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  • Gilles Gautier (France) – Quels loisirs pour les séniors roumains?

    Gilles Gautier (France) – Quels loisirs pour les séniors roumains?

    On dit souvent que la
    Roumanie englobe, en fait, deux pays : la Roumanie urbaine, celle des
    grandes villes comme Bucarest, Brasov, Cluj, Iasi, Constanta ou
    Timisoara et une
    autre, rurale, où la vie se déroule au même rythme que dans les années
    1970.
    Dans cette partie de la Roumanie, les gens vieillissent très vite et au
    fur et
    à mesure que cela se passe, leur état physique et psychique se dégrade.
    Pas de
    loisirs pour la plupart d’entre eux, sauf les repas en famille, les
    messes à
    l’église ou les brins de causette avec les voisins. De temps en temps,
    les
    mairies locales organisent des fêtes champêtres ou des pèlerinages aux
    monastères pour des prix dégriffés, car, malgré un travail soutenu, la
    plupart de ces gens vivent dans la précarité. Ils s’occupent
    de leurs potagers et ils élèvent parfois des volailles, mais juste pour
    leurs
    besoins personnels.


    La situation change si l’on
    se déplace en milieu urbain. Mais, même dans les grandes villes, le sort des
    séniors diffère en fonction de leurs moyens financiers, de leur état de santé,
    de leur degré de mobilité et de leur niveau d’éducation. Selon une enquête
    commandée en pandémie par l’Association « Jamais seul – Les amis des
    personnes âgées », un sénior roumain sur trois, soit 32% de la population
    âgée urbaine, se sent isolé et manque d’un entourage capable à lui
    donner un coup de main en cas de nécessité. Le sondage montre que dans la
    catégorie des ceux de plus de 65 ans vivant en milieu urbain, une personne sur quatre, soit 450.000
    personnes, se sent extrêmement seule et 36% des retraités se sentent plutôt seuls. Des
    facteurs comme la dégradation de leur état de santé ou la perte de leur
    partenaire de vie font que les séniors roumains n’arrivent plus à socialiser.
    Les chiffres sont inquiétants : 28% des retraités roumains n’interagissent
    qu’avec quatre personnes tout au plus, par mois, affirme l’Association
    « Jamais seul – Les amis des personnes âgées ».

    Selon les
    spécialistes, le sentiment de solitude contribue à la dégradation de l’état de santé
    des séniors roumains menant leur vie dans les villes. Sur leur ensemble, un
    quart affirme avoir le moral en berne et 39% des ceux qui se disent très seuls
    ont des soucis de santé. On assiste malheureusement, à un cercle vicieux, car
    la santé précaire ne fait qu’isoler davantage ces gens qui, du coup, se voient
    abandonner par la société. La plupart des séniors roumains, soit 64%, restent
    chez eux, à regarder la télé ou à faire la cuisine. Seulement 43% des retraités
    sortent se promener dans le parc ou dans leur quartier, 33% restent devant la
    télé et 27% ont des préoccupations diverses telles le jardinage ou d’autres
    hobbies. Plus on souffre de solitude, plus on a la tendance de s’isoler,
    s’alertent les experts qui remarquent que pour nombre de séniors roumains la prise
    de la retraite déclenche un sentiment d’inutilité. Faute de moyens financiers, faute de
    structures censées les accueillir pour les occuper, les retraités de Roumanie
    sont perçus souvent comme des victimes d’une société qui les délaisse. Ceux qui
    profitent vraiment de leur retraite sont plutôt les séniors issus des milieux
    éduqués, bien entourés, disposant de ressources financières leur permettant
    de voyager ou encore de s’occuper de leurs passions. Et puis, disons aussi que
    dans un pays où le niveau de vie est plutôt bas, nombre de séniors continuent à
    travailler même après la retraite pour pouvoir joindre les deux bouts. Et
    l’hiver n’est pas encore venu !

    L’Association « Jamais seul – Les
    amis des personnes âgées » est une organisation non gouvernementale qui
    depuis 2015 soutient les pensionnaires des foyers pour les séniors de plusieurs
    villes roumaines telles Bucarest,
    Brăila, Ploieşti, Piteşti, Constanţa, Iaşi, Cluj-Napoca, Braşov, Râmnicu Vâlcea
    et Târgovişte.

  • La correspondance comme art et liant entre les générations

    La correspondance comme art et liant entre les générations

    Le Musée national d’art contemporain de
    Bucarest (MNAC) continue d’être près des gens. Cette fois-ci, un nouveau projet
    a attiré notre attention. Baptisé « L’art par correspondance », il vise à
    tisser des liens authentiques entre les seniors, les enfants et l’art contemporain,
    d’abord à travers une série d’activités pilotes. Démarrées en janvier 2021,
    elles font partie d’une démarche de longue haleine. En clair, il s’agit de
    faciliter les échanges entre enfants et seniors par le biais de la
    correspondance, de créer des liens émotionnels entre eux, mais aussi avec l’art
    contemporain, à une époque où la solitude pèse lourd, surtout sur les
    communautés isolées.




    Mălina Ionescu, responsable du volet
    éducation au sein du Musée national d’art contemporain de Bucarest, explique : « Ce
    modèle de collaboration est largement utilisé à l’étranger, depuis un certain
    temps. Notre programme « Community Art » s’adresse aux milieux scolaires en
    général, mais nous essayons également d’atteindre les communautés scolaires qui
    n’ont pas la possibilité de venir ici, à savoir les communautés défavorisées ou
    celles qui n’habitent pas Bucarest. Comme nous connaissons les enfants de
    Teach for Romania et les seniors de Seneca Anticafe,
    nous avons pensé que le musée pourrait très bien jouer le rôle de liant entre
    eux. Ce liant est donc la correspondance, car, malheureusement, pour le moment,
    la visite du musée et le contact direct entre les deux groupes de bénéficiaires
    sont impossibles dans le contexte de la crise sanitaire actuelle. »


    Notons que Seneca Anticafe est une
    librairie en ligne dont une partie des recettes sert à envoyer des colis
    alimentaires aux personnes âgées ; Teach for Romania,c’est le
    nom du programme qui aide les jeunes dont le talent et les aptitudes leur
    permettront de devenir des enseignants inspirants, promoteurs d’une pédagogie
    innovante.






    Le projet se propose de créer des équipes
    formées de seniors et de juniors qui, six mois durant, échangent leurs
    réflexions par le biais des lettres. Les enfants ont appris des notions d’art
    contemporain à partir desquelles ils ont écrit des lettres à thème, lors d’un
    atelier virtuel, organisé sur Zoom.






    Mălina Ionescu, notre interlocutrice, détaille
    : « Jusqu’à présent, nous n’avons eu qu’un seul atelier, pendant lequel
    les enfants ont présenté aux seniors l’ensemble du projet. Nous leur avons
    proposé la correspondance comme moyen de créer des liens entre des personnes
    appartenant à des tranches d’âge qui pourraient leur être très familières :
    petits-enfants, pour les seniors et grands-parents, pour les enfants. Ils ont
    donc endossé ces rôles et ont, bien sûr, interagi en tant qu’amis éloignés. Le
    projet a commencé avec les enfants. Lors du premier atelier, nous leur avons
    expliqué ce que signifie une correspondance, en général. N’oublions pas que la
    notion de courrier n’est plus si familière de nos jours, vu que la
    communication est presque entièrement numérique. Nous avons également parlé de
    la façon dont une lettre peut devenir une forme d’art. Et là, on se réfère tant
    à la lettre en soi qu’à l’expédition de la missive. Le projet n’en est qu’à ses
    débuts. »






    La phase pilote du projet rassemble 30 seniors
    seuls de Giurgiu, inscrits dans le programme « Nos grands-parents »,
    et 30 enfants de 12 à 13 ans, de deux écoles des villages de Herăști et
    Izvoarele, du département de Giurgiu, incluses dans le programme « Teach
    for Romania ».






    L’enthousiasme initial mis à part, on
    ignore comment cette correspondance va se dérouler, avoue Mălina Ionescu, qui ajoute
    : « La première proposition était de considérer que la lettre est en
    elle-même une forme d’art, au-delà, bien sûr, de son tout premier rôle, à
    savoir celui de vecteur de communication. Communiquer par des lettres, c’est
    quelque chose de nouveau pour les enfants. Notre approche légèrement différente
    de ce qu’est la correspondance postale, à savoir la lettre, l’enveloppe et
    l’envoi postal a représenté le premier pas vers la notion de mail-art. La
    lettre peut devenir une forme d’expression artistique, lorsqu’on se rapporte au
    signe graphique comme à une image, autrement dit si l’on s’intéresse non
    seulement au contenu, mais aussi à la forme qui l’accompagne. Pour les enfants,
    le papier à lettre et l’enveloppe sont devenus des feuilles à couvrir de
    dessins, de peintures. Nous leur avons présenté plusieurs exemples de jeu avec
    l’enveloppe et l’écriture. On leur a également fourni des crayons de couleur et
    de l’encre de différents types pour qu’ils puissent aller au-delà d’une simple
    lettre où tout ce qui compte, c’est le message transmis par les mots. »






    Mălina Ionescu nous a parlé de la
    prochaine étape du projet : « Nous espérons que les seniors seront très
    réceptifs, qu’ils se laisseront prendre au jeu. Nous souhaitons qu’ils prennent
    plaisir à échanger avec les juniors, qu’ils portent un regard différent sur la
    correspondance postale et qu’ils comprennent que la lettre peut servir de forme
    d’expression personnelle. Pour la prochaine étape, notre objectif c’est
    d’organiser, lorsque ce sera possible, des rencontres entre seniors et juniors,
    par le biais des visites du musée et des ateliers, qui permettront aux gens de
    se rapprocher les uns des autres, mais aussi du musée. »




    Dans les mois qui viennent, les enfants
    pourront participer à un atelier Zoom pour fabriquer différents objets et
    écrire des lettres, qui parviendront aux seniors au même moment où ils
    recevront le colis alimentaire envoyé régulièrement par Seneca. L’échange de
    lettres sera possible grâce aux bénévoles de Seneca et de Teach for Romania. (Trad. Mariana Tudose)

  • La semaine du 27 avril au 3 mai 2020

    La semaine du 27 avril au 3 mai 2020

    Une nouvelle ordonnance militaire dans l’actuel contexte pandémique



    La Roumanie, où l’état d’urgence est décrété jusqu’au 15 mai, se prépare à un relâchement graduel des restrictions au-delà de cette date, a précisé le ministre roumain de l’Intérieur, Marcel Vela, qui a présenté le contenu de la 10e Ordonnance militaire, issue dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Cette fois-ci, les mesures adoptées concernent notamment les séniors de plus de 65 ans, les personnes les plus vulnérables au coronavirus, qui seront autorisées à sortir le matin entre 7h et 11h et le soir de 19h à 22h, les séniors pouvant se déplacer pour se procurer des produits essentiels, se faire soigner, accompagner un enfant, d’autres personnes âgées, malades ou infirmes ou en cas décès d’un membre de la famille, pour des activités physiques individuelles, ainsi que pour les besoins des animaux de compagnie ou domestiques. Marcel Vela a également annoncé prolonger la suspension des vols vers et depuis l’Espagne pour une période de 14 jours, à compter du 28 avril, lorsque le premier délai expire. La suspension des vols vers et depuis l’Autriche, la Belgique, la Suisse, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Turquie, l’Iran, l’Italie, la France et l’Allemagne a aussi été prolongée jusqu’au 14 mai compris. Mardi, le ministre de la Santé, Nelu Tataru, a averti qu’en Roumanie, la pandémie n’a pas encore touché son pic et qu’il s’attendait à ce que le nombre des nouveaux cas diminue d’un jour à l’autre dans le courant des deux semaines à venir. Par ailleurs, les autorités ont appelé les citoyens à respecter les mesures de l’état d’urgence y compris pendant le pont du 1er Mai, un jour férié que les Roumains marquaient traditionnellement par des sorties dans la nature et des barbecues.



    Mesures pour la relance économique



    La pandémie de coronavirus a touché sévèrement toutes les économies mondiales, et la Roumanie n’y fait pas exception. Pourtant, selon le ministre roumain des Finances, Florin Cîtu, à l’issue de la crise actuelle, l’économie nationale en sortira avec une structure modifiée, mais plus compétitive et plus efficace. Le pays a adopté dès le départ des mesures censées soutenir les capacités de production. Fortement touchées par le contexte engendré par la pandémie de coronavirus, les PME se sont vu mettre à leur disposition un programme censé leur assurer des liquidités pour l’activité courante ou pour des investissements, à travers un financement garanti par l’Etat. Lancée dans un premier temps le 17 avril, mais bloquée dès son ouverture après que des centaines de milliers de personnes eurent essayé d’y accéder en même temps, l’application correspondant au programme d’investissement mentionné n’est devenue opérationnelle que le 28 avril. Les coûts du financement seront subventionnés intégralement par l’Etat, et les montants qui peuvent être obtenus seront considérables. Les entrepreneurs qui souhaitent en profiter doivent faire une demande d’ici la fin de l’année et jusqu’à l’épuisement du fonds de 15 milliards de lei (environ 3 milliards d’euros). Par ailleurs, le ministère de l’Economie, de l’Energie et du Milieu des Affaires a décidé de prolonger de trois mois, jusqu’au 28 septembre, le délai pendant lequel les bénéficiaires du programme Start-Up Nation peuvent avancer des demandes de paiement ou de remboursement afférentes aux dossiers de financement approuvés dans la limite du budget. Cette décision a été prise afin de contrecarrer les effets économiques que subissent les PME, suite à la prolongation de l’état d’urgence, a précisé le même Ministère. Cette initiative qui fonctionne depuis 3 ans, est un coup de main offert par l’Etat aux entrepreneurs débutants. Sur l’ensemble des branches économiques les plus touchées par la pandémie, on retrouve le Tourisme. C’est pourquoi le ministre de l’Economie, Virgil Popescu, a affirmé en faire une priorité pendant la période estivale afin que les touristes roumains se sentent en sécurité dans leur pays. Et d’ajouter que des paquets pour soutenir le tourisme seraient mis en place, et que les hôtels seraient aidés à respecter les nouvelles exigences que le ministère de la Santé adoptera.



    Les écoles ne rouvriront pas leurs portes avant septembre



    La pandémie de coronavirus a poussé les autorités roumaines à décider, le 11 mars dernier, d’une fermeture temporaire de tous les établissements préscolaires, scolaires et universitaires. Dans le contexte d’une prolongation de l’état d’urgence, le retour des élèves et des étudiants dans les salles de classe et les amphis a été reporté. Lundi, le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, a fait savoir que les maternelles, les écoles et les universités resteraient fermées jusqu’à la rentrée de septembre. D’ici la fin de cette année scolaire, les enfants feront des cours en ligne. La ministre de l’Education, Monica Anisie, a annoncé que pour chaque discipline, il suffira de deux notes ou qualificatifs pour faire une moyenne, que les évaluations de fin de semestre prévues pour certaines disciplines seraient annulées et que la matière d’étude du second semestre serait rattrapée. Seuls les élèves des années terminales seront tenus de retourner en classe à partir du 2 juin pour préparer, deux semaines durant, leurs examens de fin de collège et respectivement de lycée, d’école professionnelle ou d’études post-bac. Quant aux étudiants, ceux-ci continueront leur formation à distance et les examens de fin d’année se passeront en ligne.



    La sécheresse extrême sévit en Roumanie



    Comme un malheur ne vient jamais tout seul, voilà que la Roumanie se confronte dernièrement à une période de sécheresse extrême. En avril, la quantité de précipitations s’est montée à peine à 7 litres par mètre carré, par rapport à une moyenne pluriannuelle de 53 litres. Et puisque les pluies se sont laissé attendre en mars aussi, l’agriculture s’en ressent actuellement. Une sécheresse presque historique, comme l’affirme le ministre de l’Agriculture, Adrian Oros, sévit dernièrement en Roumanie, notamment dans les régions du sud et du sud-est. A l’heure où l’on parle, les irrigations concernent seulement 850.000 hectares, soit 10% de l’ensemble de la superficie agricole du pays. En déplorant une remise en état défectueuse du programme d’irrigations du pays, le ministre de l’Agriculture nationale a lancé un appel aux responsables de remettre en marche les systèmes d’irrigation. Selon le ministère de tutelle, trois millions d’hectares de cultures de céréales sont déjà compromis – dont le colza, l’orge, le blé et le seigle sont les plus touchées -, ce qui entraînera, disent les agriculteurs, une majoration du prix du pain d’ici l’automne. Une affirmation que les autorités n’ont pas encore confirmée. Parmi les mesures adoptées à l’intention des fermiers, notons l’allègement des procédures afin d’assurer leurs cultures. (trad.Ioana Stancescu)


  • Etude et détente au troisième âge

    Etude et détente au troisième âge

    Le vieillissement de la population mondiale, secondé par le déclin démographique est de nos jours une réalité que les spécialistes ne sont pas les seuls à constater. L’espérance de vie augmente, pouvant atteindre 81 ans avant la fin du siècle, selon l’ONU. Actuellement plus de 700 millions de personnes ont dépassé la soixantaine et on estime qu’en 2050, elles représenteront plus de 20% de la population mondiale. Dans l’UE, le nombre des personnes âgées de plus de 65 ans progressera rapidement, pouvant atteindre 150 millions de personnes en 2050. Toujours en 2050, le taux de dépendance économique des personnes âgées, soit le rapport entre la population inactive et la population en âge de travailler passera à 50%.

    Raison d’inquiétude qui devrait nous pousser à trouver rapidement des solutions. L’une d’entre elle serait de maintenir les seniors aussi longtemps que possible sur le marché du travail. Le Conseil économique et social européen (CESE) avance déjà des projets pour prévenir une crise démographique. Ionuţ Sibian, directeur exécutif de la Fondation pour le développement de la société nous en parle: « Selon une récente étude menée par l’OCDE, des pays comme le Royaume Uni pourraient augmenter de 5% leur PIB en 2017 s’ils adoptaient à présent des politiques visant à maintenir les seniors sur le marché de l’emploi. Dans le cadre du Conseil économique et social européen nous avons émis un avis sur l’accès à la numérisation des personnes âgées de plus de 50 ans. Plus de 150 millions de citoyens de l’UE rentreront dans cette catégorie d’ici 2050. Pour eux, l’accès au marché du travail offert par Internet est important pour qu’ils puissent rester en activité. Jusqu’ici, les Etats de l’Union avaient envisagé cette question uniquement du point de vue de l’accès de ces personnes aux services sociaux et médicaux. On doit pourtant élargir cet accès à d’autres domaines et offrir aux personnes âgées des opportunités de s’informer et de se former, ainsi que d’obtenir un complément de revenu au moment de la retraite.

    Demeurer actif – physiquement et mentalement – est essentiel pour une personne âgée, tout comme se détendre et s’épanouir. Retourner à l’école, sans avoir à subir le stress des examens ou celui provoqué par la nécessité d’obtenir un diplôme pourrait être un bon moyen de combler ces besoins. L’«Université du Bas Danube » de Galaţi leur a offert cette opportunité pour l’année académique 2016-2017. Le projet de cette « Université du troisième âge » a été conçu justement pour répondre aux défis du vieillissement démographique. La vice-doyenne de cette université, Violeta Puşcaşu explique: « Parmi les grandes villes roumaines, Galaţi est la plus vieillie. Pour des raisons économiques, politiques et démographiques, les personnes âgées de plus de 60 ans représentent près d’un tiers de la population de notre ville. J’enseigne la démographie depuis une vingtaine d’années et j’ai pu constater l’évolution des indicateurs démographiques en Roumanie et en Europe. La proportion de personnes âgées progresse visiblement et la société doit se mobiliser et ne pas toujours adopter les solutions classiques : la maison de retraite ou l’isolement de la personne dans sa propre maison, devant la télé, avec un animal pour toute compagnie.

    L’Université du troisième âge de Galaţi ne perçoit pas de taxe. A la fin de leur période d’étude, les séniors qui ont fréquenté ses cours se voient accorder un certificat qui, bien que sans valeur sur le marché de l’emploi, a une valeur sentimentale et scientifique: ils ont maintenu leur intellect actif et l’ont même enrichi, évitant les éventuelles dépressions causées par la solitude et le manque d’occupation. Qu’est-ce que les personnes âgées de Galaţi peuvent y étudier? Violeta Puşcaşu : « Nous leur offrons 10 modules choisis dans une liste plus ample d’options exprimées par des éventuels étudiants-seniors lors d’une enquête menée au printemps et en été. La liste initiale comptait une vingtaine de sujets. Nous en avons choisi 10, compte tenu aussi de la disponibilité de mes collègues de l’université à s’impliquer sans être payés dans une telle activité. Aussi, nos étudiants-séniors peuvent-ils suivre des cours de: droit, économie et les relations internationales, kinésithérapie, médecine, art, culture et civilisation, nutrition, histoire, philosophie, théologie, tourisme, science et ingénierie. »

    160 étudiants-séniors âgés de plus de 55 ans fréquentent ces cours, étant inscrits à l’Université du Bas Danube de Galaţi. L’étudiant le plus âgé a 85 ans. Une fois les nouvelles connaissances acquises grâce à ces cours, elles peuvent fournir à ces « diplômés» âgés la chance de trouver un emploi. Ionuţ Sibian, membre du Conseil économique et social européen, considère l’embauche des séniors comme une priorité : « Une fois sortie de la crise économique, l’UE doit trouver une solution aux problèmes démographiques. Une partie de la solution suppose le maintien, le plus longtemps possible des seniors sur le marché du travail et l’octroi d’opportunités aux employeurs qui embauchent des séniors. L’économie sociale peut s’avérer un bon employeur pour cette tranche d’âge. »

    (Trad.: Dominique)

  • Allô Senior!

    Allô Senior!

    Le vieillissement de la population est un phénomène en train de prendre de plus en plus de vitesse sur lensemble du continent européen. Certes, la Roumanie ny fait pas exception avec ses plus de 3 millions de personnes de plus de 65 ans. Des effectifs importants qui supposent autant dhistoires de vie que de cas de figure spécifiques – certains seniors vivent au sein de leurs familles, dautres en maisons de retraite, tandis quune troisième catégorie doit composer avec la solitude et le manque de toute aide à domicile. Afin de venir en aide à ceux qui se trouvent dans cette dernière situation, la Fondation de la Princesse Margarita de Roumanie a créé un numéro vert et confidentiel qui peut être appelé par toute personne de plus de 65 ans cherchant de laide ou des solutions à ses problèmes.



    De fait, ce numéro vert sinscrit dans toute une série de programmes mis en place par cette Fondation visant à améliorer la qualité de vie des gens âgés. « Allô Senior » ou le Numéro vert du senior est un projet qui tente de répondre aux différents besoins des personnes intéressées, quil sagisse de la dimension informative ou de celle psychologique. Les spécialistes se trouvant à lautre bout du fil sont formés à proposer un soutien émotionnel qui vienne adoucir le sentiment de solitude, précise Mugurel Enescu, directeur exécutif de la Fondation « Princesse Margarita de Roumanie »: « Les seniors peuvent appeler le 0800 460 001 et ils bénéficieront dun accueil chaleureux. Nos collègues ont beaucoup dexpérience dans le travail avec les personnes âgées, ils ont tous suivi une formation assistance sociale. Ils déploient tous les efforts nécessaires pour aider les seniors à surmonter les difficultés, car ce numéro tente de faire le lien entre eux et les services dédiés. Les personnes âgées ne sont pas toujours aussi bien informées que les jeunes. Voilà pourquoi nous avons créé une base de données très bien structurée qui assure un accès immédiat aux services dautres ONGs ou dautres institutions à même des leur fournir de laide ».



    Des milliers de seniors sont victimes de lisolement social et ne savent pas vers qui sorienter pour être aidés. Cest pourquoi le numéro vert qui leur est dédié a vite gagné en notoriété, précise Mugurel Enescu: « Durant les trois mois écoulés depuis louverture nous avons reçu quelque 1100 appels. Cela veut dire plus de 500 personnes qui ont sollicité de laide ou ont cherché de lappui afin de dépasser un moment de solitude. Les gens nous appellent parce quils souhaitent obtenir une aide financière ou médicale, parce quils ont besoin dinformations pratiques ou encore pour nous signaler un abus commis contre une personne âgée. Nous les avons tous orientés vers des ONGs ou vers les services sociaux dont la mission est de prendre en charge les seniors en difficulté ».



    Mme Elisabeta, 62 ans, habite la ville de Baia Sprie, dans le nord – ouest de la Roumanie. Ce numéro vert lui a été très utile, dit-elle: « Lorsque Radio Roumanie, que jécoute beaucoup, a annoncé la mise en place de cette facilité, en début dannée, jai tout de suit appelé, parce que jétais très curieuse de voir ce que cétait. Cest mademoiselle Roxana qui ma répondu, une jeune fille très aimable. Je lui ai parlé de ce dont javais besoin et elle ma beaucoup aidée en me donnant le numéro de téléphone approprié. Jappelle de temps en temps “Allô Senior” et je me sens accueillie comme dans une famille. Ca me donne beaucoup de confiance. Les conseils que lon peut y trouver sont très utiles et toujours les bienvenus ».



    Lucia Felicia a 77 ans. Elle habite la ville de Galati. Pour sortir de la solitude, elle sadonne à la peinture. Pour des conseils et des solutions concrètes à ces problèmes, elle appelle de temps en temps Allo Senior. Au bout du fil, il y a toujours une voix douce et chaleureuse prête à lui offrir du soutien : « On ma donné différents conseils. Vous savez, nous, les personnes âgées on a plein de choses à dire et à raconter. Jétais bien triste le jour où la factrice est venue me laisser dans la boîte aux lettres le dépliant avec le numéro vert. Jétais triste car il faisait très froid dans mon appartement et comme moi jaime bien peindre, il métait impossible de men occuper, vu le gel. Jai donc appelé Allô Senior et on a su morienter vers un service compétent. Comme vous voyez, cest un service très utile! Ils mont même encouragée, ils se sont intéressés à mes tableaux. Pour moi, cest important! Depuis que mon mari est mort, je me sens très seule et jai besoin daide et dencouragements! »



    Fin 2015, la Fondation « Princesse Margarita de Roumanie » a également parrainé lassociation de bénévoles « Jamais seul », qui se propose daméliorer le niveau de vie des personnes âgées de plus de 65 ans à travers des services mis à leurs disposition. Explication avec Mugurel Enescu, directeur exécutif de la Fondation : « Notre association regroupe plus de 200 bénévoles qui font des visites de convivialité dans les foyers pour les seniors ou bien au domicile des ceux-ci pour lutter contre leur solitude et leur isolement. Lassociation aide les personnes âgées à rester actives. En plus, on profite des dons offerts par différentes compagnies pour leur offrir des cadeaux à Pâques et à Noël ».



    La nouvelle association a été lancée suite à une étude effectuée par lInstitut GFK, qui a mis en évidence les principaux problèmes auxquels sont confrontées les personnes âgées de Roumanie. Selon lenquête, environ 1 million et demi dentre elles souffrent à cause de la solitude. Mugurel Enescu nous dit davantage sur les conclusions de cette étude : « Il en résulte quune sur deux personnes âgées est touchée par la solitude. En plus, la plupart ressentent vivement le sentiment dinutilité. Pratiquement, elles nont plus aucun rôle dans la communauté où ils vivent et cela les affecte profondément. De même, les seniors ne veulent pas être dépendants des autres, ils éprouvent un sentiment de honte, car ils se considèrent comme un fardeau pour les autres. Cela nous fait réfléchir au fait que la société où nous vivons est en train de vieillir et quelle doit absolument changer. Nous devons nous adapter à ce problème, au fait que nous vieillissons et nous devons aussi offrir aux seniors la possibilité davoir un rôle actif au sein de la communauté. Il faut leur donner la possibilité de faire du bénévolat, de simpliquer dans la vie civique, de travailler à mi-temps même après la retraite sils souhaitent arrondir leurs fins de mois ».



    Notons pour terminer que le numéro vert «Allô senior» a été ouvert par la Fondation « Princesse Margarita de Roumanie » dans le cadre dun projet déroulé en partenariat avec la Fondation Vodafone Roumanie. (Trad. Andrei Popov, Ioana Stancescu, Valentina Beleavski)

  • Services de soins infirmiers à domicile pour les personnes âgées

    Services de soins infirmiers à domicile pour les personnes âgées

    Ces statistiques sont impitoyables et peu connues du grand public, d’où la difficulté de les traiter quand on y est confronté. Les représentants des associations non gouvernementales qui dispensent de tels services affirment que même si plus de 350.000 Roumains ont besoin de se faire soigner à domicile, seules 29.306 personnes se sont vu payer de tels services en 2012 par le budget cumulé de la Sécurité sociale et du ministère de la Santé. Ceci étant, les ONGs ont uni leurs forces afin de combler autant que possible le manque de fonds gouvernementaux.



    Voici les explications de Doina Crângaşu — directrice exécutive de la Confédération Caritas Roumanie :“Il y a deux ans, Caritas România a eu l’initiative de créer une plate-forme d’ONGs fournissant des servies sociaux et médicaux aux personnes âgées. Nous avons réussi, en un temps record, à réunir 57 ONGs de différents comtés du pays et qui ont adhéré à ce réseau informel. 81% des organisations membres de SeniorNet affirment que les demandes de soins à domicile vont croissant. Malheureusement, toutes ne sont pas satisfaites, en raison de certaines non concordances qui se manifestent dans les services sociaux dispensés en Roumanie”.



    Un état des lieux est actuellement en passe d’être réalisé pour voir exactement quels types de services il faudrait fournir et dans quelles zones du pays. Les principaux services offerts par les ONGs spécialisées sont: accompagnement psychologique, assistance sociale, soins médicaux et aide pour l’accomplissement des différentes tâches ménagères. La pauvreté mise à part, la solitude est un autre facteur générateur de problèmes.



    Certains seniors sont oubliés par leurs proches, d’autres souffrent du syndrome du « nid vide », parce que leurs enfants sont partis travailler à l’étranger, tout comme les enfants, qui ressentent le même malaise à cause du départ de leur parents. Doina Crângaşu : “Généralement, ce sont des personnes âgées contraintes à vivre seules suite à la mort de leur conjoint, au départ des enfants ou à une maladie qui leur a fait perdre l’indépendance et donc les capacités à assumer les besognes de tous les jours depuis les tâches ménagères jusqu’aux visites chez le docteur. Parallèlement, la Roumanie se confronte de plus en plus à un flux migrateur de la population jeune. Du coup, on constate, notamment en milieu rural, une présence majoritaire des personnes âgées dépourvues de tout soutien aussi bien de la part de leurs proches que des autorités locales.”



    Face à cette situation, plusieurs seniors ont fini par assumer leur sort et ont mis sur pied leurs propres structures d’entraide. C’est ainsi qu’a vu le jour la société de secours mutuel pour les retraités Omenia, Humanisme, qui recense actuellement 1.400.000 membres au niveau national dont 35.400 basés à Bucarest et dans les alentours. Cette société fonctionne grâce aux cotisations de ses membres, à des sponsorisations diverses et aux profits résultés de quelques activités commerciales minimales. C’est dans le quartier défavorisé de Rahova que l’un des sièges de la mutuelle Omenia a été fondé. Dans cette banlieue bucarestoise aux maisonnettes délabrées, les retraités ont imaginé une petite ville qui leur soit destinée.



    On y trouve du tout: des boutiques, des cabinets médicaux, des ateliers de couture, des salons de coiffure, une pharmacie. Le tout à des prix modiques, pratiqués sans TVA, aux dires de Gheorghe Chioaru, président de la Fédération nationale des mutuelles à destination des retraités de Roumanie. Qu’est-ce que les seniors doivent faire concrètement pour se voir couvrir par une telle mutuelle?



    Gheorghe Chioaru: “Chaque adhérent doit verser une cotisation qu’il se voit rembourser s’il ne s’en sert pas, au moment où il décide de se retirer. A part cette cotisation, il verse également une contribution mensuelle de 3 lei, soit quelque 80 centimes d’euro dont 70% sont destinés à l’aide en cas de décès et le reste s’ajoute aux fonds dont dispose la mutuelle. La cotisation est proportionnelle au montant de la pension de retraite. Au début, chaque membre doit déposer 20 lei, soit moins de 5 euros. Par la suite, ils peuvent se voir accorder un prêt dont le montant représente parfois le double ou même le triple de la valeur totale de la cotisation déposée jusqu’à ce moment-là. Et le taux d’intérêt varie entre 1 et 14%”.



    Bien que les magasins, les ateliers et les cabinets médicaux soient destinés aux personnes âgées autonomes, la société d’assistance mutuelle pour les retraités Omenia a également initié un programme à l’intention de celles à mobilité réduite ou en perte totale de mobilité. Gheorghe Chioaru : “Nous avons des retraités qui n’ont jamais franchi le seuil d’un cabinet médical et dans ce cas, c’est le médecin de famille qui leur rend visite à domicile. En plus, nous organisons aussi des caravanes médicales qui sillonnent les communes isolées pour soigner notamment les seniors oubliés et abandonnés. On apporte du pain et des denrées alimentaires aux personnes en perte de mobilité. Nous avons un projet qui permet d’offrir à une centaine de retraités défavorisés et en perte d’autonomie des produits alimentaires et d’hygiène, la visite d’une infirmière ou du dentiste et même de l’assistance au domicile. Malheureusement, le nombre d’aides soignants a chuté de beaucoup puisque la plupart d’entre eux préfèrent travailler à l’étranger. Quant à l’Etat, il nous laisse nous débrouiller tout seuls”.



    Pourtant, à l’heure actuelle, le gouvernement est en train d’élaborer une stratégie nationale pour la protection des personnes âgées. Une initiative à saluer, mais qui devrait être améliorée, selon Doina Crângaşu. “A présent, on se trouve au cœur d’un débat public que le ministère du Travail et de la Protection sociale a lancé début janvier. Le débat porte justement sur la Stratégie nationale de promotion d’une vieillesse active et de la protection des personnes âgées. Une initiative à saluer, mais qui nécessiterait pourtant certaines modifications. Un seul exemple: on dit favoriser le vieillissement actif sans parler des conditions de vie de la plupart des retraités de Roumanie.”



    Jusqu’à la mise en place d’une telle stratégie, les ONGs cherchent des ressources indépendantes de financement ou des fonds communautaires pour offrir un soutien concret aux personnes âgées.