Tag: scolaire

  • Le puzzle de la rentrée scolaire roumaine

    Le puzzle de la rentrée scolaire roumaine

    Au bout de trois mois de vacances d’été bien méritées, plus de 2,3 millions d’enfants ont réinvesti, ce lundi, les établissements scolaires de Roumanie, depuis les jardins d’enfants jusqu’aux lycées. Pour l’année scolaire 2017-2018, le ministère de l’Education nationale de Bucarest a opéré plusieurs changements, y compris dans l’organisation du baccalauréat dont le calendrier a été fortement avancé, les épreuves orales étant prévues pour le mois de février, en plein second semestre, au lieu du traditionnel mois de juin. Egalement, les enseignants pourront désormais corriger les épreuves des évaluations nationales et du baccalauréat depuis chez eux, sur des plates-formes numériques dédiées.



    Par ailleurs, le ministère a interdit l’utilisation de tous les matériels pédagogiques auxiliaires, qui passeront par une nouvelle procédure de certification, plus complexe, mise en place après l’adoption des mesures d’application par une commission composée des représentants du ministère, des syndicats enseignants, des parents et des élèves.



    Conformément à la loi de l’Education nationale, le nombre optimum d’élèves par classe est de 15 à la maternelle, 20 dans le primaire et 25 au collège et au lycée, des chiffres retenus d’ailleurs par tous les systèmes d’enseignement d’Europe.



    La réalité des classes de 36 enfants à laquelle s’ajoutent un programme scolaire chargé et des manuels controversés ont contribué à un échec éducationnel, dessiné à travers le temps et confirmé y compris par la dernière évaluation internationale PISA : la Roumanie se classe 48e sur un total de 72 pays au chapitre « les enfants détestent aller à l’école ».



    Cet appétit en berne est le résultat collatéral des faibles salaires des enseignants (pourtant, actuellement en cours d’être majorés), les rémunérations peu attractives étant à l’origine d’un corps professionnel qu’ont rejoint aussi, malheureusement, des personnes sans vocation ou avec une formation insuffisante. Il est peu probable que la situation change dans l’immédiat, d’autres difficultés venant déjà s’ajouter à celles déjà existantes.



    Par exemple, les élèves en première année de collège auront une rentrée sans manuels, à cause du changement de la procédure de sélection et d’accréditation des livres scolaires. Le ministère promet que tous les livres en question arriveront entre les mains des enfants en novembre prochain.



    Dans le même temps, en milieu rural nombre d’établissements scolaires ne devraient même pas accueillir d’élèves, car ils n’ont pas reçu les autorisations obligatoires requises — les locaux sont anciens et obsolètes, sans eau potable, avec des toilettes à l’extérieur. Dans certains cas, les autorités locales ont carrément préféré de fermer ces écoles au lieu de les remettre à neuf.



    Présent à la rentrée des classes au lycée « Gheorghe Sincai » de Bucarest, le président roumain, Klaus Iohannis, a répété ce qu’il avait dit aussi l’année dernière — « il semble, comme à l’accoutumée, que la rentrée prend par surprise certains responsables. Chaque gouvernement hausse les épaules et pointe du doigt son prédécesseur. Les choses ne s’amélioreront jamais de cette manière », a martelé le chef de l’Etat.



    Lui-même ancien enseignant de physique dans un lycée de Sibiu, au centre de la Roumanie, Klaus Iohannis a appelé les dirigeants de l’Education roumaine à changer d’approche au sujet de la loi régissant ce secteur. Elle doit cesser d’être « un puzzle dont les pièces changent continuellement et dont l’image d’ensemble s’estompe. On ne saurait avoir une Roumanie instruite en l’absence d’un système d’éducation ayant l’élève au centre de ses préoccupations et calé sur une voie prédictible », a conclu le président roumain. (trad. : Ileana Taroi, Andrei Popov)

  • Prévention de la violence en milieu scolaire

    Prévention de la violence en milieu scolaire

    Phénomène qui préoccupe de plus en plus la société roumaine, le harcèlement à lécole, avec ses nombreuses facettes, fait lobjet dune étude lancée en 2016 par lONG « Sauver les enfants ». En attendant ses résultats, parents, enseignants et responsables tâchent de trouver ensemble des méthodes pour faire face à la violence en milieu scolaire, un phénomène qui inquiète par son ampleur et ses conséquences psychologiques.



    A lécole, généralement 3 enfants sur 10 sont exclus du groupe de pairs, 3 enfants sur 10 sont menacés dêtre battus ou frappés et 1 enfant sur 4 a été humilié devant ses camarades. Voilà les premiers chiffres fournis dans le cadre de létude menée par lOrganisation « Sauver les Enfants ». Oana Niculae, médecin spécialiste en psychiatrie pédiatrique active au sein de lorganisation, explique : « Moi, ce qui minquiète le plus, cest que 70% des enfants déclarent avoir assisté à des harcèlements. (…) A mon avis, tout enfant qui participe où assiste à ce type dagression est une victime. Nos enfants assistent sans cesse à des harcèlements, peut-être chaque semaine. »



    Quelle est la réaction des parents dont les enfants sont victimes de harcèlement scolaire ? Ana Maria Mitruş, auteure dun blog consacré au « métier de parent » (www.meseriadeparinte.ro) raconte lexpérience de sa fille aînée, élève de CM2, victime de harcèlement à lécole : « Ma fille a été la cible dattaques de la part délèves un peu plus âgées quelle. A mon avis, cétaient là des méchancetés dont le but était détablir une hiérarchie parmi les enfants. « Les grands », pour ainsi dire, ne laissaient pas « les petits » monter à létage, où étudient les élèves de 5e ou de 4e.



    Au vestiaire, ils ne les laissent pas se changer, non plus. Depuis quelle est au CM2, ma fille aînée ne sest jamais changée dans le vestiaire. Elle part toujours à lécole déjà habillée pour le cours de sport. Son cours se déroule en même temps que celui dune classe délèves plus âgées, qui chassent littéralement les petites du vestiaire, pour se changer, elles. Les enfants tâchent de se débrouiller comme ils peuvent.



    Cette maman a essayé dengager la direction de lécole et les autres parents dans la solution de ce problème, sans trop de succès. Ana Maria Mitruş a conseillé à ses filles de demander laide des adultes, au lieu davoir recours à la violence, comme elles seraient peut-être tentées de le faire, dans de telles circonstances. Ce qui est dailleurs arrivé, une fois : agressée par ses camarades, la fille dAna Maria Mitruş, a réagi, elle aussi, avec violence. Pourtant, tout de suite après, elle a tout raconté à sa mère.



    Ana Maria Mitruş renoue le fil de lhistoire : « Heureusement, ce fut un incident sans gravité. Je ne crains pas que ma fille puisse devenir à son tour agressive et persécuter dautres enfants. Si quelquun agit envers elle avec violence, sa première réaction est de répondre avec violence, mais je les ai toutes les deux assez bien élevées pour quelles aillent quand même demander aux adultes dintervenir. Bien que je fasse confiance à mes filles, sachant que je peux compter sur la bonne éducation que je leur ai donnée, je ne mendors pas sur mes lauriers. Cest pourquoi je reste en contact avec les entraîneurs et les enseignants. Finalement, nos enfants sont notre produit. Quils fassent de bonnes ou de mauvaises choses, cest nous, les parents qui en sommes responsables. »



    Cest dailleurs au sein de la famille quil faut chercher lorigine dun mal que lécole ne peut, elle, quessayer de limiter. Oana Niculae : « Un enfant heureux nest pas agressif. Nous, en tant que spécialistes, nous chercherons toujours au sein de la famille les causes des comportements agressifs. Malheureusement, à lorigine de la plupart des manifestations agressives se trouve non pas la colère, mais la peur. Les émotions négatives sexpriment toujours de cette façon. Le plaisir que lon a à blesser les autres trouve son origine dans une expérience personnelle de la violence : on a été soi-même blessé ou abusé. »



    Quelle est lattitude des adultes vis-à-vis du harcèlement scolaire? Selon létude menée par lorganisation « Sauver les Enfants », les jeunes remarquent chez eux une certaine tolérance et une tendance à ne pas réagir. Pourtant, des actions visant à susciter une prise de conscience et à contrôler le phénomène du harcèlement entre enfants ont été lancées dès 2004, lorsque lInstitut des Sciences de lEducation et lUNICEF démarraient une première étude consacrée à ce sujet. Ciprian Fartuşnic, actuel directeur de lInstitut, se rappelle: « Lors de cette première étude, lune des difficultés à surmonter a été la définition très large que lon donnait à la violence. Si, lors dun incident, on ne finissait pas par appeler la police et lon ne voyait pas couler un peu de sang, ce nétait pas de la violence, cétait un malentendu entre enfants. La première stratégie concernant cette question a été fondée sur les résultats de cette étude, pourtant ce nétait là quune stratégie-cadre. Chaque école devait sen inspirer pour élaborer sa propre stratégie anti-violence, adaptée à ses problèmes spécifiques. Rien na été fait et, par conséquent, en 2006, toujours avec laide de lUNICEF, nous avons élaboré un guide destiné aux directeurs décole, pour les aider à développer une stratégie anti-violence dans leurs établissements scolaires. A nouveau, rien dimportant ne sest passé.



    En 2010, en collaboration avec lOrganisation « Sauver les Enfants » et avec le ministère de lEducation, nous avons mis au point un programme national de formation destiné aux directeurs et aux professeurs, censé leur apprendre comment aborder la violence. Le projet sest achevé en 2011 et à présent, dans plusieurs comtés, des activités concrètes ont été menées au niveau des écoles. Pourtant, reste à savoir si, à part une prise de conscience de ce phénomène, ces activités ont aussi sur lui un impact direct, mesurable, contribuant à diminuer son ampleur. »



    Pourtant, plutôt que de lutter contre ce phénomène ou dintervenir sur place, il vaut mieux le prévenir. Et, de lavis des spécialistes, cest dans cette direction que doivent être orientés les efforts de lécole. (trad. : Dominique)