Tag: service public

  • Les conséquences de la suppression de la redevance audiovisuelle

    Les conséquences de la suppression de la redevance audiovisuelle

    Considérant comme infondés les arguments avancés par le président Klaus Iohannis, le nouveau Parlement de Bucarest a décidé de supprimer la contribution à l’audiovisuel public, ainsi que 101 autres taxes non fiscales. C’est l’ancien Législatif qui l’avait décidé dans un premier temps, peu avant le scrutin du 11 décembre, qui allait ramener le Parti social-démocrate, au pouvoir, mais le chef de l’Etat avait refusé de promulguer la loi. Après que la Cour constitutionnelle eut rendu son verdict de constitutionalité, Klaus Iohannis a fait appel au dernier moyen disponible, à savoir le renvoi du texte au Parlement pour réexamen. Ce dernier a de nouveau donné son feu vert à la loi dans sa version initiale.



    Du haut de la tribune de la Chambre des députés, Liviu Dragnea, chef de file des sociaux — démocrates et initiateur du texte, déclarait, après l’annonce du résultat du vote, que ladite loi venait en aide aux citoyens las d’être humiliés et obligés de faire la queue devant les guichets. Se référant à la Télévision et à la Radio publiques Liviu Dragnea affirmait que : « C’est à peine maintenant que les deux institutions peuvent s’affranchir de la politisation, de la dépendance à l’égard du politique. Sachant que désormais une enveloppe budgétaire annuelle bien définie par la loi leur sera destinée, elles n’auront plus à faire des courbettes devant le premier ministre, les parlementaires, le ministre des Finances ou n’importe quel autre leader politique influent du moment ».



    Les représentants de l’Alliance des libéraux et des démocrates, membre de la coalition gouvernementale, aux cotés du PSD, a elle aussi voté en faveur de cette loi. Même cas de figure pour l’Union démocrate magyare de Roumanie, signataire d’un protocole de collaboration parlementaire avec les deux formations politiques mentionnées. Le seul bémol c’est que le leader de l’Union, Kelemen Hunor, avait soutenu le maintien de la redevance audiovisuelle, précisant que la situation contraire risquait de plonger les deux institutions dans l’incertitude : « Ce sont le statut budgétaire et le fonctionnement de ces deux institutions publiques qui changeront après l’élimination de cette taxe. Même les salaires seront révisés. Par ce vote, nous risquons de semer le chaos dans ces deux services publics ».



    Les députés des minorités nationales ont eux aussi été favorables à l’adoption de la loi dans sa version d’origine. En ce qui le concerne, le Parti national libéral, d’opposition, a voté contre la suppression de la redevance audiovisuelle. Voici ce que déclarait Raluca Turcan, président par intérim de cette formation politique : « Nous ne savons pas ce que deviendra le statut des employés de ces deux institutions. Le fait que les sources de revenus ne proviennent plus des taxes payées par les bénéficiaires, mais du budget public engendrera le risque de les transformer en simple annexes du financeur, le gouvernement en l’occurrence ».



    Le Parti du Mouvement populaire s’est lui aussi dit favorable au maintien de la contribution à l’audiovisuel public, affirmant que la Radio et la Télévision publiques devraient servir de modèle à bien des médias roumains quand il s’agit du regain de crédibilité. Enfin, l’Union Sauvez la Roumanie a décidé, elle, d’attaquer la loi devant la Cour Constitutionnelle. (trad. : Mariana Tudose)

  • La TVR au bord du gouffre

    La TVR au bord du gouffre

    Le marché média roumain a l’habitude de fermer les yeux sur les principes. Il tolère les pseudo-valeurs, les écarts à l’éthique journalistique, le manque de décence. Dans ce contexte agité, les Sociétés de Radio et de Télévision sont tenues d’observer et de veiller étroitement au respect de leur mission de service public. Les deux compagnies, séparées en Roumanie, ont le devoir de servir l’intérêt public quelle que soit la forme de ce dernier, depuis l’information, l’éducation, la culture ou la création originale et jusqu’au divertissement.



    Cependant, l’avenir de la Société Roumaine de Télévision (TVR) est mis en question, notamment à cause de ses graves problèmes financiers, devenus chroniques jusqu’à la paralysie totale de l’institution. Ses dettes frôlent les 150 millions d’euros et sont désormais ingérables, amenant la compagnie devant le dépôt de bilan. Mardi, les autorités de Bucarest se sont réunies au chevet de la TVR, lors d’un débat organisé au siège du Parlement, en la présence du premier ministre Dacian Cioloş. Des mesures urgentes sont indispensables pour stopper l’accumulation des pertes de la Société de Télévision, a souligné ce dernier, tout en exprimant l’entière disponibilité de l’exécutif de s’impliquer dans la solution rapide et adéquate de ce cas.



    Le premier ministre a expliqué qu’il n’était toutefois pas possible d’effacer les dettes de cette compagnie par une allocation budgétaire supplémentaire, car cela équivaudrait, entre autres, à une aide d’Etat: Malgré nos bonnes intentions, nous ne pouvons pas donner de l’argent à la société de télévision avant juillet. Cela supposerait un collectif budgétaire. Toutefois, jusqu’alors, il y a plusieurs mesures qui doivent être prises pour endiguer le gaspillage, a dit Dacian Cioloş.



    Parmi les solutions envisagées – une modification de la loi de l’insolvabilité, de sorte à permettre le dépôt de bilan de la Société Roumaine de Télévision, sa fermeture et, par la suite, la création d’une nouvelle compagnie. Néanmoins, aucune astuce financière ne s’avérera efficace à moyen et long terme en l’absence d’une réorganisation en profondeur de la TVR, précise le leader de l’Union démocratique des Magyars de Roumanie, Kelemen Hunor, ancien ministre de la Culture, qui s’oppose à une fusion entre la Radio et la Télévision publiques, comme proposé par certains: Selon moi, on ne devrait même pas poser la question de la Radio. La Société de Radio va bien. Essayons de ne pas ajouter à l’institution mourante que nous avons une autre compagnie malade qui rende l’âme, elle aussi, dans un certain délai. La fusion avec Radio Roumanie n’est pas une solution.



    Pour sa part, le président du Sénat, Călin Popescu-Tăriceanu, a souligné que ce n’est pas l’actuel cadre législatif qui avait rendu la télévision publique non-performante. Il a mis en exergue le cas de Radio Roumanie qui fonctionne avec de très bons résultats financiers, d’après la même loi régissant le fonctionnement des médias publics locaux. Suite aux débats, la ministre des Finances, Anca Dragu, a annoncé qu’elle examinerait toutes les solutions identifiées au cours du débat et qu’elle reviendrait au Parlement avec des propositions concrètes. (trad.: Andrei Popov)