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  • Gilles Gautier (France) – Quels loisirs pour les séniors roumains?

    Gilles Gautier (France) – Quels loisirs pour les séniors roumains?

    On dit souvent que la
    Roumanie englobe, en fait, deux pays : la Roumanie urbaine, celle des
    grandes villes comme Bucarest, Brasov, Cluj, Iasi, Constanta ou
    Timisoara et une
    autre, rurale, où la vie se déroule au même rythme que dans les années
    1970.
    Dans cette partie de la Roumanie, les gens vieillissent très vite et au
    fur et
    à mesure que cela se passe, leur état physique et psychique se dégrade.
    Pas de
    loisirs pour la plupart d’entre eux, sauf les repas en famille, les
    messes à
    l’église ou les brins de causette avec les voisins. De temps en temps,
    les
    mairies locales organisent des fêtes champêtres ou des pèlerinages aux
    monastères pour des prix dégriffés, car, malgré un travail soutenu, la
    plupart de ces gens vivent dans la précarité. Ils s’occupent
    de leurs potagers et ils élèvent parfois des volailles, mais juste pour
    leurs
    besoins personnels.


    La situation change si l’on
    se déplace en milieu urbain. Mais, même dans les grandes villes, le sort des
    séniors diffère en fonction de leurs moyens financiers, de leur état de santé,
    de leur degré de mobilité et de leur niveau d’éducation. Selon une enquête
    commandée en pandémie par l’Association « Jamais seul – Les amis des
    personnes âgées », un sénior roumain sur trois, soit 32% de la population
    âgée urbaine, se sent isolé et manque d’un entourage capable à lui
    donner un coup de main en cas de nécessité. Le sondage montre que dans la
    catégorie des ceux de plus de 65 ans vivant en milieu urbain, une personne sur quatre, soit 450.000
    personnes, se sent extrêmement seule et 36% des retraités se sentent plutôt seuls. Des
    facteurs comme la dégradation de leur état de santé ou la perte de leur
    partenaire de vie font que les séniors roumains n’arrivent plus à socialiser.
    Les chiffres sont inquiétants : 28% des retraités roumains n’interagissent
    qu’avec quatre personnes tout au plus, par mois, affirme l’Association
    « Jamais seul – Les amis des personnes âgées ».

    Selon les
    spécialistes, le sentiment de solitude contribue à la dégradation de l’état de santé
    des séniors roumains menant leur vie dans les villes. Sur leur ensemble, un
    quart affirme avoir le moral en berne et 39% des ceux qui se disent très seuls
    ont des soucis de santé. On assiste malheureusement, à un cercle vicieux, car
    la santé précaire ne fait qu’isoler davantage ces gens qui, du coup, se voient
    abandonner par la société. La plupart des séniors roumains, soit 64%, restent
    chez eux, à regarder la télé ou à faire la cuisine. Seulement 43% des retraités
    sortent se promener dans le parc ou dans leur quartier, 33% restent devant la
    télé et 27% ont des préoccupations diverses telles le jardinage ou d’autres
    hobbies. Plus on souffre de solitude, plus on a la tendance de s’isoler,
    s’alertent les experts qui remarquent que pour nombre de séniors roumains la prise
    de la retraite déclenche un sentiment d’inutilité. Faute de moyens financiers, faute de
    structures censées les accueillir pour les occuper, les retraités de Roumanie
    sont perçus souvent comme des victimes d’une société qui les délaisse. Ceux qui
    profitent vraiment de leur retraite sont plutôt les séniors issus des milieux
    éduqués, bien entourés, disposant de ressources financières leur permettant
    de voyager ou encore de s’occuper de leurs passions. Et puis, disons aussi que
    dans un pays où le niveau de vie est plutôt bas, nombre de séniors continuent à
    travailler même après la retraite pour pouvoir joindre les deux bouts. Et
    l’hiver n’est pas encore venu !

    L’Association « Jamais seul – Les
    amis des personnes âgées » est une organisation non gouvernementale qui
    depuis 2015 soutient les pensionnaires des foyers pour les séniors de plusieurs
    villes roumaines telles Bucarest,
    Brăila, Ploieşti, Piteşti, Constanţa, Iaşi, Cluj-Napoca, Braşov, Râmnicu Vâlcea
    et Târgovişte.

  • 26/07/2021 (mise à jour)

    26/07/2021 (mise à jour)

    Coronavirus en Roumanie — Les autorités roumaines ont annoncé ce lundi 84 nouveaux cas d’infection au SARS-CoV-2 en 24 heures sur 11 300 tests effectués. Le Groupe de communication stratégique a également rapporté 2 décès des suites de la maladie et 38 personnes hospitalisées en réanimation-soins intensifs. Les spécialistes avertissent que la 4e vague de la pandémie est inévitable. LInstitut national de Santé publique a présenté la semaine dernière un rapport selon lequel dans le scénario le plus pessimiste, à la mi-septembre, le nombre des cas dinfection pourrait dépasser les 1 500 par jour. La ministre de la Santé, Ioana Mihaila, a averti que les personnes non vaccinées étaient les plus exposées à linfection au virus SARS-CoV-2. Les autorités annoncent que plus de 14 000 personnes se sont fait vacciner ces dernières 24 h. La Roumanie compte quelque 4,8 millions de personnes pleinement vaccinées, en dessous de la cible que s’étaient fixée les pouvoirs publics.



    Budget — L’exécution budgétaire sur les six premiers mois sera présentée publiquement mardi, a annoncé le premier ministre roumain Florin Cîţu, qui est également ministre des Finances par intérim. Il a précisé, lundi, avoir reçu les rapports des ministères, et c’est pour la première fois en beaucoup d’années que les taux de frais de personnel dans le PIB sont moindres. Le gouvernement de Bucarest est en train d’élaborer le décret d’urgence visant à rectifier le budget de l’Etat qui sera adopté à la mi-août. Plusieurs ministères, parmi lesquels ceux des Transports et de l’Agriculture, demandent des rallonges. Selon le vice-premier ministre Dan Barna, le collectif budgétaire privilégiera les investissements dans des secteurs tels l’infrastructure, la santé et le développement local. Le ministre de l’Education, Sorin Cîmpeanu, a également demandé au ministère des Finances d’allouer des fonds supplémentaires au collectif budgétaire, afin de financer cette année 6 000 internes de plus dans l’enseignement supérieur médical.



    Solitude — Le phénomène de solitude a doublé dans l’ensemble de l’UE, dans toutes les tranches d’âge, durant les premiers mois de la pandémie de Covid-19, selon un rapport du Centre commun de recherche de la Commission européenne, présenté lundi. Le document contient les preuves scientifiques les plus récentes relatives à la solitude et à l’isolement social dans l’Union et analyse l’étude réalisée par la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail. Selon le rapport, une multiplication par quatre du sentiment de solitude a été constatée parmi les jeunes entre 18 et 35 ans, par rapport à 2016. Si en 2016, environ 12 % des citoyens de l’UE ont indiqué se sentir seuls plus de la moitié du temps, ce taux s’est accru à 25 % les premiers mois après l’émergence de la COVID-19. Le rapport indique qu’entre avril et juillet 2020, la solitude a connu une hausse supérieure à 15 points de pourcentage en Bulgarie, Estonie, France, Allemagne, Pologne, Portugal et en Suède. En revanche, la Belgique, la Croatie, la République tchèque, la Grèce, la Hongrie, la Roumanie et l’Espagne ont connu une hausse de la solitude inférieure à 10 %.



    Aide — La Roumanie a alloué 300 000 euros d’aide à la consolidation de la société civile et des médias indépendants en République de Moldova. C’est ce qu’a annoncé lundi le ministère roumain des Affaires étrangères, qui a précisé que cette démarche suivait une décision prise par le ministre Bogdan Aurescu durant sa visite officielle à Chişinău. Une contribution similaire avait été faite en novembre 2020. Le MAE souligne l’engagement déterminé de la Roumanie d’appuyer le parcours européen de la République de Moldova. Ce pays est le principal bénéficiaire de l’assistance officielle au développement et de l’aide humanitaire que la Roumanie accorde.



    Enseignement — La présence physique aux cours est nécessaire afin de mettre fin aux lacunes accumulées lorsque les cours se sont déroulés surtout en ligne, a déclaré le ministre roumain de l’Education nationale, Sorin Cîmpeanu. Dans le cadre d’une conférence de presse, le responsable roumain s’est déclaré optimiste au sujet d’une quatrième vague de la pandémie affirmant que celle-ci ne devrait pas être si grave pour empêcher le déroulement cet automne du processus d’enseignement en présentiel. Le ministre a ajouté que le personnel de l’éducation était vacciné à hauteur de 60 % et que ce taux était même plus élevé en milieu universitaire.



    Cinéma — Deux productions roumaines, le long-métrage Miracol, du réalisateur Bogdan George Apetri, et Plastic semiotic, de Radu Jude, ont été sélectionnées au programme de la 78e édition du Festival international de film de Venise, ont annoncé les organisateurs de l’événement ce lundi. Le festival aura lieu du 1er au 11 septembre. Miracol a été sélectionné dans la section Orizzonti, aux côtés de 18 autres longs-métrages. La projection de Plastic semiotic se fera hors concours. A cette édition, le jury de la compétition officielle sera présidé par le cinéaste sud-coréen Bong Joon Ho et il sera composé par la réalisatrice américaine d’origine chinoise Chloe Zhao, l’actrice française Virginie Efira, le réalisateur italien Saverio Costanzo, l’actrice et productrice canadienne Sarah Gadon, le réalisateur roumain de films documentaires Alexander Nanau et l’actrice et chanteuse britannique Cynthia Erivo.



    JO — La pugiliste Maria Claudia Nechita s’est qualifiée, lundi, dans les quarts de finale de la catégorie 54-57 kg, après avoir vaincu par points la Somalienne Ramla Saïd Ahmed Ali, une décision prise à l’unanimité (5-0). A l’occasion, Nechita a apporté sa première victoire à la boxe féminine roumaine aux jeux olympiques. Elle évoluera dans les quarts de finale le 28 juillet, contre la Japonaise Sena Irie, une victoire qui lui rapporterait une médaille. Les équipages de deux de couple dames et quatre sans barreur hommes de la Roumanie se sont qualifiés dans les finales A qui auront également lieu le 28 juillet. Jusqu’ici, la Roumanie a obtenu une médaille d’argent à cette édition des JO, conquise par Ana-Maria Popescu à l’épreuve individuelle d’épée.



    Météo — Les prévisionnistes roumains ont annoncé une nouvelle vague persistante de canicule qui concernera graduellement presque tout le pays, cette semaine. Les températures avoisineront les 40 °C, et l’inconfort thermique sera beaucoup plus marqué. Les maximales du jour iront généralement de 34 à 39°, alors que les minimales ne descendront pas en dessous de 20°.

  • Services de soins infirmiers à domicile pour les personnes âgées

    Services de soins infirmiers à domicile pour les personnes âgées

    Ces statistiques sont impitoyables et peu connues du grand public, d’où la difficulté de les traiter quand on y est confronté. Les représentants des associations non gouvernementales qui dispensent de tels services affirment que même si plus de 350.000 Roumains ont besoin de se faire soigner à domicile, seules 29.306 personnes se sont vu payer de tels services en 2012 par le budget cumulé de la Sécurité sociale et du ministère de la Santé. Ceci étant, les ONGs ont uni leurs forces afin de combler autant que possible le manque de fonds gouvernementaux.



    Voici les explications de Doina Crângaşu — directrice exécutive de la Confédération Caritas Roumanie :“Il y a deux ans, Caritas România a eu l’initiative de créer une plate-forme d’ONGs fournissant des servies sociaux et médicaux aux personnes âgées. Nous avons réussi, en un temps record, à réunir 57 ONGs de différents comtés du pays et qui ont adhéré à ce réseau informel. 81% des organisations membres de SeniorNet affirment que les demandes de soins à domicile vont croissant. Malheureusement, toutes ne sont pas satisfaites, en raison de certaines non concordances qui se manifestent dans les services sociaux dispensés en Roumanie”.



    Un état des lieux est actuellement en passe d’être réalisé pour voir exactement quels types de services il faudrait fournir et dans quelles zones du pays. Les principaux services offerts par les ONGs spécialisées sont: accompagnement psychologique, assistance sociale, soins médicaux et aide pour l’accomplissement des différentes tâches ménagères. La pauvreté mise à part, la solitude est un autre facteur générateur de problèmes.



    Certains seniors sont oubliés par leurs proches, d’autres souffrent du syndrome du « nid vide », parce que leurs enfants sont partis travailler à l’étranger, tout comme les enfants, qui ressentent le même malaise à cause du départ de leur parents. Doina Crângaşu : “Généralement, ce sont des personnes âgées contraintes à vivre seules suite à la mort de leur conjoint, au départ des enfants ou à une maladie qui leur a fait perdre l’indépendance et donc les capacités à assumer les besognes de tous les jours depuis les tâches ménagères jusqu’aux visites chez le docteur. Parallèlement, la Roumanie se confronte de plus en plus à un flux migrateur de la population jeune. Du coup, on constate, notamment en milieu rural, une présence majoritaire des personnes âgées dépourvues de tout soutien aussi bien de la part de leurs proches que des autorités locales.”



    Face à cette situation, plusieurs seniors ont fini par assumer leur sort et ont mis sur pied leurs propres structures d’entraide. C’est ainsi qu’a vu le jour la société de secours mutuel pour les retraités Omenia, Humanisme, qui recense actuellement 1.400.000 membres au niveau national dont 35.400 basés à Bucarest et dans les alentours. Cette société fonctionne grâce aux cotisations de ses membres, à des sponsorisations diverses et aux profits résultés de quelques activités commerciales minimales. C’est dans le quartier défavorisé de Rahova que l’un des sièges de la mutuelle Omenia a été fondé. Dans cette banlieue bucarestoise aux maisonnettes délabrées, les retraités ont imaginé une petite ville qui leur soit destinée.



    On y trouve du tout: des boutiques, des cabinets médicaux, des ateliers de couture, des salons de coiffure, une pharmacie. Le tout à des prix modiques, pratiqués sans TVA, aux dires de Gheorghe Chioaru, président de la Fédération nationale des mutuelles à destination des retraités de Roumanie. Qu’est-ce que les seniors doivent faire concrètement pour se voir couvrir par une telle mutuelle?



    Gheorghe Chioaru: “Chaque adhérent doit verser une cotisation qu’il se voit rembourser s’il ne s’en sert pas, au moment où il décide de se retirer. A part cette cotisation, il verse également une contribution mensuelle de 3 lei, soit quelque 80 centimes d’euro dont 70% sont destinés à l’aide en cas de décès et le reste s’ajoute aux fonds dont dispose la mutuelle. La cotisation est proportionnelle au montant de la pension de retraite. Au début, chaque membre doit déposer 20 lei, soit moins de 5 euros. Par la suite, ils peuvent se voir accorder un prêt dont le montant représente parfois le double ou même le triple de la valeur totale de la cotisation déposée jusqu’à ce moment-là. Et le taux d’intérêt varie entre 1 et 14%”.



    Bien que les magasins, les ateliers et les cabinets médicaux soient destinés aux personnes âgées autonomes, la société d’assistance mutuelle pour les retraités Omenia a également initié un programme à l’intention de celles à mobilité réduite ou en perte totale de mobilité. Gheorghe Chioaru : “Nous avons des retraités qui n’ont jamais franchi le seuil d’un cabinet médical et dans ce cas, c’est le médecin de famille qui leur rend visite à domicile. En plus, nous organisons aussi des caravanes médicales qui sillonnent les communes isolées pour soigner notamment les seniors oubliés et abandonnés. On apporte du pain et des denrées alimentaires aux personnes en perte de mobilité. Nous avons un projet qui permet d’offrir à une centaine de retraités défavorisés et en perte d’autonomie des produits alimentaires et d’hygiène, la visite d’une infirmière ou du dentiste et même de l’assistance au domicile. Malheureusement, le nombre d’aides soignants a chuté de beaucoup puisque la plupart d’entre eux préfèrent travailler à l’étranger. Quant à l’Etat, il nous laisse nous débrouiller tout seuls”.



    Pourtant, à l’heure actuelle, le gouvernement est en train d’élaborer une stratégie nationale pour la protection des personnes âgées. Une initiative à saluer, mais qui devrait être améliorée, selon Doina Crângaşu. “A présent, on se trouve au cœur d’un débat public que le ministère du Travail et de la Protection sociale a lancé début janvier. Le débat porte justement sur la Stratégie nationale de promotion d’une vieillesse active et de la protection des personnes âgées. Une initiative à saluer, mais qui nécessiterait pourtant certaines modifications. Un seul exemple: on dit favoriser le vieillissement actif sans parler des conditions de vie de la plupart des retraités de Roumanie.”



    Jusqu’à la mise en place d’une telle stratégie, les ONGs cherchent des ressources indépendantes de financement ou des fonds communautaires pour offrir un soutien concret aux personnes âgées.