Tag: sacrifice

  • La Saint Ignat

    La Saint Ignat

    En décembre, au fur et à mesure que Noël approche, les préparatifs des
    fêtes commencent. Si, en ville, tous les commerces se disputent les meilleures
    offres, dans les communautés traditionnelles d’autrefois chaque instant était
    pensé en relation avec le solstice d’hiver qui approchait. Que la Saint Ignat soit
    reprise comme un ancien rituel de sacrifice ce n’est pas un hasard, explique






    Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare : « Bien
    sûr, nous assistons encore une fois à un chevauchement d’une fête préchrétienne
    avec une fête chrétienne. Il faut dire dès le début que c’est une fête très, très
    ancienne et que ce jour était célébré chez beaucoup de peuples : chez les
    Grecs, les Romains et les Slaves. Nous, les Roumains, conservons à ce jour de
    nombreux éléments, préservés notamment des Daces et des Romains. Pendant cette
    période, les Daces et les Romains célébraient un dieu du feu. Ce n’était pas un
    dieu quelconque, mais celui du feu domestique, terrestre, un dieu du feu
    sacrificiel. Ce jour-ci, les deux peuples sacrifiaient un cochon. Entre le 17
    et le 30 décembre, les Romains célébraient les Saturnales, les jours du dieu
    Saturne, lorsqu’une truie était sacrifiée du 19 au 20 décembre. L’animal devait
    être de couleur blanche, car le dieu eu du feu était en même temps le dieu du
    soleil. »







    Le sang est un symbole de la vie et de la purification, de la renaissance
    de l’être humain sous le signe du bien. La lumière et la chaleur, des éléments
    solaires, l’accompagnent ainsi tout au long de l’année suivante. La Saint Ignat
    est avant tout une tradition du sacrifice animal. Dans de nombreuses
    communautés traditionnelles de Roumanie, les rituels d’aujourd’hui ont survécu
    pendant des siècles, malgré le fait que la société moderne condamne de plus en
    plus ce type de pratiques, affirme Delia Suiogan : « La Saint Ignat
    est mieux connue dans la région extra-carpatique de Roumanie. Elle est
    également attestée à l’intérieur de l’arc des Carpates, dans les anciens
    recueils de folklore, mais elle est entrée dans une mémoire passive. On en sait
    moins sur la Saint Ignat comme fête préchrétienne et davantage depuis la
    perspective religieuse. Chez les Roumains de l’extérieur des Carpates, c’est
    une fête très suivie et qui s’appelle l’Ignat des cochons. Le 20 décembre, on
    sacrifie le cochon. La race de l’animal à abattre est très importante, il faut
    que ce soit un cochon noir ou un cochon blanc. Le cochon noir est sacrifié si
    l’on veut utiliser le sang et le saindoux pour toutes sortes d’incantations et
    de remèdes contre les maladies. Mélangé avec de la farine d’avoine, le sang de
    porc noir pouvait être utilisé comme remède toute l’année suivante, par tous
    les membres de la famille tombés malades. Il semble avoir été un remède très
    bien conservé dans la mémoire du paysan roumain. Le saindoux de porc noir,
    mélangé avec une grande variété de produits naturels, était utilisé pour
    fabriquer toutes sortes de pommades. »

    En Europe, la
    Saint Ignat est respectée que par les Roumains et les Aroumains. À présent, les
    habitudes culinaires roumaines autour de Noël impliquent la préparation de
    plusieurs charcuteries et plats à base de viande de porc, tels que les
    saucisses, les sarmale (mélange de viande de porc hachée et de riz, enveloppé
    dans des feuilles de choucroute), la piftia (porc en aspic) et le caltaboş (une
    saucisse plus spéciale, que l’on fait bouillir). (Trad. Felicia Mitrasca)






  • A la Une de la presse roumaine du 05.03.2013

    A la Une de la presse roumaine du 05.03.2013


    A la Une d’Evenimentul zilei, le président de la République, Traian Băsescu, estime que « l’élimination des corrompus n’est pas un trop grand sacrifice pour l’entrée dans Schengen ». Dans les pages intérieures, l’article se poursuit : « L’USL (au pouvoir) rate la cible Schengen et blâme l’Europe ». La Roumanie renonce à demander un vote pour son admission à Schengen, et hausse le ton à l’adresse des partenaires européens, lit-on dans le journal cité. Pour mémoire, parmi d’autres prises de position à la tête de l’USL, le ministre roumain de l’Intérieur a déclaré que son homologue allemand « avait perdu l’occasion de se taire », propos repris par Adevărul.


    L’attitude des gouvernants roumains est considérée comme « un bluff diplomatique dans la tentative de transformer une situation défavorable en victoire », dans România liberă. « Il est clair, je pense, avec chaque nouveau pas de la gouvernance actuelle, que les limites du comportement décent et pro-européen sont dépassées une à une », opine une autre voix dans Evenimentul zilei. Oui, mais c’est une attitude que l’électorat de l’USL crédite, c’est la conclusion de l’éditorial de România liberă. Evenimentul zilei croit même savoir que sept Etats pourraient être contre la Roumanie si un vote sur l’admission de la Roumanie était organisé.


    La non adhésion à l’espace de libre circulation a un prix, et les compagnies roumaines en sont victimes. Pour Deutsche Welle, les dirigeants roumains sont soit « incompétents », soit ils « veulent muter le pays dans les bras ouverts de la Russie ». Evenimentul zilei est aujourd’hui le quotidien qui consacre le plus de colonnes à ce sujet. Le même qui inspire l’article intitulé « Peut-on vivre sans Schengen ? Oui. Mais également sans l’USL ! », le commentaire, c’est que la Roumanie renonce non pas à Schengen, mais aux efforts d’y être admise, parce que les Roumains ont satisfait à tous les critères.


    Dans ces circonstances, le président Băsescu demande au premier ministre, d’une part, de « sacrifier les corrompus (présents au gouvernement) pour Schengen » (dans Adevărul) et d’obtenir un nouveau délai pour que ce problème soit discuté — en septembre ou en décembre — dans Evenimentul zilei.


    « La Roumanie ne veut pas de vote sur Schengen »titre Jurnalul naţional, qui tient Traian Băsescu pour « l’unique responsable » de toute la situation, comme l’affirmait le porte-parole du PSD (au pouvoir). Cet article fait face à un autre, sur la même page : « Qu’est-ce que Băsescu a obtenu, pour son pays, de Merkel ? ». La conclusion, c’est que : « il existe un chef d’Etat européen, un seul, qui ne veut pas que nous entrions dans Schengen. Son nom est Traian Băsescu », lit-on dans Jurnalul naţional, favorable au pouvoir.


    Pourquoi l’alliance au pouvoir renoncerait-elle à Schengen ? La réponse est dans l’édito de România liberă, sous la forme d’une question : « y a-t-il un autre enjeu pour les Roumains après l’intégration à 100% dans l’espace de l’UE ? (…) La triste vérité, c’est que, cinq années après l’intégration, les Roumains sont, en réalité, loin de l’Union européenne, et ce de manière inquiétante ».