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  • Borsec

    Borsec

    Situé dans la partie orientale de la Transylvanie, au cœur du département de Harghita, le village de Borsec est considéré comme une destination « vitrine ». Ce dernier ne dispose pas de grandes capacités d’hébergement, mais conserve néanmoins le charme d’un village classique du XIXe siècle avec ses petites villas accueillantes. La station s’est développée grâce aux sources d’eau minérales, à son air pur et à son microclimat caractérisé par de faibles variations de température. Le développement de Borsec est lié à l’apparition de la première usine d’embouteillage d’eau minérale, fondée en 1806 par deux Autrichiens, Günther et Zimmethausen. Plus tard, l’empereur autrichien François-Joseph qualifiera l’eau minérale embouteillée à Borsec de « Reine des eaux minérales ». Située entre les montagnes, Borsec est une station de ski en hiver et une destination pour les amateurs d’activités de plein air en été. Stefan Horvath, propriétaire d’un hôtel à Borsec, nous donne un aperçu de ce que cette petite station a à offrir :

     

    « Il y a de la neige partout, plus de 30 centimètres, toutes les pistes sont couvertes ! Borsec conserve cette atmosphère, avec ses villas construites il y a 150 ans, elles sont particulièrement belles. Avec l’aide du gouvernement, il a été possible de rénover toute la station, c’est aujourd’hui un vrai petit bijou typique de la Roumanie. Outre son caractère thérapeutique, avec le centre thermal récemment mis en service, unique en Roumanie, Borsec a choisi de miser aussi sur le développement de ses infrastructures sportives. Trois pistes de ski ont ainsi été construites, des pistes de bobsleigh d’été ont aussi été aménagées, un grand stade de football a été construit à 1 000 mètres d’altitude. Il y a donc de quoi faire à Borsec, été comme hiver ! »

     

    Une station aux nombreux atouts

    Ses sources d’eaux minérales, son air pur et hautement ionisé et ses émissions naturelles de dioxyde de carbone constituent les atouts de Borsec, une station dont les normes en matière de tourisme thermal et de relaxation sont de plus en plus élevées, comme le souligne Stefan Horvath qui poursuit :

     

    « Le centre spa de traitement et bien-être répond à toutes les exigences médicales et thérapeutiques, en particulier en ce qui concerne les traitements cardiologiques. Toute personne ayant déjà fait un infarctus ou ayant une tension artérielle trop élevée doit séjourner à Borsec pendant deux à trois semaines pour se rétablir, car c’est ici qu’elles peuvent bénéficier de la plus haute dose d’ions dans l’air de toutes les Carpates. Il convient aussi de mentionner toutes les cures permettant de soigner les troubles gastroentérologiques. La station dispose de 25 sources d’eau minérale, la fameuse Borsec, ainsi que de mofettes (émanations naturelles de dioxyde de carbone) qui se trouvent dans ses alentours. Je pense que ce sont tous ces atouts qui ont contribué à redynamiser la station de Borsec par rapport aux autres stations du pays. Bien sûr, il n’y a pas de grands hôtels, mais elle a gardé cette atmosphère fantastique, avec ces petites villas en bois ».

     

             Outre les bâtiments anciens de Borsec, qui ont été restaurés et réintroduits dans le circuit touristique, les visiteurs, en particulier les amateurs de photographie, ont la possibilité d’admirer les magnifiques paysages qui entourent cette petite station des Carpates orientales, mais aussi et surtout de venir goûter son eau minérale directement à la source ! (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Détente et cure thermale à Băile Herculane

    Détente et cure thermale à Băile Herculane

    Nous nous rendons aujourd’hui dans le sud-ouest de la Roumanie dans l’une des plus anciennes stations thermales d’Europe, la célèbre Băile Herculane. La station propose de nombreuses cures et traitements grâce à ces eaux thermales naturelles. Mais pas seulement ! Elle peut aussi servir de point de départ à de nombreuses promenades pour découvrir les alentours. Enfin, en 2025, la ville accueillera un évènement regroupant tous les représentants des principales stations thermales du continent, dans le cadre de « L’assemblée générale des associations des villes thermales historiques d’Europe ».

    L’histoire de Băile Herculane est fascinante et remonte à l’an 153. De nombreuses légendes et histoires entourent la ville, ce qui en fait aujourd’hui encore une destination culturelle très prisée, sans parler des paysages sublimes de la région, comme nous l’explique Laura Pătru, responsable des relations publiques de l’association Herculane Pro Turism :

     

     « La station a connu deux périodes de prospérité. La première était sous l’Empire romain. Parce qu’elle abritait beaucoup de nobles de l’époque, Băile Herculane conserve de nombreux vestiges de cette période. L’empreinte romaine y est toujours visible. Nous avons même des thermes romains en état de marche. La deuxième période a été celle sous l’Empire austro-hongrois. Depuis, tous ces bâtiments que nous considérons comme emblématiques de la station, construits dans un style romantique, qui l’ont rendue célèbre et qui lui ont valu d’être appelée la Perle de l’Europe, ont été conservés. »

    Tous ces éléments auxquels s’ajoutent les bienfaits de ses cures thermales, ont contribué à faire la renommée de Băile Herculane. Des cures thermales dont les bienfaits sont mentionnés dans les légendes qui entourent cette station historique, comme nous le raconte Laura Pătru :

    « La légende raconte qu’Hercule, épuisé par les 12 travaux qu’il devait accomplir, se baigna dans les sources thermales de Băile Herculane. C’est ainsi qu’il obtint les pouvoirs qui lui permirent de terminer ce qu’il avait à accomplir. Aujourd’hui encore, on utilise ces sources thermales pour retrouver force et santé. Băile Herculane dispose de plus de 17 sources thermales, chacune ayant des propriétés différentes. Nous avons ainsi une eau de nettoyage externe, que nous utilisons pour traiter les rhumatismes et problèmes dermatologiques par exemple. Cette eau est très efficace pour soigner les affections consécutives à des événements physiques traumatisants. Mais nous avons aussi des sources pour la purification interne, comme celles utilisées pour combattre les maux d’estomac. Nous avons également des cures externes pour les problèmes oculaires, et tout cela est bien sûr soutenu par la technologie moderne, qui est disponible dans les centres de traitement de la station et qui nous aide à faire tout cela de manière beaucoup plus efficace. L’air ionisé négatif est également très puissant. Bien qu’à Băile Herculane nous nous trouvions à un peu plus de 160 mètres au-dessus du niveau de la mer, le corps ressent cet air comme dans les Alpes suisses. C’est très puissant, et tous ces éléments réunis nous aident à créer un nouveau sentiment de bien-être pour les clients de notre station ».

     

    Heureusement, ces dernières années, Băile Herculane a bénéficié d’un plus grand nombre d’investisseurs et de nombreux hôtels emblématiques de la station ont été entièrement rénovés, réinventés et mis aux normes modernes. En conséquence, les vacanciers qui viennent séjourner dans la station bénéficient d’un hébergement et de services de traitement de niveau européen, explique Laura Pătru, responsable des relations publiques de l’association Herculane Pro Turism :

     

     « Aujourd’hui on marie culture balnéaire et soins du type SPA, puisque de plus en plus de gens découvrent à quel point la prévention est importante. Avant, les gens attendaient que la maladie soit à un stade très avancée pour se rendre en cure, alors que de nos jours, cette méthode est utilisée de manière préventive. Puis, les services de SPA, aussi bien dans le reste de l’Europe qu’en Roumanie, sont de plus en plus recherchés. Les gens sont stressés par leur travail, ils ont besoin de se détendre, de profiter des bienfaits de la nature et Băile Herculane dispose de toutes les infrastrucutres nécessaires en ce sens, avec ses grand hôtels, construits dès le début, mais aussi grâce aux atouts naturels de la région. Tout cela créé un ensemble complet destiné à l’ensemble de la famille. »

     

    Pour bénéficier des cures, les touristes roumains doivent se munir d’une ordonnance de leur médecin traitant, alors que les étrangers doivent présenter un avis médical montrant qu’ils sont éligibles pour les différents traitements. Plus encore, tout le monde bénéficie d’un examen médical de la part du médecin hydrobalnéologue du centre de cure. Il est recommandé que les séjours de cure balnéaire s’étalent sur une durée minimum de 5 jours, pour en ressentir les effets. Cela offre aux touristes aussi plein de temps pour profiter des alentours et faire des randonnées en nature. Notre invitée nous explique quels loisirs les touristes peuvent pratiquer dans la zone :

     

    « La région est très riche de ce point de vue. Băile Herculane dispose aussi d’un centre d’équitation. A une demi-heure seulement, l’on trouve le paysage spectaculaire des Chaudières du Danube, où l’on peut faire des randonnées en bateau et voir le visage de Décébale sculpté dans la montagne. D’ailleurs, c’est la plus grande sculpture d’Europe. Tout près il y a aussi le Musée des Portes de Fer, où les touristes peuvent apprendre plein de choses intéressantes sur l’histoire du barrage, d’autant qu’il y a aussi une section consacrée à l’île d’Ada Kalesh submergée par les eaux. A ne pas rater non plus les moulins à eau de Rudaria, inclus au patrimoine de l’UNESCO. Ces moulins sont toujours en activité et fonctionnent comme il y a 300 ans, accueillant  les habitants venant moudre le blé. C’est un endroit très proche de la nature et des traditions. Si vous souhaitez bouger un peu, alors allez dans le petit village d’Ineleț, qui n’est pas très loin non plus. On peut y accéder uniquement par des escaliers en bois attachés aux rochers. Une fois sur place, le paysage est absolument à couper le souffle et la vie dans ce petit village est presque la même qu’il y a 100 ans. La technologie n’y est pas encore arrivée et c’est vraiment une expérience à ne pas rater. »  

     

    Les avis sont unanimes : les paysages de Băile Herculane sont parfaits pour les fêtes de fin d’année. Rien d’étonnant donc que les touristes y affluent chaque hiver. Laura Pătru nous fait quelques propositions :

     

    « On peut opter pour des offres pour fêter le 1er Décembre (la fête nationale de la Roumanie), Noël ou le Nouvel An. L’offre du Nouvel An s’étale sur 3 ou 4 jours et tous les hôtels – petits et grands – font de leur mieux pour offrir aux invités tout ce qu’ils désirent : concerts, plats délicieux, programmes pour la nuit du Réveillon du Nouvel An ou activités pour les enfants. En revanche, Noël est une fête célébrée d’une manière aussi traditionnelle que possible, puisque nous souhaitons que nos invités sentent la magie de cette fête et de l’enfance. Le Père Noël nous rend visite chaque année et nous avons plein d’ateliers pour que les petits puissent passer des vacances merveilleuses chez nous. Nous avons aussi des piscines pour les enfants et des salines. Si bien que l’hiver à Băile Herculane devient un mélange de tradition et de détente.  » 

     

    Voilà donc, autant de raison de vous rendre à Băile Herculane, quelle que soit la saison : cures thermales bénéfiques pour la santé, détente au cœur de la nature, paysages à couper le souffle, traditions ancestrales et plein d’activités pour les petits : voilà la recette d’un séjour réussi !

  • Beauté et santé en boîte

    Beauté et santé en boîte

    Aujourd’hui, nous parlons beauté et soins. Nous connaîtrons deux sociétés roumaines de l’industrie cosmétique, qui jouent entre la tradition et la nouveauté.


  • Accès plus facile aux soins médicaux en milieu rural

    Accès plus facile aux soins médicaux en milieu rural

    L’accès aux services de santé est un droit de tous les citoyens. Pourtant, de ce point de vue, il y a encore un grand décalage entre le milieu urbain et celui rural. Il y a pas mal de personnes qui ont des difficultés à recevoir les soins médicaux auxquels ils ont droit. Et pour cause: il y a des communes roumaines qui ne bénéficient pas de la présence d’un médecin traitant, bien que 40% de la population du pays habite en milieu rural. Ces gens doivent aller dans une autre localité pour consulter un médecin et beaucoup d’entre eux ne peuvent pas se le permettre.



    Un autre problème s’y ajoute, signale Daniela Buzducea, directrice du lobby de World Vision Roumanie: les gens ne connaissent pas vraiment leurs droits en matière d’accès au services de santé: « Il y a des personnes qui ne savent pas, par exemple, que les enfants et les femmes enceintes ont accès aux services gratuits, quel que soit leur statut — d’assurées ou non assurées. Nous pensons qu’il faudrait investir davantage dans une information correcte de la population sur les droits des patients. Nous estimons également que l’éducation doit commencer dès le plus jeune âge. Et malheureusement, en Roumanie on enregistre un nombre croissant de grossesses non-désirées chez les adolescentes à un âge de plus en plus précoce. »



    Et au sujet du déficit d’éducation pour la santé, la Roumanie se confronte à un important taux de mortalité infantile : « Dans le milieu rural, ce taux est presque double dans certaines régions qui sont très vulnérables par rapport à la moyenne nationale. Nous observons au milieu rural que 20% des familles avec enfants de moins de 5 ans n’ont jamais emmené leur enfant au médecin, malgré des normes très claires qui précisent le nombre de visites au médecin qu’un enfant doit faire par an selon son groupe d’âge : moins d’un an, jusqu’à deux ans, jusqu’à cinq ans. Ce qui plus est, un nombre assez élevé d’enfants souffrent de malnutrition. »



    C’est sur cette toile de fond que plusieurs initiatives censées améliorer la situation ont été lancées, affirme Daniela Buzducea : « Plusieurs programmes expérimentaux ont déjà porté leurs fruits. Parmi eux, il y en a un qui entremêle la formation médicale continue à l’intention des médecins de famille et du personnel médical basé en milieu rural à l’éducation des parents et à un certain soutien accordé aux familles les plus vulnérables. Il ne s’agit pas d’une aide financière proprement dite, mais plutôt d’un coup de main accordé à ces familles en détresse afin de les aider à acquérir des habilités et de pouvoir mieux nourrir leurs enfants. Si on ne se préoccupe par la qualité nutritionnelle de l’enfant dès son âge le plus jeune, toute intervention ultérieure censée remédier aux problèmes de santé sera beaucoup plus coûteuse. »



    Ces initiatives se manifestent au niveau européen aussi. Cet automne, l’eurodéputé Victor Negrescu, du groupe des socialistes et démocrates a réussi à obtenir le vote des députés européens en faveur d’un projet pilote estimé à un million d’euros et qui vise à impliquer l’Union Européenne dans l’amélioration des services médicaux, notamment en milieu rural. Victor Negrescu nous en donne des détails: « Nous allons rencontrer les experts dans le secteur de la Santé pour identifier les solutions concrètes censées améliorer et faciliter laccès aux services médicaux en milieu rural. Les propositions des spécialistes seront mises en œuvre dans plusieurs communes – roumaines surtout, je vais militer pour ça. Suite à cette première étape du projet-pilote, nous allons sélectionner la meilleure solution, qui sera financée à hauteur de 3 millions deuros et sera à nouveau mise à lépreuve dans plusieurs communes. Si tout va bien, en trois ans, les communes roumaines et européennes auront pour la première fois à leur disposition un fonds disponible, grâce auquel les autorités locales pourront financer les services médicaux dans leurs régions, améliorer leur qualité, acheter des équipements et ainsi de suite. Cest là un premier pas vers le premier axe de financement pour les services médicaux en milieu rural ».



    Dans le même temps, leurodéputé Victor Negrescu précise que léducation en matière daccès aux soins médicaux est extrêmement importante: « Il faut apprendre aux gens ce quune bonne nutrition veut dire de même que tous les éléments importants qui contribuent à rester en bonne santé et qui préviennent des interventions plus difficiles. Justement, la prévention est la clé de voûte de ce quon est en train de construire. A part les interventions médicales concrètes, cest très important de pouvoir prévenir les situations graves avec des analyses et des examens médicaux effectués à temps. Ce sont des choses basiques en ville, mais essentielles à la campagne, car là les gens nont pas toujours d’accès direct à la pharmacie ou au médecin. Les campagnards ne sont pas toujours informés et ils se voient parfois confronter à de graves problèmes médicaux quils ne sont plus en mesure de traiter. Cest là que nous devons intervenir…»

  • La population de la Roumanie en voie de vieillissement

    La population de la Roumanie en voie de vieillissement

    Le vieillissement de la population est un phénomène qui va en s’accentuant, révèlent les études de spécialité. Elles mettent en garde contre le fait que le nombre croissant des personnes âgées pose des défis significatifs pour les systèmes de sécurité sociale, de pensions de retraite et de santé, aussi bien dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés. Les jeunes, toujours moins nombreux, auront à soutenir financièrement de plus en plus de seniors. Selon Eurostat, dans les décennies à venir, plus d’un tiers de la population de l’Europe aura dépassé la soixantaine.



    En Roumanie aussi, le rythme du vieillissement des habitants s’accentuera, sous l’effet de la baisse de la natalité et de la hausse de l’espérance de vie, apprend-on dans le rapport « La Roumanie vieillit — Défis et solutions », récemment lancé par la Fondation Friedrich Ebert România. Selon des données qui remontent à 2011, date du dernier recensement, les plus de 65 ans représentent 16,1% de la population roumaine et on estime que leur nombre s’accroîtra à l’horizon 2050. Par le biais du projet « La Roumanie vieillit » (réalisé par les journalistes Laurenţiu Diaconu Colintineanu et Ioana Moldovan), la Fondation Friedrich Ebert a tenté d’apprendre la réalité cachée derrière les chiffres et les données statistiques ou encore quelles sont les histoires de vie des seniors.



    Ioana Păunescu, 101 ans, a été la première femme ingénieur électromécanique de Roumanie. Elle a survécu aux deux guerres mondiales et à 73 ans s’est mariée pour la deuxième fois pour chasser la solitude: « Comme nous étions veufs tous les deux, nous avons décidé de nous marier pour ne plus être seuls. Nous avons déjà 28 ans de mariage et le même âge: 101 ans. Jusqu’il y a peu, nous avons mené une existence normale. Ce n’est plus le cas depuis que je dois prendre soin de mon mari, atteint de la maladie d’Alzheimer. Puisqu’il ne parle plus, on a du mal à communiquer. C’est très dur. C’est vrai que j’ai aussi des aides, car je ne peux plus cuisiner. Mes mains et mes jambes sont devenues très faibles. J’ai du mal à garder mon équilibre; je n’arrive pas à marcher toute seule, sans appui ».



    Une autre catégorie est celle des personnes âgées prises en charge par leurs proches. Laura Tudor a 52 ans. Sa vie a complètement changé depuis que sa mère, 89 ans, est grabataire. Celle – ci s’est cassé le col du fémur, après une chute. N’ayant pas les moyens d’embaucher une aide-soignante, Laura est obligée de concilier vie familiale et devoir filial: « Ce n’est pas facile du tout de gérer mon temps, m’occuper de ma mère, de mon travail et de ma famille en même temps. Heureusement que ma mère et moi nous habitons des appartements situés au même étage du même immeuble. J’ai pensé recourir à un service d’aide et de soins à domicile, mais, après un calcul rapide, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas me le permettre. Je me débrouille comme je peux. J’aide ma mère d’un point de vue physique, mais je sais qu’elle aurait besoin de quelqu’un qui lui fasse la conversation plus longtemps, parce que je n’ai ni la patience ni le temps de le faire. Cette situation me touche surtout sur le plan psychique, parce que je suis contrainte d’assister à une dégradation progressive, lente et irrémédiable… »



    La Roumanie dénombre seulement 131 centres d’accueil pour personnes âgées. Petru Rotarciuc, 63 ans, est un des 7.152 pensionnaires de ces établissements. Situé à Leorda, commune du comté de Botoşani, dans le nord-ouest de la Roumanie, cet établissement abrite 70 personnes. Le personnel de spécialité est formé d’une infirmière et de deux aides-soignantes. Petru Rotarciuc est content de sa vie au centre: « Je suis resté sans emploi. Partout où j’allais chercher du travail, on me refusait tout poste en raison de mon âge. Complètement fauché et dans l’impossibilité de payer les charges communes, je me suis retrouvé dans la rue… J’ai vécu plus d’une année comme SDF, avant qu’un employé du Conseil local ne m’emmène au centre d’accueil. Je m’y sens bien. Ce n’est pas comme dans la rue. Ici on est à l’abri du mauvais temps. Quand j’aurai ma retraite, j’habiterai toujours au foyer et ce jusqu’à la fin de mes jours. Ma femme est morte. Mes trois enfants sont partis je ne sais où. J’ai essayé de les trouver, mais sans succès. Ils me manquent. Je n’ai pas besoin qu’ils m’aident. Je veux seulement les voir et leur parler… »



    Le Rapport « La Roumanie vieillit » présente aussi des données optimistes : le taux de pauvreté affectant les personnes âgées (soit les plus de 65 ans) a baissé en Roumanie, de 65% en 2007 à 35% en 2013. Néanmoins, il continue d’être presque double par rapport à la moyenne de l’UE qui est de 18%. Autre élément positif : l’introduction, en 2009, de la retraite minimale garantie qui est de 356 lei, soit environ 80 euros. Le pays compte presqu’un demi-million de bénéficiaires, dont 123.000 sont des retraités de l’agriculture, qui étaient à la limite de la subsistance.



    Malgré cela, nous avons encore des raisons de préoccupation, considère Victoria Stoiciu, coordinatrice de programmes à la Fondation Friedrich Ebert: « Le pays continue d’avoir une des retraites d’Etat les plus basses de l’Union européenne et un des taux de remplacement le plus faible (soit le rapport entre la retraite moyenne et le salaire moyen). Une autre raison d’inquiétude, c’est une polarisation très importante à l’intérieur des catégories de retraités. 81% de l’ensemble des retraités touchaient en 2009 des pensions inférieures à 1.000 lei par mois (227 euros). Un quart des retraités se sont vu attribuer des pensions inférieures au panier de consommation mensuel qui est de 444 lei (100 euros). 40% des retraités, donc deux millions de personnes, ont des retraites en dessous du seuil minimum de subsistance, calculé par l’INS en 2014 à 587 lei (133 euros). Une autre catégorie particulièrement vulnérable, ce sont les retraités agriculteurs : 98% d’entre eux ont des retraites en dessous du niveau minimum de subsistance. »



    Le problème de l’absence des soins à domicile, le manque de places dans les centres de placement pour les personnes âgées, mais aussi celui du personnel spécialisé dans les centres d’Etat, les tarifs élevés pour les retraités malades qui souhaiteraient résider dans un tel centre, mais un centre privé, ne sont que quelques aspects qui caractérisent le niveau de vie des personnes âgées de Roumanie. (trad.: Ligia Mihaiescu, Mariana Tudose)