Tag: sans-abri

  • Douche mobile pour les SDF

    Douche mobile pour les SDF

    La vie des SDF est un cumul de difficultés auxquelles ils se heurtent quotidiennement. L’hygiène en est un. Heureusement, depuis septembre dernier, les sans-abri de Bucarest ont une solution à ce problème : une douche mobile mise à leur disposition par l’Association Carusel, une ONG caritative qui tente depuis plusieurs années d’améliorer la vie des gens les plus marginalisés de la capitale roumaine. De quoi s’agit-il plus concrètement ? Un véhicule doté d’une douche, de lave-linge et de sèche-linge fait le tour de la ville deux fois par semaine et visite ses bénéficiaires.

    Les gens l’attendent avec impatience, affirme Carmen Voinea, responsable de communication au sein de l’Association Carusel : « Nous allons en ville chaque semaine. Nous sommes très contents de voir qu’il existe des gens désireux d’utiliser la douche. Ils emploient aussi les lave-linge et les sèche-linge. Pour le moment il est difficile de faire un calcul, mais je dirais que ces deux derniers mois, plusieurs dizaines de personnes en ont bénéficié. Cette douche mobile est une fait un véhicule utilitaire recréé à zéro selon nos indications et doté de tous les équipements nécessaires pour que son intérieur ressemble à une véritable douche. Qui plus est, nous avons des lave-linge et des sèche-linge aussi. »

    Le programme « Mobil’douche » est inspiré d’initiatives similaires mises en place aux Etats-Unis et en France. A part les facilités déjà mentionnées, le véhicule bucarestois est doté de toilettes, sèche-cheveux, instruments pour faire couper les cheveux, WiFi gratuit et espaces de stockage pour le matériel que l’équipe de l’Association Carusel distribue aux SDF, comme par exemple les vêtements reçu via des dons. Pour l’instant, la douche mobile circule au centre-ville de Bucarest, entre les Places Universitatii (de l’Université) et Unirii (de l’Union), car son fonctionnement est conditionné par le réseau d’hydrants de la capitale.

    Carmen Voinea ajoute : « Cette douche mobile est connectée aux hydrants et stationne environ 8 heures par jour dans certains quartiers. Ces quartiers avec leurs besoins spécifiques ont été identifiés lors d’autres projets que nous avons menés. Ce sont des zones qui regroupent de nombreuses personnes qui ont besoin de nos services, mais aussi des zones faciles à trouver. Nous visons actuellement la zone entre les places Unirii et Universitate, mais sous peu nous irons aussi vers la Gare du Nord. »

    Comme tous les autres programmes de l’Association Carusel, « Mobil’douche » compte beaucoup sur les bénévoles de tous âges, affirme Carmen Voinea: « Carusel a une équipe merveilleuse formée de quelque 70 bénévoles provenant de domaines d’activité les plus divers et ayant des âges très variés. Ce sont des étudiants, des membres d’autres ONGs, des informaticiens, des salariés de multinationales. Je pense que nous sommes une très belle équipe. Ce qui nous réjouit le plus, c’est de voir les gens vouloir s’impliquer, faire quelque chose de plus par rapport à leur travail quotidien. Plus encore, nous pensons que les bénévoles sont une voie d’accès à une communauté plus large. Ils peuvent transmettre aux autres notre appel à être solidaires, à renoncer aux idées reçues, aux discours qui stigmatisent ou qui marginalisent.»

    Un diplôme universitaire en Sécurité sociale dans sa poche, Florentina Croitoru travaille en tant que bénévole auprès de l’Association Carusel. « Mobil’douche » s’avère aussi bien une opportunité de mettre en oeuvre tout ce qu’elle a appris pendant ses études, mais aussi l’occasion de développer son empathie. Florentina Croitoru: « Au début, j’avais très peur de ne pas faire face. J’ai commencé le bénévolat par une sortie par semaine, à partir de 20h00, tous les mercredis. Dans un premier temps, je n’étais même pas capable de leur adresser la parole. J’avais peur de ne pas les vexer. Mais petit à petit, on a fini par mieux se connaître et à présent, ils me font confiance. La rue leur fait vivre toute sorte de traumas – physiques ou psychiques – et c’est pour cela qu’ils ont du mal à se confier aux gens qu’ils ne connaissent pas et d’accepter qu’on leur offre un thé, une couverture ou un sandwich. J’en connais pas mal qui dans un premier temps m’ont dit non et puis, au fur et à mesure que j’ai commencé à apprendre à gérer la situation, ils ont compris que je suis là pour leur donner un coup de main ».

    Sur l’ensemble de son expérience de bénévole menée dans le cadre de ce projet, Florentina Croitoru se dit touchée surtout par la façon dont elle a vu les SDF renaître, une fois sortis du camion-douche : « C’est leur transformation qui m’a touchée le plus. Quand ils sont entrés dans le camion pour la toute première fois, ils n’étaient que de pauvres SDF. Eh bien, une fois lavés, ils avaient changé. Je ne veux pas employer le terme de « comme les autres », car eux aussi, ils sont comme nous. Pourtant, le physique compte. Et souvent, dans le métro, le tramway ou dans d’autres endroits publics, on fuit ces gens en raison de leur aspect… Mobil’douche est donc un moyen censé leur rendre la dignité que malheureusement, une bonne partie d’entre eux, pensent avoir perdue dans la rue. »

    Quant aux SDF ou mal logés, ils ont accueilli à bras ouverts cette initiative. Loin de se sentir offusqués, ils espèrent pouvoir profiter le plus souvent possible des avantages que le camion-douche met à leur disposition. (Trad. Valentina Beleavski, Ioana Stancescu)

  • Les SDFs et leurs histoires

    Les SDFs et leurs histoires

    Ils sont perçus comme un groupe, bien qu’ils soient, en réalité, tout aussi individualisés que n’importe qui d’autre. Ils ont chacun leur histoire. Le sociologue Ciprian Voicilă en a choisi les plus significatives pour les présenter dans son livre : « Témoignages de la rue. 15 biographies sans domicile fixe ». Publié aux Maisons d’Edition « Martor » (Témoin) et réunissant des interviews détaillées avec 15 SDFs, ce livre est non seulement une enquête sociologique, mais aussi une invitation à l’empathie envers ses personnes. Pourtant, en tant que sociologue, l’auteur en a également tiré certaines conclusions théoriques. Ciprian Voicilă : « La première particularité que ces 15 SDFs interviewées partagent est le fait que le plus souvent leur état s’est « chronicisé », pour ainsi dire. Ils sont âgés de plus de 45 ou 50 ans, passés, pour la plupart dans la rue. Ils sont sans domicile fixe depuis 6 à 25 ans, durant lesquels beaucoup d’entre eux sont devenus dépendants de l’alcool, c’était inévitable. Autre élément commun des SDFs: ayant passé la quarantaine ou la cinquantaine, ils ont eu, dans le passé, des emplois recherchés, ils ont travaillé dans des usines et semblent être, de ce fait, des victimes collatérales de la désindustrialisation. Ils avaient été, par exemple, serruriers-mécaniciens ou fraiseurs-outilleurs, l’usine où ils travaillaient a été fermée et les autorités n’ont pas eu intérêt à entreprendre leur reconversion professionnelle, alors, peu à peu ils se sont retrouvés dans cet état déplorable. »

    Comme dans beaucoup d’autres domaines, là aussi les statistiques officielles sont vieilles et pas très révélatrices. Selon une étude réalisée en 2010 par le Samu social Roumanie, Bucarest comptait à ce moment-là quelque 5 mille SDFs. Le même service d’aide sociale a dressé une liste des causes menant des personnes à vivre dans la rue : le divorce ou le conflit avec la famille, le licenciement, l’incapacité à payer le loyer et les charges publiques, l’alcoolisme, les jeux de hasard. Nombre de SDFs adultes ont passé leur enfance dans des orphelinats, d’autres ont été victimes d’accidents suite auxquels ils n’ont plus été capables de gagner leur vie.

    Bien que certains d’entre eux réussissent à s’intégrer dans la société, beaucoup d’autres demeurent dans la rue. Ce sont les « chronicisés », comme les appelle Ciprian Voicilă : « Plus une personne vit longtemps dans la rue, plus ses chances de réinsertion socio-professionnelle diminuent. Imaginez à quoi cela ressemblerait de vivre des situations dangereuses, certes, mais de ne pas avoir de factures à payer, pas de chefs auxquels obéir et pouvoir se promener librement du matin au soir dans les rues de la capitale. Cette façon de vivre leur crée des difficultés quand ils réussissent à trouver un emploi, car ils se rapportent toujours à la période où ils n’étaient pas obligés de travailler et de rester chaque jour pendant plusieurs heures dans un espace fermé. »

    Pourtant, le Samu social compte également de nombreuses histoires heureuses, c’est-à-dire des scénarios de vie dans lesquels l’ancien SDF est réintégré dans la société. Par ailleurs, il est tout aussi vrai qu’un certain nombre d’entre eux reprennent le cycle. Pour une raison ou une autre – dépression cachée ou nostalgie de la période de liberté absolue, quand ils ne devaient obéir à personne – ils quittent l’emploi et renoncent à leur nouvelle vie. » C’est toujours par l’intermédiaire du Samu social que nous avons réussi à parler à des SDFs. M. Niculescu Călin Niculae est sexagénaire et il vit dans la rue depuis 13 ans. C’est arrivé après son divorce, suite auquel il a perdu son logement. Il nous raconte lui-même son histoire : « Je suis ingénieur métallurgiste et j’ai également suivi une formation post-universitaire en marketing-management. A chaque fois que je cherchais du travail, on me rejetait à cause de mon âge. »

    Bien qu’ayant réussi, tant bien que mal, à survivre dans la rue, une chose ennuie toujours M. Niculescu: « Les gens nous regardent avec haine, avec hostilité, car ils nous confondent avec les drogués et ils nous évitent – pas tous, c’est vrai. Ça c’est une bonne chose… Il faut faire la différence entre une personne comme moi et un jeune qui sort en état d’agitation de la bouche d’un égout, après avoir inspiré dans son sac en plastique les vapeurs hallucinogènes du produit de peinture qui lui sert de drogue. Car je dois dire que moi, je me considère encore comme une personne normale.

    Cristian, âgé de 24 ans, est arrivé à Bucarest quand il en avait 17. Son cas compte parmi les succès du Samu social. Il nous raconte son histoire : « Je suis venu à Bucarest parce que j’avais entendu dire qu’on y avait plus de chances et d’espoirs d’être embauché et d’évoluer, tant soit peu. Au début, cela n’a pas été facile, vu que j’étais seul et que je ne connaissais personne. Pendant une certaine période j’ai vécu dans la rue. C’était dur, je tâchais de m’abriter dans les escaliers des immeubles d’habitations, mais les propriétaires, craignant que je ne fasse des dégâts, me chassaient. Je ne dormais que quelques heures d’affilée.

    Grâce aux ONGs mais aussi à son désir de mener une vie décente, à présent Cristian a un emploi et un logement.SON : « Nombre de SDFs me disaient qu’il ne vaut pas la peine d’être bon aujourd’hui, qu’il vaut mieux voler aux riches. Moi, je leur disais qu’au contraire, il y a des gens riches qui voudraient vous aider, mais si on les vole, ils ne vous aideront pas, c’est logique. Ils me répondaient que j’étais naïf de vouloir être honnête. C’est par le Samu social que m’est arrivée la meilleure chose de ma vie. J’étais sans papiers, les SDFs me les avaient volés. Un ami m’a conseillé de m’adresser au Samu social. C’est par lui que j’ai appris l’existence de ce service. J’ai donc contacté le Samu social et j’ai pu avoir une carte d’identité. C’est toujours avec leur aide que j’ai obtenu mon emploi actuel, dans une ONG qui recycle du papier. Ça me plaît beaucoup. »

    Un bon début qui prouve que c’est possible. ( Trad. : Dominique)

  • La vie dans la rue en hiver

    La vie dans la rue en hiver

    Ils sont en première ligne face au froid, contraints de subir les rigueurs de l’hiver. Alors que le gel sévit de nouveau en Roumanie, les sans-abris deviennent encore plus vulnérables que d’habitude. Une réalité des plus cruelles face à laquelle des ONGs telles le Samusocial s’activent. Sabina Nicolae, directrice exécutive de l’association, témoigne: « Par ce temps, on prend soin de distribuer aux gens de la rue des sacs de couchage, des chaussures, des gants, des bonnets et de leur offrir une boisson chaude, que ça soit une tisane ou de la soupe. A part ça, on met à leur disposition du soutien spécialisé : psychologique, médical et social, tout au long de l’année, afin d’accroître leurs chances à la réinsertion professionnelle. Sinon, le Samusocial s’efforce à leur trouver un abri aussi bien en été qu’en hiver, quand la plupart de ceux passant la nuit dehors souffrent d’engelures très graves. Pour les aider à mieux traverser la saison froide, on leur donne aussi des suppléments de nourriture. Et puis, en hiver, ceux qui sont prêts à offrir un repas chaud aux mal logés sont nombreux.»

    Souvent sans papiers qu’ils ont perdus ou se sont fait voler, les gens de la rue s’en remettent aux assistants du Samu pour se voir délivrer de nouvelles cartes d’identité, premier pas vers une possible réinsertion sociale. A 24 ans, Cristian en a déjà passé 3 dans la rue. Originaire de la ville de Tulcea, il a gagné la capitale, Bucarest, à sa majorité, dans l’espoir d’une vie meilleure. Hélas! Sans parents ni amis prêts à lui donner un coup de main, le jeune homme s’est retrouvé très vite au bout de ses moyens et de ses forces: « Cela fait six ans que je vis à Bucarest et la moitié, je les ai passés dans la rue. L’hiver surtout, c’est l’enfer. J’arrête pas de penser à tous ceux qui passent leurs nuits dehors parce qu’ils n’ont pas d’alternative. Comment font-ils pour résister? Je sais très bien de quoi je parle, car moi aussi, j’ai fait l’expérience des nuits d’hiver passées en plein air. Les soirées, ça va encore. Mais après minuit, quand il se met à geler, c’est très dur. Pour la nourriture, ça allait encore. Je faisais des petits boulots et en échange, on me donnait à manger».

    Ce fut vers la fin 2015 et le début 2016 que le soleil s’est remis à briller timidement dans le ciel de Cristian. C’est grâce au Samu que le jeune homme, muni enfin d’une nouvelle carte d’identité après avoir perdu tous ses papiers dans la rue, trouve du travail : «Je travaille pour une association chargée de la protection de l’environnement et je m’occupe du recyclage du papier. J’aime bien cette façon à eux de faire la collecte du papier en vélo cargo. Au début, l’idée de pédaler toute la journée ne m’attirait pas trop, mais au bout de deux mois de travail, j’ai changé d’avis et je m’y plais. J’habite un petit appart fourni par une ONG à laquelle je verse un loyer modeste qui progressera au fur et à mesure que mes moyens augmenteront eux aussi. Il faut faire comprendre aux gens que le travail est essentiel pour mener une existence normale.»

    Malheureusement, toutes les histoires n’ont pas de fin heureuse. Catalin Niculaie Niculescu a 59 ans et les 13 dernières, il les a vécues dans la rue. C’est suite à son divorce qu’il a perdu sa maison et s’est retrouvé dans cette situation. Après une tentative échouée d’immigrer en Allemagne, il rentre en Roumanie les mains vides et souffrant d’une tuberculose. Pour cet ancien ingénieur métallurgiste, l’âge représente le principal obstacle à l’embauche. Comment a-t-il fait pour résister toutes ces années dans la rue? : «J’ai fait de mon mieux pour tenir bon. Jeune, j’ai fait de l’escalade et j’ai participé à toute sorte de stages de survie en pleine nature. J’ai passé mes nuits un peu partout: dans les parcs, dans une chapelle désaffectée, dans le train régional reliant la capitale à la localité de Videle. J’ai fais la manche à l’entrée des cimetières. Et puis, depuis novembre 2015, j’ai trouvé une place dans un centre d’accueil pour les mal logés. On m’y offre trois repas par jour, une pièce chauffée et de l’eau chaude. J’en suis content».

    Et puis cet hiver, surprise: Monsieur Niculescu s’est vu enfin offrir un petit boulot compatible avec sa taille massive et sa barbe grisâtre : « Je n’espérais pas une telle offre! A vrai dire, il y en a eu plusieurs, donc j’ai même fait mon choix! Cela m’a fait une belle expérience puisque j’ai fait le Père Noël pour Coca Cola. On m’a laissé garder le costume offert par le Samu. Moi, je n’ai pas de connexion à Internet, donc c’est toujours à eux de chercher du boulot pour moi».

    Malades, abattus, accablés par les conditions austères d’une vie très rude, les gens de la rue finissent souvent par déposer les armes, en proie à la solitude et au désespoir. Du coup, ils ont du mal à changer de vie, même quand le destin leur tend la main. Un mécanisme psychologique qui n’a rien de surprenant, nous explique Alina Mirea, assistante sociale au Samu: «La plupart des SDF sont des personnes traumatisées depuis leur jeune âge. Issus dans des familles abusives, ils ont mené une vie de privations avant de se retrouver dans la rue. Du coup, ils sont persuadés qu’ils ne pourront jamais échapper à leur condition. Il faut donc beaucoup de patience et de l’aide spécialisée pour les faire changer de perspective. Certes, on ne saurait pas changer complètement leur destin, mais on pourrait quand même améliorer un peu leur quotidien. Parfois, on arrive à leur offrir un abri, ne serait-ce que temporaire, pour les aider à voir la vie d’un œil différent et les ambitionner à se reconstruire. Mais, il y en a qui préfèrent vivre du jour au lendemain, contents de se restaurer ou de se laver. Ca dépend de chacun quel combat il veut mener».

    Il arrive souvent que les gens de la rue refusent de se voir installer dans des centres, préférant la rue à une place remboursée par du travail. Pourtant, les assistants sociaux ne baissent pas les bras et continuent d’encourager ces déshérités du sort jusqu’à ce qu’ils arrivent à franchir le cap.

  • Menu en attente

    Menu en attente

    Il fut ouvert il y a quelques mois, utilisant l’espace d’un ancien restaurant, meublé avec des tables de récupération d’anciennes maisons paysannes de villages saxons. Un bistro simple et lumineux qui s’est proposé dès l’ouverture d’avoir une composante sociale. D’ailleurs, le motto de l’un des chefs est affiché à l’entrée du resto : « Mange chez nous pour que nous ne mourions pas de faim ». Il s’agit d’un établissement qui prépare aussi des déjeuners pour les sans-abri.

    Mona Bratescu, initiatrice du projet « Menu en attente », a évoqué les origines de celui-ci : « Il s’agit d’un projet importé de l’étranger et qui a commencé dans les rues de Naples. Bref, nos clients achètent des menus qui seront ensuite distribués à des personnes confrontées à différentes difficultés : personnes âgées, qui touchent des pensions de retraite très petites, familles nombreuses qui ne peuvent pas s’entretenir, gens de la rue. Nous ne faisons aucune discrimination. Pratiquement, nous offrons des plats à n’importe qui vient en demander un. »

    Il s’agit d’une idée qui protège les besogneux, mise en œuvre avec la discrétion et la générosité spécifiques à la manière authentique de faire du bien, explique Mona Bratescu : « Certainement, il existe encore des bistros qui font cela et c’est très bien. Nous avons entendu parler de cette initiative et nous l’avons adoptée tout naturellement. Les gens venaient nous trouver pour nous demander une portion de nourriture et nous avons envisagé de faire davantage en ce sens. L’unique problème auquel nous nous sommes confrontés est d’ordre législatif, dans le sens qu’une société ne peut pas accepter des donations. De ce fait, il est difficile de faire du bien en toute légalité. La variante que nous avons trouvée est de vendre ces menus au prix de revient et d’y mettre une marge parce qu’il est illégal de vendre sans aucune marge commerciale. Nous émettons un ticket de caisse, nous payons des taxes et en fait tout est légal, mais aussi bénéfique. Il faut seulement être un peu plus proactif, c’est-à-dire de cuisiner un peu plus chaque jour, ce qui est très simple, surtout pour un restaurant. »

    Le bistro dont nous parlons prépare des plats organiques, avec des ingrédients de très bonne qualité, utilisés dans des recettes tout à fait spéciales et à des prix décents. Voici la philosophie de business des initiateurs du projet. De l’avis de Mona Bratescu, hormis les documents, le plus difficile a été de trouver des fournisseurs : « En principe, nous essayons de choisir notamment des producteurs locaux, sauf pour le côté épicerie ou produits que l’on ne peut pas trouver chez nous. Nous proposons toujours trois viandes et un menu végétarien. Ce dernier est très recherché semble-t-il puisque les végétariens de Bucarest ne disposent pas d’une série si variée de produits. Nous avons du veau, du porc, du poulet et deux desserts. Nous proposons toujours une soupe ou une ciorba, trois viandes, le menu végétarien et un dessert offert par la maison. »

    La communication sur les réseaux sociaux a fait croître la notoriété du bistro dont nous parlons: « Au début, l’idée était de servir le déjeuner aux employés des multinationales, qui n’ont pas le temps de cuisiner chez eux. Nous avons eu des clients venus de l’autre bout de la ville justement pour acheter des menus en attente. Nombre de personnes ont soutenu tout ce que ce concept signifie. Notre meilleur canal de communication est la page Facebook. C’est là que l’on peut voir les tickets de caisse délivrés et trouver les informations sur les menus proposés et les portions servies. Nous avons à présent 10 menus par semaine et des donateurs spontanés. Quelqu’un a acheté 100 menus, au début, pour encourager cette initiative, ensuite 15 et 25. »

    Les plats ont été préparés selon des recettes de cuisine traditionnelle et moderne. Le projet est en passe de se développer, a précisé Mona Brătescu: « Notre projet a aussi une composante très importante qui vise à éliminer les barrières sociales, ce qui veut dire que nous accueillons de la même manière un étudiant, un employé des multinationales, une personne âgée, une mère et ses enfants ou un sans – abri. Nous souhaitons faire des livraisons à vélo aussi, collecter l’huile alimentaire usagée, et servir de modèle pour d’autres beaux projets. »

    N’oubliez pas que c’est un projet ouvert à n’importe qui veut y participer. (Trad.: Alex Diaconescu, Mariana Tudose)

  • Le Petitjournal radio 15.12.2015

    Le Petitjournal radio 15.12.2015

    Bienvenue à ce nouveau regard croisé sur l’actualité avec RRI et Le Petit Journal de Bucarest. Cette semaine, nous avons avec nous Jonas Mercier, co-rédacteur en chef du PJB, la filiale roumaine de la plus importante publication en ligne destinée aux Français et aux francophones de l’étranger. Il nous parle de laction humanitaire de la Fondation Parada et du Samusocial en faveur des enfants des rues et des sans-abri de Bucarest, mais aussi des liens entre la nourriture et le réchauffement climatique.





    http://www.lepetitjournal.com/bucarest