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  • Cette année en Roumanie

    Cette année en Roumanie

    Un marathon électoral abandonné avant la ligne d’arrivée

    Dès son tout début, 2024 s’annonçait une année politique particulièrement compliquée, en raison notamment des quatre scrutins électoraux prévus jusqu’à la fin de l’année. Pourtant, personne n’a anticipé la direction que le marathon électoral allait prendre en décembre. Déroulées en juin dernier, en même temps que les élections locales, les élections européennes ont été remportées par les candidats proposés sur une liste commune par les deux partis de la coalition au pouvoir, le PSD et le PNL. Les sociaux-démocrates ont gagné aussi le plus grand nombre de mairies et de conseils départementaux, suivis par leurs partenaires au pouvoir, les libéraux. Mais le discours pré-électoral trop enflammé a conduit à un refroidissement des relations entre les chefs de file des deux partis, le social-démocrate, Marcel Ciolacu et le libéral, Nicolae Ciuca, les deux inscrits dans la course au fauteuil présidentiel. Mais le résultat du premier tour de l’élection présidentielle, du 24 novembre, a provoqué un séisme sur la scène politique roumaine, après la victoire d’un candidat indépendant venu de nulle part, Calin Georgescu. La deuxième position a été occupée par la cheffe de l’USR, Elena Lasconi, tandis que Marcel Ciolacu s’est situé troisième et Nicolae Ciuca, quatrième. La surprise a été vite remplacée par la panique au moment où les Roumains ont compris que le gagnant au premier tour était un extrémiste pro-russe et antioccidental, grand admirateur du fascisme et antisémite. C’est à ce moment là que les Services secrets ont commencé à fouiller pour découvrir que le score de Calin Georgescu était dû à l’ingérence d’un acteur étatique qui s’est trouvé derrière une campagne de promotion sur le réseau TikTok financée de sources illégales. La Roumanie, a affirmé le Service roumain de Renseignements, a été la cible d’une action hybride agressive russe. Par conséquent, la Cour Constitutionnelle a annulé le scrutin, une décision sans précédent. A Washington, la commission des affaires étrangères du Sénat a élaboré une déclaration pour condamner l’implication de la Russie dans le processus électoral de Roumanie. „L’attaque de Poutine sur les élections roumaines est un autre exemple de la guerre hybride que le leader russe mène contre nos alliés et nos partenaires européens”, ont affirmé les sénateurs américains. A Bruxelles, la Commission européenne a annoncé déclencher des procédures officielles contre le réseau TikTok, pour voir si la plateforme a respecté son obligation légale d’évaluer et atténuer les potentiels risques sur l’intégrité du processus électoral. 35 ans après la chute du communisme, la jeune démocratie roumaine se découvre des vulnérabilités majeures qui appellent à la mise en place de réformes institutionnelles et constitutionnelles profondes.

     

    Un Parlement fragmenté et un gouvernement de coalition

    Encouragés par le succès de Calin Georgescu, trois partis auto-intitulés souverainistes, en réalités ultranationalistes, populistes, anti-européens et extrémistes, sont entrés au Parlement de Bucarest, suite aux élections du 1 décembre. Ensemble, ils occupent un tiers des mandats. Le premier parti et le plus important est AUR. Alertés par la perspective qu’un anti-occidental s’installe à la tête du pays, les partis parlementaires pro-européens, le PSD, le PNL, l’USR et l’UDMR, ont fait un pacte contre l’extrémisme. Une fois annulé le premier tour de l’élection présidentielle, ils ont décidé de mettre en place une coalition. Suite à des négociations et à l’élimination de l’USR de l’actuelle formule gouvernementale, le PSD, le PNL et l’UDMR ont décidé d’un cabinet dirigé par le même Marcel Ciolacu et d’un candidat commun à la future présidentielle, en la personne de l’ancien chef de file libéral, Crin Antonescu. Quant à l’actuel chef de l’Etat, Klaus Iohannis, celui-ci se voit mettre en question la légitimité d’un mandat prolongé. Même si l’organisation d’un nouveau scrutin présidentiel est une priorité, plus important encore est le redressement budgétaire et fiscal du pays. Juste avant la fin de l’année, la société de notation Fitch Ratings a confirmé à BBB minus le score de la Roumanie à long terme en devise, mais a abaissé la perspective de stable à négative ce qui reflète les incertitudes politiques et leur impact sur les perspectives fiscales, la majoration de la dette publique et du déficit budgétaire.

     

     

    Des critiques contre les mesures de réduction des dépenses publiques

    Réuni en séance, le 30 décembre, pour la dernière fois en 2024, le gouvernement a adopté un décret d’urgence pour assurer la stabilité économique, gérer les ressources budgétaires d’une manière responsable et contrôler les dépenses publiques en 2025. Le document prévoit le gel des embauches dans la fonction publique, du repos compensateur pour des heures de travail supplémentaires non rémunérées et le gel des salaires et des pensions de retraite. Autant de mesures censées permettre la réduction des dépenses publiques de 1% du PIB, sans bloquer les investissements ou dégrader le niveau de vie des Roumains. Le gouvernement a approuvé la majoration de 8 à 10% du taux d’imposition sur les dividendes et a réduit de 500.000 à 250.000 euros le seuil à partir duquel les PMM seront frappées d’impôt. Certaines facilités pour les étudiants et les salariés seront également supprimées. Plusieurs fédérations syndicales, organisations patronales ou associations estudiantines ont sévèrement critiqué les mesures gouvernementales.

     

    De bonnes nouvelles en matière de liberté de circulation

    A partir du 1 janvier, la Roumanie a levé les contrôles aux frontières terrestres aussi, après les avoir levé en mars dernier, aux frontières aériennes et maritimes. L’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à la zone de libre circulation en tant que membres à part entière a été possible après que l’Autriche et les Pays Bas ont retiré leur opposition. Pourtant, 6 mois durant, des contrôles aléatoires seront toujours effectués, suite à une analyse de risque. Les autorités de Bucarest affirment que par son adhésion à Schengen en tant que membre à part entière, la Roumanie allégera la circulation des personnes, baissera les coûts pour les compagnies, accroitrera la compétitivité des produits et des services sur le marché européen et encouragera les opportunités d’affaires. La bonne nouvelle de la levée des contrôles aux frontières terrestres a été suivie, d’une autre, venue cette fois-ci de Washington: le département américain d’Etat a annoncé autoriser l’entrée de la Roumanie dans le programme d’exemption de visa, Visa Waiver.

     

    Une année sportive pleine de succès

    2024 s’est avérée une année particulièrement bonne pour les sportifs roumains. Présente aux JO de Paris, la délégation roumaine a réuni dans son palmarès neuf médailles olympiques, trois d’or, quatre d’argent et deux de bronze. David Popovici a remporté l’or de la course de 200 mètres nage libre et le bronze de celle de 100 nage libre. Côté football,  la sélection roumaine s’est qualifiée dans les huitièmes de finale de l’Euro 2024, déroulé en Allemagne. Les tricolores roumains ont fait belle figure dans la Ligue des Nations. Lors du tirage au sort pour le Championnat mondial de l’Amérique du Nord, la Roumanie aura comme adversaires l’Autriche, la Bosnie-Herzégovine, Chypre et la république de Saint Malo. Du coup, le pays espère avoir la chance de se qualifier au championnat du monde pour la première fois depuis 26 ans.

  • Nouvelles mesures de plafonnement des prix de l’énergie

    Nouvelles mesures de plafonnement des prix de l’énergie

    Pour venir en aide aux consommateurs domestiques et aux PME bouleversés par la flambée des prix de l’énergie, le gouvernement roumain a adopté de nouvelles mesures dans le domaine, qui seront en vigueur dans les deux mois à venir. Le nouveau décret d’urgence fixe aussi les amendes pour les fournisseurs qui refusent de recalculer les factures et ne se conforment pas à la loi. Ces amendes peuvent aller jusqu’à 200 000 lei (40 000 euros environ). La disposition légale et règlementaire établit aussi un nouveau schéma de compensation des factures et de plafonnement des tarifs pour la population et pour les institutions, qui entrera en vigueur du 1er février au 31 mars prochain. Toutefois, ces mesures ne s’appliquent pas rétroactivement, pour le mois de janvier, comme l’a demandé le PSD, partenaire à la gouvernance du PNL. Selon un avis du ministère de la Justice, les consommateurs domestiques recevront une compensation plus grande, d’un maximum 0,291 lei par kWh pour l’électricité et d’un maximum de 40 % du tarif du gaz. Le plafonnement des tarifs de l’énergie a également été révisé à la hausse. Le premier ministre Nicolae Ciuca explique :



    « Pour ce qui est de la population, personne ne payera plus de 80 bani par kWh pour l’électricité, ni plus de 31 bani pour le gaz naturel, quelle que soit la consommation. Les consommateurs domestiques dont la consommation d’électricité va jusqu’à 500 kWh ou bien jusqu’à 300 m cubes de gaz devront payer 68 bani par kWh pour l’électricité et 22 bani pour le gaz naturel, toutes taxes comprises. »



    A son tour, le ministre de l’Energie, Virgil Popescu, explique comment se présentera une facture une fois appliquées toutes les mesures de compensation :



    « Quelqu’un qui consommait 500 kWh avant la croissance du plafond, payait un 1 leu par kilowatt. Si le plafond baisse, il payera 80 bani et s’il ne dépasse pas le niveau de consommation prévu par la loi, il payera 68 bani. Au total sa facture se montera à environ 300 lei ».



    La disposition légale et règlementaire adoptée par le Gouvernement prévoit aussi des réductions de tarifs pour les compagnies. Dans ce cas, le prix de l’électricité est plafonné à 1 leu par kilowatt et celui du gaz – à 37 bani par kilowatt. Ces mesures ne s’appliquent toutefois pas aux grands consommateurs, telles les Centrales thermiques électriques qui ont déjà bénéficié d’une aide d’Etat via un schéma de financement approuvé par la Commission européenne.



    Mais que se passera-t-il après le 1er avril ? Le gouvernement n’y a pas encore pensé. Les mesures à prendre à partir de ce moment-là seront discutées au sein de la coalition à la gouvernance. Il faudra trouver un consensus et on parle même d’une réglementation du marché de l’énergie pour une période de quelques mois. Entre temps, le décret actuel vise à remédier aux factures exorbitantes d’électricité et de gaz que les Roumains ont reçues ces derniers mois de la part des fournisseurs qui n’ont pas mis en place les mesures de compensation et de plafonnement entrées en vigueur le 1er novembre dernier.


    (Trad. Valentina Beleavski)