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  • Les survivantes de la violence domestique

    Les survivantes de la violence domestique

    Si les marques que les coups ont laissé dans la chair des
    victimes symbolisent assez bien la violence domestique et de genre, d’autres
    traces, plus insidieuses, car moins visibles, définissent les effets psychiques
    de ce même fléau. Car, en effet, la violence psychologique fait moins souvent
    les gros titres des journaux, alors qu’elle fait pourtant l’objet d’actes normatifs
    spécifiques, et qu’elle constitue la cause principale de l’incapacité des
    victimes à demander de l’aide et à sortir d’une relation abusive. Et c’est bien
    cette violence psychologique qu’est abordée par la pièce « Restart »,
    « Nouveau départ » en traduction française, écrite et mise en scène par
    Ozana Nicolau, et jouée sur les planches du Centre éducatif Replika de Bucarest.
    Inspiré par les témoignages des victimes qui sont parvenues à se départir d’une
    relation abusive, le spectacle « Restart » constitue le fruit d’une
    collaboration entre plusieurs associations, telles Aleg, « Je choisis »,
    en français, de Sibiu, et Anaïs, de Bucarest. Mais la dramaturge Ozana Nicolau n’a
    pas hésité à puiser aussi dans ses souvenirs d’enfance, s’inspirant des
    histoires d’abus et de violence conjugale dont elle avait entendu parler ou qu’elle
    avait côtoyé à l’époque, ne cessant jamais de s’interroger sur la situation d’impunité
    manifeste de l’agresseur. Et si aujourd’hui la législation roumaine permet la
    délivrance plutôt rapide d’un ordre de protection provisoire aux victimes de
    violence domestique, et que la police se montre réactive face à ce genre de
    situations, l’abus émotionnel semble passer encore et toujours sous le radar. Or
    la pièce « Restart » entend justement mettre sous les feux des
    projecteurs ce type insidieux et méconnu de violence domestique. La dramaturge
    Ozana Nicolau détaille :


    « Vous savez, la violence physique, on la voie, elle
    est flagrante, manifeste, et punie par la loi. Mais si elle arrive à s’installer
    au sein du couple, c’est qu’elle se fonde sur un mécanisme violent bien moins
    connu, et que la loi ignore trop souvent. Et là je parle de la violence
    émotionnelle, un type de violence qu’il est difficile à cerner et à mettre sur
    les bancs des accusés. C’est de cette idée de départ que nous avons voulu
    comprendre ce qui se passe dans la tête d’une femme victime qui, alors même qu’elle
    souffre, se sente toujours coupable. Car elle se fait manipuler, pour qu’elle
    se sente coupable justement, pour qu’elle se sente seule, isolée, sans défense,
    incapable de pouvoir rompre et partir. Une femme
    prise au piège. Et il fallait démonter ce mécanisme psychologique qui rende la
    victime impuissante. Car c’est toujours en soi qu’il faut pouvoir trouver les
    ressources qui nous aident de rompre, de quitter, de se reconstruire. »


    Les deux seuls personnages de
    la pièce sont joués par les actrices Mihaela Rădescu et Nicoleta Lefter. La
    dernière nous explique ce qui l’a poussé à endosser ce rôle de victime avant de
    devenir une survivante de la violence de genre. Nicoleta Lefter :


    « Le rôle m’a semblé dès le départ très pertinent.
    Je connaissais Ozana, et je voulais pouvoir
    collaborer avec elle sur ce projet spécifique. Et puis le personnage en tant
    que tel est très complexe. Il lui fallait une voix qui lui corresponde. Il s’agit
    d’un thème peu abordé dans les théâtres publics. Et les histoires de vie que cette
    pièce raconte sont passablement émouvantes. Et puis, après avoir lu leurs
    témoignages, je les ai rencontrées, certaines de ces femmes, parce que’elles
    sont venues voir e spectacle. Savoir que ces choses sont réelles, que l’on
    raconte la vie des gens qui sont parmi nous, est une chose assez émouvante. On
    se rend compte que c’est important ce qu’on fait. En racontant leur vécu, l’on se
    sente
    investi d’une certaine responsabilité, et on ressente aussi l’énergie que
    les spectateurs nous renvoient en retour. »


    Il est certain que le
    spectacle a le don de susciter l’empathie des spectateurs, émus des
    tribulations des victimes. Et Nicoleta Lefter n’a pas été épargnée, car c’est l’émotion
    qui accompagne d’un bout à l’autre sa performance. Ecoutons-la :


    « J’ai été d’emblée émue par leurs témoignages. Par
    exemple, de cette femme qui raconte qu’après avoir quitté son mari, ce dernier
    l’aura harcelée pendant des années de procédure judiciaire en procédure
    judiciaire. Elle s’était vue happée dans ce tourbillon de plaintes déposées à
    son encontre. Mais aussi tous ceux qui l’avait aidée. Ses parents, ses amis, et
    même des policiers. C’est que la séparation n’est pas toujours la fin du
    calvaire. Et puis, le pire, c’est quand il y a des enfants. Parce que ces
    derniers ne savent pas passer outre la déchirure de la séparation de leurs parents.
    Ils ne disposent pas des moyens nécessaires pour ce faire. Et il y a des
    enfants qui seront traumatisés à vie, qui porteront en eux, dans leur vie d’adulte,
    les séquelles laissées par cette violence psychologique qu’ils ont vécue.
    Aussi, si ces choses ne sont pas traitées correctement, ces futurs adultes
    risquent d’étoffer le rang des victimes, ou celui des bourreaux »
    .


    « Restart » n’est
    pas un coup d’essai pour Ozana Nicolau. Il y a quelques années, elle avait déjà
    monté « Foreplay », une pièce qu’elle avait écrite et fait jouer au
    même Centre éducatif Replika. Faire du théâtre militant, ancré dans le social,
    n’est sans doute pas anodin. Mais quel est l’impact ressenti par le public, mis
    devant ces questions sociétales ? Ozana Nicolau :


    « Je suis confiante.
    L’on soulève des questions. Mais, vous savez, une salle de théâtre compte
    quelques dizaines, ou quelques centaines de spectateurs. Malgré tout, les gens
    sortent de là, ils en parlent, ces thèmes de société se frayent un chemin dans
    l’esprit des gens. J’avais récemment reçu le retour d’une maman, venue avec son
    fils de 14 ans. Elle en était ravie. Son fils ne voulait pas y allait au
    départ, il connaissait le théâtre de marionnettes. Et à la fin de la représentation
    de Restart, il dit à sa maman : « mais si c’est cela le théâtre, j’en
    veux encore ». Et j’avais trouvé cela merveilleux, car ce n’est pas un
    sujet facile pour son âge. Mais je crois que les gens ont envie d’être interpellés,
    d’être secoués lorsqu’ils viennent voir une pièce de théâtre. D’être confrontés
    aux questions de société, ce dont ils rencontrent dans leur quotidien. Le
    théâtre n’est pas un livre de recettes pour mieux vivre, mais il peut poser les
    bonnes questions, montrer certains points de vue, encourager, donner de l’espoir.
    Car l’on voit les autres qui sont confrontés aux mêmes dilemmes, et l’on se
    sente moins seul. »


    Un autre message émouvant nous
    est parvenu de la part d’un autre jeune spectateur, un pré-adolescent, qui,
    après avoir assisté à la représentation de la pièce Restart, a remercié sa mère
    de l’y avoir amené, pour comprendre ce qu’il ne voudrait pas devenir : un
    mari et un père abuseur.



  • Pauza Mare 10.05.2022

    Pauza Mare 10.05.2022

    O nouă stagiune de teatru politic la Replika (interviu cu regizorul David Schwartz); Lansarea revistei POC, publicație de bandă desenată documentară (interviu cu Petra Dobruska, directoarea asociației Bloc Zero); Redeschiderea Așezămintelor Brătiene din București (interviu cu arhitectul Emil Ivănescu); Festivalul Korea Corner din București (interviu cu Șerban Georgescu, reprezentantul Centrului de Studii Româno-Coreene de la Universitatea Româno-Americană):




  • Le théâtre et la société. Maintenant

    Le théâtre et la société. Maintenant

    Le Festival national de théâtre a consacré à cette ample démarche une nouvelle section intitulée « Le théâtre et la société. Maintenant. » Six spectacles ont figuré à laffiche de la section à lédition 2018 du festival, la plupart appartenant à des compagnies indépendantes de théâtre. Aujourdhui nous passons en revue quelques-unes de ces productions.



    Produit par le Centre de Théâtre Educationnel Replika et créé par Alexa Bacanu, dramaturge, et Leta Popescu, metteur en scène, le spectacle participatif « Tout est très normal » invite parents et préadolescents (enfants de 10 à 15 ans) à un dialogue ouvert sur les changements physiques, émotionnels et intellectuels qui annoncent ladolescence. Dans une tentative de faciliter la communication entre les générations, le spectacle parle de plusieurs sujets de grand intérêt : léducation sexuelle dans les écoles, les sources où les jeunes trouvent les informations sur leur corps, sils se sentent oui ou non compris et leur besoin de communiquer sur ce qui leur arrive. Leta Popescu, celle qui signe la mise en scène du spectacle, explique le choix du thème central de sa pièce : « Cétait à lépoque où on parlait au Parlement de la loi de léducation sexuelle et toute sorte de personnages sopposaient avec véhémence à lintroduction dune telle discipline dans le système déducation publique. Alexa Bacanu et moi, nous faisons attention à ce qui se passe autour de nous et nous cherchons les manières de soutenir différents débats par le théâtre. Nous voulons que notre spectacle soit pertinent pour les gens. Cest pourquoi il existe un moment dans la pièce où de nombreuses opinions sont exprimées. Et pour moi, tous ont raison. Sans doute, un sujet si sensible présuppose davoir du courage. De même, il faut en parler pour comprendre tous les problèmes, sans pour autant militer avec trop de véhémence pour une opinion ou une autre. »



    La pièce « Tout est très normal » naît de linteraction directe entre les acteurs Viorel Cojanu et Silvana Negruţiu avec les spectateurs. Une idée appartenant à larchitecte Gabi Albu, créateur de la scénographie, raconte Leta Popescu: « Cest larchitecte qui a partagé lespace. Après, cest moi qui ai pris le contrôle. Ok, on le divise en deux et ensuite ? Et nous avons trouvé cette formule où tout le monde est invité – je tiens à chaque fois à préciser quil est essentiel pour le spectacle que les parents viennent avec leurs propres enfants… Le public est donc partagé en deux groupes. Les parents dun côté, les enfants de lautre. Cest un spectacle très amical et très intime, construit dune manière très délicate. Personne nest forcé à participer. Le projecteur nest mis sur personne. Tout le monde y prend part de la même manière. Et, quelque délicat que ce soit, les discussions deviennent de plus en plus vives. Il est impossible de ne pas discuter sur le corps avec votre enfant après avoir quitté la salle. Impossible. »



    Un autre sujet social sensible est mis sous les projecteurs dans le spectacle « Au nom du Père » : la religion. Produite par lAssociation Art No More de Bucarest, la pièce explore la manière dont le milieu religieux intervient dans la vie privée, professionnelle et sociale. Il parle de changements, dacceptations, de souffrance et d« héritage culturel ». Lécrivaine et journaliste Elena Vlădăreanu est lauteure du texte sur lequel repose le spectacle. Ecoutons-la: « Jai voulu entendre autant de voix que possible, apprendre autant dexpériences que possible des gens qui ont vécu dans des communautés religieuses quils ont quittées ou non ou bien de personnes qui ont redécouvert la religion à lâge adulte dune manière plus radicale. Ce fut un véritable travail de recherche. Nous avons parlé avec les gens, nous avons beaucoup lu aussi. Nous avons parcouru des plateformes en ligne consacrées à la religion et de nombreux livres à ce sujet. »



    Les réactions des spectateurs témoignent de limportance du sujet, constate Elena Vlădăreanu : « Jai été surprise et ravie par le fait que les gens ont commencé à parler de ce spectacle. Chaque représentation a engendré des discussions informelles. Après chaque spectacle, les gens restent dans la salle pour parler de leurs propres expériences. Il paraît que le thème de la religion est toujours très important. En fait, il ne le paraît pas, il lest. Et il est important pour les gens que lon en parle sérieusement et en profondeur. Parce que les choses sont différentes et beaucoup plus intenses pour nous. Parce que la religion fait partie de notre construction sociale, de notre identité, de notre corps social. »



    Pour sa part, le metteur en scène Robert Bălan a voulu que le spectacle « Au nom du Père » ne se positionne ni dun côté ni de lautre de la barricade : « Jai nai pas voulu laisser limpression que nous sommes contre la religion, ni contre la vie religieuse. Cest pourquoi jai choisi douvrir le spectacle par une plaidoirie pour la tolérance religieuse et de le finir sur lidée que Dieu signifie amour. Et ce puisquentre ces deux monologues il existe dautres qui touchent des sujets assez graves, délicats et nous navons pas voulu laisser limpression que nous luttons contre lidée de religion. Nous plaidons plutôt pour lacceptation de toutes les formes et nous voulons dire quil existe nombre dabus dans ce domaine aussi. Il est important par ailleurs de voir comment la vie religieuse de notre enfance influe positivement sur notre vie dadulte. A mon avis, la plus grande réussite de ce spectacle, cest davoir pu rester neutres. »



    Cette pièce sinscrit dailleurs dans un projet plus ample intitulé « Théâtre intime », dont lintention est de rapprocher acteurs et spectateurs. Le metteur en scène Robert Bălan nous en parle: « Lidée était de renoncer autant que possible aux moyens théâtraux classique, à la zone où lacteur monte sur scène pour y exprimer des vérités. Nous avons souhaité intégrer le public au spectacle mais sans trop le déranger. Jai opté pour une interactivité moins forte, sans pour autant laisser le public être un simple spectateur. »



    Les spectacles à thématique sociale abondent aussi dans les institutions théâtrales publiques. Parmi les invités du Festival National de Théâtre 2018 figurait la production « Sur les hommes et les pommes de terre » du Théâtre « Andrei Muresanu » de la ville de Sfantu Gheorghe, en Transylvanie. Son metteur en scène, Radu Afrim, a créé un spectacle documentaire censé ramener dans lattention publique une tragédie survenue dans la ville de Sfantu Gheorghe en 2012, suite à laquelle 9 personnes ont perdu la vie. En rentrant dune cueillette de pommes de terre, la remorque où se trouvaient 9 journaliers ethniques roms a été écrasée par un train. Cet incident a été très peu médiatisé. Cela a déterminé Radu Afrim à imaginer un spectacle sur « la perte et la survie » et qui, une fois terminé, invite à réfléchir sur la solidarité. Trois cas sociaux présentés dans la pièce ont également fait lobjet dun événement caritatif à Noël.



    Voilà donc un des rôles essentiels du théâtre : inviter artistes et spectateurs à sexprimer sur les thèmes importants pour la société. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Le théâtre éducationnel Replika…

    Le théâtre éducationnel Replika…

    Situé à proximité d’une des grandes avenues de la capitale roumaine, le Centre pour le théâtre éducationnel Replika ouvre ses portes gratuitement à tous les enfants et les jeunes qui souhaitent voir des spectacles s’attaquant aux problèmes de leur génération. Créé en février 2015 par la critique de théâtre et la dramaturge Mihaela Michailov, le metteur en scène, Radu Apostol et les comédiens Katia Pascariu, Viorel Cojanu et Mihaela Radescu, Replika est le premier théâtre social et éducationnel de Bucarest.

    Au micro, Mihaela Radescu: Notre premier spectacle fut la Famille Offline, un projet auquel Mihaela Michailov et Radu Apostol ont travaillé une année et demie pendant laquelle ils ont interrogé des élèves de Bucarest. C’est un spectacle qui a fait pas mal de tournées en Moldova et en Transylvanie, car il traite d’un sujet très délicat: les parents qui partent travailler à l’étranger en laissant leurs enfants derrière. Un deuxième spectacle fut les Confessions d’un chien sur les droits des animaux et puis le Théâtre des droits de l’enfance devenu par la suite Par rapport aux droits, un spectacle mis en scène sur un texte de Mihaela Michailov.

    Le répertoire du Théâtre éducationnel se complète par Les enfants méchants et Souvenirs de la période d’école. Ce sont des textes qui portent sur le harcèlement et la violence dans les écoles, un sujet très sensible qui prend sa source du quotidien des gens ordinaires. D’ailleurs, toutes les pièces à l’affiche du théâtre Réplika sont inspirées de la réalité, affirme Katia Pascariu: L’aspect éducationnel ne renvoie pas forcément à l’école. Il concerne le public de tout âge et la façon dont on choisit d’aborder artistiquement tel ou tel sujet en rapport avec l’école ou le quotidien est déjà une composante éducative en soi. Les aspects esthétiques sont moins importants que le message et le sujet des pièces. En tant que théâtre éducationnel, notre théâtre se propose d’attirer une certaine catégorie de public, issu de certaines couches sociales. Le théâtre éducationnel se met surtout au service des jeunes.

    Si les sujets traités sur scène sont en rapport avec les jeunes et leurs problèmes du quotidien, la dramaturgie appartient à la communauté, nous informe la comédienne Mihaela Radescu. Le texte se définit au fur et à mesure que la troupe découvre les sujets et les thèmes d’inspiration. Katia Pascariu: On a différentes sources d’inspiration pour trouver des sujets: les médias, les cas réels, les discussions avec les jeunes à l’occasion de différents ateliers qu’on organise à leur intention. Parfois, ça nous vient tout simplement des domaines qui nous passionnent. On fait la chasse aux sujets et puis on fait le tri et on voit quels sont les sujets qui se prêtent à inspirer un spectacle.

    Les pièces mises en scène au théâtre REPLIKA sont révélatrices tant pour le milieu urbain, que pour celui rural. L’atmosphère ou la communauté revêtent une grande importance pour l’équipe du théâtre. Un exemple en ce sens est le quartier où siège le centre REPLIKA. Katia Pascariu : « Les habitants du quartier nous découvrent petit à petit et nous tâchons d’accomplir notre but, celui de couvrir d’un point de vue culturel une zone qui n’a pas son propre espace artistique. Nous nous efforçons de toucher surtout les gens de ce quartier que nous jugeons intéressant car, encore que proche du centre-ville, il respire l’atmosphère des banlieues. C’est une ancienne zone industrielle, très peuplée. Certains habitants sont effectivement surpris par la présence d’un théâtre et peu d’entre eux sont déjà allés voir un spectacle. D’autres sont ravis de découvrir que les pièces traitent de sujets puisés dans le quotidien. Des sujets qu’ils reconnaissent facilement et auxquels ils réagissent sur le coup. Ces réactions vivantes, directes, immédiates, bref ce retour instantané, tout cela compte beaucoup pour nous »

    Vu que c’est un théâtre éducationnel, qui a des partenariats avec certaines écoles, ses spectateurs sont des élèves, pour la plupart, mais l’équipe de REPLIKA souhaite élargir son public. Mihaela Rădescu : Nous envisageons d’établir des partenariats et d’attirer les personnes qui s’occupent des centres de placement pour enfants et des établissements pour personnes âgées. Un de nos spectacles, intitulé Notre faim de tous les jours, qui a eu sa première représentation en 2015, s’adresse justement aux seniors. Autant dire que nous essayons d’avoir dans notre répertoire de telles pièces consacrées aux catégories vulnérables pour leur insuffler du courage .

    Un autre exemple de projet théâtral destiné aux catégories sociales vulnérables a été le spectacle Maschkar, partie composante d’un projet plus ample portant le même nom, ciblé surtout sur les communautés rom du comté de Teleorman, dans le sud de la Roumanie. Katia Pascariu : « Le projet a eu aussi un volet recherche, mais nous avons réussi jusqu’à la fin à réaliser un spectacle assez inattendu, inspiré des données que nous avions recueillies une année durant. Dans le département de Teleorman on a rencontré bien des problèmes auxquels la Roumanie est confrontée: des villes dépeuplées, le fossé qui sépare les riches des pauvres, la discrimination, la ségrégation scolaire. La grande particularité de cette région réside notamment dans l’histoire des communautés rom qui y vivent depuis pas mal de temps, assez diverses et bien intégrées au niveau des villages. Notre équipe a pu constater que le gros problème nous vient des gens qui discriminent. Voilà pourquoi nous avons essayé de monter un spectacle qui parle de la façon dont on peut se débarrasser de la discrimination» .

    Le mot Maşkar, qui vient de la langue romani, signifie « entre », « à mi-chemin entre», tout comme l’activité du centre éducationnel REPLIKA est à placer à mi-chemin entre expérience purement artistique ou esthétique du théâtre et intervention sociale. (trad. Ioana Stancescu, Mariana Tudose)

  • Bildungstheater: Bukarester Ensemble „Replika“ bringt Alltagsthemen auf die Bühne

    Bildungstheater: Bukarester Ensemble „Replika“ bringt Alltagsthemen auf die Bühne

    Wir spazieren entlang eines der gro‎ßen Bukarester Boulevards, der an den südlichen Stadtrand führt. Hier biegen wir rechts ab und finden eine Volksschule, die unterschiedliche Kurse für Kinder anbietet. Die Volksschule und das Staatliche Bildungstheater Replika“ teilen sich den Innenhof. Auf dem Hof und drau‎ßen, auf dem Bürgersteig, warten Kinder und Jugendliche aller Altersklassen auf den kostenlosen Einlass zu einer Theateraufführung, bei der es um ihre alltäglichen Probleme gehen soll.



    Die Räumlichkeiten sind unspektakulär. Im Februar 2015 gründeten fünf Menschen hier das erste soziale Theater in Bukarest: Die Kritikerin und Dramaturgin Mihaela Michailov, der Regisseur Radu Apostol sowie Katia Pascariu, Schauspielerin am Jüdischen Staatstheater, Viorel Cojanu und Mihaela Rădescu, beide Schauspieler am Kleinen Theater. Die Idee von Theaterprojekten zu sozialen und bildungsbezogenen Themen sei allerdings viel älter, ebenso die Zusammenarbeit zwischen den Gründern, erzählt Mihaela Rădescu.



    Die erste Aufführung war »Die Offline-Familie«, an der Mihaela Mihailov und Radu Apostol eineinhalb Jahre lang gearbeitet haben. Dabei haben sie sich mit den Schülern in Bukarest unterhalten. Mit der Aufführung waren wir oft auf Tour, in der Moldau und in Siebenbürgen, das Thema ist sehr heikel. Es handelt sich um Eltern, die als Gastarbeiter ins Ausland ziehen und ihre Kinder zurücklassen. Dann haben wir »Die Geständnisse eines Hundes« gespielt, ein Stück über Tierrechte. Anschlie‎ßend haben wir »Das Theater der Kinderrechte« bearbeitet, daraus wurde die Aufführung »Recht im Gesicht«, nach einem Text von Mihaela Michailov.“




    Es folgten Aufführungen über die Schule, etwa Böse Kinder!“ und Erinnerungen an die Schulzeit“, bei denen es stets um Bullying, Missbrauch und Gewalt in der Schule geht. Die Texte sind ausnahmslos aus dem gewöhnlichen Alltag inspiriert, was für das Bildungstheater des REPLIKA-Teams von wesentlicher Bedeutung ist, wie die Schauspielerin Katia Pascariu erklärt.



    Die Bildungskomponente ist nicht streng aus schulischer Sicht zu betrachten. Unter Bildungskomponente verstehen wir, dass das Publikum eines jeden Alters zu uns kommen kann. Unsere künstlerischen Ansätze zu bestimmten schulgebezogenen Themen beinhalten bereits diese Bildungskomponente. Der ästhetische Teil ist weniger wichtig, dafür sind die Botschaft und das Thema viel wichtiger. Die Bildungskomponente bezieht sich auch auf das Publikum, das wir anziehen wollen, auf das Umfeld, aus dem es stammt, auf die Recherche, die wir für die Aufführungen betreiben, also auf die Vorarbeit zu den Stücken. Das Bildungstheater hat grö‎ßtenteils mit den Jugendlichen zu tun.“




    Wenn die Themen die Jugend und ihre alltäglichen Probleme im Mittelpunkt haben, dann gehört die Dramaturgie auch der Gemeinschaft, sagt die Schauspielerin Mihaela Rădescu. Die Texte entstehen mit der Entdeckung der Themen, im Rahmen der Recherche und in den Gesprächen mit den Menschen. An der sogenannten Sammlung“ der Texte sei das gesamte Team beteiligt, verrät Katia Pascariu.



    Die Themen sind in unterschiedlichen Quellen zu suchen: in den Medien, in echten Fällen, in den Gesprächen mit den Jugendlichen, die an unseren unterschiedlichen Werkstätten für Schüler mitmachen. Au‎ßerdem finden wir immer Themen in den Bereichen, die uns, also die Teammitglieder, interessieren. Dann kommt der Moment, in dem all die gesammelten Themen sortiert werden — und dann schauen wir, welche geeignet wären für eine Aufführung, jenseits der persönlichen Neugier.“



    Die sozialen Stücke des REPLIKA-Theaters sind sowohl für die Stadt- als auch für die Landbevölkerung relevant. Und das entsprechende Umfeld im Allgemeinen, die Stimmung oder die Gemeinschaft spielen eine zentrale Rolle für das Theaterteam. Aussagekräftig ist der Stadtteil, in dem das REPLIKA-Zentrum seinen Sitz hat, so Katia Pascariu.



    Die Bewohner dieses Stadtviertels entdecken uns langsam und wir versuchen, unser Vorhaben aufrechtzuerhalten, die Entdeckung einer Gegend, die über keinen eigenen Kunstraum verfügt. Wir versuchen, vor allem diese Menschen im Stadtteil selbst zu erreichen. Es ist eine sehr interessante Gegend, man ist nah am Stadtzentrum und hat doch auch das Gefühl, in einem Randbezirk zu stehen. Es ist eine Gegend mit hohem Verkehrsaufkommen, eine ehemaliges Gewerbegebiet, in dem heute viele Plattenbauten zu sehen sind. Viele sind vom Theater regelrecht überrascht. Sehr viele haben vor unseren Stücken noch nie einer Aufführung beigewohnt. Andere sind begeistert von den alltäglichen Themen, die wir behandeln, weil sie sie sofort wiedererkennen und unmittelbar darauf reagieren können. Sie haben sehr direkte, unmittelbare Reaktionen und für uns ist ihr Feedback an Ort und Stelle sehr wichtig.“




    Weil Partnerschaften mit bestimmten Schulen bestehen und weil es sich um ein Bildungstheater handelt, sind die meisten Zuschauer Kinder. Dennoch möchte das REPLIKA-Theam sein Publikum erweitern, sagt Mihaela Rădescu.



    Wir möchten Partnerschaften schlie‎ßen und eine Annäherung an die Verantwortlichen in Kinder- und Altersheimen suchen. Unsere Aufführung »Unser alltäglicher Hunger«, die im vergangenen Jahr ihre Premiere feierte, ist älteren Menschen gewidmet. Wir versuchen, konsequent Aufführungen für die anfälligen Gesellschaftsgruppen zu spielen, und ihnen so Mut einzuflö‎ßen.“




    Ebenfalls verletzlichen Personen ist ein Theaterprojekt gewidmet, an dem die Schauspielerin Katia Pascariu selbst beteiligt ist. Es handelt sich um die Theateraufführung Maşkar“, die im Rahmen eines gleichnamigen, grö‎ßeren, Projekts stattfand. Dabei ging es um eine sozio-kulturelle Intervention in Roma- und Nichtromagemeinschaften im südrumänischen Landkreis Teleorman, berichtet Pascariu.



    Dieses Projekt hatte auch eine Forschungskomponente, und am Ende ist es uns gelungen, auch eine Aufführung zu erarbeiten, die nach unserer einjährigen Arbeit eigentlich unerwartet kam. In Teleorman finden sich viele der rumänischen Probleme von heute wieder: entvölkerte Städte, die Kluft zwischen Armen und Reichen, Diskriminierung, schulische Segregation usw. Die Region hat aber auch eine eigene Besonderheit aufgrund der Geschichte der dort seit langem lebenden Roma-Gemeinschaften. Sie sind sehr unterschiedlich und in ländlichen Gebieten gut integriert. Wir, das Team, haben festgestellt, dass es sehr schwer ist, aus einer uns fremden Perspektive zu berichten. Und wir sind zum Schluss gekommen, dass die Mehrheit ein gro‎ßes Problem hat, denn das Problem ist bei denen die diskriminieren zu suchen. Wir haben versucht, eine Aufführung auf die Beine zu stellen über Wege zur Beseitigung der Diskriminierung — ausgehend von uns, die selbst diskriminieren und von Haus aus eine herablassende Haltung haben.“




    Maşkar” bedeutet in der Sprache der Roma Dazwischen“, eine Anspielung auf die Positionierung des Bildungstheaters REPLIKA: zwischen der pur ästhetischen oder künstlerischen Erfahrung des Theaters und dem Eingriff in die Gemeinschaft.

  • Teatrul educaţional – o Replică alternativă la programele sociale

    Teatrul educaţional – o Replică alternativă la programele sociale

    Situată în imediat
    vecinătate a unui mare bulevard bucureştean, care duce spre zona perifică de
    sud a capitalei şi împărţind aceeaşi curte interioară cu o şcoală ce oferă
    cursuri diverse copiilor, se află Centrul de Teatru Educaţional Replika. În
    curte şi afară, pe trotoar, copii şi tineri de toate vârstele aşteaptă să intre
    pe gratis la un spectacol de teatru ţinut într-un spaţiu fără morgă şi
    referitor la problemele cu care ei se confruntă zilnică. Este primul teatrul
    socio-educaţional din Bucureşti şi a fost înfiinţat în februarie 2015 de cinci
    persoane: Mihaela Mihailov – critic de
    teatru şi dramaturg, Radu Apostol – regizor, Katia Pascariu – actriţă la
    Teatrul Evreiesc de Stat, Viorel Cojanu
    şi Mihaela Rădescu – actori la Teatrul Mic. Ideea de realiza proiecte teatrale
    pe teme sociale şi educaţionale e mult mai veche ca şi colaborarea dintre ei,
    aflăm de la Mihaela Rădescu: Primul spectacol a fost Familia Offline pentru care Mihaela Mihailov
    şi Radu Apostol au lucrat un an şi jumătate şi au discutat cu elevii de la
    şcoală din Bucureşti. Cu acest spectacol am fost în multe turnee, în Moldova şi
    în Ardeal, subiectul fiind unul foarte delicat: părinţii care pleacă la muncă
    în străinătate şi copiii care rămân singuri acasă. Au urmat Confesiunile unui
    câine, un spectacol despre drepturile animalelor, apoi Teatrul drepturilor
    copilului care a devenit, ulterior, Faţă de drepturi pe un text al Mihaelei
    Michailov.



    Au urmat spectacole
    care au ca temă şcoala cum ar fi Copii Răi şi Amintiri din epoca de şcoală,
    piese de teatru axate pe bullying, hărţuire şi violenţă în şcoală. Toate aceste
    subiecte sunt inspirate de viaţa de zi cu zi a oamenilor obişnuiţi, aspect
    esenţial al teatrului educaţional aşa cum este practicat de echipa REPLIKA, ne lămureşte actriţa Katia Pascariu: Componenta educaţională n-are o legătură
    strictă cu şcoala. Prin componentă educativă, înţelegem că publicul poate să
    fie de orice vârstă, iar modul în care abordăm anumite subiecte – ce ţin de
    şcoală, de viaţa de zi cu zi – într-o manieră artistică e deja o componentă
    educativă. Partea estetică e mai puţin importantă pe când mesajul şi subiectul
    sunt mai importante. Componenta educativă se referă şi la publicul pe care
    încercăm să-l atragem, la zonele din care provine, la partea de documentare
    realizată pentru spectacol, deci la ceea ce precede spectacolul. Dar, în mare
    parte, teatrul educaţional are legătură cu tinerii.


    Dacă subiectele au legătură cu tinerii şi cu
    problemele lor zilnice, atunci Dramaturgia aparţine şi ea comunităţii, nespune actriţa Mihaela
    Rădescu. Textul se creează pe măsură ce se descoperă subiectele, prin cercetare
    şi prin discuţii cu oamenii. În aşa-numita acţiune de culegere a temelor, e
    implicată toată echipa de la actori la dramaturgi şi regizori. Katia Pascariu:
    Subiectele vin din diverse locuri: din mass-media, de la un caz real, din
    discuţiile cu tinerii care apar în cadrul diverselor ateliere pe care le
    organizăm cu adolescenţi. Subiectele vin, de asemenea, şi din domeniile care ne
    interesează pe noi, pe membrii echipei. La un moment, începem să discernem
    între toate aceste şi să vedem ce ne poate duce la un spectacol dincolo de
    curiozitatea personală.



    Piesele sociale montate
    la teatrul REPLIKA sunt relevante atât pentru mediul urban, cât şi pentru cel
    rural. Iar mediul, în general, ambianţa sau comunitatea sunt foarte importante
    pentru echipa teatrului. Un exemplu îl constituie chiar cartierul în care
    centrul REPLIKA îşi are sediu. Katia Pascariu: Cei din cartier ne
    descoperă treptat şi noi încercăm să ne ţinem de proiectul nostrul, acela de a
    acoperi o zonă care nu are un spaţiu artistic al ei. Încercăm să ajungem, în
    special, la oamenii din cartier. E o zonă foarte interesantă. E aproape de
    centru, dar ai şi sentimentul periferiei. Este o zonă aglomerată, fostă
    industrială, care a devenit o zonă de blocuri. Pe unii îi surprinde, efectiv, teatrul. Foarte mulţi nu au experienţa
    vizionării spectacolelor de teatru până nu ajung la noi. Alţii sunt încântaţi
    că sunt subiecte din viaţă, pe care ei le recunosc, la care pot să reacţioneze
    imediat. Au reacţii vii, directe, imediate şi pentru noi e foarte important
    feedback-ul instantaneu pe care ei ţi-l dau.



    Având parteneriate cu anumite şcoli şi fiind un teatru
    educaţional, spectatorii sunt, mai ales, copii. Dar echipa REPLIKA vrea să-şi
    extindă publicul. Mihaela Rădescu: Ne dorim
    să legăm parteneriate şi să-i apropiem pe cei care se ocupă de centrele de
    plasament pentru copii, de azilele de vârstnici. De pildă, spectacolul nostru
    Foamea noastră cea de toate zilele, care a avut premiera anul trecut, e
    dedicat oamenilor în vârstă. Încercăm să avem cu consecventă spectacole
    dedicate acestor categorii sociale vulnerabile şi să le dăm curaj.



    Tot unor categorii
    vulnerabile s-a adresat şi un alt proiect teatral în care a fost implicată
    actriţa Katia Pascariu. Este vorba de spectacolul de teatru Maşkar care a
    făcut parte dintr-un proiect mai mare purtând acelaşi nume, un proiect de
    intervenţie socio-culturală în comunităţi rome şi non-rome din judeţul
    Teleorman.

    Katia Pascariu: Proiectul a avut şi o componentă de cercetare, iar la final, am reuşit să facem un spectacol…
    neaşteptat, pe baza a ceea ce noi am reuşit să acumulăm într-un an. În
    Teleorman se regăsesc multe din problemele României: oraşe depopulate,
    antagonism între săraci şi bogaţi, discriminare, segregare în şcoli etc.
    Specificul zonei este, însă dat şi de istoricul comunităţilor de romi care
    trăiesc acolo de mult timp, sunt diverse şi sunt bine integrate la nivel rural.
    Noi, echipa, ne-am dat seama că ne e foarte greu să vorbim dintr-un punct de
    vedere străin de noi şi ne-am dat seama că majoritarii au o problemă mare, căci
    problema o prezintă cei care discriminează. Am încercat să facem un spectacol
    despre cum putem să scăpăm de discriminare, noi cei care discriminăm şi avem a
    priori o atitudine superioară.




    Maşkar
    în limba romani înseamnă între, aşa cum la mijloc între experienţa pur
    estetică sau artistică a teatrului şi intervenţie în comunitate este şi centrul
    educaţional REPLIKA.