Tag: Radiodiffusion roumaine

  • Préparatifs pour le festival Radiro.

    Préparatifs pour le festival Radiro.

    Très bien reçu par le public roumain à l’occasion de sa participation à l’ouverture du Festival Enescu 2015, Kristjan Järvi succède ainsi à la direction du Festival international des orchestres radiophoniques à Christian Zaccharias et à Cristian Mandeal. Kristjan Järvi est né en 1972 à Tallin en Estonie. A sept ans, lui et sa famille émigraient aux Etats-Unis pour s’établir à New York. Il a étudié le piano à l’Ecole de musique de Manhattan et suivi ses cours de direction à l’Université de Michigan.

    Grâce à son style originel de diriger et à ses projets visant à combiner les différents genres musicaux, les journalistes de Reuters le décrivent comme « un des programmateurs de la scène musicale classique les plus raisonnés et innovateurs». A l’heure actuelle, Kristjan Järvi collabore avec plusieurs orchestres européens et américains. Le directeur honoraire de RadiRo 2016 fera venir en Roumanie pour deux concerts l’Orchestre de la Radiodiffusion allemande, le plus ancien orchestre de ce genre d’Allemagne et d’Europe.

    Kristjan Järvi : « Je suis extrêmement honoré de participer à cet événement et de remplir cette fonction honoraire. Je suis à 100%, sinon à 250% enchanté de revenir en Roumanie, cette fois-ci en compagnie de mon orchestre parce qu’au moment de ma première visite ici, j’ai vraiment ressenti la chaleur et l’amour du public roumain. Je dois vous avouer que ces liaisons ne pourraient jamais exister sans amour, sans passion et sans un engagement réel. La musique ne peut pas exister sans ces éléments. Sans eux, rien ne peut exister pour moi-même non plus. Ils se combinent à 100% donc j’ai hâte d’apporter en Roumanie tout ce que je fais de meilleur», a déclaré Kristjan Järvi.

    L’invitation à participer au festival RadiRo a été faite par le PDG de la Radio publique roumaine, Ovidiu Miculescu, à Leipzig où plusieurs réunions entre les responsables des radiodiffusions roumaine et allemande ont eu lieu. Il se sont penchés sur la possibilité de dérouler des projets conjoints, ciblés notamment sur les minorités et les initiatives culturelles.

    La directrice générale de l’ARD, Karolina Wille, a déclaré qu’elle était honorée d’apprendre que l’Orchestre de la Radiodiffusion allemande était invité au Festival international des orchestres radiophoniques de Bucarest. Cet évènement organisé par la Radio roumaine met en évidence la diversité des répertoires, l’actualité et l’excellence artistiques des différentes orchestres symphoniques des radios européennes.

  • La Radiodiffusion Roumaine et le fascisme

    La Radiodiffusion Roumaine et le fascisme

    La radio, aussi bien comme institution de presse que technologie de pointe, était une nouveauté absolue dans le paysage médiatique de lentre-deux-guerres. A commencer des années 1930, la Radio sest trouvée au centre des événements les plus importants, ce qui justifie sa qualité actuelle de source dinformation historique exceptionnelle pour lépoque contemporaine.



    A la fin des années 1930, des régimes fascistes ou autoritaires de droite étaient installés dans la quasi-totalité des Etats européens. La radio y était utilisée comme un instrument de propagande, de légitimation et de consolidation de ces régimes. Ce fut aussi le cas de la Radiodiffusion de Roumanie. Fondée en 1928, elle a dû surmonter des obstacles difficiles, dont la politisation qui allait impacter son objectivité et son équidistance. Les témoignages recueillis par le Centre dhistoire orale de la Radiodiffusion roumaine dans les années 1990 et 2000 ont confirmé la difficulté de garder un équilibre entre la conscience professionnelle et la pression du régime politique. Les infos nont jamais occulté lactualité, comme ce fut le cas du meurtre, en 1938, du patron de la Légion, la Garde de fer, Corneliu Zelea Codreanu.



    En 2001, le professeur Olimpiu Borzea se souvenait de cet épisode quil avait appris par la Radio. “Chaque année, le 29 novembre, la veille de la Saint André, lapôtre Andrei était commémoré dans la grande salle de lAcadémie théologique, où se rassemblait la crème de la crème de lintelligentsia de Sibiu. Nous, nous venions dune école neuve, très moderne ; cétait déjà ma deuxième année là-bas. Nous étions arrivées à la Place du fromage, qui était pleine de bergers, quand nous entendîmes un “Attention, attention !”, lancé par les haut-parleurs installés dans les rues. Cétait une annonce de la radio : un groupe de légionnaires, mené par Corneliu Codreanu, avait tenté de sévader lors dune escorte, les gardiens leur avaient tiré dessus et les avaient tous tués. Nous, on était resté figé sur place. “Comment ?!” Les gens sur la place du fromage étaient comme paralysés !”



    Vasile Blănaru a commencé à travailler dans la rédaction théâtre de la Radio en 1938, avant doccuper des postes de direction. En 1999, il racontait la présence du fascisme dans linstitution. “A la radio, les légionnaires constituaient une section. Ils étaient membres de lOrganisation “Răspândiţi”, autrement dit ils travaillaient à la Radiodiffusion, au futur ministère de la culture, dans des imprimeries et autres. Il y avait 5 ou 6 sections, siégeant toutes rue Esculap, près de la Radio. De par ma fonction mais aussi en tant que représentant politique, je participais aux réunions du conseil dadministration dont le président était Nichifor Crainic. Un décret de lépoque évinça les Juifs titulaires de fonctions dEtat. Moi, jétais également le responsable du service “salaires” et javais avancé une proposition : si nous licencions des gens, il faudrait leur payer au moins six mois de salaire. Il y eut un Juif, travaillant aux programmes de la Radiodiffusion ; il fut le seul limogé et reçut six mois de salaires.”



    Lassassinat du premier ministre Armand Călinescu, le 21 septembre 1939, par un commando de légionnaires, avait été un autre événement. Les assassins avaient annoncé leur “exploit” à la radio. Vasile Blănaru se trouvait là au moment où les légionnaires de la Garde de fer avaient fait irruption dans le studio. “Jétais à la radio, complètement par hasard. Parmi ces personnes, il y en avait 6 de ceux qui avaient exécuté Armand Calinescu à Cotroceni. Ils étaient montés à la salle démission, où jouait lorchestre. Ils étaient tous armés de fusils, de pistolets et de grenades. Les musiciens, effrayés, sétaient levés et lun des autres, Traian Popescu, a annoncé à lantenne quune équipe de légionnaires avait exécuté lennemi du peuple, enfin, tout ce qui sétait passé. Les autres avaient déposé leurs armes près de la porte du studio, pour aller se rendre au commissariat de police de la Société de radio. Moi-même, je les avais vus se rendre.”



    La Radiodiffusion roumaine sétait trouvée en première ligne pendant la rébellion de la Garde de fer, entre le 21 et le 23 janvier 1941, évincée du pouvoir par le général Ion Antonescu, appuyé par larmée roumaine et par lAllemagne nazie.



    Lingénieur Gheorghe Crisbăşanu a travaillé aux émetteurs de Bod en 1934. En 1997, il se souvenait de ces moments-là : “Moi, je venais en voiture depuis Bucarest, mais on ne mavait pas laissé entrer, de peur dapporter de larmement aux légionnaires. Le colonel qui maccompagnait à dit à la sentinelle dappeler le commandant de la garde légionnaire pour discuter. Celui-là arrive et le colonel lui demande de rendre toutes leurs armes, lassurant que chacun allait pouvoir partir sans aucune difficulté, que rien nallait leur arriver. Le gars sabsente pendant quelques instants pour revenir ensuite accompagné par la garde entière ; ils ont tous défait leurs ceintures et déposé leurs pistolets; ils étaient une douzaine, et on les a tous enfouis dans une fourgonnette qui les a emmenés à la prison de Braşov. Ce nest quaprès que jai pu entrer dans la cour où jai subi un contrôle pour voir si je ne transportais pas darmement.”



    La Radiodiffusion roumaine recouvrait sa liberté après le 23 août 1944, mais ce fut pour peu de temps, car lhistoire avait dautres plans. Lautre totalitarisme, le communisme, allait la soumettre pendant plusieurs dizaines dannées. (trad. : Ileana Taroi )