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  • Les voitures de la Roumanie socialiste

    Les voitures de la Roumanie socialiste

    L’automobile est un objet d’intérêt fondamental pour l’être humain contemporain. La voiture est un élément constitutif de l’existence de son propriétaire, mais dans le cas des passionnés de quatre roues, il faut ajouter aussi la curiosité, le désir de connaître l’histoire du véhicule. Le « Retromobil Club România », fort de plus de 3000 adhérents à travers le pays, a récemment organisé l’exposition « Les socialistes de la ville », pour laquelle il a collaboré avec le Musée national d’art contemporain. Plusieurs dizaines de voitures ont investi l’esplanade devant l’institution muséale bucarestoise, afin de montrer aux visiteurs une partie du passé automobile de la Roumanie. Les véhicules exposés, propriétés d’Etat ou privées, avaient parcouru les routes nationales et locales entre 1964-1989, à l’époque où le parti communiste régnait en maître sur le pays. Le choix du nom de l’exposition évoque les voitures, la période historique et le quotidien des Roumains de ces années-là.Șerban Cornaciu, vice-président du Retromobil Club România et organisateur de l’exposition « Les socialistes de la ville », a expliqué la conception de l’événement : « C’est un événement qui vient contrebalancer l’exposition d’objets d’art-hommage ouverte à l’intérieur du Musée national d’art contemporain, par une sélection d’automobiles fabriquées entre 1964 et 1989 et qui ont circulé dans cette ville. Nous avons voulu reconstituer l’atmosphère de ces temps-là à travers des voitures qui avaient vraiment circulé dans la capitale. Nous essayons de raconter comment ces automobiles avaient été achetées, qui et comment s’en servait, quelle était leur place dans la vie des gens à l’époque socialiste. »

    C’est ainsi que 20 automobiles, une camionnette, un bus, un camion et 4 motos ont été réunis dans une exposition captivante. La plupart des voitures étaient fabriquées en Roumanie, dont sept Dacia 1300, le modèle le plus populaire avant 1989, fabriqué à Pitești (sud). C’était en fait une Renault 12 fabriquée sous licence en Roumanie. Un modèle extrêmement longévif puisque produit de 1968 à 2004. Trois d’entre elles étaient des Dacia 1300 version de base, une Dacia Sport (version coupé de la 1300), une Dacia 1100 (soit une Renault 8 produite en Roumanie) une Dacia 1300 qui avait servi de véhicule utilitaire de la Milice et une Dacia 2000, le modèle utilisé par Nicolae Ceaușescu et par les membres de la direction du parti communiste. Ce dernier véhicule était en fait une Renault 20 assemblée en Roumanie et portant le badge Dacia. Une autre marque de voiture roumaine, Oltcit, a été représentée par le modèle Oltcit Special, fabriqué à Craiova (sud) avant 1989. L’OLT-cit est en fait une Citrën Axel.

    La troisième marque roumaine présente dans l’exposition « Les socialistes de la ville » a été Aro, avec quatre véhicules: deux Aro 243, un Aro M461 C et un Aro Dacia 10. Toutesz ces voitures tout-terrain étaient conçus et fabriqués intégralement en Roumanie. Les marques étrangères sont elles aussi représentées dans les collections des passionnés de voitures vintage. Trois marques soviétiques, les célèbres Moskvitch, Volga et Lada, étaient visibles sur l’esplanade du Musée national d’art contemporain de Bucarest. Une Volga M 21, fabriquée en 1961 et utilisée par les institutions d’État et par les hauts dignitaires, a attiré de nombreux curieux. La Moskvitch 403 a été un des premiers modèles vendus à la population et la Lada 1200 s’est attiré les appréciations de ceux qui l’avaient achetée. L’expo aurait été incomplète en l’absence de la Trabant 601, la fameuse « Trabi », fabriquée dans l’ex RDA et très demandée dans les années 1980, mais aussi sujet de quelques blagues savoureuses. Quant aux marques occidentales, l’on a pu admirer une Mercedes 2200, deux « coccinelles » Volkswagen et une Fiat 850, des modèles très populaires à l’époque. La camionnette TV, le bus Roman Diesel et le camion Carpați, tous les trois fabriqués en Roumanie, ont été des présences inédites, remarquait Serban Cornaciu : « Tous les objets exposés ici ont une histoire spéciale. Ils ont fait partie des équipements de l’Etat roumain. Je pense au bus Roman Diesel, long de 11,3 mètres, aux automobiles exportées durant la période socialiste et récupérées par nos adhérents, dans une démarche de récupération du trésor technique de la Roumanie. Ce sont des voitures exportées en Hongrie, en France, que mes collègues ont récupérées et remises en état. Nous avons également un objet unique en Roumanie, une camionnette TV, qui a roulé dans les années 1970, une des premières utilisées par l’Etat roumain, exposée pour la première fois parmi « Les socialistes de la ville ». Et puis, il y a un camion militaire Carpați, à traction intégrale, qui a été restauré jusqu’à la dernière vis de carrosserie. »

    Deux motos allemandes BMW, une roumaine, la très connue Mobra, et le scooter Carpați, de fabrication également roumaine, avaient rejoint les quatre roues. Pour Șerban Cornaciu, l’exposition est un acte de culture et un devoir assumé par les membres du Retromobil Club România. Track: « C’est en quelque sorte un devoir pour nous autres, membres du Retromobil Club România, de montrer au public et à notre communauté les objets et les voitures de cette collection. Notre plus grande joie est d’avoir réussi à présenter des véhicules que vous pourriez voir circuler dans la rue. »L’exposition « Les socialistes de la ville » a été une occasion d’évoquer la civilisation de l’automobile dans la Roumanie d’avant 1989. Une évocation difficile à réaliser en l’absence des passionnés de voitures anciennes.

  • Automobile ou joyau?

    Automobile ou joyau?

    Lautomobile dont nous parlons est une pièce de musée, une De Dion Bouton de 1898, qui peut être admirée depuis plus de six mois au Musée dhistoire de Galati. Lauto est munie dune boîte de vitesses à trois rapports et marche arrière. Le démarrage se fait à laide dune manivelle et le système déclairage est composé de deux lampes à flamme dacétylène, alimentées par un générateur. Détail important, lauto est en parfait état de fonctionnement.



    Le directeur du Musée dhistoire de Galati, le professeur Cristian Caldararu, raconte comment cette auto est arrivée à faire partie du patrimoine du musée. « Nous sommes heureux dêtre les propriétaires dune grand-mère de lautomobile. Il sagit dune De Dion Bouton, que le Musée dhistoire a achetée en 1956. Son histoire est très intéressante : elle avait appartenu à Nicu Cincu, vice-président du conseil départemental du comté de Covârliug. Nicu Cincu, qui avait acheté cette auto en 1899, la utilisée jusquen 1927. A ce moment-là, il décide de la vendre à un ouvrier du chantier naval de Galati. Celui-ci la garde jusquen 1956, quand pour des raisons financières il décide de contacter le directeur du musée de lépoque, le professeur Grigoriu. Ce dernier a accepté dacheter lauto en mai 1956, puisquune telle offre, on ne pouvait pas la rater. A lépoque le musée à payé une somme considérable, soit 2000 lei. »



    Cristian Caldararu raconte lhistoire de la marque française De Dion Bouton : « Ce fut en 1883, soit au début de lhistoire de lautomobile, que le marquis Albert De Dion a construit en coopération avec deux mécaniciens de Paris, Georges Bouton et Trepardoux, une automobile à quatre roues, propulsée par un moteur à vapeur. Et cest ainsi quest née la marque De Dion Bouton. Une autre voiture est née en 1885. Cétait une auto à carrosserie phaéton, à quatre places, dotée dun moteur à vapeur qui développait cinq chevaux. Sa vitesse était assez importante, car elle pouvait filer à 30 kilomètres à lheure. Plusieurs années plus tard, soit en 1893, suivirent les moteurs à combustion interne et à allumage électrique. Et voilà quAlbert De Dion et Georges Bouton embrassent ce progrès technique et se dédient à la construction dune automobile équipée dun moteur à combustion interne. Le musée est le propriétaire ce cette auto construite en 1898, dérivé du tricycle paru en 1895 et qui avait été un grand succès commercial, étant produit en près de 22 mille exemplaires. Seulement trois exemplaires existent encore dans le monde, une voiture se trouve en Angleterre et une autre au Canada. »



    Les automobiles De Dion Bouton anticipent en fait les véhicules à traction intégrale de nos jours, puisque les roues arrière reliées au moteur à vapeur, transmettaient le mouvement par une courroie aux roues avant. Le modèle construit en 1884 pouvait atteindre une vitesse maximale de 30 km/h. En 1887, le mécanicien Georges Bouton a remporté avec un tel véhicule le premier rallye automobile officiellement organisé en France par la revue « Vélocipède ». Durant cette compétition, il a même atteint la vitesse de 60 km à lheure. Lautomobile De Dion Bouton de Galati a été restaurée dans les années 80, aux usines sidérurgiques de la ville. Lauto est estimée à 800 mille euros, mais sachez que les responsables du géant automobile japonais Toyota ont offert presque le double pour lacheter, afin de la mettre sous une cloche en verre devant le siège central de la compagnie. Et vu que la voiture exposée au musée de Galati est unique dans cette partie du monde, elle a fait lobjet dune exposition organisée au Musée national dhistoire de la ville de Bucarest il y a deux ans, aux côtés de plusieurs autres autos dépoque. A lheure actuelle, en Roumanie les trois véhicules dépoque en état de fonctionnement les plus vieux sont lauto De Dion Bouton, une Ford T de 1914 et une auto de la marque Ego de 1924. La Ford T appartient à un collectionneur de Galati, entièrement remise à neuf avec des pièces dorigine venues des Etats Unis. Le musée « Gheorghe Petrascu » de Tecuci possède une voiture Ego, produite en Allemagne en 1924. Ce cabriolet à quatre places a un moteur à quatre cylindres en ligne qui développe 14 chevaux. Lauto de Tecuci a également été utilisée dans un film réalisé par Nae Caranfil, un cinéaste roumain renommé.



    Ces vénérables voitures pourraient même participer à un rallye à travers le pays. Détails avec Cristian Caldararu, directeur du Musée dhistoire de Galati : « Cest un projet que nous souhaitons réaliser cette année, en coopération avec le musée dhistoire de Tecuci. Pourtant, notre voiture doit passer par un contrôle technique visant notamment son moteur. Nous avons pensé traverser plusieurs villes importantes de Roumanie, évidemment la voiture circulera uniquement à lintérieur des villes, pas sur les routes. 25 km à lheure, cest la vitesse maximale quun tel véhicule peut atteindre. Rappelons quà lépoque, ces voitures croisaient souvent des carrosses et un carrosse à quatre ou six chevaux pouvait facilement doubler lauto. » Jusquà la mise en œuvre de ce projet, cest uniquement la Ford T que le grand public peut voir parfois rouler dans les rues de la ville de Galati. Evidemment, pas à lheure de pointe.