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  • Les Pâques en Roumanie : une richesse des symboles et traditions

    Les Pâques en Roumanie : une richesse des symboles et traditions

    De la
    lumière sainte, des œufs peints, un lapin avec des
    cadeaux, des repas en famille, le sacrifice de l’agneau, la « pasca », beaucoup d’émotions dans la vie liturgique – voilà la richesse
    des Pâques roumaines. Dans les minutes suivantes, nous vous proposons une brève
    présentation de l’histoire, des traditions et des significations des principaux
    éléments qui composent ce que l’on appelle « la plus grande fête du
    christianisme ».




    L’étymologie
    du mot « Paști » (Pâques en roumain, au pluriel)
    nous conduit vers les anciens égyptiens. En hébreux, le mot
    « Pesach », qui signifie « passage » a été hérité de la
    langue des Egyptiens. Le monde romain-byzantin l’a emprunté ensuite, sous la
    forme « Pascha », nom neutre, d’où il est entré dans les langues
    latines.




    Chez les
    Juifs, « Pessah » ou la fête des pains sans levain, reste la fête la
    plus importante. Elle commémore la traversée miraculeuse de la mer Rouge, qui
    les a conduits de l’esclavage sous les égyptiens à la liberté. Le Pessah juif
    était célébré huit jours durant, du 15eau 22e jour du
    mois de Nisan, septième mois de l’année civile des Hébreux et premier mois de
    leur année sacrée. La cène qui marquait le passage de la mer Rouge avait lieu
    dans la nuit du 14eau 15edu mois, à la pleine lune, après
    l’équinoxe du printemps. En 33 de notre ère, cette fête coïncida avec des
    événements étonnants racontés dans la Bible, ayant Jésus Christ pour
    protagoniste et qui se passaient dans la province romaine de la Judée : il
    s’agissait d’un autre passage, de la mort à sa propre Résurrection, à l’époque
    du préfet romain Ponce Pilate.


    D’ailleurs,
    les Romains avaient toujours l’habitude de célébrer le passage vers un temps nouveau.
    Pour un certain laps de temps, la Rome antique célébrait le Nouvel An le 1er
    mars. Ce mois marquait plusieurs autres célébrations de grands dieux de la
    végétation et de la fécondité qui, à l’origine, étaient des personnifications
    du Soleil. Par exemple, le dieu Mars était considéré l’incarnation du Soleil à
    l’équinoxe du printemps. Bien avant d’être considéré comme le dieu de la
    guerre, il était considéré le « Jeune Soleil », un dieu de la
    fécondité et de l’abondance, de la multiplication des grains et des animaux. Le
    même mois de mars, les romains célébraient aussi les Matronalia, la fête des épouses et des mères de famille, dédiée à
    Junona Lucina et à Matrona. Lucina (nom provenant du mot « lux »,
    « lumière » en latin) était la déesse de la lumière, tandis que Matrona
    (nom provenant de « mater », « mère » en latin) était la
    protectrice des mères.


    Le 15e
    mars était à la fois le jour de Jupiter et le jour d’Anna Perenna, dont
    le nom signifiait « l’année pérenne », c’est-à-dire éternellement
    renouvelée. Le jour du 25e mars était appelé Hilaria (« jour de la joie » en latin) parce que c’était
    le jour de la résurrection d’Attis, l’époux de Cybèle, déesse de la fécondité,
    honorée dans l’ensemble du monde antique. C’était donc un jour de la victoire
    de la vie sur la mort et d’une promesse d’immortalité. Dans la Grèce classique
    aussi il y avait une fête du printemps, qui était liée à Dionysos, représentant
    le Soleil fécondateur. Son nom était « Anthesterion »,
    provenant du grec où ce mot signifie « fleur ». Par ailleurs, dans la
    Rome antique, Flora, la déesse du printemps, des fleurs et de la floraison,
    était aussi vénérée pendant un festival appelé Floralia. Il n’est donc pas surprenant qu’en Roumanie, le dimanche
    des Rameaux (appelé « Florii ») marque les 7 derniers jours de
    préparation avant Pâques.




    Les
    traditions roumaines dédiées aux fêtes pascales placent au centre l’œuf, peint
    surtout en rouge, mais aussi dans d’autres couleurs. Le rouge symbolise le
    sang, le feu, mais aussi l’amour et la joie de vivre, le jaune signifie la
    lumière, la jeunesse et le bonheur, le vert symbolise la renaissance de la
    nature, l’espoir et la fécondité, tandis que le bleu est la couleur de la
    vitalité et de la santé. Sur les œufs peints selon la tradition roumaine, les
    lignes utilisées ont aussi des significations des plus diverses. La spirale
    signifie l’éternité, la ligne verticale symbolise la vie, la ligne horizontale
    représente la mort, tandis que le rectangle signifie la pensée et la sagesse.


    Assis autour de la table, les gens cognent entre
    eux les œufs peints, en disant « Le Christ est ressuscité » et en
    répondant « Il est vraiment ressuscité ». L’œuf, présent dans
    de nombreuses mythologies, symbolise avant tout, la source de la vie et la
    naissance de notre monde. Les habitants de l’Égypte et de l’ancienne Perse, par
    exemple, s’offraient des œufs, teints ou peints, qu’ils cassaient avant de les
    manger, comme un acte sacré, pour aider le monde à renaître.




    Un autre
    symbole pascal est le lapin qui offre des cadeaux. Le lapin appartient à la
    lignée du bestiaire lunaire et aux archétypes associés au clair de la lune.
    Dans l’art chrétien médiéval, il avait une signification particulière : il
    était vu comme hermaphrodite, ce qui a conduit à la connexion avec la Vierge
    Marie, la mère de Jésus Christ, en raison de sa virginité. Les images avec un
    lapin offrant des cadeaux et des œufs de Pâques sont spécifiques à l’Allemagne
    et remontent au XVe siècle. Le lapin est aussi un symbole de la fertilité,
    présent dans toutes les mythologies. Il est associé à la divinité de la Terre
    Mère, à l’idée de la régénération et du renouvellement ininterrompu de la vie.
    C’était aussi un être céleste, qui incarnait une ancienne déesse germanique,
    Eostra, mythifiant le printemps et la fécondité, encore adorée au XIIIe siècle,
    à la campagne. Comme les Saxons célébraient l’arrivée du printemps avec des
    fêtes tumultueuses, les missionnaires chrétiens n’avaient d’autre choix que de
    les intégrer. En outre, la fête païenne d’Eostra coïncidait avec la célébration
    de la résurrection de Jésus Christ.




    L’agneau
    est un autre animal associé à Pâques. Son symbolisme est lié à la célébration
    juive du passage de la mer Rouge. A Pâques, chaque chef de famille devait
    choisir un agneau ou un bouc mâle de son troupeau, sans défauts physiques, qu’il
    devait garder du 10e jusqu’au 14e jour du mois de Nisan
    et le sacrifier d’un coup de poignard avant de le manger. L’agneau est aussi le
    signe de la douceur, de la simplicité, de l’innocence et de la pureté, autant
    d’attributs de Jésus-Christ.




    Pendant
    les 7 jours des Pâques juives, on ne consomme que du pain sans levain. Ce pain
    rappelle le pain sans levain que les Israélites ont préparé la nuit de leur fuite
    d’Égypte et symbolise, par l’absence de ferments levants, la propreté, la
    prévention de corruption et l’appel à une vie pure et sainte. Les traditions
    populaires roumaines sont loin de cette tradition juive qui associe le pain à l’amertume
    de l’esclavage en Égypte. Pour marquer la joie à Pâques, la « pasca »est,
    en fait, un pain sucré.




    La dernière
    partie de notre programme est consacré au jour de célébration de Pâques. Bien
    que les catholiques et les protestants aient célébré Pâques le 9 avril dernier,
    les Pâques orthodoxes ont lieu, cette année, le dimanche, 16. Cette situation découle
    des calculs astronomiques imprécis qui ont servi au premier synode œcuménique,
    organisé à Nicée en 325 de notre ère, de décider que les Pâques chrétiennes ne
    seraient plus célébrées au même moment que la fête juive, mais le premier
    dimanche après la pleine lune suivant l’équinoxe de printemps. La notion d’équinoxe
    vernal avait une signification particulière, car elle était considérée comme un
    moment représentatif du temps primordial où Dieu sépara la lumière des ténèbres
    et ordonna que la lumière soit donnée par le soleil – le jour, et par la lune -
    la nuit.


    Jusqu’en
    1582, tous les chrétiens célébraient Pâques à la même date. Le changement de date
    dans le christianisme occidental s’est fait par une réforme du calendrier
    initiée par le pape Grégoire VIII, qui voulait corriger le décalage découvert
    par les astronomes entre le calendrier utilisé jusqu’alors, soit le calendrier
    julien, et le temps astronomique réel. En utilisant le calendrier julien, la
    date de Pâques était, donc erronée. Alors que les catholiques commençaient à
    célébrer Pâques selon le nouveau calendrier rectifié, les Eglises orthodoxes
    continuaient, elles, à célébrer selon le calendrier julien, qui indiquait
    pourtant l’équinoxe et la pleine lune à des dates qui ne correspondaient plus
    aux dates astronomiques. Ceci explique l’écart qui persiste de nos jours encore.


    Lors de
    la conférence inter-orthodoxe de Constantinople en 1923, les Eglises orthodoxes
    ont essayé de trouver un compromis entre les deux calendriers, julien et
    grégorien. Lors de cette conférence, on a donc fixé Noël selon le calendrier
    grégorien, et Pâques, selon l’ancien calendrier julien.




    Avant de
    finir l’exposée de ce panorama des traditions pascales en Roumanie, il faut
    préciser que la plupart des Roumains suivent, du point de vue liturgique, la
    tradition byzantine. Les 7 jours de la Semaine sainte prennent fin à la nuit de
    la Résurrection, ce moment culminant de la fête pascale. La Semaine Sainte
    débute par le Dimanche des Rameaux. Dans les églises à travers la Roumanie, les
    prêtres rappellent dans leurs offices religieux chaque instant avant le sacrifice
    suprême que Jésus-Christ a fait pour sauver l’humanité entière. C’est une nuit
    spéciale, symbolisant la nuit de la lumière, de la purification, la libération
    de l’humanité de l’esclavage de l’enfer, du mal et de la mort. C’est pourquoi la
    fête pascale est une célébration de la lumière. A minuit, lorsque les gens se
    rendent au service de la Résurrection, ils allument des bougies, symbolisant le
    passage des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie.




    En vous
    remerciant de votre attention, nous souhaitons à ceux qui célèbrent Pâques, de Bonnes
    Fêtes, ainsi qu’à tous ceux qui nous écoutent, un printemps plein d’espoir et
    de lumière ! (écrit par Andra Juganaru)

  • Gilles Gautier (France) – Comment se passe Pâques en Roumanie dans les familles, dans vos familles ?

    Gilles Gautier (France) – Comment se passe Pâques en Roumanie dans les familles, dans vos familles ?

    En Roumanie aussi, Pâques est, normalement, un moment de rencontre en famille. On visite les parents et les grands-parents ou bien on prend des mini-vacances et on passe un week-end prolongé à la montagne le plus souvent, toujours en famille ou entre amis.

    La nuit de samedi à dimanche, tout le monde se rend à l’église à pour assister à la messe de minuit qui annonce la résurrection de Jésus Christ. Les gens se réunissent peu avant minuit devant les églises, écoutent le début de la cérémonie, répètent tous ensemble trois fois la salutation « Le Christ est ressuscité ! » avec la réponse traditionnelle « Il est vraiment ressuscité ! ». Puis les prêtres commencent à partager la lumière sainte aux fidèles, alors que la messe se poursuit. On allume les bougies et on rentre à la maison. C’est la version plus courte, disons. Les forts croyants respectent d’autres rituels aussi, mais je ne vais plus entrer dans ces détails.

    Une fois arrivés chez eux, certains s’assoient déjà à table, bien que ce soit presque une heure du matin à ce moment-là. Mais comme un carême de plusieurs semaines précède cette fête et qu’une bonne partie des Roumains le respectent au moins partiellement, tout le monde a hâte de goûter aux plats délicieux qu’ils ont préparés tout le long de la semaine. Et là on arrive un chapitre très, très vaste, celui de la gastronomie spécifique à la Pâque orthodoxe. Les œufs peints ne manquent jamais. On les peint soit le Jeudi Saint soit le Samedi Saint, aucun autre jour de la semaine sainte il n’est permis de peindre des œufs. On prépare des plats à base d’agneau et les fameuses brioches – cozonac qui ne peuvent pas manquer non plus.

    Il n’y a pas de chasse aux œufs de chocolat chez les Roumains orthodoxes, pourtant la tradition moderne dit que le Petit Lapin apporte des cadeaux aux enfants. Une sorte de Père Noël, si vous voulez, mais adapté à la saison. Voilà, en bref, ce qui se passe en Roumanie à Pâques.

    Pourtant, cette année, c’est différent, comme partout d’ailleurs : pas de prière en masse autour des églises, pas de bougies allumées dans la rue, pas de repas en famille élargie, pas d’amis autour de la table, pas de weekend prolongé à la montagne, pas de pique-niques. On n’a pas renoncé à préparer les plats traditionnels et les cadeaux ne manqueront pas, car, heureusement on peut tout commander en ligne et les livraisons sont assez ponctuelles.

    Mais « des jours meilleurs viendront », comme nous le dit Gilles Gautier dans son message et nous lui remercions pour son optimisme. On en a toujours besoin.

  • Un repas chaud dans l’espace réel et virtuel

    Un repas chaud dans l’espace réel et virtuel

    Afin de les aider à voir ce rêve s’accomplir, un groupe de bénévoles de Cluj a lancé en 2013 le projet « Un repas chaud ». Cette idée a fait fortune, étant adoptée par d’autres villes du pays, de sorte qu’à présent environ 900 repas sont offert à travers le pays chaque semaine à ceux qui n’ont pas la possibilité de se préparer à manger et qui ont peut-être le plus besoin de cette nourriture. Raimonda Boian, qui compte parmi les initiateurs du projet, explique : « Le projet s’est développé rapidement. Les bénéficiaires proviennent des catégories sociales défavorisées et cherchent un plat chaud à la cantine que je gère Place du Musée à Cluj. Ce sont des SDFs mais aussi des personnes qui ont un logement, mais qui manquent de nourriture. Leur statut ne nous intéresse pas, nous ne sommes pas des assistants sociaux pour faire des enquêtes, nous ne vérifions rien, l’important, pour nous, c’est qu’ils reçoivent cette nourriture dont ils ont tellement besoin.

    Bien qu’« Un repas chaud » soit un projet indépendant, il n’aurait pas pu être mis en œuvre sans le concours des municipalités ou des Directions d’assistance sociale. Au fil du temps, cette collaboration a permis au « Repas chaud » de migrer depuis Cluj vers Constanţa, Adjud, Bistriţa, Satu-Mare et Bucarest. Les aliments proviennent entièrement de dons. Cluj compte encore le plus grand nombre des cantines où un repas chaud est servi à des personnes défavorisées, grâce à un travail bénévole. Chose tout à fait surprenante, les bénévoles qui se présentent sont très nombreux et ils représentent toutes les catégories sociales et d’âge. Raimonda Boian : « A la cantine que je gère, des équipes de bénévoles sont inscrites et le calendrier est complet jusqu’en janvier 2019. Déjà je suis dans l’embarras et je sais que je vais provoquer des frustrations à ceux qui veulent se faire inscrire, puisque je vais leur répondre qu’il n’y a plus de place avant janvier prochain. Cuisiner est une activité qui les attire. Même s’ils ne sont pas des as, ils souhaitent contribuer. C’est une activité agréable, qui ne demande pas beaucoup d’efforts. Leur tour venu, souvent, nombre de bénévoles ont seulement à préparer un sandwich. »

    A Bucarest, le projet « Un repas chaud » a été mis en œuvre également par une bénévole : Monica Abagiu : « J’ai assumé ce projet en octobre dernier. Je m’étais inscrite, comme bénévole, en mai 2017. Ensuite, avec le concours de Raluca Apostol, j’ai assumé la coordination du projet à Bucarest. Nous souhaitions depuis longtemps nous engager dans un projet de ce genre. Nous avons choisi « Un repas chaud », car ça nous dit de faire un peu de cuisine et puis l’idée de venir en aide aux gens nous a également attirées. De toute façon, nous participons aussi à d’autres projets de bénévolat.

    Monica Abagiu n’a pas de difficulté à intégrer le bénévolat à sa vie quotidienne et à sa vie familiale. Les deux cantines où elle travaille comme bénévole sont situées dans deux zones défavorisées de la capitale, dans le 4e arrondissement et dans le quartier de Ferentari, du 5e arrondissement. Monica Abagiu : La cantine Ominis, du 4e arrondissement, offre des repas chauds à une centaine de personnes environ, pour la plupart des adultes. Dans le quartier de Ferentari, nous avons une cantine mobile, une ambulance transformée en cuisine et garée dans la cour d’une école. Les gens viennent nous chercher en semaine aussi, mais nous cuisinons seulement pendant le week-end. Les bénévoles aident également les enfants en difficulté à faire leurs devoirs.

    Les repas chauds offerts pour l’instant deux fois par semaine sont tellement nécessaires à ces gens démunis, que Monica Abagiu envisage de créer d’autres cantines à Bucarest. Une extension du projet pourrait lui venir en aide. Il s’agit de l’application ShareFood – Partager la nourriture. George Jiglău, un des initiateurs du projet de Cluj, a promu cette application, dont le but est, entre autres, de combattre le gaspillage alimentaire. George Jiglău : Par cette application, nous tentons de faciliter la communication entre ceux qui produisent et vendent les aliments, d’une part, et les membres de la communauté qui ont besoin de nourriture, de l’autre. Pendant les 5 années écoulées depuis le lancement du projet « Un repas chaud » – tout d’abord à Cluj, ensuite dans les autres villes – nous avons également contacté les personnes qui font des dons. Il s’agit de ceux qui disposent de beaucoup d’aliments qu’ils n’arrivent pas à vendre et qu’ils finissent bien souvent par jeter à la poubelle – même si personne ne souhaite jeter la nourriture. Cette application est profitable aux deux parties. Elle a pour but d’éviter le gaspillage alimentaire, mais elle est en même temps un instrument facilitant la collaboration entre les donateurs potentiels et les personnes qui ont besoin de nourriture.

    L’application ShareFood met en lien, d’une part, les sociétés, de l’autre les institutions publiques, les ONGs ou les paroisses, qui peuvent distribuer la nourriture directement aux personnes démunies. L’application a été créée par deux informaticiens de Cluj qui, après avoir cuisiné pour le projet « Un repas chaud », ont voulu s’impliquer davantage et d’une autre façon – toujours comme bénévoles. A présent, deux mois après son lancement, l’application ShareFood est disponible dans toutes les villes du pays et des comptes actifs y ont déjà été ouverts par des dizaines de donateurs et de bénéficiaires. (Aut. : Christine Leşcu ; Trad. : Dominique)

  • Menu en attente

    Menu en attente

    Il fut ouvert il y a quelques mois, utilisant l’espace d’un ancien restaurant, meublé avec des tables de récupération d’anciennes maisons paysannes de villages saxons. Un bistro simple et lumineux qui s’est proposé dès l’ouverture d’avoir une composante sociale. D’ailleurs, le motto de l’un des chefs est affiché à l’entrée du resto : « Mange chez nous pour que nous ne mourions pas de faim ». Il s’agit d’un établissement qui prépare aussi des déjeuners pour les sans-abri.

    Mona Bratescu, initiatrice du projet « Menu en attente », a évoqué les origines de celui-ci : « Il s’agit d’un projet importé de l’étranger et qui a commencé dans les rues de Naples. Bref, nos clients achètent des menus qui seront ensuite distribués à des personnes confrontées à différentes difficultés : personnes âgées, qui touchent des pensions de retraite très petites, familles nombreuses qui ne peuvent pas s’entretenir, gens de la rue. Nous ne faisons aucune discrimination. Pratiquement, nous offrons des plats à n’importe qui vient en demander un. »

    Il s’agit d’une idée qui protège les besogneux, mise en œuvre avec la discrétion et la générosité spécifiques à la manière authentique de faire du bien, explique Mona Bratescu : « Certainement, il existe encore des bistros qui font cela et c’est très bien. Nous avons entendu parler de cette initiative et nous l’avons adoptée tout naturellement. Les gens venaient nous trouver pour nous demander une portion de nourriture et nous avons envisagé de faire davantage en ce sens. L’unique problème auquel nous nous sommes confrontés est d’ordre législatif, dans le sens qu’une société ne peut pas accepter des donations. De ce fait, il est difficile de faire du bien en toute légalité. La variante que nous avons trouvée est de vendre ces menus au prix de revient et d’y mettre une marge parce qu’il est illégal de vendre sans aucune marge commerciale. Nous émettons un ticket de caisse, nous payons des taxes et en fait tout est légal, mais aussi bénéfique. Il faut seulement être un peu plus proactif, c’est-à-dire de cuisiner un peu plus chaque jour, ce qui est très simple, surtout pour un restaurant. »

    Le bistro dont nous parlons prépare des plats organiques, avec des ingrédients de très bonne qualité, utilisés dans des recettes tout à fait spéciales et à des prix décents. Voici la philosophie de business des initiateurs du projet. De l’avis de Mona Bratescu, hormis les documents, le plus difficile a été de trouver des fournisseurs : « En principe, nous essayons de choisir notamment des producteurs locaux, sauf pour le côté épicerie ou produits que l’on ne peut pas trouver chez nous. Nous proposons toujours trois viandes et un menu végétarien. Ce dernier est très recherché semble-t-il puisque les végétariens de Bucarest ne disposent pas d’une série si variée de produits. Nous avons du veau, du porc, du poulet et deux desserts. Nous proposons toujours une soupe ou une ciorba, trois viandes, le menu végétarien et un dessert offert par la maison. »

    La communication sur les réseaux sociaux a fait croître la notoriété du bistro dont nous parlons: « Au début, l’idée était de servir le déjeuner aux employés des multinationales, qui n’ont pas le temps de cuisiner chez eux. Nous avons eu des clients venus de l’autre bout de la ville justement pour acheter des menus en attente. Nombre de personnes ont soutenu tout ce que ce concept signifie. Notre meilleur canal de communication est la page Facebook. C’est là que l’on peut voir les tickets de caisse délivrés et trouver les informations sur les menus proposés et les portions servies. Nous avons à présent 10 menus par semaine et des donateurs spontanés. Quelqu’un a acheté 100 menus, au début, pour encourager cette initiative, ensuite 15 et 25. »

    Les plats ont été préparés selon des recettes de cuisine traditionnelle et moderne. Le projet est en passe de se développer, a précisé Mona Brătescu: « Notre projet a aussi une composante très importante qui vise à éliminer les barrières sociales, ce qui veut dire que nous accueillons de la même manière un étudiant, un employé des multinationales, une personne âgée, une mère et ses enfants ou un sans – abri. Nous souhaitons faire des livraisons à vélo aussi, collecter l’huile alimentaire usagée, et servir de modèle pour d’autres beaux projets. »

    N’oubliez pas que c’est un projet ouvert à n’importe qui veut y participer. (Trad.: Alex Diaconescu, Mariana Tudose)

  • La boîte à cuisiner « Coucou-me-voilà »

    La boîte à cuisiner « Coucou-me-voilà »

    Deux Bucarestois, anciens salariés de compagnie multinationale, ont inventé un service s’adressant à ceux qui adorent cuisiner mais qui n’ont pas assez de temps pour s’adonner à leur passion.



    Pour leur venir en aide, Cristina et Cristian Tohănean viennent de lancer une « Boîte à cuisiner ». Elle contient des ingrédients frais permettant de préparer 3 repas pour deux personnes. Elle est livrée, avec un gros sourire, au domicile des clients, deux fois par semaine. Pour la famille Tohănean, cuisiner est une façon de jouer et donc cette boîte est conçue à l’intention de ceux qui aiment jouer avec de nouveaux goûts, couleurs et textures, mais aussi avec des parfums et des condiments rares.



    Pourtant, ils n’ont pas inventé la roue, pour ainsi dire. Cristian Tohănean a cru comprendre qu’une chaîne d’hypermarchés qui faisait de la pub pour un Concept Store, souhaitait offrir exactement ce service. Quand il s’est rendu compte que c’était quelque chose de différent, il a cherché sur Internet des informations sur les livraisons d’ingrédients et de recettes de cuisine. Il s’en est aperçu ainsi que cette activité existait déjà dans le monde.



    Cristian Tohănean: « Les compagnies qui offrent ce genre de service ont fait leur apparition il y a deux ou trois ans ; les plus prolifiques se trouvent aux Etats-Unis et au Royaume Uni. Pourtant, elles ne sont pas nombreuses. Nous avons identifié 3 ou 4 grandes compagnies, auxquelles s’ajoutent plusieurs petites sociétés qui offrent ce service dans la zone où elles se trouvent — par exemple à Hong Kong. Aux Etats-Unis, les livraisons couvrent tout le pays. En Europe, il y a 6 ou 7 pays qui bénéficient d’un tel service ».



    Après toutes les aventures qui précèdent nécessairement en Roumanie l’ouverture d’une affaire, les Tohănean ont lancé leur « Boîte à cuisiner ».



    Selon Cristina Tohănean, l’accueil a dépassé leurs attentes : « Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre, nous avons fait des calculs, des projets, nous étions très pessimistes quant à nos futurs clients et au succès de notre affaire. Pourtant, après avoir lancé l’annonce et le site, nous avons constaté que notre intuition concernant les personnes qui auront besoin de ce service se confirmait et que les clients ont commencé à affluer. Il paraît qu’il existe, en effet, des personnes très occupées, qui aiment cuisiner, mais qui ne disposent pas du temps nécessaire pour faire des courses. Il y a des personnes qui aiment inviter des amis et donner une petite fête uniquement parce que la « Boîte » est là… »



    « La Boîte à cuisiner » n’est pas tout simplement un service de livraisons de produits alimentaires. Pour chaque boîte, les deux époux travaillent des journées entières, pour se documenter et adapter les recettes aux réalités roumaines — précise Cristina.



    Cristina Tohănean: « Nous changeons les recettes chaque semaine et, quoi qu’il arrive, nous avons au moins 3 nouvelles propositions pour nos clients. Ces recettes doivent respecter plusieurs critères : être de saison, pouvoir être préparées rapidement, se prêter à un bon mélange de plats — pour qu’il y ait un peu de tout — du poisson, de la salade etc. Ensuite nous les préparons, nous prenons des photos, nous postons les images sur le site, nous rédigeons la recette et nous calculons ses valeurs nutritionnelles. »



    Evidemment, avant que les photos soient postée sur Internet, les produits doivent être goûtés — raconte Cristi : « Nous ne nous contentons pas de reprendre des idées et de les mettre en boîte, si je puis dire. Toutes les recettes, nous commençons par les essayer, la plupart subissent des changements, de sorte qu’elles soient plus faciles à préparer ; nous remplaçons certains ingrédients difficiles à trouver chez nous ou parfois nous introduisons des produits de saison. Et puis, nous mangeons les plats préparés avant de mettre les ingrédients dans la boîte. »



    La réaction du marché a dépassé les attentes de la famille Tohănean. Tous les clients voient dans la « Boîte à cuisiner » une sorte de cadeau de Noël reçu en plein été.



    D’où tirer l’inspiration pour de nouvelles recettes chaque semaine ? Des informations, il y en a — affirme Cristina, pourtant il faut du temps pour réfléchir et calculer : « Nous avons une pile de livres de cuisine, une longue liste de blogs et de sites culinaires, toute sorte de recettes. Nous évitons les plats traditionnels et les recettes classiques, nous cherchons celles qui apportent quelque chose de nouveau, de spécial, tout en faisant attention à ne pas proposer des choses trop sophistiquées. Nous aimons biens les plats traditionnels, mais il faut toujours beaucoup de temps pour les préparer et puis, pour ceux-là, tout le monde a une recette sous la main ou un conseil de maman. Depuis quelques années, les Roumains ont commencé à s’intéresser de plus en plus à la cuisine, beaucoup plus qu’avant — et en disant cela, je pense aux plus jeunes. Des émissions consacrées à la cuisine ont fait leur apparition à la télé, des concours de cuisine sont organisés et, du même coup, on a jeté une nouvelle lumière sur cette activité. La cuisine a changé de statut : si, avant, elle était une nécessité, à présent elle est devenue un plaisir. »



    Une portion coûte environ 5 euros — somme que certains on jugée exagérée. Selon Cristina, cette réaction est facile à comprendre, mais elle vient plutôt de ceux qui regardent les autres jouer, plutôt que de jouer eux-mêmes avec la « Boîte à cuisiner ».



    Cristina Tohănean: « Pour ceux qui sont habitués à faire des courses et à cuisiner à la maison, le prix d’une boîte peut sembler exagéré. Mais ils ne poursuivent pas leur réflexion et ils comparent ce prix de 21 lei par portion avec le prix des repas traditionnels cuisinés à la maison, qui coûtent, sans doute, moins cher. Pourtant, ils ne prennent pas en compte les courses au marché et hypermarché pour trouver les ingrédients, le temps passé à trouver des recettes, les restes de nourriture jetés à la poubelle. Puisque nous disposons, nous, de très peu de temps et que nous ne cuisinons pas habituellement, nous apprécions la plus-value apportée par ce produit: nous ne devons plus perdre des heures dans les magasins et au marché et nous ne jetons plus de la nourriture… Cette critique adressée à la « Boîte à cuisiner » vient des « spectateurs » plutôt que des clients. »



    Les personnes qui se trouvent en dehors de la zone couverte par les services « Coucou-me-voilà » peuvent toujours s’abonner à leur newsletter. Elles peuvent bénéficier ainsi de nouvelles idées et de recettes originales, et qui ne laissent pas des restes dans le frigo. On échappe en plus à l’éternelle interrogation: que mange-t-on aujourd’hui ? Cristi et Cristina Tohănean sont à trouver sur Internet à l’adresse cookubau.ro (Trad. :Dominique)