Tag: ‘samizdat’

  • Le samizdat Ellenpontok (Contrepoints)

    Le samizdat Ellenpontok (Contrepoints)

    « Ellenpontok » ou « Contrepoints » a été écrit par un groupe de 4 intellectuels d’origine magyare : Antal Karolyi Toth, professeur de biologie à Oradea et son épouse, le poète Geza Szöcs de Cluj et le philosophe Attila Ara-Kovacs, qui en a lancé l’idée. « Ellenpontok » a circulé au-delà des frontières de la Roumanie grâce au soutien accordé par l’opposition anticommuniste de Hongrie.

    Csongor Janosi, de l’Institut de recherches de l’Université bucarestoise, a réuni une documentation sur ce samizdat. Selon lui, le groupe constitué des époux Toth, de Szöcs et d’Ara-Kovacs a agi pour des raisons aussi bien collectives que personnelles.

    Csongor Janosi : «Pourquoi ce samizdat est-il apparu à Oradea et non pas à Cluj ou à Târgu Mureş? A part les raisons personnelles des futurs éditeurs, il est lié à leur tentative échouée de créer une revue culturelle magyare à Oradea, en 1980. Les initiateurs du projet ont rédigé un mémoire, par lequel ils demandaient au Comité Central du Parti Communiste Roumain et à l’Union des écrivains de Bucarest, l’autorisation de créer à Oradea une revue qui bénéficie de sa propre équipe de rédaction, tout comme les revues « Korund » de Cluj et « Igaz Szó » de Târgu Mureş. Au cas où le projet n’était pas approuvé tel quel, on proposait comme alternative la parution de la revue comme supplément de la revue culturelle et littéraire « Familia » (La Famille) publiée à Oradea en langue roumaine.»

    Selon Janosi, l’avis négatif à leur demande a été le moment-clé où les initiateurs se sont dit qu’ils devaient faire illégalement ce qui légalement n’était pas possible. Ara-Kovacs (28 ans) a convaincu Szöcs à contribuer à rédiger la revue illégale. Les époux Toth les ont rejoints en 1982.

    Csongor Janosi nous parle des débuts du samizdat : « L’activité éditoriale a démarré en février 1982. La plupart des textes étaient recueillis par Ara-Kovacs, alors que les rédacteurs d’Oradea structuraient, multipliaient et distribuaient la revue à Oradea et en Hongrie. Szöcs était chargé de sa distribution dans la zone de Cluj et dans les zones habités par des Sicules. Les rédacteurs se proposaient de parler ouvertement de leurs conditions de vie ; Ara-Kovacs a rédigé un texte à caractère général imprimé sur la deuxième couverture de chaque numéro. La première partie de ce texte peut être considéré comme un credo de la revue – je résume : « Contrepoints » est une revue publiée en samizdat, elle paraît occasionnellement, nous souhaitons faire connaître les violations des droits humains en Europe Centrale et de l’Est, dont les répressions politiques, économiques et culturelles de Magyars de Transylvanie. »

    La revue s’inspirait de publications similaires hongroises et polonaises, mais aussi des mouvements d’opposition de ces pays. Un tiers des articles parus dans les pages d’« Ellenpontok » était repris aux revues illégales publiées à l’étranger. La moitié des articles originaux étaient signés par Ara-Kovacs.

    Comment la revue était-elle réalisée, du point de vue technique, et quel était son contenu? Csongor Janosi explique: « Les 6 premiers numéros ont été multipliés en 5 exemplaires à l’aide d’une machine à écrire apportée clandestinement de Hongrie par Ara-Kovacs. Puisqu’elle n’avait pas été enregistrée au poste de police, on ne pouvait pas identifier l’origine des textes à partir des caractères. Les 5 premiers numéros ont été écrits par Ara-Kovacs et multipliés par Ivona Toth, le 6e a été réalisé par Antal Karolyi Toth. Les 7e et 8e numéros ont été multipliés en 50 exemplaires par les époux Toth dans le sous-sol de leur maison, à l’aide d’une photocopieuse polonaise. Les revues comptaient entre 14 et 56 pages. Le 8e numéro est paru en octobre 1982, il a été réalisé par Antal Karolyi Toth et il contient un mémorandum et une proposition de programme politique. Les deux documents critiquaient les politiques des régimes en place en Europe de l’Est et formulaient des exigences politiques alternatives. Envoyés par différents moyens aux ambassades américaine, britannique, française, finlandaise, allemande et autrichienne, ces documents ont fini par être connus à l’étranger. Ils sont même arrivés à la réunion de Madrid de la Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe, à l’ordre du jour de laquelle figurait l’amélioration des relations entre les pays membres et la mise en œuvre de l’Acte final d’Helsinki. »

    Entre mars et octobre 1982, 8 numéros de la revue sont donc parus, totalisant 293 pages et réunissant 65 articles. Le dernier numéro, le 9e, comptait 24 pages. Radio Free Europe en hongrois ayant commencé à accorder de plus en plus d’attention au samizdat, la Securitate – la police politique du régime communiste – a commencé à chercher plus activement les auteurs des écrits clandestins. Peu après, à l’automne 1982, la Securitate de Cluj a réussi à obtenir des informations lui permettant de perquisitionner la maison de Szöcs et de trouver la revue. Ensuite, ce fut le tour des maisons de Toth à Oradea et des autres membres du groupe.

    Csongor Janosi : « Ce qui est intéressant, c’est que les éditeurs des « Contrepoints » n’ont pas été arrêtés, ils se sont défendus en liberté. En janvier, février et mars 1983 ils ont été convoqués pour donner des déclarations. Le 17 mai, le dossier a été fermé et ils ont été acquittés. Toutes les personnes impliquées ont été convoquées aux sièges de la Securitate de Cluj et d’Oradea et ils ont reçu des avertissements. Aucune mesure pénale n’a été appliquée, car ce n’était pas dans l’intérêt du régime de vulgariser cet incident et de faire de ses protagonistes des martyrs. »

    L’histoire des héros du samizdat « Ellenpontok » a fini, comme tant d’autres, par l’émigration. Ara-Kovacs et les époux Toth sont partis en Hongrie en 1983 et respectivement 1984, Szöcs est parti République fédérale d’Allemagne en 1986. Il allait retourner à Cluj, en Roumanie, en 1989, après la chute du communisme. (Trad. : Dominique)

  • El samizdat en Rumanía

    El samizdat en Rumanía


    En el comunismo, la censura controlaba todas las impresiones. El samizdat, como manera subversiva de comunicación, se creó para poner en circulación ideas y actitudes que criticaban al régimen y proponían reformas políticas y económicas. Su particularidad, como lo muestra también el origen de la palabra en ruso, fue que lo publicaba el autor y no una editorial. Un clásico del samizdat fue el escritor y médico soviético Vladimir Bukovski, y también el dramaturgo checo Vaclav Havel. El samizdat se escribía a máquina o se imprimía con medios rudimentarios.



    En Rumanía, el samizdat circuló menos a causa de la dureza del régimen de Ceauşescu. Para combatir la producción del samizdat, la milicia obligaba a las personas que tenían máquinas de escribir, alrededor de 1980, a registrar sus objetos y a presentar cada año una muestra. A pesar del rigor, algunos eligieron emplear el samizdat como llamamiento a la asociación para defender los derechos humanos. Una de las asociaciones subversivas fue la Unión de los Húngaros de Ardeal creada por el profesor de filosofía Borbely Erno. Entrevistado en el año 2002 por el Centro de Historia Oral de la Radiodifusión Rumana, Borbely contó cómo nació la idea de crear la organización y cómo consiguió obtener los primeros textos samizdat:



    “Conseguí crear la organización subversiva tras varios debates con algunos compañeros y amigos, con varios intelectuales de Rumanía, y mediante los estudios, la lectura y la difusión de algunos samizdats procedentes del extranjero. Un día pensamos en hacer algo. El sentimiento de incapacidad era penoso, de imposibilidad de hacer algo. Y entonces pensé crear una organización. Los samizdats procedían sobre todo de Hungría, y también de Austria y Francia. La inmigración rumana en Francia era muy fuerte y había samizdats que atacaban al régimen comunista, e intentaban mostrar de manera objetiva, los inconvenientes del régimen comunista y de la dictadura en Rumanía. En Hungría existía un movimiento de este tipo desde principios de los años 70. Sin embargo, allí había un poco más libertad. Aunque los opositores eran siempre perseguidos, tenían muchas más posibilidades. Es decir que el régimen no era tan duro y salían muchísimos samizdats, la mayoría escritos por profesores universitarios de filosofía y sociología.”



    En los años del comunismo, cualquier persona que se asociaba sin aprobación oficial era sospechosa de intervenciones subversivas y enviada a la cárcel. Borbely Erno se dio cuenta de la lucha desigual contra el Estado y decidió que la organización tuviera un número reducido de miembros:



    “No quisimos tener muchos miembros en nuestra organización, como se suele tener en los sistemas políticos, con los miembros del partido o los miembros de la asociación. Era un círculo más reducido, el núcleo estaba formado por tres personas que tenían muchísimos contactos. Iniciamos varios debates, incluso con los disidentes que ya eran alguien en aquella época, como Kiraly Karoly. Iniciamos varios debates justamente para aumentar en algún momento el núcleo. Pero queríamos que la base de la organización estuviera formada por tres personas. Éramos yo, Biro Katalin y Buzasz Laszlo. Sabíamos muy bien que nos podrían atrapar en cualquier momento. La “securitate” (policía política rumana) era ágil, escuchaba por todas partes y tenía muchos colaboradores en todo el país, y entre toda la población.”



    ¿Qué objetivo tenía la organización? He aquí la declaración de Bornely Erno:



    “Queríamos difundir varios materiales, incluso materiales procedentes de estos samizdats escritos por especialistas en varios ámbitos, elaborar nuestros samizdats y hacer cierta propaganda. Por supuesto que la propaganda no se podía hacer de manera directa, aunque quisiéramos difundir manifiestos y pequeñas revistas en varias localidades. Pensamos en una manera de difundirlos, pero queríamos que todo llegara a varias publicaciones de occidente, sobre todo a emisoras de radio como Deutsche Welle, Europa Libre y la Voz de América, mediante las cuales los textos volvían a casa. De esta manera, habríamos intentado hacer cierta propaganda, llamar la atención. Si no nos hubieran descubierto, entonces habríamos implicado a más gente. Con unos amigos de occidente habríamos podido declarar públicamente, ante una gran presencia de la prensa, que nosotros nos declarábamos asociación oficial. Podrían liquidar fácilmente a dos o tres personas, pero con 50-100 personas era más difícil.”



    El samizdat era más que un manifiesto, era el diagnóstico de un régimen enfermo en estado terminal, como era el comunismo. Hemos preguntado a Borbely Erno qué contenían los textos de los samizdats que escribió:



    “Algunos de los temas se relacionaban, antes que nada, con la libertad: la libertad de la prensa, la libertad de la palabra, la libertad de circulación. Queríamos difundir un estudio publicado en Francia, justamente sobre los documentos de Helsinki, firmados por el mismo Ceauşescu, que no se habían publicado o aplicado. Queríamos difundir por separado, en un papelito, los derechos humanos. Otros temas eran la vida social y las posibilidades de la juventud, nosotros lo enfocábamos todo. Aunque fuéramos una asociación húngara, éramos conscientes de que, al fin y al cabo, los grandes sufrimientos eran los mismos para toda la población del país y el problema de la minoría húngara no se podía solucionar sin solucionar los problemas fundamentales.”



    El samizdat en Rumanía fue un intento de movilizar a la población para formar una resistencia civil ante los abusos del régimen. Aunque no tuviera la difusión de la que gozó en la Unión Soviética, Checoslovaquia y Polonia, el samizdat en Rumanía tuvo eco entre las personas decididas a cambiar algo.



  • Le samizdat en Roumanie

    Le samizdat en Roumanie

    A l’époque communiste, tous les écrits étaient soumis à la censure. Paru comme une forme subversive de communication, le samizdat était un système clandestin de circulation d’écrits dissidents en URSS et dans les pays du bloc de l’Est. Le mot russe samizdat se traduirait par autoédition et cela veut dire que ce système supposait la publication des écrits par leurs auteurs sans l’implication d’une maison d’édition. Parmi les principaux auteurs de samizdats figurent l’écrivain et le médecin soviétique Vladimir Bukovsky ou encore le dramaturge tchèque Vaclav Havel. Il est important de préciser que le samizdat était toujours écrit à la machine et distribué à l’aide de moyens plutôt rudimentaires.

    En Roumanie, la production de samizdats fut assez faible vu la sévérité du régime communiste. Pour la réprimer, les machines à écrire faisaient l’objet d’un contrôle strict de la part de la milice qui prétendait à leurs propriétaires de les enregistrer et d’offrir chaque année un échantillon d’écriture. Malgré la rigueur du régime, le samizdat a pourtant servi aux intérêts de ceux qui voulaient défendre les droits de l’homme. Tel fut le cas de l’Union des Magyars de Transylvanie.

    Créée par le professeur de philosophie Borbely Ernö, l’association figurait parmi les organisations subversives comme nous le disait en 2002 son auteur : « J’ai pris la décision de mettre en place une telle organisation subversive suite à des discussions avec plusieurs amis intellectuels roumains et après avoir lu et distribué des samizdats qui me parvenaient de l’étranger. On a donc décidé de créer une société qui nous aide à lutter contre le sentiment d’impuissance et inutilité que l’on ressentait à l’époque. La plupart des samizdats nous parvenaient de Hongrie, d’Autriche et de France. La diaspora roumaine de France était très forte à l’époque. Elle nous envoyait des samizdats qui s’attaquaient au communisme, en démontrant d’une façon objective les lacunes d’un tel système et l’injustice du communisme en Roumanie. Il convient de mentionner qu’un tel mouvement anti-communiste existait en Hongrie aussi, depuis le début des années 1970. Mais bon, les Hongrois étaient plus libres que nous, malgré le pouvoir de surveillance des autorités. Le régime communiste hongrois n’était pas aussi sévère que le nôtre et la circulation des samizdats dont la plupart appartenaient à des professeurs d’université, de philosophie et sociologie, était plus intense qu’en Roumanie ».

    A l’époque communiste, quiconque s’associait sans une approbation officielle était accusé d’intentions subversives et jeté en prison. Conscient de l’injustice de la bataille qu’il avait engagée contre l’Etat, Borbely Ernö a décidé que son organisation s’ouvre à un nombre limité de membres : « On n’a pas voulu accepter trop de personnes comme le font d’habitude les partis ou les associations politiques. Nous, on formait plutôt un petit cercle de personnes réunies autour d’un noyau dur de trois ou quatre membres qui avaient de nombreux contacts. On a entamé des discussions avec des dissidents en vogue à l’époque, tels Kiraly Karoly, afin d’élargir les rangs de notre organisation. Pourtant, dès le début, on s’est proposé de construire tout autour de trois membres fondateurs : moi, Biro Katalin et Buzasz Laszlo. On était parfaitement conscients des risques que l’on courait. La police était agile, elle dressait l’oreille à tout moment et surtout, elle avait plein d’agents au sein de la population ».

    Quel était le but de l’organisation ? Bornely Ernö répond: « Nous voulions diffuser plusieurs éléments, y compris ceux des spécialistes de différents domaines, élaborer nos propres samizdats et faire une sorte de propagande. Certes, on ne pouvait pas faire cette propagande de manière directe, bien que nous ayons voulu transmettre des manifestes et de petites revues dans différentes localités. Nous avons pensé à une méthode en ce sens, mais notre but était de faire tout paraître dans des publications occidentales et surtout d’être diffusés par les radios telles que la Deutsche Welle, Radio Free Europe et La Voix de l’Amérique, à l’aide desquelles les textes arrivaient de nouveau en Roumanie. C’est de cette manière que nous avons tenté de mener une sorte de propagande, d’attirer l’attention vers nous. Si nous n’avions pas été découverts, nous aurions attiré encore davantage d’adhérents. Aux côtés d’amis d’Occident nous aurions pu affirmer publiquement, devant une presse plus nombreuse, que nous nous déclarions association officielle. Et pour cause : il était facile de liquider 2 ou 3 personnes, mais il était plus difficile d’en faire de même avec une cinquantaine ou une centaine».

    Le samizdat était plus qu’un manifeste, c’était un diagnostic donné à un régime malade en phase terminale, tel le communisme. Nous avons demandé à Borbely Ernö quel était le contenu des textes qu’il a écrits: « Parmi les thèmes abordés figuraient avant tout ceux ayant trait à la liberté : la liberté de la presse, la liberté d’expression, la libre circulation. Je voulais diffuser une étude parue en France justement sur les documents de Helsinki signés par Ceausescu lui-même et qui n’avaient pas été publiés, ni mis en œuvre. Je voulais diffuser une brochure avec les droits de l’homme. Puis, il y avait des sujets liés à la vie sociale et aux opportunités des jeunes. Nous parlions de tout en fait. Nous étions une organisation magyare, mais nous étions très conscients qu’en fin de compte les grandes souffrances étaient les mêmes pour tous et que le problème de la minorité magyare ne pouvait pas être résolu sans trouver une solution aux problèmes fondamentaux ».

    En Roumanie, le samizdat a été donc une tentative de mobiliser la population à construire une résistance civile face aux abus du régime communiste. Bien qu’il n’ait pas eu l’ampleur du samizdat de l’Union Soviétique, de Hongrie, de Tchécoslovaquie ou de Pologne, en Roumanie ce phénomène a eu de forts échos au sein de la population qui voulait faire changer les choses. (Trad. Ioana Stancescu, Valentina Beleavski)

  • The Underground Press in Communist Romania

    The Underground Press in Communist Romania

    The ‘Samizdat’, which was a key form of dissident
    activity across the Soviet bloc, in which individuals reproduced censored
    publications passing the documents from reader to
    reader,appeared in
    Romania at a time when all publications were subjected to harsh communist
    censorship. This form of underground press was used to disseminate ideas and
    attitudes that criticized the regime, at the same time introducing political
    and economic reforms. The particularity of this type of press was that it
    wasn’t published by a certain publishing house, but by the authors themselves.
    One of the classics of this form of avoiding censorship was the Soviet writer
    and physician Vladimir Bukovski. Another major figure of this phenomenon was
    the Czech playwright Vaclav Havel. This type of press was either typewritten or
    rudimentarily printed.


    In Romania the Samizdat didn’t reach the intensity it
    had in the other communist countries because, under dictator Ceausescu, the
    country had the most repressive political police. In order to stifle the
    phenomenon, all those in the possession of typewriters had to have them
    registered with the local police, which was called militia back in the day. In
    spite of all those restrictive measures, some people resorted to this type of
    press in order to rally support for human rights observance. One of the
    subversive associations of the time was the Union of Hungarians in
    Transylvania, set up by a professor of philosophy called Borbely Erno. In an
    interview to the Oral History Center of the Romanian Broadcasting Corporation,
    in 2002, Borbely told how he got the idea of setting up the organisation and
    how he got the first samizdat texts.


    Borbely Erno: I decided to set up this organisation following a series of
    discussions with colleagues and friends, with many intellectuals in Romania. I
    had already started reading and disseminating banned texts, which I got from
    abroad. One day we decided to take some action because we had that feeling of
    hopelessness, of being unable to do
    anything. So I came up with the idea of setting up an organisation. We got a
    lot of texts from Hungary, Austria and France. France had a strong community of
    Romanian expats at that time and from there we got a lot of Samisdat texts,
    very critical of the communist regime and the dictatorship in Romania. A
    similar organisation had been operational in Hungary since early 1970, but they
    enjoyed some liberty there unlike us in Romania. Although dissidents were being
    monitored there too, they had more freedom and there were more banned texts in
    circulation, most of them written by professors of philosophy and sociology.


    Back in the communist time, anyone joining an
    association without the authorities’ approval became a suspect of subversive
    intentions and was thrown into prison. Knowing he was actually taking on the
    communist Goliath, Borbely Erno decided to keep the organization small at
    first.


    Borbely Erno: We did not want to have many
    members in our organization, as political systems usually do, party or
    association members. It was a smaller group and its nucleus was made up of 3
    people who had a lot of connections. We started having talks with people,
    including with dissidents who were already famous at the time such as Kiraly
    Karoly. We were holding those talks as we wanted to enlarge the group’s nucleus
    at a certain point. But we wanted to count on 3 persons. There were the 3 of
    us, myself, Biro Katalin and Buzasz Laszlo. We knew it
    very well that we could get caught, the Securitate officers were very clever,
    they were tapping us everywhere we went and they had many collaborators across
    the country among the general population.


    Borbely Erno also talked about the purpose of the organization.


    We wanted to distribute more materials, including materials taken
    over from samizdats written by experts in various fields, to draft our own
    samizdats and to make a certain type of propaganda. Of course we could not make
    a direct propaganda although we wanted to spread manifestos and the so-called
    small journals in various cities and towns. We thought of a method to spread
    them but we wanted them to reach various publications in the West, and
    especially radio stations such as Deutche Welle, Free Europe and the Voice of
    America, by means of which our texts reached back home. Through this method we
    would have tried to make a certain type of propaganda, to draw attention on us.
    If everything had gone smoothly without us being discovered, we would have
    managed to co-opt more adherents. With the help of friends from the West we
    could have gone public, in the sense of declaring ourselves as an official
    association. They could have annihilated 2 or 3 people easily but it would have
    been more difficult to kill 50 – 100.


    The samizdat was more than a manifesto, it was a diagnosis put to an
    ailing regime in its final stage, as Communism was. We asked Borbely Erno about
    the content of the texts he used to write .


    Some of the topics I
    approached were related to freedom: freedom of the press, freedom of speech,
    free movement of people. We wanted to distribute a study that appeared in
    France, about the Helsinki documents signed by Ceausescu, that had not been
    either published or applied. We wanted to disseminate the human rights separately,
    on leaflets. Then I approached topics related to social life and opportunities
    for youth. Although we were a Hungarian organization, we were very aware that
    eventually everyone suffered the same and the issues of the Hungarian minority
    could not be solved without first solving the fundamental issues of society.


    The samizdat in Romania was an attempt to mobilize the
    population in order to set up a civil resistance against the regime’s abuse.
    Although it was not as widespread as in the Soviet Union, Hungary, the Czech
    Republic and Poland, the samizdat in Romania got across to those who were
    determined to change something.



  • Samizdatul în România

    Samizdatul în România

    În comunism, cenzura controla toate tipăriturile. Samizdatul, ca formă subversivă de comunicare, a apărut pentru a pune în circulaţie idei şi atitudini care criticau regimul şi propuneau reforme politice şi economice. Particularitatea lui, aşa cum o arată şi originea cuvântului din limba rusă, a fost aceea că era publicat de autor şi nu de o editură. Unul dintre clasicii samizdatului a fost scriitorul şi medicul sovietic Vladimir Bukovski, un alt nume important fiind cel al dramaturgului ceh Vaclav Havel. Samizdatul era fie bătut la maşina de scris, fie tipărit cu mijloace rudimentare.



    În România, samizdatul a avut o circulaţie mai restrânsă din cauza durităţii regimului Ceauşescu. Pentru a combate producţia de samizdat, miliţia îi obliga pe cei care deţineau maşini de scris, din anii 1980, să-şi înregistreze obiectele şi să dea în fiecare an un eşantion. În ciuda rigorii, unii au ales să folosească samizdatul pe post de chemare la asociere în vederea apărării drepturilor omului. Una dintre asociaţiile subversive a fost Uniunea Maghiarilor din Ardeal înfiinţată de profesorul de filosofie Borbely Erno. Intervievat în anul 2002 de Centrul de Istorie Orală din Radiodifuziunea Română, Borbely a povestit cum i-a venit ideea înfiinţării organizaţiei şi care a fost filiera prin intermediul căreia a intrat în posesia primelor texte samizdat.



    “Am ajuns să infiinţez organizaţia subversivă în urma mai multor discuţii cu diferiţi colegi şi cu prieteni, cu mai mulţi intelectuali din România, şi prin studii, prin citirea şi răspândirea unor samizdaturi, pe care le obţineam din străinătate. Într-o zi ne-am gândit să începem şi noi să facem ceva. Era ceva chinuitor acel sentiment de neputinţă, de imposibilitate de a face ceva. Şi atunci m-am gândit să facem o organizaţie. Samizdaturile le obţineam în primul rând din Ungaria, mai veneau şi din Austria şi Franţa. Emigraţia română în Franţa era foarte puternică şi erau samizdaturi care atacau regimul comunist, şi încercau să demonstreze, în mod obiectiv, neajunsurile regimului comunist şi ale dictaturii din România. În Ungaria exista o astfel de mişcare încă de la începutul anilor 1970. Acolo, totuşi, exista o libertate ceva mai mare. Deşi şi opozanţii erau întodeauna urmăriţi şi filaţi, totuşi aveau posibilităţi mult mai mari. Adică nu era un regim atât de sever şi apăreau foarte multe samizdaturi, majoritatea scrise de profesorii universitari de filosofie şi sociologie.”



    În anii comunismului, oricine se asocia fără aprobarea oficială era suspectat de intenţii subversive şi aruncat în închisoare. Borbely Erno şi-a dat seama de lupta inegală pe care o ducea cu statul şi a ales ca organizaţia sa să fie la început una redusă numeric. ”În organizaţia noastră nu am vrut să avem mulţi membri, cum se obişnuieşte în sistemele politice, cu membri de partid sau membri de asociaţie. Era un cerc mai restrâns, nucleul era format din trei persoane care aveau foarte multe contacte. Am început mai multe discuţii, inclusiv cu disidenţi care aveau deja un nume pe vremea aia, aşa cum era Kiraly Karoly. Am început mai multe discuţii tocmai pentru a ne mări nucleul, la un moment dat. Însă am fi vrut să fim trei persoane la baza acelei organizaţii. Eram eu, Biro Katalin şi Buzasz Laszlo. Ştiam foarte bine că oricând pot să ne prindă, Securitatea era ageră, asculta peste tot şi avea mulţi colaboratori are în toată ţara în rândul întregii populaţii.”



    Care era scopul organizaţiei? Bornely Erno: “Voiam să difuzăm mai multe materiale, inclusiv preluate din aceste samizdaturi scrise de specialişti în diferite domenii, să elaborăm şi noi samizdaturile noastre şi să facem o anumită propagandă. Bineînţeles că această propagandă nu puteam să o facem în mod direct, deşi voiam să răspândim manifeste şi aşa-zise mici reviste în diferite localităţi. Ne-am gândit la o metodă pentru răspândirea lor, dar voiam ca totul să ajungă la diferite publicaţii din Occident, mai ales la posturile de radio cum erau Deutsche Welle, Europa Liberă şi Vocea Americii, prin intermediul cărora textele reajungeau acasă. Prin această metodă am fi încercat să facem o anumită propagandă, să atragem atenţia asupra noastră. Dacă totul ar fi mers fără să fim descoperiţi, atunci am fi cooptat aderenţi mai mulţi. Cu nişte prieteni din Occident am fi putut declara în public, în faţa unei mari prezenţe de presă, că noi ne declarăm asociaţie oficială. Doi-trei oameni puteau fi lichidaţi uşor, dar vreo 50-100 mai greu.”



    Samizdatul era mai mult decât un manifest, el era un diagnostic pus unui regim bolnav în stadiu terminal, aşa cum era comunismul. L-am întrebat pe Borbely Erno care era conţinutul textelor samizdat pe care le-a scris el. “Printre teme erau, înainte de toate, cele legate de libertate: libertatea presei, libertatea cuvântului, libertatea de circulaţie. Voiam să difuzăm un studiu, apărut în Franţa, tocmai despre documentele de la Helsinki, semnate chiar de Ceauşescu, care nu fuseseră nici publicate nici aplicate. Voiam să difuzăm separat, pe o fiţuică, drepturile omului. Erau apoi teme legate de viaţa socială şi de posibilităţile tineretului, noi ne referam la tot. Deşi eram o organizaţie maghiară, eram foarte conştienţi că la urma urmei suferinţele mari sunt aceleaşi pentru toată populaţia ţării şi problema minorităţii maghiare nu se putea rezolva fără rezolvarea problemelor fundamentale.”



    Samizdatul în România a fost o încercare de a mobiliza populaţia pentru constituirea unei rezistenţe civile în faţa abuzurilor regimului. Deşi nu a avut răspândirea din Uniunea Sovietică, Ungaria, Cehoslovacia şi Polonia, samizdatul în România a avut ecouri în rândul celor hotărâţi să schimbe ceva.