En dehors dêtre un pays haut en couleurs, la Roumanie est aussi un pays de goûts et de saveurs. Découverte dun produit roumain naturel, dans la maturation duquel intervient un élément inédit. A table !
En dehors dêtre un pays haut en couleurs, la Roumanie est aussi un pays de goûts et de saveurs. Découverte dun produit roumain naturel, dans la maturation duquel intervient un élément inédit. A table !
Ses utilisations multiples l’ont transformé en une marchandise extrêmement convoitée, sa valeur étant reflétée aussi par l’appellation « d’or blanc » sous laquelle elle fut connue. Les régions les plus riches en réserves de sel ont également acquis une importance spécifique proportionnelle à la valeur du sel. C’est également le cas de l’espace roumain, considéré depuis toujours comme ayant les gisements de sel les plus riches d’Europe. C’est pourquoi ces gisements ont été exploités dès l’antiquité, non seulement comme condiment dans l’alimentation, mais aussi comme médicament et conservateur naturel.
Radu Lungu, auteur du livre « L’histoire du sel des Carpates » publié par la maison d’éditions Paideia, en sait davantage sur les utilisations du sel par le passé. Radu Lungu :« Le sel rendait possible le transport de la viande, du poisson, des fruits et légumes, des fromages. C’est de là que dérive aussi l’intérêt extraordinaire pour le sel de l’Humanité. C’est un des éléments constitutifs de la civilisation. Utilisé comme condiment pour amplifier l’arôme de la nourriture, le sel a également servi chez les Egyptiens dans le processus de momification. Pour ce qui est de l’espace délimité par les Carpates, le Danube et la mer Noire, là, le sel a été exploité même avant l’époque des Daces. Mais ce furent les Daces qui l’ont fait par des excavations à Harghita et sur la Valée de l’Olt. La véritable exploitation soi-disant industrielle a démarré avec la conquête de la Dacie par les Romains. Les exploitations les plus importantes de l’époque de l’occupation romaine de la Dacie étaient celles de Potaissa (la ville de Turda d’aujourd’hui), Salinae (Ocna Mures d’aujourd’hui) ainsi que celles des localités actuelles de Praid et d’Ocnele Mari.
Durant les époques médiévale et moderne, toutes les exploitations de sel des trois provinces roumaines étaient des monopoles princiers, c’est-à-dire que l’extraction et la vente étaient organisées par le pouvoir central. En Transylvanie, l’intérêt pour l’« or blanc » a augmenté avec l’installation de l’administration autrichienne à la fin du 18e siècle. Là, à l’intérieur de l’arc des Carpates, il y a encore des mines de sel à Ocna Dej, dans le comté de Cluj, à Ocna Mures, au comté d’Alba et à Praid, dans le département de Harghita. A l’extérieur de l’arc des Carpates, par exemple, en Valachie, dès le 17e siècle on peut recenser sept mines de sel parmi lesquelles Ocnele Mari, Slănic Prahova et Teişani. En Moldavie, les mines de sel les plus connues étaient celles de Cacica, du côté de Suceava, et Tg Ocna, sur la rivière Trotus, dans le département de Bacau. Le sel qui y était exploité était transporté à travers de véritables « routes du sel », des voies qui s’étendaient tant sur l’eau que sur la terre ferme.
Radu Lungu revient au micro. « Les voies terrestres étaient généralement associées aux voies pastorales, c’est-à-dire aux sentiers battus par les bergers durant la transhumance. Les bergers emmenaient avec leurs troupeaux des ânes chargés de sacs de sel. Certains descendaient les vallées des rivières Olt, Ialomita, Arges pour s’arrêter dans la région de la grande île de Braila et continuer ensuite vers la mer Noire. En route vers la Dobroudja, les bergers s’arrêtaient aux foires de laine, pour tondre les moutons et transformer la laine. Par exemple, une voie du sel partait de Telega dans le comté de Prahova vers le sud jusqu’aux villes de Giurgiu, Oltenita, Calarasi et Braila pour arriver au Danube, d’où le sel continuait son chemin vers l’Empire ottoman, notamment au Moyen Age.
L’itinéraire fluvial le plus important commençait à Ocna Mures, dans le département d’Alba, pour descendre sur la rivière Mures traversant Alba Iulia, Deva, Lipova, Arad et de là le sel empruntait la rivière Tisa. C’était le chemin le plus important car il alimentait en sel la Plaine pannonienne et le Royaume de Hongrie. De nos jours, les mines de sel où la production a été arrêtée, mais aussi celles qui fonctionnent toujours ont été transformées en lieux de cure pour différentes maladies dont asthme, rhumatismes, affections gynécologiques, neurologiques et de l’appareil locomoteur.
De nos jours, les mines de sel roumains attirent un nombre croissant de touristes. Les propriétés de l’air salin ont fait apparaître la spéléothérapie et la climatothérapie, des cures se déroulant dans l’environnement souterrain. Nous descendons aujourd’hui sur les ondes dans les mines de sel les plus connues de Roumanie.
Notre périple souterrain commence dans le comté de Bacău, dans la station de Târgu Ocna. L’exploitation moderne du sel y a commencé dans les années ’60. Pourtant, le tourisme a pris un nouvel essor en 2005, avec la mise en valeur de l’église Sainte Barbe — explique Ilie Ion, directeur de la mine de sel de Târgu Ocna : « Cette église a été érigée en 1992, dans les profondeurs de la mine de sel, à l’initiative des mineurs. Les travaux de construction ont duré 6 mois. Par sa position et son architecture originale, elle fut, à l’époque, un monument unique en Roumanie et en Europe. Pour la voir, le touriste doit descendre 240 mètres. Un lac salé et une chute d’eau ajoutent du charme à un décor déjà fascinant. 13 mille m² y ont été aménagés pour le tourisme et les loisirs. Cet espace offre des conditions optimales non seulement pour le traitement des troubles respiratoires, mais aussi pour la détente ou la pratique de différents sports, les visiteurs disposant de mini terrains de foot, de terrains de basket, de tennis et de tables de ping-pong. Des aires de jeux ont été aménagées pour les enfants, dotées de balançoires et de toboggans. Nos petits visiteurs disposent également de jeux mécaniques ou de billard et d’espaces destinés aux mini-vélos. Nous envisageons également de créer des espaces pour le skateboard et les patins à roulettes. »
Les touristes de passage à Târgu Ocna peuvent également visiter le Musée du Sel. Ilie Ion, directeur de la mine : « Le musée offre des informations sur les débuts et l’évolution de l’exploitation du sel, ainsi que sur sa transformation, sur ses vertus thérapeutiques. L’extraction du sel y remonte à 1380 et le musée présente des objets extrêmement intéressants liés à cette activité. Au fil du temps, des touristes de tous les continents ont visité la mine et ils ont été tous très impressionnés, car peu d’étrangers ont eu l’occasion de descendre dans une telle mine. Nous en avons plusieurs en Roumanie et nous les trouvons intéressantes. Pourtant, pour les touristes étrangers c’est une expérience extraordinaire et ils partagent avec beaucoup d’émotion leurs impressions après une visite souterraine. J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec des touristes japonais, par exemple. Et si l’interprète ne réussissait pas à traduire entièrement leur vive émotion, j’ai été touché par l’expression de leur visage et par ce que je lisais dans leur regard. »
Dirigeons-nous maintenant vers le nord de la Roumanie, dans le comté de Suceava, pour faire une halte à Cacica. Cette localité a été mentionnée pour la première fois dans un document du 18e siècle. L’administration autrichienne y a ouvert une exploitation intensive et efficace du sel. Celui-ci était extrait sous forme de blocs, par découpage manuel. La première chambre d’exploitation du sel gemme a été créée à une profondeur de 27 mètres. Ioana Croitoriu, guide à Cacica, explique : « En polonais, « kaczika » signifie « canard», car cette localité était entourée de marais et de jonchaies peuplés de centaines de canards sauvages. C’est pourquoi les Polonais lui ont donné ce nom. L’exploitation industrielle des gisements de sel gemme de Cacica remonte à 1791, année où la Bucovine, contrée du nord-est de la Roumanie, était annexée par l’Empire austro-hongrois. De l’avis des spécialistes, la mine de Cacica assurerait nos réserves de sel pour 500 ans encore. Une petite chapelle orthodoxe s’y trouve, avec quelques sculptures en sel. A 38 mètres de profondeur il y a un lac artificiel, au bord duquel se forment des cristaux de sel. On peut y voir encore la petite barque que les mineurs utilisaient pour promener leurs enfants et petits-enfants pendant leurs heures de loisirs. A 41 mètres de profondeur se trouve une salle de bal, où les mineurs organisaient des bals et des fêtes. La salle « Agripa Popescu », porte le nom du premier directeur général de la mine. Ensuite, on descend à 75 mètres de profondeur. C’est là que se trouvait autrefois un entrepôt à fromage. L’endroit offrait une température constante, le fromage étant très bien conservé à 10°. A présent, un terrain de sport y a été aménagé à l’intention des visiteurs — pour la plupart des personnes souffrant d’asthme et d’autres troubles respiratoires, qui y viennent pour la cure. Des aires de jeux pour les enfants ont également été aménagées. »
Nous faisons aujourd’hui une dernière halte en Transylvanie. Les habitats anciens y datant de 1100, Praid est une bourgade relativement « nouvelle », sa première attestation documentaire remontant à 1564. Pourtant, c’est la plus grande commune du comté de Harghita, connue notamment pour sa mine de sel — véritable ville souterraine. Selon les chiffres les plus récents fournis par l’administration de cette dernière, le nombre de touristes de passage à Praid a augmenté de 35 mille par rapport à la même période de l’année dernière. 3 à 4 mille personnes descendent dans la mine chaque jour. Le paysage souterrain est impressionnant — estime Seprodi Zoltan, directeur de la mine de sel de Praid : « L’on y entre en bus. Le véhicule suit un trajet de 1,2 km, descendant une centaine de mètres. De là, les touristes continuent leur visite à pied. On descend 240 marches pour arriver à une pièce plus ancienne, comportant un ensemble de galeries qui mesurent 600 mètres de long et 20 mètres de large et qui s’élèvent à une hauteur de 14 mètres. Ces dimensions sont impressionnantes. Environ 80% des touristes viennent de Hongrie. S’y ajoutent des touristes de tous les pays européens et même d’Asie. Nous avons également eu des groupes d’Amérique. Ils sont tous étonnés, émerveillés. »
Ne ratez donc pas ces destinations pas comme les autres et laissez-vous surprendre par leur beauté. (trad. : Dominique)
Le jeu concours de RRI, « Les salines de Roumanie », consacré à une des principales ressources minérales du pays, touche à sa fin. Cette édition de Radio Tour contient toutes les réponses au concours, vous permettant ainsi d’entrer en lice pour le grand prix : un circuit de 10 jours dans quatre régions roumaines connues pour l’exploitation du sel. Nous vous proposons un dernier périple dans les mines d’où on extrait l’or blanc et qui offrent d’excellentes conditions pour se détendre, mais aussi pour soigner différentes affections respiratoires.
Sans sel, aucun plat n’a plus de saveur et l’industrie chimique ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. La Roumanie compte parmi les plus grands producteurs de sel et son exploitation est une occupation très ancienne. De l’avis des spécialistes, à l’heure actuelle, en utilisant ses ressources, la Roumanie peut assurer ses besoins de sel pour mille ans. Les mines de sel de Roumanie telles Ocna Sibiului, Turda, Praid, Târgu Ocna, Slanic Moldova et autres mettent à la disposition des touristes d’excellentes facilités de cure. Les propriétés de l’air salin ont été mises à profit par la spéléothérapieet par la climatothérapie, des traitements déroulés dans le souterrain, dans des grottes et des mines de sel. La cure prévoit en effet l’inhalation de l’air de la mine et il peut s’avérer utile dans le traitement des voies respiratoires (maladies asthmatiques, bronchites et allergies). Ce qui plus est, grâce à leur acoustique à part, ces mines sont des espaces idéaux pour accueillir des concerts.
C’est le cas de celle de Slanic Prahova, et notamment de la mine touristique Unirea. Le chef du service entretien et exploitation, Constantin Niculescu, passe en revue l’histoire de ce site : « Les premières données écrites concernant une telle exploitation datent de 1685. Le boyard Mihai Cantacuzène achète un domaine qui s’étendait sur une importante partie du territoire actuel de la localité, afin de mettre à profit cette richesse naturelle qu’est le sel. En 1685, il réussit à ouvrir la première mine de sel, qui prévoyait du point de vue technique quatre puits verticaux, dont deux pour l’extraction du matériel et les deux autres pour l’aérage et le transport du personnel. Dans la mine touristique Unirea, qui est ouverte au grand public, la température est constante en toute saison, à savoir 12 degrés. La pression atmosphérique, elle, est supérieure de 20 millimètres de mercure à celle enregistrée en surface. Cet aspect allait permettre, à compter de 1970, date à laquelle prenait fin l’exploitation du sel dans cette mine, d’y mettre en place des activités touristiques et de cure pour les maladies respiratoires, dont notamment l’asthme bronchique, les bronchites, les insuffisances respiratoires. »
La station thermale de Slănic Prahova accueille la plus grande mine de sel d’Europe. C’est toujours là qu’on trouve le Mont de sel, unique au monde. Située au cœur d’un paysage pittoresque, la ville offre d’excellentes conditions d’hébergement, de traitement et de loisirs. Bref, elle est l’endroit idéal pour passer des vacances inoubliables. Constantin Niculescu, qui dirige l’équipe de maintenance et d’exploitation minière à la mine touristique Unirea, à Slănic Prahova, nous parle des raisons pour lesquelles les touristes y reviennent immanquablement : « Tout d’abord pour la qualité des aérosols. Ensuite, pour le paysage souterrain impressionnant. Fortement médiatisé, cet objectif touristique est bien connu. A preuve la multitude de visiteurs qui arrivent des quatre coins du monde: Amérique, Asie, Israël, Moyen Orient, Europe. Nous avons à présent des vols qui nous relient au Moyen Orient et puis des cars bondés de touristes nous rendent visite presque chaque jour. Cet objectif présente un grand intérêt touristique. Les agences de voyage offrent des paquets de séjour variés, comportant logement et loisirs tant pour le tourisme en surface que pour les lacs anthropo- salins et pour cet objectif souterrain ouvert à longueur d’année. »
La ville de Slănic avoisine les Monts Teleajan. On peut les atteindre au bout de trois à cinq heures de marche en suivant les trajets balisés. Les touristes peuvent également faire des randonnées d’une demi-heure jusqu’aux sources à eau sulfureuse, calcique, chloro-sodique, qui se trouvent aux environs de la station. Je mentionnerais par exemple la Fontaine fraîche, la Fontaine de l’ennemi ou la Fontaine Gogon. A 39 kilomètres plus loin, dans la ville de Ploieşti, se trouve le Musée du pétrole. Voici ce que Gabriela Tănăsescu, directrice de cet établissement culturel, nous a appris : « Il existe des gens et des événements qui nous font parler du pétrole comme s’il était un organisme vivant, qui marque depuis des milliers d’années notre existence. La Roumanie se retrouve dès 1857 dans la hiérarchie des pays à longue tradition en matière d’exploitation et de traitement du pétrole. Ce fut une année mémorable en raison de trois premières. Primo: la Roumanie était à l’époque le premier pays au monde à produire du brut, les 275 tonnes de brut roumain étant consignées dans les statistiques internationales. Secundo: c’est toujours en Roumanie, plus précisément près de Ploiesti, que l’on construisit la première raffinerie industrielle au monde. Tertio: le 1er avril 1857, la ville de Bucarest devenait la première du monde éclairée au pétrole. »
Si vous êtes de passage dans la ville de Ploiesti, vous pourrez satisfaire votre curiosité aussi. De quoi s’agit-il? Réponse avec Tatiana Ristea, curateur du Musée de l’horloge « Nicolae Simache » : « La collection du Musée de l’horloge est structurée selon des critères relevant de la chronologie et de la typologie. Notre musée vous fera découvrir tous les types d’horloges, depuis les plus anciens, tels les cadrans solaires et les horloges à eau jusqu’aux horloges mécaniques, que l’on connaît tous. Le patrimoine du musée de l’horloge Nicolae Simache” comprend aussi des horloges de cheminée, une collection impressionnante de montres de poche et une autre de mécanismes musicaux. »
Chers amis,ici prend fin la dernière des émissions consacrées à notre jeu-concours « Les salines de Roumanie ». Si vous avez correctement répondu aux questions, vous pouvez gagner le Grand Prix. Il s’agit d’un circuit de 10 jours, pour deux personnes, en pension complète, dans quatre régions de la Roumanie réputées pour l’exploitation du sel, à savoir Slănic Prahova, Târgu Ocna, Praid et Turda. (trad. Alex Diaconescu, Mariana Tudose)
Le bassin des Carpates et la zone à l’extérieur de cette chaîne montagneuse constituent la plus grande réserve de sel d’Europe. Les archéologues ont mis en évidence des traces préhistoriques de routes du sel reliant cet espace aux régions de l’ouest et du sud du continent, ce qui semble confirmer la théorie d’une première identité européenne forgée autour du commerce du sel. Dans la Rome impériale, une « via salaria » était le chemin emprunté par tous ceux qui approvisionnaient la ville en sel.
D’autres théories considèrent que l’expansion romaine dans la Dacie antique et la conquête de celle-ci ont eu non seulement des raisons politiques, mais aussi économiques, de contrôle des ressources. Les Romains avaient cherché un accès plus facile aux filons d’or et aux gisements de sel. Bucarest garde aussi une preuve, bien que médiévale, de l’importance du sel pour l’économie roumaine, puisque la capitale a une rue appelée « Drumul Sării » (la Route du sel).
Peu de ce qui nous entoure aujourd’hui s’appuie sur une existence ininterrompue, commencée pendant la préhistoire, comme c’est le cas du sel. Ce que nous désignons du nom de « préhistoire » est lié à la culture matérielle et spirituelle de l’humanité, depuis l’apparition de l’homme jusqu’à la fondation des premières cités et l’invention de l’écriture, et couvre, grosso modo, environ 5 millions d’années. L’espace carpatique a été la principale source de sel de l’homme européen ; le professeur Carol Căpiţă, qui enseigne la préhistoire à la Faculté d’histoire de l’Université de Bucarest, nous parlera de l’importance du sel pour les communautés humaines de la préhistoire. « Le sel est un élément essentiel pour la plupart des organismes vivants, un élément indispensable pour les processus d’électrolyse qui assurent leur fonctionnement. Qu’il s’agisse de processus d’oxydation ou de réduction, le sel assure l’état de santé des organismes. Il est également fondamental pour l’existence des communautés de l’espace roumain, mais aussi de l’espace des Pays-Bas ou de l’espace français, par exemple . Nous avons des arguments archéologiques très solides pour l’exploitation du sel, dès l’an 10.000 avt. J.-Ch., où l’on exploitait des gisements de sel gemme parce qu’il y avait aussi une longue tradition de l’exploitation des roches dures. Ainsi, la technologie était-elle disponible aussi à ce niveau. Pour l’espace roumain, en Transylvanie, dans la zone de Covasna, mais aussi dans celle de Vâlcea en Valachie, nous avons des preuves de l’existence d’exploitations de sel gemme qui remontent à 1800 avt. J.-Ch.. Ce qui est très intéressant, c’est qu’il existe une association entre des cultures de l’époque du bronze, très riches et avancées, et l’existence de gisements de sel d’une importance plus ou moins grande. Le cas Sărata Monteoru est emblématique. C’est une culture qui s’étend loin en Europe Centrale et vers le sud du Danube. Nous avons aussi l’exemple de la zone de Vâlcea (sud), avec le site de Buridava, et l’on sait que cette zone a une densité d’habitations extraordinaire ».
De l’arc carpatique, le sel partait vers deux directions : vers l’ouest et le nord-ouest et vers le sud et le sud-est. Carol Căpiţă : «S’il fallait considérer une carte et indiquer les emplacements des exploitations de sel par rapport aux centres de céramique – la forme la plus visible de témoignage archéologique — on constate que l’espace roumain approvisionnait en sel gemme deux aires fondamentales pour la cristallisation d’une culture européenne. D’une part, nous avons une direction de Transylvanie vers la Hongrie et la Slovaquie, et de là — plus loin vers l’espace allemand, un espace traditionnel qui manque de sel. Cela assurait l’importation de cuivre d’Europe centrale et constituait le fondement de cultures d’époque du bronze de Roumanie absolument spectaculaires, telles que Wittenberg. D’autre part, c’est toujours à base de céramique que l’on peut refaire les échanges avec l’espace sud-danubien, notamment en zone dalmate, dans les Balkans de l’ouest et même plus loin, vers la Thrace. Ce qui est intéressant, c’est aussi que ces directions de force de l’est vers l’ouest, du nord vers le sud sont aussi la ligne de pénétration des dernières vagues de migrateurs indo-européens, ceux qui mènent à la dernière étape de création de peuples indo-européens dans l’espace roumain. Des études très sérieuses viennent confirmer le fait que ces vagues migratoires indo – européennes étaient formées pour la plupart des bergers. Or, il y a une relation très serrée entre ces culturelles agropastorales et l’existence du sel gemme. Voici autant d’éléments qui nous poussent à croire que l’existence du sel en terre roumaine s’est avérée fondamentale pour la création d’un horizon culturel qui marque la fin de la préhistoire européenne. »
Plus qu’un aliment, le sel fut considéré comme un des principaux éléments qui a contribué au rapprochement des individus appartenant à des communautés éloignées. Le professeur Carol Capita : « L’espace roumain n’est pas tellement central dans la genèse des peuples européens, surtout que l’histoire mentionne plusieurs noyaux d’ethno — genèse. Une chose reste pourtant certaine : plus que l’or, ce fut notamment le sel roumain qui a contribué à un processus de diffusion culturelle, à une propagation des traits communs des différentes culturelles européennes. Je dirais que le sel a contribué à la création d’un véritable couloir pour la circulation des idées, des objets, des personnes. Sans or, on peut toujours se débrouiller. Sans sel, jamais ! Quant au sel roumain, il a deux avantages : il se trouve en grande quantité et l’exploitation n’est pas difficile. Les gisements roumains ne supposent pas de travaux risqués ou en profondeur. Ce ne fut que plus tard, quand on commença à laver le sel, que l’on s’est heurté à des problèmes de relief, tels la formation de cavités dangereuses. L’exploitation du sel s’est pourtant faite pour un grand laps de temps dans des carrières. »
Même à présent, au bout de quelques millions d’années, les réserves de sel de la Roumanie sont considérables…(trad.: Ligia Mihaiescu, Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)
Chers amis, nous vous proposons aujourd’hui une nouvelle édition de notre rubrique Radio Tour consacrée au jeu concours organisé par RRI, « Les salines de Roumanie ». Nous irons cette fois-ci dans l’est du pays, sur la pittoresque vallée du Trotuş, dans le comté de Bacău. C’est là que se trouve la mine de sel de Târgu Ocna. Son moderne centre de soins, situé à 240 mètres de profondeur, offre d’excellentes conditions tant pour la détente que pour les cures indiquées dans le traitement des maladies respiratoires.Au cœur de la montagne d’or blanc, terme désignant le sel, le visiteur peut également se recueillir dans une église. Dans ce décor fascinant, on trouve aussi un lac à l’eau salée et une chute d’eau.
Invitée au micro de RRI, l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru nous fournit des détails sur l’historique de cet objectif touristique et la base de loisirs de la mine de sel de Târgu Ocna : « L’exploitation du sel, appelé autrefois l’or blanc de la terre, y date de plus de 500 ans. Toute l’activité de la région gravite autour de cette ressource minérale.Du XVe jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’extraction a concerné des zones peu étendues, appelées mines de sel. Après, on est passé à la méthode plus efficace des galeries trapézoïdales, utilisée d’abord dans la mine de Moldova Veche, également connue sous le nom de Carol Ier et qui a été fonctionnelle de 1870 à 1941. Ensuite, entre 1936-1968, cette méthode allait être reprise par la mine de sel de Moldova Nouă. Depuis 1967, on applique à Târgu Ocna une nouvelle méthode d’exploitation. »
A part l’extraction du sel, la préparation et la commercialisation des produits à base de sel, la mine de Târgu Ocna offre aussi des services de tourisme, poursuit notre invitée, l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru : « Les débuts de la base de loisirs de la mine de Târgu Ocna remontent à 1974. En 1992, on a construit la première église orthodoxe souterraine d’Europe, creusée dans le sel. Située au neuvième niveau, cette sainte demeure est placée sous le vocable de Sainte Barbe, patronne des mineurs. En 2005, plus précisément le 11 juillet, le neuvième niveau de la mine, situé à 240 mètres de profondeur, allait devenir la principale attraction touristique du site. »
Voici ce que l’ingénieur géologue Carmen Maria Ţintaru nous a appris à propos de l’accès dans la base de loisirs de la mine de Târgu Ocna : « On y accède grâce à des cars ou des minibus que la saline met à la disposition des visiteurs. Le trajet, qui suit un plan incliné, en spirale, compte plus de 3 km. La différence de niveau entre l’entrée et le neuvième étage souterrain est de 136 mètres. Inédit, détente, santé et découverte, voilà ce que nous proposons à nos visiteurs. Le traitement des maladies de l’appareil respiratoire y est très efficace grâce à l’effet bénéfique des aérosols. Côté loisirs, je mentionnerais les aires de jeux pour les enfants, équipées de balançoires, toboggans, la possibilité de jouer au billard, au basket, au tennis ou au badminton. Nous avons aussi un musée du sel ; les objets exposés évoquent les débuts de l’exploitation du gisement de sel à Târgu Ocna. Je ne saurais oublier de mentionner le lac souterrain à l’eau salée et ses jets d’eau. Enfin, le touriste peut entrer dans le magasin de souvenirs ou bien siroter un thé ou un café sur une terrasse, aux tréfonds de la montagne de sel. »
Quiconque découvre cet univers souterrain ne manquera pas d’y revenir, affirme Carmen Maria Ţintaru : « Au début, nous avons eu des visiteurs de Roumanie, qui ont découvert ce merveilleux coin de pays et de nature. Ensuite, nous avons reçu la visite de touristes étrangers dont Anglais, Français, citoyens de l’ex-URSS, Américains, Chinois, Japonais. Nous leur réservons un accueil chaleureux et leur fournissons des détails sur l’exploitation du sel à Târgu Ocna et sur le potentiel touristique de notre contrée. »
Le monastère de Măgura Ocnei compte lui aussi parmi les attractions touristiques de la zone. Erigé entre 1750 et 1757, il a également abrité un complexe touristique. Après l’époque communiste, durant laquelle la vie monastique avait été mise entre parenthèses, le monastère allait recouvrer sa vocation. L’actuelle église du monastère a été bâtie par les soins d’Epifanie Bulancea, archimandrite et supérieur de cette sainte demeure : « Les travaux ont démarré en 1991 et duré deux ans. La saline de Târgu Ocna nous a beaucoup aidés, nous mettant à disposition les outillages. Plus tard, lorsqu’il a été question de dresser une église creusée dans le sel, au cœur de la mine, ils m’ont désigné comme architecte. En 1993, nous avons achevé la construction de l’église du monastère, dont on a par la suite réalisé la peinture entre 1993 et 1997. Il a fallu construire des cellules pour les quelque cent nonnes qui y étaient arrivées entre temps. Les gens ont ardemment souhaité avoir cette église. »
Réalisée à l’huile, suivant la technique de la fresque, la peinture murale de cette église n’est pas sans attirer l’attention. Le cadre naturel, soit une forêt épaisse, à 550 mètres d’altitude, rajoute au charme envoûtant des lieux. (trad.: Mariana Tudose)