Tag: site archéologique

  • Le département de Ialomiţa

    Le département de Ialomiţa

    Les outils et les vestiges d’habitations attestent la présence de l’homme depuis le Paléolithique dans cette contrée, située dans la plaine du Bărăgan. C’est aussi sur le territoire du département actuel de Ialomiţa qu’avait vécu, aux alentours de 300 avant notre ère, Dromichaites, le roi des Gètes et des Daces qui avait mis fin à la guerre entre les Gètes et les Macédoniens. Si c’est une incursion dans l’histoire que vous recherchez, cap sur le site archéologique « Piscul Crăsani », un des plus anciens de tout le territoire roumain. C’est là qu’a été découvert le premier site néolithique avec un système de fortifications de Valachie. Sur les ruines des habitations néolithiques a été construite plus tard une implantation géto-dace de grandes dimensions qui avait pour centre la citadelle Helis.

    Le site a été abandonné au 1er siècle avant notre ère, quand un incendie ravageur a détruit les maisons et la forteresse. Les fouilles archéologiques ont révélé que Helis, nommé aussi la « Citadelle du Soleil », était un vrai centre commercial au temps des Géto-Daces. Par ailleurs, comme les légendes locales parlent d’un trésor de grande valeur qui y aurait été enfoui par le roi Dromichaites avant sa mort, Helis est très populaire parmi les chercheurs de trésors. Cette région a commencé à faire sa promotion à la Foire du Tourisme de la Roumanie et elle était présente lors de la 41ème édition déroulée récemment dans la capitale.

    C’est là que nous avons rencontré Larisa Mihai, administratrice publique du Conseil départemental de Ialomiţa, qui n’a pas manqué de nous proposer une liste d’attractions touristiques :« Nous sommes présents à cette Foire pour promouvoir les traditions du département de Ialomiţa et ses attractions touristiques. Je vais nommer ici les ponts sur le Danube de Feteşti-Cernavodă,construits par l’ingénieur Anghel Saligny et inaugurés par le Roi Carol I, le Domaine Manasia et son manoir Hagianoff, le Musée national de l’agriculture de Slobozia, l’unique musée en son genre du pays. » Justement, si vous être curieux de savoir ce qui se trouve dans ce musée, sachez que vous en ressortirez riche d’informations concernant les traditions des agriculteurs roumains. Vous y verrez, par exemple, deux œufs sur un lit d’épis de blé, le tout posé sous une charrue. Cette étrange installation évoque la coutume des paysans d’enterrer un œuf au moment du premier labour de l’année. La tradition émane probablement de la fête de Pâques, car c’était généralement après cette fête que l’on commençait les semailles.

    Le département de Ialomiţa a aussi tenu à se promouvoir en tant que destination pour le tourisme actif. Larisa Mihai, du Conseil départemental de Ialomiţa :« C’est dans notre département qu’a été construit le premier circuit de vitesse de Roumanie. Inauguré en 2014, le circuit Motorpark de Adâncata se trouve à 50 km de Bucarest, sur la route nationale 101B. On y organise différentes compétitions, des événements privés, des team-buildings, l’offre y est très variée. » Larisa Mihai nous indique aussi la durée idéale d’un séjour à Ialomiţa :« Probablement qu’une semaine vous permettrait de connaître au moins une partie des attractions touristiques. Il y a les étangs de Ialomiţa, pour les pêcheurs passionnés, et la station balnéaire d’Amara, connue pour le traitement des maladies rhumatismales et d’autres pathologies. » Effectivement, la boue noire du Lac Amara est riche en sel et en sulfates. Elle a de nombreuses qualités thérapeutiques qui s’avèrent efficaces dans l’amélioration ou même la guérison des affections rhumatismales, dermatologiques et des hémorroïdes. Près du lac, il existe plusieurs bases de traitement qui proposent plusieurs types de thérapie physique : des traitements à base de boue, de l’hydrothérapie, de la kinésithérapie. Et ce n’est pas tout ! A Amara, vous trouverez aussi une belle plage aménagée au bord du lac, parfaite pour vous détendre entre les traitements. (Trad. Elena Diaconu)

  • Fours daciques

    Fours daciques

    Conquise en 106 par l’empereur romain Trajan et connue 165 années comme la province romaine de Dacie, cette région couvrait le centre du territoire actuel de la Roumanie, situé à l’intérieur de l’arc carpatique et s’étendait vers le sud et le sud-ouest jusqu’au Danube. Nombre de territoires habités en ces temps-là par les Daces ont conservé leur liberté, tout en subissant l’influence culturelle et économique de l’Empire romain. Parmi eux, la contrée de Satu Mare, sise dans le nord de la Roumanie de nos jours. Les fouilles archéologiques ont prouvé l’existence d’intenses échanges commerciaux entre les Daces libres, l’administration romaine et les habitants de la province conquise.

    Les fours daciques de Medieşu-Aurit, qui servaient jadis à cuire la céramique, en témoignent. Ce site passe pour le plus grand centre de production d’objets en céramique de l’Europe de ces temps-là. Les premières fouilles archéologiques, menées entre 1965 et 1967, ont débouché sur la découverte de 10 fours. La reprise, en 2000, des fouilles archéologiques a permis de mettre au jour 250 autres fours de poterie. On y cuisait surtout des pots destinés à conserver les denrées alimentaires et qui dépassaient parfois 200 cm de diamètre. Les objets retrouvés, tout comme les fours de poterie, datent des IIe et IIIe siècles. Une autre caractéristique du centre de Medieşu-Aurit, c’est que la zone de production coïncidait avec celle d’habitation, à la différence d’autres sites où les ateliers étaient situés à la périphérie de l’habitat.

    L’archéologue Robert Gindele, chef du chantier des fouilles, poursuit la description du site : « L’unicité de ce site consiste en ce que l’habitat a un caractère quasi industriel, étant centré sur la fabrication de la céramique, étant donné qu’ailleurs, les fours à poterie étaient situés à la périphérie des habitats. Le site se trouve à une centaine de km de l’ancienne cité romaine de Porolissum, actuellement le village de Moigrad du comté de Sălaj. Voilà pourquoi il n’est pas exclu que ce centre de céramique ait partiellement fourni l’armée romaine aussi. A preuve, les objets que nous y avons trouvés, témoignant de la présence des troupes romaines à cet endroit. On pourrait même affirmer que l’on a affaire à un centre industriel avant la lettre. Récemment, nous avons découvert, à seulement 3 km de ces fours, un centre de réduction du minerai de fer. Bref, une intense activité industrielle était menée dans cette zone, considérée comme la plus importante dans l’Europe barbare de cette époque-là ».

    Les fouilles archéologiques ont également abouti à la découverte de plusieurs dizaines de milliers de fragments de céramique. Certains d’entre eux sont considérés par les spécialistes comme étant de véritables « indicateurs ethniques ».

    Robert Gindele précise quels sont les éléments stylistiques et non seulement qui font la différence entre les céramiques dacique et germanique: « On peut affirmer que le site était habité et que cette poterie a été produite par les Daces libres, chose importante, vu que dans la même région on a découvert des sites germaniques aussi, plus précisément vandales. Le site de Medieşu ne comporte que des vestiges daciques, à savoir de la céramique archaïque, modelée à la main, facilement reconnaissable d’après ses modèles typiques remontant au IIIe siècle. Parmi eux, la tasse et la marmite dacique, à bande alvéolée, datant des règnes de Décébale et de Burebista, donc de la période précédant la conquête romaine. Ces formes archaïques traditionnelles allaient être utilisées jusqu’au IVe siècle ».


    Une partie des fragments de céramique découverts à Medieşu-Aurit, dans le département de Satu-Mare, du nord de la Roumanie, sont exposés dans différents musées à travers le pays. Le site est partiellement ouvert aux touristes qui peuvent ainsi admirer les célèbres fours à poterie daciques et observer le travail des archéologues. (Trad. Mariana Tudose)

  • Le site archeologique de Târgşorul Vechi

    Le site archeologique de Târgşorul Vechi

    Située à 70 kilomètres au nord-ouest de Bucarest, la commune de Târgşorul Vechi est à première vue une commune comme les autres dans le département de Prahova. Pourtant, les historiens affirment qu’elle est spéciale parce qu’il y a plus de 600 ans, le centre d’importantes activités économiques se trouvait sur ces lieux. En témoignent les ruines réunies dans une réserve archéologique où les spécialistes locaux, ainsi que des archéologues de l’Institut « Vasile Pârvan » de Bucarest, cherchent des reliques qui puissent donner plus d’informations sur le passé. La réserve archéologique de Târgşorul Vechi est d’autant plus importante parce qu’elle elle est visitée aussi par les élèves des écoles de la région qui viennent travailler aux côtés des archéologues.



    Târgşorul Vechi est une localité qui date de l’époque du prince régnant Mircea le Vieux (1386-1418), son fondateur, le nom le plus important lié à l’histoire de l’endroit. Bogdan Ciupercă, chef du chantier archéologique de Târgşorul Vechi, nous introduit dans le plus ancien centre de culture et de civilisation roumaines. « Il y a 6 siècles, un document de la chancellerie du voïvode Mircea le Vieux, plus précisément un traité commercial entre la Valachie et les habitants de la ville de Braşov mentionne pour la première fois la localité de Târgşor dans sa variante slave ou Novum Forum dans la variante latine. Les deux noms sont très importants. D’un côté, dans la variante slave, Târgşor signifie petit bourg, alors que la capitale Târgovişte signifie grand bourg. De l’autre, c’est-à-dire le nom en latin, veut dire qu’il s’agissait d’une nouvelle localité, créée le plus probablement pendant le règne de Mircea le Vieux. Ce voïvode qui a fait tant de bonnes choses pour la Valachie a lié ainsi son nom de la création et du développement de Târgşor. »



    L’inventaire de la réserve archéologique de Târgşorul Vechi n’et pas riche, mais recèle suffisamment de matériel pour éveiller l’intérêt des passionnés d’histoire. Les traces les plus anciennes de l’habitat humain sont les outils en silex remontant au paléolithique tardif. Quant au néolithique, sa présence est attestée par la superposition des cultures de céramique décorée de Criş, Boian et Gumelniţa. Celles datant de l’âge du bronze, à savoir Glina, Monteoru et Tei, seront succédées par les cultures spécifiques de l’âge du fer, Hallstatt et La Tène. Les premiers vestiges d’une autre grande civilisation sont le camp romain et les thermes, construits au IIe siècle après J.-Ch. Le camp faisait partie d’une ligne fortifiée qui s’étendait vers le nord, dans la région subcarpatique de la Valachie. Il a été érigé pendant les guerres daco-romaines des années 101-102 et 105-106 après J.-Ch., et servait à surveiller les voies d’accès en provenance et en direction de l’arc carpatique.



    Les nécropoles et les complexes funéraires datent des siècles suivants. On y a découvert céramique, accessoires vestimentaires, bijoux et armes ayant appartenu aux tribus sarmathiques, d’origine iranienne, qui, durant leur migration, ont dû passer par la plaine roumaine.



    Bogdan Ciupercă précise en quoi consiste l’importance économique grandissante de Târgşorului Vechi aux alentours du règne du prince Mircea le Vieux. « La bourgade de Târgşor a été érigée sur les propriétés princières et joui de privilèges commerciaux considérables. Elle servit de point de douane aussi. En 1413, une taxe était perçue pour les chars transportant vers la Transylvanie du poisson pêché dans les marais de Brăila. Târgşor a donc eu une histoire économique importante. Elle comptait parmi les 3 premières bourgades ou cités de l’ancienne province roumaine de Valachie et était le principal partenaire des commerçants de la contrée de Braşov. On pourrait même dire que Târgşor est la cité de Mircea le Vieux, car c’est ce dernier qui l’évoque pour la première fois. Il se peut aussi que cette bourgade sise au pied des Carpates ait été pour beaucoup dans l’essor ultérieur de la ville de Ploieşti. Târgşor est aussi lié à une autre voïvode illustre, à savoir Vlad l’Empaleur, petit-fils de Mircea le Vieux. C’est ici qu’il sera sacré prince régnant de la Valachie, en 1456, après sa victoire sur l’armée de Vlad II. »



    C’est à Târgşorul Vechi, une des résidences secondaires des premiers princes valaques, que Vlad l’Empaleur Dracula fit construire en 1461 l’église St. Nicolas, partiellement conservée de nos jours. En 1667 elle fut reconstruite par les soins du voïvode Antonie qui y fonda aussi le Monastère de Turnu. Ce dernier allait être rénové et peint pendant le règne de Constantin Brancovan, vers 1700. Il n’en reste de nos jours qu’une partie des murs d’enceinte et des fresques originelles. D’autres églises, telle l’Eglise blanche et celle Rouge, datent de la fin du XVIe. Pour ce qui est de l’architecture civile, elle este représentée par le manoir des boyards Moruzi, situé vers le nord-ouest du périmètre de la réserve. La construction, du début du 20e siècle, est représentative du style néo-roumain. Derniers propriétaires du manoir, les Moruzi y ont fait élever des animaux et cultivé des plantes suivant le modèle occidental…(trad. : Mariana Tudose, Alex Diaconescu)