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  • La révolution anticommuniste roumaine expliquée aux jeunes générations

    La révolution anticommuniste roumaine expliquée aux jeunes générations

    35 ans de liberté

     

    Depuis 35 ans, le mois de décembre est synonyme pour les Roumains de liberté. Car c’est bien au mois de décembre 1989 que, après 45 années de règne sans partage, la dictature communiste, dirigée à l’époque par Nicolae Ceausescu, a été renversée. Mais ce retour à la normalité démocratique ne s’est pas accompli sans sacrifices. Le sang de milliers de jeunes gens qui sortirent dans la rue pour clamer leur désir de liberté coula.

     

    Les nouvelles générations nées après 1989 conçoivent aujourd’hui avec peine non seulement ce qu’était le quotidien de la société roumaine d’avant 1989, mais encore le terrible courage et l’énorme sacrifice dont ont été capables certains de leurs aînés descendus dans la rue en ce décembre-là pour affronter les mains nues la terrible violence du régime qui tardait à reconnaître sa faillite, et sa défaite. Mais ce qui est plus terrible encore est que cette méconnaissance de notre histoire récente nous rend vulnérables face au chant des sirènes des idéologies extrémistes qui ont fait le malheur de nos parents et de nos grands-parents.

     

    Un livre pour expliquer la Révolution aux jeunes

     

    L’historienne et écrivaine Alina Pavelescu, auteure de « La révolution de 1989 racontée à ceux qui ne l’ont pas vécue » nous parle des leçons que ce moment unique de notre histoire récente semble vouloir léguer aux générations futures :

    « Ce que l’on doit faire de premier abord c’est de tenter de comprendre ces 35 dernières années qui se sont écoulées depuis le mois de décembre 1989. Nous ne sommes pas parvenus à faire cet exercice jusqu’à maintenant. Mais il faudrait s’y mettre. Ce que je peux faire c’est raconter tout simplement mon histoire, témoigner, raconter mon vécu d’un moment qui m’émeut encore autant 35 années plus tard. Je ne suis pas la seule pour laquelle ce moment est demeuré à jamais gravé dans ma mémoire. Tous ceux qui ont pris part à ce mouvement sont saisis par la même émotion lorsque l’on aborde le sujet. Certains prétendent que c’est peut-être cette émotion qui nous empêche de saisir et d’analyser les choses à froid. Quoi qu’il en soit, je ne puis que rendre mon témoignage, raconter mon vécu, en espérant que cela puisse servir à ceux qui nous suivent. Pour qu’ils comprennent c’est qu’a été la révolution de 1989 et en quoi ce fut un moment charnière de notre société tout entière. »    

     

    Un témoignage personnel

     

    Aussi, le témoignage vécu raconté dans son livre, Alina Pavelescu l’adresse surtout aux générations nées après 1989 :

    « Je me suis proposé de stimuler la pensée critique du lecteur. Car je me rends compte combien nous sommes confrontés en permanence à des interprétations concurrentes d’un même événement, d’une expérience historique. Et combien utile est de développer un appareil critique personnel, de mettre en doute ce que l’on entend, ce que l’on lit. Aussi, je me suis évertué de présenter d’emblée l’ensemble des hypothèses, les interprétations divergentes suscitées par la révolution de 1989. D’arguer et d’analyser avec minutie chaque hypothèse. Sur un seul élément je fus néanmoins intraitable. Cet élément concerne la nature même du changement opéré en 1989. Car pour moi il n’y a aucun doute : ce fut bien une révolution, un changement radical de paradigme, qui changea nos vies à tous. C’est bien cette liberté recouverte alors que nos vies sont différentes de ce qu’elles auraient été autrement. Une liberté dont l’on n’a peut-être pas reçu le mode d’emploi. Mais qu’importe. Cette liberté est toujours là, on est parvenu à la conserver 35 années plus tard, et cela n’a été possible que grâce au sacrifice de ces femmes et de ses hommes qui sont descendus dans la rue les mains nues face aux fusils pour clamer leur volonté d’en finir avec la dictature. »  

     

    Faits historiques, souvenirs et talent littéraire

     

    En faisant bon usage de l’habilité stylistique de l’écrivain et de la compétence de l’historien, Alina Pavelescu raconte l’année 1989 mélangeant le récit historique, les souvenirs personnels et l’analyse factuelle :

    « L’historien doit livrer autant que possible un récit cohérent et véridique. Il n’est pas un donneur de leçons. Tout au plus, il lui est permis de tirer des leçons personnelles de son vécu. Mais je crains que dans l’Est de l’Europe, en Roumanie donc également, l’historiographie est instrumentalisée par le politique et constitue trop souvent le terrain privilégié des luttes politiques et identitaires. Alors, il vaut mieux reconnaître ce contexte qui est le nôtre, et ne pas prétendre qu’on agisse dans une sorte de neutralité scientifique idéale. Et il faut que l’on puisse faire de notre mieux à partir de là, en intégrant notre subjectivité, issue de notre vécu, tout en montrant que l’on fait appel à elle. Ne pas éluder la question, ne pas faire semblant de ne pas avoir de parti-pris. Mais il faut aussi tenter d’éviter de transformer l’histoire en un simple instrument d’une quelconque idéologie, d’un courent de pensée, d’un intérêt politique partisan. »   

     

    Une chose est certaine : l’année 1989 constitua le moment de grâce qui mit fin aux 45 années de cauchemar communiste. (Trad Ionut Jugureanu)

  • 21.12.2024

    21.12.2024

    Parlament – Les deux chambres du Parlement roumain se sont réunies samedi en séance plénière pour valider les mandats des nouveaux élus après un examen rigureux dans les commissions parlementaires. Si tous les mandats de députés ont été validés, ceux des sénateurs ont subi un changement après que quatre élus ont renoncé à leur siège en étant remplacés par les quatre prochains sur la liste. Ce samedi encore, les parlementaires doivent décider des directions de la Chambre des députés et du Sénat. Au total, 465 parlementaires – 331 députés et 134 sénateurs – formeront le nouveau Législatif. Sept partis, quatre pro-européens (le PSD, le PNL, l’USR et l’UDMR) et trois souverainistes (AUR, SOS Roumanie et le Parti des Jeunes, POT) ont des représentants au sein des deux chambres. Le groupe des minorités nationales autres que celle hongroise a lui aussi des élus au sein du nouveau Parlement.

     

     

    Négociations politiques – Les représentants des partis parlementaires pro-européens se sont réunis vendredi, dans une tentative de décider le plus vite possible de la formation d’un gouvernement et d’un candidat commun aux prochaines élections présidentielles. Les discussions sont intervenues après que jeudi soir, le responsable social-démocrate, Marcel Ciolacu, a annoncé que son parti quitte la table des négociations.  L’USR s’est absentée des débats, après avoir conditionné son entrée au sein de la future coalition gouvernementale de l’adoption d’un paquet de 8 mesures récemment communiquées.  A part le partage des portefeuilles ministériels, les partis présents aux débats ont cherché aussi un premier ministre à proposer au chef de l’Etat au moment des consultations. Il est fort probable que la direction du futur gouvernement revienne aux sociaux-démocrates, le parti ayant obtenu le plus de mandats parlementaires. Le futur Exécutif sera plus souple que l’actuel suite à la suppression de deux ministères et de plusieurs postes de secrétaires d’Etat. Mais, les grands défis sont liés à la mise en place des mesures fiscales censées permettre la baisse du déficit budgétaire. Lundi, le Parlement devrait donner son vote d’investiture au nouveau cabinet .

     

     

    Révolution – Une cérémonie de commémoration des héros de la révolution roumaine de décembre 1989 a eu lieu aujourd’hui, à Bucarest. Les manifestations se poursuivront tout le weekend, par des offices religieux et d’autres cérémonies militaires. Le 21 décembre 1989 est restée dans l’histoire roumaine comme le premier jour de la révolte anticommuniste de Bucarest quand le grand rassemblement populaire convoqué par Nicolae Ceausescu tourne en un mouvement de révolte. Transmis en direct à la radio et à la télévision nationale, le rassemblement est suivi, le soir même, par la sortie dans les rues de la capitale, des groupes de révolutionnaires. Les forces de l’ordre ont ouvert le feu et de nombreux manifestants ont été tués, blessés ou arrêtés. La révolution a culminé par la fuite le 22 décembre, du couple de dictateurs Nicolae et Elena Ceausescu. Le 25 décembre 1989, Nicolae Ceaușescu et son épouse sont capturés et exécutés, après un procès expédié en moins d’une heure. Au total, plus de 1 000 personnes sont mortes et environ 3 000 ont été blessées durant les événements de décembre 1989. La Roumanie est devenue ainsi le seul pays d’Europe de l’Est où le changement de régime s’est fait par la violence.

     

     

    OCDE – La Roumanie a reçu l’avis formel de l’OCDE dans le domaine des politiques de l’Education. C’est une étape qui confirme la clôture du processus d’évaluation et l’alignement des politiques nationales aux standards promus par l’organisation dans le domaine éducationnel et des compétences, a déclaré samedi le ministre roumain de tutelle. Plusieurs actions prioritaires ont été prises en compte : la qualité des programmes scolaires et des résultats, les opportunités et l’accès équitable à l’éducation et le renforcement de la gouvernance. Après avoir mené à bon terme l’examen des politiques éducationnelles roumaines, l’OCDE encourage la Roumanie à adopter des mesures censées consolider le leadership scolaire, développer le système dual et la formation continue, permettre l’accès à l’éducation, offrir une la formation de qualité en milieu rural,  reconnaitre les diplômés et financer correctement l’Education.

     

     

    Attentat – Les autorités roumaines transmettent leurs condoléances aux familles des victimes d’un possible attentat perpétré sur un marché de Noël de Magdebourg, en Allemagne. Qautre personnes ont été tuées et des dizaines d’autres, blessés, dont plusieurs se trouvent en état critique après qu’une voiture a foncé dans la foule « sur au moins 400 mètres à travers le marché de Noël », a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police de Magdebourg. Un suspect, « un homme originaire d’Arabie saoudite qui exerce comme médecin » dans la région, a été interpellé et placé en garde à vue, a annoncé la police.

     

     

    Météo – Le temps est en cours de refroidissement, notamment à l’extérieur de l’arc des Carpates où les températures ont chuté. Le ciel est plutôt couvert et une nouvelle couche de neige se formera en altitude. Des précipitations mixtes, pluie et neige, touchent le centre, l’est et quelques régions de l’ouest du pays. Les températures vont ce samedi de -1 à 8 degrés tout au plus. 6 degrés à midi, à Bucarest.

  • 35 ans se sont écoulés depuis la révolution roumaine de 1989

    35 ans se sont écoulés depuis la révolution roumaine de 1989

    Installée à la fin de la Seconde Guerre mondiale par les troupes d’occupation soviétiques, la dictature communiste de Bucarest semblait inébranlable. En novembre 1989, le congrès du parti unique réélit à l’unanimité Nicolae Ceausescu au poste de Secrétaire général, qu’il occupe depuis près d’un quart de siècle. Bien que  septuagénaire, cela ne l’empêche pas de lancer des plans pour le développement “socialiste” de la Roumanie d’ici à l’an 2000. Son ambition de rembourser les dettes extérieures du pays avant leur échéance n’a quant à elle été payée que par le peuple roumain. Presque tout ce qui était produit en Roumanie était exporté. Dans le pays, les denrées alimentaires étaient en rupture de stock, les immeubles n’étaient pas chauffés et l’électricité pouvait être coupée inopinément à tout moment. Outre la faim et le froid, la peur régnait. La police politique du régime, la Securitate, avait cultivé le mythe de l’omnipotence, de l’omniprésence et de l’omniscience de ses agents, de sorte que la plupart des gens craignaient d’exprimer toute forme de contestation. 

     

    Les pays voisins de la Roumanie s’émancipent progressivement

     

    Dans un délire continu, l’appareil de propagande du régime – télévision, radio, journaux – a dépeint une réalité parallèle : Ceausescu était un génie, sa femme Elena était une scientifique de renommée mondiale et une mère aimante pour tout son peuple, et les Roumains vivaient dans le meilleur des mondes. Dans les pays voisins de la Roumanie, sous l’impulsion de la politique du dernier dirigeant soviétique, le réformateur Mikhaïl Gorbatchev, de gigantesques manifestations ont renversé les dictatures communistes. Varsovie, Prague, Berlin-Est, Budapest et Sofia connaissaient déjà la liberté après près d’un demi-siècle de tyrannie. Les historiens affirment que ce n’est pas un hasard si l’étincelle de la révolution roumaine a été allumée à Timisoara, la plus grande ville de l’ouest du pays, cosmopolite et multiethnique, où la télévision de Hongrie et de l’ex-Yougoslavie était facilement accueillie. 

     

    Timisoara, l’étincelle qui embrase la Roumanie

     

    Le 16 décembre 1989, la solidarité de quelques paroissiens avec le pasteur hongrois protestant Laszlo Tokes, que la Securitate voulait expulser de Timișoara, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. De plus en plus de personnes se sont rassemblées autour de la maison paroissiale et ont fini par protester ouvertement dans les rues de la ville. L’appareil répressif a réagi immédiatement et a ouvert le feu. Jusqu’au 20 décembre, de nombreux civils non armés sont tués, après quoi l’armée a fraternisé avec les manifestants et s’est retirée dans les casernes. Ce jour-là, Timisoara devient la première ville de Roumanie à se libérer du communisme. La révolution s’étend rapidement à tout le pays et culmine à Bucarest le 22 décembre, lorsque Ceausescu s’enfuit en hélicoptère du siège du comité central du parti unique, assiégé par des centaines de milliers de manifestants. Capturés et jugés sommairement par un tribunal improvisé, les époux Ceausescu sont exécutés le 25 décembre. La révolution a fait plus d’un millier de morts. La Roumanie est le seul pays de l’ancien bloc soviétique dans lequel la libération s’est faite dans un tel bain de sang.