Tag: rivière

  • Une ville, une rivière, une histoire

    Une ville, une rivière, une histoire

    Aujourd’hui nous vous racontons l’histoire de la rivière de Dâmbovița qui traverse Bucarest, la capitale roumaine. Si jadis elle passait presqu’inaperçue, de nos jours les rives de la rivière se veulent une véritable artère verte de la ville, où chacun peut se réunir pour partager et profiter de la nature. Bref un véritable lien entre les quartiers de la capitale. Pour ce faire, tout un événement a été mis sur pied sous le nom de « Dâmbovița Delivery ». Le nom fait référence au festival « street delivery » organisé chaque année à Bucarest et dont l’objectif est de permettre aux piétons de se réapproprier l’espace urbain.

    Rencontre avec Valentin Talabă, manager en communication chez Nod Maker Space, une association qui organise des évènements, qui nous a expliqué la genèse du projet « Dâmboviţa Delivery » : « Toutes les grandes villes d’Europe sont traversées par un fleuve. Berlin par le Spree, Paris la Seine et le canal St Martin, Londres par la Tamise. Bucarest est traversée par la Dâmboviţa, un cours d’eau dont on n’exploite pas pleinement le potentiel. Beaucoup de Bucarestois remarquent à peine qu’une rivière traverse la ville. C’est comme ça qu’est née l’idée : faire le lien entre les deux secteurs traversés par la Dâmboviţa, les secteurs trois et quatre. Utiliser cette ressource pour créer du lien entre les habitants, atour d’activités culturelles et ludiques pour les petits et les grands, dans un lieu agréable. »

    Comment s’est déroulé le festival « Dâmboviţa Delivery » ? Valentin Talabă nous répond : « Nous avions organisé une trentaine d’activités. Des ateliers pour enfants, des activités culturelles, des rencontres littéraires, des concerts, le tout en entourés de food-trucks. L’activité phare de cet évènement était la promenade en barque sur la rivière, entre la place de l’Union dans le centre, où se trouve la Bibliothèque Nationale, et jusqu’à Mihai Bravu. Cela nous a permis de mettre en évidence l’importance de rendre la rivière accessible dans la ville. Nous avons mis au point des pontons permettant aux visiteurs de traverser la rivière d’une rive à l’autre. Le long de ces pontons étaient organisées des activités artistiques collaboratives. Les participants ont pu collaborer avec les artistes et artisans pour mettre au point un arc-en-ciel actuellement suspendu au dessus de la rivière. Nous avons réaménagé le pont de l’Abattoir et travaillé atour du lit de la rivière pour lui redonner des couleurs. L’important, c’est d’avoir permis aux habitants de prendre conscience qu’il était possible de vivre la ville autrement, sans consommer, sans dépenser, simplement en s’adonnant à des activités, en reconnectant avec soi-même et avec sa communauté. »

    « Si vous avez des idées pour transformer la rivière Dâmbovița, dites-le nous ! Nous recherchons des intervenants pour des activités artistiques, des projets éducatifs, des ateliers interactifs afin de redonner vie aux espaces qui longent la rivière » annonçait l’évènement. Alina Tofan, eco-performer était présenter à l’évènement avec son installation Plastic Womb dont elle est venue nous parler : « Georgiana Vlahbei et moi-même, du collectif Plastic Art Performance, avons participé à cette édition de Dâmboviţa Delivery. Nous y avons présenté notre installation d’éco-performance et d’objet. L’objectif était de tirer la sonnette d’alarme et d’attirer l’attention des citoyens sur la pollution plastique dans l’eau et ses conséquences sur les écosystèmes fluviaux. Nous avons eu d’excellents retours, surtout de la part des organisateurs. Cela nous a permis d’aussi présenter notre travail. Les passants ont manifesté de la curiosité. Grâce à un QR code ils pouvaient écouter les explications données sur notre installation. A cette occasion nous avons collaboré avec le designer Teo Rădulescu. Notre installation s’intitule « Plastic Womb », l’utérus en plastic car c’est malheureusement l’image que nous conservons des écosystèmes fluviaux. Notre travail a pour objectif de faire prendre conscience de la situation et d’impliquer davantage la société civile. »

    Quels autres projets sont en préparation afin de consolider la relation qu’entretiennent les habitants avec la rivière ? Valentin Talabă nous répond : « Nous allons réitérer l’expérience de Dâmboviţa Delivery ». En parallèle, nous menons des discussions sur la qualité de l’eau de la rivière et sur la direction à prendre pour exploiter pleinement cette ressource essentielle. »

    Des solutions temporaires et permanentes ont été envisagées. Parmi elles, l’organisation d’activités sur les bords de la rivière: spectacles, discussions, expositions, interventions artistiques, etc, toutes ayant pour objectif de proposer la reconfiguration de cet espace aux autorités locales. Des appels à projet sont en cours pour des reconversions ou des réhabilitations d’espaces urbains, pour des projets artistiques permettant de redonner vie aux rives de la Dâmboviţa, pour des projets sociaux de soutien au communautés. Des projets qui permettront de tisser des liens et surtout, de sensibiliser les habitants à la présence de cette rivière qui traverse la capitale roumaine, un privilège que beaucoup ignorent encore. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • L’aménagement de la rivière Dâmbovița

    L’aménagement de la rivière Dâmbovița

    Le lit de la Dâmbovița, qui prend sa source dans les forêts du massif montagneux de Făgăraș, est long de 237 km, avec une dénivellation de 1 757 mètres. Après avoir arrosé la capitale de la Roumanie, la Dâmbovița se jette dans la rivière Argeș, à hauteur de la commune de Budești. Elle a donné son nom à un département du pays, « Dâmbovița », dont le chef-lieu est la ville de Târgoviște, ancienne capitale médiévale de la principauté de Valachie.Le plus ancien document officiel, qui mentionne Bucarest, date de la moitié du XVe siècle, à l’époque du prince Vlad Țepeș (l’Empaleur).

    Les habitants de la bourgade, appelée aussi la Citadelle de la Dâmbovița dans les papiers administratifs, se servaient de l’eau de la rivière dans leurs cuisines et pour se laver. Les premières fontaines publiques, ainsi que les premiers réseaux d’adduction d’eau potable sont apparus durant le règne du prince Alexandru Ipsilanti, vers la fin du XVIIIe siècle. La population locale se faisait approvisionner par les fameux « sacagii », les porteurs d’eau, qui arpentaient les rues de Bucarest. Outre les difficultés d’approvisionnement, les habitants devaient aussi faire face aux caprices de la Dâmbovița, qui inondait les quartiers périphériques et faisait naître des marécages lorsque les pluies étaient trop abondantes.

    La création de l’État roumain moderne en 1859 et l’établissement de sa capitale à Bucarest lance le processus de transformation et d’apprivoisement de la Dâmbovița. Pour contenir les désagréments de la nature, les ingénieurs roumains ont imaginé des projets d’aménagement, en s’inspirant de ce qui avait été fait à Paris, Londres et Berlin. Les premières tentatives d’endiguer le déchaînement des eaux remontent à l’époque du même prince Alexandru Ipsilanti, en 1775, lorsqu’un canal fut construit pour limiter l’ampleur des inondations. Le fond du lit de la rivière fut nettoyé en 1813, pendant le règne du prince Ioan Caragea.

    Mais les véritables transformations furent lancées après 1878, année de l’indépendance de la Roumanie. A partir de 1880, l’ingénieur et architecte Grigore Cerchez met en œuvre ses projets de correction et d’approfondissement du lit de la rivière, de consolidation et d’augmentation de la hauteur des berges, de construction de ponts et de plantation d’arbres.Cependant, le projet d’aménagement le plus ample a vu le jour après le tremblement de terre du 4 mars 1977, lorsque Nicolae Ceaușescu a donné l’ordre que la zone centrale de la ville de Bucarest change complètement de visage, l’aménagement de la Dâmbovița en étant une partie. L’historien Cezar-Petre Buiumaci, du Musée de la ville, a rappelé les aspects essentiels du fameux projet : « Le grand projet de transformation du centre-ville, démarré par Ceaușescu après le séisme du 4 mars 1977, a aussi inclus l’aménagement de la rivière Dâmbovița. Le projet du grand Centre Civique de la capitale, dont les premières ébauches apparaissent après le tremblement de terre, a été une intervention brutale et sans précédent, qui a imposé la démolition de la zone centrale, quasi exclusivement résidentielle, de la ville. La destruction des habitations a eu pour résultat le problème des logements nécessaires pour accueillir les familles dont les maisons n’existaient plus. Bucarest devenait un immense chantier, car en plus de la zone centrale, des travaux de construction avaient lieu dans d’autres quartiers, pour bâtir les nouveaux immeubles d’appartements (les blocs) où allaient loger tous ceux dont les maisons avaient été démolies. Un tel quartier, une telle zone fut le nouvel ensemble de blocs Crîngași-Constructorilor-Giulești, qui devait accueillir 45 000 personnes. Le réaménagement de la rivière Dâmbovița à travers la capitale se déroulait en parallèle avec cette action. »

    Ceaușescu reprenait aussi des idées plus anciennes, d’une Dâmbovița navigable et intégrée dans un autre projet encore plus ample, de faire de Bucarest une ville-port sur le Danube, via un canal, explique Cezar-Petre Buiumaci.: « L’idée de cet aménagement, que l’on avait voulu inclure dans le projet du Canal Bucarest-Danube, était apparue bien avant, au XIXe siècle, et elle refaisait surface périodiquement. C’est pour mettre en œuvre ce projet que l’on a construit les lacs de retenue Ciurel et Văcărești, dont la mission était d’augmenter le volume d’eau et de créer des conditions de navigation. Sauf que la géographie des lieux ne le permettait pas et l’idée de la navigation dans la ville a été abandonnée, étant maintenue seulement pour au-delà des confins de la ville, à savoir la zone Vitan-Cățelu. »

    La nouvelle Dâmbovița avait un bien nouveau visage. Pour éliminer définitivement le danger des inondations, mais aussi pour la rendre utiles aux irrigations, la rivière était coupée par un premier barrage à 20 km après sa source et par un deuxième à 80 km avant son entrée dans Bucarest. Un troisième barrage se trouvait à Bucarest même, là où s’est formé le Lac Morii (du moulin). Un bras a été creusé avant l’entrée de la Dâmbovița dans la ville, en direction du sud, pour rediriger un éventuel surplus d’eau vers la rivière Ciorogârla. Deux canaux collecteurs d’eaux usées ont été construits sous le lit urbain de la Dâmbovița. Les ponts ont été reconstruits et même, certains, repositionnés, tandis que les berges ont été bétonnées, raconte l’historien Cezar-Petre Buiumaci : « L’aménagement de la Dâmbovița a été un projet complexe, dont non seulement le lit a été redessiné, mais aussi des réseaux entiers qui le croisaient, des installations de maintien d’un débit relativement constant. Outre les nouveaux ponts et les passerelles qui permettaient de traverser la rivière, sur les segments de délimitation de biefs l’on a réalisé des aménagements pour le loisir: plusieurs pontons et accès à la surface de l’eau. Dans cette même catégorie, on retrouve aussi l’aménagement de la plage ștrandului Crângași, tout près du lac Ciurel. »

    L’histoire du visage actuel de la Dâmbovița à Bucarest est relativement récente, mais elle s’appuie sur une démarche vieille d’au moins 200 ans. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Les ballastières et la santé des écosystèmes

    Les ballastières et la santé des écosystèmes

    La réduction des activités humaines pendant
    la pandémie de coronavirus a entraîné une baisse de la pollution de l’air et
    des eaux. Par ailleurs, la mise à l’arrêt de nombre d’entreprises et puis le
    faible trafic routier, aérien et maritime, soit autant de sources importantes
    de nuisances sonores, nous ont fait assister à un événement plutôt inhabituel :
    le rapprochement des animaux sauvages des zones habitées. Par exemple, les
    chercheurs de l’Institut « Grigore Antipa » de Constanţa (la plus
    grande ville-port roumaine à la mer Noire) ont pu observer, près de la côte,
    des dauphins en train de poursuivre des bancs de poissons, ce qui s’explique
    par une meilleure qualité de l’eau.


    Des bancs de poissons on en a vu aussi,
    après de longues années, dans les eaux de la rivière Bistriţa Ardeleană. Elle
    prend sa source dans les Monts Călimani, d’origine volcanique, qui font partie
    des Carpates Orientales. Pas sûr cependant que l’on puisse les admirer
    longtemps encore, vu que les activités vont reprendre progressivement, précise
    Cristian Țetcu, de l’Association Ruralis, dans une interview accordée à
    Cristiana Sabău, correspondante de Radio Roumanie à Bistriţa-Năsăud : « Il
    y a deux mois, dans les eaux de la rivière Bistriţa Ardeleană, qui traverse le
    chef-lieu Bistriţa, on pouvait observer, à l’œil nu, des bancs de poissons
    mesurant de 20 à 40 cm. Maintenant que les activités économiques ont repris sur
    les berges de la rivière, on ne voit plus que de la boue dans les eaux. Autrement dit, deux mois durant, les eaux de
    cette rivière de montagne ont été aussi limpides qu’il y a 30 ou 40 ans. Jadis,
    l’eau était cristalline et on allait bronzer sur les rives couvertes de gravier
    et de sable. »


    De nos jours, la principale menace pour
    la santé des écosystèmes, ce sont les ballastières. Les carrières apparues ces
    30 dernières années le long de la rivière ont entraîné la disparition des
    chutes d’eau et la modification des rives, explique Cristian Țetcu, de
    l’Association Ruralis : « Ce qui est vraiment nuisible, c’est qu’en
    dehors de l’exploitation du lit de la rivière, la boue qui résulte du processus
    de lavage des granulats est déversée dans les eaux. Vu qu’elle s’amoncelle sur
    les berges des rivières de montagne, comme c’est le cas de la Bistriţa
    Ardeleană, des plantes comme le roseau commencent à y pousser, alors qu’il ne
    devait y avoir que des roches. C’est dommage de voir tant de zones d’une rare
    beauté et d’une diversité étonnante détruites par l’action de l’homme. Les conséquences
    fâcheuses de nos actions s’étendent aussi à la clairière aux narcisses de Mogoşeni et à l’ensemble de cette
    aire. Il y va de la survie de tout un réseau trophique. Le simple geste de prendre
    une fleur, alors même que c’est interdit, peut avoir des répercussions en
    cascade. »


    En Roumanie, l’activité des
    ballastières est conditionnée à l’autorisation délivrée par l’Agence nationale
    des ressources minérales, sur la base de l’avis préalable de l’Agence de
    l’environnement et des Directions de gestion des eaux. Selon les normes en
    vigueur, une fois l’activité achevée, des travaux de refonte du site naturel
    devraient s’ensuivre. Or, cela n’est pas toujours le cas, constatent les
    inspecteurs de l’Agence de l’environnement. Ils ont même découvert que
    certaines carrières fonctionnaient illégalement. (Trad. Mariana Tudose)



  • Protéger les eaux de l’UE

    Protéger les eaux de l’UE

    La plupart des étendues d’eau de l’UE présentent un mauvais état écologique. C’est le résultat d’une étude de l’Agence européenne pour l’environnement menée entre 2010 et 2015, basée sur l’analyse de 130.000 sources d’eau. Et le rythme de dégradation des eaux européennes est alarmant. En Europe de l’Est, les rivières et les lacs sont plus propres qu’en Europe Occidentale, où la densité de la population et l’agriculture sont les deux principales causes de la pollution des eaux.

    Au niveau mondial, la situation est tout aussi alarmante. En l’absence de mesures immédiates, le monde se dirige vers une crise de l’eau potable, mettent en garde les spécialistes. Selon les calculs de l’ONU, environ 5 milliards de personnes vivront dans des zones ayant un accès réduit à l’eau d’ici 2050. Parallèlement, selon un rapport de la Banque Mondiale, environ 70 rivières importantes dans le monde se sont asséchées ces dernières années. En cause, leur exploitation par des systèmes d’irrigation et de la consommation excessive d’eau.

    Du côté de l’Union européenne, les Etats membres sont soumis à la Directive-cadre sur l’Eau pour régénérer les écosystèmes aquatiques pollués. Toutefois, un rapport récent constate que cette directive n’est pas mise en œuvre sur le terrain bien que la plupart des rivières et des eaux côtières et souterraines soient toujours polluées. Le mercure et le cadmium sont les polluants que l’y on retrouve le plus souvent.

    Pour mieux comprendre la situation concernant l’état des eaux sur le Vieux Continent, nous nous sommes adressés à Camelia Ionescu, coordinatrice nationale du Département des Eaux Douces chez WWF (Le fonds mondial pour la nature) Roumanie : « Seules 40% des eaux européennes sont dans un état bon ou très bon. Les critères d’évaluation des rivières sont fondés sur la législation en vigueur, sur la Directive-cadre sur l’eau et sur plusieurs autres actes normatifs associés à cette directive. Le rapport dont on parle a examiné les paramètres physiques et chimiques des eaux et l’impact de l’activité humaine sur les rivières, comme par exemple la construction de barrages etc…. Chaque pays a analysé ces paramètres au moment de l’évaluation de l’état de ses rivières. Cependant, on a constaté que de nombreux aspects ont été laissés de côté depuis la mise en application de la Directive, au début des années 2000. A ce moment – là, la directive établissait des objectifs clairs pour arriver à une meilleure qualité des eaux en 2015, et des éléments à cibler pour atteindre ce but. Mais de nombreux Etats membres ont adopté des dérogations, en prolongeant les délais. Cela témoigne d’un manque d’ambition, mais aussi de la manière inefficace dont a été évaluée et perçue cette nécessité d’investir dans la protection des rivières. La Directive précise que toutes les mesures doivent être prises avant 2027. C’est la date butoir pour avoir en Europe des rivières d’une meilleure qualité du point de vue écologique. »

    Concernant la Roumanie, le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement affirme que la plupart des eaux du pays sont propres. Des investissements majeurs ont été faits dans ce domaine ces dernières années. 287 villes ont bénéficié de fonds pour réhabiliter ou élargir l’infrastructure d’alimentation et de traitement de l’eau. Sur la période 2014-2020, 2,7 milliards d’euros ont été alloués à ce secteur et 4 nouveaux projets ont été approuvés. Parmi ces projets, il y en a un qui concerne la capitale, Bucarest ; il est chiffré à 200 millions d’euros provenant de fonds européens.

    Camelia Ionescu précise: « La Roumanie est au-dessus de la moyenne européenne en ce qui concerne la qualité des eaux. Concrètement, nous avons encore des rivières en bon état, mais il existe aussi de nombreux risques liés aux sources de pollution parmi lesquelles les travaux agricoles. A mon avis, quasiment l’ensemble du territoire est sensible aux nitrates provenant de sources agricoles. De nombreuses sources sont inutilisables en tant que source d’eau potable. Nous devrions réviser la manière dont sont planifiées les activités agricoles, afin de protéger les ressources aquatiques. »

    La Directive-cadre sur l’eau est actuellement en train d’être révisée. Cette vérification, appelée « fitness check », analyse sa pertinence, son efficacité, sa cohérence et sa valeur ajoutée au niveau de l’UE. Ce processus de révision inclut aussi une consultation publique, lancée en septembre dernier. Une centaine d’ONG travaillent en ce moment sur la protection et le renforcement de la mise en œuvre de cette directive. Elles ont lancé une campagne demandant à la Commission européenne de s’assurer que la Directive-cadre sur l’eau reste inchangée, alors que plusieurs Etats membres de l’Union souhaitent l’affaiblir.

    Camelia Ionescu explique : « Ce processus d’évaluation permet aussi aux citoyens d’exprimer leur position, leurs idées en ce qui concerne la gestion des eaux. C’est le moment où les citoyens peuvent transmettre à la Commission Européenne, aux pouvoirs locaux et européens leur vision sur la mise en place des directives et sur la protection des rivières, dire si la législation est bonne ou s’il faut l’améliorer. Nous savons que cette directive cause beaucoup de problèmes à de nombreux utilisateurs et aux autorités de différents pays, c’est pourquoi ils souhaitent la voir changer. Nous craignons que ces transformations n’entraînent une diminution des objectifs et n’affaiblissent la manière dont sont gérées les eaux. »

    Notons pour terminer que cette consultation publique dure jusqu’au 4 mars 2019. C’est donc le moment d’agir ! (Trad. Valentina Beleavski)

  • Tentatives de sauver la rivière Jiu

    Tentatives de sauver la rivière Jiu

    La rivière Jiu a creusé à travers les Carpates Méridionales, sur une distance de 35 km, un des défilés les plus spectaculaires et sauvages des Carpates, devenu Parc national et site Natura 2000. Ses eaux ont créé les habitats pour des milliers d’espèces, parmi lesquelles beaucoup sont protégées au niveau national et international. Le défilé du Jiu est veillé par d’anciennes forêts de hêtres, de chênes rouvre, de charmes, de frênes et de chênes, par des versants rocheux et des grottes spectaculaires.

    Le Parc naturel du Défilé du Jiu recèle beaucoup de réserves naturelles d’oiseaux protégés par la loi, parmi lesquels le faucon pèlerin, le merle d’eau, l’autour des palombes, le milan royal, l’aigle royal et la buse variable. Les ours, les lynx, les lièvres ou les chamois se cachent dans les sous-bois, alors que dans les eaux froides des rivières de montagne se glissent des loutres, beaucoup d’espèces d’amphibiens, des poissons et des invertébrés. Les biologistes ont découvert là plus de 700 espèces de plantes et plus de 440 espèces d’animaux, certaines protégées par la loi.

    Toute cette richesse naturelle risque d’être détruite par un aménagement hydro-énérgetique qui capterait 85% du débit de la rivière, sur toute la longueur du défilé. Heureusement, la Cour d’appel de Bucarest a annulé les permis de construire de la centrale hydroélectrique qui aurait détruit les écosystèmes et toutes les activités touristiques de la région. N’oublions pas que la Vallée du Jiu est considérée par beaucoup la zone de rafting la plus spectaculaire de Roumanie.

    Diana Coşmoiu, la coordinatrice nationale des politiques publiques de WWF (Fonds mondial pour la nature) Roumanie : « Ce projet est un cas négatif digne du Livre des records. Le projet a reçu les avis en 2003, mais, même s’il a été modifié entre temps, les autorités en charge de l’environnement n’ont pas été notifiées. Malheureusement, les travaux continuent encore aujourd’hui, si vous pouvez vous imaginez une chose pareille, même si la décision du tribunal a été rendue le 14 décembre et elle a annulé le permis de construire. Les travaux auraient dû être arrêtés tout de suite là-bas. Pourtant, ils continuent depuis 14 ans. Ils ont commencé en 2003, lorsque le projet a reçu les avis nécessaires, mais pendant ce temps, ils ont parfois été interrompus pour des raisons financières. En 2007, la Roumanie a adhéré à l’UE et les règles de conservation de la nature et de l’environnement sont devenues beaucoup plus strictes. Par exemple, l’étude d’impact sur l’environnement, faite en 2003, sur laquelle s’est fondé l’accord en matière d’environnement, a été réalisée sans prendre en compte les espèces vivant dans la rivière. Personne n’a donc considéré comment elles pourraient être affectées, ni la quantité d’eau nécessaire pour que ces espèces survivent. Le projet devait capter 85% de l’eau du Jiu sur tout ce secteur de la rivière, soit plus de 30 km. Malheureusement, une grande partie des constructions ont déjà été réalisées et elles ont un impact sur le paysage, mais tant que cet aménagement n’est pas mis en service, tant qu’il ne capte pas les eaux du Jiu, le Parc national a encore une chance. »

    30.000 de passionnés de la nature ont signé la pétition publique pour arrêter ces travaux, pétition initiée par le biologiste Călin Dejeu. Dans la lutte pour protéger les rivières de la montagne se sont également investis beaucoup d’ONG et des activistes pour l’environnement, qui ont présenté devant les tribunaux des études et des analyses relatives à ce projet. Et ce alors qu’aucune autorité de l’Etat roumain n’a été assez ferme pour arrêter ce projet depuis plus de 17 ans. (Trad. Nadine Vladescu)

  • Dâmboviţa Smart River (rivière intelligente)

    Dâmboviţa Smart River (rivière intelligente)

    Chaque année, la Commission européenne organise en Roumanie un festival de la culture urbaine, Urban Fest, censé promouvoir les valeurs européennes dans le domaine du développement local.



    « BlueGreen — Rivières dans une ville intelligente » est le thème de cette édition du festival Urban Fest, déroulé à la mi-juin. L’événement devait mettre en exergue le rôle des rivières dans les métropoles modernes. Pour Bucarest, il s’agissait du réaménagement du cours de la rivière Dâmboviţa, qui traverse la capitale roumaine.



    Une organisation sans but lucratif se propose de mettre à profit la rivière Dâmboviţa, en encourageant les citoyens de tous les âges à participer à l’élaboration de nouveaux projets urbains. Daniela Calciu, membre de l’Association pour la transition urbaine, nous parle des initiatives de cette organisation: « Notre Association, en collaboration avec l’Association « Poiana lui Iocan », a déroule le programme « Urboteca » – l’Urbothèque dont le but était d’impliquer les habitants de la capitale dans l’élaboration de projets d’aménagement urbain. Lors du Festival, nous avons dressé un questionnaire, que nous avons baptisé « Le poisson d’or », pour recueillir les idées et les souhaits des visiteurs concernant l’aménagement de la Dâmboviţa. Environ 400 personnes ont répondu à ce questionnaire et nous avons constaté que nous souhaitons tous bénéficier d’une rivière qui ressemble à celle des métropoles européennes. Nous nous sommes donc proposé de réunir ces désirs, ces pensées, ces énergies. Le plus important résultat de ce Festival de culture urbaine est de nous avoir rendus plus proches les uns des autres, il nous a permis de nous connaître et même a attiré des gens de passage, qui nous ont rejoints. »



    Bien que la Dâmboviţa traverse une capitale, ses rives sont quelque peu abandonnées. Leur énorme potentiel culturel, écologique et économique attend encore d’être mis en valeur par un projet intelligent, grâce à la contribution de la société civile et du milieu des affaires. Les idées avancées devraient se retrouver sur la table des autorités locales après les prochaines élections. Quelques îles flottantes ont déjà fait leur apparition le long de la Dâmboviţa.



    Daniela Calciu, membre de l’Association pour la transition urbaine, explique : « En octobre nous avons lancé la première île faisant partie d’un « archipel d’idées » – à la fois métaphorique et physique. Si vous longez les rives de la Dâmboviţa, à hauteur de la Bibliothèque nationale on peut apercevoir plusieurs petites îles. Sur une d’entre elles se retrouvent des dessins et des messages que nous avons recueillis lors du Festival. Plusieurs personnalités nous ont rejoints, dont Angela Filote, cheffe de la représentation de la Commission européenne à Bucarest, et Aura Răducu, de la BERD, qui s’occupe également du plan de mobilité durable de la ville de Bucarest. L’ex-champion Ivan Patzaichin compte parmi les partenaires du projet. D’ici le printemps prochain nous souhaitons multiplier ces îles d’idées et de souhaits, de sorte que le 15 mars nous puissions descendre de nouveau la rivière en canot, nous y arrêter et organiser un pique-nique sur la Dâmboviţa. »



    Au fil des années, le cours de la rivière Dâmboviţa a été modernisé à plusieurs reprises ; pourtant, son réaménagement représente actuellement un véritable défi, car faire de cette rivière un espace attrayant et reverdi suppose un changement radical qui devrait toucher également les zones proches de la rivière, notamment les parcs Eroilor, Izvor et Unirii ainsi que le Jardin botanique.



    L’Association pour la transition urbaine, en collaboration avec l’Association d’architecture, proposent un projet visant à cultiver l’esprit urbain dans les écoles. Pour le reste, chaque semaine, l’Association pour la transition urbaine organise un nouveau projet. Daniela Calciu explique: « Nous allons continuer par un atelier de maquettes, nous allons apporter des matériaux et faire venir des étudiants en architecture et urbanisme de l’Université « Ion Mincu ». Les enfants auront ainsi l’occasion de construire des bâtiments miniature ou des endroits situés sur les rives de la Dâmboviţa. Une semaine après, nous inviterons les enfants, les jeunes et leurs parents à imaginer ensemble une Dâmboviţa de l’avenir, telle qu’ils ils la souhaitent. Nous réaliserons une grande maquette figurant la rivière et les espaces qui l’entourent tels que nous les souhaiterions. »



    Jour après jour, la rivière Dâmboviţa pourrait commencer à changer de visage et devenir un symbole de la ville. (trad. : Dominique)

  • Michel Beine (Belgique) – La rivière de Dambovita

    Michel Beine (Belgique) – La rivière de Dambovita

    Elle prend sa source dans les monts Făgăraş, et a une longueur de 237 km. Sur ses premiers 20 km, ses eaux grossissent avec de nombreux affluents. Elle arrive à traverser la zone karstique de Rucăr – Dâmbovocioara, avec des gorges très belles. Dès les temps les plus reculés, les bucarestois ont utilisé l’eau douce de cette rivière pour la baignade, mais aussi pour la boire. D’ailleurs, ce fut la principale raison pour laquelle le berger Bucur établit sa bergerie sur ses bords et fonda ainsi la ville, dit la légende. Une autre légende dit que Dâmboviţa a été même l’épouse du berger Bucur.

    La légende mise à part, lorsque la ville devient de plus en plus peuplée, certains de ses habitants font un commerce avec cette eau. Vers 1695, la guilde des vendeurs d’eau est mentionnée par les documents du temps. Ils prenaient l’eau à même la rivière, la transportaient et la vendaient aux habitants en échange de quelques sous. Vers 1847 était inaugurée la première station mécanique de pompage de l’eau, un pas majeur en avant dans la mise en place du système moderne de ravitaillement en eau de la capitale. L’eau était ensuite traitée avec des filtres en laine. Puis, elle était distribuée par des tuyaux en fer.

    Par le passé, la rivière provoquait des inondations de grande ampleur à chaque fois qu’il pleuvait fort. En 1864, le prince régnant Alexandru Ioan Cuza a lancé un projet pour canaliser ses eaux, qui s’est concrétisé à peine en 1880, d’après les plans d’un ingénieur renommé. En 1934, à Bucarest, la Dâmboviţa a été masquée par des dalles en béton. Un demi-siècle après, le lit de la rivière allait être réaménagé par les communistes. Ce cours d’eau a été complètement transformé, et au centre de la ville, il a été rayé de la carte. Avec les travaux pour le métro, la Dâmboviţa passe dans le souterrain. Elle coule à présent sous deux lignes de métro, sous un passage routier et un piéton. Il y a, sous la rivière visible, un autre cours d’eau, sale. Cette cassette est unique en Europe par sa longueur de près de 18 km, conçue pour résister à un séisme de 8 sur l’échelle ouverte de Richter. C’est le principal canal d’assainissement de la ville, construit en 1987, mais qui ne fonctionne qu’à moins de 50% de sa capacité présentement. La cassette peut être comparée à un boulevard, dans une ville souterraine. Mise en service à la va-vite, car Ceauşescu attendait une visite officielle, elle n’a plus été nettoyée jusqu’en 2012. Elle connaîtra une ample modernisation jusqu’en 2018. Voilà, M Beine, et merci pour cette question.

  • Inondations en Roumanie

    Inondations en Roumanie

    Les autorités roumaines sont toujours en état d’alerte dans les comtés de Timis, Caras-Severin et Mehedinti, dans l’ouest et le sud-ouest du pays qui sont d’ailleurs concernés par une vigilance orange aux crues. Les pluies torrentielles de ces derniers jours ont fait une victime et d’importants dégâts. Les sapeurs-pompiers, les gendarmes et d’autres forces sont intervenus dans les régions sinistrées pour limiter les effets des crues. Des centaines d’habitations, d’importantes superficies de terrains agricoles et des ponts ont été submergés par les eaux.



    Les pluies torrentielles ont sévi dans le département de Mehedinti, où les quantités d’eau ont atteint les 150 litres par mètre carré en un seul jour, provoquant inondations et glissements de terrain dans plusieurs localités des Gorges du Danube. Les alluvions ont bloqué des routes départementales et plusieurs secteurs de routes nationales, paralysant le trafic dans la région. Les chauffeurs ont dû attendre pendant des heures avant de reprendre leur chemin.



    Une situation particulière concerne la localité d’Eselnita, où un millier de personnes sont privées d’électricité. La localité est également isolée, vu que les alluvions ont bloqué la route nationale et détruit un pont qui reliait la localité à la ville d’Orşova, elle aussi sous les eaux. Dans cette ville, le trafic routier se déroule avec difficulté, les rues ayant été recouvertes de boue. Les eaux ont pénétré aussi dans les locaux de différentes institutions publiques. A Orşova, les autorités ont évacué 67 élèves d’une école et sauvé une vingtaine de touristes bloqués sur un ponton.



    Dans le compté de Caraş-Severin les pluies abondantes et les torrents ont touché plusieurs villages. Le parc aux moulins à eau de Rudărie, le plus grand ensemble de ce genre d’Europe, inscrit au patrimoine de l’Unesco, est menacé. Selon les autorités locales, deux moulins ont déjà été fortement endommagés.



    Les crues et les éboulements de terrain ont perturbé le trafic ferroviaire. Plusieurs trains ont été annulés, certains ont dû changer d’itinéraire alors que d’autres ont pris des retards considérables. Et les nouvelles ne sont pas réjouissantes, puisque les hydrologues ont prolongé la vigilance orange aux crues dans le cas de plusieurs rivières des départements de Timiş et de Caraş-Severin jusqu’à mercredi après-midi.



    Les inondations ont affecté non seulement le sud-est de la Roumanie, mais aussi la Serbie et la Croatie. En Serbie la région la plus touchée est celle orientale, tandis qu’en Croatie, les inondations ont ravagé le centre du pays. Il s’agit de la deuxième vague d’inondations à frapper la Serbie voisine, après celle du mois de mai qui a fait beaucoup de victimes et provoqué des dégâts estimés à 2 milliards d’euros. (trad.: Alex Diaconescu)

  • La loutre est de retour dans les eaux roumaines

    La loutre est de retour dans les eaux roumaines

    La loutre est un mammifère aquatique qui, il y a quelques décennies encore, peuplait les eaux de la mer Noire, ainsi que les rivières du pays, riches en nourriture pour elle: poissons, crustacés, amphibiens).



    Les endroits poissonneux ont attiré la loutre même dans les zones de montagne, à plus de 1500 mètres d’altitude, à proximité des petites rivières qui abondent en truites. Souvent, en quête de nourriture, elle franchissait les crêtes des montagnes, passant d’un bassin hydrographique dans un autre. Seulement, les grandes entreprises chimiques et l’industrialisation de l’agriculture de l’époque communiste ont entraîné le déclin de cette espèce. Les rivières sont devenues de moins en moins propices à la vie et à la faune invertébrée — piscicole comprise. Les habitats de la loutre ont considérablement diminué.



    Răzvan Popescu Mirceni, directeur de l’association écologique marine « Oceanic Club » — Club océanique de Constanta, port roumain sur la mer Noire, explique: « On a assisté à une diminution des effectifs non seulement en Roumanie, mais partout en Europe. C’est pourquoi des mesures de conservation de l’espèce et de repeuplement ont été prises. Ces mesures, auxquelles s’est ajoutée, en Europe de l’Est, la fermeture, dans les années ’90, des grandes entreprises industrielles de l’époque communiste, ont permis aux populations de loutres de refaire partiellement leurs effectifs. La loutre a élargi son habitat aux nouvelles zones d’eau douce, telles le canal reliant le Danube à la mer Noire. Elle a peuplé la région s’étendant vers la zone littorale. Les eaux du canal Danube – mer Noire ont un niveau de salinité légèrement plus bas, qui permet à la loutre de « goûter » aux plaisirs de la mer, en bénéficiant d’une quantité de nourriture suffisante et d’une grande diversité. Cette espèce s’est donc adaptée. »



    Récemment, les biologistes ont découvert sur une plage de Constanţa une loutre mesurant près d’un mètre, pourtant elle n’était pas vivante, hélas. En même temps que la loutre, des espèces de poissons disparues sont de retour dans les eaux roumaines. Les spécialistes sont persuadés qu’elles sont revenues dans la mer Noire en raison de la baisse de la pollution enregistrée ces derniers temps.



    Răzvan Popescu Mirceni : « Il y a 3 ans, j’ai vu un tel poisson nager dans la zone du Casino de Constanta. D’autres personnes nous ont signalé, par la suite, la présence de plusieurs exemplaires. Cet automne, nous avons pu identifier un exemplaire amené par les vagues, mort très probablement de causes naturelles. Nous le saurons avec précision une fois effectuées les analyses et les études nécessaires. C’est réjouissant d’avoir la preuve de l’existence de ces espèces dans la zone côtière de la mer Noire. »



    La loutre figure parmi les espèces d’importance communautaire — et donc protégée. Suite à l’amélioration de la qualité des eaux de surface et à l’augmentation des ressources de nourriture, ainsi qu’aux mesures de conservation et repeuplement appliquées, la loutre commence à revenir dans les lacs, dans les vallées des grandes rivières et surtout dans le delta du Danube. (trad.: Dominique)