Tag: Révolution roumaine

  • Le phénomène« Anul Nou care n-a fost » ( La nouvelle année qui n’a pas eu lieu)

    Le phénomène« Anul Nou care n-a fost » ( La nouvelle année qui n’a pas eu lieu)

    Nous parlons film et cinéma aujourd’hui. Et nous avons fait ce choix car « Anul Nou care n-a fost » (en français, La nouvelle année qui n’a pas eu lieu), le premier long métrage du réalisateur et scénariste Bogdan Mureşanu, a enregistré des succès remarquables tout de suite après sa sortie. Ainsi, dès le premier week-end après sa sortie en salle, le film occupait la première place au box-office, et avait déjà enregistré 70 000 entrées après un mois seulement ! Sans oublier les récompenses internationales et nationales ! Place aux experts pour en discuter. Et on commence par Bogdan Mureşanu lui-même, à qui nous avons demandé s’il s’attendait à un tel succès ?

     

    « Non, personne ne peut rien produire s’il a en tête le succès. Je veux dire, je ne me suis même pas posé la question. Je pensais que le simple fait de réaliser le film selon mes désirs, cela constituerait déjà un immense succès, et le projeter seulement devant quelques amis, cela aurait été une victoire en soi, parce que quand j’ai écrit le scénario, cela semblait impossible à réaliser. En fait, j’ai passé environ six mois à me demander si je pouvais le faire et si cela avait du sens. J’ai aussi écrit une version “plus sûre”, comme on dit, quelque chose de plus facile à faire, mais j’ai finalement décidé de choisir la voie la plus complexe ! Et maintenant, je suis content de l’avoir fait ! »

     

    Adrian Cioroianu, professeur d’histoire à l’Université de Bucarest, a vu le film lors d’une des avant-premières organisées à Bucarest et nous a raconté ses impressions :

     

    « Pour quelqu’un comme moi qui a vu, je pense, tous, ou presque, les films sur la révolution roumaine, je dois reconnaitre que j’ai trouvé le film surprenant ! Et je n’avais pourtant pas d’attentes particulières, même les critiques étaient dithyrambiques ! Je n’avais pas d’attentes, mais j’ai trouvé cela surprenant, principalement à cause du scénario et du jeu des acteurs. Des acteurs, pour la plupart connus, mais qu’on ne s’attendrait pas à voir dans une comédie aussi noire. Je ne sais même pas comment l’exprimer ; même si cela se termine finalement relativement bien, on sait qu’après la fin du film, plus de 1000 victimes vont mourir. Mais dans l’ensemble, je pense qu’il manquait encore une nouvelle génération pour s’identifier à l’événement, et je pense que l’élément déterminant du film est ce changement de perspective. Des comédies ont déjà été réalisées sur ce sujet, tout comme des films à l’atmosphère pesante sur la Révolution de Décembre ‘89 en Roumanie, mais cet enchaînement de destins entremêlés au notre, je pense, créée un rapprochement avec la réalité, même si évidemment le réalisateur a pris des libertés artistiques pour raconter l’histoire. Certaines choses sont malheureusement présentées de manière plus agréable dans le film que dans la réalité, et l’on constate quelques petites inadvertances dans les décors, mais dans l’ensemble, je pense que c’est la fraîcheur du film qui a conquis le public.”

     

    Bogdan Mureşanu nous explique quels ont été les défis les plus importants à relever pendant la réalisation de son film :

     

    « Comme le film se déroule en une journée et une matinée, nous avons rencontré des problèmes avec la météo, qui ne correspondait pas à ce que l’on voyait sur les images d’archives. Il ne pouvait pas neiger par exemple. D’autre côté, nous étions aussi tributaires de la météo, nous ne pouvions pas filmer à n’importe quel moment. Les arbres devaient avoir un certain feuillage, qui ne devait pas être ni trop vert, ni trop plein de neige, comme je l’ai dit, car ce n’était pas le cas le 20 décembre 1989. Cela a posé beaucoup de problèmes. Ensuite, la reconstitution d’espaces qui n’existent plus, et je ne parle pas ici d’appartements, car cela peut encore se faire, mais plutôt d’un studio de télévision en activité des années 80, c’était pour nous un défi absolument gigantesque ! Parce le mot d’ordre était fonctionnel : il fallait que ça marche, les panneaux et tout ça devaient fonctionner, parce que nous n’avions pas les moyens d’attendre et tourner les scènes séparément. »

     

     

    Les Roumains qui n’ont pas connu directement ces moments et dont les parents n’ont pas partagé suffisamment avec eux ces récits, ont pu apprendre grâce au film à quoi ressemblait le quotidien à l’époque, comment fonctionnait un magnétophone, une télévision avec des lampes et un tube cathodique. Le film soulève aussi la question de savoir pourquoi ne pas s’être enfui, pourquoi avoir choisi de rester en Roumanie à l’époque communiste ? Comment l’expliquer ? Bogdan Muresanu :

     

    « Le film a connu un succès à l’international, mais aussi sur la scène nationale. Son circuit de festival en festival vient de démarrer et je pense qu’il va continuer ainsi pendant 2 ans ! Il va faire le tour du monde ! Mais sinon, comment l’expliquer ? Chaque jour, je reçois des dizaines de messages de spectateurs et j’y réponds ou du mois j’essaie, et mon équipe aussi. J’apprécie vraiment cela ! Les mots « thérapeutique » et « lumineux » reviennent toujours dans les messages que nous recevons, ce qui peut sembler surprenant, car le film aborde une époque difficile et sombre. Et j’ai été surpris par ce terme, « lumineux ». Même si la fin du film est libératrice et je me souviens que toute la Roumanie avait ressenti cela, elle résume probablement, dans le récit de ce film, ce sentiment de libération que nous avons tous ressenti ce jour-là. »

     

    Adrian Cioroianu, professeur d’histoire à l’Université de Bucarest partage avec nous ses explications :

     

    « Dans le film, on retrouve des choses caractéristiques de cette époque et d’une certaine manière, nous nous identifions tous aux personnages du film. Parce que forcément, si on était élève à cette époque-là, à l’école, on récitait des poèmes sur le parti communiste, parfois sur le secrétaire général du parti. Ceux qui rejoignaient l’armée devaient prêter serment avec la main posée sur le drapeau tricolore pour défendre la patrie sous les ordres du commandant suprême, etc. On retrouve dans le film beaucoup de ces personnages, mais étonnamment, ils sont joués par des jeunes, qui n’étaient pas nés à l’époque, et je trouve ça gratifiant, des jeunes qui ont encore aujourd’hui une image de ce à quoi aurait pu ressembler la vie en 1989, et c’est formidable. Même les étrangers, je pense, sont impressionnés par les destins de ces gens normaux, au sein d’un pays civilisé, toute proportion gardée bien sûr. Nous étions un pays où les gens essayaient de vivre normalement dans un système anormal, et je pense que le cinéphile étranger s’en rend immédiatement compte. Et puis, je le répète, c’est cet enchaînement et cet entrecroisement de destins, la façon dont des gens qui se connaissent, ou ne se connaissent pas, deviennent les protagonistes d’un même événement historique. »

     

    Avant de terminer, Adrian Cioroianu vous invite à ne pas rater ce nouveau  film roumain, si l’occasion de le voir se présente :

     

     « J’adresserais en fait une invitation à tous ceux qui ne l’ont pas vu, car ils seront aussi émerveillés que moi, émerveillés dans un sens absolument positif. C’est une sorte de souvenir de la fin du régime communiste et cela fait du bien ! »

     

    Le film « Anul Nou care n-a fost » ( La nouvelle année qui n’a pas eu lieu) est actuellement projeté dans 80 salles dans 42 villes à travers le pays. (trad. Charlotte Fromenteaud)

  • La révolution roumaine de 1989 et ses zones d’ombre

    La révolution roumaine de 1989 et ses zones d’ombre

    Le mouvement populaire portait, à l’occasion, le coup de grâce à la dictature communiste, instaurée partiellement avec l’installation du premier gouvernement à dominante communiste, le 6 mars 1945, et définitivement à partir du 30 décembre 1947, jour de l’abdication forcée du roi Michel. Pourtant, très vite, aux moments de liesse populaire, le doute s’installe. Des frustrations accumulées, des destinées brutalement interrompues, de nombreuses questions sans réponse donneront naissance à une véritable mythologie et nourriront les fantasmes entourant le moment d’élan magique de la révolution, qui s’achèvera par la chute du communisme et l’instauration, dans la douleur, de la démocratie roumaine actuelle.

    Et le plus tenace des mythes de cette révolution roumaine demeure sans doute celui d’un mouvement populaire confisqué au profit d’une nomenklatura communiste réformiste, dirigée par Ion Iliescu. Activiste de premier plan et chouchou du couple Ceauşescu au début des années 70, Ion Iliescu deviendra le premier président post communiste, de la Roumanie, après avoir été écarté du premier cercle du pouvoir communiste dans les années 80, et considéré par la suite comme un des seuls opposants internes au pouvoir discrétionnaire de Nicolae Ceausescu au sein du parti communiste. Son apparition, quelque peu inattendue, au premier plan de la vie politique post révolutionnaire, entouré par d’autres comparses, vieux compagnons de route eux aussi du régime communiste, sentait le roussi.

    Dragoș Petrescu, professeur à la faculté des Sciences politiques et administratives de l’Université de Bucarest et auteur de nombreuses recherches au sujet des révolutions de 1989 qui ont changé le visage du monde, nous parle du mythe de la révolution confisquée : « Je pense que le soupçon d’une révolution confisquée a été véhiculé très vite après le 22 décembre 1989, date de la chute de la dictature communiste en Roumanie. C’était assez logique, voyant apparaître au premier plan des noms connus de la nomenklatura communiste qui avaient été écartés du premier cercle du pouvoir par Ceauşescu et son clan. Des gens qui faisaient partie du pouvoir communiste et qui ne faisaient que remplacer les proches de Ceausescu, ceux directement coupables de la crise qui a secoué le régime dans les années 80 : crise économique, nationalisme déchaîné, assimilation forcée des minorités, image désastreuse de la Roumanie à l’étranger. »

    Le mythe de la révolution confisqué a la dent dure dans l’opinion publique, et Dragoș Petrescu pense que ce même mythe nous empêche au fond de réaliser une analyse objective des changements profonds subis par la société roumaine ces 30 dernières années : « En partant de l’idée que Ion Iliescu et ses comparses sont montés au créneau pour mettre un coup d’arrêt à la révolution roumaine, nous risquons au fond de saper la crédibilité de l’un des moments de grâce de l’histoire roumaine du 20e siècle. Car la révolution de 1989 est un moment qui devrait nous rendre très fiers de ce que l’on est et de ce que l’on avait réussi à accomplir. En effet, en réduisant un vaste mouvement populaire de 1989 à un simple coup d’Etat, à un coup de palais, le risque serait d’amoindrir la portée et l’importance du moment. Par ailleurs, ce serait inexact, car bon nombre de moments de cette révolution ne peuvent être réduits à un simple coup d’Etat. Iliescu n’a pu d’ailleurs avoir aucun rôle dans la répression brutale du mouvement révolutionnaire à Timisoara, ni infléchir la décision de Ceauşescu d’organiser ce grand rassemblement populaire, le 21 décembre, à Bucarest. Ce meeting qui était censé remettre en selle Ceausescu et reconfirmer son emprise sur la société roumaine, et qui s’est avéré être l’élément déclencheur de la révolution de Bucarest, celui-là même qui accula Ceauşescu au pied du mur le lendemain. Dans le déroulement de ces événements, Iliescu et ses comparses n’ont pu tenir aucun rôle. »

    Mais comment expliquer le mythe du coup d’Etat, et surtout sa belle carrière dans le mental collectif roumain, allant de pair avec le mythe de la révolution confisquée ? Dragoș Petrescu répond : « Pour comprendre cela, il faut comprendre la manière dont les gens fonctionnent. L’on a souvent observé que la lecture d’un événement historique change avec le temps. La frustration liée au rythme trop lent des réformes, le fait que la Roumanie a eu besoin de plusieurs années pour se tourner résolument vers l’Europe, ces éléments ultérieurs font que les gens arrivent à nier la portée, la signification même de l’événement fondateur de ces changements, qui est la révolution. La lenteur de la démocratisation de la vie politique et du rythme des changements, la présence dans les cercles raréfiés du pouvoir post communiste d’anciens apparatchiks communiste, tout cela fait douter de la portée de la révolution de 1989. Mais, force est de constater que ce changement n’est pas moins réel, profond et radical, et cela en dépit de la lenteur apparente du processus de changement. La révolution de 1989 a été une révolution véritable, déterminant un changement total de régime. Il s’agit d’une révolution authentique, et les tragédies de ses 1100 victimes et de ses 3300 blessés sont là pour en témoigner. »

    Enfin, n’oublions pas le mythe des terroristes. Ces terroristes qui ont semé la mort après le départ de Ceauşescu du pouvoir. Lancé par Ion Iliescu après sa prise des rênes du pouvoir, ce mythe semble avoir servi les desseins du nouveau pouvoir, et peu sont les Roumains qui lui font encore crédit, affirme Dragoș Petrescu : « L’affaire des terroristes est en lien direct avec les près de 900 victimes, tombées après la chute effective du régime de Ceauşescu. 900 morts tragiques et inutiles, provoquées par l’énorme diversion et la confusion qui régnaient alors dans les rangs de l’armée et du pouvoir nouvellement installé. Mais, selon moi, il s’était agi d’une confusion sciemment entretenue par les proches du nouveau pouvoir installé après le 22 décembre 89, pour qu’il puisse se consolider. La terreur semée par les crimes commis par ce que l’on appelle les terroristes a eu comme effet de mettre un coup d’arrêt net à l’élan révolutionnaire de la population, qui risquait de vouloir exiger la punition immédiate de tous les coupables du régime communiste, des agents de la Securitate, cette police politique tant honnie, mais aussi des membres de la nomenklatura, ce qui aurait mis en danger les nouveaux maîtres du pouvoir installé après la chute de Ceauşescu. Le fait que Ion Iliescu a lancé lui-même le mythe des terroristes ne fait qu’étayer cette supposition. »

    Heureusement, si les mythes ont la dent dure, la réalité du changement de régime, subi par la société roumaine à partir de la révolution de 1989, ne peut être mis en doute, et encore moins sous-estimée. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • 20.12.2019 (mise à jour)

    20.12.2019 (mise à jour)

    Commémorations
    – Les cérémonies marquant la Révolution anticommuniste roumaine de
    décembre 1989 se sont poursuivies à Timisoara, dans l’ouest de la Roumanie. Une plaque commémorative offerte par le président des Etats-Unis
    a été installée, ce vendredi, sur le mur de l’ancienne garnison de la Place de
    la Liberté. A midi, les sirènes ont sonné pour marquer la journée de la libération de Timisoara du
    communisme, et des couronnes de fleurs ont été déposées au monument des héros
    de la Révolution. Les familles des héros
    de Timişoara tués dans la Révolution ont participé, à Popeşti-Leordeni, petite
    ville de la proche banlieue de Bucarest, à une cérémonie religieuse de
    commémoration. Pour rappel, les autorités communistes ont organisé
    l’incinération des corps des victimes de Timişoara au crématorium de Bucarest
    et ont jeté les cendres dans les égouts de Popeşti-Leordeni. Des cérémonies
    religieuses se déroulent jusqu’à dimanche dans tous les cimetières et aux
    monuments consacrés aux victimes des événements de décembre 1989. Jeudi, le
    parlement européen a adopté une résolution sur la commémoration des 30 ans
    écoulés depuis la Révolution de décembre 1989, qui reconnaît que le sacrifice
    des protestataires pacifiques a ouvert la voie à la transition de la Roumanie
    vers la démocratie. Dans le même temps, les parlementaires européens exigent
    des autorités roumaines d’intensifier leurs efforts pour faire la lumière sur
    les événements de décembre 1989. Ils recommandent aux institutions de l’UE et
    aux Etats membres, la Roumanie comprise, de déployer tous les efforts pour
    s’assurer que les crimes commis par les régimes communistes ne seront pas
    oubliés et garantir qu’ils ne se répètent plus jamais.

    Président – Le président de la Roumanie, Klaus
    Iohannis, prêtera serment, samedi, devant les Chambres réunies du Parlement,
    pour son nouveau mandat à la tête du pays. Jeudi, il a présenté le bilan de son
    premier mandat, estimant que ces 5 dernières années avaient été parsemées de
    défis majeurs, dont le plus grave avait été le danger que la Roumanie quitte sa
    trajectoire occidentale. En matière de politique étrangère, Klaus Iohannis a
    notamment visé à accroître le rôle de la Roumanie au sein de l’UE et de l’OTAN,
    à élargir et à renforcer le partenariat stratégique avec les Etats-Unis. Sur le
    plan intérieur, le président a affirmé avoir mis au centre de ses
    préoccupations le bon fonctionnement des autorités publiques. Il a rappelé que, ces trois dernières années, il y avait eu des tentatives d’affaiblir la Justice, et
    donc l’Etat, et que, pour contrecarrer ces forces profondément non démocratiques
    qui ont essayé d’arrêter la lutte contre la corruption, il avait recouru à
    tous les mécanismes constitutionnels.

    Gouvernement – L’engagement de la responsabilité du gouvernement devant
    le parlement est la seule méthode qui garantisse l’adoption du budget pour 2020 avant le 31 décembre, a déclaré au micro de la radio publique roumaine, le
    premier ministre libéral Ludovic Orban. Il a assuré à nouveau que les salaires
    dans le secteur public augmenteront l’année prochaine et présenté plusieurs
    décisions concernant les secteurs où des économies seront faites. Le gouvernement a
    gelé les indemnités des dignitaires, interdit le cumul de la retraite et du salaire dans le secteur public et réduit de 30% la subvention pour les partis politiques, a annoncé M Orban. Il a précisé que son
    gouvernement augmenterait les investissements dans l’infrastructure, l’année
    prochaine. Le gouvernement doit engager lundi prochain sa responsabilité devant
    les sénateurs et députés afin de faire passer les lois du budget de l’Etat et
    des assurances sociales, ainsi que les modifications au décret d’urgence 114,
    qui ont un impact sur l’économie.

    Travailleurs étrangers – Le
    gouvernement roumain a établi un nombre
    maximum de 30.000 travailleurs étrangers sur le marché roumain de l’emploi en
    2020, a annoncé, ce vendredi, Ionel Dancă, chef de la Chancellerie du
    premier ministre. Ce contingent est similaire à celui de 2019, la décision gouvernementale
    prenant en compte le potentiel de développement économique de la Roumanie, le
    besoin d’assurer la main d’œuvre nécessaire pour certains secteurs d’activité
    où le nombre de travailleurs roumains est insuffisant et pour prévenir le
    travail au noir des ressortissants étrangers. La Roumanie se confronte à une
    crise de la main d’œuvre, à cause de la migration des travailleurs roumains
    vers d’autres Etats membres de l’Union européenne.

    Enquête – L’ex
    ministre sociale-démocrate roumaine de l’Intérieur, Carmen Dan, a été entendue,
    ce vendredi, comme témoin par les procureurs de la Direction d’investigation
    des infractions de criminalité organisée et de terrorisme (DIICOT), dans le
    cadre de l’enquête sur l’intervention des gendarmes lors de la manif de la
    diaspora, du 10 août 2018, à Bucarest. Au bout de six heures d’audition, Mme
    Carmen Dan a déclaré à la presse qu’elle n’avait pas eu de rôle actif dans la
    coordination des actions des forces de l’ordre lors du meeting de l’été 2018.
    L’enquête, confiée initialement à la Section des parquets militaires, a été
    transférée à la DIICOT, chargée actuellement de ce dossier, visant les commandants
    de la Gendarmerie ayant dirigé
    l’intervention des gendarmes contre les dizaines de milliers de Roumains, dont
    certains travaillaient et habitaient à l’étranger, qui protestaient, le 10 août
    2018, sur la Place Victoriei contre le gouvernement social-démocrate de la
    première ministre Viorica Dăncilă. Ils protestaient contre l’attaque incessante,
    subie à l’époque par la Justice, de la part du Parti social-démocrate, et
    contre la destitution de la cheffe de la Direction nationale anti-corruption (DNA),
    Laura Codruţa Kövesi.

    Météo – Le
    temps se refroidit en Roumanie, dans les prochaines 24 heures, mais les
    températures restent plus élevées que les normales saisonnières. Samedi
    après-midi, le thermomètre affichera des températures entre 6° et 15°.

  • 20.12.2019

    20.12.2019

    Révolution roumaine – Poursuite à Timisoara, dans l’ouest des cérémonies qui marquent la Révolution anticommuniste roumaine de décembre 1989. Une plaque commémorative offerte par le président des Etats-Unis est installée aujourd’hui sur le mur de l’ancienne garnison de la Place de la liberté. A midi, les sirènes ont sonné pour marquer la journée de la libération de Timisoara du communisme, suivies par des dépôts de couronnes de fleurs au monument des héros de la Révolution. Les familles des héros de Timisoara tués dans la Révolution participent près de Bucarest, dans la localité de Popesti-Leordeni, à une cérémonie religieuse de commémoration. Pour rappel, les autorités communistes ont organisé l’incinération des corps des victimes de Timisoara au crématorium de Bucarest. Les cendres ont été jetées dans les égouts de la localité de Popesti- Leordeni. Des cérémonies religieuses se déroulent jusqu’à dimanche auprès de tous les cimetières et des monuments consacrés aux victimes des événements de décembre 1989. Jeudi, le parlement européen a adopté une résolution sur la commémoration des 30 ans écoulés depuis la Révolution de décembre 1989, qui reconnaît que le sacrifice des protestataires pacifiques a ouvert la voie à la transition de la Roumanie vers la démocratie. Dans le même temps, les parlementaires européens exigent des autorités roumaines d’intensifier leurs efforts pour faire la lumière sur les événements de décembre 1989. Ils recommandent aux institutions de l’UE et aux Etats membres, la Roumanie comprise, de déployer tous les efforts pour s’assurer que les crimes commis par les régimes communistes ne seront pas oubliés et garantir qu’ils ne se répètent plus jamais.

    Président – Le président Klaus Iohannis prêtera serment, samedi, devant les Chambres réunies du Parlement, pour son nouveau mandat à la tête du pays. Jeudi, il a présenté le bilan de son premier mandat, estimant que ces 5 dernières années avaient été parsemées de défis majeurs, dont le plus grave a été le danger que la Roumanie quitte sa trajectoire occidentale. En matière de politique étrangère, Klaus Iohannis a notamment visé à accroître le rôle de la Roumanie au sein de l’UE et de l’OTAN, à élargir et à renforcer le partenariat stratégique avec les Etats-Unis. Sur le plan intérieur, le président a affirmé avoir mis au centre de ses préoccupations le bon fonctionnement des autorités publiques. Il a rappelé que ces trois dernières années il y a eu des tentatives d’affaiblir la Justice et donc l’Etat et que pour contrecarrer ces forces profondément non démocratiques qui ont essayé d’arrêter la lutte contre la corruption, il avait eu recours à tous les mécanismes constitutionnels.

    Gouvernement – L’engagement de la responsabilité du gouvernement devant le parlement est la seule méthode qui garantisse que le budget 2020 sera adopté avant le 31 décembre, a déclaré au micro de la radio publique roumaine, le premier ministre libéral Ludovic Orban. Il a assuré à nouveau que les salaires dans le secteur public augmenteront l’année prochaine et présenté plusieurs décisions sur les secteurs où des économies seront faites. Le gouvernement a gelé les indemnités des dignitaires, interdit le cumul de la pension de retraite et du salaire dans le secteur public et réduit de 30% la subvention accordée aux partis politiques, a annoncé M Orban. Il a précisé que son gouvernement augmentera les investissements dans l’infrastructure l’année prochaine. Le gouvernement doit engager lundi prochain sa responsabilité devant les sénateurs et députés afin de faire passer les lois du budget de l’Etat et des assurances sociales, ainsi que les modifications au décret d’urgence 114, qui ont un impact sur l’économie.

    Spiru Haret – Le vice-recteur de l’université « Spiru Haret » de Bucarest, Eduard Ionescu a été placé en détention provisoire par le Tribunal de Bucarest dans un dossier de fraude des examens de licence et de master, instruit par les procureurs de la Direction d’investigation des faits de crime organisé et de terrorisme. Dans le même dossier, deux autres personnes ont été assignées à domicile, alors que quatre autres seront poursuivies sous contrôle judiciaire. Les procureurs ont effectué ce jeudi des dizaines de perquisitions à Bucarest et dans 13 autres départements, aux siège de plusieurs institutions d’enseignement supérieur afin de démanteler un groupe criminel organisé spécialisé dans des faits de trafic d’influence, corruption active et passive, divulgation d’informations classés secrets et instigation au plagiat.

    Carmen Dan – L’ex ministre roumaine de l’intérieur, Carmen Dan est auditionnée aujourd’hui en tant que témoin par la Direction d’investigation des faits de crime organisé et de terrorisme dans un dossier qui vise l’intervention des forces de l’ordre dans le cadre de la protestation dite de la diaspora du 10 août 2018 à Bucarest. L’enquête vise les chefs de la Gendarmerie ayant dirigé l’intervention des gendarmes le 10 août, contre les dizaines de milliers de Roumains, dont certains qui travaillaient et habitaient à l’étranger, qui protestaient sur la place Victoriei contre le gouvernement social démocrate de la première ministre Viorica Dancila. Ils déploraient l’attaque incessante contre la Justice perpétrée à l’époque par le Parti social démocrate et contre la destitution de la cheffe de la DNA Laura Codruta Kovesi.

    Météo – Le temps est morose ce vendredi en Roumanie, les températures sont à la baisse dans le nord, l’est, le sud et le centre. Sur le reste du territoire les maximal sont encore trop élevées pour cette période de l’année. Le vent est plus fort sur le sud-ouest et sur le relief. Les maxima de la journée iront de 5 à 15 degrés. 5 degrés sous un ciel couvert à midi à Bucarest.

  • 15.12.2019

    15.12.2019

    Diplomatie
    – Le chef de la diplomatie roumaine, Bogdan Aurescu participe ces dimanche et
    lundi, à Madrid, à la 14e réunion des ministres des Affaires
    Etrangères en format Asie-Europe (ASEM/ Asia Europe Meeting). En marge de cette
    réunion le ministre roumain s’est entretenu dimanche avec Fletcher Tabuteau, le
    ministre d’Etat de la Nouvelle Zélande. Les discussions ont porté sur les
    différents domaines de la coopération bilatérale, avec un accent mis sur la
    dynamisation du dialogue politique et diplomatique entre les deux pays, ainsi
    que sur l’importance de stimuler la coopération économique bilatérale. Il a été
    aussi question des manières de renforcer les relations entre l’UE et la
    Nouvelle Zélande, entre autres par la conclusion rapide de l’Accord de
    libre-échange dont les négociations sont en cours. Ce dimanche encore, le
    ministre roumain a rencontré les étudiants roumains participant à la Conférence
    des jeunes Mode Asia-Europe. L’occasion pour Bogdan Aurescu d’exprimer son
    soutien pour l’activité des organisations des jeunes qui déroulent leur
    activité en marge des conférences de haut niveau.

    Par ailleurs, la réunion
    ASEM de Madrid a pour thème « L’Asie et l’Europe – ensemble pour un
    multilatéralisme efficace » et elle est présidée par le Haut représentant aux
    Affaires Etrangères et politiques de sécurité de l’UE, Josep Borrell. Y
    participent des ministres des AE et de hauts représentants d’une cinquantaine
    de pays européens et asiatiques. Cette fois-ci le dialogue des ministres des AE
    se ciblera sur la gestion des défis communs à relever par les deux continents,
    tels les changements climatiques, le terrorisme, la cyber sécurité ou encore la
    sécurité maritime, sans oublier la connectivité en tant qu’invitation à la
    solidarité et à la coopération. C’est le dernier événement de la série des
    réunions ASEM de 2019 auxquelles la Roumanie a eu une contribution active, y
    compris en organisant à Bucarest, les 15 et 16 mai derniers, la réunion des
    ministres de l’Education d’Asie et d’Europe, pendant le mandat de la Roumanie à
    la tête de l’UE.






    Révolution – A Timisoara (ouest) a eu
    lieu dimanche la Marche de la Liberté pour marquer les 30 ans écoulés depuis le
    moment où éclatait la révolution anticommuniste roumaine de décembre 1989. S’y
    ajoutait un symposium et la première absolue d’un spectacle d’opéra caritatif
    écrit par le compositeur Américain Aaron Garber et qui présente les jours
    dramatiques de la révolution roumaine tels qu’ils ont été vus par un Américain.
    Ensuite, lundi, Sénat et la Chambre des députés de Roumanie se réuniront en
    séance solennelle pour marquer eux aussi ce tournant de l’histoire moderne du
    pays. A son tour, le Parlement Européen doit marquer ce lundi les 3 décennies
    écoulées depuis la chute du communisme en Roumanie, et voter, jeudi, une
    résolution à ce sujet. Rappelons-le, la Révolution anticommuniste roumaine a
    éclaté le 16 décembre, à Timisoara, dans l’ouest de la Roumanie, qui est
    devenue, le 20 décembre 89, la première ville libre du communisme en Roumanie.
    A compter du 21 décembre 89, la révolte populaire s’est étendue ensuite à
    travers le pays, notamment à Bucarest et dans d’autres grandes villes. Un
    millier de personnes sont décédées et quelque 3 mille ont été blessées dans les
    confrontations qui ont eu lieu en Roumanie, unique pays du camp socialiste où
    le renversement de régime dictatorial s’est produit par la violence et où les
    dirigeants communistes, soit le couple Nicolae et Elena Ceausescu, ont été
    exécutés.

    Gouvernement – A Bucarest, le PSD (désormais dans l’opposition) déposera lundi à la Cour Constitutionnelle deux saisines portant sur les projets de lois sur lesquels le cabinet libéral a l’intention d’engager sa responsabilité politique. Il s’agit d’un acte normatif visant l’ancienneté professionnelle nécessaire pour devenir magistrat et d’un autre sur le transport de passagers, a précisé le leader des sociaux-démocrates, Marcel Ciolacu. Par ailleurs, le gouvernement a l’intention aussi d’engager sa responsabilité sur d’autres lois. Parmi elles, plusieurs articles du Décret 114 surnommé « le décret de la cupidité », par lequel étaient imposées une année auparavant des taxes fiscales aux banques ou qui limitait les tarifs du gaz et de l’électricité pour les consommateurs domestiques. En examinant le projet de loi portant modification à ce Décret 114, l’actuel Exécutif souhaite, entre autres, libéraliser le prix du gaz à compter du 1er juillet 2020 et celui de l’électricité à partir du 1er décembre 2020, supprimer la taxe de 2% que les sociétés énergétiques payaient au budget de l’Etat, tout comme la possibilité que les sommes accumulées dans le cadre du 2e pilier des pensions de retraites, qui est privé, soient transférées aux 1er pilier public des pensions.

    Prix – Le prix Charlemagne sera décerné en 2020 au président roumain, Klaus Iohannis, a annoncé samedi la commission de sélection de cette prestigieuse distinction. Le prix lui sera remis l’année prochaine dans le cadre d’une cérémonie prévue pour le 21 mai dans la ville d’Aix-la-Chapelle, dans l’ouest de l’Allemagne. Lors d’une conférence de presse, le président du comité du prix Charlemagne, Jurgen Linden a affirmé que le président Klaus Iohannis était un « défenseur d’exception de la liberté et de la démocratie, de la protection des minorités et un bâtisseur de ponts entre les sociétés européennes de l’est et de l’ouest. » Le prix Charlemagne est décerné chaque année depuis 1950 par la municipalité d’Aix la Chapelle à des personnalités qui contribuent à l’unité européenne et à la coopération entre les Etats européens.


    Protestation – A Buzau (sud-est),
    quelques centaines de personnes ont protesté dimanche contre la récente
    destitution, par le gouvernement libéral, du chercheur Costel Vînătoru de la
    direction de la Banque de gènes pour la légumiculture, floriculture et les
    plante aromatiques et médicinales ayant le siège dans cette ville. Membre
    correspondant de l’Académie des sciences agricoles et sylvicoles, Costel
    Vînătoru est à l’origine de la création de cette Banque, inaugurée en septembre
    dernier par l’ancien gouvernement social-démocrate. Il a une expérience de 34
    ans dans le domaine et a participé à la création de plusieurs types d’espèces
    végétales ou à l’acclimatation de différentes plantes pour censées réduire la
    dépendance de la Roumanie des importations de semences ou de légumes.


    Migration – La police aux frontières
    de Roumanie a dépisté ces derniers jours une vingtaine de ressortissants
    d’Irak, Syrie, Lybie, Algérie et Inde qui tentaient de passer illégalement la
    frontière depuis la Hongrie en Roumanie par les points de Vărşand, Borş şi
    Nădlac II, tous dans l’ouest. Selon l’Inspection générale de la Police aux
    frontières, il s’agit de 2 mineurs et d’hommes âgés de 22 à 40 ans, tous
    demandeurs d’asile en Roumanie. Ils ont déclaré souhaiter arriver dans un pays
    de l’Europe Occidentale.






    Météo – En raison d’une masse d’air
    chaud venue depuis l’Afrique du Nord, la météo sera plutôt printanière en
    Roumanie dans les jours à venir, avec des maxima qui iront jusqu’à 16 degrés.

  • La Révolution roumaine 29 après

    La Révolution roumaine 29 après

    A Timișoara, Bucarest, Iași, Cluj, Brașov, Sibiu et dans
    d’autres villes, les Roumains descendaient dans la rue pour récupérer leur
    liberté et leurs droits. Ce fut le moment cardinal de la génération qui
    clôturait un siècle de souffrance, de terreur et de crimes de masse. Ceux qui
    ont participé aux mouvements de masse de l’année charnière 1989 ont demandé le
    droit à une vie décente.


    Pendant les derniers jours de 1989, les
    gens ont pris part, avec enthousiasme, à la naissance d’une nouvelle Roumanie.
    La poétesse Ana Blandiana a été un des premiers intellectuels à s’être
    exprimés, à l’antenne de Radio Roumanie, le 22 décembre de cette année-là, le
    jour où le dictateur Nicolae Ceaușescu a pris la fuite à bord de l’hélicoptère
    venu le chercher sur le toit du siège du Comité central du Parti communiste
    roumain (PCR). « Mes amis, je suis venue à la Radio
    depuis la Place du Palais, où j’avais à mes côtés des dizaines de milliers de
    gens, qui n’arrivaient pas à croire que ce qu’il s’y passe est pour de vrai. Il
    m’est très difficile de croire qu’après tant d’années d’humiliations, nous,
    nous seuls, par notre seule force intérieure, à laquelle nous ne croyions plus,
    nous avons été capables de faire ça, sans aucun arrangement politique, sans un
    soutien venu d’ailleurs, d’autres plus grands et plus forts que nous. Les morts
    de Timişoara et les morts de Bucarest ont fait renaître notre confiance en
    nous-mêmes et la force d’être nous-mêmes. »
    , s’exclamait-elle avec enthousiasme.


    Avec ses quelque 1.200 morts, la
    Révolution roumaine a été le passage le plus sanglant du totalitarisme à la
    démocratie à avoir eu lieu en 1989. L’historien Ioan Scurtu, ancien directeur
    de l’Institut de la Révolution, a répondu à la question « Pourquoi, au
    PCR, il n’y avait pas eu de réformateur qui soit en mesure d’obtenir
    l’évincement de Ceauşescu et d’assurer un changement pacifique du régime? »: « Ceauşescu a nommé des gens
    sans colonne vertébrale, qui lui étaient dévoués. J’ai lu, par exemple, les
    mémoires de Dumitru Popescu, un des membres du Comité politique exécutif du CC
    du PCR, où il racontait que seul Nicolae Ceauşescu parlait aux réunions de cet
    organe de direction du parti, tous les autres ne faisaient que l’écouter. Du
    coup, Dumitru Popescu en sortait avec des maux de tête et pour se détendre, il
    rentrait chez lui, dans le quartier Primăverii, à pied. De toute évidence, il
    ne pensait pas qu’au fond, la position officielle qu’il occupait impliquait
    aussi une responsabilité. Si Ceauşescu était le seul à prendre la parole,
    tandis que les autres ne faisaient qu’écouter et prendre des notes, c’était
    aussi parce que les autres avaient accepté une telle situation humiliante, à
    mon avis. Le moment le plus incroyable a été celui où Ceauşescu, furieux
    d’apprendre qu’il n’y avait pas eu de mesures sévères contre les manifestants
    de Timişoara, s’était exclamé : « Je ne peux plus travailler avec ce Comité
    politique exécutif, choisissez un autre Secrétaire général ! ». Alors
    les autres avaient commencé à l’implorer: « ne nous abandonnez pas, nous vous
    prions, nous vous sommes fidèles, nous restons à vos côtés, nous resterons avec
    vous aux commandes ». Même à la dernière minute, aucun n’avait eu le
    courage de lui dire : « nous prenons acte de votre démission, nous
    mettons en place une direction collective, nous annonçons au peuple révolté que
    Nicolae Ceauşescu a démissionné. Peut-être que les choses auraient évolué
    différemment, sans le bain de sang que l’on connait. L’opportunisme de ces
    gens-là a joué un rôle très important dans le déroulement de ces événements
    dramatiques. »



    Le procès d’Elena et de Nicolae Ceauşescu, du 25 décembre
    1989, a été un des épisodes les plus chargés de la Révolution. Les deux tyrans
    qui avaient obligé la Roumanie, pendant près de 25 ans, à vivre dans le froid
    et à connaître la faim, avaient reçu des peines méritées. Cependant, peu de
    temps après, des regrets se sont fait entendre au sujet de leur sort et même
    leur procès, qui a fait justice, a commencé à être contesté. Le politologue
    Ioan Stanomir, de la Faculté de sciences politiques de l’Université de
    Bucarest, considère que de nombreuses personnes se rapportent superficiellement
    à cette époque, particulièrement dure, de leur vie et dont le souvenir est
    devenu conciliant, après la disparition du mal: «C’est l’acte à travers lequel nous réussissons à nous détacher
    du communisme. Cette exécution prouve la profonde continuité qui existe entre
    le régime communiste et le régime Iliescu. Ion Iliescu incarne la tentative des
    Roumains de se détacher sans le faire. C’est une tentative typique des sociétés
    post-communistes de garder une innocence qu’elles ont perdue. Tous ceux qui ont
    traversé le communisme ne sont plus innocents. Soit ils ont été victimes ou
    bourreaux, soit ils ont fait partie de la masse grise de ceux qui ont vécu
    « sous le poids des temps ». Les régimes totalitaires volent
    l’innocence des gens. Et, dans mon opinion, c’est ça la principale modalité de
    comprendre le rapport très compliqué des peuples de l’Est de l’Europe et de
    ceux de l’Union soviétique avec le communisme. Le communisme est une chemise de
    Nessus, qui colle au corps, qu’elle brûle quand on souhaite l’enlever. »




    Malgré
    les près de trois décennies passées depuis, la Révolution roumaine de décembre
    1989 est une présence forte dans la mémoire de la génération qui l’a portée
    parce qu’elle continue à avoir des effets sur le présent. Et ce sera
    probablement ainsi, jusqu’à ce que les générations qui ne l’ont pas vécue la
    commémorent autrement. (Trad.: Ileana Ţăroi)