Tag: rue

  • B-FIT in the Street

    B-FIT in the Street

    Voilà onze ans déjà que Bucarest se transforme en été, trois jours durant, en une immense scène où s’invitent des troupes de théâtre de rue du monde entier. Danses, parades, accrobaties, fanfares, musique, bref, B-FIT in the Street, organisé par la Municipalité de Bucarest et ARCUB, est un véritable régal pour une capitale de plus en plus branchée.

  • Les enfants des rues de Bucarest aujourd’hui

    Les enfants des rues de Bucarest aujourd’hui

    Le 6 novembre dernier, l’agence française et francophone de Bucarest a organisé une conférence sur la protection de l’enfance en Roumanie. Un public nombreux est venu écouter Ionut Jugureanu, président de la fondation Parada qui vient en aide aux enfants qui vivent dans les rues de Bucarest par le cirque. Au micro de Ninnog Louis, il fait le point sur l’origine du phénomène des enfants des rues, et sur la situation actuelle.



  • Block Party à Bucarest

    Block Party à Bucarest

    Livres proposés à la lecture, disposés dans la rue sur une installation innovante, lecture de poésie contemporaine et tours guidés du quartier, délices culinaires préparés par Chef Liviu Lambrino et étalés dans la cour sur une table pour 30 personnes. Au milieu de la rue : Paul Dunca, acteur, performeur et chorégraphe, la musique de Jim Felix et des projections de films en plein air – voilà quelques-unes des attractions du premier week-end du mois d’octobre organisé dans la rue, au centre de Bucarest. Edmund Niculuşcă, président de l’Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité ARCEN, initiateur du projet Block Party, explique : « Nous métamorphosons la rue, nous y créons plusieurs espaces. Pendant toute une journée, il se passe bien des choses rue I.L. Caragiale : nous y amènerons une partie de l’exposition « Mnemonix », qui a représenté la Roumanie à la Biennale d’architecture de Venise. Y sera également présent le projet « Devant le bâtiment de logements », qui rassemble tous les jeux de l’enfance dans un seul livre. Block Party est une fête du jeu, de la danse, du dialogue. »

    Assis sur des chaises ou des chaises longues et enveloppés dans des couvertures, dans la rue couverte de tapis, les visiteurs ont bénéficié d’une salle de séjour agrandie, meublée d’étagères pleines de livres. Une installation innovante incitait les personnes présentes à choisir parmi une vingtaine de titres : à l’extrémité d’une tige métallique fixée dans une brique se trouvait une plaque sur laquelle reposait un livre. En enlevant le livre, le lecteur trouvait sur la plaque, résumée en cinq lignes, la raison pour laquelle on recommandait la lecture de ce livre. Quelle est l’idée du projet ? Edmund Niculuşcă: « Bucarest avait besoin d’un centre à la fois historique et culturel, et la zone Icoanei peut être un tel centre : c’est une zone historique, elle est située au centre-ville et elle a ce potentiel culturel qui peut créer une vie différente à l’intérieur de la ville. C’est un centre historique d’une autre facture. »

    L’histoire y a une valeur culturelle et elle souhaite se faire connaître. Edmund Niculuşcă: « La rue Caragiale deviendra partenaire du projet District 40. L’Institut français, l’Ecole Centrale, Le Hotspot culturel Scena 9, la librairie Cărtureşti et le Centre international de recherches dans le domaine de l’éducation CINETic sont déjà partenaires du projet District 40 et si, lors de la Nuit des Musées, toutes ces institutions ont organisé des projets dans leurs propres espaces culturels, à présent ces espaces culturels se donnent rendez-vous dans une seule rue, prouvant que la collaboration est possible et rendant l’impossible possible à réaliser. »

    La poétesse Nora Iuga a rejoint les Bucarestois, rue Caragiale, pour une lecture de ses poèmes. Y ont également été présents Romeo Cuc, commissaire du projet MNEMONICS, l’architecte Şerban Sturdza et le fondateur des librairies Cărtureşti, Şerban Radu. En débat, dans la rue, entre autres, un des projets qui a joui d’un grand succès et qui visait à familiariser le public avec les zones protégées de la capitale. Alberto Groşescu, vice-président de l’Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité, explique: « Parmi tous les projets que notre association a menés jusqu’ici, celui-ci semble être le plus dynamique, il s’est développé le plus. Initialement, en 2015, nous avions recensé deux zones habitées protégées. Depuis, je me suis rendu compte que le paysage urbain changeait vite et que les zones protégées étaient peu connues des Bucarestois, ce qui m’a donné l’idée de sauver tout ce que l’on pouvait au niveau de l’image. En 2016, nous nous sommes proposé de dresser un inventaire de 98 zones habitées protégées et nous avons recensé environ 14.500 immeubles. L’élaboration de la méthodologie a duré 8 mois et nous avons bénéficié du concours de plusieurs professeurs de l’Université d’architecture « Ion Mincu », de spécialistes de l’Institut du Patrimoine et de l’Ordre des Architectes de Roumanie. »

    Nous nous sommes glissés, nous aussi, parmi les visiteurs, pour connaître leurs impressions sur Block Party. Dana, 43 ans, y est venue avec son fils : «Nous avons lu la nouvelle sur Internet et nous sommes venus voir ce qui s’y passait. Et nous avons découvert des gens qui nous ressemblaient, des livres et un endroit calme, comme il n’y en a pas beaucoup à Bucarest. Les gens qui nous ressemblent sont des gens qui aiment le calme, les livres et la ville de Bucarest telle qu’elle est ici et non pas le Bucarest chaotique. » Radu, le fils de Dana, a 13 ans. Pourquoi est-il venu à la Block Party ? « J’étais curieux de voir ce qui s’y passait. C’est agréable de se détendre ainsi, un jour de dimanche, assis sur une chaise longue, d’échapper au stress, de lire. Peu de mes collègues viendraient à de tels événements. »

    Les deux soirées se sont achevées dans la bonne humeur, avec quelques dizaines de personnes dansant dans la rue, après une mise en forme avec Paul Dunca. Parmi les questions existentielles lancées sur la musique, il y a eu une qui a retenu notre attention : « Combien d’années vous êtes-vous proposé de vivre ? Votre réponse a changé, n’est-ce pas, avec le temps ? » Or, le temps passé à Block Party semble avoir justement suspendu le temps. (Trad. : Dominique)

  • Dans Bucarest, sur les traces de Mircea Eliade

    Dans Bucarest, sur les traces de Mircea Eliade

    Pour marquer le 110e anniversaire de la naissance de l’écrivain et philosophe Mircea Eliade, nous vous proposons aujourd’hui un itinéraire culturel qui vous fera découvrir des rues bucarestoises dont l’auteur parle dans ses romans. A compter du 30 mars dernier, les itinéraires culturels « A travers le Bucarest de Mircea Eliade » se poursuivront pendant tous les week-ends jusqu’au 27 avril. En 2015, ce projet a attiré plus de 5 mille participants pendant seulement quelques week-ends de promenade à travers la ville.



    Edmond Niculuşcă, président de l’Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité (ARCEN) nous parle de ce projet: « Nous venons de fêter le 110e anniversaire de la naissance de Mircea Eliade, ce qui nous a incité à un retour sur son œuvre littéraire, pour la regarder, pourquoi pas, sous un nouvel angle. Notre projet — « Eliade 110 » comporte deux conférences et 6 itinéraires culturels, « A travers le Bucarest de Mircea Eliade », comme nous les avons appelés.



    La première conférence, déjà tenue à l’Institut français de Bucarest, a porté sur 7 endroits dont Eliade parle dans ses romans et qui sont à retrouver presque tous dans la capitale roumaine d’aujourd’hui. La dernière conférence portera sur un personnage féminin: Ileana — qui apparaît parfois sous les noms dérivés de Leana, Lena, Elena, mais qui est la même représentante de la féminité. Elle porte également d’autres noms dans ses nouvelles fantastiques et dans ses romans « La nuit bengali » et « Forêt interdite »



    Les « Promenades à travers le Bucarest de Mircea Eliade » réunissent des histoires sur les anciens faubourgs et sur l’architecture de la ville, sur l’enfance de Mircea Eliade et des fragments de prose fantastique datant de la période de son exil. Le point de départ en est à chaque fois le même : 20, rue Mântuleasa, tout près de l’église Mântuleasa. Nous avons demandé à Edmond Niculuşcă si les rues de Bucarest gardaient encore leur charme pittoresque d’autrefois : « Il y a des maisons qui gardent encore leur ancienne peinture. Ce sont des veilles maisons, bâties avant la première guerre mondiale et qui ont une cour profonde, plantée de vigne et d’arbres fruitiers.



    D’autres parties de cette zone ont été mutilées, comme toutes les zones historiques de la capitale, d’ailleurs. Nous avons choisi à dessein, pour ces promenades, des rues qui gardent encore de nombreux endroits précieux, où le paysage culturel et l’identité du quartier restent assez proches du Bucarest tranquille d’autrefois, du Bucarest des faubourgs et des quartiers résidentiels du début du 20e siècle. »



    Ce projet est une invitation à mieux connaître la ville et, en même temps, une invitation à la lecture : « C’est une invitation à regarder la ville sous un autre angle. Les personnages de Mircea Eliade ont tous une relation affective avec la ville. C’est pourquoi, lors de nos promenades, nous souhaitons justement découvrir comment on peut vivre la ville et comment la ville peut vivre à travers nous.



    Et c’est aussi une invitation à la lecture, car tout l’itinéraire, toutes les haltes correspondent à un passage d’un récit ou d’un roman de Mircea Eliade. C’est aussi une invitation à se rapprocher davantage de la ville. Car, de nos jours, la relation entre les Bucarestois et leur ville n’est pas saine. Or, cette relation toxique se reflète dans ce qui se passe dans les rues anciennes de la capitale, soit les mutilations de la ville et la perte de son identité ou de sa mémoire. »



    Au-delà des détails concernant les particularités de la zone où Eliade a passé son enfance, les deux guides, Alberto Groşescu et Edmond Niculuşcă, ont enchanté les participants en leur présentant des histoires, des mémoires, en évoquant des concepts propres à l’époque et en dressant un portrait de l’habitant des faubourgs d’antan.



    Et puisque le projet s’achève fin avril, Edmond Niculuşcă lance une dernière invitation: « Nous attendons les Bucarestois samedi et dimanche, 20, rue Mântuleasa, pour une promenade d’une heure à travers le Bucarest de l’enfance de Mircea Eliade. Enfant, il allait à l’école Mântuleasa, il se rendait chez ses grands-parents, dont la maison se trouvait dans l’impasse Mătăsari, il allait voir sa sœur, rue Traian. C’est là tout un espace de l’enfance, un espace mythique, qui se retrouvera plus tard dans ses écrits fantastiques. »



    La série d’événements « Eliade 110 » est organisée en collaboration avec l’Institut français de Bucarest, car la France a joué un rôle décisif dans la vie de Mircea Eliade: elle a été son premier pays d’adoption, c’est là qu’il a enseigné à l’École pratique des hautes études, c’est elle qui lui a frayé la voie de l’universalité, qui a traduit et publié ses livres. (trad. : Dominique)

  • “Temps d’images” Cluj 2015

    “Temps d’images” Cluj 2015

    Cette semaine, votre magazine d’actualité alternative délocalise son antenne à Cluj, dans le centre-ouest de la Roumanie, à l’occasion du 8e festival des arts performatifs innovants « Temps d’Images ». Un événement profondément ancré, par vocation et conviction, dans la vie sociale du pays, dont il explore, sans condescendance, maillons forts et faibles. « Corps commun » c’est la thématique de « Temps d’images 2015 » qui dure jusqu’au 14 novembre. Un sujet mis soudainement sous un autre jour par l’incendie meurtrier du 30 octobre à Bucarest, et les mouvements sociaux qui s’en sont suivis à travers le pays.



    Faire « corps commun », qu’est-ce que cela veut dire, de nos jours ? Combien solidaires sont encore nos sociétés européennes en général et la société roumaine en particulier, selon les artistes ? Comment ces artistes s’impliquent socialement et quel impact réel ont leurs créations ? Ces questions sont mises sur la table par « Temps d’images 2015 » de Cluj, un festival recommandé par Radio Roumanie Internationale, la voix de la diversité. Des questions que nous effleurons également avec nos invitées – Miki Braniste, directrice de « Temps d’Images », Corina Bucea, chargée de communication, et notre collègue Oana Cristea Grigorescu, journaliste à RRCj.


  • A la Une de la presse roumaine 24.08.2015

    A la Une de la presse roumaine 24.08.2015

    Le sort difficile des enfants roumains laissés sur place par leurs parents partis travailler à létranger occupe principalement les journaux nationaux roumains du jour, dautant plus que les chiffres de la délinquance parmi les mineurs augmentent de manière inquiétante. Les journalistes constatent également une hausse inquiétante du nombre de délits doutrage commis contre les policiers roumains. Aucun délit pourtant, juste de la beauté dans deux rues roumaines à escaliers peints, les plus intéressantes du monde…


  • Femmes dans la rue Mătăsari

    Femmes dans la rue Mătăsari

    Pour davantage de détails, nous avons invité au micro Iulian Văcărean, président de l’Association Beneca, celle qui organise le festival : «Femmes dans la rue Mătăsari» est un festival qui se propose de remplir la ville de couleur ; Mătăsari était considérée jadis comme une rue mal famée. C’est une histoire ancienne, sans doute, car à l’heure actuelle y vivent de belles gens qui veulent mettre en valeur leur ville. C’est ce que nous voulons mettre en avant sur la rue Mătăsari : la beauté de la ville ; à l’aide de l’art, de la musique et de beaucoup d’énergie positive de la part des visiteurs. Dès la première édition, nous sommes sortis dans la rue pour célébrer la création d’une communauté qui croit au changement et qui désire avoir plus qu’une ville grise, qui souhaite la remplir de couleur par ce qu’elle sait faire mieux, qui veut ranimer la rue».

    Pourquoi donc se rendre en juin dans la rue de Mătăsari ? Iulian Văcărean répond : «Les rues appartiennent à la ville et la ville appartient aux gens. Par conséquent, les gens viennent découvrir avant toute chose l’ancien faubourg de Mătăsari, dont l’histoire est merveilleusement racontée par les bénévoles de l’Association roumaine pour la Culture, l’Education et la Normalité (ARCEN). Ils réunissent des milliers des personnes dans leurs balades à travers les quartiers historiques de Bucarest et cette fois-ci ils leur ont raconté les histoires des maisons se trouvant rue Mătăsari. De même, nous pensons que la musique de bonne qualité peut changer la ville, c’est pourquoi nous avons une scène pour les concerts. S’y ajoutent le design et la graphique. On organise également une foire d’objets en tout genre. «Femmes dans la rue Mătăsari » est donc un festival dédié aux dames qui pensent que la rue leur appartient jour et nuit et qui ne s’y sentent pas menacées.».

    Si, lors de sa première édition, le festival de la rue de Mătăsari ne comptait que deux centaines de visiteurs et ne réunissait que quelques artistes et une poignée d’ONGs, il dénombre à présent non moins de 20.000 participants. Iulian Văcărean nous présente quelques ONGs qui se sont associées à la manifestation : «C’est un bel événement qui se veut une sorte de jeu. Y prennent part des ONGs importantes qui s’occupent justement des problèmes sociaux des femmes et tentent de leur offrir des solutions au cours des trois journées du festival. Cette année, notre partenaire principal a été l’Association roumaine pour la Culture, l’Education et la Normalité (ARCEN), celle qui fait découvrir aux Bucarestois les histoires méconnues de leur ville. S’y ajoutent les jeunes filles de Skirt Bike qui estiment qu’il faut conquérir la ville «pédale après pédale», car les voitures deviennent insupportables en été à Bucarest. Elles proposent une belle alternative aux automobiles : parcourir la ville à vélo ; c’est écologique et en plus cela vous aide à gagner du temps. On ne saurait oublier non plus le Théâtre Mignon, qui a été l’âme du festival cette année. C’est un théâtre très chic, dont les sièges rouges ont été installés au beau milieu de la rue. Il donne des spectacles de très bonne qualité. Enfin, nous avons eu l’appui du Centre de Création, Art et Traditions, de la Municipalité de Bucarest, CreArt».

    Trois jours durant, la rue Mătăsari a été envahie par les Bucarestois. Iulian Văcărean se déclare content de constater qu’après 5 éditions de festival la ville appartient effectivement aux gens et non pas aux voitures. Une des principales attractions en a été l’initiative Skirt Bike. Selon son organisatrice, Alexia Ursache, plus de 900 femmes à vélo s’y sont présentées : «Skirt Bike a démarré en 2010, c’était une initiative timide à l’époque, qui avait réuni une cinquantaine de jeunes filles. Histoire de nous faire remarquer par les chauffeurs et de leur dire : nous voilà. Surtout que les femmes sont plutôt réticentes lorsqu’il s’agit d’utiliser le vélo dans Bucarest, à cause du trafic. Nous avons eu du succès et des femmes de tous âges nous ont rejointes, accompagnées par leurs enfants et par leurs familles. Les événements Skirt Bike ont lieu principalement en été, mais nous encourageons l’utilisation du vélo quelle que soit la saison. Et nous voulons montrer qu’il est possible de se rendre à bicyclette sans problème au bureau, même habillée très élégamment».

    Voilà donc, une nouvelle édition à succès du festival «Femmes dans la rue Mătăsari», une véritable tache de couleur dans l’offre culturelle de Bucarest. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Le Petit Théâtre de Bucarest : les 50 premières années

    Le Petit Théâtre de Bucarest : les 50 premières années

    Avant les fêtes de fin d’année, le Petit Théâtre de Bucarest a, lui, célébré sa propre fête — le 20 décembre avait lieu la Soirée de gala « Le Petit Théâtre 50 », pour fêter les 50 années pendant lesquelles cette institution de culture est entrée dans l’histoire.



    Le Petit Théâtre est sur l’ancienne rue Sărindar, accueilli par un bâtiment qui a précisément un siècle d’existence cette année, marquée par un siècle de théâtre. Parce qu’en 1914, l’année de sa construction, était fondée la compagnie privée « Maria Filotti ». Après la seconde guerre mondiale, le théâtre devient une institution d’Etat, et porte tour à tour plusieurs noms. En 1964, il entre dans la famille des petits théâtres d’Europe, avec son nom actuel. La rue Sărindar demeure un symbole dans l’histoire de Bucarest, pour les journaux qui y étaient imprimés. C’est pourquoi l’équipe du Petit Théâtre a choisi d’entamer sa soirée d’anniversaire par des projections de lumières recomposant les titres de journaux, afin de faire revivre cette rue.



    Le comédien Mihai Dinvale, directeur du théâtre : « Ce sont surtout les gens d’âge mûr, comme nous, qui savent ce qu’est pour Bucarest et pour le pays l’histoire de cette rue. Une imprimerie où siégeaient, dans l’entre-deux-guerres, les rédactions des journaux nationaux les plus importants. Tous les titres importants. La rue donnait l’information dans tous les domaines : politique, social, culturel, de débats, de sensationnel de Bucarest et du pays. C’est de là que partaient les éditions spéciales du soir, censées faire sensation. C’est par ici que les gens sortaient d’une demi-douzaine de salles de cinéma. Toutes les deux heures, les gens remplissaient cette rue et ondulaient vers d’autres rues importantes… Et ils avaient bien de quoi discuter… La rue Sarindar était vivante au possible. A côté, il y avait les Editions Techniques. En face, l’Institut national de recherches aérospatiales. Et aujourd’hui, en venant du Cercle militaire vers cet endroit, on ne peut que constater que c’est une rue en ruine et qu’en fait, nous nous promenons parmi des fantômes… Ce qu’il reste encore, c’est le Petit Théâtre, avec ses 97 fous qui essaient de prouver aux gens de Bucarest que la flamme de la culture, celle du rêve, la flamme de l’histoire continue de vivre. Quant à d’autres fous, ils viennent voir nos spectacles, parce que nous avons quelque chose à dire. »



    Le spectacle intérieur a été ouvert par la projection d’un documentaire réalisé par la télévision publique avec des séquences tirées des archives, des quelque 250 titres joués sur la scène du Petit Théâtre pendant un demi-siècle. Vu que tous ces spectacles ne peuvent pas être énumérés, nos avons demandé à Mihai Dinvale, à présent le plus ancien membre de la troupe, puisqu’il y travaille depuis 1972, ce qui devrait rester dans la mémoire du public après 50 années de Petit Théâtre : « Le fait que ces gens ont connu des temps rudes, mais ont su se serrer les coudes, avoir le désir de dire des histoires vraies sur les gens, sur leur vie, sur leur âme… Dans ce théâtre, la vie a été intense. Des expériences uniques. Grâce à l’ambition et au pouvoir de Radu Penciulescu, ce théâtre est arrivé en quelques années seulement à être l’un des plus importants de l’époque, avec des personnalités de comédiens et de metteurs en scène particuliers, dont certains étaient fulminants et le sont jusqu’à nos jours… Une histoire extrêmement riche, donc… Et n’oublions pas le passage le plus important de son histoire, la décennie de la direction de l’écrivain Dinu Săraru. Ce fut une décennie de spectacles absolument étonnants — d’un courage fou, d’une force dramatique extraordinaire, d’une esthétique particulière, avec des metteurs en scène connus et reconnus, qui ont fait des spectacles restés à coup sûr dans l’histoire du mouvement théâtral roumain. Et cela fait 25 ans depuis que nous essayons de ne pas perdre ce théâtre, de renouveler notre méthode d’expression, d’essayer, par les générations jeunes, de maintenir ce lieu de culture dans la conscience du spectateur roumain. La contemporanéité a toujours défini le Petit Théâtre. C’est lui qui a apporté des textes nouveaux. Nous essayons de faire de même — d’être en contact permanent avec ce qui se passe dans le monde, de traduire des textes d’une grande qualité… Nous allons poursuivre cette tradition et nous essayons de la mettre en valeur par ce qui se passe à présent dans la société. »



    En 2015, le Petit Théâtre a un projet nouveau, au service de la communauté. Le comédien et directeur Mihai Dinvale : « Le Petit Théâtre dispose d’une autre salle, le Très Petit Théâtre. Nous avons là des espaces très généreux au rez-de-chaussée, que nous souhaitons transformer en une librairie du jeune auteur et du débutant, et dans l’autre espace, nous nous proposons d’avoir chaque mois une rencontre avec un jeune écrivain — une sorte de club, mais qui compterait vraiment pour le mouvement littéraire et culturel de Roumanie ». (trad. : Ligia Mihaiescu)

  • “Rucarest”

    “Rucarest”

    La rue. Quoi de plus anodin pour un citadin que cette bande de terre goudronnée ou dallée, plus ou moins bien entretenue, plus ou moins propre ; cette piste droite ou tortueuse bordée, de part et d’autre, d’immeubles avec ou sans intérêt, mais que la fréquentation quotidienne rend éperdument ennuyeux. La vérité c’est qu’on a tendance parfois à oublier la rue, à la considérer juste comme un espace de transit entre les divers intérieurs que nous sommes amenés à visiter tous les jours, dans une ville. Et pourtant, la rue est loin d’être inerte, ça nous le savons tous très bien — mais si on fait très attention, on constate qu’elle est capable, en plus, de développer, voire de porter, un petit quelque chose qui la rend toute aussi vivante que nous-mêmes. Ce détail se dévoile une exposition de photos qui rend la capitale roumaine, Bucarest, presque méconnaissable, pour le meilleur. Comment poser et renouveler notre regard quand on approche des endroits anodins? Explication avec Fred Fogherty, auteur de « Rucarest », l’exposition organisée par l’Institut français de la capitale roumaine et l’Ambassade de France en Roumanie.