et psychothérapeute, explique: « J’ai pu collaborer pendant cinq ans avec différentes Directions départementales pour la protection de l’enfance de Roumanie. J’ai rencontré des enfants avec des comportements semblables à celui de la petite Benni (n.réd. le personnage du film), des éducateurs, des psychologues, des fonctionnaires de l’assistance sociale, qui essaient, pendant des années, à aider ces enfants-problème. Seulement, de nombreux enfants, qui deviennent ensuite des adultes, ne reçoivent ni sécurité ni compréhension de leur besoins de la part des adultes. »

    L’environnement dans lequel un enfant passe les premiers mois et les premières années de sa vie ont une importance capitale pour le profil psycho-émotionnel du futur adulte. Mais les systèmes de protection de l’enfance ne peuvent assurer la récupération des enfants ayant de telles déficiences ni en Roumanie ni dans d’autres pays. Iulia Feordeanu: « En l’absence d’un environnement sûr et de parents responsables, les enfants ne peuvent pas se développer harmonieusement. Leur équilibre émotionnel est fortement bouleversé. Malheureusement, ils sont irrécupérables, malgré les meilleures intentions de nombreux adultes. J’ai travaillé, dans des programmes de soutien émotionnel, avec des enfants institutionnalisés aussi bien en Roumanie que dans d’autres pays, y compris asiatiques. Partout, ces enfants-là, les enfants-problème, les enfants abandonnés, les enfants abusés, se ressemblent. »

    Les experts du domaine font tout leur possible pour qu’un enfant, qui subit le trauma de l’abandon répété, soit réintégré, parfois à plusieurs reprises, dans un milieu familial. Mais les problèmes d’attachement ne disparaissent pas, affirme Sorina Petrică, psychologue praticienne: « Il est possible de guérir uniquement à l’intérieur d’une relation. Les systèmes de protection de l’enfant du monde entier ne sont, en fait, qu’une solution imparfaite pour ces enfants, qui passent, le plus souvent, d’une maison à une autre, revivant ainsi la rupture de la relation, l’abandon. »

    Sorina Petrică explique pourquoi le traitement et la guérison de ces enfants sont difficiles justement à cause des adultes qui ne sont pas préparés à aborder correctement un tel problème : « La guérison est possible uniquement si, après beaucoup de travail, les enfants réussissent à s’attacher à un adulte, parce qu’ils ont besoin d’une figure permanente dans leur vie. Quand cela arrive, ces enfants ont besoin non seulement d’une telle figure, mais aussi de recevoir du respect en tant que personnes à part entière, de la compréhension, de l’acceptation, de l’amour inconditionnel. Autant de choses difficiles à obtenir pour un enfant qui a une histoire d’abandon. L’abandon vous apprend que l’on ne peut pas faire confiance aux autres, que les adultes sont une source de danger. De tels enfants développent une série de difficultés émotionnelles très difficilement gérables. Ils vivent et éprouvent des émotions d’une très grande intensité et ont beaucoup de difficultés à se calmer seuls. »

    Sabina Strugariu, psychothérapeute intégrative, parle du besoin des adultes de comprendre leur enfant intérieur, afin de pouvoir assumer l’intégration des enfants institutionnalisés. « Personnellement, j’ai un gros problème avec le syntagme enfant – problème. J’aime mieux le titre initial du film, « System Crasher », car il met l’accent sur toute autre chose et je ne crois pas que cet enfant-là soit un problème. Les enfants ne sont jamais le problème, justement à cause du type d’attachement, car, pendant l’enfance, nous reprenons le type d’attachement du parent ou de l’adulte qui prend soin de nous et nous aide à nous développer. Cet « enfant-problème » et tout ce qui se passe dans le système existent chez nous, à la maison, aussi, avec les enfants-problème qui sont démonisés et qui nous font peur, car leurs émotions sont difficiles à gérer. En fait, cela arrive souvent parce qu’en tant qu’adulte nous avons cet enfant intérieur, tout aussi endommagé et dont nous avons peur. Et donc, comme il n’est pas facile de prendre soin de nous-mêmes, nous projetons sur nos propres enfants ce que nous ne pouvons pas faire pour nous-mêmes. »

    Selon les statistiques de la fin 2018, un millier d’enfants étaient abandonnés à la naissance, chaque mois, dans les hôpitaux de Roumanie. Des enfants qui vont ensuite chez des parents d’accueil ou dans des centres de placement. L’adoption est un processus de longue durée, les traumas soufferts par ces enfants produisant, parfois, des effets irréversibles. (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • A la une de la presse roumaine – 02.10.2015

    A la une de la presse roumaine – 02.10.2015

    Le scandale Volkswagen se poursuit avec de nouvelles réactions et déclarations des responsables roumains. La crise des réfugiés ne passe pas inaperçue ce vendredi non plus. Le premier ministre Victor Ponta discute aujourd’hui avec les représentants des ONGs sur l’accueil des réfugiés en Roumanie. Enfin, quelques mots sur le profil psychologie des Roumains.



  • Typisches Risikoverhalten Jugendlicher hat anatomische Gründe

    Typisches Risikoverhalten Jugendlicher hat anatomische Gründe

    Das Risiko, gefährliche Verhaltensweisen zu entwickeln, ist bei Teenagern besonders hoch. Nach einer Statistik aus dem Jahr 2013 haben 42% der Jugendlichen mindestens einmal Alkohol getrunken und 23% von ihnen haben mindestens einmal geraucht. Einer von zehn Jugendlichen im Alter von 16 Jahren hat mindestens einmal Drogen genommen, einer von vier Jugendlichen im Alter von über 14 Jahren hat bereits Sex gehabt. Die gesellschaftlichen Umstände und der seelische Wandel, die Jugendliche zu diesem Verhaltensmuster veranlassen, waren Thema einer weiteren Erhebung der UNICEF, sagt Sandie Blanchet, Leiterin des Büros der Organisation in Rumänien: Das Gehirn der Jugendlichen ist noch relativ unreif. Bestimmte Gehirnareale sind ziemlich gut entwickelt, die Jugendlichen haben deshalb noch immer eine gut ausgeprägte Lernfähigkeit. Das ist auch ihre Chance — denn was sie in der Kindheit nicht gelernt haben, können sie jetzt noch nachholen. Aber die Gehirnareale, die für die Bildung von Urteilen und für Selbstdisziplin zuständig sind, gelten in dem betreffenden Alter als nicht voll ausgereift, deshalb können sie Entscheidungen nicht so treffen, wie es Erwachsene tun.”




    Wie Blanchet ausführt, können sich Jugendlich also aus rein anatomischen Gründen nicht gut zurücknehmen — Selbstkontrolle und Instinkte sind noch unreif. Eltern und Erzieher müssen berücksichtigen, wie das Gehirn bei Teenagern funktioniert, meint auch Daniela Dumulescu, Psychologin an der Babeş-Bolyai-Universität in Cluj: Anders als bei Erwachsenen, sind bei Jugendlichen die für die Kontrolle verantwortlich sind, noch nicht voll entwickelt. Sie sind deshalb impulsiver, risikobereiter, sie handeln weniger rational und mehr instinktiv. Das sind typische Verhaltensmuster. Sie sind zudem viel emotionaler eingestellt und wollen, dass alles jetzt und hier passiert — so ist auch zu erklären, warum sie so experimentierfreudig sind. Die Erwachsenen müssen das berücksichtigen und die Jugendlichen so steuern, dass sie Neues in einem sicheren Umfeld erleben. Die Jugendlichen sind sich zwar bewusst, dass sie sich negativ verhalten, sie haben aber noch nicht die Gehirnstrukturen, die das Verhalten hemmen können. Sie wissen, dass sie etwas Gefährliches tun, können sich aber nicht zurückhalten.”




    Abgesehen von diesem Adrenalindrang stehen Teenager auch unter einem starken Gruppeneinfluss. Innerhalb dieser Mini-Gemeinde findet eine Sozialisierung statt — sie entwickeln hier gesellschaftliche Normen und Überzeugungen über Alkohol, Drogen, Rauchen und Sex, so die Gesellschaftsforscherin Fidelie Kalambay. Die Jugendlichen sind zwar der Auffassung, dass diese risikoreichen Verhaltensweisen ungesund und nutzlos sind und das Image eines Jugendlichen oder eines Menschen generell negativ beeinflussen. Aber dennoch vertreten sie differenzierte Meinungen. Alkohol kosten — und nicht trinken – ist akzeptabel. Rauchen und Trinken sind andererseits auch in der Gesellschaft verbreitet, deshalb sehen Jugendluche sie als tolerierte Abweichungen” an. Negative Verhaltensweisen, die aber hingenommen werden können, die zwar das Image negativ beeinflussen, aber keine Ausgrenzung mit sich bringen.”




    Diese Art von Verhältnis zur Freundesgruppe und zur Gesellschaft — die allerdings ebenfalls in der Gruppendynamik interpretiert wird — gilt auch für den Umgang mit der Sexualität oder mit Drogen, glaubt Kalambay. Jugendliche, mit denen ich mich auseinandergesetzt habe, entwickeln empirisch die Idee, dass die Mehrheit ihrer Alterskollegen raucht, trinkt und schon Sex hat — und wenn alle das tun, warum sollte ich mich zurückhalten, denken sie. Doch diese Überzeugung ist oft falsch. In Wirklichkeit sind Rauchen, Trinken und Sex weniger verbreitet, als diese Teenager annehmen. Eine andere normative Überzeugung, die unerwartet war: Die Jugendlichen glauben, dass nur wenige, ja fast keine ihrer Freunde Rauschgift nimmt. Wir gehen davon aus, dass diese Einstellung auf der Kriminalisierung des Drogenkonsums zurückgeht — viele geben gar nicht zu, mit Drogen experimentiert zu haben. Aber es kann auch damit zu tun haben, dass sie nicht viel über Drogen wissen.”




    Für UNICEF und andere Organisationen ist es wichtig, dass die Gesellschaft und die Institutionen die Psychologie der Jugendlichen nachvollziehen können, um gefährliche Verhaltensmodelle gar nicht entstehen zu lassen. UNICEF setzt deshalb in fünf rumänischen Gro‎ßstädten – Bucureşti, Iaşi, Constanţa, Bacău und Cluj — ein neues Interventionsmodell um: Anlaufstellen für Jugendliche in sozial benachteiligten Gebieten, die in Kooperation mit der Kommunalverwaltung eingerichtet wurden. Hier gibt es psychologische Unterstützung, Beratung in Krisenfällen und berufliche Orientierungshilfe. Eine Spezialwebsite klärt auf und ermöglicht, Unterstützungsgruppen im Internet zu bilden.

  • A la Une de la presse roumaine

    A la Une de la presse roumaine

    En ce mercredi matin, la presse roumaine consacre d’ample articles à l’enquête déclenchée contre l’édile de la ville roumaine de Constanta, Radu Mazare mais fait aussi le point sur une annonce visant l’exploration des gaz de schiste dans la localité roumaine de Pungesti. Egalement dans la presse : une étude des spécialistes roumaine dresse le profil psychologique du peuple roumain. Enfin, les Roumains se sont faits remarquer au Salon International des inventions de Genève et à l’Olympiade des Sciences de l’UE.