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  • La semaine du 16 au 20 mai 2022

    La semaine du 16 au 20 mai 2022

    Un pas important vers l’indépendance énergétique


    Le projet portant modification de la loi offshore a été adopté mercredi par la Chambre des Députés de Bucarest, en tant que chambre décisionnelle dans ce cas. Le nouvel acte législatif permettra lexploitation des gisements de gaz en mer Noire. C’est un nouveau pas vers l’indépendance énergétique de plus en plus évoquée dans le contexte des débats économiques engendrés par la guerre en Ukraine. Alors que le PSD, le PNL et lUDMR, au pouvoir, ont soutenu la nouvelle loi, mentionnant quelle assure la sécurité énergétique de la Roumanie, lAUR, nationaliste, dopposition, la critiquée, affirmant que les investisseurs nauront que des droits, et pas de sanctions. Toujours dans l’opposition, les parlementaires de l’USR ont voté en faveur la forme proposée par la coalition au pouvoir, bien qu’ils aient préféré que les bénéfices de l’extraction soient redirigés vers le 2e pilier des retraites, administré par les compagnies privées. De son côté, le ministre de lEnergie, Virgil Popescu, a expliqué que la nouvelle forme des dispositions légales assure la stabilité, la prévisibilité et un environnement fiscal favorable aux investisseurs. Elle protège en même temps le consommateur roumain et les intérêts nationaux dans leur ensemble. Les revenus supplémentaires provenant de lapplication de cette loi doivent être orientés vers les investissements, a-t-il encore précisé. La Loi offshore confère également à l’État roumain la primauté à l’achat du gaz extrait. Le bénéfice sera réparti entre l’État — 60 % – et les investisseurs — 40 %. Le gouvernement pourra également intervenir dans des situations de crise énergétique et réorienter la production de gaz vers la consommation intérieure.



    L’économie roumaine — sous pression


    La Roumanie a connu la plus forte croissance économique de l’UE, de 5,2 %, au cours des 3 premiers mois de cette année, par rapport au trimestre précédent. Cette bonne nouvelle est donnée par l’Eurostat et elle confirme les données de l’Institut national de la statistique. Toutefois, les prévisions pour les mois à venir ne sont pas tout aussi optimistes. En fait, la situation de léconomie roumaine devient de plus en plus préoccupante, selon les spécialistes, suite aux prévisions pessimistes de la Banque centrale de Roumanie et du rapport économique de la Commission européenne. Conformément aux prévisions de la Commission, après une forte croissance économique de 5,9 % enregistrée en 2021, le rythme de léconomie roumaine ralentira à 2,6 % dici la fin de lannée. Et ce en raison du taux élevé de linflation et de la guerre en Ukraine, principalement. Pour 2023, Bruxelles anticipe une légère hausse de léconomie, jusquà 3,6 %, parallèlement à une baisse de linflation. Les experts estiment que le chômage demeurera à 5,5 %, tandis que les prix connaîtront une forte augmentation dici la fin de lannée, avant de baisser à partir de lannée prochaine. Pour ce qui est de l’inflation, la Commission européenne a majoré considérablement ses prévisions pour cette année, de 5,3 % à 8,9 %, s’attendant à une baisse à 5 % à peine l’année prochaine. Le déficit gouvernemental et la dette gouvernementale seront eux aussi à la hausse selon la Commission. Enfin, un terme de plus en plus véhiculé en cette période est « la stagflation », soit un phénomène plus dangereux quune inflation prolongée, puisquà part linflation, on se confronte aussi à la stagnation économique. Et la Roumanie risque de traverser bientôt une telle période de stagflation, de l’avis des spécialistes.



    Nouvelles mesures pour soutenir la population


    L’augmentation des pensions de retraite et des allocations familiales, la réduction des contributions sociales, le plafonnement des factures d’énergie pour les consommateurs domestiques et les entreprises, le programme de mesures sociales intitulé « Soutien pour la Roumanie » – autant de décisions qui ont vidé les caisses de l’Etat roumain. De ce fait, les sociaux-démocrates sont désormais en alerte et proposent le retour à l’imposition progressive. Par contre, pour les libéraux, il est hors de question de renoncer au taux unique d’imposition. Le sujet est actuellement en débat au sein de la coalition au pouvoir. En attendant une décision, de nouvelles mesures du programme « Soutien pour la Roumanie » sont mises en place. Parmi elles : un décret d’urgence adopté mercredi, qui permet aux compagnies privées qui le souhaitent de majorer de 200 lei (40 euros) le salaire minimum de leurs employés. La mesure entrera en vigueur le 1er juin et cette somme sera exemptée d’impôts et du paiement des contributions sociales. Une autre initiative vise à compenser la hausse du prix des carburants pour les transporteurs routiers et de passagers. Quelque 3 000 compagnies bénéficieront d’une aide de l’Etat.



    L’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN et le renforcement du flanc est de l’Alliance


    La Roumanie a salué l’intention de la Finlande et de la Suède d’intégrer l’Alliance de l’Atlantique Nord. Le président Klaus Iohannis a déclaré qu’il soutenait ces deux pays dans leurs processus d’adhésion et s’est déclaré persuadé qu’une fois que les deux Etats deviennent membres de la famille de l’OTAN, l’Alliance deviendrait plus forte. Pour sa part, le premier ministre Nicolae Ciucă affirme que l’actuel contexte, où la Russie a transgressé toute norme du droit international et a eu recours à l’agression armée contre un Etat souverain et indépendant, tout cela a déterminé les deux pays à décider d’intégrer une alliance qui a prouvé son caractère défensif, son esprit de solidarité, l’unité, la solidité et la volonté de faire tout ce qui est possible pour défendre chaque centimètre du territoire des Etats membres. Après l’intégration des deux Etats à l’OTAN, le flanc allié le plus exposé reste celui de l’est, et notamment du sud-est. C’est justement sa consolidation qui a figuré à l’ordre du jour des pourparlers à Bucarest entre le premier ministre roumain Nicolae Ciucă et son homologue portugais Antonio Costa. Les deux ont visité un bataillon d’instruction dans le sud de la Roumanie, où s’entrainent quelque 200 militaires du Portugal, déployés cette année pour renforcer le flanc sud-est de l’OTAN. Les alliés ont également transmis un message ferme à la Russie : toute attaque contre un Etat sera considérée comme une attaque contre tous ses membres, a encore souligné le premier ministre Costa. Les ministres de la Défense roumain et portugais ont signé jeudi à Bucarest un accord bilatéral relatif à la coopération dans le domaine de la défense.



    Les cinéastes roumains participent au Festival de Cannes


    Le réalisateur roumain Cristian Mungiu revient cette année au Festival international de film de Cannes, avec le film « R.M.N », en lice pour la Palme d’Or dans la compétition officielle. Cristian Mungiu compte déjà à son palmarès un grand trophée de Cannes, datant de 2007 pour « 4 mois 3 semaines et 2 jours » et deux autres prix au même festival — celui du meilleur scénario et celui de la meilleure réalisation. Cette année encore, deux autres productions roumaines figurent à l’affiche d’autres sections de cette 75e édition du Festival de Cannes : « Metronome » d’Alexandru Belc et le court-métrage « Les Potemkines » (Potemkiniștii) réalisé par Radu Jude.

  • Les meilleurs films de l’année 2021

    Les meilleurs films de l’année 2021

    Sur l’ensemble des productions cinématographiques dont la sortie en salle était prévue en 2020, plusieurs sont devenus accessibles au public seulement en 2021, en raison de la pandémie. Quant aux festivals de film, annulés ou organisés en ligne tout au long de l’année 2020, ils ont repris cette année aussi bien en présentiel, qu’à distance. Quels sont donc les films ayant marqué le cinéma roumain dans le courant de cette année ?

    Aux dires du critique de film, Andrei Gorzo, c’est le dernier titre du réalisateur Radu Jude, « Loony Porn », Ours d’or 2021, qui domine le classement. C’est un des meilleurs films de Radu Jude, affirme Gorzo qui qualifie ce long-métrage « d’agressif, expérimental, débordant d’idées et marqué par un sens incisif de la contemporanéité ». « Si l’Académie américaine de film veut faire preuve de bonne foie envers le cinéma, alors, elle devrait parier sur ce film visionnaire » a affirmé pour sa part le site web américain, IndieWire dédié au cinéma indépendant. D’ailleurs, selon cette source, le film de Radu Jude se trouve sur la liste des préférences des critiques étrangers pour les Oscars 2022. L’actrice Katia Pascariu qui joue le rôle principal a été incluse par The New York Times sur la liste des meilleurs acteurs de l’année 2021 aux côtés des stars tels Denzel Washington, Joaquin Phoenix ou Kristen Stewart.

    La liste des meilleurs films roumains sortis depuis le début de l’année se poursuit par « Champs de coquelicots » d’Eugen Jebeleanu. D’après le scénario de Ioana Moraru, le film a eu sa première mondiale lors de la 24ème édition du Festival international de film Tallinn Black Nights. Retenu dans plus de 40 sélections officielles par des festivals de films du monde entier, Champs de coquelicots a dans son palmarès six prix internationaux dont deux de la meilleure interprétation masculine accordé à Conrad Mericoffer par le jury du Festival international de film Gijon et par celui du Festival international de film de Turin. Présentée en première en Roumanie, au Festival international de film de Transylvanie, TIFF, la production s’est vu couronner de deux trophées : celui du meilleur réalisateur et celui du public. Inspiré des faits réels, « Champs de coquelicots » présente un jour de la vie du jeune gendarme Cristi, interprété par Conrad Mericoffer.

    Troisième coup de cœur aussi bien des critiques que du public, le premier long-métrage de Ruxandra Ghițescu, « Otto le Barbare ». Un film qui devrait être vu aussi bien par les parents, par les adolescents et par les psychologues, affirme la critique Iulia Blaga, avant d’ajouter. « C’est pour la première fois qu’un film roumain arrive à expliquer au public ce qui se passe dans la tête d’un adolescent de nos jours ». Récompensé du trophée du meilleur long-métrage roumain par le jury du Festival TIFF, le film raconte ce qui se passe dans la tête d’un adolescent rebelle de 17 ans après la mort de sa petite amie. L’ado se retrouve prisonnier d’un cercle vicieux créé autour de lui par ses parents, son grand-père, la mère de sa copine et les assistantes sociales qui mènent l’enquête.

    Et nous voilà arrivé au dernier titre de notre classement. Il s’agit d’Intregalde, dernier long-métrage du réalisateur Radu Muntean, projeté en première par la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes. Avec un scénario signé Radu Muntean, Alexandru Baciu et Răzvan Rădulescu, le film raconte l’histoire de trois copains qui participent à un voyage humanitaire en voiture. Au long des chemins de montagne poussiéreux du village roumain d’Întregalde, ils rencontrent un vieil homme qu’ils décident d’aider. En l’accompagnant à la scierie où il dit travailler, leur voiture se retrouve coincée dans un fossé et la scierie s’avère être abandonnée. Alors qu’ils sont obligés de passer la nuit avec le vieil homme sénile, leurs idées sur l’empathie et l’altruisme sont mises à rude épreuve, peut-on lire sur le site de la Quinzaine des réalisateurs. Aux acteurs professionnels Maria Popistaşu, Ilona Brezoianu et Alex Bogdan, s’ajoute l’amateur Luca Sabin qui, disent les critiques, est une véritable révélation. « Je pense pouvoir dire la vérité qui se cache en nous, mais dont on est rarement conscient, parfois parce qu’on ne veut pas l’être. Voilà pourquoi dans mes films, j’aime bien mettre mes personnages dans des postures inconfortables. Car je pense que de cette manière, nous arrivons à se poser des questions sur nos actes. Et quand je dis nous, je pense plutôt aux spectateurs, qu’aux protagonistes » a conclu le réalisateur Radu Muntean. (Trad Ioana Stancescu)

  • Les archives vivantes – des films issus des archives de l’UNATC

    Les archives vivantes – des films issus des archives de l’UNATC

    Lancé en 2020 par lUniversité dart théâtral et cinématographique de Bucarest, UNATC, pour marquer ses 70 années dexistence, le projet « Les archives vivantes » réunit pour linstant 15 court-métrages des années 1966-1971. Ce sont des films faits après une dizaine dannées de pause et portant la signature des étudiants issus de la première génération des réalisateurs roumains. On y retrouve des noms célèbres tels Radu Gabrea, Ada Pistiner, Vivi Drăgan Vasile, Dan Pița ou Mircea Veroiu.



    Le critique de film Andrei Rus, directeur artistique du Festival du film documentaire One World Roumanie, et commissaire des Archives vivantes nous en parle :« Les Archives vivantes sont nées dune passion et dune préoccupation plus ancienne que moi et plusieurs personnes à la tête de lUNATC, nous avons pour les archives. En 2020, lUniversité dart théâtral et cinématographique de Bucarest a marqué son 70ème anniversaire. Du coup, avec le concours du recteur Liviu Lucaci, infatigable dans son désir de revigorer linstitution, jai mis en place le projet des Archives. On sest posé la question si on connaissait vraiment lhistoire de cette université, puisquon ne sétait jamais intéressé au passé de cette institution connue dans un premier temps sous le nom de lInstitut dart théâtral et cinématographique. Or, cette structure est celle qui a donné la majorité des professionnels du théâtre et du cinéma roumain davant 90 et qui a fixé, pour ainsi dire, les normes. Concrètement, toutes ces règles stylistiques selon lesquelles on continue à faire du théâtre ou du cinéma datent de cette période-là. Moi, jai commencé à visionner en ordre chronologique tous les films réalisés par les étudiants à compter des années 60 et lannée dernière, jai présenté au programme du TIFF, le Festival international du film Transilvania, neuf courts- métrages issus des archives de lUNATC. Au moment où leur invitation est tombée, javais déjà vu 200 courts-métrages datant des années 1966-1971. Et, jai eu la surprise de découvrir plusieurs productions presque expérimentales qui ne ressemblaient guère aux films réalisés dans ces années-là. Jai vu donc une sélection de films hors norme qui ont la force, je pense, de revigorer lintérêt pour le cinéma roumain marginal. De nos jours encore, les productions réalisées par les étudiants sont marginalisées par rapport au cinéma officiel de fiction, le seul susceptible de passer à la télé. Il en va de même pour les documentaires ou les films danimation, très peu accessibles. Ce que je veux dire, cest quil ny a pas un seul type de cinéma roumain, mais plusieurs, et il est important de commencer à les explorer tous. Pourtant, avant de nous lancer à étudier toutes ces formes de cinéma, on devrait commencer par les conserver, les faire passer en format numérique afin de les rendre plus accessibles à la recherche. A force de visionner tous ces films issus des archives, jai constaté quune grande partie de lavant-garde roumaine provenait de lunique endroit où lon étudiait le théâtre et le cinéma. »




    Dans les années à venir, on préconise la mise en place dun ample processus permettant la numérisation de quelque 2000 de films de 16 ou 35 mm issues des Archives vivantes. Dans le cadre du même projet, on se propose didentifier et de rendre accessibles plusieurs types de documents darchives : photographies, illustrations de décors, mémoires de maitrise, notes sur les spectacles mis en scène pendant les sept décennies dexistence ou encore dossiers administratifs reflétant lévolution pédagogique dans le domaine des arts du spectacle et du cinéma.



    Le commissaire des Archives vivantes, Andrei Rus, détaille :« Le court-métrage est un type de cinéma moins coûteux que le long-métrage et cest la raison pour laquelle à lépoque, on en réalisait pas mal. Même dans les années 70 quand le cinéma roumain a connu un grand essor, on ne faisait quune vingtaine de longs-métrages, alors que les courts-métrages produits par les Studios Sahia dépassaient les 200. Il y avait aussi les Studios danimation Animafilm, mais leurs productions étaient pour la plupart indisponibles. Et puis, on avait plusieurs centaines de cinéclubs et je suis certain que parmi les productions que lon y faisait il y en avait qui renvoyaient au cinéma expérimental et que le public narrivait jamais à voir. Dans lactuel contexte quand on assiste à une sorte de revigoration du département de recherche de lUNATC et à un renforcement de lintérêt pour les archives, jespère que lon arrivera à ressusciter lintérêt du public pour ce domaine. Car cest là un sujet sensible pour toute la culture roumaine, non seulement pour le théâtre et le cinéma. Il arrive souvent que les artistes naient personne à qui confier leurs archives. Du coup, la plupart de ces documents restent en famille ou chez des amis, ce qui les rend inaccessibles à la recherche. Il serait très important de mettre en place des centres qui se chargent de toutes ces archives personnelles car, comme vous le savez, il existe de nombreux musées ou institutions qui sy intéressent. » (Trad. Ioana Stancescu)


  • Films roumains au Festival de Sundance

    Films roumains au Festival de Sundance

    Nos invités d’aujourd’hui sont Radu Ciorniciuc et Alexander Nanau, deux réalisateurs roumains dont les films ont été sélectionnés au Festival de Sundance. Il s’agit du film « Colectiv » d’Alexander Nanau, sélectionné dans la catégorie « Spotlight », et du documentaire « Acasa — My Home » (Chez moi) de Radu Ciorniciuc, présenté dans la section « World Cinema Documentary Competition ».



    Commençons par « Colectiv », un documentaire qui retrace les événements de la première année après l’incendie tragique survenu le 30 octobre 2015 dans la discothèque bucarestoise appelée justement « Colectiv », qui a fait 66 morts et deux cents blessés. La pellicule se penche sur la relation entre les autorités et les journalistes, dans leur tentative de trouver la vérité. Avant Sundance, le film d’Alexander Nanau avait été projeté aux festivals de Venise et de Toronto. Aux Etats-Unis, c’était le seul documentaire inclus dans la section Spotlight, consacrée aux productions d’exception lancées l’année dernière. «Colectiv» parle des gens face au système, de la différence subtile entre vérité et le mensonge, du courage et de la responsabilité. Le réalisateur Alexander Nanau ajoute :



    « J’ai décidé qu’il fallait raconter cette histoire, dire ce qui s’est passé, qu’il fallait comprendre le processus de transformation que subit la société roumaine. J’ai réuni une équipe en charge de la documentation, nous avons fait des recherches sur le sujet sous tous ses aspects. Puis, ma co-auteure, Antoaneta Opris, et moi, on s’est rendu compte qu’il fallait se concentrer sur la presse, puisque la presse était la seule capable de décortiquer la relation entre le pouvoir et le citoyen. Nous avons donc choisi de raconter l’histoire par les yeux de la presse. A ce moment-là, seuls trois journalistes de Gazeta Sporturilor (La gazette des sports), à savoir Cătălin Tolontan, Mirela Neag et Răzvan Luţac osaient poser des questions. Dans tous les médias, les responsables ne faisaient que mentir, c’était la désinformation totale. Par exemple, on disait qu’il était possible de faire opérer les victimes en Roumanie, car il y avait les conditions nécessaires en ce sens, alors que l’équipe de Gazeta Sporturilor a découvert que l’unité des grands brûlés de l’Hôpital Floreasca était en fait fermée. C’est à ce moment-là que nous nous sommes rendu compte qu’il y avait plus de choses à dire à ce sujet. Et vu que l’équipe de Catalin Tolontan était connue pour ses investigations, nous avons décidé de leur parler, de voir s’ils avaient trouvé de nouvelles informations pour déconspirer ce mensonge perpétué par l’Etat, en espérant qu’ils allaient nous permettre de suivre leur enquête. Au début, ils ont été très réticents, mais vu que notre équipe avait elle aussi fait des recherches solides sur le sujet, ils ont commencé à nous faire confiance et nous avons commencé à collaborer. Au fur et à mesure que nous filmions, nous avions l’impression de suivre un véritable thriller inspiré de la vie quotidienne. »




    Le second film présenté au festival américain Sundance marque le début du réalisateur Radu Ciorniciuc. « Acasa – My Home » (Chez moi) raconte lhistoire dune famille qui a vécu pendant une vingtaine dannées dans le delta sauvage de Vacaresti de la capitale roumaine, un endroit laissé à labandon pendant deux décennies, qui devient une zone protégée et le premier parc naturel urbain de Roumanie. 4 ans durant, le réalisateur Radu Ciorniciuc a suivi cette « grande aventure » qua traversée la famille Enache, son parcours dune existence en parfaite harmonie avec la nature à une vie dans la jungle urbaine qu’est la capitale roumaine, Bucarest. En parallèle, son équipe a lancé un projet social auquel ont contribué de nombreux spécialistes et de nombreuses organisations humanitaires. Et pour cause : les 11 membres de la famille Enache avaient mené une vie en dehors de la société, sans papiers, sans éducation, sans accès aux soins de santé. A l’heure où l’on parle, tous les 9 enfants de cette famille ont des papiers, sont inscrits à l’école et sont visités régulièrement par des médecins. Les adultes ont, eux, des emplois s



    « Je dirais que « Acasa – My Home » (Chez moi) est le film du drame d’une famille. Nous avons filmé pendant deux ans leur vie au delta de Vacaresti et nous avons suivi pendant deux autres années leur processus d’intégration sociale. Ce documentaire est réalisé en collaboration avec la scénariste Lina Vdovîi et Mircea Topoleanu. Aucun de nous n’avait de l’expérience cinématographique. Puis un producteur qui avait déjà travaillé dans ce domaine nous a rejoints. De même, en tant que journalistes, nous avons eu accès à des moyens de communication avec le public et notre projet est devenu de plus en plus visible. S’y est ajoutée la tentative de renforcer le projet social, qui a fait appel aussi aux efforts du public afin d’assurer aux enfants et aux parents une transition mois traumatisante d’une vie à l’autre. C’est grâce aux personnes qui nous ont soutenues que nous avons pu mettre sur pied ce projet multimédia qui est « Acasa ». S’y ajoute entre autres un album réalisé par les enfants durant leur première année de transition, lorsqu’ils ont documenté leur vie dès le départ du delta jusqu’à la fin de la première année d’école. Avant, ils ne s’étaient jamais rendus à l’école. »



    Enfin, notons aussi que le documentaire de début de Radu Ciorniciuc, «Acasa – My Home » (Chez moi), a remporté le Prix spécial de la meilleure image au Festival du film Sundance, aux Etats-Unis. La première internationale de cette production a eu lieu dans le cadre de la compétition des films documentaires du festival. Le documentaire roumain était en lice aux côtés de 12 autres titres, choisis parmi les 14.000 films proposés.


    (Trad. Valentina Beleavski)


  • La création audiovisuelle en résidence à Slon

    La création audiovisuelle en résidence à Slon

    Depuis plusieurs
    années, les résidences d’artistes ou culturelles se multiplient dans
    le monde. Le terme de résidence a toujours existé, lié notamment à la musique,
    à la littérature et aux arts plastiques. Le concept a été élargi à la danse
    contemporaine, mais ce n’est qu’à partir des années 1980 qu’il concerne les
    artistes du spectacle vivant. En revanche, les résidences artistiques sont
    plutôt rares dans le domaine des images. Comment s’explique ce manque ?
    Quel est l’élément qui faciliterait un échange fort entre des professionnels de
    la création audio-visuelle, rassemblés dans lieu de réflexion bien
    défini ? Quel est l’impact d’une telle expérience sur les professionnels
    en question ? Ce sont des réponses que cherche à donner le projet culturel
    de la Résidence internationale de création audiovisuelle de Slon, porté par la Fondation culturelle META, en partenariat
    avec l’Institut culturel roumain et l’Organisation internationale de la
    Francophonie. Ce sont des réponses que nous essayerons d’esquisser dans ce RRI
    Spécial, en compagnie de Chantal Moreno, la directrice du BRECO – OIF,
    Eva Pervolovici, réalisatrice roumaine qui vit en France depuis plusieurs
    années, et François Barbier, réalisateur français.